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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 13:16

D.-Linx-ouverture.jpg

MERCREDI 12 janvier

Pour la cinquième année consécutive, le grand foyer du théâtre du Châtelet accueillait l’Académie du Jazz et ses invités, un aréopage de musiciens, F. Lacharmejournalistes, producteurs, responsables de maisons de disques, éditeurs d’ouvrages musicaux, agents artistiques et représentants du Ministère de la Culture venu assister à sa traditionnelle remise de prix.

 

Après un bref discours inaugural, son président François Lacharme invita le dessinateur Cabu à le rejoindre sur le podium afin de remettre le Prix du Livre de Jazz à Misterioso pour “Le petit livre à offrir à un amateur de jazz”, ouvrage ludique et drôle qu’un Boris Vian n’aurait pas désavoué. Bien connu des lecteurs de Jazz Magazine / Jazzman pour ses grilles de mots croisés, son auteur affublée d’un masque remercia l’Académie par une chanson de circonstance, une reprise de Misterioso de Monk enrichie de paroles de son cru qu’elle interpréta Misterioso-c-J.M.-Legros.JPGaccompagnée de Claude Carrière au piano. Cet exercice vocal périlleux pour une cruciverbiste « s’amusant à croiser des mots incognito », fut salué par une salve nourrie d’applaudissements. J’en profite pour vous signaler que le site Drôle de Jazz - www.droledejazz.wordpress.com - vient de décerner son prix Boris Gland (le livre le plus drôle de l’année) à Michel-Yves Bonnet pour “Jazz et complexité, une compossible histoire du jazz”, ouvrage non retenu par la commission livres de l’Académie, ses membres n’ayant pu déchiffrer et encore moins comprendre ce que raconte l’auteur.

 

Echoes.jpgLe directeur du Châtelet, Jean-Luc Choplin, remit le Prix du Jazz Classique au groupe Echoes of Swing pour son disque “Message from Mars”. Dirigée par le pianiste allemand Bernd Lhotzky, la formation comprend le trompettiste anglais Colin Dawson, le saxophoniste germano-américain Chris Hopkins et le batteur allemand Oliver Mewes. Ils résident en Allemagne, ont fait le voyage pour recevoir leur récompense et interprètent deux morceaux dont un joli arrangement de l’étude opus 25 n°9 de Chopin (Papillon).

 J.-Perin-c-J.M.-Legros.JPG

Comme l’an passé, Jacques Périn remit les Prix Soul et Blues. Le premier revient à “Nothing’s Impossible”, un des derniers enregistrements  de Solomon Burke décédé le 10 octobre 2010 ; le second au guitariste et chanteur Roy Gaines pour son album “Tuxedo Blues”. Gaines travailla pour les Jazz Crusaders, Ray Charles et participa en tant que sideman à de nombreuses séances d’enregistrements (notamment pour Jimmy Rushing, Stevie Wonder, Aretha Franklin et Milt Buckner).

 

Récompensé pour l’ensemble de son œuvre, le pianiste italien Franco D’Andrea reçut des mains de Jean-Luc Ponty le Prix du Musicien Européen. Membre de la Ponty---D-Andrea-cJM-Legros.JPGformation d’Aldo Romano à la fin des années 80, auteur d’un magnifique album en trio pour Owl Records en 1989, et plus récemment en 2001 d’une vaste somme pianistique pour Philology, (huit disques en solo), Franco D’Andrea est beaucoup moins connu en France que son compatriote Enrico Pieranunzi. Il interpréta deux morceaux en solo, Naima et une longue pièce dissonante et virtuose totalement improvisée. Les très nombreux enregistrements de cet immense pianiste sont malheureusement absents des bacs des disquaires. Internet reste le meilleur moyen de vous les procurer. Interrogé sur ses projets par Lacharme, Ponty, Prix Django Reinhardt 1967 de l’Académie du Jazz, resta laconique. On sait pourtant qu’il s’apprête rejoindre le Return To Forever de Chick Corea. Des concerts sont prévus l’été prochain.

A.-Jamal.jpg

Ahmad Jamal obtint le Prix de la meilleure réédition pour le coffret Mosaic regroupant la totalité de ses sessions Argo en trio, un prix remis à Seydou Barry son manager. Ne pouvant être présent, Ahmad avait fait parvenir un petit film à l’Académie pour la remercier. Il sera à Paris en juillet pour des concerts à l’Olympia.

 

A.-Herve-cJ.M.-Legros.JPG2010 marquait le trentième anniversaire de la disparition de Bill Evans. L’Académie du Jazz ne pouvait ignorer le pianiste et compositeur dont l’influence est aujourd’hui considérable. « Un fin harmoniste, mais aussi un rythmicien Mauro.jpgétourdissant qui a redonné au jazz sa part de romantisme, sa part d’introspection et figure dans notre panthéon intime pour des raisons que chacun cultive secrètement » pour citer Lacharme. Exemples pianistiques à l’appui, Antoine Hervé nous régala d ‘une brève leçon de jazz, nous expliquant les arcanes de la musique modale et nous racontant, non sans humour, la genèse de So What. Accompagné par la contrebasse mélodique et chantante de Mauro Gargano, le pianiste Bruno Angelini qui professe à la Bill Evans Piano G.Laurent © Ph.MarchinAcademy, nous offrit une splendide version de The Two Lonely People plusieurs fois enregistré par Evans.

 

Deux ans après son Prix Django Reinhardt l’Académie ose à nouveau Géraldine. Claude Carrière lui remit le Prix du Disque Français pour son “Around Gigi”, disque consacré à Gigi Gryce. Géraldine Laurent s’y fait entendre avec un quartette tout feu tout flammes au sein duquel Pierre de Bethmann impose son piano. Des obligations le retenant ailleurs, c’est Franco D’Andrea qui accompagne Géraldine à l’alto dans Minority, une des plus célèbres compositions de Gryce.

 

Mimi-Perrin.jpgLa commission du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz a perdu cette année sa présidente, Mimi Perrin, la fondatrice des Double Six. Une fois par an nous nous retrouvions chez elle en petit comité pour défendre nos choix, débattre fiévreusement. C’est elle que l’on voit sur le carton d’invitation à cette cérémonie. La photo est de Jean-Pierre Leloir que l'on voit ici lourdement appareillé. Salué l’an dernier dans ce même Théâtre du Châtelet, ce dernier nous a Jean-Pierre-Leloir.jpgrécemment quitté, tout comme Mike Zwerin, journaliste, musicien (il participa aux séances du “Birth of the Cool” de Miles Davis)et ami. Endeuillée par la disparition de plusieurs de ses membres, l’Académie ne pouvait que les saluer. François Lacharme évoqua leur mémoire avant de révéler les récipiendaires du Prix du Jazz Vocal (Prix Mimi Perrin cette année), ex-aequo José James & Jef Neve pour “For All We Know” et Youn Sun Nah pour “Same Girl”. Actuellement en Corée du Sud, cette dernière fit parvenir à l’Académie une lettre de remerciement dans laquelle elle félicite James et Neve qui partagent ce prix Legrand, M. © J.M. Legrosavec elle.

 

Le Prix Django Reinhardt que tous les musiciens convoitent, probablement la récompense la plus prestigieuse que décerne l’Académie, était très attendu. Pour le remettre, François Lacharme appela Michel Legrand. Des trois finalistes, Benoît Delbecq, Fabien Mary et Sylvain Luc, ce dernier l’emporta au troisième tour de scrutin. Legrand voue une Sylvain Lucadmiration démesurée au guitariste. Son panégyrique, un torrent de louanges, fut même excessif. Pour ne pas contredire son plus grand admirateur, Luc ne put faire moins que de nous offrir une leçon de guitare.

 

Profitant de ce grand rassemblement de célébrités, François Lacharme annonça la mise en ligne du nouveau site de l’Académie appelé à devenir le premier portail du jazz made in France grâce à l’aide du Ministère de la Culture. Désormais les récipiendaires du Prix Django Reinhardt ont tous des pages qui leur sont consacrées – biographies, articles de presse, photos. Les lauréats des autres prix seront progressivement intégrés au site que l’on peut consulter sur www.academiedujazz.com

  Groupe-avec-Linx---CugnycJ.M.-Legros-b.JPG

Nous attendions tous la remise du Grand Prix de l’Académie du Jazz couronnant le meilleur disque de l’année, le prix des prix en quelque sorte puisqu’il peut aussi bien être attribué à une nouveauté, un enregistrement inédit qu’à une réédition. Remis par Jean-Jacques Goron de la fondation BNP-Paribas, Laurent Cugny en hérita pour sa “Tectonique des nuages”, un opéra jazz estomaquant porté par les voix de David Linx, de Yann-Gael Poncet et de Laika Fatien et qui bénéficie de compositions et d’arrangements somptueux. Avant Laurent, le seul musicien Goron-cJ.M.-Legros.JPGfrançais qui obtint ce prix, à l’époque l’Oscar de l’Académie du Jazz, est Martial Solal pour un coffret de quatre disques vinyles publié sur le label Stefanotis/Flat & Sharp regroupant des morceaux enregistrés live entre 1959 et 1985. Deux albums enregistrés par des musiciens européens obtinrent également ce prix: “Triple Entente“  de Joachim Kuhn, Daniel Humair et Jean-François Jenny-Clark en 1998 et “Air“ en 2003 qui réunit Giovanni Mirabassi, Flavio Boltro et Glenn Ferris. En guise de feu d’artifice final, avant que ne s’ouvrent les portes menant au buffet, David accompagné par Laurent au piano chanta magnifiquement Eva, l’un des plus beaux extraits de la Tectonique, morceau qui donne la chair de poule et met les larmes aux yeux.

 

StaccatoPour se remettre de cette émotion forte, les vins de Philippe Briday, vigneron propriétaire du Domaine Combe de la Belle. Hannah, une Costière de Nîmes rouge de 2007, 70% Syrah, 30% grenache, à la robe pourpre et profonde. Jonas, un autre vin rouge du pays du Gard, corsé et rond, aux arômes de café, de pruneaux, de tabac sur une pointe de pain d'épices. Staccato pour les amateurs de rosé, de vieux grenaches assemblés avec une saignée de syrah.  www.combedelabelle.com Les verres eurent vite fait de se remplir de ces divins breuvages.

 

Laurent.jpgPonty, Cosma, Luc ©Ph Marchin

 

 

 

De gauche à droite: Jean-Louis Chautemps ose Géraldine et ajoute sa propre récompense à celle que la saxophoniste vient d'obtenir. Un grand ami de l'Académie, le compositeur Vladimir Cosma qu'entourent Jean-Luc Ponty et Sylvain Luc, Prix Django Reinhardt 2010.

Felgeyrole---Kochoyan-c-J.M.-Legros.JPG

Caumont ©Ph. MarchinAnnouk Ferris & J.P. Debarbat © J.M. LegrosDe gauche à droite: Xavier Felgeyrolles, noctambule invétéré et producteur de disques, confère avec Stéphane Kochoyan, pianiste, directeur artistique des festival d'Orléans et de Nîmes Métropole, et nouveau membre de l'Académie du Jazz. Au centre Patrice Caratini subjugué par Elisabeth Caumont. A droite Madame Ferris, Anouk pour les intimes, fait du charme à Jean-Pierre Debarbat, saxophoniste ressuscité.

Belmondo-cPh.Marchin.JPGOgre-Longnon-cPh.-Marchin.JPG

Sur la photo de gauche, Olivier Hutman, pianiste émérite est entouré par Laurent "tectonique"  Cugny et Stéphane Belmondo. A droite, Jean-Loup Longnon fait un sort au buffet. Les vins de Philippe Briday et les petits-fours sont engloutis à très grande vitesse devant les regards amusés de Bénédicte et de Francis, nos barmans attitrés.

B.-Theol---Cabu-cPh.Marchin.JPGD.-Linx-cPh.Marchin.JPGMauro-Gargano-cPh.Marchin.JPG

A l'extrême gauche, Bruno Théol, créateur de BD Music discute images avec Cabu. Au centre, David Linx prend soin de ne pas prendre froid. A droite Mauro Gargano en grande conversation avec Bénédicte.

Ferris-cPh.Marchin.JPGJ.G Poncet ©Ph.Marchin

Stéphane Belmondo à gauche parle cuivres avec Glenn Ferris. A droite, Yann-Gaël Poncet, l'autre chanteur de la Tectonique, avec un blogueur de Choc.

Longnon-cPh.-Marchin.JPG

Des-Parents-de-Misterioso.jpgLaurent-de-Wilde-copie-1.jpgJean-Loup Longnon boirait bien le verre de vin de son voisin. Au centre, des parents de Misterioso qui n'ont pas voulu manquer cette remise de prix pour le moins académique. Ces derniers laissent rêveur Laurent de Wilde qui préfère le blouson de cuir à la tenue de soirée.

Florence.jpgLionel-Eskenazi.jpgArdonceau.jpg

Florence : elle passait par hasard devant le Châtelet. Son joli sourire, sa gaieté nous l'ont fait adopter. Au centre, Lionel Eskenazi depuis peu académicien. On peut suivre ses chroniques pertinentes dans Jazz Magazine/Jazzman et les Dernières Nouvelles du Jazz et se poser une question: les académiciens boivent-ils plus que les autres ? Sur la photo de droite, l'Académie toujours avec Jacques "Soulbag" Périn et Pierre-Henri Ardonceau. Ils s'inquiètent du comportement étrange de Marcel Zanini que l'on voit sur la photo suivante.

Zanini © J.M. Legros

Tu veux ou tu veux pas ? Depuis un moment Marcel Zanini pose cette question à son double. On le voit ici trinquer avec lui-même. Les vins de Philippe Briday semblent avoir chauffé Marcel.

Bene---Francis.jpgLaurent-Mignard-copie-1.jpgLegrand ©Ph.MarchinOn les voit mieux sur la photo de gauche, Bénédicte et Doc Francis, nos barmans infatigables qui inlassablement remplissent des verres qui se vident vite. Qu'ils soient ici remerciés. Amusé, Laurent Mignard, expert en mignardises ellingtoniennes, se demande si le Jean-Loup va avaler Mère (Le)Grand.

Jean-Loup-cPh.-Marchin.JPGLongnon.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fausse alerte, car une autre proie, et une belle à la chair plus tendre s'offre à lui. Toute souriante Elisabeth Caumont ignore le danger qui la menace. Le suspense est à son paroxysme. Rassurez-vous: Remise de ses émotions, Elisabeth se porte très bien. Quant à Jean-Louis, on peut l'écouter une fois par mois (deux concerts) au Duc des Lombards à la tête de son formidable big band.

3-Mousquetaires---1-cPh.Marchin.JPG

Il est tard, le théâtre du Châtelet va fermer ses portes. Une dernière photo souvenir. Vous avez bien sûr reconnu Géraldine Laurent. Le grand gars à sa gauche n'est pas le Grand Duduche, mais Christian Bonnet, membre de l'Académie du Jazz, saxophoniste et arrangeur du Black Label Swingtet qui accompagne la chanteuse Patoon. Un CD vient de sortir sur le label Swing Land. Duduche n'est pas sur la photo, mais Cabu, son créateur y figure en chair et en os. A sa gauche, Claude Carrière, pianiste, ex-président de l'Académie du Jazz et expert ellingtonien, pointe du doigt Philippe Marchin, l'auteur de la photo. 

 

Academie fond NLE PALMARES 2010

Prix Django Reinhardt (musicien français de l’année) : Sylvain Luc

Grand Prix de l’Académie du Jazz (meilleur disque de l’année) : Laurent Cugny « La Tectonique des nuages » (Signature/Harmonia Mundi)

Prix du Disque Français (meilleur disque enregistré par un musicien français) : Géraldine Laurent « Around Gigi » (Dreyfus Jazz/Sony)

Prix du Musicien Européen : Franco D’Andrea pour l’ensemble de son œuvre

Prix de la Meilleure Réédition ou du Meilleur Inédit : Ahmad Jamal « The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-1962 » (Mosaïc)

Prix du Jazz Classique : Echoes of Swing « Message from Mars » (EOSP)

Prix « Mimi Perrin » du Jazz Vocal : ex-aequo :José James & Jef Neve « For All we Know » (Impulse !/Universal) et Youn Sun Nah « Same Girl » (ACT/Harmonia Mundi)

Prix Soul : Solomon Burke  « Nothing’s Impossible » (e-a-r Music/Edel)

Prix Blues : Roy Gaines « Tuxedo Blues » (Black Gold/www.roygaines.com)

Prix du livre de Jazz : Misterioso « Le petit livre à offrir à un amateur de jazz » (Tana Editions)

 

CREDITS PHOTOS : David Linx chante Eva / François Lacharme / Echoes of Swing / Ahmad Jamal (vidéo) / Bruno Angelini & Mauro Gargano / Sylvain Luc / Jean-Louis Chautemps & Géraldine Laurent / Florence X / Lionel Eskenazi / Jacques Périn & Pierre-Henri Ardonceau / Bénédicte & Francis / Laurent Mignard / Jean-Loup Longnon & Elisabeth Caumont (très gros plan) © Pierre de Chocqueuse.

Misterioso / Jacques Périn / Jean-Luc Ponty & Franco D'Andrea / Antoine Hervé / Michel Legrand / Groupe avec Laurent Cugny, David Linx, Jean-Jacques Goron et François Lacharme / Laurent Cugny & Jean-Jacques Goron / Xavier Felgeyrolles & Stéphane Kochoyan / Anouk Allibaud-Ferris & Jean-Pierre Debarbat / Marcel Zanini © Jean-Marie Legros.

Géraldine Laurent / Jean-Luc Ponty, Vladimir Cosma & Sylvain Luc/ Patrice Caratini & Elisabeth Caumont / Laurent Cugny, Olivier Hutman & Stéphane Belmondo / Bruno Théol & Cabu / David Linx / Mauro Gargano / Stéphane Belmondo & Glenn Ferris / Yann Gaël Poncet & le blogueur de Choc / Laurent de Wilde / Jean-Loup Longon (au bar: deux photos), Jean-Loup Longnon & Michel Legrand / Jean-Loup Longnon & Elisabeth Caumont / Groupe avec Géraldine Laurent, Christian Bonnet, Cabu & Claude Carrière © Philippe Marchin.

Jean-Pierre Leloir © Jean-Louis Casalis. 

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 11:12

Sunside--Renato.jpg 

JEUDI 6 janvier

Que ce soit avec son complice Otisto qui offre à son piano des sons inhabituels, ou dans d’autres contextes qui lui offrent l’occasion de multiplier les rencontres - on l’a entendu jouer au Sunside ces derniers mois avec Glenn Ferris, Eric Le Lann, Emmanuel Bex et accompagner Elise Caron - Laurent de Wilde éprouve un L.-de-Wilde--J.-Regard.jpgréel plaisir à se trouver devant un clavier. Cette joie de créer, l’aspect ludique, la liberté que procure l’improvisation se retrouvent bien sûr dans sa musique. Laurent qui aime utiliser toutes sortes de machines n’a pas publié un seul album de jazz acoustique depuis “The Present”, un disque de 2006. Il dispose depuis peu d’un nouveau trio avec lequel il reprend d’anciennes compositions et en rode de nouvelles pour un nouvel enregistrement très attendu. Le Sunside l’accueillait le 6 janvier, la contrebasse toujours juste de Jérôme Regard et la batterie discrète de Donald Kontomanou accompagnant un piano plein de surprises et de fantaisie. Laurent enrichit les standards qu’il reprend d’harmonies nouvelles, de rythmes inattendus. La richesse de son jeu pianistique est perceptible dès le premier morceau du premier set, une version enthousiasmante de I Love You Porgy pleine de chausses trappes et de changements de rythme dans laquelle la contrebasse assure un jeu mélodique et dialogue avec le piano. Le blues est bien sûr perceptible dans Portrait of Wellman Braud, un extrait de La “New Orleans Suite” de Duke Ellington. Wellman est un des premiers musiciens de jazz à avoir joué de la Donald Kontomanouwalkin’ bass. L’esprit de cette musique, son aspect jungle est fort bien recréé par le trio. L’hommage à Ellington se poursuit avec Edward K., une composition de Laurent, un des titres de “Spoon-a-Rhythm” qu’il enregistra en 1997. Le second set, plus fluide encore, mit en évidence la cohésion mélodique et rythmique du trio. Loin de couvrir le piano, Donald Kontomanou le sert avec finesse. Il possède un très bon jeu de caisse claire, fait constamment chanter ses cymbales et marque les temps avec constance et légèreté. You Don’t Know What Love et ses changements de rythme, ses mesures ternaires qu’il fait bon écouter fut un bonheur pour nos oreilles soucieuses de swing. Laurent de Wilde prend un malin plaisir à compliquer les difficiles partitions de Thelonious Monk, son musicien fétiche. Ses arrangements de Off Minor et de Shuffle Boy placent constamment les trois musiciens sur une corde raide. Leur parfaite cohésion rythmique les empêche de trébucher. Impeccablement mise en place, leur musique est déjà celle d’un grand trio.

 

LUNDI 10 janvier

A.-Saada---couleurs.jpgAlexandre Saada en solo au Sunside. Après “Panic Circus” un disque de fusion bariolé, mélange de jazz électrique et de chansons pop dont les couleurs éclatent fièrement sur la pochette, le pianiste revient à un jazz acoustique et donne libre cours à son imaginaire dans de courtes pièces poétiques rassemblées dans “Present” son nouvel album. Il est bien difficile de distinguer l’écrit de l’improvisé dans ces impressions sonores aux contours volontairement brumeux. Ramassés sur eux-mêmes, les morceaux ne durent jamais très longtemps. Alexandre semble préférer la perfection des miniatures aux longues phrases boursouflées par des amas de notes. Il s’exprime avec une grande économie de moyens, adopte un discours sobre, dépourvu d’ornements superflus, mais aux harmonies toujours travaillées. Les thèmes vont et viennent, surgissent de manière inattendue, ne se dévoilent pas aux gens pressés ou inattentifs qui cherchent des mélodies faciles à écouter. Peu de grandes envolées lyriques dans cette musique souvent austère (Eveil, Winter) qui exprime constamment une certaine gravité, nous fait voir des paysages d’hiver en noir et blanc, des voyages shakespeariens A.-Saada-N-B-b.jpgcontés dans de vieux livres. Très présentes, les basses du clavier donnent du poids à la musique, renforcent son aspect sévère. Celle que joue Alexandre n’est pas sans amertume. Elle possède un arrière-goût d’herbes amères qui donne une réelle profondeur à un langage harmonique hérité de Claude Debussy, de Gabriel Fauré, d’une approche impressionniste du piano. C’est aussi celui de Bill Evans, de Keith Jarrett et de Paul Bley qui privilégient l’harmonie classique européenne tout en la teintant de blues et de notes bleues. Alexandre fait de même. Il peut donner beaucoup de dynamique à ses notes, adopter un jeu orchestral pour mieux les faire sonner. Le chaloupé My Rag, ou Home portent leurs influences. Pour pleinement apprécier cette musique, l’auditeur se doit d’être aussi concentré que le pianiste. Il faut fermer les yeux et se laisser conduire, tous sens en éveil, au pays des rêves. On se laisse bercer par des ostinato qui rythment des notes délicates et tendres (Panic Circus Part II), des accords cristallins encore humides d’une rosée de petit matin. Alexandre parvient même à rendre touchant et onirique Au clair de la lune sur lequel il improvise en fin de set. D’une tendresse discrète et pudique, cette musique témoigne d’une âme sensible qui, le plus discrètement possible, nous fait rencontrer la beauté.  

Photos © Pierre de Chocqueuse 

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 10:56

Danilo Perez-Providencia, coverCréateur et organisateur du Panama Jazz Festival, co-fondateur de Junglewood, communauté artistique impliquée dans l’écologie et la sauvegarde de la forêt panaméenne, à la tête d’une fondation qui apporte une éducation culturelle et musicale aux jeunes défavorisés de Panama City, Danilo Pérez s’implique dans de nombreux projets éducatifs afin d’inciter la jeunesse à rendre le monde plus propre et plus beau. Dans “Providencia”, album publié en août 2010 aux Etats-Unis et disponible en France depuis décembre, le pianiste de Wayne Shorter, père de deux petites filles, s’interroge sur l’avenir de la planète. Il a conçu les onze morceaux de son disque comme de courtes bandes-son pour de petits films imaginaires. Pérez s’intéresse à la forme, et cette musique descriptive lui permet de révéler ses capacités d’arrangeur. Les cinq mouvements de Daniela’s Chronicles décrivent chacun une année de la vie de Daniela, sa fille aînée. Le premier commence comme une fugue. Joué par Adam Cruz, un steel pan double les lignes mélodiques du piano et colore le second. Galactic Panama esquisse un portrait du pays. Contrebasse et batterie y adoptent un rythme de tamborito, la danse la plus populaire de Panama, l’équivalent du tango pour les Argentins. Outre Ben Street et Adam Cruz qui travaillent avec lui depuis huit ans, le pianiste utilise les services du saxophoniste américano-indien Rudresh Mahanthappa. Son alto agressif dynamise Galactic Panama, The Oracle et Cobilla, un appel à l’action pour bonifier le monde. Entre Cobilla se placent deux courts duos piano saxophone. Proche du cri et probablement improvisé, le premier agresse et dérange ; tendre et réfléchi, le second conclut paisiblement l’album. Les autres intervenants sont le percussionniste libano américain Jamey Haddad, le joueur de congas colombien Ernesto Diaz et la chanteuse portugaise Sara Serpa. Pérez fait aussi appel à un quintette à vents dans Bridge of Life, Part I et II, morceaux au sein desquels le jazz, le classique et la musique folklorique latino-américaine se fondent harmonieusement. Ce Bridge of Life (pont de vie) est bien sûr l’isthme de Panama qui sépare les Océans Atlantique et Pacifique et relie l’Amérique du Nord à celle du Sud. Revendiquant ses racines latines, le pianiste reprend Historia de Un Amor de Carlos Eleta Almaran, morceau naguère enregistré par Oscar Peterson, et Irremediablemente Solo de l’organiste et pianiste Avelino Muñoz, l’un des plus importants compositeurs panaméens. Il rend aussi hommage à son dernier maître, le pianiste Charlie Banacos récemment décédé. Composé pour sa femme Patricia, Providencia, une rumba guaguancó, donne son nom à l’album dont la latinité reste prépondérante. Pérez s’efface un peu derrière ses arrangements, mais fait chanter son beau piano dans la dernière partie de Daniela’s Chronicle, Historia de un Amor et Irremediablemente Solo, morceaux portés par une section rythmique en tous points exemplaire. 

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 14:31

WInter TimeJanvier : un mois froid, un calme difficile à supporter après les lumières des fêtes. La ville repose, fatiguée par ses nuits de veille. Très pieux, Jean-Paul tenait le rôle de Saint Joseph dans la crèche vivante de la paroisse des Saints Innocents. L’un des trois Rois Mages, son ami l’embaumeur, matait curieusement l’Enfant Jésus emmailloté de ses langes. Le lendemain de Noël, Jean-Paul a pris un vol pour le Japon d’où il vient de me faire parvenir ses voeux. Un yakusa richissime a accepté de lui vendre quelques vinyles qui manquent à sa collection. Il profite pleinement de son séjour et passe ses nuits dans les clubs de Tokyo. Paris n’est pas si remuante en janvier. Les disques se font rares et les concerts évènements sont moins nombreux que d’habitude. Celui que donne Patrick Favre au Sunside est pourtant une rare occasion d’entendre le pianiste dans une salle parisienne et, du 4 au 31 janvier, le Duc des Lombards invite à se produire quelques-uns de nos meilleurs jazzmen français. A l’est de la capitale, dans le Val-de-Marne, Sons d’hiver fête 20 ans de concerts. Entre free, afro-beat, rap et musiques improvisées, le festival a la bonne idée de faire venir les pianistes Marilyn Crispell et Geri Allen. Je viens d’apprendre en écoutant la radio que Michel P. 66 ans est l’heureux papa d’un divin enfant né dans une baignoire d’eau chaude. Jean-Paul l’aurait bien remplie de whisky, mais je ne vais pas vous révéler ici ses petits travers. Se geler plusieurs heures dans une crèche vivante mérite le respect. 

Brain, bandeauThomas de Pourquery également. Emu par l’état de son père qui depuis cinq ans développe une maladie neurodégénérative, le saxophoniste organise entre janvier et avril 2011 le premier Brain Festival dont le but est de réunir des fonds pour l’association Neuroligue qui effectue des recherches pour guérir ces maladies dont on ignore les causes. Parrainé par Louis Sclavis, Henri Texier, Andy Emler, Médéric Collignon, François Morel et beaucoup d'autres, le festival démarre le 6 janvier 2011 au Studio de l'Ermitage avec Elise Caron & Denis Chouillet et le MegaOctet d’Andy Emler. Le concert de clôture est un bal qu’offre le 2 avril le Surnatural Orchestra. Tous les musiciens et orchestres participants reverseront à l’association le montant du cachet d'un concert de leur choix. Programmation complète sur www.thebrainfestival.com 

P.-S./ Est-il besoin de préciser que Michel P. l’heureux papa est Michel Polnareff.

 

Laurent de WildeQUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

-Outre Elise Caron et le MegaOctet au studio de l’Ermitage le 6, Laurent de Wilde s’installe au Sunside les 6 et 7 janvier avec Matthias Allamane à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie. Laurent délaisse parfois le jazz pour explorer de nouveaux sons, confronter son piano à un ordinateur, à un « ordibroyeur » comme il le rappelle avec malice dans les notes de pochette de son dernier disque réalisé avec Otisto. C’est toutefois lorsqu’il joue du jazz acoustique en trio que Laurent impressionne le plus. Il possède un goût très sûr et sa riche palette harmonique comble tout amateur de beau piano.

 

Ping Machine-J’ai déjà noté la date du 7 janvier dans mon nouvel agenda. Ping Machine se produit ce soir-là au Studio de l’Ermitage. Confié au guitariste Frédéric Maurin, ce big band fait des étincelles. Il comprend de bons solistes et une sonorité d’ensemble dont bénéficient les compositions du leader. Il a souvent occupé la scène de l’Olympic Café l’an dernier et entreprend une tournée dans l’hexagone avant l’enregistrement en Allemagne d’un second album. Le pianiste Benjamin Moussay et son trio - Arnaud Cuisinier à la contrebasse et Eric Echampard à la batterie - complètent la soirée. - Toujours le 7, mais aussi le 8, le Duc des Lombards accueille le trio du contrebassiste Jean-Philippe Viret avec Edouard Ferlet au piano et Fabrice Moreau à la batterie. Leur dernier album s’intitule “Pour”. Sa finesse, l’élégance des compositions nous le fait totalement approuver.

A. Saada

 

-Le 10 au Sunside, Alexandre Saada présente son dernier album, un enregistrement de pièces en solo délicatement ciselées qui ouvrent des portes sur des paysages oniriques. Avec “Present”, le pianiste revient à un jazz acoustique au sein duquel se révèle sa sensibilité, son goût pour l’harmonie et l’improvisation. Il possède un solide bagage technique acquis auprès du pianiste et compositeur argentin Carlos Roque Alsina. Philippe Baden Powell le rejoindra pour un second set plus brésilien, Fender Rhodes et piano se voyant conviés à la fête.

 

Longnon © P. Marchin-Le big band de Jean-Loup Longnon c’est un peu le soleil de juillet qui rend visite au cœur de l’hiver. On ne sait trop comment les dix-sept musiciens pourront tous tenir sur la scène du Duc des Lombards le 10, mais Jean-Loup est capable de diriger sa formation derrière le bar, de mettre le swing à ébullition à distance. Pas besoin de micro pour sa voix puissante, presque un porte-voix  Attention aux verres lorsqu’il soufflera dans sa trompette ! Trompettes, trombones, anches croisent leurs lignes mélodiques, jouent une musique festive et mettent les solistes en valeur.

T. Enhco

-Thomas Enhco au Duc des Lombards le 12 avec Chris Jennings à la contrebasse et Nicolas Charlier à la batterie. Troisième lauréat du récent concours Martial Solal, le jeune pianiste défend un jazz mélodique qui reste ancré dans la tradition des maîtres du genre. Il possède un impressionnant bagage technique et étonne par sa connaissance du bop, sa capacité à faire chanter ses phrases, à peindre de délicats paysages harmoniques. En attendant un nouvel enregistrement en fin d’année (son précédent, “Someday My Prince Will Come” date de janvier 2009), on ne manquera pas d’aller écouter son piano prometteur en concert.

 

Patrick Favre-Auteur de trois disques magnifiques en trio, l’avignonnais Patrick Favre joue trop rarement à Paris. Le Sunside l’accueille avec son trio le 20 janvier. On s’y précipitera pour découvrir et écouter la musique intimiste et profonde d’un pianiste exigeant et sensible. Patrick place le son, la mélodie, l'harmonie au coeur de son travail, de ses préoccupations esthétiques. Ses musiciens, Gildas Boclé à la contrebasse et Karl Jannuska la batterie, approfondissent avec lui sa quête mélodique, offrent un contrepoint pertinent et fluide à ses improvisations modales. Patrick organise ainsi les notes du rêve, joue peu d’accords, mais en explore toute la richesse.

 

Nicolas-Folmer.jpg-Nicolas Folmer se produit régulièrement au Duc des Lombards avec son orchestre. Après y avoir enregistré en 2009 un album avec le saxophoniste Bob Mintzer, le trompettiste convie Daniel Humair à ses agapes jazzistiques le 21. Le batteur aime rencontrer des musiciens qui le stimulent et la grande technique que possède Folmer lui permet de jouer un bop moderne et virtuose au sein duquel l’imprévu tient une large place. Alfio Origlio au piano et Jérôme Regard à la contrebasse complètent la section Manuel Rochemanrythmique.

- Le même soir, mais aussi le 22, Manuel Rocheman occupe le Sunside avec Mathias Allamane à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie. Ceux d’entre-vous qui ont assisté au concert que le pianiste donna récemment Salle Gaveau ne doutent pas de sa grande forme. Ce grand technicien du piano n’hésite pas à improviser, à raconter de longues histoires dans lesquelles se manifestent son souci de la forme et une sensibilité qu’il n’hésite plus à exprimer.

 

Edouard Bineau-Après un concert triomphal au Sunside en novembre, Edouard Bineau investit le Duc le 24. Le dernier disque du pianiste séduit un large public et accumule les récompenses. Choc Jazz Magazine / Jazzman de l’année 2010, “Wared” Quartet est aussi l’un des douze albums primés dans ce blog. Plus musclée et binaire que celle qu’il joue d’habitude en trio, la musique du pianiste bénéficie de l’énergie que Daniel Erdmann lui apporte. Saxophoniste puissant, ce dernier souffle des notes brûlantes avec une sonorité aussi énorme que personnelle. Certains morceaux bénéficient de l’alto de Sébastien Texier et autorisent de passionnants dialogues de saxophones. Le contrebassiste Gildas Boclé assure d’admirables chorus à l’archet et Arnaud Lechantre rythme avec à Mathieu Blochpropos une musique lyrique inspirée par le blues.

 

-Ceux qui auront manqué le Nagual Orchestra à l’Âge d’Or le jeudi 19 (le quintette s’y produit les troisième jeudi de chaque mois à 20h30), pourront les écouter au Sunside le 26. Vainqueur des Trophées du Sunside en 2009, la formation de Mathieu Bloch prépare un nouvel album que nos oreilles impatientes réclament déjà. Florent Hubert (saxophone ténor et clarinette), Olivier Laisney (trompette), Alexis Pivot (piano) et David Georgelet (batterie) entourent la contrebasse de Mathieu, qui organise, cimente et rythme les inventions du groupe.

 

Marilyn Crispell-Parmi les concerts que programme le festival Sons d’Hiver, relevons celui que donnera en solo le 25 à Arcueil (espace Jean Vilar) Marilyn Crispell. Grâce à son grand sens de la forme, la pianiste parvient à rendre lyriques ses phrases souvent abstraites, à faire chanter et respirer un piano tumultueux, une musique ancrée dans une esthétique free que tempère le silence. - L’ONJ au théâtre du Châtelet le même soir (20h30) dans deux programmes : “Shut Up and Dance” avec une chorégraphie de Blanca Li et “Broadway in Satin” consacré à Billie Holiday avec Sandra Nkaké et A. HervéJohn Greaves en invités. 

 

-N’oublions pas la leçon de jazz qu’Antoine Hervé donne une fois par mois à l’auditorium Saint-Germain aka (also known as) la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs. Le 28, Oncle Antoine nous raconte la belle histoire de Charlie Parker, l’étoile filante du be-bop. Au saxophone alto, Pierrick Pedron se glissera dans la peau de l’improvisateur virtuose qui renouvela le langage du jazz.

 

Geri Allen-Autre concert "Sons d’Hiver" à ne pas manquer, celui que donne Geri Allen et son groupe Timeline le 28 au théâtre Paul Eluard de Choisy-Le-Roi. Outre un magnifique album en solo chroniqué dans ce blog, la pianiste de Détroit a publié cette année un enregistrement live avec cette formation associant les rythmes d’un danseur de claquettes (Maurice Chestnut) aux musiciens de son trio, Kenny Davis à la contrebasse et Kassa Overall à la batterie. Débordant d’idées mélodiques Allen, lyrique, virtuose et impétueuse fait sonner son instrument R. Urtreger©P. Marchincomme les cloches de Notre-Dame.

 

-Le roi René Urtreger au Duc des Lombards les 28 et 29 pour une cure salvatrice d’un bop allègre et intemporel. Ecouter le pianiste fait du bien, réchauffe nos vieux os refroidis par l’hiver. Il est un peu chez lui au Duc, tout comme les musiciens qui l’entourent. Eric Dervieu rythme ses musiques depuis de longues années. Mauro Gargano joue une contrebasse très musicale et assure avec ce dernier des tempos très solides. Au saxophone alto et à la flûte, Hervé Meschinet introduit des couleurs au sein d’un discours musical constamment irrigué par le swing. Sylvain Gontard remplace Nicolas Folmer à la trompette, mais la musique n’en reste pas moins tout aussi vivante et recommandable.  

 

M. Copland - R. Del Fra- Marc Copland occupe le Sunside les mêmes soirs (28 et 29 janvier). Nuançant constamment sa musique par un jeu de pédales très sophistiqué, le pianiste donne de l’importance à la couleur et à la dynamique de ses notes et joue un piano qui ne ressemble pas aux autres. Il se produit souvent dans mon club préféré de la rue des Lombards et aime faire chanter son instrument avec divers trios.  Billy Hart (batterie) et Riccardo Del Fra (contrebasse) comptent parmi les accompagnateurs qu’il apprécie. On a entendu Marc et Billy cet été aux arènes de Montmartre au sein du groupe Contact. Il y a un an, le pianiste et Riccardo jouaient en duo dans ce même club. L’union fait la force et celle des trois hommes ne peut que générer de l’excellente musique.

 

- Toujours le 28 et le 29, mais aussi le 30, Aldo Romano retrouve Henri Texier, Géraldine Laurent et Fabrizio Bosso au Sunset pour célébrer la musique de Don Cherry. Leur répertoire comprend également des compositions d’Ornette Coleman. Pour vous donner une idée de la musique brûlante et virevoltante que joue le quartette, écoutez “Complete Communion to Don Cherry”, album publié il y a quelques mois chez Dreyfus.

 

McClung - Elangué-Né à Clamart de parents camerounais, le saxophoniste Jean-Jacques Elangué joue souvent au Baiser Salé. Son quartette Shades of Ouïdah comprend Alain Jean-Marie au piano Daryl Hall à la contrebasse et Simon Goubert à la batterie. Tom McClung est le pianiste d’Archie Shepp. Les deux hommes ont enregistré en décembre 2009 au studio de Meudon “This is You” (Blang Music), album dans lequel ils dialoguent avec lyrisme, créent un jazz particulièrement inventif, signent de bonnes compositions originales et nous offrent une poignante version de Fleurette Africaine d’Ellington. Ils se produisent en duo au Sunside le 31 janvier. On ne manquera pas leurs échanges musicaux, conversation amicale pesant son poids de notes.

 

Son d'Hiver, visuel-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com 

-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com 

-L’Âge d’Or : www.lagedorparis.com 

-Festival Sons d’hiver : www.sonsd’hiver.org

-Théâtre du Châtelet :www.chatelet-theatre.com 

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

 

Photos : Laurent de Wilde, Alexandre Saada, Nicolas Folmer, Manuel Rocheman, Mathieu Bloch, Antoine Hervé, Marc Copland & Riccardo Del Fra  © Pierre de Chocqueuse – Jean-Loup Longnon, Thomas Enhco, René Urtreger © Philippe Marchin - Patrick Favre © Ivan Da Silva - Edouard Bineau © Didier Gerardin - Marilyn Crispell © Roberto Masotti / ECM - Geri Allen © Motema Records - Tom McClung & Jean-Jacques Elangué © Sarah Leguern  

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 10:53
 Très bonne année                          BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2011

 

 

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 10:04

St. NicolasQui est-ce ?

 

-Saint Nicolas visitant Disneyland ?

 

-André Villéger en habit de scène ?

 

-Le blagueur de Choc en grande tenue d’académicien ?

 

-Mickey Mouse dans les bras de Saint-Pierre ?

 

-Arsène Lupin déguisé et méconnaissable ?

 

Joyeux Noël à tous et à toutes.

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 12:35

Palmares-2010--covers-b.jpgTreize Chocs sur plusieurs centaines de nouveaux enregistrements édités cette année, les choisir n’a pas été simple, même si les œuvres fortes ne sont pas si nombreuses. Ceux d’entre-vous qui me lisent régulièrement se sont probablement rendu compte que je chronique souvent des disques de piano solo. J’aime tout particulièrement l’instrument et il m’a été difficile d’écarter de cette sélection “Precipice” de Denny Zeitlin, “Alone” de Marc Copland, “Memories of Paris” d’Eric Watson et les “Solo” de Vijay Iyer et de Mulgrew Miller, ce dernier un enregistrement d’octobre 2000, à mettre entre toutes les mains. Estimant déraisonnable d’attribuer une majorité de ces Chocs 2010 à des pianistes jouant en solo, j’ai souhaité diversifier ce palmarès, y faire entrer d’excellents albums de musiciens moins médiatisés dont je suis de près la carrière. Si Edouard Bineau semble enfin sortir de l’ombre avec son “Wared Quartet”, Choc de l’année Jazz Magazine / Jazzman, il m’a paru bon de mettre en avant les magnifiques enregistrements de Lucian Ban et John Hébert sur Enesco, de Patrick Favre en trio et du Marc Buronfosse Sounds Quartet, une autoproduction méritant une large distribution. J’ai hésité à inclure le “Solo Piano at Schloss Elmau” de Vladyslav Sendecki, musicien presque inconnu en France qui officie à Hambourg au sein du NDR Big Band. Ce palmarès ne contient donc qu’un seul disque en solo, celui de Geri Allen. Les pianistes y restent fort nombreux, mais entre Charles Lloyd, musicien célèbre et Tord Gustavsen, pianiste encore trop peu présent sur les scènes françaises, (deux artistes ECM auteurs cette année d’excellents opus), le second mérite un coup de pouce, une aide supplémentaire que le premier n’a nul besoin. Je vous laisse le soin de découvrir ces Chocs et de les commenter s’il l’envie vous en prend. Je vous rappelle également que cette chronique est la dernière de l’année. Le blogdechoc sommeillera jusqu’aux premiers jours de janvier. Bonnes fêtes à tous et à toutes.  

 

Douze albums dont un double…

Geri Allen flying cover-Geri ALLEN : “Flying Toward the Sound” (Motema) S’inscrivant sous le triple patronage de Cecil Taylor, McCoy Tyner et Herbie Hancock, cette suite en solo particulièrement ambitieuse en huit mouvements apparaît comme une des grandes réussites de la pianiste. Cette dernière donne corps et âme à une musique solidement construite et structurée par un discours lyrique, virtuose et impétueux. Percussif, abstrait, polyphonique et orchestral, son jeu pianistique intense et inspiré n’a jamais autant impressionné. Chroniqué dans le blogdechoc le 26 novembre

 

Lucian Ban, cover-Lucian BAN & John HEBERT : “Enesco Re-imagined” (Sunnyside / Naïve) Avec l’aide de six musiciens exceptionnels, le pianiste Lucian Ban et le contrebassiste John Hébert relisent sous l’angle du jazz quelques œuvres du compositeur roumain Georges Enesco (1881-1955). Parmi elles, deux des mouvements de sa sonate pour violon et piano “dans le caractère populaire roumain” élargis à tous les membres de l’orchestre. Bénéficiant d’une instrumentation neuve, les délicates mélodies d’Enesco bénéficient de somptueux écrins orchestraux et revivent de manière inattendue. Chronique en janvier 2011 dans Jazz Magazine / Jazzman (Choc)

 

Wared Quartet, cover-Edouard BINEAU : “Wared Quartet”  (Derry Dol / Socadisc) L’arrivée de Daniel Edermann aux saxophones transformant son trio en quartette, Edouard Bineau se retrouve enfin sous les feux des projecteurs jazzistiques. Le pianiste compose toujours des mélodies accrocheuses, reprend deux thèmes de “L’obsessioniste” et revient au blues qu’il jouait dans sa jeunesse. Musicien invité, Sébastien Texier joue du saxophone alto dans trois morceaux et  Erdmann dynamise une musique plus agressive et musclée qui conserve tout son lyrisme.  Chroniqué dans Jazz Magazine/Jazzman n°619 – novembre (Choc)

 

Marc Buronfosse, cover-Marc BURONFOSSE Sounds Quartet : “Face the Music” (MBSQ) Cette autoproduction disponible dans certaines Fnac parisiennes est une des meilleure surprise de l’année. On savait Marc Buronfosse excellent contrebassiste; on ignorait son talent à composer des thèmes, à peindre des paysages oniriques avec de si belles couleurs. Encadrés par une section rythmique mobile et réactive (Marc Buronfosse et Antoine Banville), le piano acoustique et les synthétiseurs de Benjamin Moussay et les et saxophones de Jean-Charles Richard mêlent leurs sonorités, dialoguent et inventent. Chroniqué dans le blogdechoc le 21 mai

TECTONIQUE Nuages, cover

 

-Laurent CUGNY : “La tectonique des nuages” (Signature / Harmonia Mundi) Plusieurs années de travail, un enregistrement étalé sur deux ans, le grand œuvre de Laurent Cugny se voit enfin pérennisé par le disque plus de quatre ans après sa création. J’en ai récemment encensé la musique, saluant les performances exceptionnelles des chanteurs (David Linx éblouissant) et de Laïka Fatien, mais aussi les superbes interventions des solistes et les magnifiques couleurs que Laurent a posées sur ses thèmes, les rendants inoubliables. Chroniqué dans le blogdechoc le 9 décembre

 

sixthjump-Benoit DELBECQ : “The Sixth Jump” (Songlines / Abeille Musique) Difficile de choisir entre deux albums publiés simultanément, “Circles and Calligrams”  en solo et ce disque en trio, le premier que sort Benoît Delbecq. Enregistré avec Jean-Jacques Avenel et Emile Biayenda, The Sixth Jump” présente un aspect très africain. Spécialiste du piano préparé, Benoît fait sonner son instrument comme un balaphon, improvise sur les métriques inhabituelles que tissent la contrebasse et la batterie, longs fils d’une musique envoûtante primée par l'Académie Charles Cros. Chroniqué dans le blogdechoc le 15 octobre

 

Patrick Favre, cover-Patrick FAVRE : “Humanidade” (AxolOtl Jazz/Frémeaux & Associés) Trois albums en trio salués par la presse n’ont toujours pas suffi à faire connaître le discret pianiste avignonnais d’un large public. Après “Danse Nomade” (2003) et “Intense” (2006), Patrick poursuit son inlassable et exigeante quête mélodique avec “Humanidade” enregistré avec Gildas Boclé à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. Le son, l’harmonie, l’émotion sont au cœur d’une musique sensible et profonde que les parisiens pourront découvrir au Sunside le 20 janvier prochain. Chroniqué dans Jazz Magazine/Jazzman n°611 - février (Choc)

 

Tord Gustavsen, cover ECM-Tord GUSTAVSEN Ensemble : “Restored, Returned” (ECM / Universal) Après trois albums magnifiques en trio pour ECM, le pianiste norvégien élargit sa formation et y intègre le saxophoniste Tore Brunborg et la chanteuse Kristin Asbjørnsen dont la voix chaude et éraillée fait merveille. Le gospel, le blues, les vieux cantiques protestants nourrissent cette musique intimiste. Tord privilégie la mélodie, accorde beaucoup d’importance au silence et à la respiration de chacune de ses notes. Celles que contient cet opus en quintette sont les grains d’or des blés d’un bel été. Chroniqué dans Jazz Magazine/Jazzman n°611 - février (Choc)

 

Fred Hersch Whirl, cover-Fred HERSCH Trio : “Whirl” (Palmetto / Codaex) Le disque d’un miraculé, le premier enregistré par le pianiste après la sortie de son coma. En trio avec John Hébert et Eric McPherson, Hersch s’abandonne et joue des phrases étonnamment fluides et poétiques, fascine par ses choix harmoniques et les couleurs de son piano. Il n’a plus rien à prouver, a donné le plus beau concert de l’année et affirme magnifiquement son retour dans ce recueil de standards et de compositions personnelles dédiées à des amis, des artistes qu’il admire et célèbre. Chroniqué dans Jazz Magazine/Jazzman n°617 - septembre (Choc)

 

José James, cover-José JAMES & Jef NEVE : “For All We Know” (Impulse ! / Universal) Dans le domaine du jazz vocal, l’année qui s’achève fut un bon cru. Le disque enregistré par José James et Jef Neve m’a toutefois particulièrement séduit. Le nom du premier n’évoque pas grand-chose à l’amateur de jazz. Ses propres albums sont plus proches de la soul et du hip-hop. Malgré une tessiture un peu limitée, sa voix de baryton douce et suave s’accorde parfaitement au piano qui l’accompagne. Adoptant un jeu sobre, jouant des harmonies aux couleurs délicates, Jef Neve se révèle beaucoup plus convaincant que dans ses propres disques.Chroniqué dans le blogdechoc le 25 juin

 

Paul Motian Lost in a Dream, cover-Paul MOTIAN Trio : “Lost in a Dream” (ECM / Universal) Batteur inventif, Paul Motian affranchit l’instrument de sa fonction rythmique pour lui faire chanter et moduler des sons. Grand compositeur de thèmes, il en confie les notes poétiques aux musiciens des orchestres avec lesquels il expérimente inlassablement de nouvelles combinaisons sonores. Dans ce disque enregistré au Village Vanguard en février 2009, le saxophoniste Chris Potter et le pianiste Jason Moran donnent espace et relief à ses mélodies, les servent avec une imagination et un lyrisme qui en décuplent la beauté. Chroniqué dans le blogdechoc le 20 avril

 

J. Onishi Baroque (gde)-Junko ONISHI : “Baroque” (Verve / Universal) Pianiste virtuose et audacieuse, la japonaise Junko Onishi confirme son retour avec ce disque enregistré en sextette à New York avec trois solides souffleurs (Nicholas Payton, Waycliffe Gordon et James Carter) et la section rythmique de ses enregistrements au Vanguard, Reginald Veal et Herlin Riley. Baignant dans le blues et le gospel, “Baroque” est un hommage sincère à Charles Mingus, mais aussi à Jaki Byard, Eubie Blake, Sir Charles Thompson et Thelonious Monk. Chroniqué dans Jazz Magazine/Jazzman n°619 - novembre

 

Et un coffret de trois disques…

Spark of Being, BoxCover-Dave DOUGLAS & KEYSTONE : “Spark of Being” (Greenleaf / Orkhêstra) Ce coffret contient la bande-son d’un film expérimental réalisé par le cinéaste Bill Morrison sur le mythe de Frankenstein et les recherches sonores du trompettiste Dave Douglas autour de ce projet. Le trompettiste a beaucoup travaillé les effets sonores des trois disques, entrelaçant les sonorités électriques et les instruments acoustiques d’une musique modale qui doit beaucoup au Miles Davis électrique de “Bitches Brew”. L’énorme travail de post-production réalisé au mixage -  ajout de séquences de musique concrète et électronique conçues sur ordinateur - parachève l’aspect novateur de cette somptueuse tapisserie de sons. Chroniqué dans le blogdechoc le 5 novembre

Photo © Pierre de Chocqueuse

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 11:07

Junko Onishi Trio

LUNDI 15 novembre

Junko Onishi n’a pas le moins du monde l’air inquiète au moment de monter sur la scène du Sunside. Elle attaque sa prestation avec beaucoup de vélocité comme si elle affrontait un adversaire, qu’elle allait faire rendre gorge à son piano. Intitulé Junko Onishi Sunside bBack in the Days, le morceau provient de “Musical Moments” son avant-dernier album. C’est le premier concert d’une tournée en trio et la mise en place reste approximative. Junko n’a encore jamais joué avec Roland Guerin, un contrebassiste solide qui trouve immédiatement ses marques auprès d’elle. Batteur à la frappe puissante (il joue sur “Musical Moments”), Gene Jackson couvre trop le piano d’où une grande confusion sonore s’installant dès qu’il martèle ses caisses avec des baguettes. Ce furent donc les ballades et les morceaux abordés sur tempo médium dans lesquels Jackson utilise des balais qui nous permirent d’apprécier pleinement la musique de la pianiste. Cette dernière développe un jeu orchestral particulièrement dynamique, mais peut aussi aérer ses notes, nous envoûter par de Roland Guerinlongues pièces tranquilles. Son élégant Portrait in Blue, thème aux harmonies magnifiques qu’elle écrivit il y a plus de vingt ans, fut très apprécié. Mais Junko Onishi aime aussi les cascades de notes perlées, les morceaux de bravoure dans lesquels elle exprime sa grande virtuosité. Thelonious Monk, Eric Dolphy, Charles Mingus font depuis longtemps partie de son répertoire plein de dissonances et d’accords inattendus. Perturbée par le niveau sonore trop élevé de la batterie, Junko ne joua pas toujours son meilleur piano. A l’exception de The Mother’s (Where Johnny Is) qui évoque beaucoup La Guerre des Etoiles, elle interpréta peu de thèmes de “Baroque“ son dernier disque, préférant reprendre Congeniality d’Ornette Coleman, mais aussi Something Sweet, Something Tender de Dolphy et Bittersweet une de ses compositions, deux extraits de “Musical Moments”.

 

MERCREDI 24 novembre

Edouard BineauLe piano d’Edouard Bineau m’a toujours séduit depuis la découverte d’“Exodus”, son premier Daniel Erdmannenregistrement. Disposant d’une large palette harmonique, Edouard pose de belles couleurs sur ses mélodies chantantes. Il compose également de vrais thèmes et s’appuie sur leurs lignes mélodiques lorsqu’il improvise. C’est toutefois une musique quelque peu différente, plus brute et plus « sale » que nous entendîmes au Sunside. La présence de Daniel Erdmann est pour beaucoup dans ce changement de Gildas Boclédirection. Le saxophoniste possède un son volumineux tant au ténor qu’au soprano, improvise de manière créative, peut souffler des phrases très longues, mais joue surtout avec une énergie, une ardeur qu’il communique aux membres de l’orchestre. Dans Wared, Gildas Boclé utilise son archet et tire de sa contrebasse des sons de violoncelle. A la batterie, Arnaud Lechantre marque des tempos binaires, leur donne l’épaisseur du rock. La rythmique plus présente et consistante sur le plan sonore encadre des thèmes lyriques, mais leur confère une densité et une chaleur nouvelles. Le quartette joua essentiellement des morceaux de “Wared” le nouvel album d’Edouard, un répertoire comprenant Maman Rose et Charmeur Arnaud Lechantrede pierres, deux des titres recyclés de “L’Obsessioniste”  consacré au Facteur Cheval. Handicapé par une forte fièvre, Daniel Erdmann se montra moins véloce dans ses attaques, mais la musique, portée par un piano très blues et de nombreuses notes bleues, n’en souffrit nullement. Sébastien Texier joua du saxophone alto dans Rootless et Wandering, morceaux dans lesquels Edouard Bineau se tient volontairement en retrait. Ce dernier aime aussi prendre des risques, se lancer avec Daniel dans des pièces non préméditées qui exigent une totale disponibilité. Un des deux courts intermèdes qu’ils improvisèrent ne fut pas aussi convaincant que la musique forte et joyeuse que nous goûtâmes passionnément ce soir-là.

 

 SAMEDI 4 décembre

Dan-Tepfer-c.jpgOn parle beaucoup de Dan Tepfer, auteur d’un excellent album en duo avec Lee Konitz chez Naïve. Sur ce même label, le pianiste franco-américain vient de sortir un disque en trio enregistré avec une section rythmique américaine. “Five Pedals Deep” m’a posé certaines difficultés d’écoute que j’explique par les métriques inhabituelles adoptées par Thomas Morgan à la contrebasse et Ted Poor à la batterie et le jeu ambidextre du pianiste qui le conduit à tenir en parallèle plusieurs discours mélodiques qu’il n’est pas toujours facile de suivre. Ayant plusieurs fois écouté le disque, j’en ai progressivement pénétré la logique et apprécié le concert que les trois hommes donnaient au Sunside. Dan Tepfer aime les longues pièces abstraites d’où il fait surgir des bribes de thèmes plus ou moins connus, se plaît à changer fréquemment de rythmes, à faire ruisseler ses notes avec force et passion, à faire longuement tourner des ostinato. Sa grande technique lui permet de construire et d’architecturer de longues pièces truffées de dissonances, Thomas Morgand’harmonies inattendues. Les quatre temps de la mesure (four-beats) sont rarement marqués par une contrebasse et une batterie qui assurent un tempo relâché, distendu, ouvert à tous les possibles pianistiques. Le couvercle du piano grand ouvert, Dan tire un maximum de dynamique de l’instrument et le fait puissamment sonner. Sous ses doigts, les notes fusent comme des fusées de feux d’artifice, forment des bouquets, des figures mélodiques qui s’éparpillent, se transforment afin de parcourir d’autres trajectoires, rencontrer d’autres rythmes. Dan joua presque exclusivement les morceaux de son nouvel album, ajoutant I Remember April et Giant Steps à son répertoire. Outre I Was Wonderin’, une de ses compositions, le pianiste reprit Le plat pays de Jacques Brel dans une version plus lente que celle de son disque , trouvant à jouer de jolies notes perlées dans l’aigu du clavier. Le deuxième set plus fluide mit à l’honneur un autre standard, Body and Soul et d’autres compositions originales : The Distance, une ballade onirique, Back Attya décrit par Dan comme un cousin de All the Things You Are, et une saisissante version de All I Heard Was Nothing, morceau qui traduit l’influence de Brad Mehldau sur son jeu, deux mains indépendantes dialoguant et faisant des miracles.

 

Photos © Pierre de Chocqueuse- Portraits d’Edouard Bineau, Daniel Erdmann, Gildas Boclé & Arnaud Lechantre © Didier Gerardin  

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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 11:50

TECTONIQUE Nuages, coverPlus de quatre ans après sa création, l’opéra jazz de Laurent Cugny est enfin disponible en CD. Son étui cartonné illustré par François Schuiten contient également un Blue Ray audio mixé en 7.1 (sept sources sonores et un caisson de basses). Il n’est toutefois pas nécessaire d’avoir chez soi un home cinéma pour s’immerger dans cette “Tectonique des nuages”, émouvante histoire d ‘amour relevant du fantastique qui emporte de bout en bout par sa musique, sa dimension poétique. Adaptée d’une pièce de l’écrivain portoricain José Rivera, presque entièrement chantée en français, cet opéra en un acte que complètent un prologue et un épilogue dure un peu moins de deux heures. Un livret de plus de cent pages en français et en anglais, permet de suivre l’intrigue et d’en situer l’action.

 

Laïka Fatien est l’envoûtante Celestina del Sol qui dérègle le temps et transforme les hommes. David Linx incarne Aníbal de la Luna, un bagagiste d’American Airlines. Grâce à elle, il va renouer avec ses racines latino-américaines, avec une langue maternelle qu’il a depuis longtemps oubliée. Peu à peu, il redécouvre le chant, prend conscience de lui-même et passe du langage parlé à la musique. Il se souvient et dans la toute dernière scène s’exprime en espagnol. Yann-Gaël Poncet, l’auteur des textes des chansons, tient le rôle de Nelson le frère cadet d’Aníbal, un militaire, un dur. Au contact de Celestina, il va s’humaniser, retrouver sa tendresse perdue. Avec eux, une dizaine de musiciens commentent et colorent l’action, le déluge de pluie qui tombe sur Los Angeles, la métamorphose du temps. La guitare de Frédéric Favarel, l’accordéon de Lionel Suarez s’ajoutent parfois à l’orchestre, ces deux instruments rappelant l’origine hispanique des personnages. Jérôme Regard tient la contrebasse, Frédéric Chapperon assure la batterie et, plus rarement, Frédéric Monino joue de la basse électrique. Confié à Laurent, le piano tisse constamment une trame harmonique de toute beauté, chante des notes très pures, pose des couleurs evansiennes du rêve. Un quintette à vents lui suffit pour faire des miracles, assembler précisément les sons qu’il recherche et les mettre en lumière. Nicolas Folmer (trompette et bugle), Denis Leloup ou Phil Abraham (trombone), Pierre-Olivier Govin (saxophones alto et baryton), Thomas Savy (clarinette, clarinette basse et saxophone ténor) et Eric Karcher (cor) en sont les musiciens.

 

Tectonique, Studio 103Les combinaisons orchestrales, nombreuses, varient d’une pièce à l’autre. On admirera l’écriture des vents dans les rares instrumentaux que contient l’opéra et dans Etrangère, pièce dans laquelle Pierre-Olivier Govin prend un beau solo de saxophone alto. Nicolas Folmer fait chanter sa trompette dans Quelle heure est-il ? La clarinette basse de Thomas Savy colore majestueusement J’ai fouillé Los Angeles. Laurent Cugny joue des notes de piano particulièrement envoûtantes à la fin d’Eva, morceau rendu inoubliable par David Linx qui s’investit totalement dans son personnage. On passe constamment du parlé au chanté, chaque chanson étant précédée d’un texte qui l’explicite. Certaines scènes se passent même de musique, les voix se suffisant à elles-mêmes. Los Angeles, le poème que Linx récite sur un accompagnement de batterie au début de l’opéra évoque la récitation de Jon Hendricks, le narrateur de “New York, N.Y.” de George Russell. Le morceau fait pendant à Los Angeles reconstruite interprétée par Laïka Fatien. Cette dernière prête sa voix chaude et chaleureuse à de très beaux thèmes : Rodrigo Cruz dans lequel le trombone de Denis Leloup assure les obbligatos, Me Pregunto chanté en espagnol avec une simple guitare comme instrument, Sorgue et Silence et Etrangère à mon propre corps, deux pièces magnifiquement orchestrées. Plus discret, son rôle le rendant moins présent, Yann-Gaël Poncet impose sa voix puissante dans La valse des Tanks et Je suis libre Aníbal, morceau de bravoure porté par l’orchestre et modulé par un piano génialement inspiré. Les thèmes les plus forts restent toutefois chantés par David Linx. L’admirable Eva, véritable performance vocale, met les larmes aux yeux. Quelle heure est-il ? avec sa mélodie lumineuse, ses timbres contrastés et J’ai fouillé Los Angeles traversé par d’étonnantes couleurs crépusculaires donnent de semblables frissons.

 

Avec ce disque événement, le plus beau de l’année, “La Tectonique des Nuages”  commence une nouvelle carrière. Souhaitons lui d’être enfin monté et mis en scène dans sa version opératique.

Photo © Pierre de Chocqueuse

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 16:18

PianoDécembre : l’année jazzistique qui s’achève a vu profusion de concerts et de disques. Au regard de toutes les manifestations qu’elle accueille, Paris est très probablement la capitale européenne du jazz avec des clubs très actifs qui programment en permanence musiciens français et étrangers. Le Sunside qui ouvrit ses portes le 13 octobre Encart-Sunside-267-x-672000 fête son dixième anniversaire dans ses murs de la rue des Lombards, mais aussi au New Morning du 4 décembre au 8 janvier prochain. Stéphane Portet a mijoté une solide programmation, l’élite des musiciens de jazz que l’on aurait tort de bouder. N’allez pas croire que les jazzmen font tous de la bonne musique. Leur niveau technique impressionnant pallie souvent un manque affligeant d’imagination, masque une méconnaissance totale de l’histoire du jazz. Au lieu de continuer à jouer des standards, nombre d’entre eux enregistrent leurs propres compositions, des morceaux dans lesquels on peine à distinguer un thème, une ligne mélodique. Les rythmes ternaires ne semblent pas non plus séduire ces jeunes musiciens qui pour se distinguer évitent soigneusement de partir de ce qui a été fait avant eux. Sous l’appellation jazz se niche ainsi des musiques parasitées par le rock, la techno, l’électro et qui n’ont rien à voir avec le genre. Il en résulte une pléthore d’enregistrements médiocres qui se retrouvent à grande vitesse chez les soldeurs. Le jazz pourtant se porte bien. Grâce à une minorité de musiciens créatifs qui chaque année créent des œuvres fortes que l’on aura toujours envie d’écouter. Je pense bien sûr à la “Tectonique des Nuages”, opéra jazz événement de Laurent Cugny enfin commercialisé. Une quarantaine de bons disques ont fait l’objet de chroniques cette année dans ce blog. J’en ai confié d’autres à Jazz Magazine / Jazzman qui publie ce mois-ci la liste de ses Chocs de l’Année, douze nouveautés, une réédition, un coffret et un DVD. Je compte mettre les miens en ligne à la mi-décembre, juste avant de mettre ce blogdechoc en sommeil jusqu’au début du mois de janvier. Bonnes fêtes à tous.     

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Dan Tepfer, cover-Le pianiste Dan Tepfer à Radio France (Studio Charles Trenet, 17h30) le 4 décembre et le même soir au Sunside avec son trio américain, Thomas Morgan à la contrebasse et Ted Poor à la batterie. J’aime beaucoup son album en duo avec Lee Konitz, moins son nouveau disque toujours sur Sunnyside. Il l’a peut-être enregistré un peu vite, avant d'en roder les morceaux sur scène. Pour ne pas s’arrêter sur une impression mitigée, on goûtera en concert ses belles idées harmoniques, sa virtuosité délicatement tempérée.

Dave Liebman (a)

 

-Le saxophoniste Dave Liebman au Sunside le 6 avec Vic Juris à la guitare, Tony Marino à la contrebasse et Marco Marcinko à la batterie. Au programme : la musique d’Ornette Coleman, grand créateur de thèmes dont certains sont aujourd’hui des standards. Et puis Dave joue aujourd’hui davantage de ténor. Une autre bonne raison pour aller l’écouter.

 

D. Lockwood 2 © Thomas Dorn-Les nombreux jazz fans qui arpentent la rue des Lombards et apprécient Didier Lockwood vont être comblés. Le violoniste en occupe les clubs pendant cinq soirs. Il commence par envahir le Sunside le 8 et le 9 avec ses Jazz Angels, un groupe réunissant le trompettiste David Enhco, le pianiste Thomas Enhco, le contrebassiste Joachim Govin et le batteur Nicolas Charlier, tous de talentueux et prometteurs jeunes musiciens (concerts à 20h et à 22h). Le 10 et le 11 (toujours à 20h et à 22h), Didier retrouve au Baiser Salé le guitariste The Jazz Angels © Ph. Levy-StabJean-Marie Ecay, l’organiste Benoît Sourisse et le batteur André Charlier. Didier achève sa tournée des clubs le dimanche 12 en donnant deux concerts en trio au Duc des Lombards (20h et 22h) avec le guitariste Philip Catherine et le contrebassiste Diego Imbert. Soit trois formations différentes dans trois cadres différents. Une initiative de S. Domancichl’association Paris Jazz Club www.parisjazzclub.net

 

-Le 9 au Triton, la pianiste Sophia Domancich présente “Snakes and Ladders” son surprenant dernier album construit autour de chansons. John Greaves et Himiko Paganotti prêtent leurs voix à d’inclassables miniatures sonores proches du rock et de la pop anglaise des années soixante et soixante-dix. Les claviers de Sophia et les guitares de Jef Morin entrecroisent les notes d’une musique aussi envoûtante qu’intimiste.

 

Paolo Fresu (b)-La présence à Paris du mythique quintette italien de Paolo Fresu est toujours un événement. Le Sunside l’accueille deux soirs de suite, les 10 et 11 décembre. Fondé en 1984 à l’initiative du trompettiste et du pianiste Roberto Cipelli, il prit sa forme actuelle dès l’année suivante et compte aujourd’hui vingt-cinq ans d’existence. Outre Fresu et Cipelli, il réunit Tino Tracanna aux saxophones soprano et ténor, Attilio Zanchi à la contrebasse et Ettore Fioravanti à la batterie. Même si ses très nombreux disques se ressemblent, le dernier “Songlines / Night & Blue” est aussi bon que les autres, ce quintette sous influence – le second quintette de Miles Davis reste sa principale source d’inspiration – enchante toujours par son lyrisme.

 

-On reste en Italie avec le duo Musica Nuda attendu le 16 au Sunset. Petra Magoni en est la voix et Ferruccio Spinetti la contrebasse. Tous deux parviennent à tenir en haleine leur public par un répertoire éclectique et une parfaite maîtrise de leur art. Petra chante ce qu’elle veut avec une facilité déconcertante. Quant à Ferruccio, sa belle contrebasse chante constamment les Nagual Orchestranotes du rêve.  

- Toujours le 16, les curieux iront découvrir le Nagual Orchestra en résidence à l’Âge d’Or, 26 rue du Dr. Magnan 75013 Paris, les troisième jeudi de chaque chaque mois  (concert à 20h30). Vainqueur des Trophées du Sunside en 2009, ce quintette prometteur de jeunes musiciens fondé en 1999 par le contrebassiste Mathieu Bloch propose un jazz moderne inspiré. Outre Mathieu, les membres du groupe sont Florent Hubert (saxophone ténor et clarinette), Olivier Laisney (trompette), Alexis Pivot (piano) et David Georgelet Antoine Hervé © Philippe Levy-Stab(batterie).  

 

- La leçon de jazz d’Antoine Hervé se poursuit également le 16 à 19h30 à l’auditorium Saint-Germain (la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, faut-il le préciser). Oncle Antoine nous parlera ce mois-ci de Duke Ellington.  

Laurent Mignard

- On reste avec Ellington car le même soir, le Duke Orchestra de Laurent Mignard investit l’Entrepôt pour célébrer Noël (à 20h 15 et à 22h). L’orchestre nous promet de nombreuses surprises, raretés et inédits du Duke, standards préférés à la demande… Il comprend de grands solistes dont André Villéger et Nicolas Montier (saxophones) et François Biensan (trompette). Philippe Milanta en est le pianiste, Bruno Rousselet le contrebassiste et Julie Saury la batteuse. Du grand jazz, joué par de talentueux musiciens qui vous transportent au septième ciel. Un concert organisé par l’association La Maison du Duke : www.maisonduduke.com

Andre-Villeger.jpg

 

-On retrouve le saxophoniste André Villéger le 18 décembre à la Maison de Radio France (Studio Charles Trenet à 17h30) pour un concert avec Michel Perez (guitare), Gildas Boclé (contrebasse, il en joue merveilleusement à l’archet) et Arnaud Lechantre (batterie), Boclé et Lechantre constituant la section rythmique du Wared Quartet d’Edouard Bineau, Choc de l’année Jazz magazine / Jazzman.

Sounds-Quartet.jpgAu même programme, le Sounds Quartet du contrebassiste Marc Buronfosse n’est pas à négliger. J’ai fait l’éloge de leur album dans ce blog en mai dernier, un recueil de neuf compositions originales admirablement ciselées, chacune d’elles possédant des couleurs spécifiques. Jean-Charles Richard (saxophones), Benjamin Moussay (claviers) et Antoine Banville (batterie) développent avec Marc une musique foisonnante et Affiche soirée TSFlyrique qu’il est urgent de découvrir.

 

-Le 20, TSF organise sa soirée Jazz de l’année à l’Olympia. Depuis plus de deux ans que ce blog existe, cette radio ne communique pas. A-t-elle au moins une attachée de presse ? Il faut pêcher par la bande l’information que je vous retransmets. Outre le big band d’Ivan Jullian comme orchestre de cérémonie, douze formations sont attendues sur scène. Le trio de Jean-Philippe Viret, le duo José James / Jef Neve, l’Edouard Bineau Wared Quartet, David Linx valent à eux seuls le déplacement.

Surnatural-Orchestra.jpg

 

-Le Surnatural Orchestra fête ses dix ans d’existence au Studio de l’Ermitage le 20 et le 21. Difficile de décrire cette fanfare d’une vingtaine de musiciens qui alignent flûtes, trompettes, trombones, saxophones, tuba et soubassophones aux pavillons rutilants. On assiste à un vrai spectacle au sein duquel la petite musique des flûtes accompagne le tonnerre des cuivres, les lignes mélodiques élégantes des anches. Deux concerts évènements à ne pas manquer.

David Murray

 

-David Murray le 21 Salle Pleyel pour jouer et célébrer Nat King Cole « en Español ». Son disque n’est pas très bon. Sur scène, c’est une tout autre histoire. Les cordes de la Philharmonie Royale de Flandre enveloppent la voix de la grande Omara Portuando et l’orchestre cubain du saxophoniste joue avec beaucoup de cœur une musique festive et généreuse. Quant à Murray, il peut gronder comme l’orage ou jouer des phrases chaudes et sensuelles qui s’enroulent autour des mélodies Son goût pour les dissonances et les vastes sauts d’intervalle ne l’empêche nullement de privilégier un discours mélodique.

Enrico Rava quartet

-Enrico Rava revient jouer au Sunside les 27, 28 et 29. On ne change pas un groupe qui fonctionne. Le trompettiste retrouve donc les musiciens qui l’entouraient dans ces lieux en juin dernier. L’aventure continue avec Aldo Romano son vieux complice à la batterie, Baptiste Trotignon qui fait chanter son piano et surprend par ses audaces et Thomas Bramerie dont la solide contrebasse met du liant entre les instruments de l’orchestre et soutient une architecture sonore à la chaleur transalpine.

 

BFG.jpg-Il y a une dizaine d’années Emmanuel Bex, Glenn Ferris et Simon Goubert mêlèrent suavement leurs instruments respectifs, orgue Hammond B3, trombone et batterie, au sein d’un même trio. D’emblée BFG nous ensorcela par sa sonorité, son riche répertoire trempé dans le blues et le gospel. “Here & Now !”, album enregistré chez Naïve et récompensé en 2001 par le Prix Boris Vian de l’Académie du Jazz  immortalisa leur rencontre. Le groupe ressuscite le 28 au Sunset, le club qui l’a vu naître.

David Linx

-C’est à un pré-réveillon de la Saint Sylvestre que nous sommes conviés le 29 décembre au New Morning (un concert produit par le Sunside dans le cadre des festivités que le club organise pour son dixième anniversaire) Au programme : André Ceccarelli (batterie), Pierre-Alain Goualch (piano) et Diego Imbert (contrebasse) invitent David Linx pour nous faire revivre avec émotion l’univers magique et poétique de Claude Nougaro. Le quartette d’Anne Ducros ensuite avec Benoît de Mesmay (piano), Gilles Nicolas (contrebasse) et Bruno Castellucci (batterie) pour nous préparer à une excellente année 2011.

 

Sunside-10ans.jpg-Maison de Radio France : www.radiofrance.fr 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Baiser Salé : www.lebaisersale.com 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Triton : www.letriton.com 

-L’Âge d’Or : www.lagedorparis.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr 

-L’Entrepôt : www.lentrepot.fr

-Olympia : www.olympiahall.com

-Studio de l’Ermitage :www.studio-ermitage.com

-Salle Pleyel :www.sallepleyel.fr

-New Morning : www.newmorning.com 

 

PHOTOS : Piano, Dave Liebman, Paolo Fresu, Nagual Orchestra, Laurent Mignard, André Villéger, Surnatural Orchestra, David Murray, Aldo Romano/Enrico Rava/Thomas Bramerie/Baptiste Trotignon, David Linx © Pierre de Chocqueuse - Didier Lockwood © Thomas Dorn - The Jazz Angels, Antoine Hervé © Philippe Levy-Stab - Sophia Domancich © Simon Goubert - Sounds Quartet © Laurent Thion

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