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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 09:05

Bill Carrothers shoes

 

MERCREDI 27 octobre

Bien peu de monde au Duc des Lombards pour Bill Carrothers, de passage à Paris après quelques jours passés au Studio La Buissonne. Le pianiste vient d’y enregistrer un disque en solo pour Out Note, label dont Jean-Jacques Pussiau est le directeur artistique. Sa série "Jazz and the City" associe un pianiste à une ville. Bill a choisi Excelsior, petite bourgade du Minnesota dans laquelle il a passé son enfance et son adolescence et près de laquelle il habite toujours aujourd’hui. La Bill Carrothers-copie-1musique, magnifique, a été totalement improvisée en studio. Il vous faudra patienter jusqu’en avril prochain pour la découvrir. Les musiciens ont parfois des comportements étranges. Après avoir étalé une serviette blanche sur ses genoux comme si des notes pouvaient y atterrir par accident, Bill Carrothers ôte ses chaussures et les pose près de lui avec un verre de bière. Les yeux clos, en chaussettes, penché très en arrière sur sa chaise à dossier (il n’utilise jamais de tabouret), il donne forme à ses rêves musicaux, joue des mélodies oniriques et troublantes, fait vibrer et respirer compositions personnelles tendres et lyriques, hymnes, pièces chorales de la grande Amérique et standards du bop qu’il affectionne. Son dernier disque est d’ailleurs entièrement consacré à Clifford Brown. Au Duc, Nic Thys (contrebasse) et Dré Pallemaerts (batterie) l’accompagnent dans ce répertoire éclectique qu’il invente, transforme et s’approprie. Pirouet tarde à sortir un album enregistré au Vanguard de New York avec la même rythmique. Bill s’y montre éblouissant. Pourquoi si peu de monde pour ce très grand pianiste ?

 

JEUDI 28 octobre

Wind OrchestraConsacré au répertoire d’Ella Fitzgerald, “Ella… My Dear” le dernier opus d’Anne Ducros, fait partie de ses grandes réussites. Pour en fêter la sortie, la Cigale recevait la chanteuse avec le Coups de vents Wind Orchestra, un orchestre d’harmonie du Nord - Pas de Calais, quarante-cinq souffleurs et une section rythmique. Directeur de l’Ecole de Musique de Dunkerque et ami d’enfance d’Anne, Philippe Langlet dirige ce méga big band qui possède de très belles couleurs et swingue avec une étonnante légèreté. Ciselés par Ivan Jullien invité à conduire l’orchestre le temps d’un morceau, les arrangements d’une grande finesse privilégient une écriture classique, « une constante culture du contre-chant » confie Anne à Philippe Carles dans le nouveau numéro de Jazz Magazine / Jazzman. L’orchestre ne sonne pas du tout américain, mais Anne superbe dans une robe extra longue, se livre avec le plus grand naturel à un show que Las Vegas aurait volontiers accueilli. La plupart des musiciens de son orchestre à vents ne possèdent aucune expérience du jazz. Ils placent pourtant le groove au cœur de la musique. A. Ducros & P. LangletAnne, enthousiaste, se charge de mettre la salle dans sa poche tant par la perfection de son chant que par sa gouaille, la bonne humeur qu’elle communique. Il faut l’entendre chanter divinement Stardust,Come Rain Come Shine, Laura et écouter la fluidité de son scat dans les deux medley qu’elle interprète. Reprenant l’intégralité de son disque, elle fit monter sur scène le chanteur Dany Brillant, Yannick Le Goff un très bon flûtiste de Boulogne-sur-Mer, et les guitaristes Adrien Moignard et Rocky Gresset. Regrettons seulement l’absence d’une vraie section rythmique pour accompagner Anne dans d’autres titres de son répertoire. Bien qu’allongées par des chorus (un des musiciens de l’orchestre, Guillaume Peret, joue très judicieusement du saxophone ténor dans Come Rain Come Shine) les dix chansons d’“Ella…My Dear” constituent difficilement un spectacle d’une heure et demi. Anne dut bisser certains morceaux, allonger le concert par des commentaires, converser avec humour avec le public qui lui fit un triomphe.

 

JEUDI 4 novembre

Pianiste injustement méconnu en France, apprécié par les musiciens afro-américains qui le considèrent un peu comme leur père spirituel, Donald Brown se distingue par un solide jeu de piano ancré dans la triple tradition du Keith & Donald Brown n&bblues, du swing et du bop. Il laisse ses mains courir sur le clavier, joue beaucoup de notes chantantes, aborde avec brio des standards, mais interprète aussi des compositions personnelles de belle facture qu’aiment reprendre les jazzmen. Le Sunside l’accueillait en quartette avec Baptiste Herbin, jeune espoir du saxophone (il joue de l’alto et du soprano) et une section rythmique de choc, Essiet Essiet à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie. Membre du trio du pianiste Vijay Iyer, ce dernier, probablement l’un des batteurs les plus inventifs de la planète jazz, surprend par un drumming polyrythmique d’une richesse insoupçonnée. Essiett assure le tempo et joue beaucoup d’harmoniques en solo ; Gilmore apporte à la musique des inventions rythmique qui la fait monter d’un cran. Autour de lui, l’air semble frémir, se mettre à osciller comme les cymbales qu’il caresse et martèle. Après quelques morceaux festifs, dont une version superbe de Black Orpheus (Orfeu Keith BrownNegro), Donald Brown cède sa place à son fils Keith, garçon bien en chair de 26 ans qui, angoissé à l’idée de monter dans un avion, peine à sortir de son Tennessee natal. Dommage, car à peine assis devant un clavier, le jeune homme se transforme en pianiste accompli. Ses mains puissantes assurent un jeu percussif trempé dans le blues, le terroir du grand Sud. Les basses sont lourdes, pesantes et confèrent à l’instrument un impact rythmique appréciable. Keith Brown fait aussi magnifiquement sonner les aigus de son piano. Son jeu virtuose n’est jamais étouffant. Il sait donner de l’air à ses notes capiteuses et solaires. Keith vient d’enregistrer un premier album à Paris pour Space Time Records le label de Xavier Felgeyrolles, un mélange de standards et de compositions originales. Essiet et Marcus en constituent la section rythmique. Invités à la séance, Baptiste Herbin et Stéphane Belmondo y ajoutent quelques chorus. Sortie prévue et attendue en mars 2011.

 

LUNDI 8 novembre

Manuel Rocheman TrioManuel Rocheman Salle Gaveau avec son trio habituel, Mathias Allamane à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie. Les morceaux qui vont être joués au cours de cette soirée présentée avec humour par le pianiste sont extraits de “The Touch of Your Lips”, son dernier album. Manuel introduit quelques invités, l’harmoniciste Olivier Ker Ourio, le chanteur Laurent Naouri, et construit habilement un programme scindé en deux parties. En trio pendant la première, en solo pendant une bonne moitié de la seconde, il réinvente son disque, repense et allonge les parties improvisées, les thèmes héritant de nouvelles harmonies. On goûte une invention constante au sein de laquelle la sensibilité va naturellement de pair avec une virtuosité bien tempérée. Inspiré, Manuel s’abandonne, joue son plus beau piano, nous captive par la richesse de ses lignes mélodiques, la fluidité de son langage pianistique. Saluons également sa section rythmique et les superbes prestations des intervenants. Compliment à Matthieu Chazarenc dont le drumming fin, précis et musical est toujours au service des solistes.

 

MERCREDI 10 novembre

Annick Tangora (a)Annick Tangora est une belle chanteuse qui possède une manière bien à elle de scatter. Elle utilise ses propres onomatopées, fait claquer sa langue contre son palais, émet des sons très musicaux avec une bouche joyeuse qui sourit facilement. Son concert se déroule tardivement au Baiser Salé. Mario Canonge (piano), Eric Vinceno (basse électrique) et François Laizeau (batterie) l’accompagnent dans un répertoire dans lequel le jazz rencontre d’autres musiques. Annick chante en espagnol, en anglais, en portugais, en italien et reprend plusieurs morceaux en français dont l’adaptation d’un thème de Milton Nascimento. Sa voix change facilement d’octave et monte dans les aigus. Annick Tangora (b)Egalement au programme, Moondance de Van Morrison. Son pianiste en profite pour prendre un chorus dans la pure tradition du bop. Annick chante Lune de Miel, une jolie biguine, et un thème aux couleurs afro-cubaines qui porte le titre de Maracaibo. Basse et batterie fournissent des tempos métissés. Samba, bossa-nova, rumbas, cumbia sont ainsi confiés à une section rythmique très souple qui chauffe la salle et fait perler la sueur. On se croirait sous les tropiques ! Annick Tangora a publié quatre albums sous son nom. Le dernier “Confluences”, disponible sur label Ames, est un bain de soleil pour oublier l’hiver.

PHOTOS © Pierre de Chocqueuse - Keith Brown, Keith & Donald Brown © Philippe Etheldrède        

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 09:16

Geri Allen flying coverRécipiendaire en 2008 d’une bourse de la fondation Guggenheim (John Simon Guggenheim Fellowship Award for Music Composition), la pianiste Geri Allen a passé un an (entre avril 2008 et avril 2009) à préparer son quatorzième album, un enregistrement en solo particulièrement ambitieux qui risque de faire date. Il s’inscrit sous le triple patronage de Cecil Taylor, McCoy Tyner et Herbie Hancock, trois pianistes de jazz moderne qui ont ouvert des portes, donné d’autres fonctions, d’autres couleurs à l’instrument. Bien que reconnaissant sa dette envers ces maîtres qui l’ont inspirée, Geri Allen loin de rejouer leur musique, l’éclaire sous une autre lumière, à travers le prisme sonore de ses compositions. Les huit premiers morceaux du disque constituent une suite de huit réfractions. Le terme réfracter se dit d’un rayon lumineux dont la direction a été modifiée par le passage d’un milieu transparent dans un autre. Geri Allen emploie ce mot à dessein. La musique des trois hommes a jalonné son parcours artistique. Elle survit réfractée dans son piano, comme un écho. Détentrice d’un master d’ethnomusicologie, Geri Allen a étudié non seulement le jazz et ses racines, mais encore la musique de l’Inde et de l’Afrique. Sa musique pianistique est un fleuve impétueux chargé d’histoire qui brasse et réunit de nombreux styles et courants musicaux. Le titre de l’album (Volant vers le son) implique cette idée de voyage, de déplacement et doit être entendue comme une métaphore. Consacrant les trois premières pièces de sa suite à trois pianistes qu’elle affectionne, elle leur Geri Allenemprunte des éléments stylistiques et médite sur leur musique, matière première de ses propres visions. Son piano se fait percussif, abstrait et polyphonique dans Dancing Mystic Poets at Midnight dédié à Cecil Taylor. Il devient orchestral dans Red Velvet in Winter (pour Herbie Hancock) et Flying Toward the Sound pour McCoy Tyner dont elle emprunte la sonorité brillante, le jeu ornemental. D’une durée de seize minutes, GOD’s Ancient Sky reste la pièce maîtresse de l’oeuvre. La pianiste enchevêtre plusieurs thèmes, esquisse des mélodies qu’elle enrichit d’harmonies, de phrases inattendues. Sa main gauche puissante rythme ses visions musicales, donne assise à une musique dynamique et solidement charpentée. Sa main droite, joue de longues phrases fluides, pose les couleurs d’un voyage musical et spirituel. Dédié à son fils Wally, un jeune et talentueux musicien, Your Pure Self (Mother to Son) conclut la partie audio du CD. Il contient de courts extraits vidéo de trois des morceaux de l’album, des images poétiques de la réalisatrice Carrie Mae Weems qui a collaboré avec la pianiste pour créer un film sur sa vie de musicienne afro-américaine. Le texte du livret rédigé par l’universitaire Farah Jasmine Griffith, auteur de l’une des meilleures études publiées sur Billie Holiday, éclaire la démarche artistique d’une jazz woman incontournable. CD disponible sur www.motema.com

PHOTOS © Carrie Mae Weems/ Motema Records

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 12:38

Ph. Gaillot BandDIMANCHE 24 octobre

Un come-back très attendu

Pas facile de trouver Manduel et sa salle des arènes dans la banlieue de Nîmes. Papy Doc, mon chauffeur possède heureusement un GPS et, guidé par satellite, notre fier et pesant véhicule parvint à bon port et à l’heure. Le but de notre voyage - la route depuis Clermont-Ferrand - est d’assister au concert de clôture du festival Ph. Gaillot b"Nîmes Agglo" dont Stéphane Kochoyan assure la direction artistique. Au programme Sexto Sentido et Dale Chico (Vas-y mec en espagnol), le nouveau groupe de Philippe Gaillot. Si le nom de ce dernier ne dit rien à la plupart d’entre-vous, Gaillot n’en reste pas moins une célébrité à Nîmes et à Montpellier où il résida quelques années. Auteur de plusieurs albums notamment pour RDC, producteur et arrangeur du défunt joueur de kora Soriba Kouyaté, Philippe possède aussi l’un des gros studios d’enregistrement du sud de la France. Le Recall Studio a vu passer nombre de jazzmen de réputation internationale, mais aussi des stars du rock et de variété. Entre son activité d’ingénieur du son lui prenant beaucoup de temps et certains impératifs familiaux, Philippe se trouva contraint de réduire ses propres activités musicales en 1995. Aujourd’hui, après quinze longues années passées à donner le plus beau son possible à la musique des autres, il s’investit plus à fond dans la sienne et revient à la scène sans pour autant mettre en veilleuse son studio.

Bey & CoudercGérard Couderc (saxophones soprano et ténor), Claude Bey (trompette et bugle), Emmanuel Beer (claviers et orgue Hammond), Philippe Panel (basse électrique) Quentin Boursy (batterie, percussions) et Philippe Gaillot (voix, guitare et claviers) n’ont disposé que de peu de temps pour répéter six morceaux très travaillés sur un plan sonore et qui sonnent magnifiquement. Utilisant un matériel technologique hautement performant*, Philippe apporte aux musiciens de Dale Chico des mélodies, des thèmes originaux qui structurent leurs improvisations, même si certaines ritournelles qu’il affectionne me lassent vite. Je reconnais Do It, un extrait de son disque “Lady Ph. Gaillot aStroyed” avec sa longue intro planante, son thème tardivement exposé par les souffleurs. Philippe laisse beaucoup jouer ses partenaires et les sons de sa guitare évoquent davantage des instruments acoustiques qu’électriques (sitar, guitare douze cordes). Seule reprise du répertoire de ce concert, Scarborough Fair, une vieille chanson anglaise du Moyen Age popularisée en 1966 par Paul Simon et Art Garfunkel, se pare d’étonnantes couleurs modales, hérite de magnifiques chorus de guitare. Sur un « pattern » de batterie mémorisé sur pro tools, Philippe a ajouté deux tampuras enregistrées à partir de son I Phone. Là encore, la technologie reste au service de la musique et des musiciens qui la servent. Pour rendre hommage à Soriba Kouyaté, Philippe a composé une sorte de requiem. Tirées de ses claviers, ses harmonies grandioses se marient superbement au saxophone soprano de Gérard Couderc, l’approche sensible de la musique, l’irremplaçable feeling restant toujours privilégiés. Philippe Gaillot chante aussi. Filtrée, Couderc--BeercFC.jpgdémultipliée par des machines, sa voix devient chorale. Il décrit non sans humour Et puis un jour… elles s’en vont comme son village africain. Moustilleque Philippe a enregistré avec Mike Stern et Erfoud, un nouveau morceau, bénéficient du même traitement vocal. La basse électrique de Philippe Panel et la batterie de Quentin Boursy s’entendent à faire danser les rythmes, à donner fluidité aux tempos. Les saxophones de Gérard Couderc s’intègrent parfaitement à une musique qu’Emmanuel Beer, un véritable organiste, enrichit de nappes sonores du plus bel effet. Je m’impatiente déjà en attendant le disque.

*Pour ceux que la technologie sonore intéresse, Philippe Gaillot utilise un capteur de guitare Piezo et un système de modélisation Roland V.G. 99 qui permet de créer des sons acoustiques ou électriques sur sa guitare. Il se sert également d’un rack multi effets (un Digidesign Eleven Rack) qui lui donne accès à pro tools et de deux pédales, un Line 6 (modèle M9), et un pédalier de T.C. Electronic (G-system limited) qui donne accès à de très nombreux effets sonores (reverbération, delay et modulations). Philippe possède également un Korg R3 relié à un Yamaha motif-rack XS et à deux Kaoss pad digitaux.

 

Voix cubaines

Sexto SentidoLes quatre chanteuses de gauche à droite sur la photo se nomment Wendy Vizcaina, Arlety Valdés, Yudelkis Lafuente et Eliene Castillo. Elles sont les voix de Sexto Sentido, le groupe vocal le plus populaire de Cuba. Six musiciens les accompagnent. Trompette, saxophone alto, guitare assurent d’excellents et parcimonieux chorus. On aurait aimé entendre davantage Lino Lores excellent guitariste à la sonorité agressive et au jeu virtuose. Encadrées par une excellente Elienesection rythmique dont il faut saluer la qualité de jeu de Jorge Baglan batteur infatigable, les filles assurent le show, synchronisent plutôt bien leurs figures de danse malgré une scène trop petite pour leur chorégraphie de groupe. L’érotisme des mouvements fait oublier l’aspect insipide de certaines chansons. Davantage que les voix (intéressantes au demeurant), les corps assurent le spectacle. Les regards masculins sont tous braqués sur des hanches, des fesses qui s’agitent et remuent en cadence. La première moitié du concert fut malheureusement consacrée à un répertoire américanisé, à un mélange de rhythm’n’blues, de hip hop et de variété sirupeuse qui semble avoir la faveur du public de leur pays. Il fallut patienter une bonne heure pour que les filles Wendychantent enfin de la musique afro-cubaine et brésilienne. Derrière elle, un groupe jusqu’alors sommeillant s’anime. Les instruments se mettent à vivre, les rythmes se parent de couleurs vives, deviennent irrésistibles. L’excitation devient palpable lorsque les filles empoignent des instruments de percussions. Claves, maracas, blocks, agogôs, shakers, cabasas, güiro rythment les mouvements des corps et provoquent l’envoûtement. Dehors la pluie tombe à larges seaux. Dans la salle des arènes, la chaleur devenue tropicale nous fait voir le plein été.

 PHOTOS © Pierre de Chocqueuse & Francis Capeau

Fleurs-b.jpg

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 10:38

Eric Watson, coverLa discographie d’Eric Watson - et plus particulièrement ses albums en solo - reste étroitement liée aux activités du producteur Jean-Jacques Pussiau. Diplômé du Conservatoire d’Oberlin (Ohio), Watson est déjà un pianiste accompli lorsqu’il s’installe à Paris en 1978. Il joue tout aussi bien Brahms, Scriabine et Ives que ses propres compositions. Il a étudié le jazz et l’improvisation avec le pianiste John Mahegan dont il a été l’assistant en 1972 et a écrit plusieurs oeuvres pour la compagnie de la chorégraphe Wendy Shankin, "The Calck Hook Dance Theater". Certaines d’entre-elles se trouvent dans “Bull’s Blood” (1981), le premier disque qu’il enregistre en solo pour Owl Records, le label de Pussiau. Je me revois déjeunant avec Eric (barbu et exalté) et Jean-Jacques dans un troquet proche de la rue Liancourt où se trouvait le bureau de ce dernier. Nous parlions beaucoup de Charles Ives, de ses deux sonates pour piano (Eric a enregistré la première), de la bouleversante modernité de la musique d’un compositeur ignoré de son vivant. Outre “Bull’s Blood”, Pussiau produisit deux autres albums de Watson en solo. “Child in the Sky“ (1985) et “Sketches of Solitude” (2001), comptent parmi les plus beaux opus du pianiste. Il faut désormais ajouter ce “Memories of Paris” Eric Watson par J.J.Précemment paru sur Out Note, label dont s’occupe activement Jean-Jacques et au sein duquel il a récemment créé la série Jazz and the City qui associe un pianiste à la ville de son choix. Après un “New York-Love Songs” confié à Kenny Werner, Eric Watson rêve ses souvenirs de Paris et son Steinway nous en traduit les émotions intimes. Le pianiste évoque non sans gravité la rue des Martyrs, la rue de Beaujolais et la rue des Trois Frères. Ses basses lourdes et profondes donnent du poids à sa musique lyrique et tourmentée. Car l’inquiétude est perceptible dans ce piano dynamique qui sonne superbement. Watson questionne, interroge et doute sans jamais trébucher. Il martèle de sombres accords, fait tourner des thèmes obsédants qu’il révèle tardivement. S’il se plaît à dessiner les contours de l’ombre, à imaginer la musique en noir et blanc de nos nuits blanches, il ne refuse pas de nous montrer la lumière du jour. Dans Clairières, une pièce abstraite et onirique, les rayons d’un soleil matinal éclairent un Paris encore endormi et Cité des Fleurs fait entendre un piano plus paisible, à l’image de ce coin tranquille qu’il évoque, un vestige d’un autre temps au cœur d’un quartier excentré de la capitale. Le pianiste fougueux et virtuose s’exprime dans New York Moxie (qui en argot signifie vigueur) et Drop of Gold, morceau dans lequel il accélère le tempo, rythme au plus près sa pensée musicale. L’instrument gronde, emporte l’auditeur dans un maelström, un tourbillon de notes, les lumières de nos nuits.

Photo Eric Watson © Jean-Jacques Pussiau    

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 09:37

Nikolas Anadolis-Le cinquième concours de piano-jazz Martial Solal qui s’est déroulé du 16 au 23 octobre a rassemblé cette année quarante-neuf candidats. A l’issue de longues et difficiles épreuves, cinq d’entre eux ont été retenus par le jury présidé par Martial Solal et constitué de Franco d’Andrea, Claude Carrière, Jean-Louis Chautemps, Ronnie Lynn Patterson, Xavier Prévost, Hervé Sellin, Emil M. Solal & T. EnhcoSpányi et Mario Stantchev. Le dimanche 24 à l’Alhambra, Nikolas Anadolis (photo), pianiste grec de dix-neuf ans, s’est vu remettre le Grand Prix de la Ville de Paris. Offert par la Fondation BNP Paribas sans laquelle comme l’a rappelé Claude Samuel « dans un contexte économique périlleux, le concours 2010 n’aurait pu avoir lieu », le deuxième prix revient à Vadim Neselovskyi (Ukraine / Allemagne). Le français Thomas Enhco (en photo avec Martial Solal), vingt-deux ans, obtient le troisième prix offert par le Fonds pour la Création Musicale et l’allemand Sebastian Sternal la quatrième prix. Le jury a attribué le Prix du Jeune Soliste offert par la Sacem à Alessandro Lanzoni (Italie), dix-huit ans, ainsi que deux mentions, l’une au bulgare Dimitar Bodurov, l’autre au sud-africain André Joseph Petersen.

 

Concert Serge Adam-Nouvelle création de Serge Adam, “Up to Nineteen Seventy Miles”sera présenté le vendredi 26 novembre à 20h au théâtre de l’Agora - scène nationale d’Evry. Le projet consiste à faire revivre la musique électrique que Miles Davis inventa dans la première moitié des années 70 avec des outils numériques actuels et des images vidéos traitées en temps réel. Avec Benoît Delbecq et Pierre de Bethmann au piano électrique, Noël Akchoté à la guitare électrique, Bobby Jocky à la basse électrique, Benjamin Henocq à la Expo Daniel Humairbatterie et Serge Adam à la trompette.

 

-Du 17 novembre au 15 janvier 2011, Daniel Humair exposera ses peintures à la Galerie de la Pointe, 49, rue du Moulin de la Pointe 75013 Paris (06 10 39 52 56 www.galeriedelapointe.com). Vernissage le 17 novembre à partir de 18 heures. Heures d’ouverture de la galerie : de 14h à 19h les jeudi, vendredi et samedi.

Affiche, Un soir au club

 

-Le film de Jean Achache “Un Soir au Club” avec la belle et délicieuse Elise Caron sort ces jours-ci en DVD.

 

-Dans le cadre de la cérémonie de remise des Grands Prix de la Sacem, le guitariste Sylvain Luc se verra remettre le Grand Prix du Jazz le lundi 29 novembre au théâtre Marigny.

 

-Le saxophoniste André Villéger se mobilise pour venir en aide aux enfants de l’école Basile Moreau. Située dans la banlieue de Port au Prince à Haïti, cette Tet kole logodernière a été dévastée par le tremblement de terre de janvier dernier. L’association Tèt Kolé (solidarité en créole) recherche des fonds pour la construire et dans ce dessein un concert a été organisé le 5 novembre dernier à l’Auditorium St. Michel de Picpus, une salle du 12e arrondissement de Paris. André Villéger souhaite également offrir à cette école un saxophone alto Selmer d’occasion. Plusieurs élèves apprennent à en jouer et ne disposent pas d’instruments. Si vous souhaitez participer à cet achat, merci de libeller votre chèque à l’ordre de Selmer S.A. et de le faire parvenir à André Villéger, 28 rue du Gibet 95100 Argenteuil.

Claude Carrière

 

-Journaliste, auteur de nombreuses rééditions et de notes de pochette, ancien président de l’Académie du Jazz, éminent spécialiste de Duke Ellington, Claude Carrière est également pianiste. Il se produit le mardi 23 novembre au Sunside avec la chanteuse Rebecca Cavanaugh, l’excellent guitariste Frédéric Loiseau et Marie-Christine Dacqui à la contrebasse.

 

-Après “Jazz sur la croisette - Cannes 1958” , l’INA met en vente “Jazz aux Champs-Elysées“, CD regroupant les plus grands moments de l’émission du même nom produite et présentée par le pianiste Jack Diéval. Diffusée sur les ondes de 3D-Jazz-Champs-Elysees-b.jpgParis-Inter à partir de 1954, rebaptisée en 1964 Musique aux Champs-Elysées, elle connut une longévité exceptionnelle. Au programme de cette compilation s’étalant jusqu’en 1959 des enregistrements rares et inédits de Lester Young, Blossom Dearie et ses Blue Stars, Stan Getz & Michel Legrand, Chet Baker, Stéphane Grappelli, Lucky Thompson, Donald Byrd & Bobby Jaspar. Avec eux, selon les plages, le grand orchestre de la radio de Stuttgart (SDR Big Band), l’orchestre Radio-symphonique de Paris, ou l’orchestre maison, le JACE All Stars réunissant la crème des jazzmen parisiens. Parmi eux René Thomas installé dans la capitale depuis 1953, Michel de Villers, Gérard Badini, Guy Lafitte et Roger Guérin. (distribution Abeille Musique et ina.fr). En complément, l’INA propose plus de six heures d’archives inédites à télécharger sur www.ina.fr (boutique.ina.fr). Téléchargement payant par morceau ou sous forme de packs promotionnels dédiés à un artiste (Donald Byrd & Bobby Jaspar, Eric Dolphy, Herb Geller, Jean-Luc Ponty, Kenny Drew, Lucky Thompson, Toots Thielemans) et quelques prestations inédites de Joe Zawinul et Martial Solal.

 

Ahmad Jamal-Du lundi 15 au vendredi 19 novembre de 19h à 20h, Alex Dutilh consacre son émission Open Jazz sur France Musique au pianiste Ahmad Jamal dont l’intégrale des faces enregistrées en trio pour Argo avec le contrebassiste Israel Crosby et Vernell Fournier vient d’être rééditée dans un coffret de 9 CD par Mosaïc (“The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-1962”). Les quatre premières émissions seront consacrées aux grandes étapes de la carrière du pianiste. De larges extraits de son concert du 4 août dernier à Marciac seront diffusés le vendredi 19. Enfin Alex animera une nuit spéciale Jamal le samedi 20 novembre de 1h à 7h du matin. Une interview de ce dernier réalisée début octobre dans sa maison du Massachusetts servira de fil conducteur à cette semaine jamalienne.

Philippe Baudoin

 

-Blagues, contrepèteries, conseils loufoques vous attendent dans le blog de Philippe Baudoin qui associe l’humour à la musique qu’il défend depuis toujours : le jazz. Ne manquez surtout pas les perles des examens universitaires (étudiants en musicologie) compilées par Vincent Cotro, Laurent Cugny, Jacques B. Hess et Philippe Baudoin lui-même. www.droledejazz.wordpress.com

                                                 

-A l’occasion des vingt ans d’existence de Kartet, les quatre musiciens du groupe - Guillaume Orti (saxophone alto), Benoît Delbecq (piano), Hubert Dupont (contrebasse) et Chander Sardjoe (batterie) sont Kartetaccueillis en résidence de création au Conservatoire de Montreuil. Hubert Dupont (le 20 novembre), Chander Sardjoe (le 27 novembre), Guillaume Orti (le 4 décembre) et Benoît Delbecq (le 11 décembre) y donneront chacun une master-class ouverte à tous (CRD de Montreuil, 13 avenue de la résistance Métro Croix de Chavaux. Inscriptions 40€ / 25€ pour les étudiants du CRD de Montreuil - Renseignements info@ultrabolic.com ou 01 48 59 39 74). En outre, le groupe dévoilera un nouveau répertoire le 3 décembre au CRD de Montreuil et le 15 janvier au CRD de Bobigny.

 

Cécile McLorin Salvant-De père haïtien et de mère française, la jeune Cécile McLorin Salvant, 21 ans, a passé sa jeunesse en Floride et étudie depuis trois ans le jazz vocal à Aix en Provence avec le saxophoniste Jean-François Bonnel. Après Gretchen Parlato en 2004, Cécile a remporté le 4 octobre dernier la 23e Thelonious Monk Competition, concours réservé cette année aux chanteurs et chanteuses, devant un jury qui comprenait Patti Austin, Dee Dee Bridgewater, Kurt Elling, Al Jarreau et Dianne Reeves. Elle empoche une bourse de 20.000$ pour poursuivre ses études musicales aux Etats-Unis et un contrat d’enregistrement avec le label Concord.

 

David El-Malek-Fort de son expérience d’interprète et de compositeur, le saxophoniste David El-Malek se propose d’animer un très large éventail de master-classes pour les saxophonistes ou tous types d’instruments, en atelier ou pour des groupes déjà constitués du trio au big band. David El-Malek donne également des cours particuliers de saxophone et s’offre d’organiser des rencontres avec un jeune public en milieu scolaire ou en entreprise. Renseignements au 06 13 22 41 51, sur www.musicfromsource.org ou www.davidelmalek.com     

 

Salon de la Musique 2010-Le Salon de la Musique 2010 se déroulera du 19 au 22 novembre à la Grande Halle de la Villette. Quelques concerts de jazz sont prévus en salle Boris Vian. Ne manquez pas la rencontre entre Nicolas Folmer (trompette), Sylvain Beuf (saxophone) et Pierre de Bethmann (piano) le vendredi 19 à 12h15. Le samedi 20 à 13h00, les élèves du Département Jazz et musiques improvisées du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) sous la direction d’Hervé Sellin rendent hommage aux Brecker Brothers. Le dimanche 21 à 14h00, le pianiste André Manoukian se produit en quartette avec Hervé Gourdikian aux saxophones, Christophe Wallemme à la contrebasse et Stéphane Huchard à la batterie.

 

PHOTOS : Nikolas Anadolis © Eric de Gélis/CIVP - Martial Solal & Thomas Enhco, Claude Carrière, Ahmad Jamal, Philippe Baudoin © Pierre de Chocqueuse - Kartet © Christophe Alary - Cécile McLorin Salvant © X/DR  

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 10:37

C. Wilson, bandeauChroniquer tous les disques que je reçois étant tâche impossible, cette rubrique sélectionne les meilleurs et permet d’en parler. Beaucoup d’albums sont publiés en novembre, assez peu en décembre, mais les vraies réussites sortant du lot sont plutôt rares. La technique ne compense pas la pauvreté des idées musicales. Découvrir de la musique originale n’arrive pas si souvent, même si ma discothèque gonfle chaque année d’une trentaine d’enregistrements que je ne me lasse pas d’écouter.  

 

Abdullah Ibrahim, cover-Dans “Sotho Blue” enregistré avec les sept musiciens d’Ekaya, on retrouve les vraies couleurs de la musique d’Abdullah Ibrahim, alias Dollar Brand, musicien à nouveau inspiré. Le pianiste excelle dans les ballades (Sotho Blue), laisse improviser ses souffleurs et les rassemble pour exposer les thèmes, leur donner une forme chorale (The Wedding). Jouée par une formation réduite, la musique conserve sa dimension orchestrale. Une section rythmique, trois saxophones (alto, ténor et baryton), un trombone, l’altiste jouant parfois de la flûte, suffisent à embellir les mélodies lyriques du pianiste qui s’inspire de la musique traditionnelle de son pays, l’Afrique du Sud, pour composer une œuvre originale résolument personnelle. (Intuition / Integral Distribution. Sortie le 25 octobre) 

 

Sophia Domancich, snakes cover-Recueil de chansons aux orchestrations minimalistes, le nouveau disque de Sophia Domancich risque de surprendre l’amateur de jazz qui affectionne le trio DAG et attend de la pianiste une musique d’avant-garde. “Snakes and Ladders” (un jeu de société d’origine indienne connu sous le nom de Moskcha-Patamu) réunit dans le même album John Greaveset Robert Wyatt. Crédité aux percussions, Ramon Lopez prête également sa voix à un morceau latino totalement inattendu. D’autres invités traversent cet enregistrement fascinant de simplicité, de musicalité, et qui regorge de mélodies subtiles finement arrangées. Simon Goubert assure les parties de batterie. Jef Morin et Louis Winsberg se partagent les guitares, Sophia jouant du piano et toutes sortes de claviers. Cette suite inclassable de miniatures sonores proches du rock et de la pop anglaise des années soixante et soixante-dix risque d’être diversement accueillie. Tant pis pour les grincheux. (Cristal Records / Harmonia Mundi. Sortie le 4 novembre)

 

J. P. Viret, cover-Intitulé “Pour”, le nouvel opus du Jean-Philippe Viret trio ressemble beaucoup au précédent qu’il prolonge comme le second volet d’un diptyque. Not Yet, sa première pièce fait penser à Peine Perdue, composition ouvrant “Le Temps qu’il faut”. La barge rousse, une pièce évoquant le voyage de cet oiseau migrateur a été improvisée en studio, mais le disque est surtout un minutieux exercice d’écriture, un travail sur la forme riche de nuances et de contrastes. On retrouve avec plaisir les complices du contrebassiste, le pianiste Edouard Ferlet et le batteur Fabrice Moreau. Leur jazz de chambre délicat et tendre ne manque pas d’élégance. (Mélisse / Abeille Music. Sortie le 15 novembre)

 

C. Wilson, cover-Après “Loverly” un album moins convaincant dans sa déjà longue discographie, Cassandra Wilson revient au meilleur de sa forme dans “Silver Pony”, opus mêlant des extraits de concerts enregistrés en Europe et des titres studio. Cassandra chante le blues (Saddle up my Pony de Charlie Patton, Forty Days and Forty Nights de Muddy Waters) reprend deux extraits de “Loverly” et leur donne un tout autre souffle. Avec elle de formidables musiciens dont le fidèle Marvin Sewell à la guitare, mais aussi Reginald Veal à la contrebasse et Herlin Riley à la batterie, tous deux assurant la section rythmique de la pianiste Junko Onishi dans “Baroque“. Les grands moments abondent avec une version funky de Blackbird, Watch the Sunrise qu’elle chante avec John Legend, le saxophoniste Ravi Coltrane officiant dans Silver Moon, la pièce maîtresse de cet album. (Blue Note / EMI. Sortie le 8 novembre)

 

G. Mirabassi, cover-Le trio de Giovanni Mirabassi enregistré en public. “Live at Blue Note Tokyo” ne contient que des compositions originales. Les meilleurs morceaux sont signés par le contrebassiste Gianluca Renzi et le batteur Leon Parker, déjà partenaires du pianiste dans les albums “Terra Furiosa” et “Out of Track”. Les thèmes un peu fades de Mirabassi génèrent toutefois des improvisations qui captent l’attention. On aurait aimé entendre le pianiste interpréter quelques standards, cultiver un autre jardin que le sien, mais le groupe bien soudé se lâche davantage qu’en studio et nous offre un jazz moderne pour une fois consistant. (io! Discograph / Wagram. Sortie le 15 novembre)

 

Concert Enesco, affiche-Originaire de Cluj (Roumanie) et vivant à New York, le pianiste, arrangeur et compositeur Lucian Ban a écrit de nombreuses œuvres pour des ballets, des films et des pièces de théâtre. En 2008, il enregistre avec le saxophoniste Sam Newsome et quelques musiciens “The Romanian-American Jazz Suite” qui tente de marier la musique folklorique roumaine avec le jazz. Projet beaucoup plus ambitieux, “Enesco Re-Imagined”, réunit un casting exceptionnel. Ralph Alessi (trompette), Tony Malaby (saxophone ténor), Mat Maneri (violon alto) Albrecht Maurer (violon), John Hébert (contrebasse et co-leader de l’album), Gerald Cleaver(batterie), Badal Roy (tablas et percussions) et Ban lui-même au piano offrent de véritables écrins orchestraux à quelques-unes des œuvres du compositeur roumain Georges Enesco (1881-1955). Parmi-elles, deux des mouvements de sa sonate pour violon et piano “dans le caractère populaire roumain” élargis à tous les membres de l’orchestre. Les nouveaux arrangements de Ban et Hébert regorgent d’idées, de rythmes et de couleurs. Jouer ces œuvres en concert (le disque a été enregistré live à Bucarest) permet aux musiciens d’improviser sur des thèmes magnifiques et de les tremper dans le grand bain du jazz. (Sunnyside / Naïve. Sortie le 16 novembre)

 

A. Saada, cover-Après un disque très Flower Power non dépourvu de charme (“Panic Circus”), Alexandre Saada sort un album de piano solo, son premier. On y découvre un musicien sensible qui a choisi de nous faire partager son goût pour l’harmonie. Largement improvisé, “Present” n’a rien d’un exercice de virtuosité. Le pianiste prend même tout son temps pour décrire le paisible univers intérieur dans lequel il nous invite à entrer. Cet opus, le quatrième de son auteur, séduit par ses couleurs, ses climats impressionnistes. Il contient une délicieuse plage cachée et mérite une écoute attentive. (Promise Land / Codaex. Sortie le 25 novembre)

 

F. de Larrard, cover-Installé à Nantes, François de Larrard fait peu parler de lui. Cet ingénieur, docteur en génie civil mène de front une double carrière. Récipiendaire du prix spécial du jury du concours de la Défense en 1982, ce passionné de musique baroque auteur de nombreux albums aime aussi jouer en solo ses propres compositions, des mélodies harmonisées sur lesquelles il improvise, se plaisant par ses variations à en modifier l’éclairage. Dans “Zoo”, son troisième opus en solo, François utilise sa main gauche pour évoquer une cage dans laquelle un animal tourne en rond, la droite associée à son esprit exprimant souvenirs, rêves et désirs du captif. Chaque cage contient un animal différent. Ce sont ainsi d’autres ostinato, d’autres mélodies qui surgissent, l’auditeur se voyant offrir un certain nombre de pièces descriptives - (Rose fait des courses, Folk Song, Mayo), tout au long de sa promenade musicale. Un disque très attachant. (Yolk. Sortie le 1er décembre)

 

TECTONIQUE Nuages, cover-Opéra jazz de Laurent Cugny adapté d’une pièce de l’écrivain portoricain José Rivera, “La Tectonique des nuages” est LE disque événement de l’année. David Linx, Laïka Fatien et Yann-Gaël Poncet (l’auteur des textes des chansons) assurent toutes les voix. Autour d’eux un ensemble de dix musiciens et non des moindres (Pierre-Olivier Gauvin, Thomas Savy, Nicolas Folmer, Denis Leloup, Phil Abraham, Eric Karcher, Frédéric Favarel, Lionel Suarez, Jérôme Regard, Frédéric Monino, Frédéric Chapperon et Laurent au piano) multiplient les combinaisons instrumentales, rythment et posent de superbes couleurs sur la musique. On peut suivre les péripéties de cette histoire en un seul acte et d’une durée de deux heures dans le livret de cinquante pages qui accompagne les CD. Le son d’une exceptionnelle qualité sert des arrangements de toute beauté. Je réécoute Eva, J’ai fouillé Los Angeles, mes morceaux préférés, sans jamais m’en lasser. Le coffret renferme également un DVD audio Blue-ray contenant le mixage de la musique en 7.1 pour le home cinéma - sept sources sonores et un caisson de basses. (Signature / Harmonia Mundi. Sortie le 2 décembre)

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 09:49

Saxes.jpg

JEUDI 21 octobre

« Le meilleur festival de l’hexagone » m’avait répété Jean-Paul. Je m’étais bien gardé de lui dire que venu entendre en 2003 Roy Haynes, le Roy Hargrove RH Factor et le pianiste Robert Glasper, j’avais été royalement accueilli par l’équipe de Jazz en Tête. Attendu à la gare de Clermont et conduit à l’hôtel Mercure, le dortoir des musiciens, je croise dans le hall Xavier Felgeyrolles qui depuis 23 Felgeyrolles--Terrasson--Etheldrede.jpgans s’occupe de la direction artistique du festival. L’accueil est chaleureux. Comme moi, Xavier traîne souvent rue des Lombards, à la recherche de la perle rare, du musicien d’exception. Il a fait venir à Clermont les plus grands noms de la planète jazz et Space Time Records, son label, abrite d’excellents disques. Les pianistes Donald Brown, Mulgrew Miller (son seul enregistrement en solo, une merveille) et le saxophoniste Jean Toussaint y ont trouvé accueil. Ce dernier anime les jam sessions de l’hôtel qui se terminent souvent à l’aube. Les concerts officiels se déroulent en face, à la Maison de la Culture. J’apprends par Philippe machin chose Etheldrède errant dans un couloir que Jean-Paul n’est pas là. Subjugué par le concert de Mulgrew, il est remonté dare-dare l’écouter à Paris au foyer du Châtelet. Mulgrew se produisant également ce soir au Sunside, Jean-Paul s’y trouve, probablement assis au premier rang pour avoir constamment à l’œil les mains virevoltantes du pianiste virtuose. Dans les loges où l’on ripaille allègrement, je rencontre le photographe Michel Vasset dont le beau livre “L’ombre du Jazz” retrace l’histoire des quinze premières années du festival, et Jacques des Lombards, un passionné de courses automobiles et de jazz, lui aussi du voyage clermontois.

 

Roberta Gambarini bMais il est temps d’écouter Roberta Gambarini. Le quartette dont elle dispose n’est malheureusement pas celui annoncé. Cyrus Chestnut que je me réjouissais d’entendre est remplacé par Eric Gunnison, un pianiste passe-partout. Le meilleur musicien du quartette est Neil Swainson dont la contrebasse a accompagné de grands jazzmen (nombreux disques et tournées avec George Shearing). Roberta aime les vieux standards au point d’en oublier le jazz moderne. On the Sunny side of Roberta Gambarinithe Street (1930), Day in, Day out (1939), I Love You Porgy (“Porgy and Bess” date de 1935), Poor Butterfly (1916), Lover Come Back to Me (1928) sont des mélodies de bonheur que de plus belles voix que la sienne ont chantées. Elle possède un métier solide, une technique de scat efficace et introduit très bien ses morceaux a cappella. Sa voix à beau couvrir une large tessiture, il lui manque feeling et charisme. C’est lisse, propre et sans surprises. On aimerait la découvrir dans un répertoire plus moderne, la voir s’emparer de chansons plus récentes. Composé en 1960 par Bruno Martino, Estate est le plus jeune morceau d’un répertoire qui tient trop du musée.

 

S. Belmondo All StarBeaucoup plus conséquente fut la deuxième partie du concert, un all star réunissant Stéphane Belmondo à la trompette et au bugle, Kirk Lightsey au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Billy Hart à la batterie. Ces quatre-là musclent leur bop et le trempent dans un grand bain de blues. Le pianiste en connaît parfaitement les accords. Infatigable, il martèle le clavier de ses grandes mains puissantes. Le batteur fouette ses cymbales, fait crier ses tambours et pousse les solistes. Son duo avec Stéphane, un moment de grande tension, fut profitable à la Stéphane Belmondo bmusique. S’il déborde d’énergie, le groupe joue aussi des ballades. Après un long chorus de contrebasse, Kirk échange son piano pour une flûte traversière. Stéphane l’accompagne avec un coquillage. Il a composé un bien joli morceau pour sa fille et sait mettre du miel dans ses puissantes attaques. Pour le rappel, une version survitaminée d’Oleo, Jean Toussaint rejoint la formation au ténor. Le saxophoniste s’empare de la musique à bras le corps pour en souffler les notes brûlantes sous nos applaudissements.

 

VENDREDI 22 octobre

Cathedrale-Clermont.jpgPour éviter Jean-Paul qui revient aujourd’hui, je visite la vieille ville, les antiquaires de la rue Pascal, la cathédrale gothique en pierre de Volvic qui dresse fièrement vers le ciel sa couronne de flèches noires, l’église romane Notre Dame du Port aujourd’hui restaurée. La plus grande librairie de Clermont est celle des Volcans, un endroit incontournable, tout proche du Mercure. On y trouve même des CD… et Jean-Paul qui peste ne pas y voir ses disques préférés. Il est là pour Jacky Terrasson, me demande des nouvelles de Philippe Machin Chose qu’il porte en haute estime. Ce dernier se terre dans sa chambre pour ne pas avoir à le rencontrer. Jean-Paul lui a cassé les pieds, le suivant partout, louant à tel point ses Jazz à Fip qu’il s’en trouvait gêné. Une heure avant le concert de Marcus Strickland qui assure la première partie de Jacky Terrasson, je retrouve mon ami Papy Doc avec lequel je compte bien poursuivre à Nîmes mon périple musical (vous en aurez prochainement un compte-rendu dans ce blog). Ensemble, nous assistons à la prestation du trio de Strickland. Excellent Marcus Stricklandsaxophoniste (ténor, alto et soprano), ce dernier laisse souvent jouer ses musiciens, et les rejoint pour tisser avec eux une trame mélodico-rythmique constamment inventive. Marcus prend son temps pour pétrir la matière sonore sur laquelle il travaille. Avec lui, Joe Sanders, contrebassiste solide au jeu souvent mélodique et son frère E.J. Strickland, batteur puissant et véritablement complice de ses ébats sonores. Le trio à beau varier ses tempos, reprendre un thème de Björk, et diversifier sa musique, cette dernière n’en reste pas moins monotone, l’instrumentation saxophone, contrebasse, batterie offrant une palette restreinte de couleurs harmoniques.

Jacky Terrasson

Après l’entracte, je découvre le nouveau batteur du trio de Jacky Terrasson, un musicien de dix-neuf ans dont l’énergie stupéfiante convient parfaitement à la musique aujourd’hui plus funky et festive du pianiste. Justin Faulkner, une découverte de Branford Marsalis, joue régulièrement avec ce dernier. Jacky arrivera-t-il à le garder dans son trio ? Il ferait bien, car Justin l’oblige à tenir des tempos déraisonnables, à tirer le maximum de dynamique de son clavier et le pousse à jouer son meilleur piano. Justin FaulknerSous ses doigts l’instrument devient batterie et contrebasse. Ben Williams, bassiste ô combien subtil, se voit ainsi offrir de nombreuses opportunités mélodiques. Jacky reprend Beat It de Michael Jackson avec sa longue intro à la tonalité un peu floue, mais aussi un pot-pourri de compositions de Gershwin et plusieurs morceaux de “Push” son dernier album. Le tonique Beat Bop avec sa mélodie imbriquée dans le rythme et son aspect funky hérite d’un spectaculaire solo de Ben Williamsbatterie. Faisant tourner un ostinato, Jackie contraint Justin à se surpasser. Il fait de même dans Smile, le batteur adoptant un jeu polyrythmique aussi complexe qu’efficace. Say Yeah, un morceau très frais, invite à danser. La tension retombe un peu avec Smoke Gets in your Eyes et My Church, des ballades, cette dernière teintée de folk et longuement introduite par Jacky en solo. Ce dernier improvise alors des phrases rêveuses, joue un jazz aux harmonies plus classiques. Jean-Paul, heureux, applaudit un trio qui caracole en tête.

 

Photos © Pierre de Chocqueuse

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 10:49

Spark of Being b

 

Spark of Being, BoxCoverTrilogie vendue séparément et disponible en coffret, “Spark of Being” (“L’étincelle de vie”) rassemble “Soundtrack”, “Expand” et “Burst”, trois disques comprenant la musique d’un film expérimental réalisé par Bill Morrison sur le mythe de Frankenstein et les recherches sonores de Dave Douglas autour de ce projet. Partant des éléments visuels fournis par le cinéaste, documents d’archives et rushes inédits, le trompettiste et son groupe Keystone en ont imaginé la bande-son, les musiciens s’investissant beaucoup dans le processus créatif, apportant et donnant vie à leurs propres idées.  Film et musique furent démarrés en même temps. Disposant du studio d’enregistrement du Centre de Recherche Informatique de l’Université de Stanford, Douglas a d’abord longuement travaillé les effets sonores de l’album avec DJ Olive et Adam Benjamin (également membre du groupe Kneebody) qui assure les claviers. Ces  entrelacs de sonorités électriques très colorées se sont Sountrackmélangés à des instruments acoustiques, à la trompette de Dave Douglas, au saxophone ténor de Marcus Strickland, à la batterie de Gene Lake (le bassiste Brad Jones joue sur une Ampeg Baby Bass, un instrument électrique). Au terme de cinq jours d’enregistrement au cours desquels de nombreuses versions de chaque morceau ont été travaillées, des improvisations toujours nouvelles apportées, un énorme travail de post-production réalisé au mixage a parachevé l’aspect novateur du projet. L’ajout de séquences de musique concrète et électronique conçues sur ordinateur apporte une dimension onirique à une musique modale, influencée par le second quintette de Miles Davis et sa première période électrique (“Bitches Brew” et les séances de novembre 1969 et janvier 1970 qui voient naître Great Expectations et Lonely Fire). Les deux versions de ExpandPrologue sont d’une grande force poétique. Surtout celle que renferme “Soundtrack”. Confiées aux synthés, de longues plages planantes parsèment les trois albums. Dans Creature Discomfort (“Burst”), le thème de la créature joué à la trompette se fait entendre derrière une somptueuse tapisserie de sons enregistrés ou réalisés par synthèse. Dans Creature Theme, l’ouverture de “Soundtrack”, la section rythmique émerge progressivement d’une brume de sons électroacoustiques. Bien que bénéficiant d’une technologie de pointe, cette musique fabriquée à l’aide de machines n’en reste pas moins porteuse de groove et de rythmes entraînants. Contenant moins d’ajouts sonores, “Expand”  le second disque reste plus proche d’un jazz contemporain qui nous est familier. Les sonorités électriques proviennent essentiellement du Fender Rhodes de Benjamin. BurstLes thèmes sont confiés au saxophone ténor de Strickland et à la trompette de Douglas, parfois aux deux instruments jouant à l’unisson. Tous deux se parlent, se répondent, improvisent collectivement dans Observer. Des riffs funky encadrent leurs chorus dans Tree Ring Circus et Travelogue. “Burst” est un peu une synthèse des deux disques précédents. Il renferme des morceaux écartés du film, certains très travaillés sur le plan sonore, mais aussi d’autres versions du matériel rassemblé dans les autres albums.

Photo © Jason Chuang/Greenleaf Music 

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 10:39

Congas2 novembre : me rendant tôt ce matin au Père Lachaise sur la tombe de mon grand-oncle Raoul, je tombe sur Jean-Paul avec sa tête des mauvais jours. Il me soupçonne d’être venu fleurir la tombe de Jim Morrison, de trahir le jazz pour des rockers drogués. Quelques jours plus tôt à Clermont-Ferrand, il m’a cassé les pieds, me reprochant d’avoir manqué les concerts parisiens de Mulgrew Miller, sa nouvelle idole. Tout en vilipendant mes goûts jazzistiques, Jean-Paul m’a présenté à l’étrange personnage tout de noir vêtu qui l’accompagnait. Surnommé l’embaumeur, X (il préfère que l’on taise son nom) prépare les défunts pour leur dernier voyage. Amateur de jazz et thanatopracteur, il embaume les morts à la demande de la famille, assure leur toilette, leur donne un aspect présentable et supervise leur mise en bière. Grand, des sourcils broussailleux saillant d'un visage mince et anguleux, d’une maigreur anorexique (Jean-Paul m’a confié qu’il portait de nombreux tatouages, mais je n’ai pas été vérifié), X est la nouvelle coqueluche de Jean-Paul. Il lui a d’ailleurs promis de s’occuper personnellement de lui et de son immense collection de disques après sa mort. Comme Toutankhamon, Jean-Paul se voit déjà enterré avec ses trésors. Je soupçonne X d’être un pilleur de tombes et décline poliment la même offre. X n’en a cure. Il ne chôme pas et se dit fier d’avoir préparé les dépouilles mortelles de musiciens illustres. Sans être aussi riche que Jean-Paul, sa fortune personnelle lui permet de traverser aisément l’Atlantique. Il contacte les vieux jazzmen et leur fait part de son désir d’avoir leur corps entre ses mains, se présente comme faisant partie de la famille. X connaît bien sûr tous leurs disques ce qui met en confiance. S’occuper des musiciens français le tente beaucoup moins. Il se voit mal les toiletter, les mettre en bière avec leurs instruments. Seules des stars, de grandes vedettes internationales peuvent satisfaire son ego d'embaumeur. Je préfère fréquenter les vivants, vous entretenir des formidables musiciens qui vivent et qui m’enchantent. Les morts, j’écoute leurs disques, mais préfère l’histoire qui est en train de se faire à celle qui est déjà faite. Contrairement aux autres capitales européennes, Paris en novembre fait le plein de concerts. C’est l’occasion de sortir, de bouger, de faire des rencontres, de découvrir de nouveaux talents. Ces trois fûts ne sont pas des pots de chrysanthème mais des congas qui n’attendent que vous pour battre la démesure. Comme chaque année depuis 2002, le festival Jazzycolors ouvre les portes des centres culturels étrangers pour faire connaître des musiciens. Haut lieu des musiques expérimentales, le Triton fête ses dix ans le 20 novembre. Et cette rue des Lombards qui ne dort jamais la nuit. Qu’attendez-vous pour y passer ?

Mike Manieri

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

-Mike Mainieri (vibraphone), Warren Bernhardt (claviers), Tony Levin (basse) et Steve Gadd (batterie) jouèrent ensemble au début des années 1970. Rejoints par le guitariste David Spinoza, ils donnèrent quelques concerts, mais n’enregistrèrent jamais d’album. Pas loin de quarante ans plus tard, les cinq musiciens redonnent vie à leur projet commun, gravent un premier disque en 2008 (“L’image 2.0.”) et entament une tournée internationale. Elle passe le 3 par le New Morning. On peut se laisser tenter.

Dianne Reeves

 

-Toujours le 3, Dianne Reeves se produit au Théâtre du Châtelet avec deux guitaristes. Russell Malone a souvent joué avec Diana Krall et Romero Lubambo a beaucoup travaillé à rapprocher bossa nova et jazz moderne. Rappelons que le disque le plus célèbre de la chanteuse fut naguère enregistré à Paris, au New Morning.

 

 

-Un grand monsieur du piano, Donald Brown, au Sunside le 3 et le 4. On peut Donald Brown © Ph. Etheldrèdecompter sur la section rythmique qui l’accompagne, Essiet Essiet à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie, pour faire des étincelles, mais Donald invite aussi le trompettiste Stéphane Belmondo (le 3) et le jeune saxophoniste Baptiste Herbin (le 4). Ce dernier vient de faire un tabac au festival Jazz en Tête de Clermont-Ferrand. On suivra de près ce musicien prometteur.

 

-Les nuits des musiciens à l’Espace Cardin (20h30). Le jeudi 4, celle d’Aldo Romano interpelle l’amateur de jazz. Le batteur joue dans diverses formations et A.-Romano-cJBMillot.jpgde nombreux jazzmen ont répondu à son appel. On pourra entendre son trio constitué en 1995 avec Louis Sclavis et Henri Texier, l’ensemble Hymne au Soleil que dirige Lionel Belmondo, mais aussi nombre d’invités prestigieux qui l’accompagnent dans des groupes à géométrie variable. Citons seulement Géraldine Laurent, Maurane, Fabrizio Bosso, Nguyên Lê, Stéphane Belmondo et Baptiste Trotignon. J’en profite pour vous signaler que la nuit du 5 consacrée à Manu Dibango accueillera Ibrahim Maalouf et la chanteuse Elisabeth Caumont.

Affiche-Tet-Kole.jpg

-Un concert au profit de l’association Tèt Kolé (solidarité en créole) le 5 à 20 heures à l’auditorium St. Michel de Picpus, 53 rue de la gare de Reuilly, 75012 Paris. Située en Haïti dans la banlieue de Port au Prince, l’école Basile Moreau s’est effondrée lors du dernier tremblement de terre. Pour lui venir en aide, André Villéger, Alain Jean-Marie, Roger Raspail, Michel Perez, Sylvain Romano et Simon Bernier se mobilisent. Merci de Jane monheit2010venir nombreux.

 

-Jane Monheit au Duc des Lombards le 6 avec son trio habituel, Michael Kanan au piano, Neal Miner à la contrebasse et Rick Montalbano à la batterie. “Home” son dernier disque, paru fin septembre, rassemble des grands standards du jazz composés par Rodgers & Hart, Arthur Schwartz & Howard Dietz, Irving Berlin, Jerome Kern et quelques autres. Jane chante formidablement bien. Une très bonne raison pour venir l’écouter.

Affiche M. Rocheman

 

-Beaucoup de concerts le 8. Pour fêter la sortie de son nouveau disque “The Touch of your Lips, Tribute to Bill Evans” le pianiste Manuel Rocheman donne un concert en trio salle Gaveau avec Mathias Allamane et Matthieu Chazarenc. - Au Sunside, le saxophoniste Antonio Hart récupère la section rythmique de Donald Brown (Essiet Essiet et Marcus Gilmore) et s’adjoint Laurent de Wilde au John Scofieldpiano. - Toujours le même soir, le guitariste John Scofield occupe le New Morning avec Steve Swallow à la basse et Bill Stewart à la batterie. - Enfin le 8, mais aussi le 9, ce qui oblige quand même à choisir, le trompettiste Tom Harrell investit le Duc des Lombards à la tête d’un quintette comprenant Wayne Escoffery au saxophone ténor, Danny Grissett au piano, Ugonna Okegwo à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie. Qui peut encore prétendre que Paris n’est pas la capitale européenne du jazz ?

Eddy Louiss

 

-Le 9, Eddy Louiss fête ses cinquante ans de musique à l’Olympia. Pour marquer ce jubilé, la fameuse Multicolor Feeling Fanfare d’Eddy (une soixantaine de musiciens) qui donna son premier concert en 1987 au Théâtre de la Ville se reconstitue. Paco Séry et André Ceccarelli seront également présents. Des invités surprise dont je tairai les noms rejoindront Eddy sur la A. Tangorra©Violette Fenwickscène d’un Théâtre que tous les parisiens affectionnent.

 

-Annick Tangora le 10 au Baiser Salé (22h). Cette chanteuse méditerranéenne et solaire possède une voix puissante et chaude à large tessiture. La musique qu’elle interprète - du jazz métissé latin et afro-caribéen - , est associée à la danse, au mouvement. Pour le rythmer Mario Canonge (piano), Eric Vincenot (contrebasse) et François Laizeau (batterie). Un bain de notes très chaudes pour oublier la grisaille automnale.

 

-Lee Konitz et Dan Tepfer au Sunset le 13. On ne présente plus le premier, une des dernières grandes icônes du jazz en activité. A 83 ans, le souffle est certes moins puissant, fragile même, mais plus que jamais Dan---Lee-coverintensément chargé d’émotions. Né à Paris de parents américains et semi finaliste du Concours International de Piano Jazz Martial Solal en 2002, Tepfer se promène fréquemment entre New York et Paris. Il a rencontré Konitz grâce à Martial Solal. “Duos with Lee“ a été publié l’an dernier sur Sunnyside. Dan et Lee y improvisent un univers poétique plein de chaleur et de tendresse. - Le 13, mais aussi le 14, le bugliste Alex Tassel se produit au Duc des Lombards. En quintette avec Sylvain Bœuf au saxophone ténor, Laurent de Wilde au piano, Brunot Rousselet ou Diego Imbert à la contrebasse selon les soirs et Julien Charlet à la batterie. Rien que du beau monde pour jouer un jazz acoustique et modal proche de la musique que Miles Davis inventait avec son propre quintette dans les années soixante.

Junko Onishi

 

-Ne manquez surtout pas la japonaise Junko Onishi au Sunside. Elle s’y produit deux soirs, le 15 et le 16, ce qui permet plus facilement de bloquer une soirée. “Baroque” son nouveau disque - Choc Jazz Magazine / Jazzman en novembre - , est un hommage appuyé au grand Charles Mingus. Pianiste virtuose, Junko reste attaché à un jazz qui n’a pas oublié ses racines. Eubie Blake, Sir Charles Thompson, Thelonious Monk, Jaki Byard (qui fut son mentor) se font entendre dans un piano qui ne manque jamais de les jouer. Roland Guerin à la contrebasse et Gene Jackson à la batterie l’accompagnent. On retrouve ce dernier dans “Musical Moments” pénultième album de la pianiste également publié cette année.

Affiche Kneebody

 

-Kneebody au Duc des Lombards les 18 et 19 novembre. Shane Endsley (trompette), Ben Wendel (saxophone ténor), Adam Benjamin (claviers), Kaveh Rastegar (basse électrique, contrebasse) et Nate Wood (batterie) décloisonnent les genres. Proposant une musique qui relève autant du rock que du jazz, le groupe nous offre des mélodies baroques, des improvisations énergiques et savantes, invente un nouveau langage harmonique et rythmique, le jazz rock post-moderne du nouveau A.-Herve-flyer.jpgmillénaire.

 

-Le 19 à l’auditorium St. Germain, Antoine Hervé consacre sa leçon de jazz mensuelle à John Coltrane et invite Rick Margitza à souffler dans son saxophone. 

G. Laurent ©Sylvain Gripoix

 

-Grande musicienne, Géraldine Laurent vient de réconcilier le monde du jazz avec “Around Gigi” un superbe album hommage au saxophoniste et compositeur Gigi Gryce, Choc de Jazz Magazine / Jazzman en octobre. Pour en fêter la sortie, elle en convie les musiciens au Sunside les 19 et 20. Nul doute que galvanisés par l’alto de Géraldine, Pierre de Bethmann au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie seront au meilleur de leur forme pour nous offrir des sets de rêve.

flyer 10 ans Triton

 

-Le samedi 20, de 16h00 à 2h00 du matin, le Triton fête ses dix ans d’existence en invitant nombre de ses compagnons de route. Impossible de les citer tous, mais Sophia Domancich, John Greaves, le Hadouk Trio, Louis Sclavis, Michel P, Serge Adam, Elise Caron, Bruno Chevillon, Sylvain Luc, Henri Texier,Emmanuel Bex, Michel Benita, Christian Vander, Médéric Collignon Jus de Bocse, seront sur scène au cours de la soirée. Dernière chose, l’entrée est libre.  

 

Lew Soloff-Le 22, le Duc des Lombards accueille le quartette de Lew Soloff. Le trompettiste s’était produit au Sunside en mars 2009 avec un groupe très semblable. Jean-Michel Pilc tenait le piano et François Moutin la contrebasse. On les retrouve avec un autre batteur, Ross Pederson remplaçant Billy Hart. Soloff souffle de longues phrases aux notes détachées et séduit par l’intelligence de ses chorus, la beauté de son jeu mélodique. Pianiste caméléon, Pilc peut tout aussi bien adopter un jeu minimaliste que se livrer à des chorus tumultueux riches de clusters et de dissonances. Un concert ouvert qui risque de se révéler passionnant.

 

Brad Mehldau-Brad Mehldau retrouve le Théâtre du Châtelet le 22 avec l’Ensemble Orchestral de Paris augmenté de Joshua Redman aux saxophones, Larry Grenadier à la contrebasse, Jeff Ballard et Matt Chamberlain à la batterie et aux percussions. Pour jouer live la musique de “Highway Rider”, son dernier disque, un double album controversé aux orchestrations redondantes mais d’une grande inspiration mélodique. On y goûte ses moments forts, ses thèmes lyriques aux rythmes binaires qui font penser à des morceaux des Beatles, de vraies chansons dont on sifflote les mélodies et qui vous trottent dans la tête. Et puis Brad, joue un magnifique piano. Puisse la masse orchestrale ne pas trop l’étouffer.

Edouard Bineau

 

-Le “Wared Quartet” d’Edouard Bineau constitue l’un des disques évènements de la rentrée. L’arrivée de Daniel Erdmann aux saxophones (ténor et soprano) donne une autre énergie à la musique que le pianiste joue en trio avec Gildas Boclé à la contrebasse et Arnaud Lechantre à la batterie. On y retrouve le pianiste lyrique et inspiré dans des compositions marquées par le blues. La musique, volumineuse, musclée et plus binaire que d’habitude, s’enrichit parfois du saxophone alto de Sébastien Texier. Edouard invite ce dernier à rejoindre son groupe au Sunside le 24, pour une sacrée soirée.

 

Irving Acao-Toujours le 24, Irving Acao donne un concert au Baiser Salé. En quartet avec Leonardo Montana au piano, Felipe Cabrera à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie. Irving a joué dans de nombreux festivals de l’hexagone, Marciac, Vienne, Nice, mais c’est dans ce même club parisien que j’ai récemment découvert ce saxophoniste cubain. Un ténor musclé tout feu tout flamme. Chucho Valdés ne s’est pas trompé lorsqu’il l’engagea à 19 ans dans Irakere. Il vient d’achever une tournée européenne avec David Murray et tient assurément la forme.

Elise Caron b

 

-Le 27 à 17h30, au studio Charles Trenet de la maison de Radio France, dans le cadre des concerts « Jazz sur le Vif », Elise Caron, l’ensemble Archimusic que dirige Jean-Rémy Guédon et le MegaOctet d’Andy Emler interpréteront en première mondiale “Présences d’esprits”, une commande de Radio France.

 

Affiche Jazzycolors 2010-Rassembler les centres culturels étrangers à Paris autour du jazz et faire découvrir des artistes peu connus en dehors de leur pays d’origine, c’est ce que fait chaque année depuis sa création en 2002 le festival Jazzycolors, placé sous la présidence d’honneur de Daniel Humair et le parrainage de Bojan Z. Du 11 au 27 novembre, seize pays se regroupent pour l’organiser. Les concerts se dérouleront dans huit lieux différents parmi lesquels l’Ambassade de Roumanie, l’Institut Hongrois, le Centre Culturel de Serbie, des endroits magnifiques à découvrir. Confié à Bojan, le concert d’inauguration aura lieu le 11 à l’institut Hongois. Notez que ce dernier accueillera le 13 le guitariste autrichien Wolfgang Muthspiel qui ne nous est pas inconnu. 

 

-New Morning : www.newmorning.com

-Théâtre du Châtelet :www.chatelet-theatre.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Les nuits des musiciens : www.lesnuitsdesmusiciens.com

-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

-Salle Gaveau : www.sallegaveau.com

-Olympia : www.olympiahall.com

-Baiser Salé : www.lebaisersale.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Le Triton : www.letriton.com

-Maison de Radio France : www.radiofrance.fr

-Festival Jazzycolors : www.jazzycolors.net

 

PHOTOS : congas drums, Mike Mainieri, John Scofield, Lew Soloff, Edouard Bineau, Irving Acao, Elise Caron © Pierre de Chocqueuse - Dianne Reeves, Brad Mehldau © Th. Du Châtelet - Donald Brown © Philippe Etheldrède - Aldo Romano © Jean-Baptiste Millot / Dreyfus Jazz - Jane Monheit © Universal Music - Annick Tangora © Violette Fenwick - Lee Konitz & Dan Tepfer © Jean-Jacques Pussiau - Junko Onishi © Mika Ninagawa / Universal Music - Géraldine Laurent © Sylvain Gripoix / Dreyfus Jazz - Eddy Louiss © Photo X/DR

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 12:26

Susi Hyldgaard a 

SAMEDI 9 octobre

Susi Hyldgaard au Duc des Lombards. La chanteuse danoise expérimente, surprend et ne se laisse jamais enfermer dans un genre. “Homesweethome”, le Susi Hyldgaard bpremier disque que j’ai écouté d’elle, faillit obtenir en 2003 le prix du jazz vocal de l’Académie du Jazz. On y découvre une chanteuse envoûtante à la voix sensuelle qui compose de véritables thèmes et les arrange de manière très personnelle.  Chanteuse, mais aussi pianiste et accordéoniste, elle ne dédaigne pas les synthétiseurs et utilise une technologie de pointe pour parfaire ses albums. “Blush” (2004) flirte avec l’électro. Trop éclectique, “Magic Words” (2007) déçoit un peu. Sur scène, la chanteuse parvient à tenir constamment le public en haleine par un chant expressif, une approche minimaliste de la musique. Elle chante, siffle, joue du piano et parfois de l’accordéon. Assis sur un haut tabouret, Jannick Jensen l’accompagne à la basse électrique. Blonde et jolie, la batteuse Benita Haastrup attire l’œil autant que l’oreille. Susi ose varier son Benita Haastruprépertoire, reprend ses chansons et celles des autres. Elle s’adresse constamment au public pour lui faire partager sa musique. On ne s’ennuie pas une seconde. A la fin de son concert, elle m’offrit un exemplaire de “It’s Love We Need“, son dernier opus enregistré avec le NDR Big Band. Publié l’an dernier, ce disque de jazz joyeusement funky arrangé par Roy Nathanson et Bill Ware est un des grands opus de sa discographie.

 

LUNDI 11 octobre

Fred Hersch bPas plus de soixante-dix personnes au Sunside pour écouter Fred Hersch en solo. Un événement que je partage avec mon ami Jean-Louis Wiart, comme moi amateur de beau piano. J’aperçois le contrebassiste Yoni Zelnik dans la salle, mais pas de journalistes. Mes collègues rappliqueront en masse le lendemain pour une autre prestation (Fred en duo avec le clarinettiste italien Nico Gori) et une autre musique moins exceptionnelle. Galvanisé par un public attentif qui n’oublie jamais d’applaudir, de manifester sa joie entre chaque morceau, Fred Hersch donna ce soir-là un concert inoubliable.

 

Dès le premier morceau, une version solaire de U.M.M.G. (Upper Manhattan Medical Group), Hersch en état de grâce réinventait le thème de Billy Strayhorn, lui conférait une profondeur harmonique inédite. Alternant ballades et morceaux plus rapides, il transcenda le vaste répertoire qu’il aborda. Des compositions personnelles extraites de “Whirl” son dernier album (Whirl dédié à la danseuse Suzanne Farrell, Mandevilla, une habanera délicieuse), mais aussi des œuvres de Jobim (O Grande Amor dans lequel il se livra à de passionnantes improvisations contrapuntiques ; How Insensitive, somptueux bouquet de notes colorées murmuré par le piano) et nombre de standards. Le pianiste leur apporta de superbes couleurs harmoniques, s’exprima avec l’émotion et l’intensité d’un concert d’adieu.

Fred H. plays bRappelant que la veille, le 10 octobre, était l’anniversaire de Thelonious Monk, il reprit Work et Bemsha Swing, donnant poids et relief aux accords anguleux et abstraits, aux notes dissonantes que Monk affectionnait. Dans Down Home, un blues à la métrique inhabituelle et aux basses puissantes, des cascades de trilles se mêlant à des accords de boogie, il fut un trio à lui seul. Réactualisant les racines du jazz (I’m Crazy ’Bout My Baby de Fats Waller), parvenant à faire sonner le Yamaha du Sunside comme un Steinway de concert, il nous offrit surtout une musique tendre et rêveuse. Que ce soit dans Pastorale dédiée à Schumann, dans Lark Bird offert au trompettiste Kenny Wheeler, ou dans This Nearly Was Mine de Richard Rodgers (un extrait de “South Pacific”) Fred Hersch follement Fred H. plays aacclamé joua son meilleur piano, déploya une miraculeuse sensibilité et nous fit constamment rêver. Le sommet de ce concert, assurément le plus beau auquel j’ai assisté cette année, fut une éblouissante version de The Peacocks, plus réussie encore que celle qui met en présence Jimmy Rowles (son créateur) et Stan Getz dans un disque Columbia. Masquant longuement le thème pour le mettre en lumière, le pianiste nous en offrit une longue version onirique et sensible, perlant les notes aiguës de son clavier, jouant des phrases gorgées de soul et de swing. S’abandonnant, Hersch nous offrit de la musique pure, nous propulsa dans les étoiles. Personne ne voulait quitter le club à la fin du second et dernier set. Visiblement ému, Hersch quitta la salle sous un tonnerre d’applaudissements, une standing ovation interminable.

PHOTOS © Pierre de Chocqueuse

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