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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 11:22

C. Lloyd Enregistré en public en avril 2007, “Rabo de Nube” , le précédant disque de Charles Lloyd,  reflète imparfaitement la valeur des musiciens qui l’entourent. Depuis peu avec le saxophoniste, Jason Moran, Reuben Rogers et Eric Harland connaissent encore mal sa musique. Bien différent est “Mirror”, un album studio dans lequel ils développent un solide jeu collectif et interactif. Lloyd joue souvent les mêmes morceaux dans des versions toujours différentes et les enregistre plusieurs fois. Il reprend ici des thèmes qui nous sont familiers pour les relire différemment. Go Down Moses, The Water is Wide et Lift Every Voice bénéficient de nouveaux arrangements, se parent d’habits neufs qui les rendent aussi attractifs que s’ils venaient de naître. Discret, faisant souvent taire son piano, Jason Moran guette les bons moments pour ajouter des couleurs harmoniques, jouer une pédale, répondre au saxophone ou enrichir la musique de notes inattendues. Une paire rythmique d’une souplesse exceptionnelle assure un subtil contrepoint rythmique aux vagabondages poétiques des solistes. Dans Caroline, No un des plus beaux morceaux de “Pet Sound” (des Beach Boys), Lloyd enroule tendrement ses notes autour de la mélodie réharmonisée. Avec l’âge, ses chorus moins longs semblent flotter dans l’espace comme si de grandes ailes les portaient vers l’azur. Il peine un peu à trouver sa sonorité, ce vibrato très ample auquel il nous a habitué. Il ne joue pas toujours très juste dans La Llorona ou dans la version très dépouillée de I Fall in Love Too Easily, mais son immense feeling n’a jamais été aussi perceptible que dans cet album. Son chant apaisé est une bouffée d’air frais, le souffle d’une respiration intérieure et mystique. Dans Tagi, un raga d ‘une dizaine de minutes, il nous invite à trouver le bonheur dans la paix et nous fait partager la douceur d’une méditation modale qui ressemble à un rêve.

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 09:57

Manuel Rocheman, coverHommage à Bill Evans intitulé “The Touch of Your Lips“, le nouveau disque du pianiste Manuel Rocheman contient des compositions d’Evans, des morceaux que ce dernier aimait jouer, mais aussi de nouvelles compositions de Manuel au sein desquelles il avoue avoir mis son expérience, ses sensations face à la musique d’Evans qu’il a découvert tardivement. Je lui ai demandé de m’expliciter les dix titres de ce nouvel album enregistré en septembre 2009 pour Naïve avec Mathias Allamane à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie.

 

M.A.S.H. : « On le joue exactement comme Bill le joue sur “You Must Believe in Spring“ avec ses trois modulations. On peut presque dire que le morceau est de Bill, même si Johnny Mandel est l’auteur du thème. L’album “You Must Believe in Spring“ m’a marqué énormément. Bill se relâche, joue une musique sensible et profonde. Le thème revient comme un leitmotiv. Je voulais shunter le morceau, mais j’ai finalement décidé de le laisser tel quel avec sa coda un peu abrupte. »

 

Manuel Rocheman (a)Send in the Clowns : « Le morceau sonne comme si Bill l’avait joué. Je n’en connais pas de version interprétée par lui-même. J’ai eu du mal à choisir cette prise. Nous en avons enregistré plusieurs, toutes différentes. Le solo est assez ouvert avec sa pédale en mi. Le thème, très beau, se suffit à lui-même. Plusieurs chanteuses dont Sarah Vaughan ont interprété ce thème. Le chanteur et compositeur brésilien Dorival Caymmi l’a également enregistré et c’est très beau. J’ai également entendu Toots Thielemans le jouer. Il en existe peu de versions pianistiques. C’est une ballade, une mélodie de Stephen Sondheim que Bill aurait très bien pu reprendre. »

 

We Will Meet Again : « Un morceau en do mineur, une valse. J’ai ajouté une intro en solo, complètement improvisée en studio. Je ne souhaitais pas la garder, mais Matthieu Chazarenc m’a demandé de la laisser. Bill a écrit ce très beau thème pour son frère Harry. C’est une valse très romantique. L’influence de Bill sur ma musique se fait sentir dans mon chorus de piano. »

 

Daniel’s Waltz : « C’est un morceau en la majeur que j’ai écrit pour mon fils Daniel. Les pianistes n’aiment pas cette tonalité en général. L’approche harmonique de cette pièce fait penser à du Clare Fischer, un pianiste, arrangeur et chef d’orchestre qui a influencé Bill Evans. Le pianiste Bernard Maury était très proche de lui. »

 

For Sandra : « Composée pour Sandra, ma fiancée, cette pièce prend un aspect latin après une introduction rubato en solo. Je me démarque ici de Bill Evans qui a peu joué cette musique. Il a repris Minha, mais le côté brésilien du morceau est très peu marqué. Bill aimait beaucoup Antonio Carlos Jobim, harmoniquement proche de Ravel, de Debussy. J’ai écrit et répété le thème avec les musiciens avant de rentrer en studio. Bill Evans a écrit For Helen ; mon morceau est écrit For Sandra. Nous sommes tous deux sensibles aux femmes (rires). »

 

Manuel Rocheman (b)Only Child : « La mélodie, les accords de ce morceau de Bill Evans me plaisent. C’est une ballade extraordinaire qui possède un aspect dramatique. J’ai attendu d’avoir quarante-cinq ans pour rendre hommage à Bill, ce qui est très casse-gueule pour un pianiste. Je n’ai pas voulu le copier, reprendre ses solos. Ce disque, j’avais besoin de le faire. J’y ai mis mon expérience, mon vécu, et je l’assume pleinement. »

 

Rhythm Changes : « J’ai voulu exprimer le côté nerveux de Bill, évoquer le disque “Everybody Digs Bill Evans“ qu’il a enregistré avec Philly Joe Jones et Sam Jones. J’ai écris un anatole sur I Got Rhythm à partir des “Coltrane Changes“, un principe harmonique propre à Coltrane qui ne pouvait pas blairer Evans. J’aime beaucoup travailler sur ses changements d’accords, trouver des couleurs et parvenir à jouer dessus. C’est à la fois passionnant et difficile. C’est un morceau nerveux, un peu tendu. Bill Evans jouait cette musique à ses débuts. Elle porte la marque du bop et témoigne de ses racines. Bill n’est pas seulement un musicien romantique. Il jouait aussi du bop. Ce n’est qu’après qu’il a trouvé sa voie. Le sextette de Miles Davis lui a ouvert d’autres horizons, les portes d’une autre musique. »

 

The Touch of Your Lips : « Bill le joue en solo sur “Alone Again“. J’aime beaucoup ce thème de Ray Noble, un beau standard qui n’est pas tellement joué, mais que Chet Baker et Bill Evans ont tous deux interprété. Nous le jouons en do. L’introduction est en ré bémol, un demi-ton au-dessus. Le thème apparaît ainsi plus lumineux.

 

Manuel Rocheman (c)La valse des chipirons : « C’est encore une valse. Bill adorait en jouer. C’est presque un musicien européen. Chopin, Scriabine sont harmoniquement assez proches de lui. Ma mère est basquaise et j’aime beaucoup les chipirons, des calamars à la basquaise. Tu fais revenir à la cocotte avec du vin blanc. Tu ajoutes des tomates pelées, des céleris. Il faut les découper en fines lamelles et les faire cuire un bon moment. »

 

Liebesleid : « Une très belle mélodie écrite par Fritz Kreisler, un virtuose du violon. Clare Fischer l’a reprise. Je l’ai entendue jouer par un violoniste au conservatoire et son thème m’a touché. C’est un morceau en sol mineur que redoutent les violonistes. J’en ai extrait sans difficulté sa mélodie. J’introduis un rythme latin à la fin du morceau. Il a été enregistré à la fin des deux jours de studio. Mathias Allamane et Matthieu Chazarenc étaient déjà partis. Julien Basseres l’ingénieur du son m’a proposé de jouer un dernier titre en solo. Bien que fatigué physiquement, j’ai enregistré deux ou trois versions de ce morceau sans trop y croire. En réécoutant les bandes, j’ai trouvé que cette version possédait un peu de cet abandon evansien que je cherche aujourd’hui à exprimer dans ma musique. »

Propos recueillis à la Fnac Montparnasse le 13 juillet 2010.

 

Manuel Rocheman donnera un concert Salle Gaveau le 8 novembre prochain à 20h30 avec son trio.

Photos © Pierre de Chocqueuse  

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 12:07

J.O. Baroque, bandeauEncore beaucoup de disques en octobre. Trop au regard de ce qu’ils apportent d’original, de réellement neuf. Quelques réussites, peu nombreuses, sortent du lot. Vous les trouverez ici brièvement chroniquées. J’y ajoute mes coups de cœur, des disques imparfaits qui séduisent par la fraîcheur de leur musique, leur aspect inattendu. Faites comme moi, laissez-vous surprendre. Des oreilles grandes ouvertes favorisent les découvertes.
Jazz : les grandes sorties d’octobre

Manuel Rocheman, cover

-Longtemps fasciné par la technique, la virtuosité d’Oscar Peterson et de Phineas Newborn, sans oublier celle de Martial Solal qui fut un temps son professeur, Manuel Rocheman s’intéresse depuis quelques années à Bill Evans. Dans “The Touch of Your Lips“, son piano se fait plus lyrique pour célébrer sa musique. Il reprend quelques-unes de ses compositions, mais joue aussi les siennes, y fait passer ses émotions, utilise son propre langage harmonique pour exprimer son admiration pour Evans et nous offre son album le plus chantant. (Naïve. Sortie le 5 octobre)

 

C. Lloyd -“Mirror“, le nouveau disque de Charles Lloyd témoigne de la complicité des musiciens qui l’entourent depuis plus de trois ans. Le pianiste Jason Moran, le contrebassiste Reuben Rogers et le batteur Eric Harland ont eu le temps de se connaître, d’affiner leurs échanges pour les rendre plus fluides et servir le chant apaisé des saxophones de Lloyd. Ce dernier reprend plusieurs thèmes qu’il a déjà enregistrés (Go Down Moses, The Water is Wide), joue deux compositions de Thelonious Monk et s’amuse à improviser sur Caroline, No des Beach Boys. A soixante-douze ans, Lloyd reste un jeune homme espiègle et malicieux. On ne peut que s’en réjouir. (ECM / Universal. Sortie le 11 octobre)

 

Aldo Romano Complete Communion-Aldo Romano rend hommage à Don Cherry. Il jouait avec lui dans les années 60 et n’a jamais oublié sa musique. “Complete Communion to Don Cherry“ fait référence à un enregistrement Blue Note de décembre 1965 qui reste le plus célèbre et le plus captivant du trompettiste. Le quartette réuni par le batteur pour interpréter sa musique, comprend le contrebassiste Henri Texier, lui aussi ancien compagnon de concerts de Cherry. Au programme, des compositions de ce dernier (Rememberance, Spring is Here, Art Deco), mais aussi des thèmes d’Ornette Coleman (Jayne, The Blessing) auprès duquel Cherry se fit connaître. Fabrizio Bosso à la trompette et Géraldine Laurent à l’alto complètent la formation d’Aldo. Ils sont tous deux extraordinaires. (Dreyfus Jazz / Sony Music. Sortie le 11 octobre)

 

J. Onishi Baroque (gde)-Après un album Blue Note en trio, publié en début d’année, la pianiste Junko Onishi confirme son grand retour avec “Baroque“, un disque hommage à la musique de Charles Mingus dans lequel la pianiste revisite également Eubie Blake, Sir Charles Thompson et Thelonious Monk. Avec elle, un trio de souffleurs expérimentés – Nicholas Payton (trompette), James Carter (Saxophones alto et ténor, flûte et clarinette basse) et Waycliffe Gordon (trombone) et sa section rythmique de prédilection, Reginald Veal à la contrebasse et Herlin Riley à la batterie, une seconde contrebasse, celle de Rodney Whitaker, se joignant parfois à elle. (Verve / Universal. Sortie le 18 octobre)

 

Eric Watson, cover-On doit à Eric Watson des albums superbes en solo pour Owl Records (ses premiers), mais aussi des enregistrements avec Mark Dresser et Ed Thigpen, leur trio se transformant en quartette lorsque le saxophoniste Bennie Wallace se joint à lui. C’est toutefois en solo que le pianiste nous offre la quintessence de son art pianistique, une musique libre, nourrie d’harmonies classiques et contemporaines et constamment inspirée. Neuf ans après “Sketches of Solitude“ (night bird), et toujours pour Jean-Jacques Pussiau, Eric Watson réunit ses souvenirs parisiens dans “Memories of Paris“. Tour à tour, son piano chante, gronde, emporte dans un torrent de notes. La fougue le dispute à la grâce. (Out Note / Harmonia Mundi. Sortie le 21 octobre)

 

Wared Quartet, cover-Après deux albums en trio et un en duo avec Sébastien Texier, le pianiste Edouard Bineau se rappelle à notre attention avec un nouveau disque aux compositions excitantes, une des bonnes surprises de cette rentrée. Constitué de Gildas Boclé (contrebasse) et d’Arnaud Lechantre (batterie), son trio habituel se transforme en “Wared Quartet“ (Edouard en verlan) et se fait plus musclé avec l’arrivée de Daniel Erdmann aux saxophones ténor et soprano. Sébastien Texier au saxophone alto y est convié dans trois morceaux. (Derry Dol / Socadisc. Sortie le 22 octobre)

 

Chris Minh Doky, cover-En général, les disques de Chris Minh Doky ne m’emballent pas. Enregistré avec les cordes du Metropole Orkest, formation néerlandaise d’envergure placée sous la direction de Vince Mendoza, “Scenes from a Dream“ fait exception. Brillamment arrangé par les deux hommes, il réunit leurs compositions, mais aussi un titre du regretté Don Grolnick et quelques pièces traditionnelles. Chris Minh Dokyfait beaucoup chanter sa contrebasse. Au piano, Larry Goldings est également très convaincant. L’album bénéficie aussi de la batterie de Peter Erskine. Ses délicates ponctuations rythmiques font mouche. Ecoutez le magnifique The Coast of Living qui ouvre l’album et laissez-vous porter par le lyrisme de la musique. (Red Dot Music / Integral distribution. Sortie le 25 octobre)   

 

Sophisticated Ladies-Le Charlie Haden Quartet West - Ernie Watts au ténor, Alan Broadbent au piano, Charlie Haden à la contrebasse et Rodney Green remplaçant de Larance Marable à la batterie - n’avait pas fait de disques depuis “The Art of The Song“, un album Verve de 1999. Comme ce dernier, “Sophisticated Ladies“ est largement consacré au chant. Un orchestre de cordes sert d’écrin aux voix de Melody Gardot, Cassandra Wilson, Ruth Cameron, Renée Fleming et Diana Krall. Celle de Norah Jones se passe de cordes dans Ill Wind. Les autres morceaux, des instrumentaux, des standards de l’histoire du jazz, n’en ont pas davantage et n’en sont que plus beaux. (EmArcy / Universal. Sortie le 25 octobre)

 

Eric Truffaz, cover

 

-Du Jazz, parfois même acoustique (Les gens du voyage), du rock, de la musique d’ambiance très travaillée, “In Between“, nouvel opus du trompettiste suisse Eric Truffaz s’adresse à un public très large. Chanté par Sophie Hunger, Let me Go ! pourrait devenir un énorme tube. Quant aux longues plages planantes de l’album, elles font souvent rêver. (Blue Note / EMI. Sortie le 29 octobre)

 

Photo Junko Onishi © Mika Ninagawa

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 09:26

sixthjumpDeux disques de Benoît Delbecq paraissent simultanément : “The Sixth Jump“, son premier album en trio et “Circles and Calligrams“, un enregistrement de piano solo. Les deux opus ont des titres en commun (Ando, Le sixième saut). Leurs pochettes sont également semblables : même graphisme et typographie, un cercle inachevé sur fond bleu nuit pour “The Sixth Jump“, sur fond blanc pour “Circles and Calligrams“. Tous deux contiennent d’anciennes compositions de Benoît. Le même jour a déjà fait l’objet de trois enregistrements. Benoît Delbecq a fait la connaissance d’Emile Biayenda lors d’une tournée en Afrique en 1994. Il tient la batterie dans “Phonetics“ (2003) et ne joue pas comme un batteur de jazz. Originaire du Congo, le pays des pygmées Aka, il installe des métriques inhabituelles et tisse avec la contrebasse de Jean-Jacques Avenel des cycles polyrythmiques d’aspect mélodique, leurs rythmes se mêlant à des timbres très travaillés. Le piano préparé de Benoît peut se transformer en instrument de percussion, sonner comme un balaphon. Emile Biayenda utilise deux caisses claires, deux calebasses dont l’une remplie d’eau, et un shaker de poignet est fixé à la batte de sa grosse caisse. Tant sur le plan du rythme que de la couleur, la musique du trio, intuitive et souple, présente un aspect très africain. Dans Ando contrebasse et batterie font tourner un ostinato, le piano improvisant à la manière d’un ngoni, sorte de harpe à chevalet mandingue. Déjà présent dans “Pursuit“ (1999), Jean-Jacques Avenel se passionne pour cette musique traditionnelle. Dans Aka, il fait chanter des lignes de basses serrées comme les mailles d’un filet. Le piano préparé et les percussions donnent également un fort parfum mélodique à cette pièce fascinante. Introduit par la contrebasse mélodique d’Avenel, Letter to György L. reste ancré dans une approche européenne du jazz et Piano Page est un piano solo.

 

circlesCe qui nous ramène à“Circles and Calligrams“, un disque en solo élaboré en Italie près de Pérouse, et conçu comme un set de concert. « Environ la moitié des morceaux a été créée sur place. Je ne pouvais pas en six semaines produire un set entier de choses nouvelles. J’ai ainsi passé du temps à revoir d’anciennes compositions. » Benoît a bien sûr soigneusement préparé son instrument, placé dans certaines cordes divers morceaux de bois ou des gommes pour en modifier le timbre, obtenant ainsi des sons plus bas. Seules certaines cordes ont leur sonorité altérée. Les graves du piano rythment la musique comme des tambours. Les doigts peuvent se poser sur des touches préparées et faire entendre les lames de bois d’un balaphon ou assurer des chorus avec le son d’un piano. En réelle osmose avec son instrument, Benoît se tient aujourd’hui plus loin du clavier, joue avec davantage de souplesse, de puissance, et le Bösendorfer 225 qu’il utilise pour tous ses enregistrements parisiens y gagne en dynamique. Dans A Lack of Dreams, des groupes de notes jouées à des vitesses différentes semblent se poursuivre. Dans Fireflies (lucioles), deux cycles de lignes mélodiques de longueur inégale se superposent. Le pianiste reprend brièvement Flakes de Steve Lacy sans le développer. Alpha est également une ébauche, une idée musicale que Benoît a souhaité conserver. Ces deux pièces sont jouées sur un piano non préparé, de même que Meanwhile et Le sixième saut, des pages abstraites et oniriques qui s’intercalent entre des morceaux plus rythmés. John Cage, Luciano Berio, György Ligeti, mais aussi Mal Waldron et Thelonious Monk nourrissent son piano différent. Disque après disque et depuis plus de vingt ans, Benoît Delbecq invente un univers sonore, une musique envoûtante qui ne ressemble à aucune autre.

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 12:33

Giuliani - PieranunziMERCREDI 22 et JEUDI 23 septembre

Enrico Pieranunzi au Sunside avec le saxophoniste Rosario Giuliani. Je n’ai jamais entendu le maestro en petite forme en concert. Il possède une maîtrise totale de son instrument, une technique éblouissante qui lui permet de ne jamais rejouer la même chose. Avec Marc Johnson et Joey Baron, il possède l’un des meilleurs trios de la planète, mais se plaît à changer de répertoire et de partenaires, explorer d’autres directions musicales. Il aime jouer avec Rosario Guiliani, saxophoniste énergique qui souffle des notes de feu, des phrases longues et âpres qui ont du caractère. Avec lui le piano d’Enrico devient percussif. Il apporte aussi un contrepoint mélodique aux attaques fiévreuses de l’alto. Composé par le pianiste, No-nonsense devient prétexte à une conversation ouverte, à des échanges acrobatiques. Dream House, une ballade de Rosario, calme le jeu, la musique Rosario Giulianidevenant plus lyrique. Piano et saxophone s’entendent à poser de nouvelles notes sur les standards qu’ils reprennent. Oleo, Love for Sale, Lennie’s Pennieshéritent ainsi d’improvisations neuves et nous tiennent constamment en haleine.

  

Rosario Giuliani se produira en quartette au Carré Bellefeuille de Boulogne-Billancourt le samedi 16 octobre avec Roberto Tarenzi au piano, Darryl Hall à la contrebasse et Benjamin Henocq à la batterie. Il sera également au Sunset le 20 octobre avec Pippo Matino à la contrebasse et toujours Benjamin Henocq à la batterie.

 

LUNDI 27 septembre

F. Couturier - MéchaliOn doit à François Couturier, François Méchali et François Laizeau un des disques les plus réussis de la rentrée. Les trois François le consacrent au compositeur catalan Federico Mompou. Son cycle pianistique le plus célèbre s’intitule “Musica Callada“. Composé entre 1959 et 1967, il comprend 28 pièces regroupées en quatre cahiers, le dernier dédié à la pianiste Alicia de Larrocha qui fut leur première interprète. Le trio fêtait au New Morning la sortie de son album. Intitulé lui aussi “Musica Callada“ (musique du silence), il en reprend quelques-unes ainsi que d’autres œuvres de Mompou qui, toujours pour le piano, écrivit des chansons, des danses, des impressions intimes, toutes de courtes pièces que le trio développe sur François Laizeauscène. D’une grande simplicité, leurs mélodies servent de fil conducteur à des improvisations libres et délicatement architecturées. Mompou écrivait aussi des pièces à la tonalité floue, ni totalement consonante, ni réellement dissonante. Pain béni pour les jazzmen, leurs harmonies flottantes favorisant le rêve, les longs développements mélodiques. Inspiré, François Couturier joue un piano lyrique et sensible, trouve les notes qui parlent au cœur. François Méchali tire de belles harmoniques de sa contrebasse et François Laizeau, batteur mélodique, met de la couleur dans ses rythmes pour mieux les faire chanter.

 

VENDREDI 1er octobre

Nik BärtschDepuis plusieurs années le groupe suisse Ronin propose une musique fascinante, qui pour n’être pas à proprement parler du jazz, lui emprunte certains battements et ostinato rythmiques. Confiée au piano de Nik Bärtsch, le leader et compositeur du groupe, mais aussi à la clarinette basse, contrebasse et à l’alto de Sha, l’improvisation y tient une place limitée, bien que “Llyrìa“ le nouveau disque du groupe s’ouvre à une expression plus mélodique et offre davantage d’espace aux solistes. Le New Morning accueillait l’univers sonore de Ronin qui relève partiellement de la musique minimaliste et répétitive. Comme dans certaines œuvres de Steve Reich, le point de départ est souvent un simple motif rythmique qui se développe, juxtapose métriques inhabituelles et battements réguliers. Elle s’en différencie par ses textures sonores produites par une instrumentation réduite (outre Nik Bärtsch et Sha, la formation comprend Andi PupatoBjörn Meyer à la guitare basse, Kaspar Rast à la batterie et Andi Pupato aux percussions) et le groove que la musique engendre. Sur scène, le groupe travaille en temps réel sans cette mémoire électronique qui permet de mettre en boucle des séquences rythmiques, de les répéter indéfiniment. Emboîtage savant de motifs répétitifs polymétriques et de cellules mélodiques, les modules cellulaires proposés par Ronin engendrent des thèmes séduisants qui rendent sa musique accessible. Quelques concerts dans l’hexagone pourraient la rendre très populaire.

 

JEUDI 7 octobre

J. Terrasson, Michel PEx-apôtre de la déconstruction, Michel P a conservé l’habitude du cri et le goût du risque. Que ce soit à la clarinette basse, à la clarinette ou au saxophone soprano, il peut sculpter de très belles notes et les rendre lyriques, mais brusque le plus souvent la musique, se bat avec elle comme s’il voulait la dompter. Aux grondements de tuyauterie qu’émettent ses instruments dans l’effort, répond le chant d’un piano lumineux qui structure le flux musical, apporte un superbe tapis harmonique à la musique. P laisse peu d’espace à Jacky Terrasson son invité surprise, pas assez pour qu’il puisse développer de longs solos. Les deux hommes parviennent toutefois à J. Terrasson, Pdialoguer et à surprendre. Leurs échanges dans Spain avec Michel P à la clarinette B constituèrent un des moments palpitants du concert. P souffle des notes abondantes. Jacky double la mise et en rajoute d’inattendues. Avec lui, le piano est aussi instrument de percussion et contrebasse. Sa main gauche exceptionnelle assure des basses puissantes. Il compense les placements approximatifs de P, ses jets de notes sans barres de mesures, par des cadences vertigineuses, plonge la musique dans le blues, cite Thelonious Monk et bouscule nos habitudes. Deux acrobates improvisent des numéros de haute voltige. On ne s’ennuie pas une seconde.

Yaron Herman Trio-copie-1

Yaron Herman et son nouveau trio après l’entracte. Son nouvel album ne me plaît pas trop, mais j’ai envie d’écouter le groupe sur scène, de voir comment fonctionnent les nouveaux morceaux, Yaron excellant souvent lors de ses concerts. Handicapée par une prise de son défectueuse, la musique décolla rarement, la mitraille de la batterie ne rendant pas toujours le piano audible. Yaron préfère jouer avec un batteur plus énergique, plus “rock“ et c’est son droit. On comprend moins le choix de Chris Tordini à la contrebasse. Nonobstant la mauvaise sonorisation de son instrument, il se contente de jouer le tempo et semble incapable de développer un vrai jeu mélodique. Le groupe piétine, peine à trouver ses marques. Saturn Returns n’a nullement besoin d’un aussi long prologue. Les reprises de Nirvana et de Radiohead ne furent pas plus convaincantes, moins intéressantes que celles du disque. Tendu et contrarié, Yaron ne joua pas les notes légères et tendres qui baignent sa musique. Puisse-t-il apprendre à gérer ses émotions. Son piano n’en sera que meilleur.

Photos  © Pierre de Chocqueuse

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 09:12

G. Laurent, cover Around GigiSe méfiant des vertiges de l’improvisation libre, Géraldine Laurent préfère s’attacher aux standards du passé, au répertoire de compositeurs qu’elle admire, privilégier la mémoire à la nouveauté. Elle a beaucoup appris de ses devanciers illustres en repiquant leurs solos. Cela explique la richesse de sa sonorité d’alto, un assemblage de timbres capiteux. On y entend Johnny Hodges et Charlie Parker, mais aussi la pureté sonore d’un Paul Desmond. C’est Gigi Gryce, musicien moins médiatisé et plus rare qu’elle célèbre ici, un altiste qui, profitant d’une tournée européenne de l’orchestre de Lionel Hampton dont il faisait partie, enregistra ses premières faces sous son nom à Paris. Elle s’empare de trois de ses plus célèbres compositions, Nica’s Tempo, Smoke Signal et Minority, mais aussi de Kerry Dance, un traditionnel, et de Mau Mau, une pièce de l’album “The Art Farmer Septet“ que Gryce arrangea. Géraldine étonne dès l’ouverture de son disque, une version étonnante de Black and Tan Fantasy de Duke Ellington qu’elle attaque sans virtuosité excessive par de courtes phrases étranglées. Cette jeune femme plutôt timide et réservée joue avec une assurance et une autorité stupéfiantes. Ecoutez-la dans Gallop’s Gallop de Monk, duo magistral avec Franck Agulhon son batteur, ou dans Minority qu’elle introduit par un dialogue avec Pierre de Bethmann, la rythmique rentrant plus tard lorsque le thème se dévoile. Dans Smash, une de ses compositions, elle répond au piano de Pierre sans jamais se démonter, soutient une véritable conversation, la rythmique restant toujours en phase avec les solistes. Les lignes mélodiques de ses propres compositions semblent construites sur le schéma harmonique de morceaux des années 50. Les disques Blue Note, Prestige ou Riverside auraient pu les abriter. L’altiste se fait miel dans Did You Remember You baigné de notes poétiques, ou dans Nica’s Tempo qui fait un peu penser à Naima de John Coltrane. Mais le plus souvent, Géraldine Laurent souffle impétueusement dans son alto comme s’il y avait toujours urgence. A ses côtés, Pierre de Bethmann joue son meilleur piano, tricote des notes élégantes, met de belles couleurs dans un jeu qui intègre réflexion, silence et respiration. Franck Aghulon apporte une puissante assise rythmique à la musique et propulse Mau Mau vers des sommets de swing. Yoni Zelnik s’offre un superbe solo de contrebasse dans Smash et partout Géraldine fait chanter son saxophone, surprend par ses attaques, ses placements rythmiques, l’impeccabilité de ses notes fiévreuses qui nous tiennent constamment en haleine.

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 10:38

Mulgrew Miller©Ph EtheldrèdeOctobre : Très active depuis quelques années, l’association Paris Jazz Club se fait son festival. Du 15 au 24 octobre, vous pourrez passer d’un club à l‘autre grâce à un pass en vente sur www.fnac.com (75€ pour 5 concerts ou 135€ pour 9 concerts). 23 clubs y participent et 150 concerts vous sont proposés. Renseignements et informations au 01 83 06 61 01. www.parisjazzclub.net

Passant me voir au moment où je rédigeais ces lignes, Jean-Paul m’a fait remarqué en râlant que la plupart des musiciens qui vont se produire dans ces clubs ne présentent pas le moindre intérêt. Je ne partage pas son point de vue. Au regard des concerts parisiens d’octobre, Paris m’apparaît justement comme la capitale européenne du jazz. Jean-Paul est beaucoup trop élitiste. Seul Mulgrew Miller Affiche Paris Jazz Club Festéchappe à ses critiques largement infondées. Il s’est tellement entiché du pianiste qu’il compte l’écouter au Châtelet et au Sunside, mais aussi à Clermont-Ferrand, ville dans laquelle se déroule depuis vingt-trois ans un festival de jazz (1), « un vrai avec de vrais jazzmen, le meilleur de l’hexagone » selon ses dires. Il me propose de le rejoindre à Clermont pour découvrir le nouveau batteur de Jacky Terrasson, l’un des pianistes qu’il affectionne. Une proposition tentante, car bien que totalement fermé au jazz d’aujourd’hui, Jean-Paul n’a pas mauvais goût. Il est même l’un des rares amateurs de jazz que je connaisse à oser avouer ne rien comprendre à la musique qu’improvise Wayne Shorter depuis quelques années. « Il n’a rien fait de bien depuis qu’il a quitté Miles Davis, mais une critique sourde l’a placé sur un tel piédestal qu’il n’est plus possible de l’en déloger. » Plutôt que de roupiller à ses concerts (le saxophoniste en donne un à Paris en octobre), il préfère se consacrer à son immense collection de disques et ne manque jamais les émissions de Philippe Machin Chose Etheldrède sur Jazz à Fip, désespérant de ne pas l’entendre plus souvent. Comme Jean-Paul, ce dernier aime Miller et Terrasson. On dit qu’il râle et critique tout. Jean-Paul aurait-il trouvé son double ?

(1) Festival Jazz en Tête du 19 au 23 octobre. Programme complet sur www.jazzentete.com

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Tineke Postma

-Tineke Postma au Duc des Lombards les 6 et 7 octobre. Révélation internationale de l’année en 2006 au Midem, victorieuse des Jazz à Juan Revelations  trois ans plus tard, cette jeune saxophoniste hollandaise, naguère élève de Dave Liebman, Chris Potter et Dick Oatts mérite de faire davantage parler d’elle. Accompagnée de son quartette, elle présentera le répertoire de “The Traveller“, un album qui a obtenu des critiques élogieuses. A l’alto (elle joue aussi du soprano), elle possède une sonorité aérienne qui peut mener au septième ciel.   

Yaron Herman

-La Salle Gaveau accueille Yaron Herman le 7. Avec Chris Tordini à la contrebasse et Tommy Crane à la batterie, sa musique sonne plus rock. “Follow the White Rabbit“  son nouvel album me déçoit un peu, mais c’est sur scène qu’il faut écouter le pianiste qui prend alors le temps de développer ses idées, se dépense sans compter dans des improvisations fleuves et peut transformer un concert en véritable fête. - Toujours le 7, Thomas Enhco au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Nicolas Charlier à la batterie se produisent à l’Hôtel Bel-Ami (de 19H3à à 22h30). On se déplacera pour ce jeune pianiste prometteur qui impressionne par sa musicalité et séduit par le choix de ses notes. 

 

-Le 11, le trompettiste Christian Scott revient au New Morning avec Matthew Stevens (guitare), Milton Fletcher, Jr. (piano), Kristopher Keith Funn (basse) et Jamire Williams (batterie), formation qui l’accompagne dans “Yesterday You Said Tomorrow“, son dernier disque, son meilleur. Vous en trouverez la chronique dans ce blog à la date du 13 février. - Toujours le 11 octobre, Fred Herschl’immense pianiste Fred Hersch se produit en solo au Sunside « pour ne pas laisser la maladie l’emporter sur la vie ». On peut difficilement se dédoubler, mais le pianiste donne un autre concert le 12 au même endroit et invitera le clarinettiste Nico Gori à partager avec lui quelques morceaux. En attendant, écoutez “Whirl“, son dernier album en trio sur Palmetto Records (Codaex), une merveille ! (Choc Jazz Magazine / Jazzman du mois de septembre)

 

-Le 14 à l’auditorium St. Germain (19h30), le pianiste Antoine Hervé reprend ses belles histoires, ses leçons de jazz qui donnent envie d’en écouter. Pour nous parler M. Benita & M. Miyazakide Clifford Brown, oncle Antoine vient avec Eric Le Lann, trompettiste qui possède une grande technique et connaît parfaitement le vocabulaire du bop. - Ne tardez pas après le concert car le contrebassiste Michel Benita présente le même soir son nouveau disque au studio de l’Ermitage, une suite de paysages qui font joliment rêver. Organisé autour de la joueuse de koto Mieko Miyazaki, ce travail onirique réunit Matthieu Michel à la trompette (et bugle), Eivind Aarset à la guitare et Philippe Garcia à la batterie. Mieko assure également les parties vocales. Dépaysement garanti ! - Le 14 encore, au théâtre Traversière, Eddie Gomez (contrebasse) et Cesarius Alvim (piano) célèbrent en duo la sortie de “Forever“ sur Plus Loin Music. On n’a pas entendu Cesarius depuis longtemps. Ce concert vous en donne l’occasion.

 

Virginie Teychené-L’édition 2008 du festival de jazz de Juan-les-Pins a contribué à sortir de l’ombre une grande chanteuse de jazz. Virginie Teychené obtint cette année-là le grand prix du jury et le prix du public des “Jazz à Juan Révélations“. Constitué de standards et de morceaux brésiliens, “I Feel So Good“ son dernier album confirme sa maîtrise vocale. Au Sunset le 16, elle posera avec émotion et justesse sa belle voix sur les chansons d’un répertoire éclectique. Avec elle sur scène, un solide quintette au sein duquel flamboie la trompette de François Chassagnite. –Le même soir au Sunside, Eric Le Lann rend hommage à Bill Evans disparu il y a trente ans. Avec Laurent de Wilde pour faire revivre Bill et son piano, délivrer une musique lyrique et sensible, accompagner la sonorité feutrée et envoûtante de sa trompette.

Marc & Drew

 

-Marc Copland au Sunside le 18. Il y était en mai dernier avec Doug Weiss que Drew Gress remplace à la contrebasse. Jochen Rueckert assurera à nouveau la batterie. Marc aime permuter batteur et bassiste. Lui aussi pour un soir met sa technique pianistique très personnelle au service du répertoire de Bill Evans. Un concert à ne pas manquer - Stéphane Belmondo (trompette), Kirk Lightsey (piano), Sylvain Romano (contrebasse) et Billy Hart également le 18 au New Morning. Kirk LightseyL’affiche est également tentante, car les musiciens de ce quartette constituent un véritable all stars. Avec Lightsey, le jazz s‘ancre dans la tradition du bop, du swing qui y est attaché. Grand amateur de rencontres, Stéphane Belmondo ne s’économise jamais sur scène. Bien au contraire, il va jusqu’au bout de lui-même et peut mettre le feu à la musique. – Monty Alexander est attendu au Duc des Lombards les 18 et 19, en solo. Le pianiste joue un bop coloré par les rythmes des îles et ne néglige jamais le swing.

 

Mulgrew Miller-“Sunset Hors les murs“ au théâtre du Châtelet le 20 pour Mulgrew Miller qui joue un magnifique piano en voie de disparition. Ses harmonies préservent les qualités intrinsèques du jazz : le swing et le blues omniprésents dans sa musique, dans un jeu pianistique qui recueille l’héritage de toute l’histoire du piano jazz. On y entend le raffinement harmonique d’Art Tatum, l’élégance mélodique de Teddy Wilson, les attaques fiévreuses d’Oscar Peterson. Miller connaît le bop sur le bout des ongles. Bud Powell qu’il admire se penche aussi sur son piano pour lui inspirer quelques lignes sinueuses et folles à des vitesses déraisonnables. Mulgrew joue aussi le 21 au Sunside. Ce sont ses premiers concerts parisiens en solo. Les manquer serait impardonnable.

 

-Du 23 au 26, le guitariste Kurt Rosenwinkel occupe le Sunset en trio avec Eric Revis à la contrebasse et Ted Poor à la batterie. Il a beaucoup joué avec Ben Street et Jeff Ballard et fait sonner sa guitare de manière très acoustique. Loin d’exhiber sa virtuosité, Rosinwinkel préfère innover sur le plan harmonique, assurer la relève de Jim Hall, Pat Metheny, John Scofield, Bill Frisell qui, Wayne Shorternaguère, lui ont ouvert les portes du jazz.

 

-Le 26, Wayne Shorter sera sur la scène du Théâtre du Châtelet avec son quartette habituel : Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse et Brian Blade à la batterie. D’excellents musiciens pour des improvisations sans filets, une constante prise de risques. Ça passe ou ça casse selon les soirs. L’auditeur aussi prend un risque. Souhaitons lui d’y trouver son compte.

 

Bill Carrothers-Bill Carrothers au Duc des Lombards le 27 avec Nic Thys à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie. Le pianiste se produit fréquemment dans des orchestres à géométrie variables. On attend son enregistrement du Vanguard avec le même trio sur Pirouet. Bill prépare aussi un disque en solo pour la série "Jazz and the City" (un pianiste, une ville) d’Out Note Records, le label dont Jean-Jacques Pussiau est directeur artistique. Bill Carrothers surprend toujours par la qualité artistique de ses projets inattendus, son approche très originale et personnelle des standards qu’il reprend. Ne manquez surtout pas son piano inspiré.

Anne Ducros

-Superbement arrangé par Ivan Jullien, “Ella my Dear“, le dernier disque d’Anne Ducros est formidable. On ira applaudir la chanteuse à la Cigale le 28 entourée du « Coups de Vents » Wind Orchestra (quarante-cinq musiciens) et de sa section rythmique. Anne rend hommage à la grande Ella Fitzgerald et dans son répertoire fait mieux que convaincre, enchante. - Jacky Terrasson occupe le Sunside quatre soirs de suite, du 28 au 31 octobre. On ne présente plus ce géant du clavier que tout le monde réclame. Il donne de formidables concerts et dispose depuis peu d’un nouveau batteur, Terreon Gully, dont on dit merveilles. A la contrebasse, l’excellent Ben Williams. Bref, un trio explosif attendu avec impatience.

Elise C

 

-Elise Caron au Sunset le 31 avec le piano shadokien de Denis Chouillet et la basse ronronnante de Sylvain Daniel pour accompagner sa jolie voix et ses chansons douces et espiègles. Michel Contat est fan. Moi aussi. Victorieuse aux dernières Victoires du Jazz (catégorie artiste vocale), Elise se produira également le 27 novembre à la maison de Radio France (Studio Charles Trenet) avec l’ensemble Archimusic de Jean-Rémy Guédon et le MegaOctet d’Andy Emler. Au programme : “Présences d’esprits“ une création mondiale qu'il ne faudra pas manquer.          

Jazz en Tête,affiche
-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

-Salle Gaveau : www.jazzagaveau.com

-Hôtel Bel-Ami : www.hotel-bel-ami.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Théâtre Traversière : www.traversiere.net

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-La Cigale : www.lacigale.fr

 

PHOTOS : Mulgrew Miller (noir & blanc) © Philippe Etheldrède - Fred Hersch, Marc Copland & Drew Gress, Kirk Lightsey, Mulgrew Miller (couleurs), Bill Carrothers, Anne Ducros, Elise Caron © Pierre de Chocqueuse - Michel Benita & Mieko Miyazaki © Patrick Burban - Virginie Teychené © Yann Charles - Wayne Shorter © Verve / Universal Records - Tineke Postma, Yaron Herman Photos X/DR. 

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 09:15

Charlap - Rosnes, coverLes amateurs de piano auraient tort d’ignorer cette belle rencontre. Les associations qu’offre l’instrument ne sont pas légions dans le jazz. On se souvient des rencontres Herbie Hancock - Chick Corea dans les années 70. Ce dernier a récemment enregistré en duo avec la jeune pianiste japonaise Hiromi. Dans “Duet“ (2008), nos deux virtuoses font sonner leurs pianos comme des cathédrales et provoquent le tournis par leurs myriades de notes. “Double Portrait“ est loin de proposer la même esthétique. Entre Bill Charlap et Renee Rosnes, point de haute voltige, de poursuites impitoyables. S’ils s’amusent à reprendre Never Will I Marry de Frank Loesser, Bill et Renée sont mari et femme depuis 2007. Ce disque est le premier qu’ils partagent et ni l’un ni l’autre n’éprouvent le besoin d’engager un duel pianistique pour montrer leur savoir-faire. Sa musique reflète leur parfaite entente, le respect et la tendresse qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Point de compétition ici, mais quatre mains s’entrecroisent, s’unissent pour créer non sans malice la plus belle musique possible. Le vertige est provoqué par une palette harmonique élargie à 176 notes. Ana Maria de Wayne Shorter, Little Glory de Gerry Mulligan, Double Rainbow (Chovendo Na Roseira) d’Antonio Carlos Jobim s’en trouvent subtilement embellis. Simple échauffement de doigts, Chorinho (petit pleur en portugais) ouvre l’album et fait pleurer une joyeuse pluie de notes. Le second piano assure la cadence, apporte les basses, structure la musique par le rythme. Dans The Saros Cycle, une composition de Renee, mais aussi dans Double Rainbow et Ana Maria, les deux pianistes font entendre une même voix mélodique. Les thèmes se parent de magnifiques couleurs, les échanges se font délicats. Les mains embellissent, peaufinent, ajoutent des graves, cisèlent des phrases chantantes. Nos deux complices ne font qu’un et l’on a bien du mal à distinguer leur propre jeu de piano dans cet entrelacs d’harmonies poétiques qui ne se bousculent jamais, mais se complètent, la clarté de l’expression passant ici au premier plan. A une tendre et romantique version de My Man’s Gone Now (George Gershwin), succède pourtant un Dancing in the Dark (Arthur Schwartz) enlevé et trempé dans le blues. Inner Urge de Joe Henderson bénéficie également d’une interprétation musclée. Le couple ne manque pas de tonus, mais Bill et Renee font surtout parler leur cœur. Ne boudez pas leurs ébats pianistiques. Magnifique peinture de Marc Chagall (Au-Dessus de la ville) sur la pochette.   

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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 13:16

Jury TrophéesLe jury des Trophées du Sunside 2010. De gauche à droite : Alain Fayaud (Jazz en Ligne), Mohamed Gastli (Bee Jazz), Agnès Minetto (Sunset / Sunside), Stéphane Portet (Direction Sunset / Sunside), Edouard Ferlet (pianiste), Stéphane Kochoyan (Direction artistique des festivals d’Orléans, Nîmes et Barcelonette). Ne figurent pas sur la photo : Axel Matignon (attaché de presse) et votre serviteur qui la prend.   

 

-Difficile cette année pour les membres du jury des Trophées du Sunside dont je faisais partie de nous mettre d’accord. Le bon niveau de la compétition ne facilitait pas les choses, mais surtout les musiques très différentes que nous entendîmes Agathenous compliqua la tâche. En effet comment choisir entre une chanteuse proche du fado (Sofia Ribeiro), le funk-rock de Dad Quartet et le jazz onirique et intimiste de Walabix ? Sortir un palmarès cohérent nécessita plusieurs heures de débats passionnés. Je vous ai précédemment commenté la première soirée. La seconde révéla Agathe, une chanteuse prometteuse et émouvante dans un répertoire de standards. Dans The Man I Love, son pianiste remplaçant lui offrit un magnifique bouquet de notes. Donner le prix de soliste à ce dernier n’était pas envisageable, Paul Lay n’étant plus un espoir mais un pianiste confirmé. Malgré le trac, Fiona Monbet assura une bonne prestation. La jeune violoniste swingue avec beaucoup d’aisance et improvise habilement. Aucun des trois groupes qui se produisit le troisième soir ne fit l’unanimité. Malgré un certain académisme musical, j’avoue avoir été séduit par le Pierre HH Sextet. Certaines compositions baillent un peu aux entournures, comme pensées pour l’heure de la sieste et j’aime ça. Le groupe dispose de bons solistes et fait entendre un excellent trombone, Bastien Ballaz, qui connaît son affaire. Le jury n’eut guère de mal à repérer Anthony Jambon le guitariste de Nemesis, formation aux arrangements soignés et dernier groupe de la compétition à se produire. Il fallait débattre. Nous l’avons fait, parvenant à établir le palmarès de la neuvième édition Fiona Monbetde ces Trophées. Je vous le communique :

-1er prix de groupe : Fiona Monbet Quartet

-2ème prix de groupe : Agathe Quartet

-1er prix de soliste : Gabriel Lemaire (saxophone alto de Walabix)

-2ème prix de soliste : Anthony Jambon (guitariste de Nemesis)

-Mention spéciale du jury : Walabix et Nemesis   

 

-Dans la newsletter de septembre de Grands Formats (fédération d’orchestres créée en 2003 qui a pour objectif de favoriser le développement des grandes formations de jazz), Patrice Caratini nous apprend la dissolution du Vienna Art Orchestra fondé en 1977 parMathias Rüegg. Une belle aventure s’achève.

S. Rollins Birthday Concert

 

-Le saxophoniste Sonny Rollins a fêté son quatre-vingtième anniversaire (avec trois jours de retard) le 10 septembre sur la scène du Beacon Theater de New York. Avec lui quelques amis parmi lesquels Ornette Coleman et Roy Haynes, rien que des très jeunes pour célébrer l’événement. Rollins (à droite sur la photo, vous ne rêvez pas, c’est bien lui) en a profité pour exhiber une nouvelle coiffure pour le moins au poil.   

 

Trio G. pansanel, couleurs-Neuvième album du guitariste montpelliérain Gérard Pansanel, “Future Early Years“ (Nord Sud / Codaex) réunit Arild Andersen à la contrebasse et Patrice Héral à la batterie. La guitare chantante de Gérard sert des compositions lyriques et ensoleillées. Le contrebassiste norvégien développe un jeu mélodique sans cesse inventif et donne du poids à la musique. Avec Arild et Patrice, Gérard fête la sortie de son disque au Jam de Montpellier le 30 septembre dans le cadre de la quinzième édition du festival des Internationales de la Guitare. A cette occasion, le guitariste Louis Winsberg se joindra au trio.

 

-Le 5e Concours de piano-jazz Martial Solal se déroulera à Paris du 16 au 24 octobre. Les deux premières épreuves (les 16, 17 et 18 octobre pour la première ; les Solal-Moutin20 et 21 octobre pour la seconde) se tiendront au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris, 14 rue de Madrid, 75008 Paris. L’épreuve finale (23 octobre), la remise des prix et le concert des lauréats (24 octobre à 17h) auront lieu à l’Alhambra, 21 rue Yves Toudic 75010 Paris. La soirée sera enregistrée par France Musique et diffusée le 30 octobre à 23h. Martial Solal présidera un jury constitué de Franco d’Andrea, Claude Carrière, Jean-Louis Chautemps, Ronnie Lynn Patterson, Xavier Prévost, Hervé Sellin, Emil Spányi et Mario Stantchev. 56 candidats seront en compétition. Après  Aydin Esen en 1989, Antonio Faraò en 1998, Baptiste Trotignon en 2002 et Daniel Szabó en 2006, qui remportera cette année le Grand Prix de la Ville de Paris doté de 10.000 euros ou le deuxième prix, 7000 euros offerts par la Fondation BNP Paribas ? Réponse le dimanche 24 octobre. Renseignements : www.civp.com

Pavillon Chaptal

-Le célèbre pavillon du 14 rue Chaptal (ancien siège du Hot Club de France, de Jazz Hot et des premières années de Rock & Folk) libre à la location. J’en recopie l’annonce : « Rue Chaptal (métro St. Georges), pavillon sur jardin sur 4 niveaux de 30 m2 chacun (dont cave aménagée en petit club Saint Germain des Prés). Dernière activité : show-room guitares Gibson (ancien jazz hot club historique). Loyer 3.740 euros/mois. Possibilité nouveau bail 3/6/9. Conviendrait pour siège société ou show-room. Insonorisé. Système d’alarme. Cession bail : 110.000 euros, à débattre. 01 42 80 46 62. »

 

-Le Festival l’Agglo au rythme du Jazz se déroulera cette année du 1 au 24 octobre dans 14 communes de Nîmes Métropole. Les têtes d’affiche sont nombreuses avec C.-CoreacLynne-Goldsmith.jpgle trio Celea/ Couturier/Humair (à Caveirac le 1), le Laurent Mignard Duke Orchestra (à St. Gervasy le 7), Eddie Gomez et Cesarius Alvim (à Rodilhan le 15), Chick Corea en solo (à Nîmes le 18), le trio de John Scofield avec Steve Swallow et Bill Stewart (à Aubarne - Ste. Anastasie le 19), Dino Saluzzi/Anja Lechner duo (à Lédenon le 21), Roberta Gambarini  (à Sernhac le 22), le Roy Hargrove Quintet (à Milhaud le 23). On ne manquera pas non plus les seconds couteaux qui peuvent se montrer aussi bons que les vedettes, les pianistes Perrine Mansuy et Laurent Coulondre, le saxophoniste Jean-Charles Agou, le batteur Michel Bachevalier, Cossi Anatz, formation qui réunit le trompettiste Michel Marre et le saxophoniste Jean-Marc Padovani, Dale Chico le nouveau groupe très attendu du guitariste Philippe Gaillot avec Claude Bey à la trompette et au bugle et Gérard Couderc aux saxophones. Renseignements : www.nimes-agglo-jazz.fr

 

-Après les disparitions cet été du photographe Herman Leonard et de la chanteuse Abbey Lincoln (tous deux décédés le 14 août), on apprend tardivement que le trompettiste Harry Beckett nous a quitté le 22 juillet. Né en 1935, cette Buddy Collette, coverimportante figure du jazz britannique s’illustra dans de nombreux orchestres. Le John Surman Octet, Nucleus, le Brotherwood of Breath, le Stan Tracey Big Band, le Ronnie Scott Quintet, le London Jazz Composers Orchestra du contrebassiste Barry Guy l’accueillirent notamment dans leurs rangs. Autre décès survenu à Los Angeles le dimanche 19 septembre, celui du saxophoniste (alto et ténor), flûtiste et clarinettiste Buddy Collette, quatre-vingt-neuf ans, qui s’illustra dans l’histoire du jazz West Coast notamment auprès du batteur Chico Hamilton. Musicien de studio demandé, compositeur de nombreuses musiques Jazzafip Natode film, Colette fut également un enseignant réputé.  

 

-Depuis le 16 septembre, le Club Jazzàfip propose des émissions en direct du Sunside. Après André Ceccarelli et David Linx, Fip fêtera les 30 ans du label Nato avec son directeur, Jean Rochard le mercredi 29 septembre. Laurence Figoni et Patrick Derlon animeront l’émission de 19h à 20h30. Renseignements : www.fipradio.com

 

Latinidades©Delacroix-Patrice Caratini et son Jazz Ensemble (douze musiciens) se produiront le premier lundi de chaque mois à partir du 4 octobre au Petit Journal Montparnasse. Le 4 octobre et le 6 décembre, Patrice interprétera les musiques de son disque afro-cubain “Latinidad“. Le 8 novembre, la biguine sera à l’honneur avec le programme: “Chofé Biguine LA“ associant le trio du pianiste Alain Jean-Marieaux musiciens du Jazz Ensemble. Patrice Caratini se produit également tous les samedis en trio à 19h à partir du 11 septembre à L’instinct Théâtre, 18 rue du Beaujolais 75001 Paris. Au programme : la chanson française, la comédie musicale américaine, Cole Porter, Kurt Weil, Fats Waller. On se rendra sur place pour en goûter l’éclectisme. Avec Hildegarde Wanzlawe (chant) et Rémi Sciuto (saxophone).

The Book

 

-Après un premier ouvrage consacré à Michel Petrucciani, les éditions Henry-Lemoine publient Kenny Barron The Book, relevés et analyses par Armand Reynaud et Jérémy Brun. Outre une analyse détaillée du jeu du pianiste américain (de son jeu de main gauche notamment), le livre contient une quarantaine de relevés de solos couvrant l’ensemble de sa carrière. Une discographie et une biographie le complètent. www.henry-lemoine.com

 

de Wilde-Un portrait de Thelonious Monk par Laurent de Wilde sur Arte le mardi 26 octobre. L’émission s’intitule Die Nacht / La nuit. D’une durée de 52 minutes, elle se présente comme « un moment de télévision la nuit, le dernier mardi de chaque mois autour de minuit. » Monk, Laurent lui a consacré un livre que l’amateur de jazz n’est pas prêt d’oublier. Pendant l’émission, il en lit des passages, puis explique au piano. Au cours de cette leçon de musique, l’auteur se dévoile, nous devient familier. De Wilde éclaire Monk qui éclaire De Wilde. On tâchera de ne pas manquer ce double portrait musical.

 

-Le disque s’intitule “ Music Boox“. Le jazz y rencontre des livres, s’inspire de quelques grands textes de la littérature mondiale, “Le Maître et Marguerite“ de S. Lovato Music BooxMikhaïl Boulgakov, “Don Quichotte“ de Miguel de Cervantès, “L’Intrus“ de William Faulkner, “Dalva“ de Jim Harrison. Un livret de seize pages en présente quelques extraits. La maquette est de Philippe Ghielmetti (Illusions) qui m’a encouragé à écouter cet album, recueil de compositions du pianiste Sébastien Lovato, un ancien du CIM, mais aussi un élève du regretté Michel Graillier. La jeune et talentueuse Alexandra Grimal dont j’ai récemment salué l’excellence de son “Seminare Vento“  dans ce blog, assure avec bonheur les saxophones. Marc Buronfosse à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie apportent une assise rythmique très musicale aux compositions attachantes de Lovato. Ce dernier mêle piano acoustique et Fender Rhodes, donne à ses mélodies de jolies couleurs, l’élégance de ses lignes mélodiques allant chez lui de pair avec une virtuosité bien tempérée. L’album est en vente à la FNAC Montparnasse. On peut également se le procurer en envoyant un mail à Sébastien Lovato : seblovato@aol.com Le quartette a donné un concert épatant au Sunset le 22 septembre. Il mérite attention.

René Urtreger

-Chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur depuis le 6 mai dernier, le pianiste René Urtreger possède un site sur le net www.rene-urtreger.fr Il est bon de s’y attarder.

 

-La 19ème cérémonie de remise des Django d’Or, cette année sur le thème Jazz & Cinéma, se déroulera le samedi 27 novembre au Théâtre Marigny (Carré Marigny, 75008 Paris).

 

PHOTOS : Jury des Trophées du Sunside, Agathe, Fiona Monbet, René Urtreger © Pierre de Chocqueuse – Chick Corea © Lynne Goldsmith – Patrice Caratini Jazz Ensemble © Delacroix

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 09:36

Chucho Valdés, coverDisque de jazz afro-cubain aux arrangements diversifiés et soignés, “Chucho’s Steps“ est plus proche de “New Conceptions“, un enregistrement Blue Note de 2002 dont les morceaux sont confiés à un quartette auquel s’ajoutent quelques invités, que des autres albums latins de Chucho Valdés. Plus nombreux, les musiciens de ce nouveau disque s’expriment dans des formations à géométrie variable. S’ils ne sont que quatre dans New Orleans, une pièce dédiée à la famille Marsalis qui s’achève comme elle se doit par une improvisation collective, Yansá s’organise autour d’un nonette, fait entendre un chœur et des tambours batás. Les autres morceaux ont presque tous été écrits pour un sextette qui affiche une belle énergie. Trompette et saxophone mêlent leurs voix pour introduire le thème acrobatique de Las dos Caras qui ouvre l’album. Au long et éblouissant chorus de Chucho succède un autre rythme, celui d’une guaguancó, une rumba lente propre aux provinces de La Havane et de Matanzas. Danzón qui met en valeur le saxophone ténor très chantant de Carlos Miyares Hernández donne pareillement l’impression de contenir deux morceaux. Là encore, le rythme change, se transforme progressivement en cha-cha-cha pour accompagner le piano virtuose de Valdés, la technique éblouissante de ce dernier confinant au vertige. On l’aura compris, cet album s’articule autour du rythme. Les métriques inhabituelles et irrégulières y abondent. Le pianiste ne révolutionne pas la musique afro-cubaine, mais apporte une grande fluidité rythmique à ses compositions sophistiquées et souvent complexes. Démarquage habile du Birdland de Joe Zawinul, Zawinul’s Mambo nécessite une parfaite interaction de tous les musiciens. De même queBegin to Bee Good, réunion inattendue de Begin the Beguine de Cole Porter et Lady Bee Good de George Gershwin. Si Julian, un morceau lyrique et proche du blues (il porte le nom du plus jeune fils de Chucho), possède une structure harmonique assez simple, Chucho’s Steps, réponse ambitieuse du pianiste au Giant Steps de John Coltrane demande une réelle maîtrise technique. Difficile à mettre en place, elle offre de nombreuses opportunités aux solistes (je n’ai pas encore cité l’excellent Reynaldo Melián Alvarez à la trompette), et permet aux tambours (tumbadoras et pailas précise Leonardo Acosta, l’auteur des passionnantes notes de pochette) de longuement s’exprimer. 

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