4 juin 2009
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Avec le coup d’envoi du Paris Jazz Festival le 6 juin, le jazz quitte St
Germain pour les pelouses du Parc Floral de Vincennes et reste toujours dans les prés. Cette nouvelle édition du PJF accorde cette année une large place aux musiciens européens. Seize journées (les
samedis et dimanches), trente-trois concerts et autant de voyages organisés selon une thématique précise constituent un programme alléchant. La France, la Belgique, l’Italie, l’Autriche, mais aussi
l’Afrique, le jazz manouche et le blues feront ainsi entendre leurs spécificités culturelles jusqu’au dimanche 26 juillet. Les concerts du Parc Floral débutent à 13h30. On profite donc du soleil,
de la belle lumière des après-midi de juin. Mais le jazz ne s’écoute pas que le week-end. Promenez-vous rue des Lombards. Prenez un verre à la terrasse du Sunside que fréquentent des musiciens
célèbres. Toute la semaine, la capitale résonne de notes bleues. Prenez le temps de les découvrir.
-Samedi 6 juin : la Belgique est à l’honneur au Parc Floral avec le trio du pianiste Diederick Wissels, le quartette du saxophoniste Robin Verheyen (avec Bill
Carrothers au piano) et le Brussels Jazz Orchestra dirigé par Maria Schneider à 16 heures 30. Un endroit approprié pour une musicienne qui faillit devenir ornithologue. - Toujours
le 6, mais en soirée, Dave Liebman, Jean-Paul Celea, Daniel Humair et Jean-Charles Richard investissent le Sunside. On a entendu les trois premiers il y a quelques mois
dans ce même club avec Bobo Stenson. La formation perd un pianiste, mais y gagne un second saxophoniste et avec lui d’autres timbres et une plus grande liberté harmonique.
-Un trio singulier le 8 au New Morning : Louis Sclavis aux saxophones et clarinettes, Zool Fleischer au piano et André Ceccarelli à la batterie. Belle occasion d’écouter
Zool, merveilleux pianiste qui se fait trop discret.
-Le 9 à l’Alhambra, Pierrick
Pedron jouera son nouvel album “Omry“. Le saxophoniste nous promet un véritable spectacle et en a confié la mise en scène au vidéaste Jacques Ollivier.
-Enrico Pieranunzi, Darryl Hall et André Ceccarelli au Duc des Lombards le 10. Le trio devient un quartette le 11, David El Malek rejoignant l’éminent pianiste transalpin dont j’ai dit tout le bien que je pensais de
son dernier album dans Jazzman. - Le 11 encore, le Laurent Mignard Duke Orchestra célèbre le répertoire incontournable d’Edward Kennedy à l’Entrepôt (7/9 rue Francis de Pressensé, 75014 Paris).
-Le 12, Alexandre Saada reprend au Duc le programme coloré de son “Panic Circus“. - Le même soir, Oxyd, groupe vainqueur de la 7e édition des Trophées du Sunside en
septembre dernier retrouve le lieu de ses exploits à l’occasion de la sortie de “Onze heures onze“, son premier album. Outre des riffs incandescents de trompette et de saxophone, Oxyd
possède un formidable pianiste, Alexandre Herer, qui éblouit au
Fender Rhodes.
-Ricky Ford et Kirk Lightsey au Duc des Lombards le 13. Leur duo saxophone piano peut se révéler passionnant.
-L’explosive Marjolaine Reymond est attendue impatiemment au Sunside le 14. Comme à son habitude, la chanteuse y fait déjà le siège. Avec elle David
Patrois au vibraphone, Antoine Simoni à la contrebasse et Yann Joussein à la batterie. Une voix et une musique différente à écouter sans modération.
-Les 15 et 16 juin, le Sunside accueille le quintette de
Jeremy Pelt. Le trompettiste était au Duc le 12 mars dernier avec Violet Hour, le sextette du batteur Gerald Cleaver et fit forte impression. A voir ou à revoir.
-Une autre sorte de bleu, c’est ce que proposent Médéric Collignon et son Jus de Bocse qui invitent au Duc des Lombards Pierrick Pedron le
16 et Géraldine Laurent le 17 à une relecture de “Kind of Blue“, album de Miles Davis dont on fête cette année le cinquantième anniversaire de l’enregistrement.
-Ne manquez pas le trio de Thomas Savy au Sunset le 18 (concert à 22 heures). Stéphane Kerecki à la contrebasse et Fabrice Moreau à la batterie accompagnent ce poids
lourd de la clarinette basse. - Le même soir, Jean-Michel Proust qui assure la programmation du Duc, sort ses saxophones de leurs étuis pour nous jouer – une fois n’est pas
coutume – quelques titres de “Until it’s Time for You to Go “ (Cristal), son nouvel album enregistré avec d’excellents musiciens. - Toujours le 18, mais aussi le19, André Manoukian
occupe le Sunside avec Christophe Wallemme à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie. Il fait partie du jury de la Nouvelle Star, mais est aussi un pianiste sincère qui mérite
attention.
-L’Italie à la fête au Parc
Floral le 20 avec le groupe du tromboniste Gianluca Petrella (Indigo 4), Musica Nuda, Antonello Salis et Fabrizio Bosso. On ne manquera pas à 16 heures 30 la
pianiste Rita Marcotulli (avec Andy Sheppard, Giovanni Tommaso et Michele Rabbia) dans un hommage à Pink Floyd. - Le même jour, Benoît Delbecq donne
un de ses trop rares concerts à la Dynamo de Banlieues Bleues (9, rue Gabrielle Josserand, Pantin à 20 heures 30. L’accès est facile en métro). Avec Jean-Jacques Avenel à la contrebasse et
Emile Biayenda à la batterie. - Toujours le 20 mais au Sunside (avec prolongation le 21), Aldo Romano invite son vieux complice Henri Texier et la chanteuse et
comédienne Elise Caron à fêter Boris Vian.
-La voix chaude et puissante
d’Anne Ducros charmera trois soirs (22, 23 et 24 juin) le public du Sunside. Avec elle Alfio Origlio au piano, Bruno Cox à la batterie et un géant de la contrebasse, Essiet
Essiet.
-Le 25 à 19 heures 30, à l’auditorium St Germain, Antoine Hervé donne une leçon de jazz consacrée à Herbie Hancock en compagnie des frères Moutin .
-Le 26 à l’Archipel (17 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris), le pianiste Alexis Tcholakian présente sa musique en solo, duo et trio en compagnie de Claude Mouton à la
contrebasse et de Thierry Tardieu à la batterie. - “Eight fragments of Summer“, album de Laurent Coq encensé par de nombreux critiques sera au programme des concerts que le
pianiste donne les 26 et 27 au Sunside. Olivier Zanot au saxophone alto, Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie auront mission de servir sa musique
exigeante.
-Le guitariste Larry Carlton est attendu en trio au New Morning le 30. - Le même soir, mais aussi le 1er juillet, le pianiste Marc Copland retrouve le Sunside pour une
série de duos avec le saxophoniste Greg Osby. - Enfin les amateurs de jazz moderne se rendront Salle Pleyel pour suivre la rencontre du MegaOctet d’Andy Emler avec les
Percussions de Strasbourg. Joachim Kühn, Miroslav Vitous et Daniel Humair en trio complètent le programme.
Paris Jazz Festival : http://www.parisjazzfestival2009.net
Sunset – Sunside : http://www.sunset-sunside.com/
New Morning : http://www.newmorning.com/
Théâtre de l’Alhambra : http://www.alhambra-paris.com/
Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com/
L’Entrepôt : http://www.lentrepot.fr/
La Dynamo de Banlieues Bleues: http://www.banlieuesbleues.org/
Auditorim St Germain (Maison des Pratiques Artistiques Amateurs) : http://www.mpaa.fr/Calendrier
L’Archipel : http://www.larchipel.net/
Salle Pleyel : http://www.sallepleyel.fr/
Quelques bons disques attendus en juin
-EMI fait paraître début juin un inédit de Freddie Hubbard, “Without a Song : Live in Europe 1969“, enregistré lors de tournées en Angleterre et en
Allemagne. Le pianiste Roland Hanna, le contrebassiste Ron Carter et le batteur Louis Hayes accompagnent le trompettiste alors au meilleur de sa forme.
-Naïve distribue un enregistrement live de Denny Zeitlin publié sur le label Sunnyside. Enregistré en trio entre 2001 et 2006 (Buster Williams tient la contrebasse et Matt
Wilson la batterie), “In Concert“ compte parmi les meilleurs disques du pianiste.
-Universal annonce la sortie le 8 du nouveau disque Caetano Veloso “Zii e Zie“, du rock brésilien dans la veine de “Cê“, mais beaucoup plus soigné au niveau du son.
-Le 15, parution sur Concord d’un album live de Gary Burton enregistré au Yoshi’s Jazz Club d’Oakland. Pat Metheny, Steve Swallow et Antonio Sanchez secondent le
vibraphoniste.
-Il vous faudra patienter jusqu’au 29 pour découvrir les
nouveaux albums de John Surman et de Steve Kuhn. Dans “Brewster’s Rooster“, Surman retrouve le batteur Jack DeJohnette et s’associe au guitariste John Abercrombie
et au contrebassiste Drew Gress. Egalement enregistré en quartette, “Mostly Coltrane“ de Steve Kuhn est un des grands disques de l’année. Avec Joe Lovano au saxophone ténor,
David Finck à la contrebasse et Joey Baron à la batterie, le pianiste rend un magnifique hommage à John Coltrane. Lovano s’y montre intensément lyrique et Kuhn nous offre une
fabuleuse nouvelle version en solo de Trance, une de ses anciennes compositions. Vous en lirez une chronique détaillée dans le numéro de juillet/août de Jazzman.
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Edito tout beau
2 juin 2009
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Né à Bordeaux, diplômé du fameux Berklee College of Music de Boston, Vincent Bourgeyx fit ses armes au sein des quartettes du tromboniste Al
Grey et de la saxophoniste Jane Ira Bloom tout en travaillant avec de nombreux jazzmen. Revenu en France en 2001, il obtint un prix de soliste au Concours de Jazz de la
Défense en 2003, et depuis se produit souvent avec des musiciens hexagonaux. Enregistré à Barcelone, “Again“, son troisième album après “Introduction“ (Utica) et “Un ange qui ricane“ (Cristal
Records), témoigne du savoir faire d’un pianiste amoureux de la mélodie. Avec le batteur Bobby Durham décédé en 2008, Vincent Bourgeyx a naguère joué un jazz
inspiré par Oscar Peterson et sa musique ancrée dans le blues (Come Sunday, The Good Life) en conserve la trace. Les leçons de piano classique prises avec
Françoise Hougues, une élève d’Yves Nat, lorsqu’il était jeune, lui permettent aujourd’hui d’adapter très habilement Gabriel Fauré (Après un
rêve) et Frédéric Chopin. Joué en 7/4, l’Etude en mi-majeur de ce dernier reste une de ses mélodies préférées. S’il cède ainsi à une certaine tentation romantique, il ne
rend pas sa musique paresseuse pour autant. La remarquable section rythmique qui l’accompagne n’oublie même jamais de la muscler. La contrebasse de Matt Penman, musicien avec
lequel il a enregistré son premier disque en 2002, instaure des conversations incessantes avec son piano. Vincent a souvent joué à New York avec le batteur Ari Hoenig qui lui
fournit un accompagnement aussi varié qu’efficace. Si les nombreux standards qu’il reprend attestent son éclectisme - Once Upon a Summertime (La valse des lilas) côtoit
Giant Steps de John Coltrane – ses compositions personnelles, et particulièrement Alice, sont loin d’êtres négligeables. Précédemment enregistrée, cette
suite en quatre parties nous offre un condensé des qualités de ce troisième opus : interaction parfaite des protagonistes, riche background harmonique d’un pianiste dont les
improvisations mélodiques et chantantes s‘accompagnent d’une abondance de notes, d’un jeu orchestral offrant beaucoup de dynamique à l’instrument. Cette réussite mérite sa place dans toute bonne
discothèque.
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Chroniques de disques
29 mai 2009
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MARDI 19 mai
Je délaisse le Festival de Jazz de Saint-Germain pour le New Morning. Stéphane Kerecki et son trio s’y produisent avec Tony Malaby, nous régalent
d’improvisations aussi lyriques que musclées. Le groupe joue de nombreuses ballades, peaufine de délicates miniatures, mais aussi des morceaux fiévreux et intenses. J’ai récemment écrit tout le
bien que je pensais de leur album chroniqué dans ce blogdechoc le 19 mai, le matin même de ce concert éblouissant. La formation interpréta une bonne partie d’“Houria“ édité par Zig-Zag Territoires,
petit label qui soigne ses productions et s’occupe de ses artistes. S’appuyant sur les thèmes limpides de ce nouvel opus, elle construit et développe un langage d’une grande poésie sonore. La photo
du bas présente le groupe au complet. Tony Malaby, à gauche, vocalise au soprano. Thomas Grimmonprez est saisi en pleine action. Ses solos mélodiques et rythmiques témoignent de
l’originalité de la toile percussive qu’il parvient habilement à tisser. Tout en assurant un tempo solide, Stéphane Kerecki module des phrases lyriques à la contrebasse. Quant à Matthieu
Donarier, il semble souffler quelques notes gargantuesques dont il a le secret. Les deux autres photos se passent de commentaire. La puissance, l’engagement physique s’y expriment. Le jazz
s’écoute, mais se regarde aussi. N’est-il pas beau à voir ?
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Vu et Entendu
26 mai 2009
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VENDREDI 15 mai
Un bonheur ces « nuits du piano jazz » qu’organise l’Esprit Jazz dans l’église de Saint-Germain-des-Prés. L’écho gigantesque de l’édifice pose problème, mais les pianistes qui s’y
sont succédé en solo les années précédentes - Jacky Terrasson en 2005, Brad Mehldau en 2006, Martial Solal en 2007 et Yaron Herman l’an dernier - sont tous parvenu à le
résoudre, adaptant leur jeu à l’acoustique du lieu, nous laissant en mémoire des concerts fantastiques. On attendait beaucoup de la prestation de Kenny Barron, « musicien pour musicien » et
légende vivante du piano jazz, styliste du bop attaché au swing et à la tradition. Hélas, le pianiste mit beaucoup de temps à atténuer une résonance qui modifiait la sonorité de ses notes, les
rendait partiellement inaudibles, certains auditeurs mieux placés percevant plus clairement que d’autres sa musique. Barron s’est-il rendu compte de ce problème sonore ? Imperturbable, il joua sans trop de foi
ni de feeling, presque mécaniquement, un piano aux harmonies brouillées par un son déficient. Essayant de développer un jeu en block chords pour améliorer la clarté de son instrument, il finit par
utiliser au minimum les pédales, à donner puissance et dynamique à son jeu. La vraie dimension du pianiste apparut alors. Nous l’avions entendu bâillonné. Nous découvrîmes un musicien raffiné, un
harmoniste capable d’un profond lyrisme. Trempant son instrument dans le soleil des îles, il fit danser les notes d’un joyeux calypso, se mit à faire danser ses notes, le blues offert en rappel
achevant de rassurer les fans de son piano.
LUNDI 18 mai
Enrico Rava à Sciences Po. Après un magnifique album new-yorkais publié en début d’année (“New York Days“, un disque ECM
chroniqué dans ce blog en février), le trompettiste retrouve Paris avec un nouveau quartette italien au sein duquel brille le jeune tromboniste Gianluca Petrella. Amoureux de la mélodie,
Rava laisse ses musiciens installer une tension qu’il apaise. La musique s’organise autour de la solide contrebasse de Piero Leveratto qui relie entre-eux les instruments de l’orchestre et constitue avec le batteur Fabrizio Sferra
une section rythmique souple et flottante à laquelle se joint parfois le pianiste Giovanni Guidi. Electron libre de la formation, ce dernier accompagne avec parcimonie, joue peu de notes
mais fascine par ses silences, son sens du placement, ses longs voicings élégamment rythmés. Il peut tout aussi bien installer un fiévreux ostinato rythmique pour soutenir une improvisation collective des vents que jouer de longues lignes dissonantes et
abstraites, inventer des harmonies inattendues. A cet univers pour le moins onirique et sensible, s’oppose celui de Petrella, tromboniste exubérant et expressif qui recherche l’échange, multiplie
les effets de growl et utilise sa sourdine pour souffler généreusement une grande diversité de sons. Associé à la trompette de Rava, le trombone de Petrella éblouit autrement, assure de
vigoureux contre-chants à une trompette davisienne qui exprime avec chaleur une musique intensément lyrique. Tous deux chantent de délicieuses petites musiques felliniennes, esquissent des pas de
danses villageoises, soufflent généreusement les couleurs éclatantes de mélodies diaprées qui conservent la chaleur du soleil transalpin.
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Vu et Entendu
21 mai 2009
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Ils sont trois.
Larry Grenadier et Jeff Ballard constituent l’actuelle section rythmique de Brad Mehldau et Mark Turner est un des rares
saxophonistes à avoir choisi Warne Marsh comme modèle. Tous ont beaucoup d’expérience comme accompagnateurs d’où une conception collective de leur trio. Chaque instrument est ici
une voix attentive qui entend, répond et réagit aux idées des deux autres. “Sky & Country“ comprend quatre morceaux de Turner, trois de Ballard et deux de Grenadier. Malgré leur complexité
harmonique et rythmique, ils génèrent des improvisations d’une rare fluidité. Mark Turner chante de longues phrases mélodiques au ténor, mais prend soin de laisser de la place
aux musiciens qui l’accompagnent. Ils écrivent ensemble une histoire et leurs instruments occupent l’espace sonore à parité égale. La contrebasse peut ainsi intervenir à tout moment pour
compléter le discours mélodique du saxophone ou, associée à la batterie, lui apporter un ample contrepoint rythmique. Mark Turner a véritablement un son. Il joue souvent dans
l’aigu du ténor de longues lignes chromatiquement complexes qu’il parvient parfaitement à faire respirer. Malgré son aspect quelque peu janséniste (Turner joue aussi du soprano, mais
l’instrumentation réduite de l’album en limite les couleurs), cette musique intimiste n’est pas difficile à appréhender. L’écouter attentivement révèle sa logique, sa fraîcheur d’inspiration, sa
modernité apaisante. Sous une froideur apparente se dissimule un grand lyrisme.
Fly occupera le Sunset du vendredi 22 au dimanche 24 mai (20h00 et 22h00 les deux premiers soirs. Concert unique à 21h00 le
dimanche).
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Chroniques de disques
19 mai 2009
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Ce disque, le troisième qu’il
publie sous son nom, Stéphane Kerecki l’a souhaité largement improvisé, « d’une grande diversité de climats avec des grooves simples et solides ». Les thèmes reposent sur peu de
notes, ne sont pas figés par des arrangements. La musique y gagne en spontanéité, se bâtit sur le fil d’une improvisation collective qui relègue au second plan l’écriture. Stéphane en est
l’architecte principal, mais si ses lignes de contrebasse guident la musique, les trois autres instruments lui donnent un poids rythmique et des couleurs harmoniques non négligeables. Aux
saxophones (ténor et soprano), Tony Malaby (canal gauche) et Matthieu Donarier (canal droit) se complètent, entrelacent avec bonheur leurs lignes mélodiques,
certaines suaves et douces, d’autres d’une force quasi tellurique. Malaby peut grogner et rugir - Palabre, Satellisé - , mais aussi chanter avec recueillement et lyrisme - A
l’air libre, Secret d’oreille ou Fable, seul morceau réellement arrangé de l’album qui enchaîne ainsi des paysages sonores très variés. Pièce abstraite au thème à peine
esquissé et ponctuée par un ostinato rythmique de contrebasse, Suite for Tony génère une conversation entre le ténor (Malaby) et le soprano (Donarier). Dans Macadam, une
contrebasse ronde et puissante égraine les notes d’une petite mélodie. Très présents, les tambours de Thomas Grimmonprez rythment sa danse joyeuse. Houria (un prénom
arabe qui signifie liberté) nous transporte de l’autre côté de la Méditerranée, sur cette terre d’Afrique où le sacré y est encore présent. Dans le recueillement du studio et à l’écoute de leurs
voix intérieures, les quatre hommes semblent avoir retrouvé les secrets d’une musique instinctive et primitive dans laquelle la technique passe derrière l’expression d’un langage incantatoire
intensément spirituel. Composé par Olivier Messiaen, l’envoûtant ô Sacrum Convivium, s’en fait étonnamment l’écho.
Pour fêter la sortie de leur album,
Stéphane Kerecki, Tony Malaby, Matthieu Donarier et Thomas Grimmonprez donnent un concert au New Morning ce soir,
mardi 19 mai, à 21h00.
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Chroniques de disques
15 mai 2009
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Il n’a pas non plus
sommeil et mobilise toute une équipe qui assure la bonne marche du festival. Sur cette photo, toutes souriantes, quelques belles des prés de Saint-Germain. De gauche à droite : Nicole Hognon
(trésorière), Donatienne Hantin (directrice du festival), Véronique Tronchot (partenariats et évènements spéciaux) et Géraldine Santin (communication, édition et billetterie).
Les deux représentants de la gent masculine sont Frédéric Charbaut (directeur artistique du festival) et Christophe Deguelt (manager de Jacky Terrasson, Yaron Herman,
Michel Portal et de nombreux jazzmen). On aimerait être à leur place.
LUNDI 11 mai
Initialement prévu au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, le concert de Jacky Terrasson se déroula finalement dans
un des salons de l’hôtel Lutetia. On attendait de découvrir le nouveau trio du pianiste – Ben Williams à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie - , mais c’est avec la section
rythmique de Yaron Herman qu’il effectua sa prestation. Dès le premier morceau, Morning, un thème couplé à Autumn Leaves, Matt Brewer et Gerald Cleaver
parviennent à maintenir un tempo fluide qui se prête idéalement aux improvisations de Jacky. Malgré quelques flottements bien compréhensibles, leurs instruments répondent présents aux nombreuses
inventions d’un piano espiègle. La contrebasse enrichit la musique de ses propres harmonies, lui donne des rythmes, des couleurs mélodiques. Jacky sculpte de petites notes perlées, plaque des accords puissants dans les graves. Il se lâche, alterne de longs
voicings aux grappes de notes enveloppantes et de courtes cellules mélodiques que sa main gauche fait danser. En solo dans Mirror, il éblouit par sa capacité à improviser autour de
quelques notes, de les commenter, sa main gauche jouant un ostinato rythmique. Il enchaîne sur un blues, une improvisation fiévreuse aux variations inattendues, puis sur Métro, un
thème à grande vitesse que Gerald Cleaver mène tambour battant. Il est temps pour Michel Portal de monter sur scène. Difficile et exigeant, ce dernier attache beaucoup
d’importance à la sonorisation de ses instruments. Je ne l’aime pas au saxophone soprano, le préfère à la clarinette et à la clarinette basse. Michel recherche la compétition et pousse Jackie à
réagir, à jouer son meilleur piano. Passé le “bras de fer“, la complicité s’installe, les idées circulent, la musique prend le dessus et devient passionnante.
MARDI 12 Mai
Un voyage de deux heures en compagnie du Hadouk Trio et le moral est au beau fixe. Certains prétendent que leur
musique n’est pas du jazz. Ils ne savent pas qu’elle est ailleurs, qu’elle brasse une quantité de formes et de couleurs musicales et constitue une expérience sonore unique. Ils sont trois, mais
utilisent une quantité incroyable d’instruments. Outre des claviers, Loy Ehrlich joue de la kora et du hadjouj, la basse des gnawas, trois cordes montées sur une peau de chameau dont il tire
des harmonies inattendues. Ses claviers plein d’épices et d’arômes nous font monter au ciel. Ils gardent en mémoire quantités de sons et de couleurs, se transforment en santoor dans Barca
Solaris et se font piano dans Suave Corridor. S’il ne joue plus guère de saxophone, Didier Malherbe souffle dans toutes sortes de flûte, dans un orgue à bouche du Laos, mais
surtout dans un doudouk, hautbois arménien en bois d’abricotier dans lequel il module des notes d’une tendresse exquise. Il provoque aussi des mouvements cosmiques, fait tourner des toupies sur de larges tambourins, nous plonge dans un Tourneblues
tourbillonnant. Pour rythmer la musique, lui donner le goût du bois et du métal, Steve Shehan est l’homme providentiel. Comme l’a joliment écrit Bruno Heuzé, « le diaphragme du monde
bat entre ses peaux ». Il les frappe avec ses mains, les caresse, libère les sons de la matière. Comme ses complices, Steve utilise un grand nombre d’instruments, parmi lesquels un hang, sphère de
métal sonnant comme un steeldrum. Le groupe interpréta quelques-unes de ses compositions les plus fameuses. Un programme riche en moments oniriques au sein duquel, conduit par le Train bleu des
savanes, on entre dans un pays imaginaire au sein duquel valsent des Toupies tambours et dansent des Dragons de lune. Photos © Pierre de
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Vu et Entendu
10 mai 2009
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LUNDI 27 avril
Tony Malaby, Bruno Chevillon et Daniel Humair au Sunside. Un saxophone ténor, une contrebasse et une
batterie se parlent, se répondent, posent des couleurs sur une musique qu’ils créent en commun. Un trio sans leadership, mais trois musiciens expérimentés qui prennent des risques et les assument
ensemble, les instruments mélodiques et rythmiques étant placés sur un pied d’égalité, la batterie tenant un rôle tout aussi important que la contrebasse et le ténor. Humair pousse d’ailleurs ses
camarades à visiter des territoires harmoniques inexplorés, à improviser une musique organique cohérente et neuve. Au ténor, Malaby raconte des histoires, improvise avec passion des phrases
sinueuses pleines de notes fiévreuses et puissantes. La contrebasse de Chevillon dialogue avec le saxophone, lui apporte un soutien rythmique, mais peut tout aussi bien s’exprimer en solo ou
proposer une nouvelle ligne mélodique au ténor. Car ce jazz moderne et inventif n’est pas sans poésie. Le saxophone gronde, éructe, étrangle ses notes, mais peut aussi se faire miel et chanter de
vraies mélodies, le trio parvenant toujours à surprendre.
JEUDI 30 avril
"La Tectonique des Nuages" à Nantes, au Grand T. Il a fallu plusieurs années d’efforts à Laurent Cugny pour mettre sur pied son opéra jazz dans une version
concert. L’idée d’un opéra s’imposa à lui en 1992. Après bien des péripéties, il fut présenté la première fois à Vienne en 2006 puis joué deux fois à Paris au Théâtre de la Ville l’année suivante.
"La Tectonique" est à nouveau d’actualité. Laurent Cugny complète l’enregistrement de l’album dont la sortie est prévue en janvier 2010. L’opéra vient d’être repris avec succès à la Comédie
de Saint-Etienne et à Nantes au Grand T. Pour l’avoir entendu dans cette dernière salle, je me demande bien pourquoi la presse spécialisée l’a si longtemps ignoré. La musique de toute beauté sert une histoire fantastique que l’on quitte éblouit. La Tectonique des
nuages, c’est d’abord une pièce de l ‘écrivain portoricain José Rivera, une magnifique et émouvante histoire d’amour. Celestina del Sol (Laïka Fatien) a l’étrange pouvoir de
modifier le temps et de changer les hommes. Aníbal de la Luna (David Linx), un bagagiste de l’aéroport de Los Angeles la prend en stop un soir. Il pleut à verse, la terre menace de
trembler. La nuit qu’ils passent ensemble va durer deux ans… Comédien et metteur en scène, François Rancillac a adapté la pièce et offert à Laurent Cugny un livret qui respecte sa
dramaturgie. David Linx, Laïka Fatien et Yann-Gaël Poncet sont ses trois personnages. Ils dialoguent, échangent des répliques, passent du langage parlé au chant, s’investissent
dans de vrais rôles d’acteur, certaines scènes étant jouées sans musique. Chargé des didascalies, un comédien (Gaël Lescot) assure les liaisons entre les scènes, vous fait pénétrer dans l’histoire et en donne les clefs. Yann-Gaël Poncet a écrit
les textes des chansons, des thèmes superbes que les voix se partagent, ensemble ou séparément, du solo au trio. L’orchestre qui réunit dix formidables musiciens (Sylvain Gontard,
Pierre-Olivier Govin, Thomas Savy, Denis Leloup, Jérôme Regard…) offre de nombreuses combinaisons instrumentales. On y entend un trio, un quintette à vents, des morceaux en
sextette et en septette. Au piano, Laurent Cugny assure les transitions entre les scènes, esquisse des harmonies qui enchantent. Il y a peu de chorus, juste quelques mesures pour une
trompette, un trombone... Les instruments habillent magnifiquement des voix superbes, apportent un contrepoint sonore aux dialogues des personnages et une large palette de couleurs aux chansons.
Ils collent à l’action, commentent la pluie que versent les nuages, la suspension du temps, installent l’ambiance de fin du monde dans laquelle baigne la pièce. Une formidable réussite à découvrir
dans quelques mois sur disque et, souhaitons le, sur scène dans sa version opératique.
Photos © Pierre de Chocqueuse
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Vu et Entendu
5 mai 2009
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Depuis neuf
ans, le quartier de Saint-Germain-des-Prés abrite en mai un festival de jazz pas comme les autres. Son histoire commence en 1999. Journaliste et amateur de jazz éclairé, Joël Leroy crée
cette année-là avec Donatienne Hantin et Frédéric Charbaut l’Esprit Jazz, une association pour défendre la liberté, l'intégrité, le partage, la tolérance, l'audace et la
créativité. Ces valeurs humanistes détermineront les choix artistiques du festival de jazz qu’ils préparent. En mai 2001, juste avant le coup d’envoi de sa première édition, Joël est terrassé
par une crise cardiaque. Endeuillée, la manifestation se déroule comme prévue, Donatienne et Frédéric assurant depuis sa pérennité. Norah Jones, Jacky Terrasson, Dee Dee
Bridgewater, Brad Mehldau, Jan Garbarek, Yaron Herman, Milton Nascimento et les frères Belmondo, Ben Sidran, Georgie Fame, Laurent de
Wilde, Martial Solal sont quelques-uns des nombreux artistes que le festival a accueillis depuis sa création. Sa neuvième édition se déroulera du 10 au 25 mai, proposant des rencontres
avec des musiciens (jazz & bavardages au Café Les Editeurs), des expositions, des conférences. Le festival œuvre en faveur de jeunes talents auxquels il consacre un tremplin depuis 2002. Cette année, il s’invite à la prison de la Santé pour donner deux
concerts aux détenus, mais surtout il revient de loin. En difficulté, il a trouvé in extremis le soutien de la Fondation BNP Paribas ce qui lui permet de maintenir une programmation de haut niveau.
Le Hadouk Trio, le trio de Jacky Terrasson avec Michel Portal, Kenny Barron en solo, le quintette italien du trompettiste Enrico Rava et le premier concert de
l’ONJ consacré à la musique de Robert Wyatt en sont quelques temps forts. Vous les trouverez au sein de cette sélection mensuelle de concerts, une rubrique qui, je le répète, ne constitue en rien un
agenda. Pour les programmes détaillés, reportez-vous à Jazzman ou à Jazz Magazine, ou visitez les sites des clubs, des théâtres ou des festivals. Je vous en communique les liens
en bas de page.
-Originaire de la Nouvelle-Orléans, Terence Blanchard, un des grands trompettistes de la planète jazz, investit le New Morning avec son quintette le 5 mai.
-Sans Toshiko Akiyoshi son épouse, mais avec son saxophone ténor et sa flûte dont il est un spécialiste, Lew Tabackin sera au Duc des Lombards les 8 et 9 avec le trio de
Pierre Christophe pour servir sa musique.
-Le 11, dans le cadre du festival Jazz à
Saint-Germain-des-Prés, le pianiste Jacky Terrasson invite Michel Portal à rejoindre son nouveau trio - Ben et Jamire Williams, contrebasse et batterie - à la
Sorbonne.
-Le12, le Hadouk Trio se produit à la Maison des Cultures du Monde (101 bd Raspail, 6ème). Mélange de jazz et de world, la musique de Loy Ehrlich, Didier Malherbe et
Steve Shehan est l’une des plus excitantes du moment.
-Le 13 à l’Alhambra, Melody Gardot présente son nouvel album. La chanteuse de Philadelphie a de l‘émotion dans la voix. On peut se laisser tenter.
-Le Branford Marsalis Quartet présente son nouveau disque au New Morning le 14. Un enregistrement un peu léger, mais le saxophoniste possède une technique exceptionnelle et sa section
rythmique, tout feu tout flammes, fait la différence.
-Le 15, la belle église de Saint-Germain accueille le
pianiste Kenny Barron. L’ex-accompagnateur de Stan Getz
vient rarement en France et ne joue pas souvent en solo. Sa prestation très attendue reste l’un des évènements incontournables de ce mois de mai.
-Le 18, toujours dans le quartier Saint-Germain, l’Ecole des Sciences Politiques de la rue Saint-Guillaume ouvre ses portes au nouveau quintette italien du trompettiste Enrico
Rava.
-Le même soir, mais aussi le 19, le trompettiste Eddie Henderson retrouve Laurent de Wilde avec lequel il enregistra deux albums sur IDA à la fin des années 80. Gilles
Naturel à la contrebasse et Simon Goubert à la batterie seront de la fête.
-Le 19 encore, mais au New Morning, le contrebassiste
Stéphane Kerecki et son trio – Matthieu Donarier aux saxophones et Thomas Grimmonprez à la batterie – invitent le saxophoniste Tony Malaby à fêter la sortie de “Houria“
nouveau disque de Stéphane dans lequel Malaby souffle des notes incandescentes.
-Le 19 toujours, les pianistes Nico Morelli et Emmanuel Bex célèbrent en duo Bill Evans dans l’église de Saint-Germain-des-Prés.
-On n’oubliera pas de faire un tour au Sunset le 20 pour écouter Glenn Ferris et son Pentessence Quintet, formation dont les deux albums sont toujours disponibles chez
Naïve.
-Egalement le 20, mais aussi les 21, 22 et 23, Jean-Michel Pilc présente au Sunside son nouveau trio. Avec Boris Kozlov à la contrebasse et Billy Hart à la batterie, le
pianiste tient une forme éblouissante.
-Les 22 et 23, le Duc des Lombards donne carte blanche au
flûtiste Nicola Stilo (il joue aussi de la guitare, du piano et chante). Parmi les invités de ce dernier : Marcia Maria, François Theberge, Stéphane Belmondo, Alain
Jean-Marie et Giovanni Mirabassi.
-Immense chanteur, Bobby McFerrin revient au théâtre du Châtelet pour trois concerts : le 23 avec une invitée surprise), le 24 avec Michel Portal et le 26 avec Carlo
Rizzo aux percussions.
-Le nouvel ONJ de Daniel Yvinec inaugure son programme Around Robert Wyatt le 23 à la Maison des Cultures du Monde. Le spectacle bénéficiera de la présence
exceptionnelle du trompettiste Erik Truffaz et les magnifiques musiques de l’orchestre seront mises en images par le réalisateur Antoine Carlier.
-Entre le 22 et le 24, les voûtes du Sunset abriteront Fly, trio réunissant Mark Turner au saxophone ténor, Larry Grenadier à la contrebasse et Jeff Ballard à la
batterie. Trois musiciens exigeants au service d’un jazz moderne intense et intimiste.
-Le 26 au Duc, Nicolas Folmer convie la pianiste
japonaise Junko Onishi à rejoindre son quartette. Excellente pianiste, cette dernière a publié de très bons albums dans les années 90 et joue aussi bien Duke Ellington qu’Ornette
Coleman. Sauf erreur de ma part, son dernier opus date de 1998. Attendons-nous à une surprise.
-Un autre trompettiste le 27 au New Morning. En forme, Wallace Roney peut mettre tout le monde d’accord.
-Il a connu un passage à vide, mais semble avoir retrouvé une partie de
ses moyens dans son dernier album. Benny Golson, 80 ans, sera au Duc des Lombards les 27 et 28 pour quatre concerts. Souhaitons les exceptionnels.
-Impressionnant au saxophone alto, originaire de Saint-Petersbourg et vivant à New York, Dmitry Baevsky retrouve le trio d’Alain Jean-Marie au Sunside le 29.
-Le 30, John Greaves invite Karen Mantler au Sunset. La fille de Carla Bley et de Michael Mantler avait neuf ans lorsque John enregistra avec eux en 1977 “Kew.
Rhone“, son chef-d’œuvre. Karen joue de l’orgue et du piano, compose de jolies musiques et, comme John Greaves, possède un univers bien à elle.
-Le même soir au Sunside, à la tête d'un trio acoustique réunissant Darryl Hall à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie, le très actif Laurent de Wilde nous fera
entendre un piano, tour à tour fiévreux et romantique, mais toujours créatif.
-Enfin, du 7 au 28 mai, le Sunside organise le premier festival “Guitare d’ailleurs“, avec Lionel Loueke, Philip Catherine, Nguyen Le… Consultez le programme.
New Morning : http://www.newmorning.com/
Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com/
Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés : http://www.festivaljazzsaintgermainparis.com/
Théâtre de l’Alhambra : http://www.alhambra-paris.com/
Sunset – Sunside : http://www.sunset-sunside.com/
Théâtre du Châtelet : http://www.chatelet-theatre.com/
Peu de disques importants en mai. Les albums de
Stéphane Kerecki, de l’ONJ, du trio Fly sont déjà en vente. Le label canadien Songlines signale la parution prochaine de “Where is Pannonica ?“, duo de piano réunissant
Benoît Delbecq et Andy Milne. Abeille Musique qui distribue Songlines ne donne pas de date de sortie française, mais annonce celle de “Paul Motian on Broadway Volume 5“ sur Winter
& Winter le 7 mai. Autour du batteur, Michaël Attias et Loren Stillman aux saxophones, Masabumi Kikuchi au piano et Thomas Morgan à la contrebasse. Attendu le 1er
juin, le nouveau disque de Brian Blade sur Verve est un recueil de chansons que l'on croirait écrites dans les années 70. On savait le batteur de Wayne Shorter attiré par le rock –
son groupe, The Fellowship Band, tente une synthèse de plusieurs genres musicaux – mais dans “Mama Rosa“, Blade chante, joue de la guitare et de la batterie et propose un univers musical
proche de Neil Young et de David Crosby (l'album “If I Could Only Remember My Name“ qu'il semble avoir écouté. Les guitares de Goffrey Moore et de Kurt Rosenwinkel y
occupent une place importante.
Crédits photos: Donatienne Hantin & Frédéric Charbaut - Stéphane Kerecki - Nicolas Stilo © Pierre de Chocqueuse // Melody Gardot - Kenny Barron © Verve
Music Group.
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dans
Edito tout beau
30 avril 2009
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Ben Aronov a fait peu de disques et aucun n’est distribué en France où il vit depuis quelques années. Sauf celui-ci, son
dernier, un album enregistré en octobre 2007 à Antibes et co-produit par le pianiste et les deux musiciens qui l’accompagnent : Vincent Strazzieri à la contrebasse et
Cédrick Bec à la batterie. Oublié par les médias, le pianiste n’est malheureusement guère connu des amateurs de jazz. Il travailla pourtant avec de nombreux jazzmen américains,
fut membre des Lighthouse All-Stars d’Howard Rumsey, du quartette et big band de Terry Gibbs, accompagna June Christy et
Teddy Edwards à Los Angeles, Frank Sinatra, Lena Horne et Peggy Lee à New York dans les années 60, et joua avec Lee
Konitz, Al Cohn, Zoot Sims, Jim Hall… J’arrête là sa biographie pour vous parler de cet enregistrement qui m’enchante, le disque d’un
vrai trio qui prend le temps de peaufiner une musique lyrique et tendre inscrite dans la tradition d’un jazz intemporel. Malgré sa grande technique, Ben Aronov n’en fait jamais
trop. Il choisit de belles notes et les fait danser, construit des phrases élégantes et les trempe dans un grand bain de swing. Composé par ses soins, ‘Bye, un thème espiègle, fait
penser à Monk. Blues the Most d’Hampton Hawes, témoigne également de sa maîtrise du bop, de l’étendue de son vocabulaire harmonique sur tempo rapide.
Les autres morceaux de l’album, des ballades, des standards à l’exception de Palisades signé par Ben, font entendre un pianiste au jeu constamment mélodique qui improvise sur les accords
des thèmes. On suit ainsi avec bonheur les progressions harmoniques chantantes et fluides qui enrichissent sa musique ; on découvre sourire aux lèvres son goût exquis pour la note juste et le
soin qu’il apporte à la faire sonner. Dissonant Transparency, une composition fascinante de Tom Pierson que Gil Evans admirait, baigne dans un climat
impressionniste et reflète ce travail de mise en couleur. Saluons aussi le délicat travail d’une section rythmique constamment attentive au discours pianistique. Vincent
Strazzieri improvise de judicieux commentaires mélodiques, notamment dans Falling Grace, Feeling of Jazz (de Duke Ellington) et Blues the
Most. Cédrick Beck marque le tempo avec souplesse. Ses balais glissent sur la caisse claire, font délicatement bruisser les cymbales ; ses baguettes, légères, caressent les
rythmes. Introduit par un martèlement de tambours, E.S.P. de Wayne Shorter révèle le talent d’arrangeur du batteur. La musique prend une couleur modale, les notes
s’étalent sur plusieurs mesures. Beck muscle son jeu, comme pour attacher à la terre ces harmonies flottantes qui tentent de gagner le ciel.
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Chroniques de disques