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16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 13:12

Le dimanche, mes coups de cœur jazzistiques (élargis à des films, des livres, des pièces de théâtre…). Rencontres, visions surprenantes, scènes de la vie parisienne à vous faire partager... Suivez le blogueur de Choc…

LUNDI 10 novembre
Amarcord Nino Rota“, hommage rendu à ce dernier par un collectif de musiciens résonne entre les murs de la pièce qui me sert de bureau. Un disque de 1981 probablement difficile à trouver. C’est le premier « tribute » sur lequel travailla le producteur Hal Willner. D’autres suivirent, consacrés à Thelonious Monk (“That’s the Way I Feel Now“ en 1984) et à Charles Mingus (“Weird Nightmare“ en 1992). Ils sont moins réussis. Rota composa de grandes musiques pour les films de Federico Fellini et Willner a sélectionné des mélodies inoubliables que les jazzmen associés au projet ont délicieusement arrangées. La plus belle nous est offerte par Carla Bley qui développe magistralement avec son orchestre le thème de "8 1/2" ("Oto e mezo"). Confiées à Muhal Richard Abrams, David Amram ou au trop méconnu William Fisher dont le groupe rassemble les frères Wynton et Branford Marsalis, George Adams, Kenny Barron et Ron Carter, les partitions de Rota se parent de nouvelles couleurs et des rythmes du jazz. Le disque contient plusieurs interludes en solo ; Steve Lacy improvise au soprano, Bill Frisell à la guitare, Dave Samuels au vibraphone. Il s’ouvre et se ferme sur les accords d’"Amarcord" et de "La Strada" que Jaki Byard confie à son tendre piano.


Visite de “L’instant et l’éternité“, exposition consacrée aux peintures traditionnelles japonaises Nihon-ga de TABUCHI Toshio, à l’Espace des Arts Mitsukoshi Etoile. Une soixantaine d’œuvres sur papier à contempler jusqu’au 22 novembre. TABUCHI Toshio maîtrise parfaitement son dessin, mais ses paysages urbains et ses personnages me donnent peu d’émotion. Lorsqu’il réduit la couleur à une seule ou ne garde que le noir pour peindre à l’encre de chine des panneaux, des paravents ou les portes coulissantes d’un temple de monastère Zen, son art se dépouille de tout artifice pour aller à l’essentiel et atteint une autre dimension. L’ego de l’artiste se dissout comme l’encre absorbée par le papier. Le trait devient transparent, la nature se fait abstraite comme si ses paysages monochromes perdant leurs contours exprimaient la fragilité des formes.


MARDI 11 novembre
Vu “My Magic“ du Singapourien Eric Khoo. Une déception si on le compare à “Be with Me“, son film précédent, petite merveille achromatique, mosaïque d’histoires en partie construites autour d’une femme aveugle et sourde dont le courage est profondément émouvant. Porté par sa grâce, “Be with Me“ redonne espoir. Le voir allège. Malgré certaines scènes très touchantes, “My Magic“ ne possède pas le même impact. La rédemption de Francis, le colosse-magicien pèse son poids de souffrance. Son chemin de croix passe par des scènes de tortures, d’auto-mutilations qui dérangent. Le monde dur et étouffant que décrit Eric Khoo s’oxygène au contact de la nature. Dans ses dernières minutes, le récit glisse dans l’imaginaire, nous livre les images magiques que l’on attend du cinéma.

MERCREDI 12 novembre
Pierre de Bethmann en septet dans le cadre du “Festival Plus Loin“ au Sunside. Pierre a reçu récemment une Victoire du Jazz, celle de l’album instrumental français pour “Oui“, publié chez Nocurne en 2007. La musique énergique, puissante, traduit le jusqu’au-boutisme des solistes ; Pierre au Fender Rhodes jouant de longues phrases passionnées ; David El Malek soufflant des notes brûlantes à l’alto ; Stéphane Guillaume décomposant les harmonies des pièces jusqu’à plus soif, ses voicings chargés de notes tumultueuses. On respire un peu grâce à la voix de Jeanne Added qui vocalise sur les accords des morceaux, (Altération, Air courbe), les deux saxophones les reprenant brièvement à l’unisson avant de se lancer à nouveau dans des chorus fiévreux. On sort de là un peu sonné par toutes ces notes, convaincu par la grande technicité des musiciens, un peu moins par les compositions, des suites d’accords compliqués pensés par quelque cerveau surdimensionné. J’en discute avec Pierre qui voit des mélodies partout dans le jazz moderne. J’entends des airs complexes et compliqués que l’on serait bien en peine de chantonner. Les mélodies simples, “mélodieuses“, font aujourd’hui défaut. Des années d’études ou de conservatoire n’en donnent pas la clef. Normal. Ils habitent l’homme et ne se révèlent qu’à ceux qui les possèdent.

JEUDI 13 novembre
Lecture de “Europeana, une brève histoire du XXe siècle“, petit bouquin de Patrik Ourednik
publié aux éditions Allia, cadeau de Phil Costing. Cet érudit tchèque, traducteur de Jarry, Beckett, Queneau et Michaux, nous livre une quantité gigantesque d’informations sur la folie des hommes au cours du siècle le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité, et sur leurs descendants aspirant comme leurs pères à créer un homme nouveau, une ère post-humaniste pour un homme productif. L’auteur de ces pages, véritable monologue avare de ponctuations, noie son pessimisme dans un humour grinçant et décalé, nous conte les pires méfaits d’une humanité livrée à des marchands et à des scientifiques qui fabriquent autant de misères qu’ils nous livrent de progrès. L’auteur ne juge pas, expose froidement des faits, des théories philosophiques contradictoires, des idéologies folles dont beaucoup survivent aujourd’hui.

VENDREDI 14 novembre
Molly Johnson au Duc des Lombards. Après son remarquable Olympia de décembre 2004, la découvrir dans l’intimité d’une petite salle était par trop tentant. Formidable chanteuse dont la voix grave et puissante n’est pas dénuée de raucité, Molly ne tarda pas à convaincre le nombreux public venu l’applaudir. Elle peut aisément bouleverser lorsqu’elle reprend In My Solitude ou Lush Life, ballades qu’elle chante avec beaucoup d’émotion. Très à l’aise sur scène, elle parle facilement au public et le fait avec beaucoup d’humour comptant sur ses musiciens pour assurer la partie instrumentale d’un show quasi parfait. Robi Botos étonnamment agile au piano, le fidèle Mike Downes à la contrebasse et Sebastiaan De Krom, batteur de Jamie Cullum, affichent des visages heureux. Engagé quelques jours plus tôt pour cette tournée, Sebastiaan De Krom nous régala d’un solo de batterie d’une légèreté tout à fait adaptée au Duc. Confiante, Molly peut chanter une bonne partie de “Lucky“ son dernier album, un opus plus jazz que les précédents. Il renferme Gee Baby, Ain’t It Good to You et Mean to Me, des blues qui passent bien en concert, mais aussi le célèbre Ode to Billy Joe que Bobby Gentry nous fit connaître en 1967. Rain, évocation nostalgique de Montréal, fut suivi par un magnifique Summertime en rappel.

SAMEDI 15 novembre
L'écoute de quelques-uns des 40 albums que réédite ECM en pochette digipack, plus précisément ceux que le label munichois édita dans les années 70 et 80, m’inspire quelques réflexions. Le jazz sortait alors d’une période difficile. Sa forte politisation, sa radicalisation par des musiciens rejetant thèmes, tempos et harmonies, avaient fait fuir une grande partie de son public. La pop était alors plus inventive. Ses ténors contestaient le système sans pour autant sacrifier leur esthétisme musical. Une nouvelle génération de jazzmen avait pourtant émergé. Michael Brecker ou le triumvirat pianistique constitué par Chick Corea, Herbie Hancock et Keith Jarrett savaient faire parler d’eux. Les enfants de Miles Davis créaient un jazz ouvert sur d’autres cultures. Le cas d'Hancock mis à part, la tentation technologique ne fut qu’une parenthèse dans leurs œuvres. Les jazzmen d’aujourd’hui s’en sont beaucoup inspirés. Normal. On écoute toujours avec plaisir “Facing You“ ou “Belonging“ de Jarrett, les débuts de Pat Metheny sur ECM, les vieux albums de Paul Motian et de Gary Burton ou les remarquables enregistrements que Corea effectua dans les années 80 au sein de son Trio Music. Les musiciens talentueux d’aujourd’hui deviendront peut-être les modèles de demain. L’avenir nous dira lesquels. Et tournent les chevaux de bois...

Photos de Pierre de Bethmann et de Molly Johnson ©Pierre de Chocqueuse

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 09:15

Bill Evans a déjà des admirateurs en Europe lorsqu’il s’y rend en 1964. La disparition de Scott LaFaro, son contrebassiste, l’a conduit deux ans auparavant à former un second trio. Chuck Israels remplace ce dernier à la contrebasse et Paul Motian a cédé sa place à Larry Bunker, un spécialiste du maniement des balais, un batteur lyrique très prisé des studios californiens. Avec eux, en septembre 1964, devant les caméras de "Trumpeten", une émission de la télévision suédoise, Bill Evans interprète deux morceaux dont un très beau My Foolish Heart. Israels n’est pas un second LaFaro. L’idée musicale l’intéresse davantage que la technique. Il joue le tempo avec économie, pratique une walkin’bass souple et solide et, contrairement à son prédécesseur ne cherche nullement à transgresser les règles que lui imposent son statut d’accompagnateur. Toujours filmé avec de la pellicule en noir et blanc, Bill Evans donne un concert à Paris, Salle Pleyel, un an plus tard le 3 novembre. Il ne joue pas avec ses musiciens habituels mais co-dirige un quartette avec le saxophoniste Lee Konitz. Le contrebassiste Niels-Henning Orsted Pedersen et le batteur Alan Dawson complètent une formation qui s’est produite à Berlin le 29 octobre, à Copenhague le 31 et la veille à Stockholm. Sous les doigts du pianiste au visage émacié, Detour Ahead acquiert une grande richesse harmonique. Konitz n’intervient que dans un My Melancholy Baby aux images granuleuses, l’abus du fondu enchaîné ne gâtant pas la musique. Cinq ans plus tard, Bill Evans est à nouveau au Danemark. Avec Eddie Gomez et Marty Morell. Un concert donné probablement en novembre 1969 et non et 1970 comme l’indique le livret. Le trio de Bill Evans joue ce soir-là avec le Royal Danish Symphony Orchestra et avec le Grand Orchestre de la Radio Danoise. Trois morceaux sont accordés au trio. De belles images en noir et blanc nous montrent un pianiste dont la main gauche joue davantage de notes. Bill adopte aussi des tempos plus rapides (Emily, Someday My Prince Will Come). Depuis 1966, il ne quitte plus Eddie Gomez, virtuose enthousiaste d’une contrebasse à nouveau mélodique et aux cordes chantantes. Après plusieurs essais de batteurs, il a engagé Marty Morell en automne 1968. Diplômé de la Manhattan School of Music, ce dernier écoute et anticipe les désirs du pianiste, rythme la musique aux baguettes lorsque le niveau sonore l’exige, mais aussi aux balais, lorsque les ballades demandent à respirer. Le concert qu’il donne dans un club de Stockholm le 20 février 1970 est d’excellente qualité. Malheureusement, les réalisateurs de “Night Moods“, émission de télévision aux couleurs un peu passées ont cru bon intégrer de nombreuses scènes de rues dans lesquelles, éclairés par les lumières de la ville, des passants déambulent. Gomez impressionne et Bill, très concentré, manifeste une maîtrise pianistique éblouissante. Cinq ans plus tard en 1975, ce dernier, veste rouge, porte barbe et cheveux longs. Depuis février, Eliot Zigmund remplace Morell et fait bruisser d’autres cymbales. La batterie devient plus une affaire de timbres, de couleurs, que d’accompagnement rythmique. Gomez explore davantage le registre aigu de sa contrebasse, et en fait sonner les harmoniques. Après une longue introduction en solo d’Evans, le trio joue Sareen Jurer, une composition méconnue d’Earl Zindars, l’auteur de How My heart Sings. Réalisées en studio, les images, bien meilleures que celles du concert précédent, dévoilent un pianiste moins fiévreux soignant ses lignes mélodiques jusqu’à leur donner une gamme de nuances et de couleurs qui révèlent l’étendue de son vocabulaire et la précision de son toucher.

Six autres DVD consacrés à Sonny Rollins, Cannonball Adderley, Rahsaan Roland Kirk, Lionel Hampton, Oscar Peterson et Nina Simone sont disponibles dans cette troisième série de Jazz Icons.

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 11:40
Composé par Steve Nieve le pianiste d’Elvis Costello sur un livret de Muriel Teodori qui assure également la mise en scène, l’opéra “Welcome to the Voice“ ose la rencontre de musiciens et musiciennes qui ne travaillent pas dans la même sphère d’activité musicale. Edité en 2007 sur le prestigieux label Deutsche Grammophon, l’album réunit les voix de Sting, Robert Wyatt et Elvis Costello, trois fortes personnalités du rock habituées à explorer des domaines musicaux très variés. Tous trois se sont souvent entouré de musiciens de jazz pour donner d’autres couleurs à leurs œuvres. Wyatt fut longtemps le batteur et la voix en or du groupe Soft Machine. Membre fondateur de Police, Sting est aussi l’auteur d’un disque consacré aux musiques de John Dowland (1563-1626) et le touche-à-tout Elvis Costello a récemment composé “The Secrets Songs“, un opéra sur la vie d'Hans Christian Andersen, une commande du Royal Danish Théâtre de Copenhague. La musique de “Welcome to the Voice“  accorde également une large place aux voix traditionnelles de l’opéra. Quatuor à cordes, claviers (Steve Nieve), clarinettes et saxophones (Ned Rothenberg), guitares (Marc Ribot), basse électrique (Sting) et percussions (Antoine Quessada) assurent les parties instrumentales de l’album. Une instrumentation différente sera proposée lors des cinq représentations de l’opéra sur la scène du Théâtre du Châtelet. Dans la fosse d’orchestre, l’Ensemble Orchestral de Paris et le Chœur du Châtelet sous la direction de Wolfgang Doerner. Sur scène, Steve Nieve et Ned Rothenberg mêleront leurs instruments à la trompette d’Ibrahim Maalouf et au violoncelle de Vincent Segal. Si Sting et Elvis Costello conservent leurs rôles, Joe Sumner remplace Robert Wyatt et Sylvia Schwart est Lily la cantatrice, Barbara Bonney dans l’album. Les autres chanteuses lyriques – Anna Gabler, Marie-Ange Todorovitch et Sonya Yoncheva –  sont nouvelles. L’intrigue : Dionysos (Sting), ouvrier métallurgiste, tombe amoureux d’une voix incarnée par une femme dont il tombe également amoureux. Visité par les fantômes de Carmen, Norma et Butterfly, il la rencontre et la persuade de la profondeur de son amour. L’intrigue se déroule entièrement sur les marches d’un théâtre…le Châtelet qui en verra le dénouement les 20, 21, 23, 24 et 25 novembre.
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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 19:03

Le dimanche, mes coups de cœur jazzistiques (élargis à des films, des livres, des pièces de théâtre…). Rencontres, visions surprenantes, scènes de la vie parisienne à vous faire partager... Suivez le blogueur de Choc…

LUNDI 3 novembre
Les basses tonnent haut et fort au foyer du Théâtre du Châtelet. Aidé par Thierry Barbé de l’Opéra de Paris, François Lacharme a convié en soirée quelque uns des plus talentueux palpeurs de grand-mère qui séjournent dans la capitale. Un concert en deux parties qui clôture en beauté le symposium Bass’2008, qui vient de se tenir au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. De nombreux contrebassistes parmi lesquels François Rabbath, Stafford James et « Totole » Masselier occupent en spectateur une salle dont pas un siège ne reste vide. Renaud Garcia-Fons et Claire Antonini au théorbe nous régalent d’une belle musique arabo-andalouse. Barre Phillips et son fils David nous plongent dans la modernité de dissonances et de rythmes envoûtants. Frappé, caressé, l’instrument résonne de sons primitifs et sacrés, devient instrument totémique d’un très vieux monde dont il semble conserver la mémoire. Découverte de Jackie Allen, chanteuse au métier solide que chaperonne Hans Sturm, contrebassiste à la sonorité superbe. Ce dernier rythme délicatement la voix tout en faisant chanter ses notes. Hervé Sellin, harmoniste raffiné, accompagne au piano. Après la pause, Thierry Barbé (en photo) interprète magistralement l’Hommage à J.S. Bach écrit en 1969 par le compositeur Suisse Julien-François Zbinden. Sa chevelure fait penser à la crinière d’un lion, Peter Ind, 80 ans cette année, étonne par son énergie, la musicalité d’un tempo solide qu’il met au service du bebop avec Rufus Reid, un complice de taille. Utilisant une contrebasse descendant jusqu’au do grave, ce dernier éblouit par sa façon de faire sonner les harmoniques de son instrument. Riccardo Del Fra et ses invités – Stéphane Belmondo au bugle, Remy Dumoulin au ténor, Bruno Ruder au piano, Julien Letellier à la batterie - terminent en beauté la soirée. De gauche à droite sur la photo : Stafford James, Rufus Reid, Peter Ind, Riccardo Del Fra et Renaud Garcia-Fons.

MARDI 4 novembre
On attendait Marjolaine Reymond sur une scène depuis plusieurs mois. Un public nombreux et impatient envahit le Duc des Lombards, ensorcelé par l’énorme potentiel lyrique de la chanteuse, par une musique insolite dans laquelle calme et tempête cohabitent. Bien qu’organisées autour d’une voix qui pratique fréquemment le saut d’octaves, les compositions abritent de nombreuses séquences instrumentales. Le vibraphone de David Patrois
baigne cet univers d'hypnotiques sonorités cristallines ; Antoine Simoni tire des sons étonnants de sa contrebasse; à la batterie, Yann Joussein impose un groove solide, une assise rythmique dont profite tout le groupe. Des extraits de son récent album “Chronos in USA“ revus à travers le prisme d'une instrumentation nouvelle, et des compositions récentes bientôt enregistrées, confirment la place singulière et neuve qu’occupe aujourd’hui la chanteuse.

MERCREDI 5 novembre
« Enfant, je passais mes vacances d’été dans les colonies de vacances de la Commission Centrale de l’Enfance, cette association crée par les juifs communistes français après la seconde guerre mondiale ». Sur l’espace scénique de la Maison de la Poésie (Passage Molière, 157, rue Saint-Martin) David Lescot raconte “La Commission Centrale de l’Enfance“, une histoire qu’il a lui-même vécue, des souvenirs intimes, drôles et tendres narrés avec beaucoup d’humour. Il s’aide parfois d’une guitare électrique, un modèle tchécoslovaque des années 60, pour nous chanter quelques chansons communistes (Jeunesse Ardente, un régal !), nous explique qu'une “descente“ est une visite nocturne d'une tente féminine communiste, acte passible de renvoi de ladite colonie de vacances communiste… le texte, fluide, devient
« petit poème épique, parlé, chanté, scandé ». Invités par l'ami et mentor Phil Costing, nous dînons ensemble après le spectacle. David Lescot aime aussi le jazz. Auteur, acteur, guitariste, il joue de la trompette et a signé la musique du “Prince“ de Machiavel mis en scène par Anne Torres. L’un de ses textes, “L’instrument à pression“ bénéficia du concours d’un autre trompettiste, Médéric Collignon. Lorsqu’on lui demande quel est son disque de jazz préféré, David répond “Out Front“ de Booker Little. L’excellent choix d’un homme de goût.

VENDREDI 7 novembre
Arbitré par Alex Dutilh, débat à la rédaction de Jazzman autour du nouveau disque de Simon Goubert et d’une très bonne bouteille de Bordeaux. Sur la photo de droite, Vincent Bessières donne son point de vue à Christophe Marguet, musicien invité à débattre. Comme l’est Jean-Marc Gelin, collaborateur de jazzman et animateur des “Dernières nouvelles du Jazz“  http://www.lesdnj.com/, excellent blog consacré à sa musique préférée.


Revu en DVD “Ubu Roi“ pièce qu’Alfred Jarry publia en 1896 et qui fit scandale dès sa première représentation au Théâtre de l’Oeuvre le 10 décembre de la même année. Jean-Christophe Averty en fit un film cathodique en 1965. Non sans tohu-bohu. Les propos que Jarry fait tenir à ses personnages ne pouvaient que déplaire à une bourgeoisie hypocrite et bien pensante. J’avais treize ans et mon professeur de français s’était bien gardé de nous parler du père Ubu, officier de confiance du roi de Pologne Venceslas qui conspire et assassine ce dernier, passe à la trappe nobles, magistrats et financiers, et parcourt le pays rançonner les paysans dans son « voiturin à phynances ». La dernière demi-heure contient quelques longueurs, mais il fallait toute l’imagination d’Averty pour mettre en scène une armée de personnages ubuesques et à les faire entrer dans le petit écran. Les trucages, cornegidouille!, gardent un charme que n’aurait pas désavoué le grand Georges Méliès.


SAMEDI 8 novembre
La rédaction d’une chronique sur Bill Evans destinée prochainement à ce blog, m’incite à réécouter les concerts que le pianiste donna au Village Vanguard de New York en juin 1961, onze jours avant la disparition de Scott La Faro. Il y occupe une place de choix, dialogue d’égal à égal avec Evans qui mettra cinq ans à retrouver un contrebassiste possédant un semblable jeu mélodique, Eddie Gomez bénéficiant toutefois des progrès d’amplification dont bénéficie son instrument. Le même problème se posera à Evans lorsque le batteur de son trio l’abandonne en 1964. Lors des concerts du Vanguard, Paul Motian ne joue pas encore de la batterie comme il le fait aujourd’hui, mais son jeu ponctue les silences de la musique et tend déjà à un contrepoint mélodique. Le pianiste patientera jusqu’en 1975 pour retrouver un batteur pour qui l’instrument est davantage timbres et couleurs qu’accompagnement rythmique : Eliot Zigmund, orfèvre de cymbales en cristal.

Le nouveau disque du pianiste Guillermo Klein reçu ce matin m’enchante. Son foisonnement rythmique voisine avec des pièces chorales touchantes. Parmi elles, Louange à l’éternité de Jésus, adaptation particulièrement lyrique d’une œuvre d’Olivier Messiaen. Chronique prochaine dans ce blogdechoc.

Termine la journée chez Crocojazz, 64 rue de la Montagne Sainte-Geneviève. Gilles Coquempot en plein travail, s’abrite comme il peut du son de ténor énorme que Tommy Smith fait entendre dans “Live at Belleville“ nouvel album d’Arild Andersen que nous écoutons ensemble. Deux adolescents rentrent dans le magasin au moment même ou le saxophoniste souffle des notes brûlantes et se demandent effrayés, s'ils ne sont pas dans l'une des forges de Vulcain au lieu et place de l'antre très sonore d'un honorable vendeur de disques parisien.

Photos ©Pierre de Chocqueuse et Phil Costing (David Lescot
)


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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 17:34
Après avoir exploré le jazz moderne et enregistré en quartette des compositions personnelles (avec Ben Monder à la guitare, Joe Martin à la contrebasse et Ted Poor à la batterie, personnel du premier disque de Jérôme sur Bee Jazz en 2007), Jérôme Sabbagh revient aux fondamentaux, à la relecture de grands standards, célèbres ou oubliés de l’histoire du jazz. En trio. Elève de Miroslav Vitous, Ben Street a enregistré avec le guitariste Kurt Rosenwinkel et le saxophoniste Sam Rivers. « Ben a toujours été l’un de mes contrebassistes préférés…Il possède une très forte personnalité musicale et est l’un des musiciens les plus exigeants que je connaisse ». Rodney Green travailla deux ans avec Diana Krall et tient la batterie dans plusieurs albums du saxophoniste Greg Osby. « Je l’ai rencontré par hasard et il est devenu mon batteur de trio préféré. J’adore son toucher, la manière dont il développe des idées, la profondeur de son écoute ». Les deux hommes assurent un solide appui rythmique au saxophone qui, partant des mélodies, prend seul les décisions harmoniques, exercice périlleux et difficile sans un piano pour asseoir la tonalité, garder les accords d’un thème dont on va changer les notes pour le mener ailleurs, lui apporter une expression personnelle. Le saxophone doit jouer davantage, souffler une plus grande quantité de notes. La contrebasse l’épaule par ses propres chorus, mais Jérôme prend des risques, introduit en solo Body and Soul et en explore l’harmonie sur plus de sept minutes. Le saxophone convoque Thelonious Monk, Bill Evans, Bud Powell, Billy Strayhorn, s’empare avec respect de quelques-unes de leurs œuvres et les habille avec des phrases fluides et chantantes qui n’appartiennent qu’à lui-même.
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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 19:03

D’emblée, la contrebasse d’Arild Andersen chante des notes admirables avec un son énorme. Volumineux comme une montagne, le saxophone de Tommy Smith gronde avec une autorité que l’on n’a plus l’habitude d’entendre dans le jazz. Excellemment enregistrée, la batterie aux peaux très tendues de Paolo Vinaccia né en Italie, il réside en Norvège depuis 1979 - sonne comme si elle était accordée pour un concert de rock. Le nouveau trio d’Arild Anderson, l’un des meilleurs bassistes du nord de l’Europe, fait entendre une musique aussi explosive que lyrique. Dans les ballades, des morceaux d’une douceur hypnotique, le ténor charme par des phrases d’une suavité rare. L’absence de piano n’est pas un problème, Anderson élargissant la palette sonore de sa formation par les effets électroniques qu’il ajoute à sa contrebasse (emploi d’un octaveur, mise en boucle de certaines notes, de courtes phrases dont la répétition donne un certain mystère à la musique). Composée en 2005  pour fêter de centenaire de la libération de la Norvège de l’asservissement suédois, Independency, longue suite divisée en quatre parties approchant les 45 minutes, abrite des moments d’une grande  puissance. Un saxophone virtuose souffle des notes incandescentes (Independency Part 2), métal en fusion sur lequel coule du miel, de petites notes onctueuses qui plongent dans le rêve. Le groupe nous en entrouvre les portes, dessine les images sonores de paysages de neige dans le troisième mouvement d’Independency. Originaire d’Edimbourg, élève de la Berklee College of Music de Boston et auteur d’une bonne vingtaine d’albums sous son nom, Tommy Smith n’a jamais tant impressionné que dans cet enregistrement live réalisé en septembre 2007 au Belleville Club et au Drammen Théâtre d’Oslo. Prelude to a Kiss d’Ellington, la seule reprise de l’album, subit ainsi une profonde relecture, sa structure harmonique en sortant amplement transformée. Ce disque essentiel se clôt avec Dreamhorse, magnifique dialogue contrebasse/saxophone arbitré par la batterie sur une mélodie gardée longtemps par la mémoire.

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 17:10

Rien de prévu demain mercredi 5 novembre à 19 heures 30 ? A deux pas des métros Mabillon et Odéon, Antoine Hervé, pianiste, compositeur, arrangeur, vous attend à l’Auditorium Saint Germain (4, rue Félibien 75006 Paris), pour une distrayante leçon de jazz avec piano consacrée à Bill Evans. Pour les petits et les grands et, n’en doutons pas, avec humour, Antoine commentera, analysera, décryptera la vie et l’œuvre de ce musicien génial, créateur d’une esthétique qui a pénétré le jazz en profondeur et influence aujourd’hui encore de très nombreux pianistes. L’entrée, 5 euros, est gratuite pour les moins de 18 ans. Le 8 décembre (même endroit, même heure, même prix malgré une inflation galopante et une bourse en berne), Antoine récidivera avec Thelonious Monk. Il présentera également trois émissions sur France-Musique, (le Cabaret de France-Musique) en direct et en public (l’entrée est libre), les dimanches 9, 16 et 23 novembre à 18 heures. Le 9 autour d’Ennio Morricone ; le 16 autour de la contrebasse et le 23 autour de la comédienne Jeanne Heuclin et de l’“électro-bouclophoniste“ Véronique Wilmart.

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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 15:38

Chaque dimanche, mes coups de cœur jazzistiques (élargis à des films, des livres, des pièces de théâtre…). Rencontres, visions surprenantes, scènes de la vie parisienne à vous faire partager. Suivez le blogueur de Choc…

LUNDI 27 octobre
Jamie Cullum au théâtre du Châtelet, l’un des deux seuls concerts que le chanteur donna cette année. Jamie accorda l’autre à Clint Eastwood et nous fit entendre en rappel le générique fin du prochain film de ce dernier, une chanson qui n’incita pas le public enthousiaste à quitter la salle. Il nous avait promis une invitée surprise et tint parole en nous présentant Camille, guère connue des amateurs de jazz – mais sûrement repérée par le jeune public de Jamie qui comme lui écoute aussi du funk et de la pop. On ne s’ennuie pas une seconde à son spectacle. Toujours en mouvement lorsqu’il quitte son piano – ce qui m’a permis de prendre cette surprenante photo, Jamie de dos, est à droite ; au centre Ian Thomas son batteur ; à gauche Ben Cullum, frère de Jamie tient la basse électrique - , le chanteur nous offre un show très visuel, la scène donnant un plus à ses chansons trempées dans le swing. Pour finir cette belle soirée, un petit tour au Duc des Lombards avec Yves Chamberland que les musiciens de jazz connaissent bien – ancien propriétaire du studio Davout, Yves en a enregistrés beaucoup. Dmitry Baevsky dont le saxophone alto sonne comme celui de Charlie Parker termine son set. Nous nous attardons en compagnie d’Alain Jean-Marie. Lecteur du blogdechoc, ce dernier prend des nouvelles de mon ours blanc. Je lui en suis reconnaissant.

MARDI 28 octobre
Séduit par la voix de Camille, je me procure son dernier album à la Fnac Montparnasse. Vladimir me le recommande. Il a raison, “Music Hole“ me plaît par sa fantaisie, sa fraîcheur. Il échappe à toute classification et sa musique s’envole, portée par les grandes ailes des voix. Chanté principalement en anglais, ce disque est aussi un véritable tour de force sur un plan vocal – la cinquième plage, The Monk, résume ce qu’est capable de faire cette vraie chanteuse. Aidée par quelques amis, par des voix de basse (celle de Sly Johnson apparaît au générique), les percussions « corporelles, à eau ou dans le piano » de ses invités, et grâce au re-recordings que permet le studio, Camille démultiplie sa voix, la rend légère et souple pour murmurer de délicieuses mélodies, rauque et sauvage pour chanter des rythmes d’une variété stupéfiante. Un duo avec Bobby McFerrin serait loin d’être ridicule.
Revu “Juliette des Esprits“ du maestro Federico Fellini. Un film de 1966, son premier en couleur (un beau technicolor), baroque, extravagant (la maison de Susie ressemble à l’antre d’une communauté hippie fortunée) dans laquelle le magicien Fellini éblouit. Les émois de son héroïne, petite-bourgeoise constipée (Giulietta Masina) aux fantasmes envahissants, intéressent peu. On est happé par les images (que porte la musique allègre de Nino Rota), les tenues vestimentaires de certains personnages féminins, les décors (une villa blanche ; une autre peinte de mille couleurs) dont le kitsch finit même par séduire.


MERCREDI 29 octobre
Réécoute un vieux disque de Michel Sardaby. “Caribbean Duet“ date des premiers jours du CD. Produit par François-Dominique Jouis pour son label Harmonic Records, il fut enregistré au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 1984 sous la direction artistique de Patrice Blanc-Francard qui signe les notes du livret. Michel dialogue avec Monty Alexander et c’est bonheur de les entendre tricoter à quatre mains une musique délicatement rythmée, fraîche comme de l’eau de source, mais qui sent bon le parfum des îles. Il existe un autre album de Michel sur Harmonic Records, un duo avec Ron Carter intitulé “Voyage“. Je l’ai perdu depuis longtemps.

JEUDI 30 octobre
Jérôme Sabbagh au Sunset. Son nouvel album reçu le matin même m’encourage à sortir. Il pleut. Le froid est tombé sur Paris. Les clients du club sont étonnamment attentifs, comme pour ne rien perdre des précieuses notes qui s’échappent du saxophone ténor. A la contrebasse, Ben Street marque un tempo solide ; à la batterie, Rodney Green
ponctue délicatement la ligne mélodique. Pas de piano, Jérôme joue donc beaucoup, articule de longues phrases tranquilles et suaves ou souffle avec rythme de courts motifs rythmiques. Avec ce trio, le même qui l’accompagne dans “One Two Three“ son nouveau disque, Jérôme nous régale de standards célèbres ou oubliés : Conception de George Shearing, Stella by Starlight, Tea for Two, sans oublier Ugly Beauty et Ask me Now de Monk. Il fait chanter leurs mélodies, leur donne un swing fluide et beaucoup d’élégance.

VENDREDI 31 octobre
Je retrouve Ronnie Lynn Patterson et Anne sa femme dans un café. Nous parlons de William Faulkner et du Sud qu’il connaît mieux que moi. Je termine “Descends, Moïse“, un recueil de nouvelles. Il contient L’Ours dont j’ai parlé la semaine dernière, mais aussi le nostalgique Automne dans le Delta et Le Feu dans le Foyer, pièce importante du puzzle faulknérien, car éclairant la généalogie des Mac Caslin, la famille la plus grande et la plus complexe de la saga. « Dans aucun ouvrage mieux que “Descends, Moïse“, Faulkner n’a traité du problème des relations entre Noirs et Blancs issus du même sang, nés sur une même terre, unis par une même mémoire » a écrit Michel Mohrt, responsable de l’“Album Faulkner“ de la Pléiade. Comme on le voit sur la photo, Ronnie Lynn travaille toujours d'arrache-pied à son concert du New Morning. Il en donne peu, n’a pas d’agent pour lui trouver des engagements et cherche désespérément à jouer davantage. Envoyez-lui un mail musiques2@free.fr  si vous pouvez faire quelque chose.

Photos ©Pierre de Chocqueuse

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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 12:50

Novembre : le froid nous visite. Manteaux, pulls et écharpes de laine sont encore ses meilleurs adversaires. N’oubliez pas les gants ! Je ne mettrai pas les miens pour vous conseiller de sortir. Lundi prochain 3 novembre à 19 heures, le foyer du Théâtre du Châtelet fête les grands-mères. Le concert s‘intitulle  “Des Hauts et des Basses“ - elles n’enlèvent plus le haut, mais ont encore des bas(ses). Rufus Reid, Barre Phillips, Peter Ind (celui-là même qui fut le contrebassiste de Lennie Tristano avec François Lacharme, instigateur de ce concert, sur la photo), Riccardo Del Fra, Renaud Garcia-Fons, Thierry Barbé (de l'Opéra de Paris) feront sonner les cordes de leurs magnifiques et imposants instruments. Hervé Sellin et Bruno Ruder au piano, Stéphane Belmondo à la trompette et d’autres invités accompagneront leurs voix basses. Vous avez le temps de rentrer allumer la télé. Arte diffuse le même soir à 22 heures 50 “Solal, Jazz Never Ends“, documentaire de 90 minutes de Michel Follin à ne pas rater.

On se précipitera au Duc des Lombards le 4 novembre pour les deux shows événements de Marjolaine Reymond (20 heures et 22 heures). Il y a tant de choses au Duc ce mois-ci que le mieux est de faire un tour sur leur site
http://www.ducdeslombards.com/ Molly Johnson les 14 et 15, Elisabeth Caumont (en photo avec Laurent De Wilde) le 16, le quintette de Pete Christlieb les 18 et 19, le trio de Jean-Philippe Viret (auteur d’un des beaux disques de la rentrée) le 21 interpellent.
Kurt Elling donnera de la voix au New Morning le 7 novembre. Les pianistes Robert Glasper (le 19) et Monty Alexander (le 28) assureront la relève. http://www.newmorning.com/
 
Au Sunset Sunside, du jazz à tous les étages. Outre David Sanchez qui animera la soirée consacrée aux élections américaines le 4 novembre avec retransmission sur grand écran jusqu’à l’aube, ne manquez pas le trio de Laurent Cugny avec Olivier Ker Ourio en invité. Sans Claus Ogerman et son grand orchestre, mais en trio, Danilo Perez (le 18) et Cedar Walton l’ancien pianiste des Jazz Messengers, Cedar Walton (les 24 et 25), chaufferont fort ce club de choc. http://www.sunset-sunside.com/

Au Habana Jazz tous les mercredis de novembre, carte blanche à Olivier Hutman, pianiste aux harmonies subtiles et fin rythmicien auteur d'une "Suite Mangrove" qui compte parmi les plus belles réussites de l'année. Olivier se produira le 5 en duo avec Alain Jean-Marie, le 12 avec son trio, le 19 avec la chanteuse Stephy Haïk et accompagnera Géraldine Laurent le 26. http://www.habanajazzparis.com/

Les Parisiens trop gâtés, ne sauront bientôt plus où donner de la tête. Géant du piano, Chucho Valdès ne manquera pas de la leur faire perdre en solo, quartette et big band le 25 novembre Salle Pleyel. http://www.sallepleyel.fr/ Quant au Théâtre du Châtelet, il accueille pour 5 représentations (les 20, 21, 23, 24 et 25) “Welcome to the Voice“ opéra rock avec Sting, Joe Sumner, Sylvia Schwartz et Elvis Costello. http://www.chatelet-theatre.com/ . Davantage d’informations prochainement dans ce blog.
Programme chargé, trop même. Un exemple : comment faire pour écouter le 18 novembre Fabrizio Cecca au Baiser Salé, Pete Christlieb au Duc des Lombards, le Kora Jazz Trio au New Morning, Marc Perrone au Sunset et le trio de Danilo Perez au Sunside ? La solution, prendre dans l’après-midi un train pour Nantes et se rendre au Grand T http://www.legrandt.fr/ , magnifique salle de 879 places, 84 rue du Général Buat. En coréalisation avec le Pannonica, le trio de Yaron Herman et Joachim Kühn en quartette s’y produisent ce soir-là. J’irai moi-même y faire un tour.

Photos ©Pierre de Chocqueuse

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 18:21

Le piano improvise avec lyrisme dès les premières mesures de Totò Sexy, première plage de l’album. Antonio Faraò ne possède pas seulement une technique impressionnante, il joue avec beaucoup de sensibilité et possède un beau toucher, autant d’atouts rendant attractif le programme de ce disque, quatre compositions personnelles et huit morceaux d’Armando Trovajoli auquel il rend hommage. Auteur de plus de 300 musiques de film, de comédies musicales, et de quelques œuvres de musique classique, ce dernier enregistra également des disques de jazz pour RCA, parmi lesquels “Trovajoli Jazz Piano“ réédité au Japon. Grâce à sa mère qui l’appréciait, Faraò se familiarisa très tôt avec sa musique, découvrant des affinités mélodiques avec la sienne. Trovajoli signa les partitions de “Riz amer“ (Giuseppe De Santis), “Mariage à l’italienne“ (Vittorio De Sica), “Les Monstres“ (Dino Risi), “Une journée particulière“ et “Nous nous sommes tant aimés“ (Ettore Scola), célèbres joyaux du cinéma italien. Antonio Faraò les délaisse pour des films plus confidentiels, des réalisateurs moins renommés (Luigi Magni, Mario Vicario, Mario Amendola) dont les œuvres n’ont pas toutes été distribuées en France. Son choix s’est volontairement porté sur des musiques qui n’ont pas grand-chose à voir avec le jazz, des airs peu connus qu’il peut à loisir remodeler, habiller d’harmonies et de rythmes nouveaux tout en préservant les mélodies initiales. Le seul film très connu de cette sélection est “Parfum de Femme“ (“Profumu di donna“) réalisé en 1974 par Dino Risi, un rôle en or pour Vittorio Gassman. Le titre anglais “Woman’s Perfume“, donne son nom à cet album que Faraò a enregistré à Paris en septembre 2006. Avec Dominique Di Piazza et André Ceccarelli, il possède un nouveau trio modifiant les couleurs de sa musique. La basse électrique de Di Piazza possède une sonorité ronde et chaude. Elle se marie bien au drive raffiné du batteur et assure un riche contrepoint de notes à un pianiste qui ornemente et invente brillamment. La pièce en solo, Il Prete Sposato (“Un Prêtre à marier“ de Mario Vicario (1971) avec Magali Noël), donne envie de l’écouter davantage sans accompagnateurs. Les thèmes qu’il compose convainquent un peu moins. On écoute davantage les grappes de notes qu’il brode autour, leurs harmonies chantantes et inspirées. On plonge dans ce beau piano comme dans un bain d’eau fraîche un soir d’été caniculaire. Il procure un bien être immédiat.
Meilleurs morceaux : Profumo Di Donna, Il Prete Sposato, Il Vedovo, Paolo Il Caldo.
      

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