12 septembre 2008
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17:27
Le disque vocal de la rentrée ? Certainement le plus original. Enregistré en 2006, produit
par ses soins sous la direction artistique de Philippe Ghielmetti (Sketch, Minium, Illusions), « Chronos in USA » a enfin trouvé un
distributeur, une maison de disque plus courageuse que les autres pour héberger un ovni, un album confié à un petit groupe de musiciens de jazz dans lequel, entre de courtes séquences
instrumentales presque classiques, se déploient des airs d’opéras saupoudrés d ‘effets électroniques. Jazz ? Musique contemporaine ? Marjolaine Reymond mêle habilement les deux genres. Elle s’est produite à Darmstadt, a chanté Berio, Ohana, Messiaen et Stockhausen avant d’apprendre à interpréter
des standards du jazz, à se familiariser à une autre technique. Opéra en trois actes sur des textes empruntés à des poètes anglais et américains, « Chronos in USA » reflète parfaitement son désir
d’improviser librement et innove ainsi sur le plan de la forme. Le sprechgesang des compositeurs viennois y croise des airs de bel canto. Une voix de tête jongle sur trois octaves,
éructe, dérange ou se fait miel. C’est selon, chaque plage de cet album étant une aventure dont on sort difficilement indemne.
Meilleurs morceaux : On écoutera à la
suite les trois actes de cet opéra. Sa durée (55 minutes environ) le permet aisément.
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Chroniques de disques
11 septembre 2008
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15:02
Un excellent disque que l’on n’attendait pas ! Il nous vient d’Argentine,
d’un trio de jazzmen jouant des compositions de Lee Konitz, Warne Marsh, Billy Bauer et Lennie Tristano, pianiste virtuose et
aveugle pour qui le jazz était avant tout une façon de sentir. Né en 1973, Ernesto Jodos ne cache nullement ce qu’il doit à ce dernier. Adoptant une esthétique linéaire, jouant
de longues lignes mélodiques, le pianiste nous tient toujours en haleine par la construction savante de ses phrases qui, telles des histoires policières, conduisent à des dénouements surprenants
ou abrupts. Le morceau d’ouverture, Subconscious-lee, certainement le plus abstrait du recueil, ne reflète pas vraiment ce que contient ce disque. Naguère d’avant-garde, la musique de
Tristano et de ses élèves – Konitz et Marsh en furent les plus brillants – ne pose plus guère de difficultés d’écoute. De conception presque classique, elle s’inscrit dans l’évolution du bop,
s’organise autour d’une contrebasse et d’une batterie (Hernan Merlo et Eloy Michelini) qui n’oublient jamais de marquer la cadence. Disposant d’une section
rythmique confortable et par ailleurs étonnamment réactive (Subconscious-lee), Ernesto Jodos prend tout son temps pour choisir ses couleurs, organiser méthodiquement un discours aussi
chaleureux que logique. Il va jusqu’au bout de ses idées, économise ses notes (la main gauche, parcimonieuse, est souvent en attente) et parvient à les rendre essentielles.
Meilleurs morceaux : Dreams, Kary’s Trance,
mais tous méritent une écoute attentive.
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Chroniques de disques
10 septembre 2008
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16:22
On peut l’écouter en
simple fond sonore, mais il serait dommage de ne pas y prêter des oreilles attentives. Arrangeur de
Diana Krall (« The Look of Love »), mais aussi des plus beaux albums d’Antonio Carlos Jobim, Claus Ogerman fait ici du bon boulot. Ses violons posent de douces couleurs sur des
thèmes de Massenet, Sibelius, Rachmaninov, De Falla. Entouré d’une section rythmique superlative – Christian McBride à la contrebasse, Lewis Nash à la batterie
et Luis Quintero (enthousiasmant) aux percussions - , Danilo Perez n’a plus qu’à poser ses doigts sur son magnifique piano. Les notes coulent comme une eau de
source désaltérante, Perez improvisant des variations mélodiques autour des thèmes dont il s’écarte peu. Quelques passages sont un peu sucrés (Lazy afternoon ; l’intro de If I Forget
You) et l’album un peu monochrome, le pianiste étant le seul soliste de ce beau disque accessible à un large public. Il accueille pour deux morceaux la voix de Cassandra
Wilson, cette dernière magnifique dans (All of Sudden) My Heart Sings.
Meilleurs instrumentaux : Across the Crystal Sea, Rays and Shadows, The
Purple Condor et The Saga of Rita Joe.
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Chroniques de disques
8 septembre 2008
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19:36
Septembre : après l’accalmie estivale, les
disques poussent à nouveau comme des champignons. Sortez cueillir les bons dans les bacs des disquaires, une véritable jungle, une pléthore de prix verts, et écartez les indigestes de loin les
plus nombreux. Les meilleurs méritent commentaires. Vous en trouverez dans Jazzman qui publie mes chroniques. D’autres, semaine après semaine, vous seront proposés ici, mais aussi des interviews,
des comptes-rendus de concerts, le blog de Jazzman sur son site internet (www.jazzman.fr) accueillant également ces derniers. Prenez surtout le temps d’écouter soigneusement les CD qui
paraissent, sortez! Le jazz se vit dans les clubs avant d’être gravé et de finir trop vite sur une étagère.
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Edito tout beau
8 septembre 2008
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19:27
Ce premier album d’une jeune chanteuse Belge mérite toute votre attention. Sorti l’an passé en Belgique, il fut salué par
une critique unanime et obtint la même année l’Octave de la Musique catégorie jazz. Une voix grave, sensuelle - on pense à Billie Holiday bien que le timbre soit quelque peu différent - chuchote
des mélodies tendres, des textes mélancoliques, nous plonge dans de fascinantes ambiances nocturnes. Le disque bénéficie de compositions originales et d’arrangements inventifs. Piano acoustique
et électrique (Pascal Mohy et Pascal Paulus, également responsables de la plupart des musiques), flûte ou saxophone confiés à Steve Houben,
installent de mystérieux climats, brodent d’étonnantes variations sonores. Les tempos sont lents et la voix hypnotise, les plages les plus longues attachant davantage. Les Parisiens n’oublieront
pas d’aller l’écouter au Sunset le 23 septembre.
Meilleurs
morceaux : A Stomach is Burning, My Man’s Gone Now, Let Me Love You,
Convictions.
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