22 septembre 2008
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Publié dans les premiers jours de juillet, ce disque de Bill
Frisell m’a suivi en vacances, sa folie douce, sa diversité étonnante le rendant très attachant. Les cordes y occupent une place importante, celles de la guitare de Frisell, mais aussi
celles qui se jouent avec un archet, le violon se faisant beaucoup entendre dans ce double album aux musiques très variées. Frisell n’est pas seulement un jazzman. Sa culture s’élargit au blues,
à la soul, au folk, à une country music purement américaine, mais aussi à l’image. Après avoir improvisé sur des films de Buster Keaton, le guitariste met en musique le travail du dessinateur de
BD Jim Woodring, d’où cette succession de pièces souvent concises, véritables morceaux d’un puzzle qui révèle progressivement son unité, Frisell ayant choisi de les découper pour en répéter les
thèmes, les rendre récurrents. « History, Mystery » rassemble deux CD. Le premier contient dix-sept morceaux ; le second treize. La plage la plus courte dure 37 secondes et la plus longue près de
9 minutes. Il s’agit d’une reprise instrumentale de A Change is Gonna Come immortalisé par Sam Cooke en 1964, une plage enregistrée live. Ces deux disques en
contiennent d’autres. Parmi elles, une reprise déjantée de Jackie-ing de Monk et le Sub-Conscious Lee de Konitz joué sur un tempo fiévreux ,
deux vrais morceaux de jazz dans un album fourre-tout abritant toutes sortes de musiques. Outre un trio de cordes, « History, Mystery » accueille le cornet de Ron Miles et les
saxophones de Greg Tardy. Le bassiste (Tony Scherr) et le batteur (le fidèle Kenny Wollesen) jouent surtout des rythmes binaires. Rassurez-vous,
Bill Frisell soigne les moindres détails de ses miniatures, de petites pièces lyriques et pleines d’humour qui bénéficient d’arrangements délicats et subtils. Une fois écouté, ce disque vous
trotte dans la tête et vous accompagnera longtemps.
Meilleurs Morceaux : Struggle (parts 1 & 2), A Change is Gonna
Come, Heal, Lazy Robinson (Parts 1 & 2), Monroe (parts 1 & 2), Waltz for Baltimore.
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Chroniques de disques
20 septembre 2008
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Les amateurs de jazz connaissent tous cet album de Bill
Evans, enregistré en 1962 avec Chuck Israels à la contrebasse et Paul Motian à la batterie. Par contre (presque) personne ne connaît l’identité de la
superbe blonde qui fait les honneurs de la pochette. Cette jeune Allemande rêve alors de devenir chanteuse. Mannequin, elle a travaillé à Berlin, à Paris pour Coco Chanel et à New York. Séduit
par sa beauté, Federico Fellini lui offre un petit rôle dans « La Dolce Vita » (1960). C’est de cette époque que date cette photo de Christa Päffgen, plus connue sous le nom de
Nico. Amie de Salvador Dali, de Brian Jones et d’Andy Warhol, elle tourne pour ce dernier « Chelsea Girl », un film
expérimental, avant d’intégrer le Velvet Underground de Lou Reed, le groupe de la « Factory » de Warhol. Sa voix grave fait merveille dans « The Velvet
Underground & Nico », un disque de 1967 aux chansons aussi douces que perverses. Les photos en noir et blanc proviennent du livret de « The Marble Index »
enregistré en 1969.
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Scoop!
17 septembre 2008
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Consacré à la musique de G.I. Gurdjieff et complété par quelques pièces de Vassilis
Tsabropoulos, « Chants, Hymns and Dances » pour violoncelle et piano fit sensation lors de sa parution en 2004. Dans « Melos », les œuvres du pianiste grec prédominent, celles de
Gurdjieff n’ étant plus que trois, comme le nombre de musiciens en présence. Anja Lechner et Vassilis Tsabropoulos ont en effet enregistré ce nouvel album en
trio. Bien que discret dans son approche rythmique, le batteur italien U.T. Gandi permet aux musiciens d’improviser davantage, Gift of Dreams et Vocalise se
déployant en de splendides variations modales. Les belles mélodies greco-byzantines du pianiste se rapprochent ainsi du jazz, domaine que ces trois musiciens connaissent bien. Tsabropoulos est
membre du trio d’Arild Andersen et Anja Lechner joue sur « Nostalghia – Song for Tarkovsky », magnifique album que François Couturier, fasciné
par les films du célèbre metteur en scène, a enregistré. « Melos » n’est sans doute pas un disque de jazz. Il se situe au-delà d’une catégorie musicale précise et n’a point de frontières.
L’Orient y rejoint l’Occident ; des danses s’y font entendre, rythmées et colorées, mais aussi une harmonie savante demandant une maîtrise instrumentale irréprochable, le jeu des musiciens
s’inscrivant dans une approche classique de la musique.
Meilleurs morceaux : Melos, Gift of Dreams, Sayyid
Dance, Promenade, Vocalise.
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Chroniques de disques
17 septembre 2008
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Magnifique concert donné par le nouveau quartette de Joshua
Redman dans la Grande Halle de la Villette, dimanche 14 septembre, concert clôturant un festival que les Parisiens connaissent bien. Le saxophoniste avait déjà joué avec les membres de
ce nouveau groupe, le pianiste Sam Yahel, le contrebassiste Larry Grenadier et le batteur Jeff Ballard, ces deux derniers constituant l’actuelle
section rythmique de Brad Mehldau, mais séparément, raison pour laquelle on attendait avec curiosité comment le groupe allait sonner. Magnifiquement ! La paire rythmique
Grenadier / Ballard se montrant éblouissante. Poussé en avant par un batteur au drive subtil, s’appuyant sur une contrebasse aux lignes mélodiques chantantes et un pianiste aux doigts
très mobiles, le saxophoniste n’eut aucun mal à séduire le très nombreux public venu l’écouter. Compositions personnelles et standards (Body and Soul, Just in Time) se
succédèrent, Redman conviant le saxophoniste Mark Turner à partager avec lui ses rappels.
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Vu et Entendu
12 septembre 2008
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17:27
Le disque vocal de la rentrée ? Certainement le plus original. Enregistré en 2006, produit
par ses soins sous la direction artistique de Philippe Ghielmetti (Sketch, Minium, Illusions), « Chronos in USA » a enfin trouvé un
distributeur, une maison de disque plus courageuse que les autres pour héberger un ovni, un album confié à un petit groupe de musiciens de jazz dans lequel, entre de courtes séquences
instrumentales presque classiques, se déploient des airs d’opéras saupoudrés d ‘effets électroniques. Jazz ? Musique contemporaine ? Marjolaine Reymond mêle habilement les deux genres. Elle s’est produite à Darmstadt, a chanté Berio, Ohana, Messiaen et Stockhausen avant d’apprendre à interpréter
des standards du jazz, à se familiariser à une autre technique. Opéra en trois actes sur des textes empruntés à des poètes anglais et américains, « Chronos in USA » reflète parfaitement son désir
d’improviser librement et innove ainsi sur le plan de la forme. Le sprechgesang des compositeurs viennois y croise des airs de bel canto. Une voix de tête jongle sur trois octaves,
éructe, dérange ou se fait miel. C’est selon, chaque plage de cet album étant une aventure dont on sort difficilement indemne.
Meilleurs morceaux : On écoutera à la
suite les trois actes de cet opéra. Sa durée (55 minutes environ) le permet aisément.
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Chroniques de disques
11 septembre 2008
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15:02
Un excellent disque que l’on n’attendait pas ! Il nous vient d’Argentine,
d’un trio de jazzmen jouant des compositions de Lee Konitz, Warne Marsh, Billy Bauer et Lennie Tristano, pianiste virtuose et
aveugle pour qui le jazz était avant tout une façon de sentir. Né en 1973, Ernesto Jodos ne cache nullement ce qu’il doit à ce dernier. Adoptant une esthétique linéaire, jouant
de longues lignes mélodiques, le pianiste nous tient toujours en haleine par la construction savante de ses phrases qui, telles des histoires policières, conduisent à des dénouements surprenants
ou abrupts. Le morceau d’ouverture, Subconscious-lee, certainement le plus abstrait du recueil, ne reflète pas vraiment ce que contient ce disque. Naguère d’avant-garde, la musique de
Tristano et de ses élèves – Konitz et Marsh en furent les plus brillants – ne pose plus guère de difficultés d’écoute. De conception presque classique, elle s’inscrit dans l’évolution du bop,
s’organise autour d’une contrebasse et d’une batterie (Hernan Merlo et Eloy Michelini) qui n’oublient jamais de marquer la cadence. Disposant d’une section
rythmique confortable et par ailleurs étonnamment réactive (Subconscious-lee), Ernesto Jodos prend tout son temps pour choisir ses couleurs, organiser méthodiquement un discours aussi
chaleureux que logique. Il va jusqu’au bout de ses idées, économise ses notes (la main gauche, parcimonieuse, est souvent en attente) et parvient à les rendre essentielles.
Meilleurs morceaux : Dreams, Kary’s Trance,
mais tous méritent une écoute attentive.
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Chroniques de disques
10 septembre 2008
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16:22
On peut l’écouter en
simple fond sonore, mais il serait dommage de ne pas y prêter des oreilles attentives. Arrangeur de
Diana Krall (« The Look of Love »), mais aussi des plus beaux albums d’Antonio Carlos Jobim, Claus Ogerman fait ici du bon boulot. Ses violons posent de douces couleurs sur des
thèmes de Massenet, Sibelius, Rachmaninov, De Falla. Entouré d’une section rythmique superlative – Christian McBride à la contrebasse, Lewis Nash à la batterie
et Luis Quintero (enthousiasmant) aux percussions - , Danilo Perez n’a plus qu’à poser ses doigts sur son magnifique piano. Les notes coulent comme une eau de
source désaltérante, Perez improvisant des variations mélodiques autour des thèmes dont il s’écarte peu. Quelques passages sont un peu sucrés (Lazy afternoon ; l’intro de If I Forget
You) et l’album un peu monochrome, le pianiste étant le seul soliste de ce beau disque accessible à un large public. Il accueille pour deux morceaux la voix de Cassandra
Wilson, cette dernière magnifique dans (All of Sudden) My Heart Sings.
Meilleurs instrumentaux : Across the Crystal Sea, Rays and Shadows, The
Purple Condor et The Saga of Rita Joe.
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Chroniques de disques
8 septembre 2008
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19:36
Septembre : après l’accalmie estivale, les
disques poussent à nouveau comme des champignons. Sortez cueillir les bons dans les bacs des disquaires, une véritable jungle, une pléthore de prix verts, et écartez les indigestes de loin les
plus nombreux. Les meilleurs méritent commentaires. Vous en trouverez dans Jazzman qui publie mes chroniques. D’autres, semaine après semaine, vous seront proposés ici, mais aussi des interviews,
des comptes-rendus de concerts, le blog de Jazzman sur son site internet (www.jazzman.fr) accueillant également ces derniers. Prenez surtout le temps d’écouter soigneusement les CD qui
paraissent, sortez! Le jazz se vit dans les clubs avant d’être gravé et de finir trop vite sur une étagère.
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Edito tout beau
8 septembre 2008
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19:27
Ce premier album d’une jeune chanteuse Belge mérite toute votre attention. Sorti l’an passé en Belgique, il fut salué par
une critique unanime et obtint la même année l’Octave de la Musique catégorie jazz. Une voix grave, sensuelle - on pense à Billie Holiday bien que le timbre soit quelque peu différent - chuchote
des mélodies tendres, des textes mélancoliques, nous plonge dans de fascinantes ambiances nocturnes. Le disque bénéficie de compositions originales et d’arrangements inventifs. Piano acoustique
et électrique (Pascal Mohy et Pascal Paulus, également responsables de la plupart des musiques), flûte ou saxophone confiés à Steve Houben,
installent de mystérieux climats, brodent d’étonnantes variations sonores. Les tempos sont lents et la voix hypnotise, les plages les plus longues attachant davantage. Les Parisiens n’oublieront
pas d’aller l’écouter au Sunset le 23 septembre.
Meilleurs
morceaux : A Stomach is Burning, My Man’s Gone Now, Let Me Love You,
Convictions.
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Chroniques de disques