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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 10:18

Deuxième album enregistré en duo par Gary Peacock et Marc Copland après le très beau “What It Says“ pour Sketch Records en 2002, “Insight“ porte bizarrement le même nom qu’un disque solo de John Taylor également produit par Philippe Ghielmetti pour le défunt label Sketch. Perfectionniste, à la recherche d’autres variations possibles, Marc Copland réenregistre souvent les mêmes thèmes, leur donne à chaque fois un son, une couleur harmonique particulière. Avec Gary Peacock et Paul Motian, il nous a déjà offert une version en trio de All Blues dans “Voices“, second volet de ses “New York Trio Recordings“. Marc joue aussi ce thème en solo dans “Time Within Time“ (hatOLOGY). Autre pièce de Miles Davis proposée ici, Blue in Green fut également gravé par Copland lors de la séance new-yorkaise de juin 2006 qui donna lieu à son premier disque en duo avec Peacock. Ne cherchez pas le morceau sur “What It Says“. Il n’existe que sur un CD promotionnel qui était offert avec le n°546 de Jazz Magazine. La version en est plus courte et Gary joue une contrebasse plus musclée, attaque ses notes de manière plus agressive. Contrairement à All Blues qui ouvre le disque, Blue in Green convient bien au piano sensible et raffiné de Copland qui aime à en colorer délicatement l’harmonie. Marc  l’a d’ailleurs repris deux autres fois ces dernières années, en duo avec David Liebman (“Bookends“) et en quartette avec John Abercrombie, Drew Gress et Jochen Ruckert (“Marc Copland And“), deux disques publiés sur le label hatOLOGY. River’s Run de Copland a fait l’objet de deux autres versions en duo et en trio. The Pond, un original de Peacock, est construit sur un ostinato, de même que The Wanderer, une pièce courte et onirique qui semble avoir été improvisée en studio. La main droite du pianiste égraine des harmonies étranges, de courtes phrases jouées legato. La contrebasse apparaît brièvement avant la coda. Mieux agencé, Matterhorn fait davantage  rêver. Si Rush Hour génère de nombreux échanges, Goes Out Comes In, voit les deux instruments monologuer avant de se rejoindre et magnifiquement dialoguer. Benediction joliment introduit à la contrebasse, et le délicieux Cavatina de Stanley Myers, contiennent des harmonies qui semblent tomber du ciel. Les accords étonnent et respirent, Marc donne les plus subtiles nuances à ses notes grâce à la finesse de son toucher et à son jeu de pédales qui en modifie subtilement les sonorités. Deux standards achèvent de convaincre : In Your Own Sweet Way de Dave Brubeck et Sweet and Lovely. Loin de constituer des redites, les versions proposées débordent d’invention. On les applaudit des deux mains.

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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 09:48

Qui se plaindra d’un nouvel album de René Urtreger ? Personne assurément. Le pianiste enregistre peu. “Tentatives“, son disque précédent, une approche inhabituelle de quelques grands standards en solo, date de janvier 2005. Quatre ans plus tard, on retrouve René meilleur que jamais à la tête de son quintette, formule qui donne des couleurs nouvelles à ses compositions et aux grands standards du jazz auquel il a toujours été fidèle. Avec lui, Nicolas Folmer à la trompette, Hervé Meschinet au saxophone alto et à la flûte, l’incontournable Eric Dervieu à la batterie et, surprise, Mauro Gargano à la contrebasse. Ancien élève de Riccardo Del Fra, ce dernier constitue avec le batteur une solide paire rythmique pour propulser les solistes vers les cimes de l’excellence. Admirateur de Bud Powell depuis sa jeunesse, René Urtreger reste un bopper, un vrai, nonobstant le fait qu’il a su moderniser le répertoire de ses pairs tout en en conservant l’esprit. Ce disque, un concert donné au Duc des Lombards en juillet dernier, en témoigne. If I Were a Bell de Franck Loesser et Un Poco Loco de Bud bénéficient de nouveaux arrangements, d’une dynamique de groupe profitable aux solistes : René dans If I Were a Bell, Nicolas Folmer dans Un Poco Loco et St Eustache, un thème de René construit sur une grille de blues, Hervé Meschinet à l’alto dans ce même St Eustache. Ecrit par René, Didi’s Bounce ouvre l’album et permet à tous les musiciens de se présenter. Huit thèmes ont été ici rassemblés. La plupart nous sont déjà connus. On les redécouvre, différents, sous le halo d’une autre lumière. René joue toujours avec beaucoup d’émotion Thème pour un ami, (Raymond Le Sénéchal) ; la trompette trouve les notes justes pour en chanter la mélodie. Hervé Meschinet prête la douceur de sa flûte à Valsajane, une tendre ballade que René offre à sa sœur dans “Jazzman“, un de ses grands albums. Serena et Humoiseau ont été enregistrés en trio en 1999 avec Daniel Humair et le regretté Pierre Michelot. Retravaillés, ils portent les belles couleurs d’un jazz intemporel au charme toujours intact.

Disponible à la Fnac Montparnasse et chez Carlyne Music au prix de 13€ (frais d’expédition sur l’Europe inclus). Envoi sous 48 heures. Le commander à Jeanne de Mirbeck, La Prairie, 92410 Ville d’Avray. jdemirbeck@numericable.fr

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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 10:14

Après un premier enregistrement pour ECM en solo en 2005 et plusieurs disques avec Enrico Rava, notamment le très beau “New York Days“ publié cette année sous le nom du trompettiste, Stefano Bollani sort un premier disque en trio pour la firme munichoise avec une section rythmique pour le moins inattendue : deux jeunes musiciens danois avec lesquels le pianiste italien a tourné au Danemark et en Scandinavie en 2002, année où il les a rencontrés. Le contrebassiste Jesper Bodilsen et le batteur Morten Lund ont à peu près son âge. Ils ont écouté les mêmes disques et partagent les mêmes options esthétiques, d’où la grande cohésion de leur trio. “Stone in the Water“ s’ouvre sur une délicieuse mélodie de Caetano Veloso. Les trois hommes prennent tout leur temps pour la faire scintiller. Ici point de musique énergique et sauvage. Tout est calme, volupté, silence entre les notes. Stefano et ses complices laissent respirer la phrase musicale, la développent et la transcendent en complète interaction. Jesper Bodilsen signe les deux thèmes suivants. Le premier, Orvieto, contient de bien belles notes. Un piano chante avec feeling et improvise avec brio. Une contrebasse ronde et mélodique l’écoute et lui répond. Une batterie marque discrètement le tempo. Edith n’est pas plus rapide. Le piano se greffe sur l’ostinato que joue la contrebasse. La main gauche se fait pesante et grave puis s’efface pour faire parler la basse. Stefano Bollani organise ses chorus avec un grand sens de la forme dans une perspective constamment mélodique. Ses doigts dansent et font rêver. Son touché délicat se fait miel dans Brigas nunca mais, un thème d’Antonio Carlos Jobim entièrement repensé. Ses propres compositions possèdent un léger parfum latin : Il cervello del pavone résonne de notes tintinnabulantes ; Un sasso nello stagno, une mélodie superbe, presque fragile dans sa simplicité, frappe l’oreille. Le pianiste use à bon escient de sa virtuosité, joue Francis Poulenc (Improvisation 13 en la mineur) avec intelligence, respect et gravité. Ses voicings assemblent les plus belles notes possibles. Un grand musicien assurément.

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 11:30

Batteur émérite et incontournable dans le paysage du jazz, André Ceccarelli rend hommage à Claude Nougaro qu’il a souvent accompagné en reprenant son répertoire. Son trio comprend Diego Imbert à la contrebasse et Pierre-Alain Goualch au piano. Ce dernier surprend par les belles couleurs qu’il tire de son piano, l’élégance de voicings toujours chantants. La contrebasse tient souvent un rôle mélodique, et le batteur nous régale par son drive fin et puissant, par son tempo toujours musical, des rythmes souples qu’il fait parfaitement respirer. On goûtera les harmonies aériennes de Dansez sur moi, Cécile, Tu verras (adaptation de O Que Será, beau thème de Chico Buarque qui le chante en duo avec Milton Nascimento dans “Geraes“, un album, de ce dernier). Dans Je suis sous, Goualch introduit volontairement de nombreuses dissonances pour évoquer l’ivresse. L’arrangement de Nougayork, conserve la modernité initiale du morceau, le Fender Rhodes lui donnant d’autres timbres. L’instrument reste toutefois difficile à personnaliser. L’Américain Kevin Hays est un des très rares pianistes à en tirer un son original et Goualch s’en tire plus qu’honorablement. Dans plusieurs plages, le trio se pousse un peu et laisse chanter David Linx qui fait merveille ici. Avec lui, Il faut tourner la page, The Meeting Place of Water (une version anglaise d’Eau douce dont Aldo Romano a composé la musique) et Mademoiselle Maman acquièrent une vraie plénitude poétique. Chanteur très complet, Linx démontre sa grande technique du scat dans Une petite fille en pleurs et dans une très jolie reprise de Tendre, une composition de Toots Thielemans. Le DVD qui accompagne le CD audio est moins passionnant avec un solo de batterie de plus de treize minutes, brillant mais un peu long, donné dans le cadre d’une master class non chapitrée. Pas pratique pour retrouver les duos de Dédé avec Rémi Vignolo à la contrebasse, neuf minutes de bonheur à ne pas manquer.


André Ceccarelli, David Linx, Pierre-Alain Goualch et Diego Imbert donnent deux concerts ce jeudi 10 octobre (20h & 22h) au Duc des Lombards pour fêter la sortie de leur disque. 

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 10:19

John Surman ne fait jamais le même disque. Bien au contraire, il surprend par l’éclectisme et la variété de ses projets, passant d’une musique à une autre, d’une instrumentation à une autre. Véritable homme-orchestre, le saxophoniste peut tout aussi bien être le seul maître d’oeuvre de ses albums (quatre opus en solo pour ECM entre 1979 et 1994) que se faire accompagner par des cordes, des ensembles de cuivres, un orgue ou une chorale. Avec “Brewster’s Rooster“, il revient au jazz et retrouve Jack DeJohnette, un complice avec lequel il a souvent enregistré. John Abercrombie, le guitariste de la séance, fit partie du Jack DeJohnette New Directions, groupe constitué par le batteur à la fin des années soixante-dix. Tous deux furent membres du trio Gateway que complétait Dave Holland à la contrebasse. L’instrument est ici confié à Drew Gress qui participe à sa première session pour ECM. Très mobile, son jeu s’accorde à merveille avec le drumming subtil et inventif d’un DeJohnette en grande forme. Slanted Sky, une ballade qui ouvre le disque permet de mesurer la souplesse de la section rythmique. Les deux hommes assurent, commentent les moindres accords des solistes, stimulent leurs ardeurs dans le brûlant Kickback, pièce dans laquelle le saxophoniste se montre particulièrement fougueux au baryton. Au soprano, il adopte un jeu plus mélodique. Counter Measures, un joli thème, en profite. Derrière lui, John Abercrombie assure un jeu rythmique, glisse de petites phrases chantantes dans le canevas musical que tisse le saxophone, ses interventions judicieuses laissant toujours de l’espace, de l’air à la musique. A l’écoute les uns des autres, les musiciens pratiquent un jeu interactif souvent passionnant. On en oublie les thèmes, souvent de simples riffs assemblés à la hâte. L’étonnant Haywain, une pièce free, semble même avoir été complètement inventée en studio. Reste à espérer des concerts, une suite à cet album, le premier d’un quartette de vétérans pour le moins prometteur.

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 10:33

All of You, un beau thème de Cole Porter ouvre l’album. On en connaît des dizaines de versions, et pourtant Greg Reitan parvient à imposer la sienne, fait entendre une petite musique qui charme nos oreilles. Très vive, la main droite du pianiste brode de jolies notes perlées ; les harmonies sont belles et raffinées. Reitan égraine beaucoup de notes, mais construit ses phrases avec lyrisme et les fait respirer. Agé de 35 ans, diplômé de la Thornton School of Music, cet élève du compositeur David Raskin écrit depuis quelques années des musiques pour la télévision et le cinéma. Reitan a également été finaliste de plusieurs concours de piano parmi lesquels la Great American Jazz Piano Competition en 1995. Enregistré en trio, son premier disque en tant que jazzman nous donne non seulement l’occasion de découvrir le pianiste, mais aussi cinq de ses compositions. D’une grande fraîcheur, les harmonies singulières de The Wayfarer ou Joy’s Song ne dévoilent pas leurs richesses avant plusieurs écoutes. Plus classique, le thème d’Unquity Road se prête à une longue improvisation aux notes élégantes jouées dans la partie haute du clavier – procédé dont Reitan a souvent recours. L’acrobatique Bordeaux témoigne de sa maîtrise du bop. Le pianiste joue aussi des standards et nous en livre des versions très personnelles et excitantes. Star Song de Vince Guaraldi s’éclaire de notes bleues, d’harmonies fines. Dear Prudence de John Lennon et Paul McCartney hérite d’un balancement confortable et se teinte d’un léger voile funky. Dans Some Other Time, Reitan met son toucher délicat au service d’une mélodie sublime. Saluons la belle musicalité du trio qui seconde le pianiste. Jack Daro à la contrebasse et Dean Koba à la batterie, n’en font jamais trop, mais accompagnent avec subtilité le discours chantant du pianiste. Parions que ce dernier, encore inconnu de ce côté de l’Atlantique, ne le restera pas longtemps.  

 
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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 11:49

Cinquième opus que Paul Motian consacre aux mélodies de Tin Pan Alley, “On Broadway Vol. 5“ est un disque presque aussi bon que “On Broadway Vol. 3“ enregistré en 1991 avec Lee Konitz et Joe Lovano, la guitare de Bill Frisell palliant l’absence de piano. Grand mélodiste, auteur de thèmes souvent repris, le batteur attache beaucoup d’importance aux souffleurs qui l’entourent. Après Chris Potter qui remonte le niveau de “On Broadway Vol. 4“ gâché par une chanteuse peu convaincante, il choisit deux saxophonistes complémentaires, Michaël Attias et Loren Stillman. De ce dernier, musicien dont l'alto chante comme un ténor, je recommande les albums, “How Sweet it is“ et “It could Be Anything“, tous deux remarquables. Proches du free mais tonales et structurées, ses phrases flottantes (influence probable de Wayne Shorter) conservent un fort aspect mélodique. Exposé par les deux saxophones, le piano de Masabumi Kikuchi assurant un délicat contrepoint mélodique, Morrock, un thème de Motian d’une simplicité lumineuse, ouvre l’album. Le pianiste assure un premier chorus abstrait, place des silences entre ses notes et fait d’emblée respirer la musique. Le batteur en ralentit le flux, l’aère et lui donne de l’espace. Les morceaux choisis sont d’ailleurs presque tous des ballades. Même Just A Gigolo rendu méconnaissable par un tempo très lent. Inspiré par Paul Bley, possédant un toucher très délicat, Kikuchi mêle un langage mélodique d’une rare élégance à d’imprévisibles dissonances. Le chorus qu’il prend dans A Lovely Way to Spend An Evening, une chanson populaire de 1943 dans laquelle Michaël Attias joue du baryton, témoigne d’une réelle vision poétique. De même la longue introduction très personnelle qu’il apporte à Midnight Sun, composé par Lionel Hampton et Sonny Burke en 1947. Michaël Attias qui joue aussi du soprano est également au baryton dans Something I Dreamed Last Night (chanson naguère interprétée par Marlène Dietrich et reprise par Miles Davis) et dans I See Your Face Before Me (un succès de Frank Sinatra). Comme dans une conversation, Loren Stillman lui répond à l’alto, les deux instruments finissant par mêler leurs voix mélodiques. La contrebasse de Thomas Morgan se voit souvent confier un rôle de bourdon ou de pédale. Dans cette musique modale,le tempo est souvent suggéré. Motian l’a bien compris. Il évite de trop marquer les temps. Sa pulsation irrégulière colore et suggère. Devenue instrument mélodique, sa batterie installe un tissu percussif extrêmement souple qui profite à la musique, la rend légère et fait battre son cœur.

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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 09:17

Né à Bordeaux, diplômé du fameux Berklee College of Music de Boston, Vincent Bourgeyx fit ses armes au sein des quartettes du tromboniste Al Grey et de la saxophoniste Jane Ira Bloom tout en travaillant avec de nombreux jazzmen. Revenu en France en 2001, il obtint un prix de soliste au Concours de Jazz de la Défense en 2003, et depuis se produit souvent avec des musiciens hexagonaux. Enregistré à Barcelone, “Again“, son troisième album après “Introduction“ (Utica) et “Un ange qui ricane“ (Cristal Records), témoigne du savoir faire d’un pianiste amoureux de la mélodie. Avec le batteur Bobby Durham décédé en 2008, Vincent Bourgeyx a naguère joué un jazz inspiré par Oscar Peterson et sa musique ancrée dans le blues (Come Sunday, The Good Life) en conserve la trace. Les leçons de piano classique prises avec Françoise Hougues, une élève d’Yves Nat, lorsqu’il était jeune, lui permettent aujourd’hui d’adapter très habilement Gabriel Fauré (Après un rêve) et Frédéric Chopin. Joué en 7/4, l’Etude en mi-majeur de ce dernier reste une de ses mélodies préférées. S’il cède ainsi à une certaine tentation romantique, il ne rend pas sa musique paresseuse pour autant. La remarquable section rythmique qui l’accompagne n’oublie même jamais de la muscler. La contrebasse de Matt Penman, musicien avec lequel il a enregistré son premier disque en 2002, instaure des conversations incessantes avec son piano. Vincent a souvent joué à New York avec le batteur Ari Hoenig qui lui fournit un accompagnement aussi varié qu’efficace. Si les nombreux standards qu’il reprend attestent son éclectisme - Once Upon a Summertime (La valse des lilas) côtoit Giant Steps de John Coltrane –  ses compositions personnelles, et particulièrement Alice, sont loin d’êtres négligeables. Précédemment enregistrée, cette suite en quatre parties nous offre un condensé des qualités de ce troisième opus : interaction parfaite des protagonistes, riche background harmonique d’un pianiste dont les improvisations mélodiques et chantantes s‘accompagnent d’une abondance de notes, d’un jeu orchestral offrant beaucoup de dynamique à l’instrument. Cette réussite mérite sa place dans toute bonne discothèque.

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 19:45

Ils sont trois. Larry Grenadier et Jeff Ballard constituent l’actuelle section rythmique de Brad Mehldau et Mark Turner est un des rares saxophonistes à avoir choisi Warne Marsh comme modèle. Tous ont beaucoup d’expérience comme accompagnateurs d’où une conception collective de leur trio. Chaque instrument est ici une voix attentive qui entend, répond et réagit aux idées des deux autres. “Sky & Country“ comprend quatre morceaux de Turner, trois de Ballard et deux de Grenadier. Malgré leur complexité harmonique et rythmique, ils génèrent des improvisations d’une rare fluidité. Mark Turner chante de longues phrases mélodiques au ténor, mais prend soin de laisser de la place aux musiciens qui l’accompagnent. Ils écrivent ensemble une histoire et leurs instruments occupent l’espace sonore à parité égale. La contrebasse peut ainsi intervenir à tout moment pour compléter le discours mélodique du saxophone ou, associée à la batterie, lui apporter un ample contrepoint rythmique. Mark Turner a véritablement un son. Il joue souvent dans l’aigu du ténor de longues lignes chromatiquement complexes qu’il parvient parfaitement à faire respirer. Malgré son aspect quelque peu janséniste (Turner joue aussi du soprano, mais l’instrumentation réduite de l’album en limite les couleurs), cette musique intimiste n’est pas difficile à appréhender. L’écouter attentivement révèle sa logique, sa fraîcheur d’inspiration, sa modernité apaisante. Sous une froideur apparente se dissimule un grand lyrisme.
Fly occupera le Sunset du vendredi 22 au dimanche 24 mai (20h00 et 22h00 les deux premiers soirs. Concert unique à 21h00 le dimanche). 

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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 09:40

Ce disque, le troisième qu’il publie sous son nom, Stéphane Kerecki l’a souhaité largement improvisé, « d’une grande diversité de climats avec des grooves simples et solides ». Les thèmes reposent sur peu de notes, ne sont pas figés par des arrangements. La musique y gagne en spontanéité, se bâtit sur le fil d’une improvisation collective qui relègue au second plan l’écriture. Stéphane en est l’architecte principal, mais si ses lignes de contrebasse guident la musique, les trois autres instruments lui donnent un poids rythmique et des couleurs harmoniques non négligeables. Aux saxophones (ténor et soprano), Tony Malaby (canal gauche) et Matthieu Donarier (canal droit) se complètent, entrelacent avec bonheur leurs lignes mélodiques, certaines suaves et douces, d’autres d’une force quasi tellurique. Malaby peut grogner et rugir - Palabre, Satellisé - , mais aussi chanter avec recueillement et lyrisme - A l’air libre, Secret d’oreille ou Fable, seul morceau réellement arrangé de l’album qui enchaîne ainsi des paysages sonores très variés. Pièce abstraite au thème à peine esquissé et ponctuée par un ostinato rythmique de contrebasse, Suite for Tony génère une conversation entre le ténor (Malaby) et le soprano (Donarier). Dans Macadam, une contrebasse ronde et puissante égraine les notes d’une petite mélodie. Très présents, les tambours de Thomas Grimmonprez rythment sa danse joyeuse. Houria (un prénom arabe qui signifie liberté) nous transporte de l’autre côté de la Méditerranée, sur cette terre d’Afrique où le sacré y est encore présent. Dans le recueillement du studio et à l’écoute de leurs voix intérieures, les quatre hommes semblent avoir retrouvé les secrets d’une musique instinctive et primitive dans laquelle la technique passe derrière l’expression d’un langage incantatoire intensément spirituel. Composé par Olivier Messiaen, l’envoûtant ô Sacrum Convivium, s’en fait étonnamment l’écho.

Pour fêter la sortie de leur album, Stéphane Kerecki, Tony Malaby, Matthieu Donarier et Thomas Grimmonprez donnent un concert au New Morning ce soir, mardi 19 mai, à 21h00.

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