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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 09:32

Budapest-b.jpgCher Jacquot,

Invités au mariage de Toine, le fils de tonton Manu et de tata Cathy qui épouse une jeune et jolie hongroise, ta mammy et moi passons d’agréables vacances en Hongrie. Nous avons visité Budapest, Happy Family hôtelville débordante de vieux et sympathiques cafés et sommes actuellement au bord du lac Balaton, dans un hôtel construit dans les années 50 pour l’homo soviéticus et les camarades hongrois méritants. Presque rien n’a changé. Les postes de garde et leurs barrières dissuasives sont toujours en place. Les gardiens aussi. Ils sont seulement un peu plus vieux. Après avoir servi la nomenklatura communiste, le personnel du Happy Family Hôtel (photo) qui nous héberge soigne aujourd’hui sans états d’âme les capitalistes qui viennent y marier leurs enfants. Les chambres confortables et grandes contiennent des lits immenses. J’ose rêver que le camarade Nikita a batifolé dans celui que j’occupe avec Madame Michu. Les appareils électriques d’époque Valse-des-Michu.jpgont fière allure. Les aspirateurs exhibent des corps de spoutniks et les grille-pains ressemblent à des chars miniatures. Celui de l’immense salle dans laquelle nous petit déjeunons fait grincer les rouages métalliques de ses chenilles. Les serveurs très stylés de l’hôtel ont gardé quelque chose des procès préfabriqués, des grandes épurations, la peur de finir leur service au goulag. La musique n’est pas vraiment excitante, Duke Ellington n’ayant pu voyager jusqu’ici. Bruyante et improbable, mélange d’accordéon synthétique et de flonflons magyars, elle pousse à de savants et pénibles déhanchements. Les vins toutefois restent excellents, mais Madame Michu veille. Un maître d'hôtel compréhensif (photo de droite) me sert des verres de tokay en cachette, m’abreuve de fines Cerbère compréhensifliqueurs. J’ai surtout eu l’occasion d’étancher ma soif – il fait très chaud, autour des 40° – lors du mariage de Toine, une fête comme ta grand-mère et moi en avons rarement vu, avec croisière sur le lac, lancer de ballons et feu d’artifice. J'ai fait valser Madame Michu. Elle s’est couchée tôt. J’en ai profité pour danser avec la mariée, faire tourner Olya, Anikó, Maria, Szilvia, Belisa, ses jolies copines.

 

Je t’écris dans une solitude quasi-complète. La noce est finie. L’hôtel, qui hier encore résonnait des rires des convives, est aujourd’hui désert. Ses longs couloirs n’abritent que des fantômes. Déjà les soirées sont plus fraîches. Le goût amer de l’arrière-saison accompagne l’entrée du soleil dans le signe de la Vierge et son coucher est magnifique.

 

Balaton-Sunset.jpg 

Il est temps pour nous de regagner Paris, de se plonger dans un grand bain de jazz, ceux très chauds qui abondent en Hongrie n’offrant pas le même plaisir. Le jazz me manque. J’espérais en écouter au Budapest Jazz Club. Madame Michu et moi l’avons trouvé portes closes après une longue déambulation nocturne, le club fermant au mois d’août.

 

Sais-tu cher Jacquot que le festival de jazz de la Villette accueille cette année Jacky Terrasson, Kenny Barron, Geri Allen, Bill Carrothers, Marc Copland, des pianistes que j’affectionne ? Fin septembre (les 28 et 29), Provins organise un premier Duke Festival et invite Laurent Mignard et son Duke Orchestra. J’espère que la quincaillerie médiévale qu’on y trouve ne te fera pas reprendre tes mauvaises habitudes. Contrairement aux bons vins, les clous rouillent. Tu en as fait l’expérience en adoptant naguère la panoplie du parfait gothique. L’élégance ellingtonienne te sied mieux. Elle donne des joues roses, un sourire naturel, des jambes fines et légères pour courir les concerts.

Affectueusement 

Papy Michu        

 

UN FESTIVAL QUI INTERPELLE :

Affiche-Jazz-a-la-Villette-2012.jpg

Comme chaque année la Cité de la musique et la Grande Halle de la Villette accueillent un large choix de musiques aussi diverses que variées. Le jazz y est bien représenté. Les Michu éviteront les groupes post free et post moderne qui ignorent le swing et privilégient le bruit. Les festivités festivalières ont débuté le 29 août avec David Murray en big band. Elles se poursuivent jusqu’au 9 septembre. Panorama sélectif.

 

Geri-Allen.jpg-Le 5 à la Cité de la musique (20h00), Kurt Rosenwinkel rencontre Geri Allen. Leur duo guitare piano peut se révéler enthousiasmant. Les harmonies inhabituelles du guitariste, son phrasé unique au service de phrases simples et mélodiques devraient idéalement se marier aux harmonies colorées de la pianiste. Cette dernière peut aussi privilégier la tension, mettre du feu dans ses accords. Elle possède un jeu énergique, mais aime aussi les notes tendres et bleues qu’elle rassemble dans un jeu orchestral, le blues et le groove imprégnant naturellement sa musique. Au même programme, Lee Konitz retrouve le pianiste Dan Tepfer, une valeur sûre de l’instrument. Ensemble, ils ont enregistré un bel album en 2009, “Duos with Lee” (Sunnyside/Naïve). Bien que manquant un peu de souffle, le saxophoniste, 85 ans en octobre, séduit toujours par une sonorité fragile et transparente, des lignes mélodiques d’une rare suavité.

 

Jacky-Terrasson.jpg-Le 6, dans la Grande Halle (20h00), Jacky Terrasson invite les musiciens qui l’entourent dans “Gouache”, son nouvel album qui vient de paraître (chronique prochaine dans ce blog). Ils ont pour nom Cécile McLorin Salvant (chant), Stéphane Belmondo (trompette, bugle), Michel P (clarinette B), Burniss Earl Travis II (contrebasse et basse électrique), Justin Faulkner (batterie) et Minino Garay (percussions). Le disque, une ode au bonheur, contient de lumineuses relectures de Oh my Love (John Lennon), Valse Hot (Sonny Rollins) et C’est si bon, une chanson du pianiste Henri Betti, longtemps accompagnateur de Maurice Chevalier, chanson qu’Yves Montand et Eddie Constantine popularisèrent. Chantée par Cécile, Je te veux est une autre perle de cet album qui ne renferme que des joyaux. Erik Satie en composa la musique. Frissons garantis.

 

B.-Carrothers---M.-Copland.jpg-Marc Copland & Bill Carrothers, deux de mes pianistes préférés, sur la scène de la Cité de la musique le 7 (20h00). Le premier hypnotise par des harmonies flottantes, liquides et transparentes. Maître de la couleur, il peint avec son clavier, donne de subtiles nuances à ses notes grâce à la finesse de son toucher et à son jeu de pédales qui en brouille les sonorités. Le second s’intéresse aux musiques de la grande Amérique, des vieux hymnes profanes et religieux, des thèmes de Stephen Foster, le père fondateur. Il surprend par un discours inattendu au sein duquel cohabitent harmonies majestueuses et notes zigzagantes trempées dans le blues, une musique nostalgique et émouvante que sert un piano mobile et espiègle. Sous la houlette de Philippe Ghielmetti, Copland et Carrothers ont enregistré ensemble en 2005 “Standardized” (Minium / Discograph). Leur réunion parisienne constitue un événement. Au même programme, Baptiste Trotignon & Bojan Z. Moins sensible à leur piano, j’ose espérer une bonne surprise.

 

D. Holland 1 © Ph. EtheldrèdeK. Barron 1 © Ph. Etheldrède-Le lendemain 8 septembre (20h00), cette même Cité de la musique accueille Kenny Barron et Dave Holland, deux maîtres incontestés de leurs instruments respectifs. Pianiste enraciné dans le swing et le raffinement harmonique, Barron ne dédaigne pas s’ouvrir à des formes musicales contemporaines, pratiquer un jeu plus physique, tenter des expériences qui lui sont inconnues. Ses partenaires déterminent souvent sa façon de penser la musique. Pianiste caméléon, il s’adapte, prend des risques lorsqu’on le provoque. Sa discographie renferme un bel enregistrement en duo avec Charlie Haden. Misja Fitzgerald MichelExpression d’une pensée claire et réfléchie, le jeu de contrebasse de Dave Holland devrait ouvrir de nouvelles perspectives à son piano. En première partie de programme, Misja Fitzgerald Michel jouera la musique de Nick Drake, chanteur de folk britannique disparu en 1974 à l’âge de vingt-six ans. Ce dernier laisse d’exquises mélodies aux harmonies raffinées. Brad Mehldau a repris plusieurs de ses thèmes, Day is Done, Things Behind the Sun et le magnifique River Man. Misja joue deux d’entre-eux dans “Time of no Reply” (No Format !) publié l’an dernier. Avec lui pour ce concert, Olivier Koundouno au violoncelle.

 

Loueke-2-c-Ph.-Etheldrede.jpgRobert-Glasper.jpg-Le 9 à 16h00, deux duos sont programmés à la Cité de la musique. Robert Glasper, pianiste de tous les possibles  – mélange de soul, de hip hop, et de rap, “Black Radio” son dernier album plaît beaucoup à Circuit 24 – s’associe à Lionel Loueke dont la guitare, bien trempée dans ses racines africaines, tire des sons venus d’ailleurs. Le pianiste Grégory Privat (fils de José Privat du groupe antillais Malavoi) et le batteur Sonny Troupé assureront la première partie. Toujours le 9, mais à 19h00 et dans la Grande Halle, Archie Shepp Archie-Shepp-c-Dario-Villa.jpgreprend en big band “Attica Blues“, une ambitieuse œuvre politique de 1972, l’un des rares disques audibles qu’il enregistra pour le label Impulse!, un album culte dont il confia les arrangements à Romulus Franceschini, Shepp, musicien intuitif, déchiffrant mal la musique. Aujourd’hui apaisé, cet ex-apôtre de la déconstruction qui, dans les années 60, fut le porte-parole de la communauté musicale afro-américaine en révolte, n’a rien perdu de son lyrisme et conserve son savoir-faire dans le blues et les ballades.

 

Programme complet : www.jazzalavillette.com

 

Wared 5tet © Arno FougèresL’actualité très riche de ce mois me contraint à décaler d’une dizaine de jours les concerts qui interpellent. Ne manquez pas toutefois les trophées du Sunside (11e édition, du 3 au 5 septembre), occasion de découvrir de nouveaux talents, et les concerts que le Wared Quintet du pianiste Edouard Bineau donnera au Duc des Lombards les 7 et 8 septembre. Avec lui l’excellent saxophoniste Daniel Erdmann (ténor & soprano), Sébastien Texier (saxophone alto et clarinette), le grand Gildas Boclé à la contrebasse et Arnaud Lechantre à la batterie. Enfin, le jeudi 13, le pianiste François Couturier et son Tarkovsky Quartet donneront un concert dans le grand auditorium du Collège des Bernardins (20, rue de Poissy, 75005 Paris). Le 16, en l'Abbaye de Royaumont (Asnière-sur-Oise), ils proposeront "Le temps scellé", création audiovisuelle réalisée avec Andrei A. Tarkovski, le propre fils du réalisateur. Plus de détails prochainement dans ce blogdechoc.  

 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr

-Abbaye de Royaumont : www.royaumont.com

 

Crédits photos : "Budapest", "Happy Family Hôtel", "Balaton Sunset", "Maître d'hôtel compréhensif", Geri Allen, Jacky Terrasson © Pierre de Chocqueuse "Valse des Michu" © Annabelle Fouquet Bill Carrothers & Marc Copland © Cecil Mathieu – Kenny Barron, Dave Holland, Lionel Loueke © Philippe Etheldrède – Misja Fitzgerald Michel © Astrid Souvray Archie Shepp © Dario Villa Wared Quintet © Arno Fougères   Robert Glasper © Photo X/D.R. .

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 09:02

PapillonJuillet : les grandes villes se vident pour se remplir de touristes en ce mois estival qui voit fleurir les autocars bondés, les plages de sables improvisées et les embouteillages. Hier encore, le rire jusqu’aux oreilles, le vacancier plongeait joyeusement dans les vagues de la grande bleue, chevauchait fièrement le canard plastifié de sa progéniture ou choisissait la campagne et les bains de rivière dans lesquelles, rouges de confusion, barbotaient des écrevisses. Les mollets léchés par le soleil, le visage visité par des mouches insolentes, notre promeneur de grands chemins goûtait l’air pur de paysages peu fréquentés par ses semblables, l’homo sapiens s’y faisant plus rare que le papillon virevoltant et la coccinelle porte bonheur, la rhyzobius forestieri aux pattes recouvertes de petits poils qui lui permettent de se protéger du froid en hiver. Hier donc, le citadin prenait ses vacances dans des verts pâturages, des montagnes, ou au bord des mers de nos terres nourricières. Il les passe aujourd’hui dans d’énormes festivals, rassemblements de vedettes qui remplissent arènes, chapiteaux et pinèdes. Appréciant le jazz qui ressemble à du jazz, Monsieur Michu déplore ces réunions bruyantes qui s’ouvrent aujourd’hui à des musiques faciles et populaires. Les jazzmen n’y ont leur place que s’ils vendent des disques, bons ou mauvais, la valeur de leur musique restant secondaire dans ces vastes rassemblements où, effrayés, les oiseaux peinent à chanter, les abeilles à butiner. Gourmand, Monsieur Michu préfère téter les mamelles du jazz dans des clubs, des salles de taille moyenne qui offrent leurs chances à de jeunes et talentueux musiciens moins médiatisés. « Nous n’irons pas à New York » clament les Michu, car les jazzmen américains visitent Paris, s’installent en juillet au Duc des Lombards. Au même moment, le New Morning organise un festival « All Stars » et le Sunside propose son American Jazz Festiv’Halles, puis en août, pour la septième année consécutive, son festival Pianissimo. Occasion d’entendre Pierre de Bethmann, René Urtreger, Tony Tixier, Laurent de Wilde, Alain Jean-Marie, Antoine Hervé, Manuel Rocheman, nos meilleurs pianistes. Les Michu ne quitteront donc pas la capitale, préférant attendre octobre pour se rendre  au Festival Jazz en Tête de Clermont-Ferrand qui, du 23 au 27, fêtera ses 25 ans d’existence, un festival que fréquentent Jean-Paul, Bajoues Profondes, Jacques des Lombards et tous les mélomanes qui souhaitent écouter du jazz dans un festival de jazz. Les Michu ont également promis à Jacquot de l’emmener à Provins les 28 et 29 septembre assister à la première édition du Provins Duke Festival, premier festival européen dédié à Duke Ellington. C’est l’été, les étoiles du ciel fusent comme des balles de tennis les jours de grands tournois, le bitume ramollit sous les pieds des touristes accablés de chaleur et le parisien disparaît. Ce blog fera de même autour du 20 juillet pour renaître en septembre, s’accorder avec la douceur de l’automne et la rentrée des classes.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Dan-Tepfer.jpg-Carte blanche à Dan Tepfer au Sunside les 2 et 3 juillet. En trio avec Stéphane Kerecki à la contrebasse et Anne Paceo à la batterie le premier soir, en duo avec le saxophoniste Ben Wendel (Kneebody) le second. Dan a enregistré avec lui un nouvel album qui doit sortir à la rentrée sur Sunnyside. Quant à Stéphane Kerecki, son disque avec le pianiste John Taylor est l’une des réussites de l’an passé. Dan Tepfer aime les rencontres. Excellent accompagnateur – il fait merveille dans l'album qu’il a enregistré avec Lee Konitz  - , il s’est forgé son propre vocabulaire harmonique et aime bousculer les tempos trop rigides, truffer ses phrases de dissonances, de notes inattendues. Les standards qu’il reprend provoquent émotion et surprise. Dan est aussi un amoureux de Bach dont il interprète librement les “Variations Goldberg qu’il découvrit jouées par Glenn Gould à l’âge de onze ans.   

 

Dr-John.jpg-Personnage incontournable de la scène musicale néo-orléanaise, Dr John et ses musiciens se produiront à La Cigale le 4, faisant ainsi l’ouverture de la seconde édition du festival « Nous n’irons pas à New York » organisé par le Duc des Lombards. Pianiste, guitariste, chanteur à la voix inimitable, Malcolm John « Mac » Rebennack Jr. fut longtemps un musicien de studio avant de se lancer en 1968 dans une fructueuse carrière solo sous le nom de Dr. John The Night Tripper. Inspiré par l’Afrique, le vaudou, le funk, le rythm’n’ blues, le rock psychédélique “Gris-Gris” fut le premier d’une série d’albums flamboyants enregistrés pour Atlantic. Publié en 1973, produit et arrangé par Allen Toussaint et bénéficiant du soutien instrumental des Meters, l’album “In the Right Place” qui renferme le tube Right Place, Wrong Time, mélange de funk et de dixieland néo-orléanais, le plaça définitivement sur orbite. Après “City that Care Forgot”, disque dans lequel il s’insurge contre l’incurie de l’administration Bush qui n’a rien fait pour aider les victimes de l’ouragan Katrina qui dévasta sa ville en 2008, il sort aujourd’hui un nouvel opus, “Locked Down”, sur Nonesuch Records.

 

J.-Scofield---K.-Rosenwinkel-c-Mark-Hess.jpg-Après avoir tourné en quartette l’été dernier avec le pianiste Mulgrew Miller, John Scofield a choisi de s’entourer d’un second guitariste, formule qu’il pratiquait naguère avec Mike Stern au sein du groupe de Miles Davis. Nul doute que ses échanges seront fructueux au New Morning le 5 avec Kurt Rosenwinkel. Possédant une sonorité de guitare spécifique, ce dernier fait entendre des intervalles inhabituels et innove sur un plan harmonique. Scofield fait partie des musiciens qui lui ont ouvert les portes du jazz. Il le rejoint au sein d’un nouveau groupe baptisé Hollowbody dont le bassiste n’est autre que son vieux complice Ben Street. Souvent associé à Scofield qu’il assiste dans ses disques, Bill Stewart complète la formation à la batterie.

 

The-Fellowship-Band.jpg-Le Fellowship Band du batteur Brian Blade existe depuis une quinzaine d’années, mais ses membres n’ont guère l’occasion de se produire sur scène, de se rassembler pour faire des disques. Très sollicités, Jon Cowherd (piano, claviers électriques, orgue à pompe), Myron Walden (saxophone alto, clarinette basse), Melvin Butler (saxophone ténor), Chris Thomas (contrebasse) et Brian Blade (batterie) ont peu de temps à consacrer à leur groupe. “Season of Changes” date de 2008 et un nouvel album, “Landmarks”, est prévu pour la rentrée. Même sans son guitariste, Kurt Rosenwinkel, on ne manquera donc pas le passage du Fellowship Band au Sunside le 12 et le 13. Sa musique : un habile mélange de jazz, de folk et de soul, Blade appréciant tout autant le jazz improvisé de Wayne Shorter dont il est le batteur que la musique de Joni Mitchell. Cette dernière chante d’ailleurs sur un titre de “Perceptual”, le deuxième album de la formation.

 

Aaron-Goldberg.jpg-Carte blanche à Aaron Goldberg au Duc des Lombards du 12 au 14. Le premier soir, le pianiste jouera sa musique avec Matt Penman à la contrebasse et Greg Hutchinson à la batterie. Le 13, le trio deviendra un quartette, Mark Turner le rejoignant au saxophone ténor et à clarinette. Enfin le 14 Guillermo Klein apportera au quatre musiciens les couleurs de ses pianos électriques. Klein et Goldberg ont récemment enregistré ensemble. Leur album s’intitule “Bienestan”. On peut préférer les albums en trio de Goldberg, notamment “Yes ! ” enregistré avec Omer Avital (contrebasse) et Ali Jackson (batterie), un disque dans lequel le pianiste en grande forme privilégie le blues et la tradition, fait chanter ses notes tout en n’oubliant pas d’émouvoir.

 

The-Jazz-Crusaders.jpg-Wilton Felder (saxophone ténor), Wayne Anderson (trombone) et Joe Sample (piano) constituèrent les Jazz Crusadersau début des années 60 avec Jimmy Bond et Stix Hooper, et enregistrèrent sous ce nom leurs meilleurs albums pour le label Pacific Jazz. En 1972, la formation devint les Crusaders, sa musique, un mélange de soul-jazz et de funk, se faisant plus commerciale. Réduit à un trio, le groupe se dissout en 1980 pour ressusciter dix ans plus tard. Aujourd’hui l’aventure continue et passe même par Paris rarement visité. Les Jazz Crusaders seront en effet au New Morning les 16 et 17 juillet pour deux concerts. En quintette, Nick Sample (basse) et Joël Taylor (batterie) complètent une formation que l’on voit peu souvent sur scène.

 

Ambrose-Akinmusire-c-Matt-Marshall.jpg-Ambose Akinmusire au Sunside le 18 et le 19. Avec lui les membres de son quintette habituel : Walter Smith III au ténor, Sam Harris au piano, Harish Raghavan à la contrebasse et Justin Brown à la batterie. Produit par Jason Moran et publié l’an dernier, son album “When The Heart Emerges Glistening” (Blue Note) a obtenu le Grand Prix de l’Académie du Jazz. Depuis longtemps à ses côtés, ses musiciens jouent sans peine une musique présentant de nombreuses difficultés techniques, un jazz moderne imprégné de tradition et de musiques de son temps. Ouvert au hip hop qui nourrit les rythmes de ses compositions et leur donne un groove appréciable, Akinmusire a aussi baigné dans le gospel dès son plus jeune âge. Lauréat en 2007 de la Thelonious Monk Jazz Competition, il fascine par la tendresse de ses ballades, par les délicates phrases mélodiques qu’il cisèle tel un orfèvre. Avec lui le jazz prend des risques, mais se revêt aussi d’habits précieux.

 

W.-Marsalis---The-Lincoln-Center-Orchestra.jpg-Wynton Marsalis et le Lincoln Center Orchestra à l’Olympia le 19. Le trompettiste en est le directeur artistique, le dirige et écrit pour lui des partitions. Créé en 1988, l’orchestre a toutefois pour vocation d’interpréter les compositions et arrangements des géants du jazz. Les musiciens du groupe de Marsalis en sont membres et leurs noms nous sont familiers. On retrouve ainsi Walter Blanding aux saxophones ténor et soprano, Dan Nimmer au piano, Carlos Henriquez à la contrebasse et Ali Jackson Jr. à la batterie. Le big band comprend aussi les trompettistes Ryan Kisor et Marcus Printup, le tromboniste Vincent Gardner, les saxophonistes Ted Nash et Victor Goines. Pour cette tournée, le Lincoln Center Orchestra s’offre un chanteur et pas n’importe lequel puisque Grégory Porter partagera la scène avec Wynton et ses musiciens. Un grand concert en perspective.

 

Concord-rec.jpg-Christian Scott au New Morning le 21 avec Matthew Stevens (guitare), Kris Funn  (contrebasse), Jamire Williams (batterie), tous trois membres de son quintette. Le pianiste de cette tournée est Fabian Almazan, musicien d’origine cubaine, un ancien élève de Kenny Barron à la Manhattan School of Music. Quant au trompettiste, il vient de sortir “Christian aTunde Adjuah” , un copieux double CD, tant par sa durée que par son contenu, dans lequel il mêle tradition et innovations, explore de nouveaux territoires avec fougue et lyrisme. Son instrument y occupe une place importante. Tuttis acrobatiques, longues phrases tranquilles et mélancoliques évoquant le Miles Davis des années 60, Scott étonne par sa puissance imaginative, son habileté à élargir le jazz en l’ouvrant à d’autres musiques.

 

Harold-Mabern.jpg-Les occasions d’écouter le pianiste Harold Mabern dans un club parisien se font plus fréquentes depuis 2009. Cette année-là, en juillet, le pianiste se produisit au Duc des Lombards avec le saxophoniste Eric Alexander. Il revint deux ans plus tard, en novembre 2011, mais au Sunside, avec John Weber à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie qui seront avec lui au Duc le 22. Influencé par Phineas Newbornson mentor auquel il dédia une de ses compositions Blues for Phineas, et par Horace Silver, Mabern, né en 1936, reste une des légendes du piano. Il joue un bop puissant et mélodique, sa main gauche assurant les basses, la droite, fluide, plaquant quantité de notes perlées. Ne dédaignant pas jouer en accords, Mabern tire une grande dynamique d’un instrument avec lequel il forgea sa réputation dans les années hard bop, travaillant avec Miles Davis, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Sonny Rollins et d’autres grands du jazz.

 

Bobby-Watson-c-Lafiya-Watson.jpg-Toujours au Duc des Lombards, on retrouve Harold Mabern et son trio les 24 et 25 au sein du quintette du saxophoniste Bobby Watson que complète l’excellent Jim Rotondi à la trompette. Étudiant théorie et composition à l’Université de Miami, Watson se lia d’amitié avec Pat Metheny et Jaco Pastorius avant de gagner New York et de devenir à 24 ans le directeur musical des Jazz Messengers d’Art Blakey. Très actif dans les années 80, plus discret ces dernières années, il demeure un altiste à la sonorité brûlante, un disciple inspiré de Cannonball Adderley et de Jackie McLean dont il possède la fougue, le fort tempérament.

 

Steve-Kuhn.jpg-On l’a vainement attendu au New Morning en février. Steve Kuhn devait s’y produire en quartette avec le saxophoniste Donny McCaslin. Le Duc des lombards rattrape le coup les 26 et 27, invitant le pianiste avec Steve Swallow qui joue de la basse dans son nouvel album ECM, et Billy Drummond à la batterie. Choc Jazz Magazine / Jazzman en juin, “Wisteria” contient d’anciens morceaux de Kuhn précédemment enregistrés avec des cordes et une superbe composition de Carla Bley, Permanent Wave, que le trio reprendra certainement. Pianiste aux harmonies raffinées, Kuhn peut aussi bien jouer dans la tradition du bop que du jazz modal, Bud Powell et Bill Evans ayant tous deux influencé son piano. Il fut aussi pendant quelques mois le pianiste de John Coltrane auquel il rend hommage dans “Mostly Coltrane”, l’un de ses plus beaux opus.

 

Ran-Blake---Sara-Serpa.jpg-Ran Blake et Sara Serpa au Sunside le 27 pour une autre sorte de jazz, plus près du cœur que du swing. Blake fait depuis longtemps entendre un piano unique aux notes sombres et rêveuses. Ses accords parcimonieux, son approche minimaliste de la phrase envoûtent l’auditeur aussi sûrement qu’un hypnotiseur patenté. Certains d’entre-nous se souviennent d’un concert en solo inouï donné au Théâtre du Ranelagh lors de la parution de “Wende”, un de ses plus beaux disques. Ran Blake a toujours aimé travailler avec des chanteuses. Après Jeanne Lee dont il a magnifiquement servi la voix, il met en orbite celle étonnante de Sara Serpa, une portugaise native de Lisbonne qui fut une de ses élèves au New England Conservatory de Boston. Ils ont enregistré un disque ensemble en 2010, “Camera Obscura” . Le piano troue la pénombre et éclaire une voix unique que nous pourrons découvrir en toute intimité.

 

Hal-Singer-c-Martine-Thomas.jpg-Avec Rasul Siddik (trompette), Katy Roberts (piano), Dominique Lemerle (basse) et Ichiro Onoe (batterie), Hal Singer (saxophone ténor) donnera son dernier concert parisien au Sunside le 28. Né à Tulsa (Oklahoma) en 1919, il reste le seul survivant du grand orchestre de Roy Eldridge qu’il rejoignit en 1944. Don Byas, Lucky Millinder, Sir Charles Thompson et Duke Ellington (le temps d’une tournée en 1949) s’attachèrent ses services. Il accompagna aussi Ray Charles, Dinah Washington et Wilson Pickett. Installé en France depuis 1965, il y a publié ses mémoires, “Jazz Roads” (Edition n°1), bouquin passionnant écrit avec sa femme Arlette, livre publié en 1990 qu’il convient de lire et de relire, mais qui n’est plus édité. Al venait d’achever le tournage de “Taxi Blues”, film de Pavel Lounguine dans lequel il tient son propre rôle.

Nous n'irons pas à NY

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-La Cigale : www.lacigale.fr

-New Morning : www.newmorning.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Olympia : www.olympiahall.com

 

Crédits Photos : Dan Tepfer, Harold Mabern, Steve Kuhn © Pierre de Chocqueuse – John Scofield © Mark Hess – Ambrose Akinmusire © Matt Marshall – Christian Scott © Kiel Adrian Scott / Concord Records – Bobby Watson © Lafiya Watson – Hal Singer © Martine Thomas – Dr. John, The Fellowship Band, Aaron Goldberg, The Jazz Crusaders, Wynton Marsalis & The Lincoln Center Orchestra, Ran Blake &  Sara Serpa © Photos X/D.R.     

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 14:52

Cerises.jpgEn juin, le soleil réchauffe les mollets et les jours sont plus longs. Envahis de pigeons qui roucoulent, entourés de grilles en fer de lance, les jardins parisiens remplis de fleurs égayent les promeneurs. Depuis plusieurs années, le Parc Floral de Paris se fait son festival. Dès le 9 et durant huit week-end, ses pelouses accueilleront « tous les jazz », ce qui ne manque pas d’inquiéter. Les concerts du samedi se dérouleront sur « La Barge à Jazz », scène aquatique installée à l’extrémité du grand bassin. Juin est aussi le temps des cerises. Les Michu en raffolent. Jean-Paul qui a voyagé au Népal est beaucoup plus méfiant. On trouve là-bas un cerisier toxique qui foudroie les chèvres gourmandes. Alexandre Vialatte pour qui la montagne n’a point de secret, va jusqu’à prétendre que tous les béliers ont des têtes de veuf. On trouve effectivement de l’acide prussique ou acide cyanhydrique dans les feuilles de certains prunus laurocerasus (laurier-cerise). La majorité des prunus portent heureusement des fruits comestibles. Consommez sans modération des bigarreaux, cerises pâles ou foncées à chair ferme et douceâtre, Napoléon, Burlat, Cœur de Pigeon, autant d’espèces savoureuses pour nos palais reconnaissants. Quant aux randonneurs du dimanche, ils feront Jacquot.jpgattention où mettre les dents. Celles, gâtées, de Jacquot ne l'aident pas à lui faire un visage plus attrayant. Sans ses bandelettes de momie, zébré de cicatrices et défiguré par une rouille galopante, il ressemble à la créature imaginée par Frankenstein. Photographié ici par Monsieur Michu, Jacquot ne désespère pas. La chirurgie esthétique sculpte, redessine, fait des miracles. Il pourra bientôt ressembler à un autre. À Duke Ellington par exemple dont Laurent Mignard ressuscitera royalement la musique le 11 juin sur la scène du Petit Journal Montparnasse. 

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

JP-Mas-c-J.J.-Pussiau.jpg-Jean-Pierre Mas au Duc des Lombards le 4 juin avec les musiciens de son dernier album : Eric Seva (saxophones ténor & soprano), Sylvin Marc (contrebasse) et Xavier Desandre (batterie). Renfermant ballades et pièces chaloupées percluses de soleil, “Juste Après”, la suite de “Juste avant” enregistrée en 2010 avec une section rythmique différente, est à marquer d’une pierre blanche dans la discographie du pianiste compositeur qui s’ouvre en 1976 avec “Rue de Lourmel”, le disque qui le fit connaître. On y entre avec joie, au son d’un piano qui danse et se déhanche, de rythmes qui se font chair autour de vrais thèmes, Jean-Pierre Mas tendant les paumes de ses mains à d’invisibles tambours qui font battre le cœur.

 

Laurent-de-Wilde.jpg-Laurent de Wilde à Roland Garros (musée de la Fédération Française de Tennis) le 6, et au Sunside le 7 avec Ira Coleman (contrebasse) et Laurent Robin (batterie). Ce dernier remplace Clarence Penn, le batteur de Laurent dans “Over the Clouds”, le premier disque de jazz acoustique que le pianiste enregistre depuis 2006, un recueil de compositions très variées contenant des originaux et des relectures habiles de standards. Laurent y joue des blues, des ballades, le rythme occupant une place importante dans des compositions souvent musclées au fort parfum africain. Ecoutez Over the Clouds qui donne son titre à l’album : le piano sonne comme un balafon et invite à la danse.

 

S.-Oliva.jpg-Stephan Oliva à la Dynamo de Banlieues Bleues le 8 pour un hommage aux films noirs. Avec lui, le cinéaste Philippe Truffaut, pour « recréer un dialogue entre le son et le visuel et répondre en images » à un piano qui se fait tendre et mélodique ou accentue l'aspect dramatique de musiques composées par Franz Waxman (“Boulevard du crépuscule”) Miklós Rózsa (“Quand la ville dort”, “Assurance sur la mort”) Dimitri Tiomkin (“Un si doux visage”) Henry Mancini (“La soif du mal”), David Raksin (“L’enfer de la corruption”) et John Lewis (“Le coup de l’escalier”). Les graves de l’instrument, ses notes lourdes et obsédantes traduisent la noirceur de la thématique proposée.

 

Danilo-Perez.jpg-Danilo Perez au Duc des Lombards les 7, 8 et 9 juin. En trio avec Ben Street à la contrebasse et Adam Cruz à la batterie, musiciens qui travaillent avec lui depuis huit ans, le pianiste panaméen combine hardiment un jeu rythmique et une approche harmonique sophistiquée brassant beaucoup de notes. La main droite harmonise, brode des variations ; la gauche baigne la musique dans le rythme. Dans son dernier disque “Providencia”, publié en août 2010 aux Etats-Unis – la composition qui lui donne son nom est d’ailleurs une rumba guaguancó – , Perez revendique ses racines latines. Contrebasse et batterie y adoptent des rythmes de tamborito, la danse la plus populaire de Panama. Il contient également Historia de Un Amor de Carlos Eleta Almaran, morceau naguère enregistré par Oscar Peterson, et Irremediablemente Solo de l’organiste et pianiste Avelino Muñoz, l’un des plus importants compositeurs panaméens. Un chaud concert en perspective !

 

Al-Jarreau.jpg-Al Jarreau à l’Olympia le 10 juin. Sur scène, dès qu’il commence à chanter, le chanteur nous fait vite oublier ses soixante-douze ans. Malgré un tassement de la voix dans l’aigu, il conserve une large tessiture et sa maîtrise du scat reste impressionnante, ses onomatopées rythmiques devenant percussions vocales, imitations de tambours, cuica et contrebasse. Il chante You Don’t See Me, reprend We Got Bye, ses grands morceaux des années 70 dont le plus fameux reste Take Five qu’il introduit toujours par une longue improvisation vocale. Al place d’autres musiques dans son répertoire et accorde une place importante au funk, à la soul et à la musique brésilienne. Les musiciens qui l’entourent travaillent avec lui depuis longtemps. Outre Joe Turano (claviers et saxophones) qui fait office de directeur musical, sa formation comprend le pianiste Larry Williams qui, en 2004, arrangea “Accentuate the Positive”, disque particulièrement apprécié des jazzmen.

 

Battle-Royal-CD.jpg-Un concert que Jacquot ne veut manquer sous aucun prétexte, celui que le Duke Orchestra de Laurent Mignard donnera au Petit Journal Montparnasse le 11 à l'occasion de la présentation de l'album “Battle Royal, Live Jazz à Vienne 2011” (Juste une Trace) à paraître en septembre sur Columbia / Sony Music. Car c’est au festival de Vienne, l’an dernier, qu’avec Michel Pastre et son orchestre, Laurent recréa la légendaire « Bataille Royale » qui avait opposé en studio en 1961 les orchestres de Duke Ellington et de Count Basie. Soirée événement donc au Petit Journal, le Duke Orchestra invitant Michel Pastre (saxophone ténor) et quelques solistes de son orchestre pour une nouvelle et inestimable rencontre au sommet.

 

Raphael-Dever---Pierre-Christophe.jpg-En trio, avec Raphaël Dever à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie, Pierre Christophe fêtera les 12 et 13 juin au Sunside la sortie de “Byard By Us Live !”, son nouvel album, son meilleur, le pianiste étant plus enthousiasmant en concert qu’en studio. Au programme : la musique de Jaki Byard, son maître, mais aussi des compositions personnelles qui permettent à Pierre de survoler l’histoire du jazz. Enraciné dans la tradition, son piano célèbre non sans humour Fats Waller et Erroll Garner que Bud Powell et Bill Evans. Ragtime, swing, modes et dissonances cohabitent sous les doigts d’un pianiste dont la verve mélodique se révèle dans ses ballades.

 

-Carte blanche à Joshua Redman à la Cité de la Musique et à Pleyel, du 15 au 18. J.-Redman-c-Michael-Wilson.jpg

-Le vendredi 15, le saxophoniste se produit au sein de l’Axis Saxophone Quartet, quatuor de soufflants qui réunit Mark Turner, Chris Cheek et Chris Potter (Cité de la Musique, 20h00).

-Le 16, Redman retrouve Brad Mehldau qui fut le premier pianiste de son quartette pour un duo fort prometteur (Salle Pleyel, 20h00).

-Le 17, c’est en double trio, avec deux bassistes (Matt Penman et Reuben Rogers) et deux batteurs (Brian Blade et Gregory Hutchinson), formation peu courante, que Redman choisit de s’entourer. Le saxophoniste développa cette approche musicale en 2009 dans “Compass”, l’une des grandes réussites de sa discographie (Cité de la Musique, 16h30).

-Enfin, le 18, Redman nous propose une version résolument acoustique de Elastic Band, trio que complètent Sam Yahel au piano et Brian Blade à la batterie (Cité de la Musique, 20h00).

 

E.-Rava-c-Roberto-Masotti-_-ECM.jpg-Enrico Rava et son Tribe Quintet le 23 au Parc Floral de Paris dans le cadre du Paris Jazz Festival 2012. Le groupe offre à “Tribe”, un de mes douze Chocs de 2011, sa musique paresseuse aux couleurs tamisées. Gianluca Petrella au trombone, Giovanni Guidi au piano, Gabriele Evangelista à la contrebasse et Fabrizio Sferra à la batterie complètent une formation transalpine qui enveloppe ses compositions lyriques de soleil et pousse à un reposant farniente.

 

Lateef - Jamal © Ph. Etheldrède-Ahmad Jamal et Yusef Lateef à l’Olympia le 27. Deux sages que dix ans d’âge séparent, mais non la musique. Né en 1920 et redécouvert en 2005 grâce aux frères Belmondo (leur album “Influence”), le saxophoniste (outre du ténor, il joue aussi de nombreuses flûtes) s’est depuis longtemps démarqué du be-bop pour s'approcher des traditions, s’affranchir des barrières stylistiques et entretenir des rapports plus mystiques avec la musique. Son attrait pour les modes orientaux, pour les racines africaines du jazz, l’utilisation d’instruments « exotiques » tels que l’argol et le rebab ont apporté de nouvelles perspectives à son art. Après Marciac l’été dernier, Yusef Lateef retrouve donc Ahmad Jamal et ses musiciens, Reginald Veal (contrebasse), Herlin Riley (batterie) et Manolo Badrena (percussions). Né en 1930, le pianiste produit depuis longtemps et à l’écart des courants dominants une musique inventive faite de tension, de mouvement permanent. “Blue Moon” (Jazz Village), son nouvel album, traduit la modernité et la fraîcheur constante de sa musique.       

 

Leila-Martial-c-Ph.-Marchin.JPG-Leïla Martial au Sunset le 30. Longtemps hésitante entre le métier de comédienne et celui de chanteuse, elle choisit de jouer de sa voix comme d’un instrument, de s’immerger dans la musique et l’improvisation. Elle le fait dans “Dance Floor”, (Out Note) son premier disque officiel dans lequel elle parvient à émouvoir par une réelle simplicité mélodique. Avec elle, Jean-Christophe Jacques (saxophones ténor et soprano), Laurent Charvoit (basse) et Eric Perez (batterie, sampling, voix) pour une approche différente du chant, une musique singulière entre densité et dénuement.

 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-La Dynamo de Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org

-Olympia : www.olympiahall.com

-Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-Cité de la Musique : www.citedelamusique.fr

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-Paris Jazz Festival : www.parisjazzfestival.paris.fr

 

Crédits Photos : Jacquot © Monsieur Michu – Jean-Pierre Mas © Jean-Jacques Pussiau – Laurent de Wilde, Stephan Oliva, Danilo Perez, Al Jarreau, Raphaël Dever & Pierre Christophe © Pierre de Chocqueuse – Joshua Redman © Michael Wilson – Enrico Rava © Roberto Masotti / ECM – Yusef Lateef & Ahmad Jamal © Philippe Etheldrède – Leïla Martial © Philippe Marchin. 

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 09:00

3-Women---Ivey-Hayes.jpgEn mai, fais ce qu’il te plaît. Circuit 24 est donc au Mans, à l’Europa Jazz Festival qui fête en fanfares, et elles sont nombreuses, ses 33 bougies. Plus au Nord, à Coutances, le jazz s‘écoute sous les pommiers. Ce n’est pourtant pas la saison. La carotte rend aimable celui qui le Jazz à Saint-Germain-des-prés 2012consomme et le muguet celui qui le reçoit. Le convallaria maialis n’est pas comestible. Il renferme des glucosides redoutablement toxiques. Seuls la chèvre et le cheval s’en régalent. Je tire ces informations de l' “Almanach des quatre saisons” d'Alexandre Vialatte qui ajoute que mai est le mois de la femme. « Elle porte des masques à la tomate fraîche et ayant gardé régulièrement l’eau de cuisson des poireaux pour se rincer le visage, aura un teint de lis et de rose. » Je vous invite à vérifier cela du 20 mai au 3 juin lors du Festival de Saint-Germain-des-Prés. Comme celui du Vésinet (du 22 au 26 mai), l’édition 2012, la douzième, est placée sous le signe du piano. Confié à Monty Alexander et à Ahmad Jamal (en duo avec Yusef Lateef le 27 juin) l’instrument devrait plaire aux plus difficiles. Jacquot en robe de chambreMonsieur Michu compte assister aux deux concerts. Sans Jacquot qui cicatrise mal. Les bandelettes qui lui entourent le visage lui donnent l’air d’une momie. Il s’est acheté une belle robe de chambre pour ressembler à Duke Ellington et s’est fait photographier dedans. L’homme fait le beau depuis la plus haute Antiquité. Les pigeons aussi. Ils roucoulent sur les rebords de mes fenêtres depuis qu’il fait un peu plus chaud. L’été, période de pleine musique, ils voyagent, survolent comme nous les festivals lorsque la nuit tombe et que les lumières s’allument, non sans y laisser des plumes et souffrir de migraines.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Benoit-Delbecq-c-Valerie-Varcheno.jpg

-Fasciné par le piano de Fred Hersch, l’un des plus beaux de la planète jazz, Benoît Delbecq invite ce dernier à le rejoindre le 5 mai sur la scène de la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin (20h 30). Benoît amène avec lui son trio, le fidèle Jean-Jacques Avenel et Steve Arguelles, batteur bruiteur féru d’électronique. Fred vient aussi avec ses musiciens, Mark Helias à la contrebasse et Gerry Hemingway à la batterie. Leur sextette a pour nom House of Mirrors. Tout un programme pour un double trio qui risque bien de nous surprendre.

Rita Marcotulli

 

-Rita Marcotulli au Sunside le 5 pour un hommage au saxophoniste Dewey Redman (1931-2006) qu’elle accompagna. A la contrebasse, Michel Benita fut aussi membre de son quartette. Francesco Bearzatti aux saxophones et John Betch complètent la formation d’une pianiste très active qui compose pour le théâtre, le cinéma, la danse, et a travaillé avec le Gotha du jazz. On lui doit un remarquable album autour de François Truffaut, “The Woman Next Door” (1997). Enregistré en duo avec le saxophoniste Andy Sheppard, “On The Edge of a Perfect Moment”  (2005) est également très réussi.

 

Remi-Toulon--Sunside.jpg-Né en 1980, Rémi Toulon perfectionna son piano à la Bill Evans Piano Académie avec Samy Abenaïm et Bernard Maury, deux excellents pédagogues. Il enseigne le piano jazz au conservatoire Hector Berlioz de Paris et multiplie les projets, en trio avec Philippe Chagne au saxophone, en duo avec les contrebassistes Pierre Boussaguet et Bruno Rousselet, en quartette avec le flûtiste Hervé Meschinet. J’ai brièvement vanté dans Jazz Magazine / Jazzman les qualités de son dernier disque “Novembre” enregistré avec Jean-Luc Arramy à la contrebasse et Vincent Frade à la batterie, Laurence Allison ajoutant sa voix sur quelques titres. Ils seront tous au Sunside le 9 pour en offrir le répertoire.

Fred-Hersch.jpg

 

-Le 14, Fred Hersch sera au Sunside pour un duo avec le clarinettiste Nico Gori. Ils viennent de sortir “Da Vinci”, un disque enregistré dans les conditions du live, dix pièces fraîches comme la rosée de bon matin. Improvisations lyriques, dialogues lumineux entre deux complices qui s’amusent à partager une musique de chambre intemporelle, il sera bon d’être avec eux ce soir-là.

Mauro-Gargano.jpg

 

-On retrouve Francesco Bearzatti, mais avec le Mo’Avast Band de Mauro Gargano, au Sunside le 18. Le groupe avait fait sensation au Sunset en décembre avec une musique très ouverte qui laisse beaucoup de place et d’initiative aux solistes. Bearzatti dont les improvisations musclées ne manquent pas de lyrisme croisera donc son ténor avec l’alto de Stéphane Mercier, la profonde contrebasse mélodique de Mauro, la batterie soucieuse de couleurs de Fabrice Moreau tempérant leurs ébats fiévreux et énergiques. 

 

Susanna-Bartilla-c-Matthieu-Dortomb.jpg-Après avoir beaucoup chanté Johnny Mercer qui travailla avec de grands mélodistes, Jerome Kern, Henry Mancini, Harold Arlen, Jimmy Van Heusen pour n’en citer que quelques-uns, Susanna Bartilla, contralto dont la voix traînante au fort vibrato n’est pas sans évoquer celle de Marlene Dietrich, s’attaque à un nouveau répertoire, celui de Peggy Lee. Après l’avoir rôdé sur scène, elle vient de l’enregistrer et le présentera au Sunside le 19 avec Manuel Rocheman au piano, Sean Gouley à la guitare, Claude Mouton à la contrebasse. Aldo Romano indisponible, c’est sans batteur que Susanna reprendra I Can’t Give You Anything But Love, Golden Earrings, You Go to My Head et le fameux Johnny Guitar, tous des hits de Norma Dolores Egstrom, alias Mrs. Melody, alias Peggy Lee.

 

Monty-Alexander-c-Ph.-Etheldrede.jpg-À soixante-huit ans, Monty Alexander joue toujours un piano espiègle, percutant et vif. Sa technique l‘a souvent fait comparer à Oscar Peterson dont il joua beaucoup avec les sections rythmiques, mais ses harmonies possèdent des rythmes et des couleurs qui leur sont propres. Originaire de la Jamaïque, le pianiste trempe depuis longtemps sa musique dans le reggae et le calypso. Il a publié deux albums live l’an dernier, “Uplift” en trio consacré à des standards, et “Harlem-Kingston Express” qui, comme son nom l’indique, mêle jazz et reggae. Il a enregistré de très nombreux disques en studio, mais c’est en concert qu’il donne le meilleur de lui-même, s’amuse et soulève l’enthousiasme. Avec sa formation – Hassan Shakur (b), Obed Calvaire (dm), il fêtera ses 50 ans de carrière le 21 au Théâtre de l’Odéon (20h30) dans le cadre du festival de jazz de Saint-Germain-des-Prés, et le 26 conclura la 2ème édition du Vésinet Jazz Piano Festival (Théâtre du Vésinet 21h00).

Vincent-Bourgeyx-Trio-c-Loic-Seron-copie-1.jpg

 

-Le 24, Vincent Bourgeyx est attendu en trio au Duc des Lombards et Laurent de Wilde se produira en duo avec Stefano di Battista dans l’église de Saint-Germain-des-Prés dans le cadre de son festival. Un choix difficile. Les deux pianistes viennent de faire paraître d’excellents disques dont je compte vous parler prochainement. Au Duc, Vincent Bourgeyx sera accompagné par Pierre Boussaguet (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie) qui jouent avec lui dans son nouvel album. Dans l’église de Saint-Germain, une rencontre inédite nous est proposée. Laurent et Stefano sont tous deux capables de faire des étincelles, mais le lieu, propice au recueillement, devrait favoriser une musique spirituelle et lyrique, une tendre et mémorable complicité.   

Laura-Littardi.jpg

 

-Laura Littardi retrouve le Sunside le 25. Elle y était en février avec la même formation qui l’accompagne dans “Inner Dance”, son dernier disque : Carine Bonnefoy qui joue des harmonies splendides au piano, Mauro Gargano à la basse, et Guillaume Dommartin à la batterie. Tous ont répondu présents pour un nouveau tour de piste de la chanteuse qui jazzifie avec bonheur des morceaux que Stevie Wonder, Neil Young, Graham Nash écrivirent dans les années 70, et propose des compositions originales qui tiennent toutes leurs promesses.

 

-Inviter Claire Martin au Duc des Lombards est une formidable idée. Bien que couverte de récompenses prestigieuses (6 British Jazz Award !), la chanteuse britannique reste méconnue en France et n’a pas chanté sur une scène parisienne C. Martin © Linn Recordsdepuis plus de dix ans. Malgré le tunnel qui passe dessous et les avions qui le survolent, la Manche reste un mur de Berlin pour les jazzmen. La chanteuse a donc contourné le problème et traversé l’Atlantique pour enregistrer à New York son nouvel album. Elle s’y produit parfois avec son compatriote Richard Rodney Bennett, pianiste et compositeur illustre – on lui doit de très nombreuses musiques de films – et partenaire de ses deux disques précédents. Dans “Too Much in Love to Care” (Linn Records) son dernier opus, elle s’offre de nombreux duos avec le pianiste Kenny Barron dans un répertoire exclusivement constitué de standards. Elle les chantera les 26 et 27 mai (deux concerts par soirée, à 20h00 et 22h00) au Duc avec Gareth Williams au piano, Laurence Cottle à la contrebasse et David Ohm à la batterie. L’événement du mois !

 

Kurt Elling © Ph. Etheldrède-Digne successeur de Mark Murphy aujourd’hui bien fatigué, Kurt Elling pose depuis longtemps des mots sur des chorus de jazz, et chante sans jamais nous lasser. Baryton virtuose, il escalade les octaves, mais le fait avec goût comme en témoigne “The Messenger”, “Man in the Air”, “Nightmoves”, le meilleur de sa discographie. Le chanteur nous rend visite presque chaque année. Il sera le 29 à la Maison des Cultures du Monde dans le cadre du Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés. Avec lui pour placer rythme et notes sur son chant, Laurence Hobgood au piano, John McLean à la guitare, Clark Sommers à la contrebasse et Ulysses Owens à la batterie. Une belle soirée en perspective.

 

-La Dynamo de Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés Paris : www.festivaljazzsaintgermainparis.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Vésinet Jazz Piano Festival : www.vesinet.org

-Europa Jazz Festival : www.europajazz.fr/le-festival/

 

Crédits photos : Jacquot © Monsieur Michu  Benoît Delbecq © Valérie Varcheno – Fred Hersch, Mauro Gargano © Pierre de Chocqueuse – Susanna Bartilla © Matthieu Dortomb – Monty Alexander, Kurt Elling © Philippe Etheldrède – Vincent Bourgeyx Trio © Loïc Seron  Laura Littardi © Jean-Yves Denis Claire Martin © Linn Records – Rita Marcotulli © Photo X/D.R. Peinture d'Ivey Hayes : 3 Women (détail).

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 08:39

On Stage, Red« Papy, John Coltrane a joué avec Tresorious Monk ou avec Miles Davis 

- Avec les deux Jacquot. Ce n’est pas Tresorious mais Thelonious. Consulte ton Dictionnaire du Jazz.

- Papy, les sourdines wah-wah qu’utilisaient les cuivres de l’orchestre de Duke Ellington dans ses années jungle étaient-elles électrifiées ?

NDDJ, cover- Bien sûr que non Jacquot.

- Papy, pourquoi les titres provisoires des morceaux d'Ellington portent-ils quatre lettres ?

- Demande à Claude Carrière. Lui seul pourrait te répondre. »

Monsieur Michu a rencontré Claude lors d’une conférence que ce dernier donnait au Collège des Bernardins. Une aubaine, car depuis qu’il a laissé tomber sa panoplie gothique, son petit-fils le harcèle de questions sur le jazz. Claude sait tout ou presque sur Ellington, mais pour ne pas constamment le déranger, Monsieur Michu a offert à Jacquot “Le Nouveau Dictionnaire du Jazz” paru peu avant les fêtes chez Robert Laffont dans sa collection Bouquins. Créé en 1988 par Philippe Carles, André Clergeat et Jean-Louis Comolli aidés par de nombreux collaborateurs, remis à jour et augmentée de 400 entrées par rapport à la seconde édition de l’ouvrage en 1994, cette nouvelle mouture rassemble 3300 articles très utiles à tous ceux qui veulent connaître le jazz et son histoire. Mécontent de ne pas y avoir trouvé de données biographiques sur le S.F. Jazz Collective et les Clayton Brothers, Jean-Paul râle comme d’habitude. Il est pourtant le premier à s’en servir. Anticipant les inévitables critiques des pisse-froid, Philippe Carles a eu la bonne idée d’y placer en exergue cette phrase de George Bernard Shaw : « Un dictionnaire est comme une montre : indispensable, mais jamais à l’heure ! » Il manque des musiciens dans ce “Nouveau Dictionnaire du Jazz”, mais ses 1472 pages renferment des informations précieuses que l’on est bien content de trouver. Monsieur Michu l’a donc offert à Duke Ellington Orchestra, SWR coverJacquot qui a tout à apprendre sur cette musique. Remarquant l’étrange regard de Miles Davis sur la couverture, une photo inquiétante de Giuseppe Pino, Jacquot s’est empressé de parcourir la notice qui concerne le trompettiste. La musique électrique des derniers disques qu’il enregistra ne plaît guère à Monsieur Michu. Il préfère voir son petit-fils écouter “Kind of Blue” qu’il promet de lui acheter. En attendant, ils savourent ensemble un enregistrement inédit* du Duke Ellington Orchestra sur le label SWR que distribue Intégral. Enregistré live à Stuttgart le 6 mars 1967, ce disque au son fantastique contient 13 compositions mirifiques pleines de swing et de couleurs. Ayant retrouvé les siennes, Monsieur Michu compte bien se rendre le 27 avril à l’UNESCO qui organise la première journée internationale du Jacquot.jpgjazz. Malgré les bandages épais qui lui recouvrent le visage (il s’est fait retirer clous, épingles et chaînettes qui le trouaient de part en part et a bien du mal à cicatriser), Jacquot (photo ci-contre) souhaite l’accompagner. Son grand-père espère que Tigran Hamasyan, prévu au programme, portera une autre tenue que celle qu’il arbore sur la pochette de son dernier disque. Ses habits noirs seraient un mauvais exemple pour son petit-fils qui porte encore des lunettes très gothiques. C’est le printemps, bonjour, bonjour les hirondelles. Le ver de terre frétille comme un jeune marié le soir de ses noces. Dans son “Almanach des quatre saisons”, Alexandre Vialatte nous apprend que le mois d'avril est le mois préféré de l'escargot coureur et que l'homme est magnifique à voir. Il a toutefois bien du mal à ne pas se pencher sur le précipice d’où il s’est tiré.

 

*Si la musique et la prise de son tiennent du miracle, les titres des morceaux ne sont pas toujours les bons. Duke Ellington leur donnait souvent des titres provisoires. Eggo est ainsi la 2ème partie d'une suite intitulée “The Little Purple Flower. On la trouve en entier dans le “Yale Concert” édité l'année suivante chez Fantasy. Derrière Kixx se dissimule The Biggest and Busiest Intersection, un extrait du “Second Sacred Concert . Derrière Knob Hill se cache Mount Harissa et Freakish Lights n'est autre que Blood Count, la toute dernière composition de Billy Strayhorn. Enfin, attribué à Duke EllingtonTutti for Cootie est de Jimmy Hamilton. Ces précisions m'ont été donné par Claude Carrière. Qu'il soit ici remercié.

Stéphane Belmondo

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

-Stéphane Belmondo invite ses amis au Duc des Lombards les 5, 6 et 7 avril. Le trompettiste fréquente beaucoup les clubs, improvise, aime les rencontres, les « battle royal » inattendues. Sur la scène du Duc, il convie Kirk Lightsey pour un duo piano - trompette (ou bugle) le 5. Jacky Terrasson sera son pianiste les deux autres soirs. Marcel Azzola (accordéon) et Thomas Bramerie (contrebasse) le 6, Sylvain Romano (contrebasse) et Laurent Robin (batterie) le 7 arbitreront leurs échanges.

Robert Glasper au Trianon

 

-Avec “Black Radio”, son dernier disque, l’excellent pianiste Robert Glasper touche un public beaucoup plus large que celui du jazz. Séduisant et sophistiqué, l‘album réunit de nombreuses stars du hip hop et de la soul. Bilal, Erykah Badu, Meshell Ndegeocello répondent aux envolées de ses claviers. Le Trianon (80 bd Rochechouard 75018 Paris) l’accueille le 6. Avec lui, Casey Benjamin au saxophone alto et au vocoder, Derrick Hodge à la contrebasse, Mark Columberg à la batterie et le chanteur Bilal, déjà à ses côtés dans “Mood”, un disque de 2003, son premier.

 

stacey-kent-2010-cnicole-nodland.jpg-Par la justesse de sa voix et de son phrasé, mais aussi par le choix de son répertoire, Stacey Kent touche aussi un large public. Elle sera à l’Olympia le 6 avec son groupe dont fait partie son mari, le saxophoniste britannique Jim Tomlinson. Certains la trouvent trop apprêtée, mais ses reprises de standards, les compositions que Tomlinson co-signe parfois avec l’écrivain Kazuo Ishiguro (“Les vestiges du jour”) traduisent un goût très sûr de cette américaine qui parle parfaitement le français, chante sans accent Ces petits riens, Jardin d’hiver, La saison des pluies. Difficile de résister au charme de la chanteuse, à cette voix suave et douce qui articule chaque mot avec gourmandise.

Harold-Lopez-Nussa.jpg

-Le Festival Banlieues Bleues se poursuit jusqu’au 13 avril avec son cortège de musiques déjantées et de bonnes surprises. Inviter le trio du pianiste Harold Lopez-Nussa (Felipe Cabrera à la contrebasse et Ruy Adrian Lopez-Nussa à la batterie) en est une. Le 11, le jeune et prometteur pianiste cubain convie la chanteuse malienne Mamani Keita à rejoindre son groupe sur la scène du Centre Culturel Jean Houdremont à La Courneuve. Au A. Akinmusire © Ph. Etheldrèdemême programme, le quintette du trompettiste Ambrose Akinmusire ravira les amateurs de jazz moderne. Publié l’an dernier, son disque “When The Heart Emerges Glistening” (Blue Note) a obtenu le Grand Prix de l’Académie du Jazz. Ce n’est pas rien. On n’hésitera donc pas à aller écouter un musicien qui met de l’amour dans ses notes, n’exhibe jamais gratuitement sa technique et fascine par ses tutti, ses phrases mélodiques délicatement ciselées. Avec lui les musiciens de son album, Walter Smith III au ténor, Harish Raghavan à la contrebasse, Justin Brown à la batterie, Sam Harris remplaçant Gerald Clayton au piano.

 

Jean-Luc-Ponty.jpg-Jean-Luc Ponty au Châtelet le 11 (20h00) pour fêter les 50 ans d’une carrière qui l’a longtemps tenu éloigné de la France. Installé en Californie à partir de 1973, il crée pour Atlantic des œuvres inégales dans lesquelles le violoniste se montre souvent plus inspiré que le compositeur. Frank Zappa ne s’y trompe pas lorsqu’il l’engage en 1969 dans son orchestre. Son instrument contribue à la grandeur des albums “Hot Rats”  “Apostrophe” et “Overnite Sensation”. L’amateur de jazz préfère toutefois ses premiers disques, les faces historiques qu’il enregistra avec Eddy Louiss et Daniel Humair. Il les retrouvera au Châtelet, Biréli Lagrène et Stanley Clarke les rejoignant pour un concert qui verra aussi le violoniste interpréter ses compositions avec l’Orchestre Pasdeloup.

 

Aaron Parks-Aaron Parks en trio au Duc des Lombards le 12 et le 13. Elève de Kenny Barron, il a longtemps jouée avec Terence Blanchard dont il fut le pianiste. Les voicings, les choix harmoniques des pièces brèves de l’unique album qu’il a enregistré pour Blue Note en 2008, “Invisible Cinema”, séduisent par leur lyrisme. Parks a depuis rejoint James Farm, groupe du saxophoniste Joshua Redman qui a publié l’an dernier un album très remarqué. Au Duc, le pianiste sera accompagné par Klaus Nørgaard à la contrebasse et Craig Weinrib à la batterie.

 

M.-El-Malem.jpg-Michel El Malem Group à la Maison de la Radio (Studio Charles Trenet) le 14 à 17h30. Publié en novembre dernier et primé par l’Académie du Jazz qui lui a décerné le Prix du Disque Français 2011, “Reflets” traduit les choix esthétiques du saxophoniste qui sait rendre fluides et transparentes ses lignes mélodiques. À la virtuosité, Michel préfère le lyrisme, les notes chantantes et aérées. L’album bénéficie de la présence du piano magique de Marc Copland, mais Michel possède un véritable groupe pour jouer sa musique. Michael Felberbaum (guitare), Marc Buronfosse (contrebasse), Luc Isenmann (batterie) développent un jeu collectif très créatif. Bruno Angelini (piano) remplace Marc Copland pour ce concert, une des rares apparitions d’une formation que l’on souhaiterait écouter plus souvent.

 

ECM-copie-1.jpg-Fly, un trio sans piano, mais aussi sans véritable leader. Chaque membre du groupe apporte ses propres idées musicales et les mêle à celles des autres, le répertoire tenant compte de l’instrumentation (saxophone ténor, contrebasse, batterie) et de la personnalité de chacun. Les compositions collectives qui en résultent accordent autant de place à l’improvisation qu’à l’écriture. Chaque instrument questionne et répond aux propos des deux autres, l’espace sonore se voyant occupé à parité égale. La contrebasse de Larry Grenadier complète le discours mélodique que tient Mark Turner au saxophone ténor, lui apporte un ample contrepoint rythmique. La batterie de Jeff Ballard souligne, colore, étire le temps et le structure. Fly sort son second album. “Year of the Snake” (ECM) a été enregistré à New York en janvier 2011. On en découvrira les morceaux au Sunside les 15 et 16 avril.

 

Corea.jpg-Chick Corea en duo avec Gary Burton Salle Pleyel le 17. Sous l’égide de Manfred Eicher, patron aux grandes oreilles du label ECM, leur dialogue débuta au début des années 70 avec le disque “Crystal Silence” dont le titre éponyme fit le tour du monde. S’affranchissant de la pesanteur, les deux complices imposaient leurs harmonies élégantes, leurs notes virtuoses et transparentes. Après un mémorable concert donné à Zürich  publié en  album, les deux hommes se consacrèrent à nouveau à leurs groupes respectifs, tout en se retrouvant périodiquement pour de nouvelles aventures. En 1998, le vibraphoniste invita Corea à participer à “Like Minds”, opus réunissant Pat Metheny, Dave Holland et Roy Haynes. Pour fêter le 40ème anniversaire de leur association, nos duettistes publient aujourd’hui “Hot House” consacré à la relecture de standards - de Jobim, Monk, Brubeck, le morceau Hot House étant une célèbre composition de Tadd Dameron.

 

Vijay-Iyer.jpg-Vijay Iyer avec Stephan Crump (contrebasse) et Marcus Gilmore (batterie) au Duc des Lombards le 21. “Accelerando”, leur nouvel album, prolonge leurs recherches qui visent à ouvrir davantage les portes du jazz. Les standards, les morceaux de Duke Ellington, Herbie Nichols et même les reprises soul qu’il contient (Human Nature de Michael Jackson) nous sont familiers. Pourtant écouter cette musique c’est comme si se trouvant dans une pièce, un torrent furieux de notes, de clusters, une houle brûlante de rythmes poussaient les murs, faisant apparaître des paysages sonores inconnus embués de rêve. Bien que jouant un piano souvent percussif et abstrait, le pianiste peut aussi se montrer profondément lyrique. Influencée par Thelonious Monk, Cecil Taylor et Andrew Hill, sa musique l’est aussi aussi par Duke Ellington et se situe dans la tradition du jazz.

 

Bobby-McFerrin-b-c-Carol-Friedman.jpg-Abordant toutes sortes de musiques, Bobby McFerrin fait ce qu’il veut avec sa voix. Sa large tessiture lui permet toutes sortes d’acrobaties vocales, de rivaliser et d’imiter de nombreux instruments. Il est aussi l’un des rares chanteurs à pouvoir se produire en concert a cappella. McFerrin est surtout un musicien complet. Les instruments dont il sculpte et souffle les sons, il a appris à en jouer. Il sait diriger un orchestre et a écrit des arrangements pour big band. « Confiez-lui la direction d’un orchestre symphonique, et vous aurez un orchestre au chômage » peut-on lire très justement dans le communiqué de presse. Les 23 et 24 avril prochains, au théâtre du Châtelet, il se contente d’inviter Marie-Claude Pietragalla, Paco Séry et Thomas Dunford luth, théorbe (le 23), Tigran Hamasyan, Michel Godard et Jonathan Dunford viole de gambe, basse de viole (le 24).

Ernie Watts ©Ph. Etheldrède

 

-S’il n’a jamais réussi à imposer ses propres albums, Ernie Watts reste l’un des meilleurs saxophonistes en activité de la Côte Ouest et possède un son facilement reconnaissable au ténor. Charlie Haden en est conscient lorsqu’il l’engage en 1986 dans son Quartet West. Musicien de studio très demandé, il a participé comme sideman à un nombre considérable d’enregistrements, de jazz et de musiques de films - celle des “Chariots de Feu” lui fait obtenir un Grammy Award en 1982. Le Duc des Lombards l’accueille le 23 et le 24 avec Bernard Vidal (guitare), Peter Giron (contrebasse) et Tony Match (batterie).

 

Ania-Freindorf.jpg-Comme précédemment annoncé dans ce blog, sous l’égide de l’Unesco et le patronage de son Ambassadeur de Bonne Volonté Herbie Hancock, le 27 avril devient la première journée internationale du jazz. New York et La Nouvelle-Orléans la fêteront le 30, mais c’est bien sûr la programmation parisienne qui nous intéresse. Outre une nuit blanche prévue rue des Lombards, l’Unesco (7, place de Fontenoy 75007 Paris) accueillera à partir de 10h30 de nombreuses manifestations jazzistiques. Concerts (Tigran Hamasyan, Riccardo Del Fra et le Sextette du Conservatoire de Paris, Paul Lay, Giovanni Mirabassi, Dominique Fillon), master classes (avec Herbie Hancock, Dee Dee Bridgewater, Barbara Hendricks, Marcus Miller, Biréli Lagrène et Fabien Ruiz, chorégraphe du film “The Artist”), table ronde autour du jazz et du cinéma organisée par l’Académie du Jazz avec la participation de Bertrand Tavernier et expositions de photos seront les points forts de cette manifestation. S’inscrire est obligatoire pour y assister. Renseignements et programmes sur le site de l’UNESCO : www.unesco.org/new/en/culture/jazz-day

 David-Sanchez

-S’il revendique ses origines latines, David Sanchez est d’abord un jazzman, un enfant de Sonny Rollins et de John Coltrane, et sa musique, d’une frénésie capiteuse, n’oublie jamais d’être lyrique. Attendu au New Morning le 27, le fougueux saxophoniste s’y rendra avec Gerald Clayton, pianiste complet qui connaît parfaitement le vocabulaire du jazz et aime faire danser les tempos. Matt Brewer à la contrebasse et Henry Cole à la batterie complèteront une formation annonçant les chaleurs de l’été.   

 

TONY-TIXIER-c-Sharly.jpg- “Dream Pursuit”, le nouveau disque de Tony Tixier (Space Time) révèle un pianiste original qui maîtrise parfaitement son instrument. Né à Montreuil en 1986, Tixier ne cherche pas à jouer un piano inutilement virtuose. Il préfère inventer, proposer des harmonies inhabituelles et des notes souvent brûlantes à une section rythmique habitée par le groove. Burniss Earl Travis II à la contrebasse et pour ces concerts Kendrick Scott à la batterie ne dédaignent pas les métriques du hip hop, les tempos de la soul. Avec le saxophoniste Logan Richardson (alto et soprano) pour compléter la formation, sa musique est puissante, forte et prometteuse. On s’en rendra compte au Sunside que le quartette investit les 27 et 28.    

ACT-Jubile.jpg      

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Trianon : www.letrianon.fr

-Olympia : www.olympiahall.com

-Festival Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Maison de Radio France : www.radiofrance.fr

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-New Morning : www.newmorning.com

 

Crédits Photos : Stacey Kent © Nicole Nodland/EMI - Ambrose Akinmusire, Ernie Watts © Philippe Etheldrède - Aaron Parks © Blue Note Records - Fly © John Rogers/ECM - Gary Burton & Chick Corea © Concord Jazz/Universal - Bobby McFerrin © Carol Friedman - Herbie Hancock © UNESCO/Ania Freindorf - Tony Texier © Sharly/Space Time Records - On Stage (Red), Stéphane Belmondo, Harold Lopez-Nussa, Jean-Luc Ponty, Michel El Malem, Vijay Iyer  © Pierre de Chocqueuse - Robert Glasper, David Sanchez © X/D.R.

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 10:00

  Stereo-Drive--cover_6.jpgUn gel à pierre fendre en février a longtemps cloîtré chez lui le brave Monsieur Michu. Sortir avec ce froid lui étant interdit, Jean-Paul lui a souvent rendu visite, lui apportant des disques qu’il a beaucoup appréciés, du jazz avec de vraies mélodies, des relectures de standards, du swing. Les Michu ne possèdent pas d’ordinateur, ne téléchargent pas. Ils s’approvisionnent chez les rares disquaires de la capitale qui survivent. Comme de nombreux amateurs, ils ne conçoivent pas de la musique sans un support physique. Un disque c’est aussi un objet, une pochette avec des photos, des notes de livret, une création graphique. Sa mort est annoncée et pourtant on réédite des vinyles à tour de bras. Certains labels misent pourtant sur le tout numérique. Bee Jazz a ainsi décidé de ne plus commercialiser de CD et de réserver la diffusion de sa musique à internet. Les Michu n'en auront plus l'accès. Circuit 24, le pilote retombé en enfance, ne se sent pas concerné. Il ne possède qu’une poignée de vinyles dont le “Stereo Drive” de Cecil Taylor. Non pour la présence de John Coltrane au ténor qui s’y dissimule sous le pseudonyme de Blue Train, mais pour sa pochette, une voiture de B. Wilen, Auto Jazzcourse qui le fait rêver. Son disque préféré  reste toutefois “Auto Jazz / The Tragic Destiny of Lorenzo Bandini” de Barney Wilen. Ses pétarades de moteurs surchauffés le mettent en extase. Il en a même agrandi la pochette qui recouvre un large pan de mur de son salon. Jean-Paul n’en apprécie pas la musique. Philippe Etheldrède non plus. Mais Bernard adore. Circuit 24 la lui a fait découvrir, et ils cherchent des subsides pour mettre sur pied un concert de moteurs. Au prix où est l’essence, nos deux farceurs n’ont peur de rien. Ils comptent se rendre à Aubervilliers écouter Motor City Remix, de la soul-funk-tecno-rap made in Detroit proposée par Banlieues Bleues dont le festival débute le 16. Éclectique, rempli de musiques telluriques fortement déconseillées aux Michu, sa 29e édition déconcerte. McCoy Tyner très fatigué n'étant malheureusement plus capable de jouer son piano, un seul concert m’interpelle en mars. La programmation d’avril est plus conséquente pour l'amateur de jazz bien que John Zorn ne rendra pas nos banlieues plus bleues. Pour ou contre JZ, la bataille fait rage sous un ciel gris, une conjoncture molle. Toutes ces choses donnent à penser, ce qui fatigue beaucoup la tête.  

 

Sachal VasandaniQUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

-Sachal Vasandani au Duc des Lombards le 3 (concerts à 20h00 et à 22h00). Il place subtilement sa voix de ténor léger sur les mélodies qu’il reprend et s’exprime avec une rare justesse. On a pu en juger en octobre dernier dans le même club. Des chanteurs de cette trempe ne sont pas légions, et Sachal interprète compositions personnelles, standards et thèmes empruntés à la pop avec un naturel déconcertant. Jeb Patton au piano, David Wong à la contrebasse et Peter Van Nostrand à la batterie accompagnent sa voix superbe. Produit par John Clayton,“Hi-Fly” son dernier disque est tout à fait recommandable.  

 

Susi-Hyldegaard-c-Nicola-Fasano.jpg-La grande et talentueuse Susi Hyldgaard au Sunside le 3 avec Jannik Jensen à la basse électrique et la batteuse blonde Benita Haastrup. Susi reprendra sûrement des morceaux de “Dansk” son nouvel album, au sein duquel quatre langues se chantent et se répondent. Jazz, pop, folk, la chanteuse danoise mélange les genres et les plie à un univers poétique qui lui appartient en propre. Bonne pianiste, elle pratique aussi la guitare et l’accordéon, trouve en elle des mélodies qui enchantent. On tombe vite sous le charme, envoûté par son chant, l’originalité de sa musique.

 

IF---Angelini--Falzone.jpg-Le même soir Bruno Angelini (piano) et Giovanni Falzone (trompette) donnent un concert au Triton (11 bis rue du Coq Français 93260 Les Lilas) pour fêter la sortie de “Songs Volume 2”, la suite de “Songs Volume 1” enregistré en 2006 et consacré aux compositions du trompettiste. Dans ce nouvel album du duo publié sous le nom d’IF, le pianiste nous offre les siennes, la trompette espiègle de Falzone conversant avec un piano romantique, l’humour pénétrant la musique pour lui donner un grain de folie appréciable, belles notes salies par le growl, le souffle de la vie.

Marcus-Strickland.jpg

 

-Marcus Stickland au Duc les 5 et 6 mars. Avec lui E.J. Strickland, son frère jumeau, batteur puissant et complice du jazz moderne que Marcus tisse avec bonheur avec ses saxophones (ténor, alto et soprano). Je ne sais rien des deux autres membres de ce quartette, David Bryant au piano et Ameen Saleem à la contrebasse, mais n’éprouve nul inquiétude quant à leur savoir-faire. Le saxophoniste sait très bien choisir ses musiciens et les laisse souvent jouer, construisant ainsi une véritable musique de groupe.

 

Guillaume-de-Chassy.jpg-Guillaume de Chassy vient de publier un nouvel album sur Bee Jazz. Le label a donc décidé de ne plus commercialiser de disques et de les proposer en téléchargement. Le disque de Guillaume est, paraît-il, le dernier à paraître en CD. Il fera l’objet d’une chronique dans ce blogdechoc, du moins si je le reçois et que j’en apprécie la musique. Dans Jazz Magazine / Jazzman, Ludovic Florin auquel j’ai confiance le trouve très beau, bien qu’éloigné du jazz « des reprises du “grand répertoire” de Schubert à Chostakovitch. » Il renferme aussi trois improvisations qui lui font penser à celles du trio que Jimmy Giuffre partageait avec Paul Bley et Steve Swallow. Je ne peux vous en dire plus, n’ayant pas écouté l’album. Vous pourrez toutefois découvrir ce jazz de chambre au foyer du théâtre du Châtelet le 8 mars à 20h00. Guillaume s’y produit avec Thomas Savy (clarinette et clarinette basse) et Arnault Cuisinier à la contrebasse, les musiciens de ce nouvel opus.

 

Moreau, Angelini, Gargano-Le 9 à 21h00, sur la péniche l’Improviste, située face au 35 quai de l’Oise, 75019 Paris, on retrouvera le pianiste Bruno Angelini avec Mauro Gargano (contrebasse) et Fabrice Moreau (batterie) pour jouer un autre répertoire, celui de leur album “So, Now ?…” disponible uniquement en téléchargement sur www.sansbruit.fr Outre quelques compositions originales, le groupe nous livre des relectures passionnantes de thèmes que l'on doit à Carla Bley, Bill Evans, Wayne Shorter, Thelonious Monk, un choix reflétant une esthétique que l'on ne peut que partager.

 

Kenny-Garrett-1.jpg-Kenny Garrett à Pleyel le dimanche 11 à 20h00. Il a été le dernier saxophoniste de Miles Davis, mais crée depuis longtemps sa propre musique.  On peut recommander “Songbook”, recueil de ses compositions datant de 2003. Dans “Seeds from the Underground” qui doit paraître courant en mars chez Mack Avenue (distribution Codaex), Garrett sonne parfois comme Pharoah Sanders. Il l’invite dans “Beyond the Wall”, un enregistrement de 2006 au sein duquel brillent Mulgrew Miller et Bobby Hutcherson. À Pleyel, Kenny Garrett sera accompagné par Benito Gonzalez au piano, Corcoran Holt à la contrebasse et McClenty Hunter à la batterie.

 

Duke-Orchestra-au-Palace.jpg-Les lecteurs de ce blogdeChoc savent déjà que le Duke Orchestra vient de sortir un nouveau disque live plein d’inédits et de bonne musique. Comment pourrait-il en être autrement, le répertoire d“Ellington French Touch” ayant été écrit par Duke Ellington ou son fidèle alter ego Billy Strayhorn. Dirigée par Laurent Mignard, la formation offre le meilleur d’elle-même lors de ses concerts. Vous ne manquerez donc pas celui qu’elle donnera le 12 à 20h30 au Palace, 8 rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris.

 

Dress-Code-c-Ondine-Simon.jpg-Dress Code : je vous ai déjà parlé de ce groupe, vantant la qualité de sa musique qui n’est pas sans évoquer celle du second quintette de Miles Davis. Une bonne source d’inspiration pour les cinq membres de la formation, Olivier Lainey (trompette) Yacine Boulares (saxophones), Benjamin Rando (piano), Simon Tailleu (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie). Leur premier album “Far Away” a enfin trouvé un distributeur et devrait être disponible dans les points de vente qui ont encore pignon sur rue. Il bénéficie d’une excellente chronique dans le nouveau numéro de Jazz Magazine / Jazzman. Un papier mérité car Dress Code affiche une stupéfiante maturité tant sur le plan de l’écriture que de l’expression. On se précipitera le 17 au Sunside pour s’en apercevoir.   

 

Wared-5tet.jpg-On ne change pas une équipe qui gagne. Après un premier disque remarqué en 2010 qui manqua de peu le Prix du Disque Français décerné par l’Académie du Jazz, le Wared Quartet devient un quintette et revient avec un nouvel album “Sex Toy” rempli de nouveaux morceaux. Il contient aussi des adaptations très réussies de Georges Brassens et d’Hubert-Felix Thiéfaine. Le groupe le présentera au Sunside le 22. Il comprend Edouard Bineau au piano, Daniel Erdmann aux saxophones ténor et soprano, Sébastien Texier au saxophone alto et à la clarinette, Gildas Boclé à la contrebasse et Arnaud Lechantre à la batterie.

 

Leila-Martial-c-J.J.-Pussiau.jpg-Comédienne ou chanteuse ? Leïla Martial mit du temps à choisir et opta pour un compromis, celui de jouer de sa voix comme d’un instrument. Le chant, elle en apprit la technique au collège de Marciac, puis au conservatoire de Toulouse. Sa passion de l’improvisation la conduisit naturellement vers le jazz. Longtemps fascinée par la virtuosité, elle apprit à s’en détacher pour mieux s’immerger dans la musique, recherchant l’émotion, la simplicité mélodique. Premier prix de soliste en 2009 au Concours de jazz de la Défense, Leïla Martial publie aujourd’hui “Dance Floor”, son premier disque officiel sur le label Out Note. Avec ses musiciens – Jean-Christophe Jacques (saxophones ténor et soprano), Laurent Charvoit (basse) et Eric Perez (batterie, sampling, voix) – , elle en fêtera la sortie le 23 au Sunside.

 

Andy-Sheppard-Trio-c-Malcolm-Watson.jpg-Andy Sheppard (saxophones ténor et soprano), Michel Benita (contrebasse) et Sebastian Rochford (batterie) le 28 à Tremblay-en-France dans le cadre du festival Banlieues Bleues. Leur trio porte le nom de leur album “Trio Libero” (ECM), car c’est en toute liberté que les trois musiciens pratiquent l’échange tout en laissant profondément respirer une musique intensément lyrique. Le groupe joue I’m Always Chasing Rainbows, quelques compositions de Sheppard, mais la plupart des morceaux du disque sont nés d’improvisations collectives et ont été peaufinés en studio. Un grand disque à découvrir sur scène, dans le feu de l’action.

 Walter Smith III © Ph. Etheldrède

-Walter Smith III fit ses armes auprès de Roy Haynes et de Terence Blanchard. Ténor puissant et volubile, il a enregistré live au Sunside en juillet 2008 un album brûlant avec le trompettiste Ambrose Akinmusire pour le label Space Time Records. C’est avec les musiciens de ce dernier que le saxophoniste retrouvera le Sunside le 31 mars (et le 1er avril). Avec Sam Harris au piano, Harish Raghavan à la contrebasse et Justin Brown à la batterie, on peut s’attendre à un bop moderne et stimulant, ces musiciens-là aimant prendre des risques.

 

 

Dernière minute : le pianiste Dominique Fillon et les musiciens de son quartette - Matthieux Chazarenc, Sylvain Gontard et Kevin Reveyrand - donneront un concert de jazz à la Sacem le 12 mars prochain afin de permettre la reconstruction du parc d'instruments d'une école de musique détruite près de Fukushima lors du tsunami de mars 2011. Concert gratuit. Dons libres. Réservations obligatoire au 06 77 13 37 86.

Pour la même cause, Dominique Fillon et ses musiciens donneront un concert au Billboard de Tokyo en avril. 

 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Triton : www.letriton.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Péniche l’Improviste : www.improviste.fr

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-Théâtre le Palace : www.theatrelepalace.com

-Festival Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org


Crédits photos : Susi Hyldegaard © Nicola Fasano Bruno Angelini & Giovanni Falzone © Jérôme Prébois Dress Code © Ondine Simon – Wared © Arno Fougères – Leïla Martial © Jean-Jacques Pussiau – Andy Sheppard Trio Libero © Malcolm Watson / ECM – Walter Smith III © Philippe Etheldrède – Sachal Vasandani, Marcus Strickland, Guillaume de Chassy, Fabrice Moreau avec Bruno Angelini et Mauro Gargano © Pierre de Chocqueuse Bruno – Kenny Garrett © Photos X/D.R.

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 10:00

Intimacy-by-Thomas-Blackshear.jpgGalette des rois chez les Michu le dimanche 8 janvier, jour de l’Epiphanie. Avec eux, Bajoues Profondes et Jean-Paul que mes lecteurs connaissent bien. Invité lui-aussi, Jacques des Lombards me présenta Circuit 24, un ancien pilote automobile amateur de jazz retombé en enfance. Héritant de la fève, Jean-Paul s’empara de la N.-Payton--Bitches-cover.jpgcouronne. Il apportait “Bitches”, le nouveau disque de Nicholas Payton que Philippe Etheldrède également présent s’est empressé de diffuser dans Jazz à Fip. Surprise, le trompettiste de la Nouvelle-Orléans remplit sa musique de soul, chante, joue tous les instruments et offre à Esperanza Spalding et à Cassandra Wilson de belles parties vocales. « On dirait un disque de Stevie Wonder » s’exclama Madame Michu qui nous sortit d’un placard “Fulfillingness’ First Finale”, l’un des grands opus de Stevie. Circuit 24 qui s’était jusque-là contenté de reproduire des bruits de moteur avec sa bouche exhiba alors de son Robert-Glasper--Black-Radio--cover.jpgblouson d’aviateur “Black Radio”, nouvel opus du pianiste Robert Glasper qui mêle allègrement soul, hip hop, et même rap, dans un festival de couleurs et de rythmes. Ces deux disques, Frédéric Goaty les chronique dans le nouveau Jazz Magazine / Jazzman. Bien vu Fred ! Ragaillardi par cette soul music festive, le couple Michu accompagné de Jean-Paul s’est finalement déplacé au concert privé que donnait Herbie Hancock à l’UNESCO le 30 janvier, pour lancer les célébrations du quarantième anniversaire de la Convention du patrimoine mondial. Le pianiste en profita pour confirmer  la date de la première Journée Internationale du Jazz, le 27 avril, sous l’égide de cette institution. Accompagné par la craquante Esperanza Spalding à la contrebasse, une vraie musicienne, Herbie joua How Deep is the Ocean, River de Joni Mitchell, Maiden Voyage et Cantaloupe Island. Une prestation un peu gâchée par un batteur people qui, incapable de bien jouer cette musique, de tenir les bons rythmes, la surchargea de coups de baguettes inutiles.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Mark-Murphy-c-Mitja-Arzensek.jpg-Mark Murphy au New Morning le 2 avec un trio, piano / contrebasse / batterie pour l’accompagner. Je ne peux vous communiquer leurs noms, le site du New Morning ne donnant pas d’autres indications sur ce concert. Plus très jeune, il aura 80 ans le 14 mars prochain et, malgré une voix moins assurée, reste l’un des grands chanteurs de jazz des années 60. Développant une technique d’improvisation très personnelle, il se montra le digne héritier de King Pleasure et d’Eddie Jefferson. Pour vous convaincre, écoutez “Rah”  (1961) arrangé par Ernie Wilkins et “Midnight Mood” (1967) superbement arrangé par Francy Boland, deux de ses meilleurs opus.

 

Thomas-Enhco.jpg-Musicien sincère et attachant, Thomas Enhco prend le temps de peaufiner son art pianistique. Le Sunside l’accueille le 2 et le 3 avec son trio, Chris Jennings à la basse et Nicolas Charlier à la batterie. Merci à Stéphane Portet qui nous permet de l’entendre souvent. Bientôt, de grandes salles plébisciteront un pianiste reconnu à sa juste valeur. Son prochain disque risque de surprendre. Normal, Thomas n’a-t-il pas surpris le jury du dernier Concours de Piano Jazz Martial Solal qui, enthousiaste, l’a gratifié du troisième prix ?

 

S.-Howard---Black-Label-Swingtet.jpg-Nourrie aux sources du gospel et du blues, Sylvia Howard, excellente chanteuse d’Indianapolis installée à Paris depuis plusieurs années, a rejoint il y a quelques mois le Black Label Swingtet qu’anime Christian Bonnet au saxophone ténor. Avec lui Georges Dersy à la trompette, Jean- Sylvain Bourgenot au trombone, Antoine Chaudron également au ténor, Jacques Carquillat au piano, Jean de Parseval à la basse électrique et Alain Chaudron à la batterie. La formation se produira le 3 au Petit Journal Montparnasse. Au programme, des standards, du swing, une musique généreuse et audible que le couple Michu applaudit des deux mains.

 

Vijay-Iyer-cDR.jpg-Les pianistes Vijay Iyer et Craig Taborn en duo le 4 dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Saint-Mandé (16 heures) dans le cadre du Festival Sons d’Hiver. L’un comme l’autre a un remarquable album solo à son actif. Vijay Iyer aime les notes tumultueuses, les accords dissonants. L’univers sonore de Craig Taborn est également abstrait, mais ses improvisations peuvent se faire rêveuses et romantiques. Pas évident pour deux pianistes de jouer ensemble, de faire naître une seule musique lorsqu’on ne pratique pas le même piano. Les deux hommes ont joué dans l’orchestre de Roscoe Mitchell et leur duo laisse espérer tous les possibles.  

 

ECM.jpg-Ne manquez surtout pas le quartette de Tord Gustavsen au Sunside les 4 et 5 février. Son piano trempé dans le blues, Tord publie un 5ème enregistrement sur ECM, “The Well”, un florilège de mélodies simples influencées par les vieux hymnes protestants des pays scandinaves. A son trio habituel, Mats Eilertsen (contrebasse) et Jarle Vespestad (batterie) s’ajoute Tore Brunberg dont le saxophone ténor sonne un peu comme celui de Jan Garbarek, Tore ayant comme lui une approche mélodique de l’instrument. On lira la chronique de l’album dans le Jazz Magazine / Jazzman de février qui vient de Duke Ellingtonparaître, un Choc assurément.

 

-Seconde partie de la conférence de Philippe Baudoin consacrée aux mystères des compositions ellingtoniennes au Collège des Bernardins le 6 à 19h00. En date du 7 février 2011, la précédente s’était révélée passionnante. Sérieux, érudit, mais surtout clair dans ses explications, Philippe connaît à fond son sujet. On se précipitera 

Mark-Turner.jpg

 

-Mark Turner, le saxophoniste de Fly dont on attend le nouvel album en avril, au Duc des Lombards le 6 et le 7 à la tête d’un quartette inédit. Outre Joe Martin à la contrebasse (il accueille Brad Mehldau et Chris Potter dans son dernier disque “Not By Chance”) et Marcus Gilmore le batteur du trio de Vijay Iyer, le saxophoniste a choisi de dialoguer avec Avishaï Cohen, un trompettiste de haute volée membre du fameux S.F. Jazz Collective. N’hésitez pas à vous déplacer pour découvrir le jazz moderne et inventif de ces quatre musiciens qui excellent dans l’échange.

 

Ahmad-Jamal-c-Jacques-Beneich.jpg-Ahmad Jamal au Théâtre du Châtelet le 9. Avec Reginald Veal (contrebasse), Herlin Riley (batterie) et Manolo Badrena (percussions), le pianiste vient jouer “Blue Moon” (Jazz Village), son nouvel album paru deux jours plus tôt. On ne présente plus cette légende vivante qui en 1951 fonda le trio qui le rendit célèbre. Aujourd’hui âgé de 81 ans, Ahmad reste un sage dont la modernité de la musique ne cesse d’étonner. Très réussi, son nouvel opus renferme quelques standards qu’il interprète à sa manière sur une trame harmonique et rythmique qui est sa marque de fabrique, mais aussi des compositions nouvelles au sein desquelles le funk est plus marqué que d’habitude. Le grand changement reste toutefois le départ de James Cammack remplacé par Reginald Veal après vingt-sept ans de bons et loyaux services. Enrichie par une tension, un mouvement permanent, la musique d’Ahmad Jamal conserve intacte sa fraîcheur.

 

Alexis-Tcholakian.jpg-Alexis Tcholakian au Sunside le 15 avec Felipe Cabrera à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie dans un programme consacré aux compositions de Michel Petrucciani. Pianiste secret aux harmonies raffinées et élégantes, Alexis s’inspire beaucoup de Bill Evans dont la musique transparaît dans son jeu de piano. Michel appréciait beaucoup Bill. Dédié à ce dernier, son disque “Oracle’s Destiny” en témoigne plus spécialement. Reprendre le répertoire de Petrucciani c’est se rapprocher d’Evans, relier entre-elles des musiques qui se suivent et se nourrissent mutuellement.

 

Steve-Kuhn.jpg-Après s’être produit au Duc en février 2011, Steve Kuhn nous rend à nouveau visite, le New Morning l’accueillant le 14 en quartette. Il retrouve David Finck son bassiste habituel – Dean Johnson le remplaçait l’an dernier – , conserve Joey Baron son batteur et s’adjoint Donny McCaslin au saxophone. Influencé par Bud Powell et Bill Evans, Kuhn peut aussi bien jouer un piano aux harmonies ancrées dans la tradition du bop que du jazz modal. Son jeu lyrique ressemble alors à celui de McCoy Tyner. Il rend d’ailleurs hommage à John Coltrane dont il fut quelques mois le pianiste dans son dernier enregistrement pour ECM (“Mostly Coltrane”, 2009). CONCERT ANNULÉ

 

Jim-McNeely.jpgRiccardo-Del-Fra.jpg-Jim McNeely ne vient pas non plus très souvent. La dernière fois c’était en mars 2009 au Sunside, club qu’il retrouve le 15 au sein d’un trio comprenant Ariel Tessier à la batterie et son complice Riccardo Del Fra à la contrebasse. Ce dernier l’avait alors invité à animer une master class au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (cnsmdp) qu’il dirige. Remarquable pianiste privilégiant les lignes mélodiques qu’il aime fluides et aérées, McNeely est aussi un arrangeur qui travaille depuis quelques années avec de grands orchestres européens. Il fut le pianiste du Thad Jones / Mel Lewis big band, de Stan Getz et de Phil Woods. Autant de bonnes raisons de venir l’écouter.

 

Delbecq-Band-c-Igor-Juget.jpg-Au croisement du jazz et d’autres musiques, Benoît Delbecq est un des rares pianistes à posséder un langage original. Adepte du piano préparé, créateur de sons et d’univers sonores, il ne joue quasiment jamais de standards, préférant improviser une musique neuve dont les points d’ancrage avec l’Afrique sont nettement perceptibles. Enregistré en sextette “Crescendo in Duke” son nouveau disque est pourtant entièrement consacré à Duke Ellington. Il en jouera la musique le 16 au Théâtre Antoine Vitez d’Ivry dans le cadre du Festival Sons d’Hiver. Avec lui, les musiciens de l’album, trois souffleurs Tony Coe, Tony Malaby et Antonin Tri-Hoang (saxophones et clarinettes basse) auxquels s’ajoutent deux compagnons de longue date, Jean-Jacques Avenel (contrebasse) et Steve Argüelles (batterie et électroniques).

 

Bobby-Few.jpg-Thelonious Monk nous a quitté il y a 30 ans, le 17 février 1982. Du 17 au 22, le Sunside le fête en invitant des pianistes à jouer sa musique. Bobby Few l’a connu, comme Steve Lacy également disparu dont il fut le pianiste. En trio avec Harry Schwift (contrebasse) et Ichiro Inoe (batterie), il ouvre le 17 cette nouvelle série de concerts. Le 18, c’est au tour de Laurent de Wilde de jouer Monk avec Bruno Rousselet (contrebasse) et Philippe Garcia (batterie). Laurent Coq leur succède le 21, Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie) complétant son trio. Alain Jean-Marie prend la suite en quartette avec Pierrick Pedron (saxophone alto), Gilles Naturel (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie).

B. Maupin © Philippe Etheldrède

 

-Saxophoniste, Bennie Maupin joue du ténor et du soprano, mais aussi de la flûte, de la clarinette et de la clarinette basse. C’est sur ce dernier instrument que l’on peut l’entendre dans “Bitches Brew”, l’un des disques phares de Miles Davis. Rejoignant Herbie Hancock au début des années 70, il participa à son sextet électrique puis à ses Headhunters avec lesquels le pianiste connut un grand succès. Ce dernier joue des claviers dans “The Jewel in the Lotus” (1974), un des rares disques que Maupin publia sous son nom. Il sera au Duc des Lombards les 24 et 25 avec Hanka Rybka (chant), Michal Tokaj (piano), Michal Baranski (contrebasse) et Lukasz Zyta (batterie et percussions).

 

Luis-Perdomo.jpg- Membre du groupe de Miguel Zenón qu’il accompagne dans son récent “Alma Adentro : the Puerto Rican Songbook”, Luis Perdomo est aussi le pianiste de Ravi Coltrane qui vient de produire “Universal Mind” son quatrième disque, en trio avec Drew Gress et Jack DeJohnette, musiciens très stimulants. Perdomo sera au Sunside le 28 pour jouer ce nouvel opus. Avec lui les membres de son trio habituel, Hans Glawischnig à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie, ce qui n’est presque pas plus mal. 

 

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Le Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-Sons d’hiver : www.sonsdhiver.org

-Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

 

  

CREDIT PHOTOS : Bandeau : "Intimacy", peinture de Thomas Blackshear - Mark Murphy © Mitja Arzensek - Tord Gustavsen Quartet © Hans Fredrik Asbjørnsen - Ahmad Jamal © Jacques Beneich - Benoît Delbecq Sextet © Igor Juget - Bobby Few © Juan Carlos Hernandez - Bennie Maupin © Philippe Etheldrède - Thomas Enhco, Mark Turner, Steve Kuhn, Jim McNeely, Riccardo Del Fra © Pierre de Chocqueuse -  Vijay Iyer & Craig Taborn, Duke Ellington, Alexis Tcholakian, Luis Perdromo  © X/D.R.

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 11:28

La-crise--jpgLa crise : même le Père Noël fait les poubelles. Le 24 décembre, comme l’an dernier, Jean-Paul tenait le rôle de Saint Joseph dans la crèche vivante de la paroisse parisienne des Saints Innocents. Le lascar avait postulé pour tenir celui de l’Enfant Jésus, ce qui, vu sa taille, lui fut refusé. Souffrant d’une sciatique qui le courbait en deux, Bajoues Profondes n’eut aucun mal à faire un bœuf plus vrai que nature. Edouard Marcel avait cru bon composer une œuvre religieuse contemporaine pour la circonstance, mais ses immenses rouleaux de partitions mirent la puce à l’oreille des bons pères qui, méfiants, demandèrent à l’entendre. Deux d’entre eux sont toujours à hôpital. Sorti du sien, Monsieur Michu a pu assister à la messe de minuit, à l’issue de laquelle Jean-Paul invitait chez lui autour d’un chocolat chaud que servait Bernard, fauché après les concerts désastreux de son Tarzan et Jane Jungle Electro Jazz Band. Pour achever de le ruiner, Edouard Marcel vient de lui passer commande d’un nouveau répertoire spécifiquement conçu pour un groupe jouant au sein d’un tambour gigantesque. Il est malheureusement trop tard pour que le festival Sons d’hiver le programme dans le Val-de-Marne. Sa nouvelle édition aura lieu du 27 janvier au 18 février. Quelques concerts interpellent - Stéphan Oliva fin janvier, Craig Taborn en duo avec Vijay Iyer, le sextette de Benoît Delbecq relisant Duke Ellington en février. Le free Jazz y reste toutefois largement privilégié ainsi que l’afro-punk, le hip-hop, le rap, les tensions électriques, les bâillements acoustiques... L’objectif du festival semble être de réveiller nos conduits auditifs endormis et, je cite ici le dossier de presse, de « retransmettre au mieux les palpitations chatoyantes et sonores de la vie. » Celles qu’éprouve Monsieur Michu à la lecture du programme inquiètent son épouse. Quant à Jean-Paul, il en a déjà des sueurs froides et des claquements de dents. Amateurs de jazz qui ressemble à du jazz avec des mélodies et des rythmes qui swinguent, les Michu se tiendront prudemment à l’écart de ces frissons d’hiver. 

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Nagual-Orchestra.jpg-Le Nagual Orchestra au Sunset le 7. On a pu écouter la formation l’an dernier à l’Âge d’Or, Paris 13ème, où elle tint résidence. Son personnel n’est plus tout à fait le même depuis l’enregistrement en 2007 de l’album “La boîte à desseins”, qui la fit remarquer. Olivier Laisney à la trompette et Alexis Pivot au piano ont rejoint Florent Hubert (saxophone ténor et à la clarinette), Matthieu Bloch (contrebasse) et David Georgelet (batterie), mais leur jazz acoustique aux fortes racines n’a fait que s’affiner. Vainqueur des Trophées du Sunside en 2009 et parfaitement cimenté par la contrebasse de Mathieu, le groupe séduit par ses couleurs, sa sonorité spécifique, ses compositions originales et mélodiques qui séduisent l’auteur de ces lignes. Le groupe qui en possède de nouvelles prévoit de les enregistrer en février pour une sortie d’album en automne.

 

Claude-Carriere.jpg-Claude Carrière poursuit son cycle de conférences sur les suites de Duke Ellington le 9 à 19h00 au Collège des Bernardins. Au programme, les années 1951 à 1956 avec la Controversial Suite, les trois mouvements de Night Creature qui firent l’objet d’un ballet et la Newport Jazz Festival Suite. 1956 est l’année de l’enregistrement de “Such Sweet Thunder”, chef-d’œuvre ellingtonien qui peut faire l’objet d’une conférence à elle seule.

 

Prysm-Prysm au Duc des Lombards le 12 et le 13 dans le cadre du French Quarter Festival (du 3 au 31 janvier). Le groupe s’y est produit en avril 2011 sans Pierre de Bethmann handicapé par une double fracture de l’épaule. La guitare de Manu Codjia suppléa son absence sans nous la faire tout à fait oublier. Tout semble aujourd’hui rentré dans l’ordre pour une formation longtemps mise en sommeil. Pierre de Bethmann (piano et fender rhodes), Christophe Wallemme (contrebasse) et Benjamin Henocq (batterie) se sont à nouveau réunis pour des relectures inventives des grands titres de leur répertoire. “Five” Le disque live qu’ils ont fait paraître l’an passé est entièrement constitué d’anciens morceaux. Le trio joue aujourd’hui un jazz moderne et énergique qui témoigne de la parfaite entente de ses membres, l’échange, le partage étant ainsi privilégiés.

Enrico Rava

-Enrico Rava au Sunside les 13, 14 et 15 janvier pour jouer “Tribe”, son dernier disque ECM, un de mes 13 Chocs de l ‘année 2011. Avec lui Gianluca Petrella au trombone pour tenir de véritables discours mélodiques, mais aussi Giovanni Guidi, pianiste subtil qui apporte des couleurs tamisées à une musique délicieusement paresseuse. Cette dernière regorge de soleil et sa chaleur méditerranéenne pousse au farniente. Gabriele Evangelista à la contrebasse et Fabrizio Sferra à la batterie complètent cette formation transalpine avec laquelle le trompettiste signe l’un des albums les plus lyriques de sa discographie.

 

Palatino-c-Stephane-Barthod.jpg-Empruntant son nom au train qui assure chaque jour la liaison entre Paris et Rome, Palatino réunit Paolo Fresu au bugle et à la trompette, Glenn Ferris au trombone, Michel Benita à la contrebasse et le grand Aldo Romano à la batterie. On pensait le groupe disparu après l’enregistrement de son troisième album en 2001. Un nouvel opus live en novembre dernier (Naïve) vient démentir sa dissolution. Il est même attendu au Duc des Lombards le 16 et le 17 pour régaler son public d’une musique chantante qui réchauffe en ces temps hivernaux. On ne manquera pas les dialogues probables entre Fresu et Ferris, le jeu rugueux du trombone donnant du nerf à la musique. Chaque musicien apporte ses compositions, des mélodies solaires et enivrantes comme le vin de Toscane. Elles agissent comme de puissants remèdes contre la morosité et bien d’autres fléaux. On se précipitera.

 

M.-Copland---J.-Abercrombie.jpg-Pas évident de réunir un piano et une guitare. Associer les deux instruments reste délicat sur le plan harmonique. Pour le guitariste, il faut redéfinir l’attaque de ses notes, repenser ses voicings pour que le pianiste trouve sa place et puisse se faire entendre dans un autre registre. La réussite d’une telle association se trouve dans la retenue, la qualité d’une écoute réciproque. Brad Mehldau et Pat Metheny, Jim Hall et Geoffrey Keezer (leur disque date de 2005, je me le suis procuré récemment) ont parfaitement compris comment optimiser leurs rencontres. S’ils jouent rarement ensemble, Marc Copland et John Abercrombie se connaissent depuis longtemps. Leur dernier disque est quelque peu monotone, mais la magie peut à tout moment renaître et opérer. On ne se privera pas d’écouter ces deux grands musiciens au Sunside le 18.

 

Laurent-de-Wilde-copie-1.jpg-Laurent de Wilde joue un merveilleux piano. Habitué des clubs de la rue des Lombards, directeur artistique de la première édition de "Sorano Jazz" à l’Espace Daniel Sorano de Vincennes, Laurent multiplie les rencontres. On a pu l’entendre avec Géraldine Laurent, Eric Le Lann, Glenn Ferris, Elise Caron et les rythmiques qu’il affectionne, Yoni Zelnik et Jérôme Regard à la contrebasse, Laurent Robin et Donald Kontomanou à la batterie, sans parler des concerts qu’il donne avec son vieux complice Otisto. Les amateurs de jazz et de beau piano lui réclamaient depuis longtemps un nouveau disque. Initialement prévu à New York, son enregistrement se fera dans quelques jours à Paris, en trio avec Ira Coleman à la contrebasse et Clarence Penn à la batterie. Auparavant, les trois hommes peaufineront les détails de leur musique au Duc des Lombards les 18 et 19. Laurent l’annonce « très rythmique, louchant sur l’afro-beat comme sur l’électro, sans oublier les blues et les ballades. »

 

Jacky Terrasson-copie-2Philip Catherine © Jos L KnaepenStephane-Belmondo.jpg-Jacky Terrasson au piano, Philip Catherine à la guitare et Stéphane Belmondo à la trompette et au bugle le 19 au Sunside. On ne manquera pas ce trio inédit, rencontre de trois musiciens émérites qui ont déjà une longue carrière derrière eux. On a entendu Stéphane l’an passé avec le pianiste Kirk Lightsey, mais aussi avec Roy Hargrove et Tom Harrell dont les trompettes s’accordent à la sienne. Jacky a invité Malia à rejoindre son trio lors de la dernière édition du festival Jazz en Tête et s’apprête à enregistrer un nouvel album. Quant à Philip, son dernier disque “Plays Cole Porter” (Challenge) met constamment en valeur les inoubliables mélodies qu’il contient. Stéphane indisponible le 20, c’est un duo qu’abritera le Sunside ce soir-là, mais même privé de sa trompette le piano de Jacky et la guitare de Philip feront pleuvoir des notes aussi lumineuses que des feux de Bengale.

 

Rolando-Faria.jpgAntoine-Herve-copie-2.jpg-Le 24, toujours à la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs (auditorium St. Germain, 4 rue Félibien 75006 Paris), Antoine Hervé consacrera sa leçon de jazz à Antonio Carlos Jobim et la bossa nova avec comme invité le chanteur Rolando Faria, chanteur survivant des Etoiles qui enregistrèrent leur premier disque en France en 1976. Ceux qui manqueront le cours de l’Oncle Antoine pourront s’en procurer le polycopié en DVD (R.V. Productions / distribution Harmonia Mundi). Outre le concert commenté non sans humour et divers bonus, on se réjouira du contenu musical du CD que contient cette édition, quatorze classiques du grand Jobim joliment interprétés par Antoine et Rolando parmi lesquels Desafinado, Samba de Uma nota so, Corcovado et Agua de Beber. Prochaines sorties : “Wayne Shorter, jazzman extra-terrestre” le 21 février et “Oscar Peterson, maître du swing” en mars.

Pierrick Pedron

 

-Les 26 et 27, le Duc des Lombards accueille Pierrick Pedron, magnifique altiste parkérien (si, si, ouvrez vos oreilles, on peut entendre le chant de l’Oiseau), non pour nous interpréter son dernier album que je suis loin d’apprécier, mais pour jouer la musique de Thelonious Monk en compagnie de Laurent de Wilde au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Simon Goubert à la batterie.

 

Tiy-cover.jpg-Toujours le 27, Leïla Olivesi jouera au Sunside son nouvel disque. Épouse d’Amenothep III et grande reine d'Egypte, Tiy prête son nom au troisième opus de la pianiste franco-mauritanienne. Elle nous livre ses mélodies colorées, son piano délicat et sensible, et rend aussi hommage à Néfertiti et à Balkis, la reine de Saba, des femmes de pouvoir aux destins exceptionnels. Avec elle les musiciens qui l’accompagnent dans son album : Emile Parisien aux saxophone soprano, Manu Codjia à la guitare, Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontomanouà la batterie. “Tiy” est disponible dans les FNAC de la capitale et dans plusieurs magasins de province. On peut aussi le commander sur le site de Leïla : www.leilaolivesi.com

  

Stephan-Oliva.jpg-Au sein d’une programmation hétéroclite privilégiant free jazz et bizarreries, le festival Sons d’hiver accueille le 31 janvier à Arcueil (20h30 espace Jean Vilar, 1 rue Paul Signac) le pianiste Stéphan Oliva dans son programme consacré aux films noirs. Avec lui, Philippe Truffaut pour « recréer un dialogue entre le son et le visuel et répondre en images ». Choc 2011 de ce blog, “Film Noir”  le dernier disque de Stéphan, compte parmi les plus beaux de l‘année qui s’achève. Très prisé par les cinéastes dans les années 40 et 50, le genre eut ses compositeurs : David Raskin, Miklós Rózsa, Dimitri Tiomkin et même John Lewis que les amateurs de jazz connaissent bien. Stéphan a relevé les thèmes ou les séquences musicales illustratives des films auxquels ils participèrent. Son piano improvise, prend des libertés, se fait tendre et mélodique ou accentue l'aspect dramatique de leurs musiques, les graves de l’instrument, ses notes lourdes et obsédantes traduisant leur noirceur. En deuxième partie, le saxophoniste Sonny Simmons, 78 ans - il composa Music Matador qu'il enregistra avec Eric Dolphy en 1963 - , peut provoquer la surprise.  

 French-Quarter-au-Duc.jpeg

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Festival Sons d’hiver : www.sonsdhiver.org

 

CREDITS PHOTOS : Nagual Orchestra, Claude Carrière, Prysm, Enrico Rava (montage), Laurent de Wilde, Jacky Terrasson, Stéphane Belmondo, Antoine Hervé, Rolando Faria, Pierrick Pedron, Stéphan Oliva © Pierre de Chocqueuse - Palatino © Stéphane Barthod - Marc Copland & John Abercrombie © Konstantin Kern / Pirouet Records - Philip Catherine © Jos L Knaepen - Père Noël : photo X/D.R.

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 10:00

cluedo b  Décembre : hospitalisé depuis une semaine, Monsieur Michu garde le lit. Un malaise cardiaque provoqué par l’écoute d’un CD qu’un voisin malfaisant lui a fait parvenir en est la cause. Monsieur Michu récupère. A son chevet, Madame le ravitaille en macarons. Il a bonne mine et je le soupçonne de planquer sous son lit une bouteille de Jackie McLean, un whisky hors d'âge revigorant. Jean-Paul a tenu à rendre visite à cette « victime de la musique qui tue » (ce sont ses propres termes). La police recherche le coupable. Les auteurs du disque ont été identifiés. Il s’agit de quatre jeunes terroristes qui sous le nom d’Infernal Quartet explorent de nouveaux territoires musicaux. Lesquels ? Ils ne le savent pas eux-mêmes, le but étant de créer un mur du son et de porter la transe au cœur même des foyers. Le cœur fragile au sein du sien, Monsieur Michu n’aurait jamais dû recevoir ce disque dont les timbres stridents et agressifs rappellent ceux des vieilles roulettes de dentiste bruyamment douloureuses de ma jeunesse. Déjà échaudé par les cacophonies festivalières de l’été, le pauvre homme n’a pas résisté à la violence de ces musiques pseudo modernes qui célèbrent le bruit, musiques improvisées n’obéissant à aucune règle, n’appartenant à aucune tradition, mais qui s’implantent sur les ondes et dans les festivals. On vit une époque formidable. Plus besoin d’utiliser clef anglaise, corde, matraque, chandelier, ou revolver pour envoyer ad patres Mademoiselle Rose, le Colonel Moutarde, Madame Pervenche ou Monsieur Michu. Faites-leur parvenir par la poste un de ces disques dont l’écoute terrasse presque à coup sûr. Grâce aux soins qu’il reçoit et à la sympathie dont lui témoigne son entourage, Monsieur Michu va mieux. Il sera rentré chez lui pour écouter Jazz à Fip qu’animera le dimanche 11 Philippe Etheldrède décidément fâché avec le jazz qui se fait aujourd’hui. Certes, le swing et le blues présentent des vertus curatives, mais on ne saurait dire que les derniers disques en solo de Fred Hersch, Bill Carrothers et Richie Beirach en soient dépourvus. Les offrir pour Noël à Monsieur Michu devrait également améliorer son état.

Après vous avoir communiqué mes Chocs de l’année, ce blog sommeillera vers le 20 et ce jusqu’aux premiers jours de janvier. Merci de suivre le blogueur de choc.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT


Aaron Goldberg

-Aaron Golberg en trio au Sunside les 1, 2 et 3 décembre avec Reuben Rogers (contrebasse) et Eric Harland (batterie). Membres du quartette de Charles Lloyd, ces derniers travaillent avec Goldberg depuis une dizaine d’années et assurent la section rythmique de ses disques. On les entend notamment dans “Unfolding” et “Home” (2010), deux de ses meilleurs opus. Natif de Boston, le pianiste s’est récemment fait remarquer dans “Bienestan”, album enregistré en sextette avec Guillermo Klein. Mais c’est davantage en trio que l’ex-partenaire de Joshua Redman nous régale de son art, nous révèle sa grande sensibilité harmonique.

 

Mauro Gargano

-Installé à Paris depuis 1998, Mauro Gargano joue une belle et profonde contrebasse aux harmonies inventives que l’on n’oublie pas. S’il se produit souvent avec Nicolas Folmer, René Urtreger, Christophe Marguet, Philippe Le Baraillec, Bruno Angelini et joue avec de nombreuses formations, c’est avec la sienne que Mauro se produira au Sunset le 2 et fêtera la sortie de “Mo’Avast” (Note Sonanti), son premier disque pour lequel il cherche un distributeur pour la France. Avec lui Francesco Bearzatti, poids lourd du saxophone ténor (et clarinettiste), Stéphane Mercier, saxophoniste belge, un alto avec lequel il travaille depuis 2003, et Fabrice Moreau à la batterie. Le quartette propose une musique ouverte qui laisse beaucoup de place aux solistes, leurs improvisations énergiques se voyant habilement encadrées par une rythmique soucieuse de couleurs et de mélodies chantantes, celles d’un compositeur inspiré.

 

Nicolas-Folmer.jpg-Attendus au Duc des Lombards le 2 et le 3, Nicolas Folmer et Daniel Humair en profiteront pour enregistrer un CD dont la sortie est prévue en mars 2012. Leur formation, un quartette que complètent Alfio Origlio au piano et Laurent Vernerey à la contrebasse, porte le nom de Daniel HumairNicolas Folmer & Daniel Humair Project. Cela fait un an que le batteur et le trompettiste ont commencé à jouer ensemble. Ils se sont découvert des affinités musicales et poursuivent aujourd’hui une association qui se révèle fructueuse sur le plan musical. Leurs concerts en témoignent d’où leur préférence pour un disque live, reflet fidèle de leurs prestations scéniques.

 

Andre-Hodeir.jpg-Le 3 à 17h30, au studio Charles Trenet de Radio France, Patrice Caratini et son Jazz Ensemble rendront hommage à André Hodeir décédé le mardi 1er novembre. Au programme : des œuvres que ce dernier composa dans les années 50 pour le Jazz Group de Paris. André en avait confié les partitions à Patrice et Xavier Prevost qui avait depuis longtemps programmé ce concert pour son émission “Jazz sur le Vif” espérait la présence du compositeur. C’est donc sans André Hodeir, mais en pensant à lui que l’on écoutera ses musiques (On a Scale, Bicinum, Tension détente, Paradoxe I, Evanescence) jouées par une formation de onze musiciens qui outre Patrice à la contrebasse comprend Claude Egea (trompette), André Villéger (saxophone alto), Mathieu Donarier (saxophone ténor), Pierre-Olivier Govin (saxophone baryton) et Alain Jean-Marie (piano).

 

M.-Copland.jpg-Dave Liebman partagera la scène du Sunside avec Marc Copland le 6. Le saxophoniste joue plus souvent avec Richie Beirach, son partenaire au sein de Quest, groupe longtemps mis en sommeil et aujourd’hui réactivé. Enregistré sous leurs deux noms, “Unspoken” (Out Note) est l’une des bonnes surprises de l‘année. Liebman fait toutefois merveille avec Copland. Les deux hommes ont gravé en 2002 un double CD Dave Liebmanfascinant pour hatOLOGY, “Bookends”, dont je recommande l’acquisition. Copland possède son style propre et cultive un piano aux notes transparentes et tintinnabulantes qui ne ressemble à aucun autre. Liebman tempère aujourd’hui son ardeur. La férocité de son langage expressionniste s’est beaucoup émoussée au bénéfice d’un jeu mélodique qui se fait plus abordable.

 

Antonio-Farao-b.jpg-Habitué du Duc des Lombards – il s’y produit souvent avec Dominique Di Piazza et André Ceccarelli - , Antonio Faraò y est attendu les 8, 9 et 10 pour nous faire goûter son phrasé fluide, les couleurs solaires de son piano et nous jouer la musique raffinée de son nouveau disque. Intitulé “Domi” (Cristal Records), ce dernier fait part belle aux ballades, nombreuses au sein d’un répertoire consacré à de nouvelles compositions et qu’interprète un presque nouveau trio. “le Bel Antonio” (les cinéphiles comprendront) choisit avec discernement ses partenaires. Dédé reste derrière ses tambours et Darryl Hall à la contrebasse remplace Di Piazza pour épauler acoustiquement et idéalement son piano.

 

Antoine-Herve-copie-1.jpg-La Maison des Pratiques Artistiques Amateurs (auditorium St. Germain, 4 rue Félibien 75006 Paris) accueille Antoine Hervé le lundi 12 décembre à 19h30 pour une nouvelle leçon de jazz consacrée au pianiste Dave Brubeck. Oncle Antoine nous l’annonce très axée sur les rythmes asymétriques qu’affectionnait Brubeck, leader du quartette qui créa Take Five, composition de Paul Desmond son magnifique saxophoniste. Le 13, Antoine donne un concert en solo dans la ville de Le Perreux sur Marne - 20h30 auditorium Maurice Ravel, 62 avenue George Clemenceau. S’ils le peuvent, les amateurs de piano s’y précipiteront.

 

L. Mignard©Pascal Bouclier-Laurent Mignard et son Duke Orchestra fêtent Noël le 12 à 20h00 au Collège des Bernardins avec des standards, de la musique sacrée, des inédits, des chansons arrangées par Duke Ellington pour le film “Paris Blues” et son album “Midnight in Paris” (Columbia 1962). Ce concert de Noël affichant déjà complet, le Duke Orchestra vous invite à l’écouter le mardi 27 au conservatoire de Clamart (2 séances gratuites à 17h30 et 21h00). La formation en profitera pour enregistrer live son deuxième album qui s’intitulera “Ellington French Touch”. Réservations : info@jazzaclamart.fr

TSJ Jazz 2011

 

-Nuit TSF Jazz à l’Olympia le 12. “You & the Night & the Music” réunit douze formations dont celles de Gretchen Parlato,Mario Canonge, Stéphane Belmondo (avec Kirk Lightsey et Gregory Porter), Stefano di Battista (en duo avec Yaron Herman). A la tête du Nice Jazz Orchestra, le saxophoniste Pierre Bertrand se voit confier l’orchestre de cérémonie et André Ceccarelli est l’invité d’honneur de la manifestation.

 

Bill-Carrothers.jpg-Toujours le 12, Bill Carrothers retrouve le Duc des Lombards pour deux concerts (20h00 et 22h00). Avec Nicolas Thys (contrebasse) et Dré Pallemaerts (batterie), musiciens qui l’accompagnent dans le double CD “A Night at the Village Vanguard” publié cette année. Imprévisible, changeant de répertoire au gré de sa fantaisie, le pianiste peut tout aussi bien se pencher sur les thèmes que jouait Clifford Brown que sur les musiques de l’histoire de l’Amérique, ses hymnes qu’il affectionne. Bill peut aussi regarder son passé, se remémorer Excelsior, la petite ville de sa jeunesse. L’album qu’il lui a récemment consacré sur le label Out Note est l’un des plus émouvants de l’année.

G.-Parlato-c-Ph.-Etheldrede.jpg

 

-Gretchen Parlato au Duc le 13 avec une formation comprenant le talentueux pianiste Taylor Eigsti, le guitariste Alan Hampton, le bassiste Derrick Hodge et le batteur Justin Browne. La chanteuse possède une voix singulière qui psalmodie et étale avec nonchalance d’étranges vocalises. Elle soigne aussi les orchestrations de ses musiques, des morceaux de ses musiciens, mais aussi de Miles Davis (Blue in Green), Wayne Shorter (Juju), Ambrose Akinmusire (Henya) et Robert Glasper qui a co-produit son dernier album. Leurs arrangements minimalistes renforcent son aspect hypnotique.

 

 

-Découvert par Xavier « big ears » Felgeyrolles, le saxophoniste Baptiste Herbin impressionne par la maîtrise de son instrument, le saxophone alto qu’il étudia avec Jean-Jacques Rulhmann et Julien Lourau. Installé à Paris depuis B. Herbin © Ph. Etheldrède2005, cet habitué de la rue des Lombards est de toutes les jam-sessions. Il connaît le vocabulaire du bop, joue des lignes de blues qui sortent les plus sourds de leur sommeil, mais aussi de la salsa, de la musique malgache (avec l’Ouranos Quartet que dirige le guitariste Dimitri Dourantonis) et pratique un éclectisme musical réjouissant. Le Duc des Lombards l’accueille le 19 avec un septet comprenant Yoann Loustalot à la trompette, Michael Cheret au saxophone ténor, Fred Couderc au saxophone baryton, Alain Jean-Marie au piano, Gilles Naturel à la contrebasse et Romain Sarron à la batterie. Au programme : la musique d’Oliver Nelson (1932-1975), saxophoniste, compositeur et arrangeur dont le disque le plus célèbre “The Blues and the Abstract Truth” (un enregistrement en septet) réunit Eric Dolphy, Freddie Hubbard et Bill Evans. Nul doute que Baptiste et ses complices reprendront Stolen Moments la plus célèbre composition de Nelson, un cadeau de Noël à ne pas manquer.      

 

Mario Canonge a-S’il invite des amis musiciens pour donner des couleurs chatoyantes à ses musiques - Irving Acao, Manu Codjia participent à “Mitan” son dernier album, le quinzième qu’il enregistre sous son nom - , le pianiste antillais Mario Canonge joue en trio des musiques créoles et métissées, mais aussi du jazz qu’il aime rythmé et mélodique. Le Sunside lui en offre la possibilité pendant trois soirs, les 19, 20 et 21 décembre. Avec lui Felipe Cabrera, le bassiste d’Harold López-Nussa, un musicien cubain à même de comprendre la tonalité caraïbe de sa musique. Egalement d’origine cubaine (il est né à La Havane en 1970), Lukmil Perez Herrera son batteur vit et travaille à Paris depuis 1999. Nul doute que dynamisée par une telle rythmique, sa musique donne envie d’embrasser le soleil.

Duc des Lombards

 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Maison de Radio France : www.radiofrance.fr

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr

-Olympia : www.olympiahall.com

 

PHOTOS : Aaron Goldberg, Mauro Gargano, Nicolas Folmer, Daniel Humair, Dave Liebman, Marc Copland, Antonio Faraò, Antoine Hervé, Bill Carrothers © Pierre de Chocqueuse - Laurent Mignard © Pascal Bouclier – Gretchen Parlato, Baptiste Herbin © Philippe Etheldrède - Mario Canonge © Enzo Productions.

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 08:21

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Novembre : malgré un budget réduit, le festival Jazz en Tête parvient à faire venir les meilleurs jazzmen de la planète. Il ne dure que 5 jours, en est à sa 24ème édition et rassemble tous ceux qui souhaitent entendre du jazz dans un festival de jazz. Ce n’est pas si fréquent. Lors de leur périple estival, les Michu ont maintes fois frôlé la crise cardiaque, la viole de gambe des Carpates ou le Bongo Balalaïka Techno Jazz Band leur ôtant tout moral. Certains de le retrouver à Clermont-Ferrand, Monsieur et Madame Michu ont fait le déplacement et occupent les premiers rangs de la Maison de la Culture. Leurs fauteuils sont si confortables qu’ils ne remarquent pas les lascars qui les entourent, Jean-Paul descendu de Paris pour Jacky Terrasson et son ami Bajoues Profondes, râleur impénitent. Lorsqu’il ne rêve pas à ses prochaines émissions de Jazz à FIP, à celle qu’il prépare pour le 13 novembre, Philippe Etheldrède prend des photos. Entre deux critiques acerbes, Jean-Paul ronfle. Les Michu se tassent sur leurs sièges, de peur de déranger. Bajoues Profondes n’aime pas la musique qu’il entend, regrette Count Basie et Duke Ellington, Stan Getz et Dizzy Gillespie. « C’était mieux avant » explique-t-il aux Michu qui apprécient, réclament des rappels. Ils se rendront aux jam-sessions qui se tiennent en face, dans l’hôtel où je loge avec les musiciens. Quant à Bajoues Profondes, le ciel est en train de l’exaucer. Par sa délicieuse attachée de presse, Agnès Thomas, Sony Music vient de me faire parvenir un très bon disque Oscar-Peterson--cover.jpgd’Oscar Peterson en solo, “Unmistakable”. Grâce à un système de reproduction haute résolution, le piano, un Bösendorfer Impérial magnifiquement accordé, joue tout seul la musique d’Oscar. L’ordinateur contrôle le clavier, les pédales, l’instrument restituant avec une richesse stupéfiante des concerts inédits du pianiste. Si Jean-Paul reste sceptique, Bernard jubile. Ses robots deviennent réalités. Correctement informé, l’ordinateur fournira demain des nouvelles compositions de Charlie Parker, Charles Mingus ou Miles Davis. Confiés à des machines intelligentes, les instruments pourront les jouer comme si leurs auteurs étaient toujours vivants. Ne vient-on pas d’annoncer que la médecine était en mesure de régénérer nos vieilles cellules, leur donner une nouvelle jeunesse, rendre à nos vieilles peaux leur souplesse primitive ? Manipulation génétique, manipulation sonore, le progrès nous tombe dessus à la vitesse d’un TGV. Pour du bon jazz éternellement ?  

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Fred Hersch

 

-Fred Hersch au Sunside les 3 et 4 novembre. Avec lui le trio qui a enregistré “Whirl“, l’un des meilleurs disques de l’an passé (Choc Jazz Magazine / Jazzman du mois de septembre 2010). John Herbert à la contrebasse et Eric McPherson à la batterie connaissent bien les tours de passe-passe du pianiste, l’un des meilleurs de la planète jazz, et sont parfaitement aptes à y répondre. Les amateurs ne manqueront pas ces soirées prometteuses.

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-Le 7 à 19h30, Antoine Hervé consacre sa leçon de jazz à Ella Fitzgerald. Avec Deborah Tanguy qui enseigne le chant depuis de nombreuses années pour célébrer Ella. Sa photo passe bien dans mon blog. Oncle Antoine ne m’en voudra sûrement pas de ne pas mettre la sienne ce mois-ci. Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, auditorium St. Germain, 4 rue Félibien 75006 Paris.

 

-Une photo de Philippe Etheldrède prise à Clermont-Ferrand lors du récent festival Jazz en Tête. Gregory Porter y donna son premier concert sur le sol G. Porter©Ph. Etheldrèdefrançais. On pourra l’écouter au Duc des Lombards, le 7 et le 8 avec Chip Crawford au piano, Aaron James à la contrebasse et Andrew Atkinson à la batterie. Nouveau venu du jazz vocal, Porter envoûte par sa voix de baryton chaude et puissante. Joe Williams, Jimmy Witherspoon, Sam Cooke et Marvin Gaye ont influencé le chanteur dont le jazz se teinte de soul et de gospel. Pour vous en convaincre, écoutez “Water”, (Motéma / Integral), une vraie réussite !

 

S.-SwallowcPhilippe-Etheldrede.jpg-Steve Swallow (basse électrique, faut-il le préciser) en quintette au New Morning le 9. Avec Carla Bley à l’orgue, Chris Cheekau saxophone ténor, Steve Cardenas à la guitare et Jorge Rossy à la batterie. Ce dernier joua longtemps avec Brad Mehldau qui tient le piano dans “Blues Cruise”, un excellent disque de Chris Cheek. On reste donc en famille, avec d’excellents musiciens constituant une formation inédite qui ne peut que surprendre.

 

Kenny-Werner-b.JPG-Depuis quelques années Kenny Werner mène à bien des projets très différents. Un disque surprenant pour Blue Note en 2007, des enregistrements live en trio et en quintette, des travaux en grand orchestre, notamment avec le Metropole Jazz Orchestra et le Brussels Jazz Orchestra (le récent “Institute of Higher Learning”, Choc Jazz Magazine / Jazzman ce mois-ci), sans oublier “New York – Love Songs” en solo, premier disque de la série Jazz and the City, le pianiste ne chôme pas. Le Duc des Lombards l’accueille le 11 et le 12. En trio avec Johannes Weidenmueller à la contrebasse et Dan Weiss à la batterie.

 

Sonny-Rollins.jpg-Sonny Rollins à l’Olympia le 14 (20h00). Je l’ai écouté à Vienne l’été dernier. Le colosse souffle toujours des notes volcaniques et n’a rien perdu de son énergie. S’il se déplace avec difficulté, il possède toujours un son énorme et des idées mélodiques intarissables. Il fait confiance à sa section rythmique pour encadrer et faire tourner sa musique. Depuis deux ans le batteur Kobie Watkins assure un drumming inventif. L’inusable Bob Cranshaw semble avoir retrouver sa contrebasse et les congas de Sammy Figueroa rythment les nombreux calypsos qu’affectionne le ténor. Peter Bernstein complète la formation à la guitare. Il parvient à placer quelques chorus lorsque Rollins, qui n’aime guère passer la main, éprouve le besoin de récupérer des marathoniennes improvisations qu’il pousse jusqu’au vertige.

 

Pascal Schumacher-Le quartette de Pascal Schumacher à l’Institut Hongrois de Paris le 15 (20h00) dans le cadre du Festival JazzyColors, et au Duc des Lombards le 17. Franz von Chossy au piano, Christophe Devisscher à la contrebasse et Jens Düppe à la batterie accompagnent le vibraphoniste luxembourgeois qui se fit connaître en 2002 par ses concerts au Sounds Jazz Club de Bruxelles. Avant d’entamer une brillante carrière sous son nom, Jef Neve fut longtemps le pianiste de la formation. “Bang My Can” leur dernier album est plus proche du rock, mais sur scène, le groupe joue aussi d’anciens morceaux et séduit par la richesse de ses timbres, sa musique très soignée.

 

Dan-Tepfer.jpg-Dan Tepfer en solo au Sunside le 21 à l’occasion de la parution de l’album “Goldberg Variations / Variations” (Sunnyside), improvisations autour des célèbres “Variations Goldberg” de Bach que Dan découvrit à l'âge de onze ans jouées par Glenn Gould. Elles ont toujours été proches de lui. Il les reprend avec transparence, traduit les émotions qu’elles expriment, mais y ajoute sa propre voix, son propre vocabulaire harmonique. Les pièces rapides nécessitent beaucoup de virtuosité, mais ce sont dans les mouvements lents, lorsque Dan joue son propre piano, qu’il exprime le mieux son attachement à Bach et à sa musique.

 

Voice Messengers © Laurent Mignaux-Véritable big-band au sein duquel les cuivres et les saxophones sont assurés par les voix, les Voice Messengers retrouvent une scène parisienne après trois ans d’absence, celle du Théâtre de l’Européen qui les accueille les 21 et 22. La formation comprend les chanteuses Chloé Cailleton, Rose Kroner, Amélie Payen et Solange Vergara. Les chanteurs sont Sylvain Belgarde, Larry Browne, Manu Inacio et Vincent Puech. Gilles Naturel à la contrebasse et François Laudet à la batterie assurent la section rythmique. Au piano Thierry Lalo signe les arrangements, mais aussi les musiques de quelques poèmes de Guillaume Apollinaire, Charles Baudelaire et Oscar Milosz. Le répertoire comprend également des compositions de Jean-Loup Longnon, Glenn Ferris, Tom Harrell et des standards dont le fameux Stolen Moments d’Oliver Nelson. Leur album “Lumières d’automne” a reçu en 2007 le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz.   

 

Michel-El-Malem-c-Fred-Monneron.jpg-Ne manquez pas le concert que donnera le saxophoniste Michel El Malem au Sunside le 24. “Reflets” son second album est une des bonnes surprises de la rentrée. Pour jouer ses compositions, Michel garde les musiciens qui l’accompagnent dans “First Step”  son disque précédent - Michel Felberbaum à la guitare, Marc Buronfosse à la contrebasse, Luc Isenmann à la batterie - , mais introduit un cinquième élément dans le groupe, Marc Copland. Son piano apporte d’autres couleurs, enrichit un discours musical au sein duquel règne l’échange, l’écoute mutuelle, le saxophoniste (ténor et soprano) privilégiant la clarté de la ligne mélodique à la virtuosité.     

 

Larry-Willis-c-Mapleshade-Records.jpg-Larry Willis au Duc des Lombards les 25 et 26. Né en 1942, il étudie le chant avant d’apprendre le piano en autodidacte et de jouer dans les clubs de jazz de New York avec Eddie Gomez et Al Foster. Larry a alors 17 ans. Deux ans plus tard, le saxophoniste Jackie McLean l’engage dans sa formation. Il tient le piano dans “Right Now !” (1965), sa première apparition sur un disque. Plus de 300 albums suivront. Lee Morgan, Dizzy Gillespie, Woody Shaw, Stan Getz, Carmen McRae, Shirley Horn feront appel à ses services, le pianiste enregistrant beaucoup pour les labels Audioquest, Steeplechase, Evidence et Mapleshade dont il assume la direction musicale depuis 1992. Les apparitions du pianiste sur des scènes françaises sont rares. L’écouter au Duc en trio avec Steve Novosel à la contrebasse et le jeune Billy Williams à la batterie est une opportunité qui ne se refuse pas.

 

Ricky-Lee-Jones-c-Dave-Barnum.jpg-Publié en 1981, “Pirates” interpelle par sa pochette, une superbe photographie de Brassaï. Le disque contient huit chansons inspirées confiées à des musiciens de la scène rock californienne (les guitaristes Dean Parks et Steve Lukather) mais aussi à des jazzmen. Randy Brecker, David Sanborn et Tom Scott assurent les vents. Russell Ferrante, Donald Fagen (Steely Dan), et Rob Mounsey jouent des claviers. La section rythmique se voit confiée à Chuck Rainey et Steve Gadd et les arrangements de Skeletons et The Returns à Ralph Burns. Rickie Lee Jones, vingt-sept ans à l'époque, signe l’un des meilleurs albums d’une carrière qui l’a souvent vu flirter avec le jazz. “Girl at her Volcano” (1983) contient une reprise émouvante de My Funny Valentine et “Pop Pop” (1991) bénéficie de la contrebasse de Charlie Haden, Joe Henderson soufflant du ténor dans Dat Dere et Bye Bye Blackbird. Avec ses musiciens, la chanteuse interprétera “Pirates” le 27 Salle Pleyel.

 

Bill-Frisell-858-Quartet-cMichael-Wilson.jpg-Jazz, rock, blues, country music, Bill Frisell touche à tout et surprend par la diversité de ses projets. Son 858 Quartet est un quartette à cordes au sein duquel il joue bien sûr de la guitare. Jenny Scheinman au violon, Eyvind Kang à l'alto et Hank Roberts qui tient le violoncelle complètent la formation dont l’album “Sign of Life” s’est fait remarqué. Frisell a depuis sorti un nouveau disque consacré aux chansons de John Lennon. Au sein du 858 Quartet, il mélange les genres, mais exprime une musique profondément enracinée dans le sol de l’Amérique. Le groupe sera au New Morning le 28.

 

Harold-Mabern-c-David-Katzenstein.jpg-Harold Mabern en trio au Sunside les 28, 29 et 30 novembre avec John Weber à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie. Lui aussi joue rarement à Paris. Originaire de Memphis comme Phineas Newborn son mentor, il pratique un piano virtuose aux notes abondantes, joue de longues lignes mélodiques élégantes. Très actif dans les années hard bop, Mabern travailla avec Donald Byrd, Miles Davis, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Sonny Rollins, Jay Jay Johnson et fut membre du Jazztet que co-dirigeaient Art Farmer et Benny Golson.

 

Affiche Jazzycolors-Faire découvrir des artistes peu connus en dehors de leur pays d’origine, c’est le projet du  festival Jazzycolors qu’organise 16 centres culturels étrangers. Pendant trois semaines, du 8 au 30 novembre, ces derniers proposent 17 concerts dans divers lieux de la capitale parmi lesquels l’ambassade du Portugal, l’Institut Hongrois et le Goethe Institut. Placé sous la présidence de Daniel Humair lors de sa création en 2002, le festival est parrainé par Bojan Z depuis 2008. Confié à ce dernier, le concert d’inauguration aura lieu le 8 au centre culturel de Serbie. Les musiciens qui se produisent cette année ne nous sont pas tous inconnus.  Christian Muthspiel, Jordan Officer, Pascal Schumacher et la pianiste Julia Hülsmann font déjà parler d’eux. Renseignements : www.jazzycolors.net

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-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com 

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com 

-New Morning : www.newmorning.com

-Olympia : www.olympiahall.com 

-Théâtre de l’Européen : www.leuropeen.info 

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr 

 

PHOTOS :Micros insectes, Fred Hersch, Sonny Rollins, Pascal Schumacher, Dan Tepfer, Sunset / Sunside  © Pierre de Chocqueuse - Gregory Porter, Steve Swallow © Philippe Etheldrède - Kenny Werner © Kenny Werner 2011 - The Voice Messengers © Laurent Mignaux - Michel El Malem © Fred Monneron -  Larry Willis © Mapleshade Records - Ricky Lee Jones © Dave Barnum - Bill Frisell 858 Quartet © Michael Wilson - Harold Mabern © David Katzenstein - Deborah Tanguy,  © X/D.R. 

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