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6 juillet 2015 1 06 /07 /juillet /2015 08:30
Hot Summer Days

Juillet : la vague de chaleur qui s’est abattue sur la capitale oblige les parisiens et les parisiennes à prendre d’assaut fontaines, piscines et bains publics, à porter le moins de vêtements possible. Les parisiennes exhibent leurs longues jambes fuselées, les parisiens leurs mollets musclés. Pour lutter contre les masses d’air surchauffées, le feu de l'été qui rend moite et fait fondre, bains de pieds et douches abondantes sont recommandés. Il est également conseillé de boire beaucoup. Ne pouvant bénéficier de la fraicheur d’une montagne élevée, on descend dans les caves et les catacombes pour y rêver d’aquariums devant leurs parois humides. En surface, les ventes de vin rosé explosent. Ventilateurs et brumisateurs sont les vedettes de ce début d’été caniculaire qui voit fleurir des festivals de toutes tailles et pour toutes les bourses. Dans toute la France, stades, amphithéâtres romains, chapiteaux géants, jardins, places de villages, cours de fermes ou de châteaux les abritent.

Les clubs de jazz parisiens font aussi leurs festivals. Entre les concerts champêtres du parc floral qui ont lieu tous les week-ends jusqu’au 26 juillet, le NIPANY Festival (“Nous n’irons pas à New York”) qu’organise depuis 5 ans le Duc des Lombards, le Festival All Stars du New Morning et l’American Jazz Festiv’Halles (jusqu’au 19 août) du Sunside-Sunset, Paris reste en juillet la capitale du jazz, le plus grand festival de France. La capitale est certes une étuve mais comment la quitter lorsque l’on peut y entendre Branford Marsalis, Terence Blanchard, Dave Holland ou The Messenger Legacy ?

Hot Summer Days

Si les méga-festivals programment plus ou moins les mêmes artistes, les plus modestes innovent, prennent des risques et des initiatives, offrent des espaces scéniques à des jazzmen que l’on a moins souvent l’occasion d’écouter. Le festival « Au Grès du jazz » à la Petite-Pierre dans les Vosges invite ainsi le 8 août le trio de Gary Peacock avec Marc Copland au piano et Mark Ferber à la batterie. Dans le Pas-de-Calais, la commune de Saint-Omer a la bonne idée de confier la direction artistique de la 1ère édition du Saint-Omer Jaaz Festival, à Laurent Cugny. Magnifique occasion de découvrir le 17 juillet le Gil Evans Paris Workshop qu’il dirige, le Brussels Jazz Orchestra qui célèbre Jacques Brel avec David Linx le 18. Près d'Aix en Provence, « Jazz à Beaupré », l’un des plus petits festivals de l’hexagone, accueille le 11 juillet le pianiste Gonzalo Rubalcaba en quartette, seule occasion de l’entendre en France cet été.

Hot Summer Days

Le festival que j’ai choisi de visiter se tient à Frontenay dans le Jura, dans la montagne. L’air y est plus frais, la chaleur moins accablante. L’association Jura Jazz Haute-Seille l’organise tous les deux ans depuis 2007. La cour du château accueille des musiciens, des jazzmen mais aussi des personnalités inclassables dont on ne peut contester le talent. Au cours de ses quatre éditions précédentes, le Frontenay Jazz Festival a ainsi fait venir le batteur Steve McCraven, le pianiste Tom McClung (parrain du festival) Cécile McLorin Salvant, le bandonéoniste Daniel Binelli, le trio du bassiste Gildas Boclé, la chanteuse Kicca qu’accompagnait Francesco Bearzatti au saxophone, ZAZ et l’étonnant chanteur Alex Renart.

La cinquième édition se tiendra le vendredi 21 et le samedi 22 août. Le batteur Mourad Benhammou et ses Jazzworkers (Fabien Mary à la trompette, David Sauzay au saxophone, Pierre Christophe au piano et Fabien Marcoz à la contrebasse) suivi du Sextet de la chanteuse Lou Tavano (Arno De Casanove à la trompette, Maxime Berton au saxophone, Alexey Asantcheeff au piano, Alexandre Perrot à la contrebasse et Ariel Tessier à la batterie) s’y produiront le 21. Nikki and Jules alias Nicolle Rochelle (chant et danse) et Julien Brunetaud (chant et piano) qu’entourent Jean-Baptiste Gaudray (guitare), Bruno Rousselet (contrebasse) et Julie Saury (batterie) suivi par le sextet du guitariste et chanteur Lucky Peterson le 22 en constituent les réjouissances.

Cet édito un peu long est le dernier avant la traditionnelle mise en sommeil de ce blog vers la mi-juillet. Sortez, ouvrez grandes vos oreilles à la musique et passez un bel été.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Hot Summer Days

-Vous n’avez pas attendu que je vous les recommande pour aller écouter Kenny Barron au Duc des Lombards et Harold Mabern au Sunside. Herbie Hancock et Chick Corea se produisaient à l’Olympia le 4. Il fallait débourser 139 euros pour être bien placé. Cher le fauteuil d’orchestre. Je me souviens très bien du concert mémorable qu’ils donnèrent en 1978, à la mi-février, au Pavillon de Paris, alors une vraie glacière. Chick, fatigué, ayant rejoint son hôtel, j’avais soupé avec Herbie et Michel Delorme (CBS France) dans un restaurant surchauffé près de l’Étoile. Ironie du sort, j’écris ces lignes stores baissés et brumisateur à portée de main pour me protéger de la chaleur.

Hot Summer Days

-Terence Blanchard passe au Duc des Lombards le 6 avec les musiciens de son E-Collective, un quintette comprenant Charles Altura (guitare), Fabian Almazan (piano, claviers), Donald Ramsey (contrebasse) et Chris Bailey (batterie). Bien qu’inégal, “Breathless”, son disque le plus récent enregistré avec le chanteur soul PJ Morton est loin d’être inintéressant. Groove, hip-hop, funk, R&B et jazz fusionnent avec pas mal de réussite. On se laisse emporter par le lyrisme du trompettiste, ses mélodies attachantes portées par des rythmiques souvent irrésistibles.

Hot Summer Days

-Toujours avec Felipe Cabrera (contrebasse) et Jeff Boudreaux (batterie), Ronnie Lynn Patterson retrouvera le Sunside le 7 pour jouer les musiques de Keith Jarrett qu’il admire. On peine à le croire, le pianiste enregistrant aussi peu qu’il ne se montre en public. Il s’y est pourtant produit en mai dans un programme similaire qui a été très apprécié, Ronnie Lynn convaincant tout le monde par la qualité de son piano. L’écouter est un vrai bonheur. Vous avez dit miracle ?

Hot Summer Days

-Le concert que donnera le 9 le trio E_L_B au Petit Journal Montparnasse (21h30) est aussi un événement. Peter Erskine (batterie), Nguyên Lê (guitare) et Michel Benita (contrebasse) n’ont enregistré que deux albums pour le label ACT, le second en 2007 avec le saxophoniste Stéphane Guillaume invité à les rejoindre.

Hot Summer Days

-The Messenger Legacy, six musiciens que dirige le batteur Ralph Peterson, est attendu au Duc des Lombards le 10 et le 11. Habitués du Festival Jazz en Tête (Clermont-Ferrand), Brian Lynch (trompette), Robin Eubanks (trombone), Craig Handy (saxophones ténor, alto & soprano), Johnny O’Neal (piano, remplaçant au pied levé Donald Brown souffrant) et Essiet Okon Essiet (contrebasse), préservent l’héritage des Jazz Messengers d’Art Blakey, assurément l’une des formations les plus importantes de l’histoire du jazz et plus particulièrement du hard bop dont il fut l’un des groupes phares.

Hot Summer Days

-Ses deux derniers albums récompensés par l’Académie du Jazz (Grand Prix en 2011 et en 2014), Ambrose Akinmusire s’offre le New Morning le 10 à 21h00. En quartette avec Sam Harris (piano), Harish Raghavan (contrebasse) et Justin Brown (batterie), le trompettiste profite de ses concerts pour réinventer sa musique, revenir sur ses compositions, les étendre,greffer sur elles de nouveaux rythmes, de nouvelles mélodies. Avec son groupe, il improvise et prend des risques. Trempant dans le hip hop et baignant dans le groove, son jazz moderne et inventif interpelle.

Hot Summer Days

-Roy Hargrove en quintette au New Morning les 13, 14 et 15 juillet. Le trompettiste revient à un jazz acoustique qu’il mâtine de funk et de hip hop. Accompagné par Justin Robinson au saxophone alto et à la flûte, Sullivan Fortner au piano, Ameen Saleem à la contrebasse et Quincy Phillips à la batterie, il invite le 13 le rappeur Sly Johnson, le 14 les sœurs jumelles Naomi et Lisa-Kainde Diaz qui font parler d'elles sous le nom de Ibeyi, et le 15 les chanteuses China Moses et Laetitia Dana.

Hot Summer Days

-Bill Charlap au Duc des Lombards les 14, 15 et16 juillet. Le pianiste travailla avec Gerry Mulligan, Tony Bennett, Benny Carter et beaucoup d’autres avant de constituer en 1997 avec Peter Washington (contrebasse) et Kenny Washington (batterie), le trio qui l’accompagne au Duc. Charlap enregistre également des standards pour le label Vénus au sein du New York Trio comprenant le bassiste Jay Leonhart et le batteur Bill Stewart. Publié en 2010 sur Blue Note, “Double Portrait”, un duo avec Renee Rosnes son épouse, reste l’un de ses meilleurs albums.

Hot Summer Days

-The Cookers au Sunside les 15 et 16 juillet pour défendre un hard bop modernisé qui puise toujours son énergie et son inspiration dans les racines du jazz. Le All Star comprend Eddie Henderson et David Weiss (trompettes), Billy Harper et Donald Harrison (saxophones), George Cables (piano), Cecil McBee (contrebasse) et Billy Hart (batterie). Le pianiste Danny Grissett remplace Cables dans cette tournée. Henderson et Hart furent membres du sextet électro-acoustique d’Herbie Hancock. Saxophoniste du dernier groupe de Lee Morgan, Harper fit partie des Jazz Messengers. La formation compta dans ses rangs Craig Handy, aujourd’hui membre du Messenger Legacy. Leur dernier disque, “Time and Time Again” (Motéma), date de 2014.

Hot Summer Days

-Ne manquez pas Alexandre Saada en solo au Sunside le 18 à 19h00. J’aime un peu moins son dernier disque, mais les deux précédents “Continuation to the End” et “Présent”, tous deux en solo, sont très attachants. Le pianiste improvise des paysages mélancoliques, donne de belles nuances de blanc à sa musique poétique et sensible. Rejetant toute virtuosité, Alexandre Saada séduit par ses couleurs et ses harmonies tranquilles, ses phrases dépouillées et lentes qui savent parler au cœur.

Hot Summer Days

-Le 18 toujours, on attendra 21h30 pour assister au concert que donnera Susanna Bartilla au Sunset. Elle aussi nous touche au cœur par sa voix chaude et sensuelle, son vibrato envoûtant qui fait revivre les standards de la grande Amérique, les chansons de Johnny Mercer et de Peggy Lee auxquelles elle a consacré des albums. La chanteuse berlinoise sait bien choisir ses musiciens. Le piano d’Alain Jean-Marie, la guitare de Sean Gourley, la contrebasse de Claude Mouton et la batterie de Kenny Martin habillent son chant d’un écrin de notes colorées et soyeuses.

Hot Summer Days

-Branford Marsalis au New Morning le 21. Enregistré en 2003 au Bimhuis d’Amsterdam et édité le mois dernier, son dernier disque fait entendre une relecture énergique du chef-d’œuvre de John Coltrane “A Love Supreme”. Son batteur est alors Jeff “Tain” Watts. Justin Faulkner tient aujourd’hui l’instrument, le pianiste Joey Calderazzo et le bassiste Eric Revis complétant son quartette. Infatigable, le saxophoniste surprend par son éclectisme, la diversité de ses projets. Consacrée à la musique baroque, une tournée de 20 concerts avec le Philadelphia Chamber Orchestra l’a conduit à traverser l’Amérique. Pour notre bonheur à tous, il traverse cet été l’Atlantique avec du jazz plein ses bagages.

Hot Summer Days

-Après la fusion de Prism, son groupe précédent, Dave Holland change de jazz avec un nouveau quartette comprenant Chris Potter aux saxophones, Lionel Loueke à la guitare et Eric Harland à la batterie. Le New Morning les accueillera le 22 pour un unique concert parisien. Entre Holland et Potter c’est une longue histoire musicale qui commence avec l’enregistrement de l’album “Prime Directive” pour ECM en 1998 et se poursuit aujourd’hui. Harland joue dans de récents disques du contrebassiste. Loueke est donc le petit nouveau qui apporte de nouvelles couleurs au groupe. Sa guitare chante de drôles de sons et ne ressemble à aucune autre.

Hot Summer Days

-Le pianiste Aaron Diehl retrouve le Duc des Lombards le 24 avec Paul Sikivie à la contrebasse et Lawrence Leathers à la batterie. “Space Time Continuum” son nouveau disque contient un certain nombre d’invités parmi lesquels deux célèbres octogénaires, Joe Temperley et Benny Golson. On y découvre surtout les talents d’arrangeur de Diehl, pianiste aussi à l’aise dans le jazz classique que dans le bop.

Hot Summer Days

-Le Duc des Lombards accueille le nouveau trio de Sangoma Everett le 25. “Debi”, un album récemment publié chez Naïve, témoigne de son intérêt. Influencé par le piano d’Ahmad Jamal, le jeune Bastien Brison séduit par son jeu économe. Ses harmonies baignent dans le swing, le flux des rythmes que Sangoma, batteur né en Virginie mais installé depuis longtemps en France, a ramené de ses nombreux voyages. Gardienne du tempo, apportant de belles lignes mélodiques à la musique, la contrebasse de Christophe Lincontang cimente un trio interactif qui réserve bien des surprises.

Hot Summer Days

-Chaque année pendant l’été, le Sunside organise son Festival Pianissimo. Sa dixième édition réserve de bons moments. On en consultera le programme détaillé. Si vous êtes parisien, essayez de ne pas manquer le trio de Jean-Michel Pilc, Thomas Bramerie et André Ceccarelli (le 31 juillet et le 1er aout), le quintet Utopia de Leila Olivesi (le 7), Dan Tepfer (en photo) avec Louis Moutin et Arthur Hnatek (le 8), Yonathan Avishai et son trio (le 25), le Be-Bop Trio d’Alain Jean-Marie (le 26) l’indémodable René Urtreger avec Yves Torchinsky et Eric Dervieu (le 28 et le 29), et enfin Laurent de Wilde avec Bruno Rousselet et Donald Kontomanou (le 4 et le 5 septembre).

Hot Summer Days

-En août, le Duc des Lombards ouvre ses portes aux rythmes tropicaux avec Go South, un nouveau festival au programme alléchant. Le Jerry Gonzalez Cuba Quintet (avec Kirk Lightsey au piano) les 29 et 30 juillet, Irving Acao en quintette (avec Yonathan Avishai au piano et Felipe Cabrera à la contrebasse) le 4 août, Bambula ! le nouveau groupe du saxophoniste portoricain David Sanchez le 6 et le 7 et le guitariste Biréli Lagrène avec le pianiste Antonio Faraò, le bassiste Eddie Gomez et le batteur Lenny White les 17, 18 et 19 août, en sont les têtes d’affiche.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Festival Au Grès du Jazz : www.festival-augresdujazz.com

-Saint-Omer Jaaz Festival : www.tourisme-saintomer.com

-Jazz à Beaupré : www.jazzabeaupre.com

-Frontenay Jazz Festival : www.frontenayjazz.fr

 

Crédits Photos : "Fontaine de pluie" © Reuters / Andrew Winning Terence Blanchard © Muse Media / Henry Adebonojo – Ronnie Lynn Patterson, Dan Tepfer © Pierre de Chocqueuse – Roy Hargrove © Verve Records – Branford Marsalis Quartet © Eric Ryan Anderson – Dave Holland Quartet © Trevor Hagan – Sangoma Everett Trio © Michel Brabant – Trio E_L_B + Stéphane Guillaume, Ralph Peterson, Ambrose Akinmusire, Bill Charlap, Alexandre Saada, Susanna Bartilla, Aaron Diehl, Kurt Rosinwinkel, Antonio Faraò / Eddie Gomez / Biréli Lagrène / Lenny White © Photos X/D.R.

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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 09:45
Enfant prodige

Juin : le temps des cerises. On les cueille et on les chante. Les oiseaux en raffolent. De bonheur, les moineaux pépient, les merles sifflent, les corneilles babillent. Les pigeons roucoulent, font leur nid où ils peuvent, affectionnent les bacs à fleurs et les plantes vertes des parisiens qu’ils saccagent. Les orangers sortent de leurs serres, Mélodie Gardot publie son meilleur album et le New Morning crée sa radio sur le Web. Au programme : des concerts ponctuellement retransmis et “Un Soir au Club”, magazine musical animé par Franck Médioni du lundi au vendredi de 19h00 à 20h00. Pour la fête des Pères le 21, premier jour de l’été, offrez lui une place pour l’un des concerts que le Sunset / Sunside organise à l’occasion de son Festival Jazz Vocal. Au programme : Philomène Irawaddy, Christophe Dunglas, Mélanie Dahan, Lou Tavano, les Voice Messengers et quelques autres. Du 7 juin au 26 juillet, les pelouses du Parc Floral de Vincennes accueillent le Paris Jazz Festival. 31 concerts proposés sur 8 week-ends au milieu des fleurs, des arbres et des oiseaux. La nature prospère, les jardins étalent leurs couleurs, le geai des chênes cajole, la pie jacasse, l’enfant prodige se manifeste.

Enfant prodige

Né en 2003 à Denpassar dans l’île de Bali, Joey Alexander débute le piano à l’âge de six ans. Il en a dix en 2013, s’invite dans les festivals, se produit à l’UNESCO devant Herbie Hancock impressionné. Pris en main par une agence artistique qui compte bien partout l’exhiber, il n’a eu aucun mal à trouver une compagnie de disques. “My Favorite Things” son premier album est en vente depuis quelques jours. Un recueil de standards inégal, mais le gamin nous assomme avec une version enthousiasmante de Giant Steps enregistré avec Larry Grenadier à la contrebasse et Sammy Miller à la batterie. Le jeunot improvise avec beaucoup d’aplomb, impose son rythme, ses idées, sa force de frappe à ses partenaires qui n’en reviennent toujours pas.

Pour être sûr de ce que l’on entend, on va regarder sur le net les vidéos que Motéma, sa maison de disques, met à disposition. On y découvre un étonnant Over The Rainbow en solo et un ‘Round Midnight à faire pâlir d’envie bien des pianistes. Le nôtre joue aussi Sonrisa d’Herbie Hancock et Armando’s Rhumba de Chick Corea, pianiste qui semble l’avoir beaucoup marqué. Bien qu‘ébloui, on éprouve en même temps un malaise devant ce garçonnet de 12 ans qui donne des concerts au lieu d’aller à l’école et de jouer à d’autres jeux avec ses camarades. Enfants, Liszt et Mozart firent de même. Herbie Hancock aussi. À l’âge de 11 ans, il interprétait le Concerto en ré majeur de Mozart avec le Chicago Symphony Orchestra. Mais Joey Alexander improvise, ce qui demande non seulement de la mémoire et de la technique mais aussi des idées. Rien ne dit qu’il sera en mesure de composer des œuvres personnelles, de devenir un grand du jazz. Laissons le donc grandir ! Pour l’heure, on se presse à ses concerts. Ce qui sort de l’ordinaire fascine. Immense pianiste, Michel Petrucciani n’aurait probablement jamais conquis un si large public sans son handicap. Au risque d’en payer plus tard le prix, Joey le phénomène attire déjà les foules par son jeune âge. Prions pour lui.

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Enfant prodige

-Andy Sheppard au Duc des Lombards le 4 avec une version augmentée de son Trio Libero. Le guitariste Eivind Aarset rejoint ainsi le saxophoniste et ses deux complices, Michel Benita et Sebastian Rochford. Ses nappes de sons, les effets électroniques qu’il tire de sa guitare enrichissent la musique. Il apporte aussi un tissu harmonique qui permet à Sheppard de créer des paysages que parcourent de grands fleuves tranquilles, de faire naître une bande-son d’un grand lyrisme. “Surrounded by Sea”, son nouvel album, en bénéficie. Le saxophoniste y fait chanter ses notes, improvise des chorus mélodiques qu'il est bon d’écouter.

Enfant prodige

-Toujours le 4, le batteur Edward Perraud fête au Studio de l’Ermitage la sortie de “Beyond the Predictable Touch”, second album de son Synaesthetic Trip, une formation qu’il constitua en 2011 et qui comprend Bart Maris à la trompette et au bugle, Benoît Delbecq au piano et aux claviers et Arnaud Cuisinier à la contrebasse. Tous utilisent sans en abuser l’électronique pour modifier les timbres de leurs instruments, enrichir la palette sonore de leur groupe qui modernise le jazz et jette de nombreux ponts entre les musiques. Leur nouveau disque bénéficie aussi de la présence de deux autres souffleurs, Daniel Erdmann au saxophone ténor et Thomas de Pourquery au saxophone alto. Ils seront également sur scène pour en jouer le répertoire.

Enfant prodige

-Le 6, c’est au tour de Fabien Mary de fêter la sortie de son nouveau disque. Enregistré à New York qu’il a habité plusieurs années, “Three Horns, Two Rhythm” (Elabeth) réunit trois cuivres, une contrebasse et une batterie. Les musiciens américains de l’album ne pouvant être présents, le trompettiste fait appel à deux autres souffleurs – Michael Joussein (trombone) et David Sauzay (saxophone ténor) –, Gilles Naturel (contrebasse) et Andréa Michelutti (batterie) assurant la rythmique. Sans piano pour poser des harmonies, asseoir la tonalité, le nouveau répertoire qu’il a composé pour ce nouvel album met en valeur les cuivres, leurs associations de timbres. En vente depuis le 12 mai, il est tout à fait recommandable.

Enfant prodige

-Ouverture du Paris Jazz Festival au Parc Floral de Vincennes le 7 juin avec à 14h15 un concert de Stéphane Kerecki en quartette avec John Taylor (piano), Émile Parisien (saxophone soprano) et Fabrice Moreau (batterie). Un concert parrainé par l’ADAMI dont Stéphane est un des « Talents Jazz 2015 ». Au programme, de larges extraits de “Nouvelle Vague”, un album dans lequel le bassiste reprend des musiques de Michel Legrand, Georges Delerue, Antoine Duhamel et Martial Solal.

Enfant prodige

-Ne manquez pas le même jour à 19h00 le concert de soutien aux victimes du séisme du Népal au New Morning organisé par Partage dans le Monde, association à but humanitaire qui depuis 20 ans construit et fait fonctionner en Inde des dispensaires médicaux et développe des actions dans les villages isolés et défavorisés du Népal (construction d’écoles, projets d’accès à l’eau potable, etc.). Pour leur venir en aide et avec le soutien fédérateur du pianiste Nicola Sergio, l’association a mobilisé neuf jazzmen de renom. Deux sets sont prévus. Le premier fera entendre Nicola Sergio avec Matteo Pastorino (clarinette), Basile Mouton (contrebasse) et Luc Isenmann (batterie). Suivront le guitariste Federico Casagrande et le pianiste Guillaume de Chassy, tous les deux en solo. Roberto Cherillo (piano et chant) et les pianistes François Popineau et Benjamin Moussay tous les deux en trio avec Basile Mouton et Luc Isenmann animeront le second set.

Enfant prodige

-Jacky Terrasson & Friends à l’Olympia le 9 juin (20h30), pour un concert de soutien à Care France, réseau humanitaire apolitique et non confessionnel présent dans 87 pays qui s’attaque aux causes profondes de la pauvreté. C’est la première fois que le pianiste se produit dans cette salle, et de nombreux amis seront à ses côtés. On annonce les chanteuses Cécile McLorin Salvant, Anne Sila et Mathilde (toutes deux découvertes dans l’émission The Voice), le chanteur Sly Johnson, l’incontournable Stéphane Belmondo au bugle, et Marcio Faraco, guitariste et chanteur brésilien. Thomas Bramerie à la contrebasse, le batteur cubain Lukmil Perez et le percussionniste argentin Minino Garay assureront la section rythmique.

Enfant prodige

-Nouvelle signature du catalogue Impulse, la chanteuse et pianiste Sarah McKenzie se produira trois soirs de suite et pour six concerts, les 11, 12 et 13 juin, au Duc des Lombards. Âgée de 27 ans, cette jeune australienne depuis peu installée à Paris a étudié le jazz au Berklee College of Music de Boston et a participé à plusieurs festivals américains et européens. D’autres (Juan-les-Pins, Marciac) attendent sa venue cet été. Lauréate du prix du meilleur album de jazz australien (ARIA), la chanteuse n’est pas sans évoquer Diana Krall dans ses premiers albums. Elle partage avec cette dernière une admiration indéfectible pour les standards du jazz. Enregistré à New York, “We Could be Lover” dont la sortie française est programmée en octobre contient ainsi des thèmes de Cole Porter, George Gershwin, Henry Mancini, Duke Ellington et Jerome Kern. Pour ses concerts parisiens, elle sera accompagnée par Jo Caleb (guitare), Pierre Boussaguet (contrebasse) et Gregory Hutchinson (batterie).

Enfant prodige

-Retour au Parc Floral de Vincennes samedi 13 et dimanche 14 pour un week-end 100% italien proposé par le Paris Jazz Festival. Le 13 à 21h00 (Espace Delta), le maestro Enrico Pieranunzi se produira en trio avec Gabriele Mirabassi (clarinette) et Diego imbert (contrebasse). Le nom du groupe : Nuovi Racconti Mediterranei. Le 14 à 14h00, ne manquez pas Giovanni Guidi en solo (photo). L’ancien pianiste d’Enrico Rava a récemment fait paraître sur ECM un disque très séduisant. Le même jour à 15h30, c’est au tour d’Enrico Rava d’occuper l’Espace Delta avec une formation renouvelée. Stefano Di Battista (saxophone alto), Francesco Diodati (guitare) et Enrico Morello (batterie) entourent le trompettiste qui ne conserve que Gabriele Evangelista, son bassiste.

Enfant prodige

-Le 16, Yonathan Avishai et les musiciens de son trio – Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie) – retrouvent le Duc des Lombards pour (re)fêter la sortie de “Modern Times” (Jazz & People), disque dans lequel le pianiste économise ses notes. Habilement modernisés, les standards qu’il reprend – I Got it Bad (and That Ain’t Good) de Duke Ellington, Cornet Chop Suey de Louis Armstrong – gagnent en lisibilité, se refont une jeunesse. Dotées de rythmes et de mélodies traversées par le blues, ses compositions bénéficient du même traitement minimaliste. Peu de notes mais un jazz qui respire et qui swingue, l’excellente section rythmique du pianiste leur donnant rythme et tension.

Enfant prodige

-Les compositions colorées de Romain Collin possèdent des qualités mélodiques indéniables. Outre “Slow Down (This Isn’t the Mainland)” (2014) enregistré avec le trio The North, disque qui m’a permis de le découvrir, le pianiste qui est né en France et habite en Amérique a publié trois albums sous son nom. Dans “Press Enter”, son disque le plus récent produit par Matt Pierson (Brad Mehldau, Joshua Redman), le trio qui l’accompagne – Luques Curtis (contrebasse) et Kendrick Scott (batterie) – est parfois rejoint par quelques invités. Brillant sur tempo rapide, il possède un jeu sensible qu’il met au service des mélodies qu’il invente. On l’écoutera le 18 sur la scène du Duc des Lombards avec Felipe Cabrera (contrebasse) et Diego Pinera (batterie).

Enfant prodige

-Après s’être produite sur la Péniche Le Marcounet, Marjolaine Reymond, chanteuse inclassable qui mêle jazz et bel canto, sprechgesang et effets électroniques, monte à bord de l’Improviste amarrée quai d’Austerlitz le 19 (21h00). Avec Julien Pontvianne (saxophone ténor et clarinette) David Patrois (vibraphone), Xuan Lindenmeyer (contrebasse) et Stefano Lucchini (batterie), Marjolaine nous dévoilera quelques morceaux de “Demeter No Access”, son prochain album. Elle interprétera également de larges extraits de “To Be an Aphrodite or not to Be”, un disque de 2013 consacré à la poétesse Emily Dickinson (1830-1886), un oratorio en trois parties, un petit théâtre hors du temps et aux images sonores inoubliables.

Enfant prodige

-Dans le cadre de son Festival Jazz Vocal, le Sunside consacre deux soirées et quatre concerts (18 et 19 juin) aux Voice Messengers, huit chanteurs et chanteuses qu’accompagne une section rythmique. Dans ce big band vocal le rôle des cuivres est tenu par les chanteurs qui prennent des chorus comme le font les instruments. Fondateur et directeur artistique de la formation, Thierry Lalo en est aussi le pianiste. Rose Kroner, Anne-Marie Jean, Chloé Cailleton, Solange Vergara, Manu Inacio, Larry Browne, Sylvain Belgarde et Pierre Bodson assurent les voix. Raphaël Dever tient la contrebasse et Frédéric Delestré la batterie. Leur album “Lumières d’Automne” (Black & Blue) a reçu le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz en 2008.

Enfant prodige

-Melody Gardot s'offre trois jours de concerts à l’Olympia (du 26 au 28 juin) après un passage deux jours plus tôt (le 24) à l'Archéo Jazz Festival de Blainville-Crevon, un village cher à mon cœur pour des raisons que je ne vous raconterai point ici. Trois ans après “The Absence”, la chanteuse fait paraître début juin “Currency of Man”, son quatrième album, un enregistrement en studio pour lequel elle fait à nouveau appel au producteur Larry Klein. Un extrait mis en images (promotion oblige) nous en a été dévoilé, Same to You, un blues tirant vers la soul que rythme une basse puissante, des riffs de cuivres efficaces arrangés par Jerry Hey. Le disque (que j'ai depuis écouté en entier) a été enregistré à l’ancienne à Los Angeles. Amplis à lampes, bandes analogiques contribuent à lui donner une sonorité exceptionnellement chaude. On a hâte d’en découvrir le répertoire sur scène.

Enfant prodige

-Concert de sortie au Triton de “Instant Sharings” (Label La Buissonne), disque solaire de Bruno Angelini réunissant Régis Huby au violon, Claude Tchamitchian à la contrebasse et Edward Perraud à la batterie. C’est le 1er juillet à 21h00, mais je préfère l’annoncer dès maintenant. L’album dont vous lirez bientôt la chronique a été enregistré aux studios La Buissonne par Gérard de Haro. La prise de son, superbe, met en valeur la musique souvent onirique du pianiste, un jazz de chambre privilégiant la mélodie. Des musiciens inventifs y déclinent des paysages aux harmonies et aux couleurs délicates. On entre dans les images qu’ils suggèrent. Il fait bon s’y promener.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-New Morning : www.newmorning.com

-New Morning Radio : www.newmorning.com/radio

-Olympia : www.olympiahall.com

-Paris Jazz Festival : www.parisjazzfestival.fr

-Péniche l’improviste : www.clubmusiqueimproviste.wordpress.com

-Le Triton : www.letriton.com

 

Crédits Photos : Joey Alexander © Motéma Records – Andy Sheppard Quartet © Sara Da Costa / ECM – Edward Perraud Synaesthetic Trip © Edward Perraud – Fabien Mary © Myriam Garnier – Stéphane Kerecki Quartet © Franck Bigotte – Sarah McKenzie © ABC Music – Giovanni Guidi © Riccardo Crimi – Yonathan Avishai © Eric Garault – Voice Messengers © Bruno Denis – Melody Gardot © Franco P. Tettamanti / Decca Records / Universal Music – Bruno Angelini Quartet © Gérard de Haro – Romain Collin © Photo X/D.R.  

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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 12:09
 Un anonyme en majuscule

Il s’appelait Jacques Myon, mais se faisait appeler Jacques des Lombards. On croisait souvent ce noctambule dans la rue dont il portait le nom, au Duc et au Sunside. Octobre le conduisait tous les ans à Clermont-Ferrand, à Jazz en Tête, au sein des bénévoles. Célibataire, il aimait lever le coude et appréciait les jolies femmes qu’il tarabustait parfois sans méchanceté lorsqu’un trop plein d’alcool lui chatouillait le sang. Nous nous rencontrions souvent au Sunside. Il aimait s’asseoir tout au fond de la salle, sur un des hauts tabourets qui voisinaient l’entrée. Jacques se passionnait pour les courses automobiles. Les lecteurs de ce blog le connaissaient sous le nom de Circuit 24, sobriquet dont je l’avais gentiment affublé. Le vrombissement des moteurs qu’il chérissait allait de pair avec le free jazz sans concession qu’il aimait. Nos goûts musicaux très différents n’empêchaient nullement de bien nous entendre. Jacques avait beaucoup fréquenté le Chat qui Pêche dans les années 60 avant de s’installer aux Amériques comme informaticien et vendeur de voitures. A son retour, il traversa des moments difficiles, mit ses compétences au service du Petit Opportun puis du Sunside qui un temps l’hébergèrent. S’étant trouvé un studio rue des Lombards, il devint Jacques des Lombards et y vécut 20 ans, jusqu’à ce que les services sociaux de la ville de Paris lui proposent l’an dernier une chambre dans un foyer quai des Célestins avec vue sur la Seine. Il en profita peu. La mort vint le prendre dans son sommeil le 15 avril. Il avait 72 ans.

 

Après s’être tenu une première fois à Paris en 2012, à Istanbul en 2013 et à Osaka en 2014, la Journée Internationale du Jazz était une nouvelle fois célébrée à Paris le 30 avril. Point d’orgue des nombreuses manifestations prévues ce jour-là, un concert en soirée à l’UNESCO retransmis en direct dans le monde entier. De grands artistes parmi lesquels Herbie Hancock, Wayne Shorter, Al Jarreau, Marcus Miller, Annie Lennox (qui n’est tout de même pas une chanteuse de jazz), Dianne Reeves, Dee Dee Bridgewater – je ne cite que les plus célèbres –, s’étaient déplacés pour représenter le jazz, symbole d’unité et de paix. La musique qu’ils nous offrirent ne refléta guère sa richesse, sa créativité. A la place, un jazz facile à la portée d’un public bon enfant, toujours prêt à applaudir, à se lever à la demande comme dans un show télévisé. Pour y accéder, plan vigie pirate oblige, je fus badgé, palpé, scanné comme si j’avais dû prendre l’avion, atterrissant dans une vaste salle à l’acoustique éprouvante.

 

Hélène Caroline et Damien n’ont chez eux qu’un piano droit, un Euterpe dotée d'une mécanique Bechstein, qui bien accordé et confié à des mains expertes donne beaucoup de bonheur. Une fois par mois, ils convient des amis aux concerts qu’ils organisent dans leur petit appartement parisien, font écouter du jazz, du bon, à d’autres néophytes. Nicolas Sergio en duo avec Jean-Charles Richard ou avec Stéphane Kerecki, Guillaume de Chassy, Benjamin Moussay et récemment Bruno Angelini interprétant Sergio Leone – le disque doit sortir cet automne – ont ainsi joué devant une cinquantaine de personnes attentives découvrant émerveillées une musique qu’ils n’auraient pas cru possible. Jacques des Lombards aurait sûrement beaucoup aimé.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 Un anonyme en majuscule

-Deux trompettistes attirent l’attention le 6 mai. Étoile montante de l’instrument, Ambrose Akinmusire est attendu au Sunside avec Walter Smith III (saxophone ténor), Sam Harris (piano), Harish Raghavan (contrebasse) et Justin Brown (batterie), musiciens qui l’entourent dans “The Imagined Savior is Far Easier to Paint” un disque Blue Note récompensé par l’Académie du Jazz (Prix du meilleur disque de l’année 2014). Tous se plaisent à brouiller les pistes, jonglent avec d’improbables métriques et offrent une musique imprévisible qui se développe avec le plus grand naturel.

 Un anonyme en majuscule

-Le même soir, Stéphane Belmondo s’offre le New Morning avec Jesse Van Ruler (guitare) et Thomas Bramerie (contrebasse) les complices de son nouvel album. Hommage à Chet Baker dont il reprend le répertoire, “Love for Chet” (Naïve) est un grand bain de tendresse offert à un ami, un père spirituel que Stéphane n’a jamais oublié. Il n’est encore qu’un jeune trompettiste prometteur dans les années 80 lorsque Chet qui a eu l’occasion de l’écouter l’invite à venir jouer à ses côtés sur la scène du New Morning : « Il m’a pris sous son aile et m’a toujours donné des conseils précieux. » Vingt-cinq ans plus tard, Stéphane lui témoigne sa reconnaissance en jouant magnifiquement sa musique.

 Un anonyme en majuscule

-Le 7, Ronnie Lynn Peterson se produit en trio au Sunside avec Felipe Cabrera à la contrebasse et Jeff Boudreaux à la batterie. Un événement car les prestations de cet excellent pianiste américain né en 1958 à Wichita (Kansas) et installé à Paris depuis le début des années 90 sont si rares que l’on pourrait croire qu’il ne se préoccupe pas d’en donner. À ma connaissance, un seul concert à Radio France depuis la parution de “Music” (Out Note), un disque produit en 2010 par Jean-Jacques Pussiau, son dernier. Car Ronnie Lynn enregistre aussi peu qu’il ne se montre en public. Jouer des morceaux de Keith Jarrett, l’un de ses pianistes préférés le décide enfin à retrouver la scène. Son piano fragile que nimbent de belles couleurs prend son temps pour séduire, révéler sa profondeur, entrouvrir pudiquement la porte de nos rêves.

 Un anonyme en majuscule

-Toujours le 7, soutenu par la Fondation BNP Paribas, Thomas Enhco sera sur la scène du théâtre du Châtelet pour un concert en solo qui le verra également accueillir le guitariste Kurt Rosenwinkel et le violoncelliste classique Henri Demarquette. Universal, sa compagnie de disques, fait un gros battage publicitaire autour de son nom. Le présenter comme le nouveau prodige du piano jazz n’est pas sans agacer. Lisez plutôt l’interview qu’il accorde à Jazz Magazine en avril et écoutez son dernier disque, son meilleur, chroniqué par mes soins un mois plus tôt dans ce même journal. On y découvre un pianiste sensible, sincère et prometteur. Laissons lui le temps de désapprendre, de se débarrasser d’un toujours trop plein de notes qui masque l’essentiel.

 Un anonyme en majuscule

-Leïla Olivesi au Duc des Lombards le 8 et le 9. Avec ses musiciens, Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie), la pianiste y fête la sortie de son quatrième album. S’inspirant des voyages interplanétaires qu’imagina l’écrivain Cyrano de Bergerac (1619-1655), “Utopia” rassemble sept compositions originales dont Summer Wings qui reçut le prix Ellington Composers, et une relecture de Night and Day, célèbre thème de Cole Porter. Invité sur quatre morceaux, David Binney au saxophone alto muscle la musique et apporte un jazz plus moderne que celui auquel la pianiste nous a habitué. Le saxophoniste Alex Terrier le remplacera au Duc. Pianiste au toucher sensible, aux harmonies délicates, Leïla Olivesi nous offre un disque aux arrangements soignés et d’une grande fraicheur musicale.

 Un anonyme en majuscule

-Le Café de la Danse accueille Eliane Elias le 11 (20h00). Au programme : “Made in Brazil”, son nouveau disque, le premier qu’elle enregistre au Brésil son pays natal depuis son arrivée aux Etats-Unis en 1981. La pianiste mène une double carrière depuis quelques années. Les albums plus commerciaux de la chanteuse ne s’adressent pas forcément au public qui admire son piano. Ceux qui apprécient surtout la pianiste écouteront “Swept Away” (2012) publié sous le nom de Marc Johnson, son mari, ses enregistrements en duo avec Herbie Hancock et les instrumentaux très réussi que parsèment sa copieuse discographie. On ne sait trop quels musiciens seront à ses côtés au Café de la Danse. Ceux, brésiliens, qui jouent dans son album ?

 Un anonyme en majuscule

-Sinne Eeg au Petit Journal Montparnasse le 13. Lauréate du Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz l’an passé, la chanteuse danoise s’y produira avec Jacob Christofferson, son pianiste et Morten Lund son batteur. Kaspar Vadsholt, un musicien à découvrir, complète le quartette à la contrebasse. Elle aime joindre sa voix à cet instrument et vient d’enregistrer un disque en duo avec Thomas Fonnesbæk, un des deux bassistes de “Face the Music”, l'album récompensé. Aussi à l’aise dans les ballades que sur tempo rapide, Sinne Eeg impressionne par la justesse de sa voix, son scat original et attachant.

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-Ernie Watts au Duc des Lombards le 13 et le 14. Le club l’accueille chaque année. Le saxophoniste aime y jouer, s’y produire avec ses musiciens, ceux de “A Simple Truth” (Flying Dolphin), un disque de 2014, son dernier. Christof Saenger (piano) et Rudi Engel (contrebasse) étaient avec lui l’an dernier sur la scène du Duc. Le batteur Heinrich Koebberling complète son quartette. Musicien de studio très demandé, Watts se fit surtout connaître par sa participation au sein du Quartet West de Charlie Haden. Sa sonorité chantante au ténor, son vibrato aisément reconnaissable, servirent beaucoup le groupe aujourd’hui légendaire.

 Un anonyme en majuscule

-Le Richie Beirach’s Coming Together Trio au Duc des Lombards les 17 et 18 mai. Le pianiste de Quest vit à Leipzig depuis une quinzaine d’année et enseigne le piano au conservatoire de la ville. Sa plus brillante élève, Regina Litvinova, a consacré un album à ses compositions : “The Music of Richie Beirach”. Russe, elle a étudié le piano classique à Moscou, le jazz à Mannheim, s’est produite au festival de jazz de Montreux, et a participé à Paris en 2010 au Concours de piano jazz Martial Solal. Au sein du trio, elle officie aux claviers électriques. Richie Beirach tient le piano acoustique. Christian Scheuber qu’Irina a connu à Moscou et retrouvé à Mannheim complète le trio à la batterie.

 Un anonyme en majuscule

-Quinzième édition de l’incontournable Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés que soutient activement la Fondation BNP Paribas. Du 21 mai au 1er juin, la rive gauche s’offre un grand bain de jazz avec des concerts répartis dans plusieurs salles et églises du 6ème arrondissement (celles de St. Germain et de St. Sulpice, le Conservatoire Jean-Philippe Rameau, le Réfectoire des Cordeliers, le Théâtre de l’Odéon, la Maison des Cultures du Monde), mais aussi du 5ème (la Maison des Océans, le Centre Culturel Irlandais qui abritera le 31 un grand bal swing avec l’Esprit Jazz Big Band) et du 1er, l’incontournable Tremplin Jeunes Talents se déroulant au Sunset - Sunside le 24 et le 25. On consultera le programme éclectique du festival qui invite cette année Aldo Romano, Airelle Besson & Nelson Veras, Lars Danielsson, Kyle Eastwood et le trio du pianiste Vijay Iyer qu’il ne faut surtout pas manquer.

 Un anonyme en majuscule

-Le 21 au New Morning, Diego Imbert fête la sortie de “Colors” (Such Prod / Harmonia Mundi) dont vous trouverez la chronique dans ce blog. Troisième enregistrement d’un quartette qui existe depuis 2007, ce nouveau disque réunit David El-Malek au saxophone ténor, Alex Tassel au bugle, Franck Agulhon à la batterie et bien sûr Diego Imbert à la contrebasse. Les improvisations du ténor et du bugle prolongent habilement les thèmes souvent exposés à l’unisson, des compositions ouvertes qui offrent de grands espaces de liberté aux solistes. Étroitement liée au drumming foisonnant et puissant de Franck Agulhon, la contrebasse, garante du tempo, arbitre les échanges.

 Un anonyme en majuscule

-Le 23, le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés invite à la Maison des Océans, 195 rue Saint-Jacques (21h00), le trio de Vijay Iyer. Avec Stephen Crump (contrebasse) et Marcus Gilmore (batterie), le pianiste défriche depuis une douzaine d’années de nouveaux territoires sonores. S’il contient de nombreuses pièces lentes, aérées, “Break Stuff”, son dernier disque pour ECM, dévoile aussi des métriques inexplorées. Immense batteur, Marcus Gilmore rythme l’impossible. Quant à Vijay Iyer, il convoque ses modèles, Cecil Taylor, Andrew Hill, Herbie Nichols et renouvèle son attachement à la tradition du jazz en reprenant Countdown, de John Coltrane, Work de Thelonious Monk et Blood Count de Billy Strayhorn.

 Un anonyme en majuscule

-Enrico Pieranunzi et Eric Le Lann ensemble sur la scène du Sunside les 23 et 24 mai, l’événement est à ne pas manquer ne serait-ce qu’au regard de la section rythmique comprenant André Ceccarelli à la batterie, Diego Imbert (le 23) ou Sylvain Romano (le 24) à la contrebasse. Il est des plaisirs qui ne se refusent pas. Ecouter le pianiste met en joie. Cultivant avec humour l’inattendu, il parvient toujours à faire chanter la phrase musicale, à la faire respirer. Comme Eric Le Lann qui lui a consacré un album il y a deux ans, Enrico admire Chet Baker qu’il accompagna lorsque le trompettiste visitait les clubs de jazz des capitales européennes pour jouer sa musique, faire entendre sa sonorité fragile et tendre. Les deux hommes lui rendront un hommage mérité.

 Un anonyme en majuscule

-Le pianiste Kenny Werner et le saxophoniste Benjamin Koppel au Sunside le 26 et le 27, avec Chris Jennings à la contrebasse et Patrick Goraguer à la batterie. Werner et Koppel ont enregistré plusieurs albums pour le label Cowbell Music et joué ensemble dans les clubs de nombreux pays, notamment au Blue Note de New-York. Capable d’égrainer des chapelets de notes, croisant harmonies européennes et lignes de blues, Werner fait sonner son piano avec élégance et surprend par l’étendu de son vocabulaire. Le pianiste romantique tend ainsi la main au bopper, au jazzman qui possède traditions et racines.

 Un anonyme en majuscule

-Jazz à Roland Garros le 28 (Musée de la Fédération Française de Tennis, 21h00) avec Monty Alexander et son trio, Hassan Shakur à la contrebasse et Dennis Mackrel à la batterie. Originaire de la Jamaïque, le pianiste, 71 ans le 6 juin prochain, joue toujours avec la même aisance et le même bonheur. Trempé dans le reggae et le calypso, son piano espiègle, percutant et vif, possède des rythmes et des couleurs qui lui sont propres. S’il admire Art Tatum et Wynton Kelly, sa technique l‘a souvent fait comparer à Oscar Peterson dont il utilisa beaucoup les sections rythmiques. Il a enregistré de très nombreux disques en studio, mais c’est en concert qu’il donne le meilleur de lui-même, mêlant jazz et reggae, jouant avec entrain, virtuosité et vélocité, il enchaine les standards, s’amuse et enthousiasme.

-Sunset-Sunside + Jazz à Roland Garros : www.sunset-sunside.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

-Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés : www.festivaljazzsaintgermainparis.com

 

Crédits Photos : Jacques des Lombards © Pierre de Chocqueuse – Ambrose Akinmusire © Autumn De Wilde / Blue Note – Thomas Bramerie / Stéphane Belmondo / Jesse Van Ruler © Philippe Marchin – Thomas Enhco © Jean-Baptiste Millot – Leïla Olivesi Utopia Band © Solène Person  Eliane Elias © Fernando Lousa – Sinne Eeg © Philippe Marchin – Ernie Watts © Berna Mutlu Aytekin – Diego Imbert © Pierre de Chocqueuse – Vijay Iyer Trio © Lynne Harty – Enrico Pieranunzi & Eric Le Lann © Philippe Marchin – Monty Alexander © Philippe Etheldrède – Ronnie Lynn Peterson, Richie Beirach’s Coming Together Trio, Benjamin Koppel & Kenny Werner © Photos X/D.R.

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2 avril 2015 4 02 /04 /avril /2015 09:15
La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

Avril : la Philharmonie de Paris accueille Brad Mehldau et Fred Hersch, le jazz se met en scène et s‘applaudit en opéra à Nantes et à Angers, “La Tectonique des Nuages” – quatre représentations à Nantes les 7, 8, 9 et 10, deux à Angers les 28 et 29 –, étant bien sûr l’événement jazzistique du mois. Avril : le poisson se moque, le temps se cherche et le vent froid apporte le rhume. Gardez manteau et cache-col. « Avril doux est le pire de tout » dit le proverbe. On ne se découvre pas d’un fil mais on signe des pétitions. Circulant depuis le 16 mars sur les réseaux sociaux, l’une d’elle défend la mémoire d’Henri Dutilleux, odieusement suspecté d’avoir été un collaborateur du régime de Vichy. Christophe Girard, maire (PS) du 4e arrondissement de Paris a en effet déclaré inopportun d’apposer une plaque sur l'immeuble où vécut le compositeur décédé le 22 mai 2013 à l’âge de 97 ans. Motif de son refus : “Forces sur le stade”, film de propagande sur les vertus du sport dont Dutilleux composa en 1942 la musique. Consulté en juillet 2014, le Comité d'Histoire de la Ville de Paris avait toutefois conclu par un avis positif, suggérant même un texte pour la plaque envisagée : « Ici habita Henri Dutilleux, compositeur de musique contemporaine, Grand Prix de Rome en 1938. »

Grand-croix de la Légion d'honneur, Henri Dutilleux adhéra dès 1942 au Front National des Musiciens, un réseau de résistance clandestin comprenant Francis Poulenc, Georges Auric et Manuel Rosenthal qui soutenait et organisait des concerts de compositeurs juifs  persécutés par les nazis. Directeur du chœur de l’Opéra de Paris pendant la guerre, Dutilleux a toujours refusé de jouer pour la radio collaborationniste Radio Paris. En 1944, il mit en musique La Geôle, un sonnet du poète résistant Jean Cassou qui fut incarcéré de 1941 à 1943 à Toulouse, composa en 1997 “The Shadows of Times” qu’il dédia à Anne Frank, et son civisme et son intégrité n’ont jamais été suspectés.

Les très nombreux signataires de la pétition (plusieurs milliers de signatures recueillies à ce jour) soulignent la bêtise et l'inculture du maire et de son équipe, l’énormité des accusations portées à la mémoire d’un des plus grands compositeurs français du XXe siècle. Tout cela n’a pas empêché Christophe Girard d’en remettre une couche sur Twitter, un message vite supprimé dans lequel il compare maladroitement Dutilleux à Céline qui était violemment antisémite. L’ancien maire adjoint de Bertrand Delanoë à la culture affiche la sienne. S’il savait tout cela, Henri Dutilleux se retournerait probablement dans sa tombe. Aucun représentant officiel n’était d’ailleurs à ses obsèques. Les pouvoirs publics avaient préféré se mobiliser pour celles de Georges Moustaki décédé le même jour. Vous avez dit culture ?

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Le 2 avril, le batteur Sangoma Everett fêtera au Sunside la sortie de “Debi”, un disque qu’il a enregistré avec de jeunes musiciens. De nombreux thèmes sont co-écrits par Bastien Brison, pianiste talentueux qui sait bien doser ses notes, en adapter le flux aux rythmes très variés que Sangoma a collectés lors de ses nombreux voyages. Christophe Lincontang, le troisième homme, assure un jeu mélodique et rythmique et arbitre les échanges d’un trio interactif qui donne le meilleur de lui-même au contact d’un public.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Le 2, le pianiste Sébastien Lovato fêtera lui aussi la sortie de son nouveau disque au Studio de l’Ermitage. Enregistré avec Sébastien Texier (clarinettes et saxophone alto), Marc Buronfosse (contrebasse) et Karl Jannuska (batterie) qui l'accompagneront sur scène, “Music Boox Vol. 2” célèbre la musique des livres qu’il aime et qui l’inspirent. “Le Château” de Franz Kafka, les “Mémoires d’Hadrien” de Marguerite Yourcenar, “Montedidio” d’Erri De Luca donnent naissance à des mélodies, à des rythmes empruntés au jazz. Quelques relectures inattendues, dont une version réjouissante d’Another Brick in the Wall complètent le programme de cet excellent album.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Larry Goldings (orgue Hammond), Peter Bernstein (guitare) et Bill Stewart (batterie) retrouvent le Duc des Lombards pour trois soirées de concerts (6, 7 et 8 avril), presque un an après y avoir été accueilli. Amis de longue date, ils prennent un réel plaisir à jouer la musique raffinée et élégante qu’ils proposent, la combinaison orgue Hammond - guitare se révélant ici particulièrement délectable. L'écoute de “Ramshackle Serenade” (2014), leur dernier disque, est vivement conseillée.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Enrico Pieranunzi et Federico Casagrande au Sunside le 7. Ils viennent de sortir un album sur CamJazz. Véritable travail d’orfèvre, conversation sereine entre un piano et une guitare, “Double Circle” renferme de remarquables compositions des deux hommes. Le pianiste romain est l’un de nos meilleurs jazzmen européens. Moins célèbre mais très talentueux, le guitariste a quitté sa province natale de Trévise pour se confronter il y a quelques années à la scène jazz parisienne. Ils se sont rencontrés à Udine et y ont enregistré leur disque, donnant naissance à un jazz apaisé et lumineux, au lyrisme très italien.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Antoine Hervé présentera “Complètement Stones” son nouvel album, le 8 au Petit Journal Montparnasse (et le 10 et le 11 au Théâtre Jean Vilar de Suresnes). En super forme, Oncle Antoine installe une bonne dose de jazz dans le rock des Rolling Stones tout en préservant le blues et le rhythm’n’blues qui irriguent leurs compositions. Leurs meilleurs datent des années 60 et 70. Ce sont elles que le pianiste reprend dans son disque avec François Moutin à la contrebasse et Philippe « Pipon » Garcia à la batterie que Lionel Boccara remplacera pour ces concerts, Antoine invitant également la chanteuse Isabelle Poinloup à célébrer ce répertoire.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Appréciant l’intimité et l’ambiance du Sunside lorsqu’il visite Paris, l'excellent pianiste franco-américain Dan Tepfer s’y produira le 9 avec Joanna Wallfisch, une chanteuse britannique qui s’est installée à New York en 2012. Sur sa voix et ses chansons, Fred Hersch ne tarit pas d’éloges. Normal, “The Origin of Adjustable Things”, disque qu’elle vient d’enregistrer pour Sunnyside témoigne de la qualité de ses compositions, de l’écriture poétique de ses textes. Les arrangements minimalistes de Tepfer qui a également assuré la prise de son remarquable de l’album mettent en valeur ses morceaux oniriques qui relèvent du folk jazz. L’album contient aussi deux standards et deux reprises pop dont une remarquable version de Song to a Siren qu’écrivit Tim Buckley. Une belle artiste à découvrir.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux
La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Nouveau temple de la musique, la Philharmonie de Paris, ouvre ses portes au jazz et accueille du 10 au 12 avril Brad Mehldau et quelques invités. On consultera le programme au sein duquel les deux concerts du samedi 11 sortent du lot. À 16h30, Fred Hersch se produira avec son trio – probablement avec John Hébert (contrebasse) et Eric McPherson (batterie), ses musiciens habituels – dans la Philharmonie 2 (la petite salle), Baptiste Trotignon assurant en solo la première partie du concert. À 20h30, accompagné de Larry Grenadier (contrebasse) et de Jeff Ballard (batterie), Brad Mehldau occupera la grande salle, l'immense succès qu’il rencontre, lui permettant de la remplir.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Toujours en résidence au Sunside, le Vintage Orchestra que dirige Dominique Mandin y donnera son concert mensuel le 13. Comprenant seize musiciens, l’orchestre reprend des compositions du Thad Jones / Mel Lewis Big Band. The Second Race confié à la trompette de Fabien Mary, la merveilleuse ballade Kids are Pretty People que Daniel Zimmermann sublime au trombone sont des moments inoubliables. Olivier Zanot (saxophone alto), Thomas Savy (saxophone ténor), Ludovic Allainmat (piano) offrent également des chorus inspirés, la formation rythmée par Florent Gac (piano), Yoni Zelnik (contrebasse) et Andrea Michelutti (batterie).dispensant avec bonheur riffs de saxophones et éclats de trombones. Un must !

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Le pianiste Tony Tixier le 23 au Sunside. Avec lui, Joachim Govin (contrebasse) et Fred Pasqua (batterie) pour rythmer une musique forte, puissante qui refuse tout effet facile. On a pu entendre Tony Tixier dans le quartet du saxophoniste Logan Richardson ou plus récemment dans le nouveau groupe du trompettiste Christian Scott. Il a également composé la musique de la dernière exposition de Janet Cardiff pour la Fondation Louis Vuitton. On écoutera “Dream Pursuit” (Space Time Records), un disque de 2012 dans lequel il mêle des notes brûlantes à des harmonies chantantes.

La drôle de culture d'un ex-attaché à la culture ou défense d'Henri Dutilleux

-Le 30 (à 23h00, entrée libre), Francesco Bearzatti (saxophone, clarinette) et Nicola Sergio (piano) fêteront la Journée Internationale du Jazz 2015 au Sunside. Ils y ont joué en quartette l’an dernier et envisagent aujourd’hui de constituer un groupe avec Matteo Pastorino aux clarinettes, Mauro Gargano à la contrebasse, et Stefano Lucchini à la batterie. Pour l’heure, animés par un esprit d'aventure et un fort sens mélodique, ils préfèrent nous proposer une musique plus intime, des compositions lyriques qui n’oublient jamais d’être dénuées d’énergie.

 

-Angers Nantes Opéra : www.angers-nantes-opera.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-Suresnes, Théâtre Jean Vilar : www.theatre-suresnes.fr

-Philharmonie de Paris : www.philharmoniedeparis.fr

 

Crédits Photos : Henri Dutilleux © Radio France - Maxppp - Sangoma Everett trio © Michel Brabant – Sébastien Lovato © Christian Berthier – Peter Bernstein, Larry Goldings et Bill Stewart © Till Bronner – Joanna Wallfisch & Dan Tepfer © Josh Goleman – Fred Hersch © Michael Jackson – Brad Mehldau © Michael Wilson – Tony Tixier © Sharley / Space Time Records – Nicola Sergio © Philippe Marchin – Enrico Pieranunzi & Federico Casagrande, Antoine Hervé, Vintage Orchestra © Photos X/D.R.

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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 09:00
Mars attaque !

Mois capricieux associé aux giboulées et aux parapluies, mars fut longtemps le premier de l’année. Il doit son nom au dieu de la guerre. Sa couleur est le rouge, son métal le fer. La planète intéresse les scientifiques. Après les explorations concluantes du vaisseau Pathfinder, des robots Spirit et Opportunity, de Phoenix propulsée par la fusée Delta II, Bas Lansdorp, un ingénieur néerlandais souhaite la peupler dès 2024, pour ainsi dire demain. Commencé en 2013, la campagne de recrutement des volontaires a attiré plus de 200.000 candidats. Jean-Jacques Dugenoux a décliné. Grabataire, Monsieur Michu y sera expédié de force. Pour avoir fréquenté les martiens, Tim Burton est plus circonspect. Comme lui, les autres terriens observent une certaine prudence, gardent leur tête sur leurs épaules. Le soleil passe dans le Bélier le 21. Peu commodes, les natifs du signe utilisent beaucoup la leur. Combattifs, leurs coups de tête sont aussi des coups de foudre. En domicile dans le Bélier, signe de feu porté vers l'action, Mars leur donne l’énergie, mais aussi l’enthousiasme et l’ardeur.

Mars attaque !

La lecture de “Vivre cent jours en un” de Philippe Broussard, que publie le 11 mars les Éditions Stock, sort de l’oubli le Mars Club, une boîte des Champs-Elysées enserrée dans une impasse, la rue Robert-Estienne. Née sous le signe du Bélier, Billie Holiday s’y produisit en novembre 1958 après un court passage par Milan et un concert à l’Olympia. Rédacteur en chef du service « Enquêtes » de l’Express, l’auteur consulte les rares archives de l’époque, interroge des témoins, retrouve près de San Diego Barbara Butler qui, avec Barney son mari, gérait l’établissement, rend visite à Art Simmons le pianiste attitré du club retiré à Beckley, petite ville de dix-sept mille âmes de Virginie-Occidentale. Opiniâtre, il parvient à reconstituer au plus près l’itinéraire de Lady Day lors de son second séjour parisien. Le Mars Club en fut une étape importante.

Né en 1941, Aldo Romano était un peu jeune pour le fréquenter. La première fois qu’il touche à une batterie, celle de Maurice Martin, le batteur de Maxime Saury, c’est au Caveau de la Huchette. Un peu plus tard, Le Chat qui Pêche, le Club Saint-Germain lui donneront du travail. Plus tard encore, la route, les tournées, d’autres clubs, mais aussi des disques, une vie pleine de gens et de jazz, une vie sauvée par la musique. Sous-titrées « Fragments de jazz » “Ne joue pas fort, joue loin”, ses mémoires, viennent de paraître aux Éditions des Équateurs. J’en commence la lecture.

Les martiens, Shorty Rogers, natif lui aussi du Bélier, les aimait bien. Les titres de ses compositions, Martians Go Home, March of the Martians, Martians Come Back (qui donne son nom à un de ses disques), témoignent de cette admiration affectueuse. La musique reste toutefois parfaitement identifiable : du jazz. On ne peut en dire autant de tous les concerts que propose Banlieues Bleues dont la 32ème édition se déroulera du 20 mars au 17 avril, programmation qui a au moins le mérite de ne pas être celle des autres. Avec Charles Tolliver & The Strata-East All Stars ou le quartette de Cécile McLorin Salvant, le jazz y est certes présent. Le blues aussi. Le brouet sonore indéterminé que proposent d’autres formations semble toutefois provenir d’une autre planète. Martians Come Back ?

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Mars attaque !

-Le 8 mars, un dimanche, les vingt musiciens de The Amazing Keystone Big Band, jeune et talentueuse formation lyonnaise placée sous la direction de David Enhco, Bastien Ballaz, Jonathan Boutellier et Frédéric Nardin donneront deux concerts au Théâtre des Champs-Elysées (11h00 du matin et 15h00). Au programme : leur version jazz de “Pierre le Loup”, un conte musical pour enfants qui reste l’œuvre la plus célèbre de son auteur, Serge Prokofiev. Édité sur le label Le Chant du Monde, le disque reçut en 2013 le prix du Disque Français de l’Académie du Jazz. L’œuvre est destinée à faire connaître l’histoire du jazz et ses instruments. Le thème du Canard est ainsi joué par un saxophone soprano ; celui du Chat par un saxophone ténor et celui du Loup par les trombones. Denis Podalydès et Leslie Menu en seront le récitant et la récitante.

Mars attaque !

-Le 9, on retrouvera avec bonheur au Sunside le Vintage Orchestra que dirige Dominique Mandin. Le club de la rue des Lombards l’accueille en résidence une fois par mois. Donné en février dernier, le premier concert de cette formation de seize musiciens qui se consacre au répertoire du Thad Jones / Mel Lewis Big Band connut un réel succès. Le groupe ressuscite après des années de silence et un unique album incontournable, “Thad” (Nocturne) que l’on peut encore trouver à prix doux sur Amazon. Absente le mois dernier, Sophie Alour devrait retrouver sa place dans la section de saxophones auprès de Dominique Mandin et d’Olivier Zanot. Le Vintage Orchestra compte également dans ses rangs Thomas Savy (clarinettes), Fabien Mary et Yoann Loustalot (trompettes) Daniel Zimmermann et Jerry Edwards (trombones), la rythmique étant confiée à Florent Gac (piano), Yoni Zelnik (contrebasse) et Andrea Michelutti (batterie).

Mars attaque !

-Il faudra vous rendre à Massy le 13 à 20h30 – Espace Paul B, 6 allée du Québec. RER B ou C – pour écouter le trio de Vijay Iyer qui ne donne pas de concert à Paris. Avec Stephen Crump (contrebasse) et Marcus Gilmore (batterie), le pianiste n’hésite pas à nous faire changer nos habitudes d‘écoute, à nous faire découvrir des paysages sonores inédits, de nouveaux rythmes qui enrichissent sa musique. J’ai récemment mis en ligne dans ce blog la chronique de “Break Stuff”, son dernier album. Une grande réussite. Jazz Magazine vient de lui attribuer un Choc. Vijay y convoque ses modèles, joue Thelonious Monk, John Coltrane, mais aussi ses propres œuvres, une musique pleine de risque, de fièvre, mais aussi d’un grand calme tranquille, les couleurs de l’arc en ciel succédant à l’orage.

Mars attaque !

-Jeff Ballard au Duc des Lombards les 15 et 16 mars avec les musiciens de Fairgrounds, son nouveau projet : Kevin Hays aux claviers, Reid Anderson à la contrebasse et effets électroniques et Lionel Loueke à la guitare. Ce dernier assurera aussi les parties vocales avec Hays, un des grands pianistes méconnus de la planète jazz (un disque en duo avec Brad Mehldau, trois albums pour Blue Note dont l’un avec Ron Carter et Jack DeJohnette, des enregistrements en solo pour ACT et Pirouet). Batteur du trio de Mehldau, mais aussi de Fly (avec Mark Turner et Larry Grenadier), Ballard, séjourne souvent en France. Il joue dans “Hit” de Baptiste Trotignon et “Woman’s Land” de Stefano di Battista. Compte tenu des musiciens qui l’entoure, son nouveau groupe peut créer la surprise.

Mars attaque !

-Le 19, le bassiste Nicolas Moreaux présentera au Sunset les morceaux de “Belleville Project”, son prochain CD pour Sunnyside co-signé avec le saxophoniste Jeremy Udden. Outre ces derniers, la formation réunie pour ce concert comprendra Nicolas Kummert au saxophone ténor, Pierre Perchaud à la guitare et au banjo et Antoine Paganotti à la batterie. La formation qui joue sur le disque est en effet quelque peu différente, Udden y faisant participer des musiciens de son propre groupe Plainville. Le projet des deux leaders est de composer la musique d'un film imaginaire dont l'action se situerait à Belleville, le Brooklyn français. Mêlant jazz, folk et country music américaine, orgue à pompe et banjo colorant sa musique, Jeremy Udden est l’auteur de plusieurs opus remarquables dont vous trouverez les chroniques dans ce blog. Quant à Nicolas Moreaux, il a signé avec “Fall Somewhere” (Fresh Sound New Talent) l’un des meilleurs (double) album de l’année 2012.

Mars attaque !

-Traversée musicale shakespearienne, “Shakespeare Songs” réunira le 20 au Triton, 11 bis rue du Coq Français 93260 Les Lilas, Andy Sheppard aux saxophones, Guillaume de Chassy au piano et Christophe Marguet à la batterie. Les pièces de William Shakespeare comprenaient des interludes instrumentaux et des chansons. Perpétuant à leur manière cette tradition, Marguet et Chassy proposent une galerie de portraits inspirés par les personnages que créa le dramaturge – Romeo, Juliette, Le Roi Lear, Hamlet, Macbeth –, avec comme compagnon de voyage un saxophoniste dont le lyrisme semble parfaitement adapté au projet. Un CD est prévu cet automne sur le label Abalone avec la participation de la comédienne Kristin Scott Thomas.

Mars attaque !

-Toujours le 20, Banlieues Bleues inaugure son festival avec un premier concert à Saint-Ouen (à 20h30, Espace 1789) avec Charles Tolliver & The Strata-East All Stars comprenant Stanley Cowell au piano, Cecil McBee à la contrebasse, Alvin Queen à la batterie, la chanteuse Jean Carn et Tolliver à la trompette. Ce dernier co-fonda Strata-East en 1971 avec Cowell, une maison de disques de jazz alternatif organisée en coopérative. Le label publia des disques de Billy Harper, John Hicks, son plus gros succès restant l’album “Winter in America” de Gil Scott-Heron. Pour ceux qui aiment, le Sun Ra Centennial Arkestra que dirige aujourd’hui le saxophoniste Marshall Allen, assurera la seconde partie du programme.

Mars attaque !

-Le 21, la synagogue de l’ULIF, 24 rue Copernic 75016 Paris, accueille une nuit du jazz avec au programme, trois sets de 75 minutes. Franck Amsallem (piano, chant) dont j’ai salué le dernier disque dans ce blog, et Sara Lazarus (chant) se partageront le premier à partir de 20h15, Franck accompagnant bien sûr Sara au piano. Le trio de Yonathan Avishai leur succédera à 21h30, Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie portant idéalement la musique épurée et chantante du pianiste. Vers 22h45, le saxophoniste ténor Eli Debrigi assurera le troisième set en quartette. Les jeunes musiciens qui l’entourent Gadi Lehavi, 19 ans au piano, Barak Mori à la contrebasse et Ofri Nehemya, 20 ans à la batterie sont extrêmement prometteurs.

Mars attaque !

-Après y avoir triomphé en 2013, Youn Sun Nah retrouve le théâtre du Châtelet le 23. Avec elle, Ulf Wakenius (guitare) et Vincent Peirani (accordéon) qui l’accompagnent dans “Lento”, et Simon Tailleu son bassiste depuis 2011. Au programme, un répertoire très éclectique, des mélodies qu’elle affectionne et qu’elle chante magnifiquement, des standards de jazz et des morceaux traditionnels coréens interprétés sobrement par des musiciens qui économisent leurs notes pour les rendre plus belles. Etonnée d’être applaudie, de déplacer tant de monde à ses concerts, elle envoûte par une voix de soprano à la tessiture exceptionnelle, s’oublie dans la musique pour la rendre plus vivante.

Mars attaque !

-Gerald Clayton au Duc des Lombards le 23 et le 24 mars avec Joe Sanders, le bassiste habituel de son trio, et Obed Calvaire qui tient aussi la batterie chez les Clayton Brothers. Bien entouré, Clayton défriche de nouveaux espaces rythmiques, fait danser des métriques impaires qui relèvent du funk et du hip-hop. Elles apportent un autre swing, un rebond dont profite son piano. Sans aller aussi loin dans ce domaine qu’un Vijay Iyer qui privilégie clusters et dissonances, il invente son propre espace rythmique qu’il habille de notes chantantes, d’harmonies élégantes, la modernité de son discours restant profondément ancrée dans l’histoire du jazz, dans les nombreux standards qu’il affectionne et reprend.

Mars attaque !

-Tom McClung au Sunside le 26 avec le trio qui l’accompagne dans “Burning Bright” (Archie Ball) un nouveau disque dont il fête la sortie. Avec lui deux musiciens avec lesquels il partage le même respect pour la musique afro-américaine, le bassiste hongrois Mátyás Szandai et Mourad Benhammou à la batterie. Le pianiste d’Archie Shepp n’oublie jamais le swing. Charlie Mingus, John Coltrane, Duke Ellington et Thelonious Monk qu’il admire nourrissent sa musique bien ancrée dans le blues. Truffé de notes bleues, son piano élégant et tonique aime prendre des risques. Partageons les avec lui.

Mars attaque !

-Le 31, dans le cadre du festival Banlieues Bleues, le Théâtre 9 de Blanc-Mesnil invite Cécile McLorin Salvant, elle-même conviant l’accordéoniste Vincent Peirani à rejoindre son groupe : Aaron Diehl au piano, Paul Sikivie à la contrebasse et Lawrence Leathers à la batterie. Cécile reste très attachée aux racines du jazz, à ses sources. Sa voix suave et chaude chante le blues, des thèmes anciens qui parlent à son cœur, mais aussi des chansons dont elle apprécie les mélodies. Oh my Love de John Lennon, Je te veux d'Eric Satie, Le front caché sur tes genoux, un poème haïtien des années 30 qu’elle reprend dans “Woman Child”, son disque précédent. Elle en prépare un autre. Vincent Peirani y sera associé. En première partie (20h30), se produira le Umlaut Big Band, formation de quatorze musiciens faisant revivre des arrangements parfois oubliés des grands orchestres swing.

Mars attaque !

-Le 31 encore, à la tête de son New York Quintet, constitué par de jeunes et talentueux musiciens new yorkais, Clovis Nicolas retrouve le Sunside qui abrita ses concerts parisiens en avril 2014. S’il conserve ses deux souffleurs, Riley Mulherkar (trompette) et Luca Stroll (saxophones), tous deux présents dans “Nine Stories”, neuf pièces réjouissantes de bop moderne publiées l’an dernier sur Sunnyside, une nouvelle section rythmique l’accompagne. Jeb Patton (piano) et Pete Van Nostrand (batterie) ont longtemps travaillé avec le chanteur Sachal Vasandani. Ils complètent la formation du bassiste qui, installé à New York depuis 2002, y fait une belle carrière.

Mars attaque !

-Le 31, mais aussi le 1er avril, accompagné par Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, Yonathan Avishai se produira au Duc des Lombards. Le pianiste vient d’enregistrer avec eux “Modern Times”, disque dans lequel il revendique sa propre esthétique de piano : peu de notes, des rythmes et des mélodies simples souvent teintées de blues. Appréciant les standards d’un jazz dont il connaît l’histoire, il reprend I Got it Bad (and That Ain’t Good) de Duke Ellington et Cornet Chop Suey de Louis Armstrong, en donne des versions personnelles, minimalistes et tendres, sa section rythmique leur donnant rythme et tension.

-Théâtre des Champs-Elysées : www.theatrechampselysées.fr

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Espace Paul B (Massy) : www.paul-b.fr

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Triton : www.letriton.com

-Nuit du Jazz à Copernic : www.ulif.org

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org

 

Crédits Photos : Amazing Keystone Band © Bruno Belleudy – Vijay Ayer © Jimmy Katz – Charles Tolliver © Janette Beckman – Youn Sun Nah © Chris Jung – Tom McClung © David Tavan – Cécile McLorin Salvant © John Abbott – Clovis Nicolas © Ingrid Hertfelder – “Mars Attacks !”, Dominique Mandin, Jeff Ballard, Guillaume de Chassy / Christophe Marguet / Andy Sheppard, Gerald Clayton, Yonathan Avishai Trio © Photos X/D.R.

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 14:55
Éloge de la vieillesse

Février : Un an seulement après Jim Hall (décédé le 13 décembre 2013), Buddy DeFranco nous a quittés le 24 décembre à l’âge de 90 ans. Des musiciens de cette génération, des témoins qui donnèrent au jazz ses lettres de noblesse et connurent son âge d’or, il n’en reste plus beaucoup. Les survivants n’ont pas tous la santé de Sonny Rollins ou d’Ahmad Jamal qui maîtrisent leurs instruments comme au mitan de leur carrière, comme si le temps les avait oubliés. Difficile pour certains d’entre eux d’éviter tremblements, fausses notes et approximations. Le feeling compense toutefois ces défaillances dues à l’âge. L’expérience aussi. On s’économise, on joue moins vite. Une respiration plus lente embellit la musique. Le poids des ans peut inclure la sagesse. Comment ne pas être ému devant le chant du cygne d’un Lee Konitz. Le son si mince de son alto peine à porter ses notes. La musique pourtant surgit encore, avec ses fêlures, ses fièvres, lumière pâle mais assurément visible et vivante. Entendre Hal Singer souffler ses 95 bougies dans son ténor en octobre fut aussi un grand moment d’émotion.

 

Si certains préfèrent arrêter, passer à autre chose c’est le cas de Robert Wyatt qui a récemment annoncé qu’il ne souhaitait plus faire de disques – d’autres n’ont plus grand-chose à dire et vivent sur leur réputation. Dans son nouveau disque, Bob Dylan, 75 ans l’an prochain, reprend des chansons enregistrées par Frank Sinatra. Sa voix défaillante ne leur rend pas justice. Entouré par un petit ensemble de vents, une pedal steel envahissante, le génial créateur de “Blonde on Blonde” n’est que l’ombre de lui même. En petite forme depuis plusieurs mois, Keith Jarrett donne le change en publiant de vieilles bandes. Enregistré avec Paul Motian et Charlie Haden qui nous ont récemment quittés, “Hamburg ’72”, opus peu inspiré du pianiste est pourtant fort applaudi. Un concert dans lequel les cris d’orfraie qu’il tire de son saxophone soprano insupportent. Au piano son immense technique ne compense pas toujours son manque d’idées, mais il nous a donné de si grands disques que l’on peut se montrer indulgent.

 

Jazz Magazine l’est tellement qu’il accorde un Choc à l’album. Le numéro de février inaugure une nouvelle formule, une mise en page plus aérée à laquelle il faudra s’habituer. Le nom de Jazzman a pourtant disparu de la couverture. Dommage pour cette revue qui eut son importance et que beaucoup regrettent. On se consolera en se rendant dans les rares clubs de jazz qui parsèment encore la capitale, ou encore dans le Val-de-Marne, à Créteil ou Villejuif pour “Sons d’hiver” et son plein de frissons. L’événement du mois reste toutefois le concert que donnera le Vintage Orchestra au Sunside le 9. Après Laurent Cugny qui a remonté un big band autour de Gil Evans, Dominique Mandin ressuscite le sien pour célébrer le répertoire du Thad Jones / Mel Lewis Orchestra. Le jazz vieillit bien. Mais qui a dit qu’il était mort ?

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Éloge de la vieillesse

-Depuis le 5 février, René Urtreger fait entendre son beau piano au Duc des Lombards. Le 7, le saxophoniste Pierrick Pedron rejoindra Yves Torchinsky à la contrebasse et Eric Dervieu à la batterie, ses musiciens habituels, pour apporter d’autres couleurs à sa musique.

Éloge de la vieillesse

-Laurent de Wilde au piano, Bruno Rousselet à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, c’est toujours le 7 mais au Sunside. En trio, Laurent cisèle un jazz acoustique qui lui tient beaucoup à cœur. Constamment renouvelée, sa musique devient échange, dialogue, et ne manque jamais de se faire belle.

Éloge de la vieillesse

-Cela faisait un moment que l’on entendait plus parler du Vintage Orchestra, formation de seize musiciens que dirige Dominique Mandin. On y découvrit la jeune Sophie Alour au saxophone ténor. Après plusieurs années de silence (“Thad” leur disque précédent remonte à 2004) l’orchestre qui se consacre toujours au répertoire du Thad Jones/Mel Lewis Big Band, donnera un concert exceptionnel au Sunside le 9 février. Outre Dominique Mandin et Sophie Alour aux saxophones, il aligne dans ses rangs des musiciens qui nous sont familiers tels Olivier Zanot (saxophone), Thomas Savy (clarinettes), Fabien Mary et Yoann Loustalot (trompettes), Daniel Zimmermann et Jerry Edwards dans la section de trombones, Florent Gac, Yoni Zelnik et Andrea Michelutti assurant la rythmique.

Éloge de la vieillesse

-Un all-star réuni et dirigé par le trompettiste Jeremy Pelt occupera le Sunside le 10. Steve Nelson au vibraphone, Dany Grissett au piano Peter Washington à la contrebasse et Bill Stewart à la batterie, l’affiche est pour le moins alléchante. Ils joueront probablement un bop tonique et rafraichissant. Véloce, Pelt étonne par sa maîtrise technique et sa vélocité. Ses notes jaillissent impeccablement sculptées, portées par un souffle puissant. Nelson séduit par son jeu tant rythmique que mélodique et la section rythmique ne peut qu’impressionner.

Éloge de la vieillesse

-Le label Parallel Records fête les deux premières sorties de son catalogue le 11 au Sunside. Intitulé “Very Blue”, l’un des deux disques réunit le pianiste Emil Spanyi et le contrebassiste Jean Bardy. C’est la première fois qu’Emil Spanyi co-signe un disque sous son nom. On l’a entendu jouer un magnifique piano auprès de Nicolas Folmer et de Daniel Humair. Le duo interprète des standards – Come Sunday, I Love You Porgy, Along Came Betty et propose quelques compositions originales.

Éloge de la vieillesse

-Hank Mobley et Grant Green à l’honneur le 11 et le 12 au Duc des Lombards, le saxophoniste Eric Alexander consacrant plusieurs concerts à leurs musiques. Des rendez-vous en quintette avec une section rythmique confiée à Viktor Nyberg (contrebasse) et à Bernd Reiter (batterie). Le guitariste allemand Helmut Kagerer aura mission d’évoquer Green. Quant au piano, Eric Alexander fait le bon choix en s'entourant d'Olivier Hutman. Rompu au vocabulaire du bop, le blues dans les doigts, Olivier saura saupoudrer la musique d’harmonies fines et faire battre son cœur.

Éloge de la vieillesse

-Dans le cadre du festival Sons d’Hiver, le théâtre Romain Rolland de Villejuif accueille Theo Bleckmann en solo le 11 et le 12. Chanteur inclassable à la voix de haute-contre, on lui doit quelques perles sur le label Winter & Winter : un disque du Refuge Trio (Gary Versace et John Hollenbeck sont de l'aventure), “Twelve Songs” de Charles Ives avec Kneebody et “Hello Hearth !”, un hommage à Kate Bush dont il reprend les musiques.

Éloge de la vieillesse

-Le 13, Patrice Caratini présente au Sunset son Voyage Sextet. La formation comprend aussi Denis Leloup (trombone), François Bonhomme (cor), Clément Caratini (clarinette), Maryll Abbas (accordéon) et Leonardo Sanchez (guitare). Au programme : du jazz, des pièces brèves, mais aussi de la musique française de la première moitié du XXe siècle qui laisse de la place aux solistes.

Éloge de la vieillesse

-Le même soir à 20h30, toujours dans le cadre du Festival Sons d’Hiver, la Maison des Arts de Créteil propose un concert du trompettiste Ambrose Akinmusire. Son dernier disque, “The Imagined Savior Is Far Easier To Paint”, vient de recevoir le Grand Prix 2014 de l’Académie du Jazz, mais sur scène, Ambrose propose une musique différente et largement improvisée. Entouré de ses musiciens habituels – Walter Smith III au saxophone ténor, Sam Harris au piano, Harish Raghavan à la contrebasse et Justin Brown à la batterie – il retrouvera à Créteil le guitariste Charles Altura et le chanteur Theo Bleckmann qui ont participé à l’album.

Éloge de la vieillesse

-Au Duc des Lombards, le 18, le pianiste Pierre Christophe proposera un nouveau répertoire, celui de Dave Brubeck, mais aussi quelques compositions personnelles dont il a le secret. Olivier Zanot au saxophone alto tiendra le rôle de Paul Desmond. Enfin, on ne change pas une rythmique qui gagne. Raphaël Dever à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie seront donc bien au rendez-vous.

Éloge de la vieillesse

-Aaron Goldberg au New Morning le 24, en trio avec Reuben Rogers à la contrebasse et Gregory Hutcherson, batteur avec lequel il aime jouer lorsqu’Eric Harland est indisponible. “The Now”, son nouvel album, contient des compositions personnelles, quelques standards du bop, des pièces empruntées au répertoire sud-américain et même un morceau traditionnel haïtien. On n’est jamais déçu par les concerts de ce pianiste qui propose des relectures raffinées de morceaux peu joués, leur donne rythme, couleurs et un supplément d'âme.

Éloge de la vieillesse

-Chris Potter retrouve le New Morning le 25 avec Adam Rogers (guitare), Fima Ephron (basse) et Nate Smith (batterie). Saxophoniste musclé, technicien doué et demandé, il apparaît dans de nombreux albums de Paul Motian (il intégra très jeune son Electric Bebop Band) et signe régulièrement des disques sous son nom. Les meilleurs sont ceux dans lesquels, à la tête de formations de taille moyenne, il donne libre cours à son talent d’arrangeur. “Song for Anyone” en 2007 ou “Imaginary Cities”, son plus récent disque pour ECM, sont ainsi des réussites.

Éloge de la vieillesse

-Antonio Faraò au Duc des Lombards en trio le 27 avec Sylvain Romano (contrebasse) et Jean-Pierre Arnaud (batterie) et en quartette le 28, Pierrick Pedron (saxophone alto) rejoignant la formation. Coloriste raffiné aimant les logues phrases fluides et chantantes mais capable de jouer un piano énergique, Faraò a signé plusieurs albums remarquables ces dernières années. Les plus recommandables : “Domi” en trio avec Darryl Hall et André Ceccarelli, et “Evan” disque dans lequel il a la bonne idée de réunir Joe Lovano, Ira Coleman et Jack DeJohnette.

Éloge de la vieillesse

-Larry Willis en duo avec Buster Williams le 27 et le 28 au Sunside. Plus âgé de deux ans que Williams qui est né en 1942, Willis appris le piano en autodidacte. Jackie McLean lui fournit un de ses premiers engagements. Il tient le piano dans “Right Now !” (1965), sa première apparition sur un disque. Plus de 300 suivront avant qu'il ne devienne, dans la seconde moitié des années quatre-vingt, le pianiste du sextette de Carla Bley dont le succès le fit connaître à un large public. La carrière de Buster Williams est tout aussi exceptionnelle. Membre des Jazz Crusaders et de la formation électrique d’Herbie Hancock (celle qui enregistre les sommets du genre que sont “Mwandishi”, “Crossings” et “Sextant”), il a également travaillé avec Woody Shaw, Ron Carter, Billy Hart et côtoyé les grands du jazz. Il se distingue à la contrebasse par sa maîtrise sonore, l’assise rythmique exceptionnelle qu’il apporte à la musique.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Festival Sons d’Hiver : www.sonsdhiver.org

-New Morning : www.newmorning.com

 

Crédit Photos : René Urtreger © Philippe Marchin –  Laurent de Wilde © Sylvain Gripoix – Jeremy Pelt © Sally Pritchard – Emil Spanyi & Jean Bardy © Marc Ulrich – Eric Alexander © Gene Martin – Theo Bleckmann © Jörg Grosse Geldermann – Patrice Caratini © Nathalie Mazeas – Ambrose Akinmusire © R.R. Jones – Pierre Christophe © Sébastien Caverne – Chris Potter © Bart Babinsky / ECM – Antonio Faraò © Roberto Cifarelli – Vintage Orchestra, Aaron Goldberg, Larry Willis & Buster Williams © Photos X/D.R.

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 09:37
Rire pour résister

Janvier : pas facile de reprendre la plume après que trois fanatiques prétendument religieux aient tué au nom d’Allah dix-sept personnes et blessé grièvement plusieurs autres. On croit rêver. En s’y prenant à Charlie Hebdo, deux de ces ayatollahs par la kalachnikov ont cru pouvoir bâillonner la liberté d’expression, le non-conformisme et le rire, baume et remède insupportable à des assassins qui veulent nous faire vivre dans la peur. Me viennent à l’esprit les propos que tient le vénérable Jorge dans “Le nom de la rose”, un roman qu’Umberto Ecco, son auteur, situe en 1327 : « La loi s’impose à travers la peur dont le vrai nom est crainte de Dieu. Or le rire peut anéantir la peur ». Les fanatiques ont changé de camp, mais le rire continue bel et bien à faire peur.

 

Je n’étais point un lecteur de Charlie Hebdo, journal qui se gaussait des religions non sans blesser certains croyants respectables, mais j’ai souvent ri des femmes à poil de Wolinski, des aventures du Grand Duduche de Cabu, tous deux tombés sous des balles assassines. Comme bien d’autres de ma génération, j’ai découvert les dessins de Cabu dans Pilote. Grand amateur de jazz, il aimait Count Basie, Duke Ellington, Cab Calloway, la fille du proviseur qu’il rêvait en Julie London et les croqua souvent. Cabu appréciait les remises de prix de l’Académie du Jazz. Sa présence manquera à cette incontournable institution qui lui rendra bien sûr hommage. Deux de ses amis, Christian Bonnet, le trésorier de l’Académie, et Claude Carrière qui en fut le président, l’entourent sur cette photo. Travaillant avec eux, il prêta ses crayons à de nombreuses pochettes de disques, à celles de la collection Cabu Jazz Masters, mais aussi à une “Petite histoire du swing de Louis Armstrong à Miles Davis” et un “Cab Calloway d’anthologie aux éditions BDJAZZ.

 

Le rire n’a pourtant jamais fait florès dans les revues de jazz. Son “Débloc-Notes” censuré par la rédaction de Jazz Hot en septembre 1966, Siné tint, non sans critiques et pendant trois ans, le courrier des lecteurs de Jazz Magazine. À la tête de Jazz Hot, Philippe Adler fut éreinté pour ses Hot News, son « engin d’Hermeto » dérangeant les jazzeux puristes et pudibonds. Le rire, principale arme contre la peur, la tristesse, l’ego qui dupe et illusionne. Puisse-t-il panser nos plaies, se faire davantage entendre en ces jours pleins de larmes.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Ce blog ayant sommeillé jusqu’au 15 janvier, seule la seconde quinzaine de janvier est ici prise en compte. Depuis cinq ans, le Duc des Lombards présente la fine fleur du jazz made in France. Portant le nom de French Quarter, ce festival se déroule sur tout le mois. Vous n’avez pas eu besoin de moi pour applaudir Dominique Fillon, Pierre de Bethmann, Xavier Desandre Navarre, Laurent Coulondre et bien d’autres encore.

Rire pour résister

-Le 16, ne manquez pas le piano constamment inventif de Jean Michel Pilc au Duc des Lombards dans des concerts en solo (20h et 22h), concerts donnés à l’occasion de la sortie prochaine d’un nouvel album en solo sur Sunnyside Records. Son titre : “What is this Thing Called ?”. Toujours au Duc, Jérôme Regard (contrebasse) et Daniel Humair (batterie) seront ses complices au sein d’un trio interactif et excitant le 17.

-Les mêmes soirs (16 et 17 janvier), Eric Le Lann se produit au Sunside avec un quartette qui interpelle : Paul Lay (piano), Sylvain Romano (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie) pour accompagner une trompette sensible et chantante.

Rire pour résister

-Vrai talent à découvrir au Duc des Lombards le 21, le pianiste Florian Pellissier aime le bop et la scène qu’il partage avec les musiciens de son quintette, les laissant abondamment s’exprimer. Avec lui, Yoann Loustalot à la trompette, Christophe Panzani au saxophone et, pour assurer la rythmique, Yoni Zelnik à la contrebasse et David Georgelet à la batterie.

Rire pour résister

-Chanteuse à la technique vocale éprouvée – il faut l’entendre faire danser les onomatopées qu’elle invente –, Anne Ducros s’installe au Sunside le 23 et le 24 pour improviser sur des standards, reprendre un vaste répertoire, de celui de Marilyn Monroe à celui d’Ella Fitzgerald, “From Marilyn to Ella”, titre de son dernier album qui date déjà de 2013 et dans lequel on retrouve Benoit De Mesmay au piano, Gilles Nicolas à la contrebasse et Bruno Castellucci à la batterie. Christophe Laborde complétera la formation au saxophone.

Rire pour résister

-Installé à Paris depuis 2005, révélation 2011 du festival Jazz à Juan, Alex Stuart invite le trompettiste Nicolas Folmer au Sunset le 24. Avec eux pour jouer un jazz perméable à de nombreuses influences, Irving Acao au saxophone ténor, Chris Jennings à la contrebasse et Antoine Banville à la batterie. Dans “Place to Be”, l’album le plus récent du guitariste australien, jazz moderne, rythmes africains et latins, influences indiennes et balkaniques se mélangent sans frontières.

Rire pour résister

-Après un grand concert à l’Européen en mai, Do Montebello s’invite au Sunside le 25 pour chanter une musique très brésilienne qui empreinte aussi au jazz et aux musiques du monde. Grande voyageuse – Albi, l'Algérie, puis la France, les Caraïbes, les Etats-Unis, le Brésil –, Do passe facilement d’une langue à une autre, tient sous le charme de sa voix un public que séduit le message écologique de ses chansons. Dans “Adamah”, son premier disque publié l’an dernier, elle chante les arbres, le vent, la pluie, les océans, les déracinés d’une terre malmenée. Thierry Moncheny (guitare), Ricardo Feijão (baixolão), Christophe de Oliveira (batterie) et un poète du piano, Patrick Favre, l’entourent idéalement.

Rire pour résister

-Laurent de Wilde au Sunside le 31 avec Jérôme Regard à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, un concert à ne pas manquer. Le pianiste aime dialoguer avec des machines couvertes de boutons et de potentiomètres, une navette spatiale dont il sonorise la cabine avec des notes étranges venus d’ailleurs. Je le préfère toutefois dans un contexte acoustique, car au piano Laurent connaît les bons remèdes contre le stress, l’adversité, la déprime. Il peut vous conseiller le bon médicament. On attend impatiemment une suite à “Over the Clouds” enregistré en 2012. Mais il prend son temps, écrit un livre sur les inventeurs de claviers au XXème siècle (parution attendue chez Fayard en 2015) préfère peaufiner ses disques pour les rendre plus beaux.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

Crédits photos : Cabu, Christian Bonnet et Claude Carrière © Philippe Marchin – Jean-Michel Pilc © Mathieu Zazzo – Anne Ducros © Sylvain Thirion – Do Montebello © Catherine Cabrol – Florian Pellissier Quintet, Alex Stuart, Laurent De Wilde © Photos X/D.R.

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 09:42
Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

Grâce à Romulus dont le calendrier ne commençait qu’en mars, décembre porte un nom associé à decem (dix), comme si l’année ne possédait que dix mois. Un paradoxe qui n’empêche pas décembre d’être le mois du solstice d’hiver. Le soleil rentre dans le Capricorne le 22, saturne, austère et froid, apportant rigueur et détermination aux natifs du signe. Les anciens fêtaient les Saturnales, sept jours d’agapes et de combats de gladiateurs.

Si ces derniers ont disparu, les fêtes perdurent malgré des poches de plus en plus vides, l’État, gourmand et avide, multipliant impôts, taxes et surtaxes pour renflouer ses caisses. Même l’Évêché manque de fonds. Les dons des paroissiens en berne, l’ambassade de Russie a offert le sapin destiné au parvis de Notre-Dame, un arbre de 25 mètres de haut habitué aux nuits longues et froides.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

Le froid : on s’en protège comme on peut. Chapka en fourrure ou bonnet d’ours, col coupe-vent, ample manteau de laine ou en cuir de bison, collants thermolactyl Damart ou chaussettes montantes en mohair, bottines fourrées en poil de Rossinante (qu’ils prétendent !), le citadin s’emmitoufle, disparaît sous les couches de vêtements qui le couvrent. Pour mieux pleurer les feux de cheminée qui bientôt, lutte anti-pollution oblige, appartiendront au passé. Apprendre que brûler du bois une demi-journée c’est émettre autant de particules fines qu'une voiture diesel parcourant 3.500 kilomètres jette un froid. Pour continuer à se chauffer au bois à Paris et en Ile-de-France à partir du 1er janvier, chaudière à bois, poêle ou insert, installations coûteuses, seront les seules autorisées.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

Ceux qui ne disposent pas d’autres moyens de chauffage réchaufferont leurs membres engourdis dans les clubs de jazz. Sauter d’un pied sur l’autre, frapper dans ses mains chauffent également le sang, mais il est rare d’applaudir chez soi les disques que l’on écoute. Il faut sortir, fêter les musiciens sur scène. La soirée annuelle qu’organise TSF à l’Olympia le 15 décembre, You & The Night & The Music (douze orchestres), affiche complet. C’est loin d’être le cas des petits clubs qui donnent leur chance à des musiciens inconnus. Les bonnes surprises existent. Découvert avec Phil Costing au Sunside le 25 novembre dernier, Jérôme Beaulieu, jeune pianiste québécois propose un jazz lyrique et mélodique d’une rare fraîcheur. Je recommande “Chercher l’équilibre” (Effendi Records), le second disque du trio qu’il anime.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

Vous suivez l’actualité du jazz, vous aurez donc constaté que Jazz Magazine fête ses soixante ans avec un copieux numéro double de 164 pages : interviews de Daniel Filipacchi, Jacques Réda, Jean-Louis Chautemps, mais aussi de Nonce Paolini (TF1) et Gérard Brémond (Pierre et Vacances, TSF Jazz, Duc des Lombards). Vous apprendrez pourquoi les collaborateurs du journal aiment le jazz. Vingt musiciens français racontent leur rencontre avec lui. Un numéro tellement dense qu’il faudra patienter jusqu’en février pour découvrir les Chocs de l’année que la revue décerne. Les miens, les 13 Chocs 2014 du blogueur de Choc (12 nouveautés et un inédit), vous seront communiqués autour du 20 décembre, juste avant la mise en sommeil de ce blog pour les fêtes. Patientez donc un peu. Dans les chaudières du jazz pour remédier au froid.

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-À l’initiative du chanteur Thierry Peala et afin de venir en aide à Doreen Wheeler, épouse du trompettiste Kenny Wheeler disparu le 18 septembre, un hommage sera rendu à ce dernier le 8 au New Morning. Quelques compagnons de route, mais aussi de nombreux musiciens qui l’admiraient y participeront. Né à Toronto en 1930, installé en Angleterre en 1952, Wheeler s’y fera un nom dans le monde du jazz. Co-fondateur du groupe Nucleus, membre du Globe Unity Orchestra et du United Jazz and Rock Ensemble, il fut de toutes les aventures et enregistra 23 albums sous son nom et plus d’une centaine d’autres en tant que sideman. Outre Thierry Peala (chant), seront présents : Norma Winstone (chant), Geoffrey Tamisier, Yoann Loustalot, Airelle Besson, Thomas Mayade (trompette), Georgui Kornasov (trombone), Francesco Bearzatti, Sébastien Texier (saxophones), Bruno Angelini, Edouard Ferlet, Carine Bonnefoy (piano), Franck Tortiller (vibraphone), Federico Casagrande (guitare), Henri Texier, Riccardo Del Fra, Matyas Szandai, Michel Benita (contrebasse), Aldo Romano, Christophe Marguet, Louis Moutin et Steve Argüelles (batterie).

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-Toujours le 8, le cinéma Le Balzac (1, rue Balzac, 75008 Paris) accueille à 20h30 le Caratini Jazz Ensemble – 16 musiciens parmi lesquels André Villéger et Matthieu Donarier (saxophones), Claude Egea (trompette), Denis Leloup (trombone), Alain Jean-Marie (piano), Thomas Grimmonprez (batterie) – pour un ciné-concert consacré à “Body & Soul”, film muet qu’Oscar Micheaux tourna en 1924 avec l’acteur Paul Robeson, l’histoire d’une jeune femme vertueuse victime d’un escroc cynique déguisé en homme d’église. Patrice Caratini (contrebasse) en propose une nouvelle partition. Enregistrée en public au Parc Floral de Paris en juillet 2013 dans le cadre du Paris Jazz Festival, elle fait l’objet d’un disque (Caramusic / L’autre distribution) depuis le 13 octobre.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-Une dernière chance d’écouter cette année le Gil Evans Paris Workshop vous est donnée le 10. Dirigé par Laurent Cugny qui en est aussi le pianiste, l’orchestre (16 musiciens) se produira dans son lieu de résidence habituel, le studio de l’Ermitage. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de cette formation de jeunes jazzmen prometteurs qui font revivre des arrangements de Gil (Time of the Barracudas), mais aussi de Laurent (In Tempo, sorte de petit concerto pour trompette, l’instrument se voyant confié à Malo Mazurié). Des compositions de Charles Mingus (Goodbye Pork Pie Hat), George Russell (Blues in Orbit) et Jelly Roll Morton (King Porter Stomp) sont également à l’honneur. Deux concerts évènements du Gil Evans Paris Workshop ont déjà eu lieu dans cette même salle. Ne manquez pas le troisième, dernier de la saison.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-Le pianiste Enrico Pieranunzi apprécie décidemment Simona Severini, une jeune chanteuse italienne originaire de Milan qui a étudié avec Tiziana Ghiglioni, donné ses premiers concerts avec le pianiste Giorgio Gaslini et publié deux disques sous son nom. Après avoir tous deux collaboré à un disque hommage au défunt Lucio Dalla publié en 2013 (“Dalla in Jazz” dans lequel ils reprennent Futura, une de ses compositions) et s’être produit avec elle au Sunside le 14 juin dernier, ils retrouvent pour deux soirs, les 12 et 13 décembre, ce même club de la rue des Lombards, Diego Imbert (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie) complétant la formation.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-Poly-instrumentiste demandé, lauréat du prestigieux Prix Django Reinhardt en 2009, Stéphane Guillaume fêtera deux soirs de suite au Sunset (le 18 et le 19) la sortie de “Pewter Session” (Gemini Records), album marquant dix années de collaboration avec Frédéric Favarel (guitare), Marc Buronfosse (contrebasse) et Antoine Banville (batterie). Travail collectif (chaque musicien y propose ses compositions) que les nombreux instruments joués par Stéphane (saxophones alto, soprano et ténor, flûte et clarinette basse) ne rendent jamais monotone, ce nouveau disque reflète bien la complicité qui unit les membres du quartette, entente fructueuse que la scène révèle davantage encore.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-Les 26, 27 et 28 décembre, le trompettiste et Stéphane Belmondo présentera au Sunside de larges extrait de son prochain album enregistré en trio dans le Gard au Studio Recall. Un disque hommage à Chet Baker que Stéphane considère comme un de ses maîtres, et qui porte sur sa période SteepleChase, lorsque Chet jouait avec le guitariste Doug Raney et le contrebassiste Niels-Henning Ørsted Pedersen. Pour mener à bien ce travail comprenant également des compositions originales, Stéphane a fait appel à Thomas Bramerie qui lui aussi accompagna Chet, et à Jesse Van Ruller, guitariste hollandais qui remporta la Thelonious Monk Competition en 1995 devant un jury qui comprenait Pat Metheny, Jim Hall, Pat Martino et John Scofield.

Le club de jazz : une bonne chaudière contre le froid

-Pour terminer l’année (ou presque car nous serons le 30, veille de cette Saint Sylvestre qui promet tant de fêtes et de vœux), pourquoi ne pas se rendre au Sunside écouter des standards ? Sara Lazarus les chante merveilleusement. Les confiant à sa voix, elle sait mettre en valeur leurs mélodies inoubliables, les porter jusqu’à nous. Pour l’accompagner, Vincent Bourgeyx nous comblera de son magnifique piano, Gilles Naturel – dont le dernier opus, une merveille, a obtenu un Choc en octobre dans Jazz Magazine / Jazzman –, fera chanter sa contrebasse et Philippe Soirat, comme toujours, saura se montrer impérial à la batterie.

-New Morning : www.newmorning.com

-Le Balzac : www.cinemabalzac.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

 

Crédit photos : “Blade Runner” © Ridley Scott – Laurent Cugny © Pierre de Chocqueuse – Enrico Pieranunzi, Stéphane Guillaume, Stéphane Belmondo, Sara Lazarus © photos X/D.R.

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 09:39
Une pluie d'anniversaires

Novembre : Abondantes et têtues dans le Sud malgré des records de chaleur, les pluies passent et repassent, jouent du tambour sur les toits et les têtes, arrosent les souliers, oxydent les rêves et déplient les parapluies. Avec elles, les températures baissent, le froid arrive tout doucement. Difficile d’avoir l’œil vif, le teint frais, la peau ambrée, le luisant de la prune. Le brouillard noie les perspectives, les bajoues gonflent, les nez coulent, les yeux pleurent. Les optimistes espèrent une accalmie à la mi-novembre, un été de la Saint-Martin, quelques jours de soleil et de ciel bleu azur.

 

Quelque peu épargné par les larmes du ciel, Paris, future grande ville d’eau, n’oublie pas les anniversaires. Jean-Paul vient de fêter le sien. Cinquante ans le 26 octobre, à la Saint Dimitri, jour du passage à l’heure d’hiver. Ses amis lui ont offert des disques, des nouveautés qui interpellent. Parmi elles,  “Trilogy”, un triple CD de Chick Corea. Publié au Japon l’an dernier, il sort enfin chez nous à un prix raisonnable. Chick, soixante-treize ans, l’a enregistré live avec Christian McBride et Brian Blade. On y entend aussi un José Pardo enthousiasmant à la flûte dans My Foolish Heart et Spain. L’Académie du Jazz ne s'est pas trompée en lui décernant en 2012 son Prix du Jazz Européen.

 

Cette vieille Académie qui fêtera bientôt ses soixante ans perdure aujourd’hui grâce à la cotisation de ses membres, quelques institutions civiles (SACEM, SPEDIDAM) et, depuis 2011, à la générosité de la Fondation BNP Paribas qui célèbre cette année son 30e anniversaire. Dédiée à la culture, à la solidarité et à l’environnement, cette fondation finance projets culturels, programmes de recherche et initiatives sociales et éducatives. Depuis 1995, elle soutient le jazz et ses musiciens. Outre des partenariats avec le Concours International de Piano Jazz Martial Solal, le Téléthon du Jazz, les festivals de la Défense, de Saint-Germain-des-Prés, le North Sea Jazz Festival (Rotterdam) et le Saint-Louis Jazz Festival (Sénégal), elle accompagne musiciens et formations. Grâce à elle, une bonne soixantaine de CD(s) ont vu jour. Elle aide et a aidé Antoine Hervé, Baptiste Trotignon, Jacques Vidal, Manuel Rocheman, le Paris Jazz Big Band, Stéphane Guillaume et La Tectonique des Nuages, opéra jazz de Laurent Cugny, qui sans son financement n’aurait sans doute jamais existé.

 

À l’occasion du 75e anniversaire des disques Blue Note, une série de concerts est prévu du 18 au 23 novembre dans diverses salles et clubs de Paris. Les éditions Textuel publient un somptueux bouquin sur le label (relié, 416 pages, 450 photographies et fac-similés) et Jazz Magazine lui consacre un important dossier. Le journal aura soixante ans le mois prochain. Un numéro exceptionnel saluera l’événement. Le blogueur de Choc y participe. Vous y apprendrez pourquoi il aime le jazz. Des confidences à lire, surtout par temps de pluie.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT  

Une pluie d'anniversaires

-Membre de Fly et du Billy Hart Quartet, le saxophoniste Mark Turner enregistre peu sous son nom. Il vient de le faire pour ECM, et présentera “Lathe of Heaven”, son nouveau disque, au Duc des Lombards les 7 et 8 novembre. Avec lui Avishai Cohen à la trompette, Joe Martin à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie, un quartette sans piano dont le modèle reste celui que posséda Ornette Coleman. Audacieuse, la musique du groupe reste pourtant constamment mélodique et accessible. Sous une apparente froideur, Turner reste un musicien lyrique. Au ténor, il possède une sonorité qui lui est propre et en fait profiter ses compositions.

Une pluie d'anniversaires

-A la tête de son nouveau big band, le Gil Evans Paris Workshop, Laurent Cugny retrouve le 12 le Studio de l’Ermitage. Arrangements et compositions de Gil (Time of the Barracudas), thèmes de Miles Davis (Thisness), Charles Mingus (Goodbye Pork Pie Hat), George Russell (Blues in Orbit), Jelly Roll Morton (King Porter Stomp) arrangés par Evans et quelques morceaux écrits et arrangés par Laurent, cette formation de seize musiciens tire un feu d’artifice de couleurs, d’harmonies aussi raffinées qu’élégantes et fait preuve d'une étonnante maturité. Qu’attendez-vous pour l’applaudir ?

Une pluie d'anniversaires

-Le disque du Claire Michael Quartet m’est parvenu grâce à Jean-Jacques Pussiau. Je découvre une jolie voix de saxophone au phrasé délicat, mais qui peut aussi gronder de manière explicite. Claire Michael joue du ténor, de l’alto, du soprano, de la flûte et chante avec spontanéité et feeling, ce qui n’est pas banal. Etonnant de découvrir qu’elle a enregistré une dizaine d’albums et que “Trane Steps” (Rue Stendhal) soit le premier qui me parvienne. Comme son nom l’indique, ce nouveau disque est un hommage à John Coltrane, à “Giant Steps” dont elle reprend deux thèmes (Giant Steps et Naima), y ajoutant Lonnie’s Lament. Elle les jouera avec ses compositions au New Morning le 13. Avec elle : Jean-Michel Vallet (piano, Fender Rhodes), Patrick Chartol (contrebasse, basse électrique) et Thierry Le Gall (batterie).

Une pluie d'anniversaires

-Je ne connaissais pas non plus Jay Léonide qui se produit au Sunside le même soir (le 13) avec Sylvain Gontard à la trompette, Vincent Lê Quang au saxophone soprano, Gino Chantoiseau à la contrebasse et Christophe Chrétien à la batterie. Lauréat en 2013 du concours international de piano solo du festival de Jazz de Montreux, il sort un premier album très réussi dans lequel on découvre un pianiste en pleine possession de ses moyens. “The Key” (ACT / Harmonia Mundi) révèle aussi un compositeur habile dont la musique doit beaucoup aux rythmes et aux traditions de Maurice, son île natale.

Une pluie d'anniversaires

-Aaron Golberg au Sunside trois soirs de suite, les 14, 15 et 16 novembre. Très sollicité, le pianiste parvient à rester reste fidèle au trio qui l’accompagne depuis plus de quinze ans. Reuben Rogers (contrebasse) et Eric Harland (batterie) jouent notamment dans “Unfolding” et “Home” (2010), deux des meilleurs opus de Goldberg qui s’est fait remarqué en 2012 dans “Yes ! ”, enregistré avec Omer Avital et Ali Jackson. Car c’est bien en trio que l’ex-partenaire de Joshua Redman révèle pleinement son art pianistique, sa sensibilité harmonique, joue un jazz moderne inventif et exigeant. Valeur sûre de l’instrument, il aime aussi surprendre. Ses relectures des grands standards de l’histoire du jazz sont souvent passionnantes.

Une pluie d'anniversaires

-Sachal Vasandani s’offre également le Sunside le 17. Avec lui : Ben Stivers (claviers), Buster Hemphill (basse) et Jeremy Dutton (batterie). On peut entendre ses vocalises dans “Life Forum”, dernier disque à ce jour de Gerald Clayton, et écouter sa voix de ténor léger dans ses propres albums. “Hi-Fly” (Mack Avenue) bénéficie de la trompette d’Ambrose Akinmusire, et Sachal y invite Jon Hendricks qu’il admire. Son répertoire comprend ses compositions, des standards et des thèmes empruntés à la pop. “Slow Motion Miracles” (Sony), son prochain disque produit par Michael Leonhart (sortie le 9 mars 2015) qu’il interprétera au Sunside, révèle son savoir-faire dans ce domaine.

Une pluie d'anniversaires

-Kenny Barron et Dave Holland au New Morning le 18. Un piano ancré dans le swing et appréciant l'inattendu rencontre une contrebasse alliant précision rythmique et savoir harmonique. Barron et Holland se sont retrouvés en 2012 sur la scène du festival de la Villette. Récemment publié sur le label Impulse ! “The Art of Conversation”, leur premier disque en duo, reflète leur entente. Standards, compositions personnelles, les deux hommes dialoguent, s'écoutent et jouent un jazz d'une grande fraîcheur qui sait toujours être moderne.

Une pluie d'anniversaires

-Les pianistes Jason Moran (photo) et Robert Glasper, mais aussi Ambrose Akinmusire (trompette), Marcus Strickland (saxophone), Lionel Loueke (guitare), Derrick Hodge (basse) et Kendrick Scott (batterie), rien que des pointures au sein d’un All Stars, c’est ce que propose le 20 à la Gaîté Lyrique (20h) le Blue Note Xperia Lounge Festival. Créé en 1939, le label fête son 75e anniversaire à Paris, du 18 au 23 novembre. Gregory Porter à l’Olympia le 18, Robert Glasper et son groupe Experiment à la Gaîté Lyrique également le 19, Marcus Miller à l’Olympia le 23, on consultera attentivement le programme d’une manifestation riche en évènements.

Une pluie d'anniversaires

-Toujours dans le cadre du Blue Note Xperia Lounge Festival, ne manquez pas le saxophoniste JD Allen au Duc des Lombards le 22. En compagnie de René Urtreger au piano, d’Alex Claffey à la contrebasse et de Jonathan Barber à la batterie, il reprendra les cinq morceaux du célèbre “Our Man in Paris” de Dexter Gordon enregistré en mai 1963 avec Bud Powell (piano), Pierre Michelot (contrebasse) et Kenny Clarke (batterie), un album Blue Note contenant Scrapple from the Apple, Willow Weep for Me, Broadway, Stairway to the Stars et A Night in Tunisia.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Blue Note Xperia Lounge Festival : www.bluenotefestival.fr

 

Crédits photos : Mark Turner Quartet © John Rogers / ECM Records – Laurent Cugny © Pierre de Chocqueuse – Jay Léonide © Sebastien Boisset – Aaron Goldberg © Melissa Mergner – Sachal Vasandani © Sony Records – Kenny Barron & Dave Holland © Sylvain Gripoix / Impulse ! Records – Jason Moran © Clay Patrick McBride – Claire Michael © photo X/D.R.

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 09:18
La tête et les jambes

Octobre : Ragaillardi et sanctifié par l’écoute des musiques sacrées de Duke Ellington à la Madeleine, mignardise dont on se souviendra longtemps, je quitte cette auberge de la consolation terrestre habituée aux neuvaines des Frères de la Sainte Crèche pour me fondre dans la foule des parisiens. Insouciants, ces derniers musardent sous les chauds rayons d’un soleil printanier, mirent les jambes fines et gracieuses frictionnées au lait d’amande qui trottinent ou se reposent devant leurs yeux. Quatorze d’entre eux périrent dévorés par des loups en 1438, un 1er octobre, mais ils pensent à autre chose, à ces parisiennes qui enivrent et font perdre la tête.

 

Depuis 27 ans l’amateur de jazz, le vrai, se rend à Clermont-Ferrand, à Jazz en Tête. Quel autre festival programme Henry Butler, les Messenger Legacy, Julian Joseph, Zara McFarlane, Hermon Mehari, Cory Henry ? La plupart d’entre eux se contentent le plus souvent d’engager des têtes d’affiche médiatisées dont les musiques insipides et faciles plaisent à un public estival qu’il s’agit de distraire. Jazz en Tête ose sur cinq jours, du 14 au 18 octobre, un programme pas comme les autres, un festival plus intime, un tête à tête. Fréquentées par des clermontoises parfumées aux essences les plus nobles – rose, jasmin, iris, violette et tubéreuse – , les jam sessions de l’hôtel Océania favorisent ces rencontres. Avec Anna, Louise, Joséphine, Donatella, Venus et Serena, des noms qui font rêver. Leurs jambes, elles les enduisent de miel, d’eau de tilleul, d’huiles de grenade et d’argousier, de beurres de mangue et de cacao. A Clermont aussi on peut perdre la tête.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

La tête et les jambes

-Paolo Fresu au New Morning le 7 octobre avec son Devil QuartetBebo Ferra (guitare), Paolino Dalla Porta (contrebasse), Stefano Bagnoli (batterie) –, formation que le trompettiste sarde possède depuis 2003. Le 8, c’est à la tête de son quintette qu’il y est attendu. Réunissant Roberto Cipelli au piano, Tino Tracanna aux saxophones ténor et soprano, Attilio Zanchi à la contrebasse et Ettore Fioravanti à la batterie, la formation fête cette année ses 30 ans d’existence. Avec un disque inoubliable, “¡30 !” (Tŭk / Bonsaï Music) chroniqué par mes soins dans le numéro de juin de Jazz Magazine / Jazzman. Privilégiant les ballades, les tempos souples et moelleux, Fresu, impose son phrasé, sa sonorité tendre et sensuelle et réaffirme son attachement à la mélodie, pierre d’achoppement de son travail.

La tête et les jambes

-Le 8 encore, au Studio de l’Ermitage, Laurent Cugny présentera son nouveau big band, le Gil Evans Paris Workshop, une formation de seize musiciens tous nés dans les années 80. Vous vous êtes montré généreux en finançant ses premiers pas – 7590€ collectés via KissKissBankBank et Laurent vous en remercie. Né en 1955, ce dernier joue de l’orchestre comme un instrument, privilégie les couleurs, les timbres, l’harmonie restant sa préoccupation première. Après la formidable réussite de sa “Tectonique des nuages” qui sera enfin monté avec décors dans sa version opératique l’an prochain, Laurent souhaite retrouver l’esprit de la musique de Gil Evans à travers des compositions et des arrangements inédits, mais aussi des arrangements de Gil. Il compte aussi reprendre certaines pièces qu’il confia naguère à son Big Band Lumière et à l’Orchestre National de Jazz lorsqu’il en assurait la direction. Les noms d’Antonin-Tri Hoang (as), Martin Guerpin et Adrien Sanchez (ts), Jean-Philippe Scali (bs), Olivier Laisney (tp), Joachim Govin (b), Gautier Garrigue (dm) vous sont peut-être familiers. Tous sont membres de cette nouvelle formation que vous pourrez retrouver sur la scène du Studio de l’Ermitage les 12 novembre et 10 décembre prochains.

La tête et les jambes

-Après un disque remarqué avec Daniel Humair dans lequel Dave Liebman et Michel Portal sont les souffleurs, Nicolas Folmer sort un nouvel album enregistré avec une autre formation. Influencé par le funk, la soul et le blues, réunissant Antoine Favennec (saxophone), Thomas Coeuriot (guitare), Laurent Coulondre (claviers), Julien Herné (basse) et Yoann Schmidt (batterie), “Horny Tonky” (Cristal Records) est pour le trompettiste un retour aux sources, un appel à la danse. Le titre de l’album que l’on dit très groovy (je ne l’ai pas encore reçu) fait référence aux cuivres (« horn » en anglais). Nicolas et ses musiciens en fêtent la sortie au Sunset le 10 octobre.

La tête et les jambes

-Paul Lay et son Mikado Quartet au Sunside le 12. Autour du pianiste : Antonin-Tri Hoang (saxophone alto et clarinette), (Clemens Van Der Feen (contrebasse) et Dré Pallemaerts (batterie). “Mikado” est le nom de son dernier album publié il y a quelques mois. Malgré quelques tempos inutilement compliqués, Paul Lay se révèle un compositeur habile. Attaché à la forme, il arrange avec pertinences ses morceaux. Dolphins et Chao Phraya gardent ma préférence. Il joue aussi un beau et généreux piano, pose de belles couleurs sur une musique sincère et séduisante.

La tête et les jambes

-Francesco Bearzatti au New Morning le 13 avec un programme consacré à “Monk’n’Roll”, disque décoiffant que le saxophoniste ténor a récemment consacré à Thelonious Monk, les compositions de ce dernier se voyant associées à des morceaux de Led Zeppelin, Pink Floyd, Sting, Lou Reed, et Michael Jackson. Confié à un quartette énergique, une musique humoristique et festive en résulte. Disposant d’une section rythmique musclée – Danilo Gall (basse acoustique et électrique) et Zeno De Rossi (batterie) – Bearzatti et le trompettiste Giovanni Falzone, son complice, s’amusent, osent des effets électroniques, font sonner leurs instruments comme des guitares, leurs relectures décalées restant sous contrôle, bien ordonnées par de savantes orchestrations.

La tête et les jambes

-Le All Stars The Messenger Legacy sera à Clermont-Ferrand le 15, mais aussi la veille, le 14, au Petit Journal Montparnasse. Choisi par Art Blakey pour être le deuxième batteur de ses Jazz Messengers, Ralph Peterson a réuni autour de lui des anciens de la formation. Bobby Watson (saxophone alto) en a été directeur musical. Donald Brown (piano) également. Billy Pierce (ténor et soprano) fut un pilier des Messengers. Quant à Brian Lynch (trompette) et Essiet Okon Essiet (contrebasse) ils furent membres de la dernière mouture de ce groupe légendaire de l’histoire du jazz.

La tête et les jambes

-Ralph Alessi au Sunside le 15 et le 16. Avec lui la section rythmique de “Baida”, son dernier album (et le premier pour ECM) : Drew Gress (contrebasse) et Nasheet Waits (batterie). Associés au pianiste Gary Versace, ils pratiquent une musique ouverte et audacieuse au sein de laquelle ils déposent leurs propres inventions. Le trompettiste bénéficie de leurs idées qui apportent à sa musique un surplus d'invention, tant mélodique que rythmique. Ils lui permettent de prendre des risques, de sauter dans le vide.

La tête et les jambes

-Ne manquez pas le concert que donnera en trio Michel Sardaby au Reid Hall (4 rue de Chevreuse 75006 Paris) le 18 à 20h00. L’association La Dive Note l’organise dans les locaux de la Columbia University. Les apparitions publiques du pianiste se font rares, Michel consacrant une partie de son temps à enseigner l’instrument. Il a eu de nombreux élèves (certains sont aujourd’hui célèbres) et essaye de leur faire entendre et comprendre ce qu’ils jouent, un exigeant travail de prise de conscience pour qu’ils se révèlent à eux-mêmes. Pour ce concert, Michel a choisi de s’entourer de Gilles Naturel (contrebasse) et de Philippe Soirat (batterie), musiciens dont il apprécie la justesse et la sensibilité.

La tête et les jambes

-On retrouve Gilles Naturel au Sunside le 23 avec son Contrapuntic Jazz Band qui réunit Fabien Mary (trompette), Guillaume Naturel (ténor et flûte), Jerry Edwards (trombone), Bastien Stil (tuba), et Donald Kontomanou (batterie), Gilles assurant bien sûr la contrebasse. Ensemble, ils fêtent la sortie d’un second opus sur Space Time Records, un “Act 2” encore plus réussi que le précédent, un disque que la formation a peaufiné sur scène avant de l’enregistrer, et qui laisse davantage de place aux solistes, aux improvisations collectives que décalent parfois de savants contrepoints.

La tête et les jambes

- René Marie retourne au Duc des Lombards pour trois soirs (les 27, 28 et 29). Elle y fit sensation en novembre dernier, mit dans sa poche le public par sa voix chaude et sensuelle, son sourire solaire, sa mobilité féline. On l’y attend avec sa propre section rythmique, Kevin Bales au piano, Elias Bailey à la contrebasse et Quentin Baxter à la batterie, musiciens qui l’accompagnent dans “I Wanna Be Evil (With Love to Eartha Kitt)”, publié l’an dernier sur Motéma, le dixième disque de sa carrière, un de mes 13 Chocs de 2013.

La tête et les jambes

-« Wonderful to be back in the New Morning again », ces mots, John Scofield les prononce souvent lors des concerts qu’il y donne. Le club de la rue des Petites Ecuries le programme le 29 avec Steve Swallow (basse) et Bill Stewart (batterie), des complices de longue date avec lesquels il se laisse aller à jouer les musiques qu’il affectionne, le jazz mais aussi le blues et le funk qu’il a souvent pratiqués. Au regard de sa longue carrière, le guitariste n’a plus rien à prouver. Il sait parfaitement doser ses effets de distorsion et de réverbération, choisir l’angle de ses attaques pour rendre plus intense un discours musical émaillé de glissandos, d’inflexions qui lui sont propres. Maître de son instrument, Scofield nous fait partager son bonheur d’être sur scène, de retrouver un public qui lui reste fidèle.

La tête et les jambes

-Le saxophoniste Ernie Watts au Duc des Lombards le 31 et le 1er novembre avec Christof Saenger (piano), Rudi Engel (contrebasse) et Tobias Schirmer (batterie). Musicien de studio, il se fit remarquer au sein du Quartet West, formation créée par Charlie Haden en 1986. Au ténor, il possède une sonorité qui le distingue de ses collègues. Les albums qu’il signe sous son nom sont moins probants mais les chorus toujours pertinents qu’il confie aux disques des autres relèvent souvent leur niveau.

La tête et les jambes

-Edouard Bineau au New Morning le 1er novembre avec les musiciens de “Bluezz”, nouvel album au sein duquel le blues et le jazz se donnent la main. Bercé par le jazz qu’appréciait son père, Edouard joua du blues dans sa jeunesse. Il apprit l’harmonica en écoutant des disques de Jean-Jacques Milteau qu’il rencontre alors qu’il travaille sur ce nouveau disque avec Sébastien Texier (saxophone alto et clarinette) et Daniel Erdmann (saxophones ténor et soprano), ses musiciens depuis deux ans. Un premier concert avec eux qui se passe bien, un second avec Michael Robinson dont la voix se greffe bien sur la musique, “Bluezz” prend forme, acquiert un supplément d’âme. Pour ce concert de sortie, Gildas Boclé (contrebasse) et Simon Bernier (batterie) compléteront ce casting.

La tête et les jambes

-Jazz en Tête : www.jazzentete.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

 

Crédits photos : "Parisiennes en été" © Roger-Viollet  Paolo Fresu ©Jean-Louis Neveu – Laurent Cugny, Nicolas Folmer © Pierre de Chocqueuse – Paul Lay © Christophe Alary – Ralph Peterson © Blue Note Records – Ralph Alessi © Darlene Devita – Michel Sardaby © Charles Duprat – Gilles Naturel © Hervé Chaussade – René Marie © Janice Yim – Ernie Watts © Alexey Karpovich – Edouard Bineau & Jean-Jacques Milteau © Fabien Ferreri – Steve Swallow / John Scofield / Bill Stewart, Ernie Watts © Photos X/D.R.

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