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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 11:40
Une rentrée plein gaz !

Septembre, une rentrée que bouchonnent des kilomètres de véhicules. Leurs gaz polluent l’atmosphère, empuantissent les routes. Les vacanciers qu’ils transportent n’auront pas à débronzer. Le ciel leur est tombé sur la tête tout l’été pour le bonheur des vendeurs de parapluies made in china. Ils rentrent les pieds mouillés, engoncés dans de chauds vêtements imperméables, prêts à découvrir dans leur boîte à lettres les factures que leur demande de payer un état dépensier et avide de leurs sous. Parmi eux des amateurs de jazz, peu nombreux mais fidèles à une musique qui se transforme, à du jazz qui ressemble de moins en moins à du jazz, mais qui offre encore de bonnes surprises. Ils rentrent des festivals parfois désappointés. Bon gré mal gré, les intermittents ont assuré le spectacle. The show must go on, et ce malgré les intempéries, l’arythmie de nos rythmes scolaires, les mauvaises nouvelles dont raffolent les médias. On nous promet un mois ensoleillé, des baisses d’impôts, moins de fonctionnaires, une simplification du code du travail et du code de la route. Les pigeons roucoulent, les moineaux pépient, les hirondelles portent ces grandes nouvelles à tire d’ailes. La flore s’en réjouit aussi. Les fleurs tardent à faner, les arbres à perdre leurs feuilles. La lumière surtout est plus belle. Profitons-en pour sortir, aller vers la musique. Il pleut toujours, mais ce sont des disques qui tombent du ciel et certains interpellent. Stefano Bollani, Franck Amsallem, Denny Zeitlin, Gilles Naturel, René Urtreger et la jolie Sinne Eeg qui nous rend visite à Paris le 27 sortent des opus qui comptent. Diana Krall a enregistré l’album le plus pop de sa carrière. Associé à Anja Lechner, sa complice au violoncelle, François Couturier relit Mompou et Gurdjieff, réinvente leurs pages classiques. Le programme de Jazz à la Villette qui se déroule du 3 au 14 ne m’excite pas outre mesure. Avishai Cohen et Roberto Fonseca exhibent leur technique au détriment de la musique. Figure historique du jazz libertaire, Archie Shepp m’a rarement convaincu. Il multiplie aujourd’hui les fausses notes sous les applaudissements. Mélanie De Biaso garde ma sympathie. Elle se produisait il n’y a pas si longtemps dans de petits clubs à moitié vides. De grandes salles s’ouvrent à elle et ce n’est que justice. La grande affaire de cette rentrée reste toutefois la création du Gil Evans Paris Workshop qui, autour de Laurent Cugny, rassemble de talentueux musiciens tous nés dans les années 1980. Olivier Laisney (trompette), Adrien Sanchez et Martin Guerpin (saxophones ténor), Antonin-Tri Hoang (saxophone alto), Joachim Govin (contrebasse) sont de l’aventure. La photo a été prise en juin lors d’une répétition. On reconnaît Pierre-Olivier Govin (saxophone baryton) à droite de Laurent. Premiers concerts le 8 octobre, le 12 novembre et le 10 décembre au studio de l’Ermitage. La formation cherche des fonds. On peut dès à présent participer à son financement sur KissKissBankBank. Enfin, Martial Perez expose des photos en noir et blanc de jazzmen jusqu’au 30 septembre à la galerie Argentic, 7 rue Taylor 75010 Paris (du lundi au vendredi de 15h00 à 18h00). Son exposition s’intitule Jazz Passion et devrait concerner les lecteurs de ce blog.   

 

 KissKissBankBank : www.kisskissbankbank.com/gil-evans-paris-workshop?ref=search

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Une rentrée plein gaz !

-Harold Mabern en trio au Sunside le 5 et le 6 avec John Weber à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie. Comme Phineas Newborn son mentor, originaire comme lui de Memphis, Mabern pratique un piano virtuose, joue un bop puissant aux lignes mélodiques élégantes. Né en 1936, il travailla avec Miles Davis, Lee Morgan, Sonny Rollins et fut membre du Jazztet que co-dirigeaient Art Farmer et Benny Golson.

Une rentrée plein gaz !

-David Virelles au Sunside le 9. On l’a découvert dans de récents albums ECM de Chris Potter et de Tomasz Stanko. Il y joue un piano sensible et ses notes sont des couleurs qu’il pose sur la musique. Né à Cuba, il possède une vaste culture qui lui permet de briller dans des contextes très différents. Diplômé du Humber College de Toronto, il a également étudié l’instrument avec Barry Harris et la composition avec Henry Threadgill qu’il admire. Reiner Elizarde à la contrebasse et Eric McPherson à la batterie seront ses partenaires pour ce concert parisien.

Une rentrée plein gaz !

-Donald Brown en trio au Duc des Lombards le 12 et le 13 avec le solide Darryl Hall à la contrebasse et Kenneth Brown, son fils aîné, à la batterie. Auteur de mélodies chantantes, orchestrateur émérite et excellent pianiste, Brown aime le blues, celui de Memphis, sa ville natale. Attaché au vocabulaire du bop et à la tradition, il en nourrit sa musique, ses improvisations. Funky ou ternaire, le rythme y tient une place prépondérante.

Une rentrée plein gaz !

-Chanteuse dotée d’une voix rauque et puissante, Molly Johnson est attendue au New Morning le 17. Elle sort un nouvel album “Because of Billie”, un hommage à Billie Holiday, des chansons enregistrées le plus souvent en une seule prise avec ses musiciens habituels – Robi Botos au piano, le fidèle Mike Downes à la contrebasse et Terry Clarke à la batterie. Elle en reprendra de larges extraits, avec humour et malice car elle sait mettre le public dans sa poche. Elle peut aussi se montrer bouleversante dans les ballades. Le répertoire de Billie Holiday en contient de nombreuses. On peut compter sur Molly Johnson pour les chanter avec émotion.

Une rentrée plein gaz !

-Entouré de ses musiciens habituels – Jean-Luc Aramy (contrebasse) et Vincent Frade (batterie) –, Rémi Toulon retrouve le Sunside le 18 avec un invité, l’harmoniciste Sébastien Charlier. Ecoutez “Quietly” le dernier album du pianiste, un disque aux mélodies attachantes et aux reprises bien choisies. Le numéro de mars de Jazz Magazine / Jazzman en contient la chronique.

Une rentrée plein gaz !

-Le 19 au Sunside, Xavier Desandre Navarre fête la sortie de “In-Pulse” (Jazz Village), disque réunissant d’excellents musiciens parmi lesquels Stéphane Guillaume (saxophone, flutes, clarinette basse), Emil Spanyi (piano) et Stéphane Kerecki (contrebasse). Tous ont répondu présents pour assurer ce concert, mettre en musique les images, les souvenirs qu’évoquent les musiques du batteur / percussionniste. Enregistré dans une seule pièce avec des musiciens proches les uns des autres dans les mêmes conditions qu’un live, cet album dans lequel le rythme sert la mélodie est une des bonnes surprises de cette rentrée.

Une rentrée plein gaz !

-Le 20 au Sunside, Franck Amsallem fête également la sortie de son nouvel album “Sings Vol.II”. Comme son titre l’indique, le pianiste se fait aussi chanteur, reprend de belles pages du Great American Songbook, des mélodies de Frank Losser (merveilleuse et tendre version de Never Will I Marry), Jimmy Van Heusen, Cole Porter, Irving Berlin, Henry Mancini mais aussi des pièces de Tadd Dameron, Antonio Carlos Jobim, de quoi contenter les plus exigeants. Je vous reparlerai prochainement de ce disque enregistré en trio avec Sylvain Romano à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. Tous deux seront bien sûr présents au Sunside pour fêter la sortie de cet opus qui me tient particulièrement à cœur.

Une rentrée plein gaz !

-Toujours le 20, mais au Triton, club qui programme souvent des musiques nouvelles et improvisées, le pianiste Benoît Delbecq nous confiera en avant-première la musique de son prochain disque enregistré en juin dernier pour le label Songlines. Avec lui Miles Perkin, jeune bassiste canadien, et Emile Biayenda qui tient la batterie dans “Phonetics” (2004) et “The Sixth Jump”, un album de 2010 célébré dans ces colonnes. Depuis bientôt vingt-cinq ans, le pianiste invente une musique savante et onirique qui hypnotise rythmiquement et brille de mille couleurs.

Une rentrée plein gaz !

-Qu’il fasse allégeance au hard bop, au blues ou au funk – Brother Stoon qui donne son nom à son premier album – Baptiste Herbin étonne par la qualité de son jeu de saxophone (tant à alto qu’au soprano) et la maturité de son écriture. S’il se plaît à jouer plusieurs sortes de musique, il privilégie toutefois l’héritage afro-américain, aime les jam sessions, les rencontres au sein desquelles il brille par ses notes torrides, son jeu fougueux et tonique. On attend une suite à “Brother Stoon”, un disque qui a déjà deux ans. Habitué des clubs de la rue des Lombards, Baptiste se produira au Sunset le 22 avec Renaud Gensane (trompette), Maxime Fougères (guitare), Sylvain Romano (contrebasse) et Benjamin Henocq (batterie).

Une rentrée plein gaz !

-Après des concerts en juin au Duc des Lombards, Dominique Fillon se pose au Sunside le 23 pour jouer son dernier disque, “Born in 68” (Cristal Records), un opus électro-acoustique dont les compositions toutes originales plongent dans le groove. Malgré l’absence du guitariste Yuri Toriyama qui apporte beaucoup à Friends and More, pour moi le meilleur morceau de album, le pianiste peut compter sur Sylvain Gontard à la trompette, Antoine Reininger à la basse et Francis Arnaud à la batterie, pour faire vivre sa musique.

Une rentrée plein gaz !

-Sinne Eeg au Sunset le 27. Elle séduisit un public clairsemé dans cette même salle en juin 2011. “Don’t Be So Blue” (Red Dot Music), le disque qu’elle venait alors de faire paraître, m’avait interpellé. Son nouvel album, “Face the Music” (Stunt Records), sort le 22 septembre. Cette chanteuse danoise impressionne par la justesse de sa voix de mezzo-soprano. Disposant d’un large ambitus, elle swingue avec souplesse et maîtrise un scat qu’elle possède original et attachant. Ses musiciens sont loin d’être manchots. Le batteur Morten Lund joue avec Stefano Bollani dans plusieurs de ses disques et le pianiste Jacob Christoffersen fournit un accompagnement appréciable à la chanteuse. Morten Toftgard Ramsbøl complète la formation à la contrebasse.

-Jazz à la Villette : www.jazzalavillette.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Le Triton : www.letriton.com

 

Crédits photos : Harold Mabern © Alan Nahigian – Donald Brown © Jimmy Katz – Molly Johnson © Universal Records – Rémi Toulon © Amélie Gamet – Xavier Desandre Navarre © Xavier Kubisiak – Franck Amsallem © Nathalie Raffet – Baptiste Herbin © Morgan Roudaut – Dominique Fillon © Philippe Marchin – Sinne Eeg © Stephen Freiheit – David Virelles, Benoît Delbecq © photos X/D.R.

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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 08:21
Un blog qui cartonne

Le blogueur emménage et se voit contraint de délaisser son blog, au grand dam de ses lecteurs impatients. Cette photo montre bien l’ampleur du problème : des caisses à profusion dans lesquelles s’amoncèlent livres et disques. Parmi ces derniers, quelques-uns méritent des papiers et ont échappé à l’enfouissement : le nouvel album d’Enrico Pieranunzi, un double solo de Chick Corea et les nouveaux disques de Denis Colin, Stéphane Kerecki et Dominique Fillon dont je vous promets sous peu des chroniques. Chick et Enrico patienteront un peu. Quant au récent opus de l'ONJ, un soit disant chef d’œuvre qu'une attachée de presse, prudente, a préféré ne pas m’envoyer, je ne suis pas parvenu à l’écouter jusqu’au bout. Juillet, le temps des vacances pour beaucoup d’entre vous. Gare aux festivals en berne, aux orages, aux tempêtes tropicales, aux nages intempestives, à l’escalade de montagnes trop verticales. Loin de son bureau et de ses habitudes, l’homme prend des risques, s’expose à des dangers dont il n’a pas idée. L’écoute de certaines musiques, paralyse, ramollit le cerveau, provoque suicides et infarctus. Monsieur Michu en sait quelque chose. Moins exposés que les festivals chahutés par intermittence par des intermittents, les clubs parisiens proposent en juillet nombre de concerts qui interpellent. En bordure du bois de Vincennes, le Parc Floral abrite toujours tous les week-ends et jusqu’au 27 juillet le Paris Jazz Festival. Les concerts fleurissent. Il y en a pour tous les goûts. Reste à choisir les bons, ceux qui donnent la pêche et rendent heureux. Ouvrez grandes vos oreilles, faites les bons choix et passez un été mémorable.  

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

-Ahmad Jamal s’est produit au théâtre de l’Odéon le 2 avec ses musiciens habituels. Buddy Guy s’est offert l’Olympia le 3. Le 4, en solo, Keith Jarrett a donné son seul (demi) concert de l’été Salle Pleyel. Vous n’avez pas eu besoin de moi pour vous prévenir. Vous lisez les journaux de jazz, du moins celui qui reste, Jazz Magazine / Jazzman qui a changé de directeur de la publication mais conserve la même équipe.

Un blog qui cartonne

-Le 7, Gerald Clayton retrouve le Duc des Lombards avec Joe Sanders à la contrebasse et Kendrick Scott à la batterie. Une section rythmique qui permet au pianiste d’innover, d’apporter un groove plus sensuel à un jazz qui bouge, se transforme et se fera demain. “Life Forum”, son dernier disque, en contient les prémices.

Un blog qui cartonne

-On reste au Duc pour Kris Bowers qui l’occupe du 11 au 13 juillet. Vous trouverez la chronique de son disque dans ce blog. Mélange de jazz, de soul et de hip hop, renfermant des mélodies attachantes, “Heroes + Misfits” est une des bonnes surprises de l'année. Pianiste émérite, Bowers a remporté la Thelonious Monk Jazz Piano Competition en 2011 et sa palette harmonique combine bien des couleurs. Julia Easterlin (chant), Adam Agati (guitare), Burniss Earl Travis II (basse électrique) et Jamire Williams (batterie) l'accompagnent pour ce concert.

Un blog qui cartonne

-Le 16, le New Morning accueille le quintette d’Ambrose Akinmusire dans le cadre de son festival “All Stars”. Walter Smith III (saxophone ténor), Sam Harris (piano), Harish Raghavan (contrebasse) et Justin Brown (batterie) entourent le trompettiste. Improviser ne leur fait pas peur. Ils empruntent ainsi des chemins de traverse, brouillent les pistes et surprennent par la richesse de leurs échanges.

Un blog qui cartonne

-La pianiste Leila Olivesi au Sunside le 19 avec Manu Codjia à la guitare, Matyas Szandaï à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie. Baptisé “Révolutions”, ce nouveau quartette jouera les morceaux du prochain disque de Leila qui, dans la foulée, l’enregistrera en studio.

Un blog qui cartonne

-Eric Reed au Sunside les 21 et 22 juillet. “Reflections of a Grateful Heart Heart”, son dernier disque est un opus en solo consacré aux spirituals qui marquèrent son enfance. Mais c’est en trio et avec une chanteuse que l’accueille le Sunside. Avec Darryl Hall à la contrebasse et Mario Gonzi à la batterie, son piano accompagnera la voix chaude de Mary Stallings qui n'est pas sans rappeler celles de Carmen McRae et de Dinah Washington.

Un blog qui cartonne

-Tom Harrell au Duc des Lombards les 25, 26 et 27. Wayne Escoffery (saxophone ténor), Danny Grissett (piano), Ugonna Okegwo (contrebasse) et Johnathan Blake (batterie) jouent avec lui depuis longtemps. Au service de la sonorité moelleuse, du phrasé mélodique de sa trompette, ils forment un orchestre d’une rare cohérence.

Un blog qui cartonne

-Jacky Terrasson au Sunside le 25 et le 26 avec Burniss Earl Travis II à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie. Le pianiste retrouve un club qu’il apprécie et rôde de nouvelles compositions qu’il devrait prochainement enregistrer. Attendre son album n’empêche nullement d’aller écouter ces concerts évènements.

Un blog qui cartonne

-Nicholas Payton (trompette et piano), Vincente Archer (contrebasse) et Bill Stewart (batterie), au Sunside les 29, 30 et 31 pour fêter la sortie de “Numbers”, nouvel album d’un trompettiste qui passe allègrement du hard bop à la soul tout en n’oubliant jamais le swing. Normal, ses racines sont profondes. A travers elles, s’expriment le jazz et son histoire. Sans abuser de sa technique, Payton y trempe allègrement son instrument, rend intemporelle une musique qui lui est parfaitement naturelle.

Un blog qui cartonne

-Joe Lovano au saxophone ténor, Henri Texier à la contrebasse et Aldo Romano à la batterie au Duc des Lombards le 30 et le 31. Leur groupe s’intitule le Paris Réunion Trio. Ils ont naguère joué ensemble dans le Transatlantik Quartet de Texier, se connaissent, s’estiment et s’apprécient. En fanfare, avec tambours mais sans trompette, ils fêtent ainsi leurs retrouvailles.

Un blog qui cartonne

-Christian Scott au New Morning le 31 avec Braxton Cook (saxophones), Lawrence Fields (piano), Kris Funn (contrebasse), Corey Fonville (batterie) et une chanteuse, Isadora Mendez Scott, pour remplacer son guitariste. Scott joue un jazz influencé par le rock, le funk, le hip-hop, une musique forte, puissante, plus tonique que celle qu’il enregistre en studio. Tendre, fiévreuse, insolente, sa trompette séduit par un chant aussi puissant que lyrique et place le groove au cœur de la musique.

-Et aussi, le festival Pianissimo en août au Sunside, avec entre autres : le Dan Tepfer Trio le 12, Thomas Enhco Trio le 21, René Urtreger Trio les 22 et 23, Pierre Christophe Quartet le 28, Jean-Michel Pilc / Thomas Bramerie / André Ceccarelli les 29 et 30 … Bonnes vacances à tous et à toutes.

 

-Paris Jazz Festival : www.parisjazzfestival.fr

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

 

Crédits photos : Gérald Clayton © Devin DeHaven – Kris Bowers © Janette Beckman – Ambrose Akinmusire © Emra Islek – Tom Harrell © Angela Harrell – Jacky Terrasson © Pierre de Chocqueuse – Nicholas Payton © Michael Wilson – Leila Olivesi, Eric Reed, Joe Lovano, Christian Scott : photos X / D.R.

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3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 08:36
En juin, le jazz se porte plutôt bien

L’état préoccupant de Monsieur Michu semble avoir provoqué un certain émoi dans le monde du jazz. Accusant réception des nombreux courriels de sympathie et des vœux de rétablissement qui lui étaient adressés, j’ai été étonné de découvrir que pour quelques uns d’entre vous j’étais Michu en personne, comme si le pauvre bonhomme désormais édenté, chauve, presque muet et condamné à une chaise roulante, était encore capable de tenir un blog et de courir gaillardement les concerts. N'ayez point d'inquiétude, Monsieur Michu est une figure romanesque et composite, un personnage devrais-je dire puisqu’il est capable d’endosser les habits des autres, de s’affubler de leurs traits de caractère et d'en changer à volonté. Je le rencontre presque tous les jours, mais garde une meilleure santé que la sienne. Mes dents sont toujours en place ainsi que mes cheveux. Certes, je consacre moins de temps à mon blog car, m’apprêtant à déménager, je remplis des cartons. Encore ! Me direz-vous. Oui amis lecteurs, et cette fois pour de bon. Comme je vous le confiais il y a quelques mois, les disques pèsent, surtout lorsqu’il faut les porter à bout de bras, les transporter avec précaution d'un domicile à un autre. Ils renferment l'une des plus belles créations de l’homme : la musique. Cet édito de juin, mois de la fête des pères (le 15) et de Jean le Baptiste (le 24), se veut donc rassurant, malgré tous ces pigeons qui batifolent et font caca partout. Car juin est le mois des jardins. A partir du 7 et jusqu’au 27 juillet, au Parc Floral de Paris, le parfum enivrant des fleurs se mêle tous les week-ends à la musique. Le Paris Jazz Festival y fête son vingtième anniversaire avec une programmation pour le moins éclectique. Les clubs parisiens parlent davantage à mes oreilles. Le bon jazz n’y manque pas. Il n’a même jamais été aussi présent.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Vous n’avez pas attendu la mise en ligne de ce blog pour vous précipiter le 2 au New Morning. Kurt Rosenwinkel s'y produisait avec d’excellents musiciens : Taylor Eigsti (piano), Orlando Le Fleming (contrebasse) et Kendrick Scott (batterie). Le guitariste affectionne un jeu sinueux, cisèle des thèmes riffs qui s’inscrivent dans la tradition du bop et possèdent une grande complexité harmonique.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Le 3 à 20h00, l’Olympia accueille le Pat Metheny Unity Group, une aubaine pour tous les fans du guitariste. Sa formation comprend Chris Potter aux saxophones, Giulio Carmassi aux claviers, Ben Williams à la basse et Antonio Sanchez à la batterie. “Kin”, leur dernier album, donne bien sûr envie d'écouter sur scène leur musique électrique.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-On s’accordera quelques heures de sommeil afin d’être frais et dispos le 4 pour Olivier Ker Ourio (harmonica) qui se produit au Café de la Danse. Avec lui, Emmanuel Bex (orgue Hammond), Matthieu Chazarenc (batterie) et Nicolas Moucazambo (percussions). Ces musiciens font merveille dans “Perfect Match” (Bonsaï records), un beau disque qu’Olivier a entièrement composé à la guitare.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Deux soirs de suite, le 6 et le 7, Enrico Rava retrouvera au Sunside quelques amis musiciens. Baptiste Trotignon au piano, Darryl Hall, le plus « français » des américains de Paris à la contrebasse, et son vieux complice, le batteur Aldo Romano qui, comme lui, compose des mélodies solaires et raffinées. Le trompettiste fait chanter des notes tendres et délicates à son instrument, cisèle des pièces modales et lentes, paysages sonores dans lesquels il fait bon se trouver.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Dominique Fillon au Duc des Lombards le 8 et le 10 pour fêter la sortie d’un disque électro acoustique particulièrement réussi. Autour du pianiste, Sylvain Gontard, trompettiste de ce nouvel opus, et une section rythmique réunissant Antoine Reininger à la basse et Francis Arnaud à la batterie. Influencé par Weather Report, le Pink Floyd et Ahmad Jamal, “Born in 68” (Cristal Records, sortie le 3 juin) contient des compositions originales et personnelles, possède de belles couleurs et des rythmes ancrés dans le groove. Je ne me lasse pas d’écouter sa dernière plage, Friends and More, une réjouissante merveille. Une des bonnes surprises de cette fin de printemps.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Le premier album de Lucky Dog sur Fresh Sound New Talent en est une autre. On écoutera le groupe au Sunside le 10. Frédéric Borey (saxophone ténor), Yoann Loustalot (trompette et bugle), Yoni Zelnik (contrebasse) et Frédéric Pasqua constituent un quartet sans piano aux échanges particulièrement convaincants.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-On connaît mal Simona Severini, jeune chanteuse italienne originaire de Milan qui a étudié avec Tiziana Ghiglioni (une grande !) et donné ses premiers concerts avec le pianiste Giorgio Gaslini. Elle sera au Sunside le 14 pour mettre des mots sur les musiques d’Enrico Pieranunzi, le maestro en personne l’accompagnant au piano.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Au Café de la Danse le 24, le contrebassiste et compositeur Stéphane Kerecki retrouve le pianiste John Taylor pour une relecture originale des musiques de films de la Nouvelle Vague. Emile Parisien (saxophone soprano) Fabrice Moreau (batterie) et la chanteuse Jeanne Added complètent la formation.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Finaliste de la Thelonious Monk Competition l’année qui vit Cécile McLorin Salvant en triompher, Cyrille Aimée mérite d’être mieux connue. Née à Fontainebleau d’un père français et d’une mère détentrice d’un passeport de la République Dominicaine, la chanteuse passa son enfance à Samois-sur-Seine, l’île qu’habitait Django Reinhardt. Enregistré avec une contrebasse, une batterie et trois guitares, “It’s a Good Day”, son premier disque pour une major sort en France le 1er juillet. On pourra l’écouter au Duc des Lombards le 24 juin avec Adrien Moignard et Michaël Valeanu (guitares), Sam Anning (contrebasse) et Rajiv Jayaweera (batterie).

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Deux concerts pour le pianiste Tord Gustavsen au Sunside le 27 (20h00 et 22h00). Enregistré avec Tore Brunborg (saxophone ténor), Mats Eilertsen (contrebasse) et Jarle Vespestad (batterie), quartette que vous découvrirez à Paris, “Extended Circle” achève une trilogie inspirée par de vieilles chansons populaires de Norvège et des hymnes protestants, la musique d’église restant la principale source d’inspiration d’un pianiste qui privilégie la mélodie, les moments tranquilles et intimistes. Avec peu de notes et un immense lyrisme, le pianiste norvégien exprime l’essentiel. Un des évènements incontournables de ce début d’été.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-Le même soir (malheureusement), Zool Fleischer, pianiste rare qui ne fait guère parler de lui, se produit sur l’Improviste, péniche toujours amarrée quai d’Austerlitz. Frédéric Borey (ténor et soprano) et Denis Leloup (trombone) offrent à sa musique une instrumentation originale. Les rythmes proviennent du piano, instrument percussif autant que mélodique que Zool, coutumier des miracles, dompte et manipule comme s’il avait mille doigts.

En juin, le jazz se porte plutôt bien

-À l’Olympia le 28, George Benson interprétera ses plus grands succès. À la Cigale le 30, le guitariste (et chanteur) centrera son répertoire autour de l’album “Guitar Man”, un disque de 2011 dans lequel il pratique un subtil mélange des genres, reprend des thèmes des Beatles (I Want to Hold Your Hand) et de Stevie Wonder (My Cherie Amour) et des standards de l’histoire du jazz (Tenderly, Danny Boy).

-Paris Jazz Festival : www.parisjazzfestival.fr/

-New Morning : www.newmorning.com

-Olympia : www.olympiahall.com

-Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-L’Improviste : www.improviste.fr

-La Cigale : www.lacigale.fr

 

Crédits photos : Kurt Rosenwinkell, Olivier Ker Ourio, Enrico Rava, Dominique Fillon, John Taylor & Stéphane Kerecki © Philippe Marchin – Pat Metheny Unity Group © Jimmy Katz – Simona Severini © Eco di Biella – Tord Gustavsen Quartet © Hans Fredrik Asbjornsen – George Benson © Greg Allen – Cyrille Aimée, Zool Fleischer : photos X/D.R.

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 10:02
En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

Le plein de concerts en mai avec un soleil espiègle qui aime les escapades et entre dans les Gémeaux, constellation habitée par Castor et Pollux, deux frères nés d’un œuf de cygne. Ils possèdent le don d’apaiser les tempêtes. Donc, en mai, le ciel se découvre, des vents plus doux chassent les nuages. L’air plus chaud invite à arpenter les rues, les parcs, à courir la prétentaine. Les parisiennes vous invitent à sortir et les clubs de jazz à entrer. Ma plume écrirait bien toute seule si elle le pouvait, mais les concerts qui interpellent prennent ce mois-ci beaucoup de place et je me suis promis d’écourter cet édito. Difficile de ne pas vous donner des nouvelles de Monsieur Michu. Elles sont mauvaises. Le pauvre homme ne s’est jamais remis de sa dernière attaque. Un coup dur pour Jean-Paul qui lui est très attaché. Il se repose en province, passe ses journées dans une chaise roulante, a perdu ses dents, ses cheveux, et parle difficilement. Le pire, c’est sa surdité persistante. Pas question pour lui d’aller entendre Bill Carrothers à Coutances le 29 mai dans “D-Day”, œuvre pour quintette et chœur commémorant le 70ème anniversaire du débarquement. Elle sera également jouée à Caen et à Sainte-Mère-Église. Une commande du festival Jazz Sous les Pommiers qui propose aussi le 31 Brad Mehldau en solo, lui donnant l'occasion de vérifier que ces arbres déploient bien leur floraison printanière. Monsieur Michu va aussi manquer le festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés qui invite cette année la belle Eliane Elias qu’il souhaitait tant rencontrer. Quatorze ans déjà que ce festival existe, donne un surplus de vie au Quartier Latin avec des conférences, des expositions, un grand bal swing, mais surtout de la musique : Youn Sun Nah, Paul Lay, Thomas Enhco en solo, le Duke Orchestra que dirige Laurent Mignard à Saint-Sulpice, Daniel Humair, Eric Truffaz, il y en a pour tous les goûts. Du 24 au 31 mai, à Coutances, le jazz sent bon la pomme. Du 15 au 25 mai, à Paris, il s’installe dans les prés. Allongez-vous dans l’herbe tendre, respirez par les oreilles et écoutez la différence : le jazz comme le ciel est plus bleu.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Ravi Coltrane au New Morning le 6. Son dernier album “Spirit Fiction” (Blue Note) n’a pas reçu l’accueil qu’il méritait. Le musicien n’en reste pas moins un bon saxophoniste ténor. Le fils de John Coltrane aime prendre des risques et possède une personnalité attachante. On attend beaucoup de David Virelles, pianiste subtil qui fait merveille dans “Wislawa”, splendide opus que le trompettiste Tomasz Stanko publia l’an dernier. Dezron Douglas à la contrebasse et Johnathan Blake à la batterie complètent la formation.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Née à Albi, élevée en Algérie et amoureuse du Brésil, Do Montebello a enfin enregistré un premier album qui devrait la sortir de l’ombre. Sergio Farias (guitare), Patrick Favre (piano), Ricardo Feijão (baixolão), Christophe de Oliveira (batterie) et Julio Gonçalves (percussion) l’accompagnent dans “Adamah”, disque aux compositions et aux arrangements soignés qu’éclaire le piano lumineux de Favre, musicien que l’on souhaiterait écouter plus souvent. Do y chante les arbres, le vent, les océans, les déracinés d’une terre malmenée, mais qui porte la vie. On les retrouvera à l’Européen le 7, Sandro Zerafa (guitare) remplaçant Sergio Farias malheureusement indisponible.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Infatigable, en trio avec Eric Dervieu son batteur de toujours et Yves Torchinsky son fidèle bassiste, René Urtreger vient donner deux concerts au Sunside les 9 et 10 mai. Personne ne s’en plaindra. Les vrais amateurs de jazz seront même à la fête, car insensible aux modes, et au jazz bling bling, le pianiste propose un bop toujours aussi réjouissant. S’il joue ses propres compositions, il reste fidèle au répertoire des grands musiciens qui l’ont précédé, reprend leurs œuvres, les rend toujours actuelles et vivantes. René Urtreger : un grand jazzman tout simplement !

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Cécile McLorin Salvant à la Cigale le 12. L’année 2013 fut exceptionnelle pour cette jeune chanteuse qui la termina en tournée avec l’orchestre de Wynton Marsalis. “WomanChild” son premier vrai disque reçut le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz, Cécile manquant de peu le prestigieux Prix Django Reinhardt. Après un concert au Carré Belle Feuille en janvier dernier, elle revient se produire à Paris avec Aaron Diehl, pianiste jouant aussi bien du jazz traditionnel que du bop, Paul Sikivie à la contrebasse et Pete Van Nostrand à la batterie. Le même soir, Stacey Kent s’offre le théâtre du Châtelet en compagnie du quatuor Ébène et de Bernard Lavilliers. Entre jazz et bossa nova.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Publié en 2013, “Magnetic”, le dernier disque de Terence Blanchard pour Blue Note compte parmi les grandes réussites du jazz afro-américain. Entouré de ses musiciens habituels et de quelques invités, le trompettiste innove, modernise sa musique et la rend passionnante. Brice Winston son saxophoniste depuis bientôt quinze ans, Fabian Almazan au piano, Joshua Crumbly à la contrebasse et Kendrick Scott, batteur puissant et énergique, seront avec lui le 13 pour mettre le New Morning sous tension et faire battre les cœurs.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Ouverture du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés le 15 avec Youn Sun Nah en l’église du même nom. Son répertoire éclectique et sa voix d’une tessiture exceptionnelle ont séduit un large public. Sur scène, elle irradie, ensorcelle et s’étonne d’être applaudie. On attend d’elle un vrai disque de jazz. Elle préfère chanter les mélodies qu’elle affectionne. Avec elle pour concélébrer la messe, Ulf Wakenius (guitare), Vincent Peirani (accordéon) et Simon Tailleu (contrebasse). Leur approche minimaliste de la musique convient bien à Youn. Un beau concert en perspective.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Le 15 toujours, Marjolaine Reymond monte à bord de l’Improviste, péniche toujours amarrée quai d’Austerlitz, pour chanter son dernier album “To Be an Aphrodite or Not To Be”, un oratorio en trois parties consacré à la poétesse Emily Dickinson (1830-1886). La musique très soignée que propose Marjolaine relève autant de la musique contemporaine que du jazz et mérite une écoute attentive. Pour l’interpréter, en faire ressortir les couleurs et les nuances, la chanteuse sera entourée de Julien Pontvianne (saxophone ténor) David Patrois (vibraphone et marimba), Xuan Lindenmeyer (contrebasse) et Stefano Lucchini (batterie).

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Légende du saxophone, Lew Tabackin, soixante-quatorze ans bientôt, reste surtout connu pour son association avec la pianiste Toshiko Akiyoshi, son épouse avec laquelle il codirigea un grand orchestre. Très demandé en studio, Lew poursuivit également une carrière sous son nom, tant au ténor qu’à la flûte, son second instrument. Prenant le risque de se produire en trio, il affrontera le public exigeant du Sunset le 16, avec comme partenaires Raphaël Dever à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Concerts évènements pour la batteuse Terri Lyne Carrington invitée à se produire au Duc des Lombards les 27 et 28 mai. Elle interprétera son dernier disque “Money Jungle / Provocative in Blue”, consacrée comme son nom l’indique à l’album que Duke Ellington enregistra en 1962 pour United Artists avec Charles Mingus et Max Roach. Avec elle, d’autres musiciens que ceux de son disque. Aaron Parks, un excellent pianiste, remplacera Gerald Clayton et Zach Brown se verra confier la contrebasse que jouait Christian McBride. Ajoutons un saxophoniste, Antonio Hart, pour faire bonne mesure, apporter une relecture décalée du répertoire ellingtonien.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Le 29, c’est au tour d’Alexandre Saada de s’installer devant le piano du Duc. Il a l'habitude de l'exercice et sait apprivoiser l'instrument. On peut compter sur lui pour donner vie à des paysages mélancoliques remplis de brume de petit matin, jouer des phrases tranquilles, privilégier les couleurs, le bleu du ciel, l’émotion. Je recommande son dernier disque, “Continuation to the End”, un opus en solo dans lequel Alexandre nous confie ses rêves, ses impressions intimes, au piano devient poète.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Deux concerts pour Catherine Russell. Le Festival Têtes de Série l’accueille à Roland Garros le 29 et elle retrouve le Sunside le 30. Deux occasions d'aller écouter cette chanteuse à la voix chaude et sensuelle. Son album “Strictly Romancin’” a obtenu en 2013 le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz ainsi que le Grand Prix du Hot Club de France. Depuis, elle en a enregistré un autre, “Bring it Back”, qui est tout aussi bon. La fille de Luis Russell qui fut l’un des pianistes de Louis Armstrong puise dans l’héritage de son père, reprend des joyaux de l’âge d’or du swing et des blues immortels. Avec elle, Mark Shane (piano) et Matt Munisteri (guitare) qui l’accompagnent dans ses disques et un nouveau bassiste, Tal Ronen pour cadrer le tempo d’une musique intimiste.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Le 30, au Duc des Lombards, Laurent de Wilde retrouve une rythmique américaine pour un concert acoustique que l’amateur de jazz que je suis affectionne. Car avec Ira Coleman à la contrebasse et Billy Drummond à la batterie, la musique du trio peut s’élever jusqu’à une splendeur insoupçonnable. Comme un magicien (on le dit un peu sorcier), Laurent parvient toujours à surprendre. Sous hypnose, nous visitons des paysages dans lesquels se déclinent toutes sortes de bleus. Monk s’y promène des musiques plein la tête. On y croise aussi Ellington et quelques autres. Laurent connaît bien leurs musiques. Son piano chante les rythmes et le blues, mais Laurent compose aussi des thèmes superbes, efficaces contre le stress. On en trouve plusieurs dans “Over the Clouds”, un disque de 2012 qu'il fait bon écouter.

En mai, les prés du jazz peuvent aussi sentir la pomme

-Billy Hart au Duc des lombards le 31. Avec lui depuis 2003, une poignée de musiciens fidèles jouent et peaufinent la musique d’un véritable groupe. Leur dernier album s’intitule “One is the Other”. Mark Turner en est le saxophoniste, Ethan Iverson le pianiste et Ben Street le bassiste. Si le batteur reste le principal pourvoyeur de thèmes, Iverson et Turner contribuent aussi au répertoire. Mais surtout les musiciens aiment prendre des risques, leurs compositions ouvertes offrant un vaste champ d’investigation à leurs recherches harmoniques et rythmiques.

New Morning : www.newmorning.com

L’Européen : www.leuropeen.info

La Cigale : www.lacigale.fr

Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

Jazz à Saint-Germain-des-Prés : www.festivalsaintgermainparis.com

L’Improviste : www.improviste.fr

Jazz sous les Pommiers : www.jazzsouslespommiers.com

 

CRÉDITS PHOTOS : Ravi Coltrane © Blue Note Records – René Urtreger © Philippe Marchin – Cécile McLorin Salvant © John Abbott – Terence Blanchard © Nitin Vadukul – Youn Sun Nah © Sung Yull Nah – Marjolaine Reymond © Bernard Minier – Lew Tabackin © Dirk Stockmans – Terri Lyne Carrington © Annette Brown – Alexandre Saada © Vincent Breton – Catherine Russell © Pierre de Chocqueuse – Laurent De Wilde © Sylvain Gripoix – Billy Hart Quartet © John Rogers.

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 11:45
Drôle de jazz

Avril, mois de ces poissons de papier que l’on accroche un certain jour sur le dos des passants. Il fait beau et chaud malgré un air pollué, un vrai temps de mai qui incite les parisiens à promener les parisiennes, à baguenauder dans des jardins qui retrouvent des couleurs printanières. Prises d’assaut, les terrasses des cafés se couvrent de demoiselles dévêtues qui cherchent le soleil, offrent leur peau à leurs rayons pour dorer. Les tee-shirts moulants soulignent des poitrines conquérantes qui faciliteront bientôt les rencontres estivales, favoriseront les épanchements nocturnes. IPhone toujours à portée de main, casque vissé sur la tête ou écouteurs dans les oreilles, elles semblent apprécier d’étranges musiques compressées dont quelques notes confiées au vent parvinrent jusqu’à moi également attablé. Intrigué, je demandai à ma voisine, une jolie blonde, ce qu’elle écoutait. «Le dernier disque d'Ibrahim Maalouf ». « Du Jazz » ajouta-t-elle, ignorant qu’elle énonçait une contre-vérité. Plébiscité dans les festivals qui dévoilent dès à présent leur programme de l’été, le trompettiste libanais est représentatif de la confusion des genres qui règne aujourd’hui. L’homme est plutôt sympathique et je ne porterai aucun jugement sur sa musique, me bornant à regretter que cette dernière puisse être assimilée à du jazz. Dans une récente interview accordée à Jazz Magazine / Jazzman, Maalouf confie bien volontiers, que le jazz n’est pas sa musique, qu’il ignore tout de son histoire. Il connaît le Miles Davis de “Kind of Blue”, mais les trompettistes qu’il écoute sont aussi Jon Hassell et Nils Petter Molvær, musiciens qui ouvrent certes d’autres horizons, mais jouent une toute autre musique que du jazz. Le jouer demande une culture que nombre de « jazzmen » ne possèdent pas. Le conservatoire apporte technique et savoir-faire, rend capable de composer, d’improviser, mais ne donne nullement les clés de cette musique née en Amérique, musique métissée qui possède une grammaire, un vocabulaire qui lui permet d’être toujours actuelle et vivante, sa capacité de renouvellement passant par une nécessaire connaissance de ses règles, de son glorieux passé.

 

Ibrahim Maalouf se trompe lorsqu’il déclare dans cette même interview que la validation du public donne sa valeur à une expression artistique. Ce n’est pas parce qu’une majorité de français regardent les programmes de TF1 que ces derniers valent quelque chose. Les best-sellers de l’édition (disques, livres) ont-ils forcément valeur artistique ? Vaste débat qui nous éloigne de notre sujet. Toujours est-il que, présentées comme du jazz, des musiques qui n’en sont pas envahissent les festivals l’été et font le bonheur des Dugenoux, musiques du monde abusivement estampillées jazz, musiques faciles et racoleuses qui témoignent d’un nivellement des oreilles par le bas, mais aussi musiques cérébro-spinales aux métriques aussi complexes que pesantes, aux mélodies inexistantes. Pourquoi faire simple quant on peut compliquer, complexifier à outrance ? Habile lecteur, le musicien ne quitte guère aujourd’hui sa partition des yeux sauf lorsqu’il improvise, met tout son savoir à se passer de mélodie, à s’interdire le découpage ternaire de la mesure à quatre temps, cette accentuation des temps faibles qui donne sa légèreté aux notes et les fait virevolter.

 

Rassurez-vous, l’amateur de jazz trouve toujours chaussure à son pied. Grâce aux clubs qu’il fréquente, il peut écouter du jazz toute l’année. Saluons donc l’apparition d’un nouveau lieu, la Nouvelle Seine, péniche amarrée quai de Montebello, théâtre flottant de 115 places au pied de Notre Dame. À son bord, deux fois par mois, le lundi soir, un concert en deux sets d’une heure (20h30 et 22h15) vous sera proposé. Gage de sérieux et de qualité, la programmation a été confiée à Jean-Jacques Pussiau, producteur toujours à l’écoute qui après quelques disques inoubliables pour le label Out Note, occupe ainsi de nouvelles fonctions. Daniel Humair en trio le 14, Jean-Louis Chautemps en quartette le 28, qu’attendons-nous pour faire sortir nos parisiennes ?

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT      

Drôle de jazz

-Après le New Morning en décembre, Mélanie De Biasio s’offre La Cigale le 10. Sa carrière fut lente à démarrer. Des concerts donnés au Sunside et au Sunset en 2008 à l’occasion de la sortie de “A Stomach is Burning”, son premier disque repéré par quelques amateurs de jazz (dont Frédéric Charbaut qui admire beaucoup la chanteuse) et quelques bonnes chroniques ne suffirent pas à la lancer. Publié l’an dernier, moins jazz mais très séduisant, “No Deal” parvint à toucher un public et une presse plus large. Encensée par Télérama et les Inrockuptibles, Mélanie De Biaso qui s’exprime aussi à la flûte sème désormais le trouble par une voix grave et sensuelle, des mélodies poignantes qui transcendent les genres. Pascal Paulus (claviers), Pascal Mohy (piano) et Dre Pallemaerts (batterie), les musiciens de son disque, seront probablement avec elle lors de ce grand rendez-vous parisien.

Drôle de jazz

-Toujours le 10, le Studio de l’Ermitage accueille en trio à 20h30 Jack Wilkins. Guitariste parfois associé à Stanley Turrentine et à Jimmy Heath, Wilkins a également accompagné des chanteurs (Ray Charles, Mel Tormé, Tony Bennett) et des chanteuses (Sarah Vaughan, Morgana King). Avec Yves Torchinsky à la contrebasse et Simon Goubert à la batterie, son concert parisien sera un hommage à son confrère Tal Farlow (1921-1998), grand styliste de la guitare jazz qui s’est souvent produit en France avec Philippe Petit.

Drôle de jazz

-Dernier jour pour Banlieues Bleues le 11 avec un double plateau à ne pas manquer, celui de Roy Nathanson et son groupe Sotto Voce, puis Cassandra Wilson et ses musiciens – Grégoire Maret (harmonica), Brandon Ross (guitares), Jon Cowherd (piano), Lonnie Plaxico (basse), John Davis (batterie) investissent la MC93 de Bobigny. Nathanson, je viens d’en parler. Ma chronique de “Complicated Day”, son nouveau disque, devrait vous donner envie de l’écouter. Quant à Cassandra Wilson, on ne la présente plus. La chanteuse semble avoir absorbé tous les genres. Elle n’oublie pas son Mississippi natal et la place qu’elle accorde au blues reste prépondérante. Sa voix grave de contralto ensorcelle. Elle chante Muddy Waters, Robert Johnson, reprend des standards de la pop et ose de bonnes compositions personnelles.

Drôle de jazz

-À la tête d’un septet, Baptiste Herbin retrouve le Duc des Lombards le 12 pour jouer Oliver Nelson. Saxophoniste et vrai jazzman, le garçon ne craint pas de se mesurer aux plus grands. On l’a entendu à Clermont-Ferrand animer de tardives et explosives jam-sessions. Dans “Brother Stoon” un disque de 2012 enregistré en quartette, son premier (on attend la suite), il privilégie l’héritage afro-américain, le canal historique et fait allégeance au bop, au blues et à la musique des îles. La nouvelle formation qu’il présentera au Duc aligne Michael Chéret et Fred Couderc aux saxophones, Julien Alour à la trompette, Vincent Bourgeyx (piano), Gilles Naturel (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie) assurant la section rythmique. Soirée brûlante en perspective !

Drôle de jazz

-Ambrose Akinmusire au Duc des Lombards pour 6 concerts, du 14 au 16 avril. Âgé de 30 ans, ce trompettiste exigeant et sincère fait ce mois-ci la couverture de Jazz Magazine / Jazzman, son nouveau disque Blue Note, “The Imagined Savior is Far Easier to Paint” (Choc) étant soutenu sans réserve par la rédaction du journal. Sortant des sentiers battus, cet opus ambitieux, 78 minutes d’une musique dense, imprévisible, aux arrangements aussi variés que soignés, nécessite plusieurs écoutes pour être pleinement apprécié. Réunir sur la scène du Duc tous les intervenants de l’album étant peu aisé, Akinmusire vient se produire avec Walter Smith III (saxophone ténor), Sam Harris (piano), Harish Raghavan (contrebasse) et Justin Brown (batterie), tous membres de son quintette habituel.

Drôle de jazz

-Sous le nom de Spring Quartet se dissimulent Joe Lovano (saxophone ténor), Leo Genovese (piano), Esperanza Spalding (contrebasse) et Jack DeJohnette (batterie). Le nom de Genovese nous est moins familier. Pianiste habituel de Spalding, il accompagne cette dernière sur les scènes du monde entier. Celle du théâtre du Châtelet accueillera la formation le 15 (20h00) avec au programme une douzaine de compositions originales qui, désormais parfaitement rôdées, feront bientôt l’objet d’un disque, le groupe achevant à Paris une importante tournée européenne.

Drôle de jazz

-Clovis Nicolas au Sunside le 15 et le 16. Il a longtemps disparu des clubs parisiens après avoir accompagné nombre de musiciens français parmi lesquels Baptiste Trotignon et les frères Belmondo. Normal, car installé à New York depuis 2002, il perfectionnait son instrument, la contrebasse, à la Juillard School et y étudiait la composition. À la tête de son New York Quintet, il retrouve la capitale. Riley Mulherkar (trompette) et Luca Stroll (saxophones) jouent dans “Nine Stories”, album enregistré sous son nom que publie Sunnyside, neuf histoires ancrées dans un réjouissant bop moderne. Clovis Nicolas en a écrite certaines, arrangeant aussi The Bridge (Sonny Rollins) None Shall Wander (Kenny Dorham) et deux standards. Samora Pinderhughes (piano) et Luca Santaniello (batterie) complètent sa formation.

Drôle de jazz

-Greg Osby (alto et soprano) au Sunset le 25 avec Vein, groupe comprenant Dave Liebman (soprano et ténor), Michael Arbenz (piano), Thomas Lähns (contrebasse) et Florian Arbenz (batterie). Auteur de plusieurs disques très réussis pour Blue Note, Osby s’est naguère distingué au sein du Special Edition de Jack DeJohnette, mais aussi auprès de Steve Coleman et de Marc Copland avec lequel il a enregistré plusieurs albums en duo. On découvrira avec curiosité cette nouvelle formation déjà plébiscitée : « Il y a de l'oxygène, du sang neuf et bouillonnant qui circule dans ce groupe dont le concept est de réunir diverses influences et de les frotter aux traditions. »

Drôle de jazz

-Ne manquez pas le trio réunissant Larry Goldings (orgue Hammond), Peter Bernstein (guitare) et Bill Stewart (batterie). Les trois hommes se produisent au Duc des Lombards le 28 et le 29. Ils se connaissent depuis 25 ans, savent s’écouter, se comprendre, l’interaction n’étant pas un vain mot dans leur approche souvent télépathique de la musique. Ils sortent un nouvel album en avril sur le label Pirouet. Son titre, “Ramshackle Serenade” devrait interpeler les lecteurs de Mark Twain qui ont encore de la mémoire.

-La Nouvelle Seine : www.lanouvelleseine.com

-La Cigale : www.lacigale.fr

-Studio de L’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Festival Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

 

Crédits Photos : Mélanie De Biasio © Frank Loriou – Jack Wilkins © Melody Reed – Baptiste Herbin © Pierre de Chocqueuse – Ambrose Akinmusire © Blue Note Records – Spring Quartet © Jim Brock – Clovis Nicolas © Sunnyside Records – Greg Osby © Clay Patrick McBride – Peter Bernstein, Bill Stewart & Larry Goldings © Konstantin Kern – Clowns musiciens & Cassandra Wilson © photos X/D.R.

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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 10:00
Douches froides et printemps précoce

Mars : Après nous avoir apporté inondations et consternation, l’anticyclone des Açores de nouveau à sa place annonce une accalmie. Un franc soleil fait à nouveau sourire les parisiennes, sortir les parisiens. Les jours s’allongent. L’astre solaire entre dans le Bélier le 21 et ouvre les portes d'un printemps qui semble bien précoce. Prudent, le citadin hésite pourtant à changer ses habitudes. Privé d’ondées, le parapluie ne déverse plus son eau, mais reste à portée de main dans la crainte d’un temps capricieux. Pas un seul flocon de neige n'a touché le sol de la capitale, mais le manteau de laine, lourd et épais, est toujours de saison. Bonnet, béret, casquette et chapeau chinois également. Car malgré un hiver particulièrement doux, la pluviométrie s’est révélée bien supérieure à la normale. Méfiance, des douches froides peuvent encore nous tomber sur la tête. La Seine-Saint-Denis en réserve quelques-unes. Banlieues Bleues qui fête sa 31e édition mélange les genres, invite à découvrir d’autres musiques et pratique allègrement l’électrochoc. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les oreilles. Si les miennes, délicates et gourmandes, se réjouissent de la présence de certains visiteurs, Randy Weston et Billy Harper le 14 mars, Roy Nathanson’s Sotto Voce et Cassandra Wilson à Bobigny le 11 avril, elles craignent aussi l’agression sonore qui mène tout droit à l’hôpital. Toujours souffrant, Monsieur Michu en sait quelque chose. L’amateur de jazz consultera attentivement le programme. En mars, on le verra aussi au cinéma. Le 19, sort sur les écrans un biopic sur Monica Zetterlund. La plus célèbre chanteuse de jazz suédoise resterait probablement ignorée hors des frontières de son pays sans un disque enregistré en 1964 avec Bill Evans. Réalisé par Per Fly et bénéficiant d’une réalisation très soignée, “Valse pour Monica” couvre ses plus belles années. Chanteuse, mais aussi actrice, elle fut la première à chanter du jazz en suédois. Pour l’interpréter Edda Magnason, une autre chanteuse, crève l’écran. “Valse pour Monica” est son premier film. Elle s’incarne dans son personnage, lui ressemble physiquement. Une bande-son époustouflante achève de convaincre. Après la séance, faites un tour rue Lepic. Au numéro 11, le jazz club et restaurant Autour de midi et minuit abrite jusqu’à la fin mai une vingtaine de photos en noir et blanc de Philippe Baudoin alias Philippe de Montmartre. L’exposition s’intitule « Le swing pour objectif ». Par les temps qui courent, garder le cap sur le jazz qui ressemble à du jazz, une folie, mérite d’être salué.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Douches froides et printemps précoce

-Ils ont fait un tabac au Sunset, en février 2013. Ils occuperont au Sunside le 7 mars pour jouer le répertoire de leur prochain album consacré à Duke Ellington. Sylvia Howard est toujours accompagnée par ses boys du Black Label Swingtet, formation qui réunit Georges Dersy (trompette), Jean Sylvain Bourgenot (trombone), Christian Bonnet et Antoine Chaudron (saxophones), Jacques Carquillat (piano), Jean de Parseval (basse électrique) et André Crudo (batterie), des sexagénaires au pedigree impressionnant qui pactisent depuis longtemps avec le swing, denrée rare chez les jeunes jazzmen. Responsable des arrangements, convainquant au ténor, l’infatigable Christian Bonnet offre à sa chanteuse une formation festive que nous aurions tort de bouder.

Douches froides et printemps précoce

-Grand technicien du piano, Benny Green est programmé le 7 et le 8 au Duc des Lombards. Il accompagna quatre ans Betty Carter avant de rejoindre les Jazz Messengers d’Art Blakey où il se révéla en tant que soliste. Hard bopper accompli, affectionnant les longs block chords, les lignes mélodiques aux notes abondantes, il se plaît à maitriser un jeu virtuose ancré dans le swing et la tradition churchy. David Wong (contrebasse) et Kenny Washington (batterie) seront ses partenaires pour ses concerts parisiens.

Douches froides et printemps précoce

-Ne manquez pas Alexandre Saada au Sunside le 8 (concert à 19h00). Outre quelques extraits de “Continuation to the End”, disque récemment commenté dans ces colonnes, le pianiste développera de nouvelles improvisations, inventera d’autres mélodies, son imagination fertile privilégiant le discours poétique, l’expression juste. Il possède un jeu fluide et élégant et, avec peu de notes, dessine et colore des paysages dans lesquels il fait bon entrer.

Douches froides et printemps précoce

-Sara Lazarus fait peu de disques et passe davantage de temps avec ses élèves que dans des salles de concerts. On l’écoutera le même soir (le 8), dans le même club à 21h00. Peu encline à accomplir d’inutiles prouesses vocales, elle met son chant au service des mélodies, les sert avec bonheur et inspire le respect. Avec elle, un trio d’exception : Vincent Bourgeyx (piano), Gilles Naturel (contrebasse) et Philippe Soirat. Difficile de faire mieux pour l’accompagner.

Douches froides et printemps précoce

-Batteur de Roy Hargrove, Willie Jones III est attendu au Duc des Lombards le 11 et le 12 (20h00 et 22h00). Il était au Sunside en mai dernier pour rendre hommage à Max Roach et Clifford Brown. Au Duc, il se produira à la tête d’un groupe dont les membres nous sont familiers. Musiciens inventifs, Eddie Henderson (trompette), Justin Robinson (saxophone), Danny Grissett (piano) et Daryl Hall (contrebasse) peuvent créer la surprise.

Douches froides et printemps précoce

-Annick Tangora au New Morning le 13 pour fêter la sortie de “Springtime” son 4ème album (Frémeaux & Associés). Chanteuse à la voix solaire, Annick chante en plusieurs langues une musique métissée qui sent bon l’enivrant parfum des îles, une musique d’outre-mer associée à la danse et aux rythmes latins. Elle change aisément d’octave, invente ses propres onomatopées rythmiques, apporte des couleurs afro-cubaines aux morceaux qu’elle reprend, les siens et ceux des autres. Mario Canonge (piano) et Tony Rabeson (batterie) se sentent bien avec elle et portent le groove au cœur de la musique. Thomas Bramerie complète avec bonheur le groupe à la contrebasse et Alain Jean-Marie est invité à se mettre au piano.

Douches froides et printemps précoce

-Un concert gratuit le 14 à partir de 20h30 avec Lenny Popkin en trio avec Gilles Naturel à la contrebasse et Carol Tristano à la batterie ne se refuse pas. L’endroit : l’Harmonie Café, 35 boulevard Magenta 75010 Paris. Les amateurs de Lennie Tristano connaissent bien ce saxophoniste qui fut son élève. Influencé par deux autres disciples du pianiste, Lee Konitz et Warne Marsh, il échangea son alto pour un ténor, et joue le plus souvent dans l’aigu de l’instrument, sa sonorité diaphane s’accordant avec un jeu fluide et imaginatif.

Douches froides et printemps précoce

-Randy Weston (piano) et Billy Harper (saxophone ténor) en duo à l'Espace 1789 de Saint-Ouen le 14, concert organisé dans le cadre du festival Banlieues Bleues. Les deux hommes se connaissent depuis une rencontre à Tanger en 1972. Harper joue dans “Tanjah”, un disque de Weston de 1973. Ils ont enregistré l’an dernier un nouvel opus pour Universal. “The Roots of the Blues” témoigne de leurs affinités. Tous deux cherchent l’épure, refusent le trop plein de notes pour mieux faire chanter leurs instruments, rendre leur conversation plus spirituelle que charnelle.

Douches froides et printemps précoce

-Danilo Pérez au New Morning le 18. Avec Ben Street (contrebasse) et Adam Cruz (batterie), Roni Eytan les rejoignant parfois à l’harmonica, le pianiste panaméen interprétera “Panama 500 ambitieux nouvel album qui rend hommage au conquistador Vasco Núñez de Balboa, premier européen a avoir découvert l’Océan Pacifique. Jouant une musique très ouverte, Pérez aime masquer les mélodies qu’il introduit en solo, s’éloigne souvent des thèmes pour suivre ou compléter les lignes mélodiques de son bassiste, une voie médiane entre latinité et jazz s’offrant à sa musique. Sa section rythmique en révèle les influences latines, rythmes de rumba ou de tamborito s’intégrant à une polyrythmie très riche.

Douches froides et printemps précoce

-Envie de découvrir de jeunes musiciens prometteurs ? Au Sunside le 25 mars, Flash Pig vous en offre l’occasion. La formation porte un drôle de nom, propose un jazz moderne, ouvert et séduisant. Elle comprend Maxime et Adrien Sanchez, des jumeaux. Le premier tient le piano et compose la plupart des thèmes ; le second joue du saxophone alto. Florent Nisse à la contrebasse et Gautier Garrigue à la batterie complètent le quartette à qui l'on doit un premier album très réussi.

Douches froides et printemps précoce

-Le 25, le Studio de l’Ermitage accueille le Yves Torchinsky’s European Jazz Family. Compagnons de longue date du contrebassiste, Claus Stötter (trompette), Simon Spang-Hanssen (saxophone ténor, flûte), Pierre-Olivier Govin (saxophones alto et soprano), Samuel Blaser (trombone), Philippe Michel (piano et arrangements) et François Laizeau (batterie) en sont membres. Musiciens européens de talent, ils partagent avec lui de nombreuses affinités musicales et préparent un album dans lequel ils souhaitent actualiser et prolonger certaines œuvres de l’histoire du jazz. Son titre : “Freedom Jazz Dance”.

Douches froides et printemps précoce

-Le 27 au Sunside, Jean-Michel Pilc (piano), Thomas Bramerie (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie) fêtent la sortie de “Twenty(Bonsaï Records), un disque qui scelle leur vingt ans d’amitié. Outre des compositions collectives, le trio dépoussière des standards parfois inattendus et interprète des originaux du pianiste, ce dernier, tout feu tout flamme, se révélant être un fin mélodiste. S’appuyant sur des thèmes forts et lyriques, les trois hommes les transforment, les bousculent avec tendresse et passion. Du grand art !

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Harmonie Café : www.harmoniecafe.fr

-Festival Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

Crédits Photos : Edda Magnason © Chrysalis Films – Benny Green © Elde Stewart – Alexandre Saada, Yves Torchinsky © Pierre de Chocqueuse – Annick Tangora © Loïc Bon – Lenny Popkin © Fred Thomas – Randy Weston & Billy Harper © Jules Allen – Danilo Pérez © Raj Naik & Luke Severn – Flash Pig © Pauline Pénicaud – Sara Lazarus, Willie Jones III Band, Jean-Michel Pilc © Photo X/D.R.

Illustration : Sylvia Howard & The Black Label Swingtet © Cabu.

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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 13:11
Colis piégé

Je sais, amis lecteurs, ce blog est un peu trop souvent en sommeil, mais entre l’Académie du Jazz dont la prochaine remise des prix sera cette année l’occasion d’un compte-rendu plus succinct que d’habitude, et Monsieur Michu dont la santé me préoccupe, je ne sais plus trop où donner de la tête. Tout juste remis d’une mauvaise grippe qui l’a cloué au lit pendant les fêtes, Monsieur Michu vient de faire un malaise cardiaque. Renseignements pris auprès de Madame, un disque qu’un anonyme malintentionné lui a fait parvenir en est la cause. Jean-Paul suspecte Bernard, Jean-Jacques Dugenoux ou Étienne Marcel. Par curiosité, j’ai écouté l’objet en question, non sans tremblements, fièvres et grincements de dents. Produit par le Collectif Cloaque, “Acapolca” est un catalogue de sons bruts produits par une guitare électrique et ses pédales multi-effets. Le communiqué de presse qui accompagne le CD encense une « musique inventée / découverte, comme un mécanisme secret qui cache les lois d’un monde encore inconnu, une terra incognita qui surgit d’un coin de ciel en coruscation. » Consulté, le Quillet - Flammarion m’apprend que ce nom signifie « vif éclat de lumière ». Musicien lui-même, l’auteur du texte poursuit son panégyrique, clame son admiration devant cette « sculpture sonore en jaillissement », ajoutant que « la musique semble se jouer elle-même, à l’instar d’une physique quantique abandonnée par ses observateurs. » Ce charabia me fait penser à ces « installations » sans queue ni tête qui envahissent les musées d’art moderne, réunions d’objets hétéroclites qui nécessitent des explications écrites pour être comprises. Renfermant trois courtes pièces, soit dix-huit minutes de bruits divers, “Acapolca” est à rapprocher de “Serendipity”, un disque en solo d’Olivier Benoit enregistré en 2011, une heure de turbulences, de torture auditive. On peut comprendre l'inquiétude de ceux qui aiment le jazz qui ressemble à du jazz, ce dernier ayant été nommé directeur artistique de l’ONJ (Orchestre National de Jazz), appellation au sein de laquelle le mot jazz risque de paraître pour le moins abusif. Le festival Sons d’hiver (23 janvier - 16 février) abritera son premier concert. Le free y reste majoritaire, mais la programmation peut réserver quelques (bonnes) surprises avec Bernard Lubat & Martial Solal en duo le 23, le pianiste Anthony Davis en solo le 24, le Tarkovsky Quartet le 28 et Geri Allen, elle aussi en solo à Choisy-Le-Roi, le 2 février. La pianiste y célèbrera Detroit sa ville natale et sa musique. J’y serai. Il est si rare que la banlieue soit bleue.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Colis piégé

-Eddie Daniels au Sunside le 13. Le pianiste Roger Kellaway avec lequel il a gravé trois albums ne pouvant l’accompagner à Paris, Alain Jean-Marie et Gilles Naturel (contrebasse) seront ses partenaires d’un soir. Daniels est aujourd’hui l’un des meilleurs clarinettistes de la planète jazz. Son immense technique lui assure un jeu fluide, une sonorité boisée et chantante qu’il met au service du swing et de la tradition. Il lui arrive d’en faire trop, mais le piano tranquille de Jean-Marie saura tempérer son jeu virtuose. Enregistré live à Santa Fe, “Duke at the Roadhouse”, le plus récent de ses trois opus avec Kellaway, est un important jalon de sa discographie.

Colis piégé

-Dan Tepfer (piano) et Ben Wendel (saxophones) ont publié un bien joli disque l’an dernier. “Small Constructions” (Sunnyside) renferme une musique savante et fluide. Musiciens accomplis, les deux hommes aiment jouer et inventer ensemble, échangent et font circuler leurs idées. S’ils maîtrisent parfaitement leurs instruments, leur technique s’efface derrière un discours musical qui surprend par ses audaces. Ils reviennent au Sunside le 17 avec des compositions originales et des standards (de Thelonious Monk et de Lennie Tristano) dont ils affectionnent les musiques.

Colis piégé

-René Urtreger les 22, 23 et 24 (20h00 et 22h00) au Duc des Lombards avec Yves Torchinsky à la contrebasse et l’incontournable et fidèle Eric Dervieu à la batterie. Il est l’invité d’honneur, le « parrain » du French Quarter Festival qui en est à sa 4ème édition. René se raconte dans une interview fleuve que publie ce mois-ci Jazz Magazine / Jazzman. Il se livre, parle avec franchise de sa vie, de ses joies, de ses goûts. Un entretien de plus de six heures qui occupe de nombreuses pages du journal. René, bientôt 80 ans, joue un piano toujours ancré dans la tradition du jazz, un piano qui enchante et se souvient, mémoire sans rides malgré le temps qui passe. S’il n’oublie pas le swing (et comment le pourrait-il avec le trio qui l’accompagne), il confie mieux jouer les ballades qu’il affectionne, bouquets de notes tendres et lyriques liés par des mélodies solides, des improvisations fertiles et lumineuses.

Colis piégé

-Guillaume de Chassy introduit dans ses improvisations des éléments mélodiques avec lesquels il vit depuis toujours. Beethoven, Mozart parlent à son cœur, mais aussi les compositeurs romantiques et ceux de la première moitié du XXème siècle, notamment Federico Mompou qu'il interprète, reprenant des extraits de “Música Callada”, son œuvre la plus célèbre.

-Musicien sensible, Alexandre Saada séduit par ses harmonies, les couleurs de son piano, l’élégance de ses longues phrases tranquilles qui traduisent un univers aussi poétique que musical. Ils seront tous les deux au Café de la Danse le 23 pour nous jouer des extraits de leurs nouveaux albums.

Colis piégé

-Le même soir, avec Gildas Boclé à la contrebasse et Simon Bernier à la batterie, Edouard Bineau retrouve le Sunside. On ne change pas un trio qui fonctionne, joue avec bonheur un jazz interactif qui fait des étincelles. Les trois hommes en ont produit lors du concert qu’ils donnèrent en septembre dans cette même salle. Le pianiste compose des thèmes lyriques jamais très loin du blues qui nourrit sa musique. Même musclée par la présence d’un saxophone, elle conserve un aspect chantant, une douceur angevine. Gildas Boclé impressionne toujours à l’archet, et malgré son jeune âge, le batteur rythme avec finesse et à propos, encadre un discours musical qui n’oublie jamais d’être élégant.

Colis piégé

-Le 24, Laurent de Wilde retrouve lui aussi le Sunside. Il s’y produit souvent, joue depuis longtemps avec le même trio, Jérôme Regard à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie. C’est dire que leur répertoire est parfaitement rôdé. Des morceaux d’“Over The Cloud”, un disque de 2012 (déjà !) enregistré avec la rythmique américaine du pianiste. Des compositions ouvertes, certaines funky, d’autres chaloupées par des métriques africaines, d’autres encore marquées par l’afro-beat, le rythme occupant une place non négligeable de sa musique. Laurent excelle aussi dans les ballades, dans le blues, et fait chanter un piano qui ruissèle de couleurs harmoniques. Les standards, riche corpus de thèmes qu’il se plait à revisiter, dansent sous ses doigts et restent pour lui une source inépuisable de création.

Colis piégé

-Le 28, dans le cadre du festival Sons d’hiver, l’Espace Jean Vilar d’Arcueil accueille le Tarkovsky Quartet, formation dont les albums ECM célèbrent Andreï Tarkovski (1932-1986). Sur scène, son fils également prénommé Andreï, projette des photos d’archives, des extraits des films de son père qu’il peut ralentir ou sur lesquels il peut greffer d’autres séquences visuelles. François Couturier (piano), Anja Lechner (violoncelle), Jean-Marc Larché (saxophone soprano) et Jean-Louis Martinier (accordéon) improvisent sur ces images, leur apportent une bande-son narrative, méditation libre sur l’œuvre du cinéaste, musique acoustique qui privilégie la ligne mélodique, mais ne refuse pas l’atonalité, la modalité et s’ouvre ainsi au merveilleux.

Colis piégé

-Le 31, c’est à Boulogne Billancourt qu’il faut se rendre. Avec ses musiciens américains – le trio du pianiste Aaron Diehl avec Paul Sikivie à la contrebasse et Rodney Green à la batterie – Cécile McLorin Salvant se produira au Carré Belle Feuille (60, rue de la Belle Feuille). Concert à 20h30 pour cette jeune et exceptionnelle chanteuse, révélation de l‘année 2013. Dans “WomanChild” son dernier disque, elle subjugue par sa voix, par l’émotion qui se dégage de ses interprétations. Cécile reprend des mélodies qui lui sont chères, de vieux thèmes souvent proches du blues. Elle apprécie et chante de nombreuses chansons des années 20 et 30, mais peut tout aussi bien s’exprimer au sein d’un répertoire plus moderne, son pianiste étant aussi à l’aise dans le jazz traditionnel que dans le bop.

Colis piégé

-Sons d’hiver encore et son festival, avec un concert en solo de Geri Allen donné au théâtre Paul Eluard de Choisy-Le-Roi le 2 février. La pianiste consacre son dernier disque à Detroit sa ville natale, « Motor City » qui a vu naître le label Motown, pépinière d’artistes afro-américains. Smokey Robinson (Tears of a Clown) les Supremes (Stoned Love), Marvin Gaye (Inner City Blues, Save the Children), Stevie Wonder (That Girl), mais aussi Nancy Joe composé par Gerald Wilson, lui-aussi natif de Detroit, sont réinventés par un piano qui possède une âme. La pianiste trempe ses doigts agiles et sensibles dans le blues, le gospel et bien sûr le jazz, confie à son piano les hits d’une soul music sensible et qui parle au cœur.

Colis piégé

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com  

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

-Carré Belle Feuille : www.boulognebillancourt.fr

-Festival Sons d’Hiver : www.sonsd’hiver.org

 

Crédit Photos : René Urtreger Trio © J.F. Andreu - Edouard Bineau © Steffen Pohle – Laurent de Wilde © Sylvain Gripoix – Tarkovsky Quartet © Roberto Masotti / ECM – Geri Allen © Scott Soderberg – Eddie Daniels, Dan Tepfer & Ben Wendel, Alexandre Saada & Guillaume de Chassy, Cécile McLorin Salvant © photos X/D.R.

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 11:27
Hotte à sec

Cher Père Noël,

Ta photo m’inquiète. A te voir si maigre et décharné je me demande encore si tu pourras honorer les nombreuses commandes qui te parviennent en ce temps de l’avent. Ta lettre m’apprend que tu n’es pas épargné par les impôts qui pleuvent et nous assèchent. Quelle idée d’avoir installé le siège social de ta société en France, pays dans lequel on plante des fonctionnaires pour y récolter des taxes. En ces temps difficiles, on se serre les coudes, on réfrène ses envies. Les lumières de la ville ne m’attirent guère dans des magasins que l’on s’obstine à maintenir fermés le dimanche. Après la pluie et les brouillards, le froid nous est tombé dessus. Ceux qui ne peuvent plus se payer de gants après le passage du percepteur se frappent les mains avec violence pour faire circuler le sang. Même vêtus d’épais lainages, d’autres hésitent à sortir. Difficile de lâcher sa cheminée dans laquelle ronronne un bon feu pour gagner les clubs de jazz que les programmes n’invitent pas toujours à rejoindre. En décembre, si Madame Michu, jalouse, me l’autorise, j’irai écouter Susanna Bartilla et Rebecca Martin. Pierre de Chocqueuse annonce leurs concerts et quelques autres dans son blog. Je ne suis pas toujours d’accord avec lui, mais ses 13 Chocs de 2013 interpellent davantage que le dernier Ibrahim Maalouf ou que les disques inaudibles du Collectif Cloaque. D’après Jean-Paul qui passe régulièrement me faire écouter des nouveautés, Chocqueuse compte mettre ses chocs en ligne autours du 20 décembre. J’ai réussi cher Père Noël à en avoir la liste. Certains me tentent. Si ton portefeuille n’est pas trop vide, je les accepte avec joie. Jean-Paul m’apprend que l’Orchestre National de Jazz a un nouveau chef. La nomination à sa tête d’Olivier Benoit dont je n’entends rien à la musique, m’inquiète un peu. D’autres, tels Jean-Jacques Dugenoux et Bernard (qui a postulé pour le poste, mais dont les élucubrations sonores ont été trouvées trop sages), en sont profondément heureux. Curieuse idée que d’avoir choisi ce garçon qui fait déjà polémique. Je regrette déjà Daniel Yvinec. Grâce à lui, l’orchestre a enregistré de bons albums. D’autres préfèrent l’aventure, les improvisations audacieusement dévertébrées, les machines qui font ping, la musique à très grande vitesse (4G, bientôt 5 pour emballer le temps) qui évite tout regard en arrière. Question de goût, de culture aussi. Merci Père Noël pour cette belle photo de Nat “King” Cole qui réchauffe le cœur et le corps.

Monsieur Michu

Hotte à sec

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Hotte à sec

-Le 5 au Café de la Danse, Thomas Enhco fêtera ses 25 ans et ses dix ans de carrière. Au programme : des pièces en solo, un duo avec Vassilena Serafimova (marimba) au sein duquel le divin Mozart rencontrera Astor Piazzolla, des extraits de “Fireflies” en trio avec Jérémy Bruyère (contrebasse) et Nicolas Charlier (batterie), mais aussi des morceaux de son prochain disque et des invités surprise. Je n’aime pas trop ses compositions (que ne joue-t-il davantage de standards !), mais le pianiste pose des harmonies et des couleurs qui m’enchantent.

Hotte à sec

-Tim Hagans au Sunside le 7, rare occasion d’écouter live un trompettiste aux attaques franches et sûres et à la sonorité mordante qui fait trop peu parler de lui. Influencé par Freddie Hubbard et Thad Jones, il fit ses armes chez Stan Kenton et Woody Herman avant de se faire un nom à New York auprès de Joe Lovano, Fred Hersch, Maria Schneider et d’enregistrer ses propres disques pour Blue Note, Pirouet et plus récemment Palmetto (“The Moon is Waiting” en 2011). Emil Spanyi (piano), Jean Bardy (contrebasse) et Andréa Michelutti (batterie) assureront sa rythmique.

Hotte à sec

-Le 12, Susanna Bartilla chantera Noël au Sunset. Si les français boudent le genre, les anglo-saxons sont très friands de Christmas Songs. Le disque que leur a consacré Diana Krall en 2005 est même un de ses meilleurs. Les Allemands n’oublient pas non plus leurs traditions. Susanna reste attachée aux hivers enneigés de son enfance berlinoise, à la douce chaleur d’un feu de cheminée, aux cadeaux enrubannés au pied du sapin. Accompagnée par Alain Jean-Marie au piano, Sean Gourley à la guitare et Claude Mouton à la contrebasse, elle imbibera de swing les plus beaux standards de Noël, Let It Snow, Winter Wonderland, Baby, It’s Cold Outside, White Christmas, des mélodies inusables qui font toujours rêver.

Hotte à sec

-Le même soir au New Morning, André Ceccarelli (batterie), David Linx (chant), Diego Imbert (contrebasse) et Pierre-Alain Goualch (piano) célébreront Claude Nougaro. Après “Le Coq et la pendule” en 2009, les quatre hommes viennent de sortir “À NousGaro”, hommage collectif au poète qui trempait ses mots dans le jazz. Le disque renferme des inédits de Claude (disparu en 2004), des incontournables du chanteur (Le Cinéma, Armstrong, Bidonville) et trois adaptations en anglais de textes français dont Sermon Me sur lequel Claude Nougaro et Baden Powell travaillèrent.

Hotte à sec

-Le 12 encore, le Duke Orchestra (magnifique ensemble de 15 musiciens que dirige Laurent Mignard) retrouve l’Entrepôt (7/9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris) pour une soirée consacrée à quelques-unes des grandes œuvres concertantes de l'immense Duke Ellington.

Au programme : The Far East Suite, The Harlem Suite, The Tattoed Bride, mais aussi de nombreuses raretés. Prévenu, Monsieur Michu compte y inviter ses amis. Ne tardez pas à réserver (01 45 40 60 70) si vous souhaitez y assister. On se bouscule pour écouter ce grand orchestre, le meilleur et le plus fidèle défenseur de l’œuvre ellingtonnienne

Hotte à sec

-Le samedi 14, l’association Esprit Jazz et la BNP Paribas organisent un grand bal swing à la mairie du 5ème (21, place du Panthéon) de 20h00 à 22h45 (ouverture des portes à 19h30), au profit du 2ème Téléthon du Jazz. Pour faire danser les donateurs (la recette sera entièrement reversée à l’AFM-Téléthon), l’Esprit Jazz Big Band confié au saxophoniste Jean-Pierre Solvès.

Avec lui, des musiciens dont les noms nous sont familiers. Citons ceux de Joël Chausse (trompette) Denis Leloup (trombone), Alain Hatot (saxophones et flûtes), Stéphane Chausse (saxophone et clarinette), Claude Terranova (piano), Marc-Michel Le Bévillon (contrebasse), Julie Saury (batterie) et Gilda Solve (chant).

Hotte à sec

-La chanteuse Rebecca Martin en duo avec le bassiste Larry Grenadier (son mari) au Duc des Lombards le 15 pour le jazz folk intimiste et onirique de ses disques. Associée à ses débuts au chanteur compositeur Jesse Harris (Norah Jones, Melody Gardot, Madeleine Peyroux), elle fonda avec lui le duo Once Blue avant de rencontrer Paul Motian qui lui confia les parties vocales de “On Broadway Volume 4 or the Paradox of Continuity” (2006). Après avoir publié sous son nom sur le label Sunnyside “The Growing Season” (2008) et “When I Was Long Ago” (2010 avec Grenadier et le saxophoniste Bill McHenry), “Twain” récemment édité confirme le talent de songwriter de la chanteuse qui s’accompagne à la guitare et reprend Sophisticated Lady. Le disque a été en grande partie réalisé dans la chambre à coucher de l’appartement du pianiste Pete Rende qui l’a produit, enregistré et mixé. Une batterie a été ajoutée sur certains titres, l’instrumentation des chansons (guitare et contrebasse essentiellement) conservant un aspect minimaliste qui convient à la musique.

Hotte à sec

-Le 16, TSF Jazz organise à l’Olympia son concert annuel, You and the Night and the Music, et réunit les douze formations (une pour chaque mois de l’année qui s’achève) qui se sont particulièrement distinguées en 2013. Mes propres goûts sont loin de correspondre à ceux des programmateurs / animateurs de cette radio 100% jazz (ou presque). Mes douze Chocs de l’année que je compte mettre en ligne courant décembre privilégient d’autres musiciens et d’autres albums. On peut toutefois se laisser tenter par Gregory Porter, Henri Texier et son Hope Quartet (invité d’honneur de cette soirée) ou par l’Amazing Keystone Big Band, l’un des deux orchestres de cérémonie, coupable cette année d’une habile version jazzifiée de “Pierre et le Loup”.

Hotte à sec

-Le 16, mais aussi le 17, le batteur Ferenc Nemeth est attendu au Sunside avec un quartette comprenant Chris Cheek (saxophones), Kenny Werner (piano) et Lionel Loueke (guitare), musiciens que le batteur et compositeur originaire de Hongrie connaît bien. Werner et Loueke jouent dans “Triumph”, son disque le plus récent auquel participe le saxophoniste Joshua Redman. Installé aux Etats-Unis, Nemeth a été longtemps sideman avant de créer le trio Gilfema avec Loueke et Massimo Biolcati à la contrebasse. Son apparition sur une scène parisienne constitue un événement.

Hotte à sec

-Le 19 décembre, Mélanie De Biasio investit le New Morning. Une consécration pour cette jeune chanteuse découverte en 2008 avec “A Stomach is Burning”, un premier disque qui fait plonger dans le rêve, dans de fascinantes ambiances nocturnes. Un passage au Sunset la même année, un autre au Sunside, puis plus rien jusqu’à l’an dernier, Mélanie se rappelant à nous par un concert au centre Wallonie-Bruxelles. Mélanie était à Paris en novembre dans le cadre du Festival Jazzycolors organisé par les centres culturels étrangers de Paris. Elle revient au New Morning avec Pascal Paulus (claviers), Pascal Mohy (piano) et Dre Pallemaerts (batterie) qui l’accompagnent dans “No Deal”, un nouvel album très court (33 minutes de musique), moins jazz, mais qui conserve intact le pouvoir d’envoûtement du précédent. Une voix expressive et grave y propose une musique onirique, des chansons fortes et profondément troublantes.

Hotte à sec

-Philip Catherine (guitare), Enrico Pieranunzi (piano) et Riccardo Del Fra (contrebasse) ont tous trois accompagné Chet Baker (en concert et sur disque) lorsque ce dernier, inlassablement, parcourait l’Europe, visitait les clubs de jazz des capitales européennes pour jouer sa musique, faire entendre la sonorité fragile et tendre de sa trompette. Au Sunside les 27, 28 et 29 décembre, nos trois jazzmen s’associent, se retrouvent (c’est le cas de Pieranunzi et de Del Fra qui n’ont pas joué ensemble depuis longtemps) pour célébrer Chet disparu en 1988, rendre hommage à un musicien aussi attachant qu’inoubliable.

-Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com  

-New Morning : www.newmorning.com

-L’Entrepôt : www.lentrepot.fr

-Grand Bal Swing au profit du Téléthon : www.espritjazz.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Olympia : www.olympiahall.com

 

CRÉDIT PHOTOS : Susanna Bartilla © Matthieu Dortomb – Laurent Mignard © Pierre de Chocqueuse – Larry Grenadier & Rebecca Martin © Pat Kepic – Mélanie De Biasio © Olivier Donnet – Tim Hagans, Diego Imbert / Pierre-Alain Goualch / André Ceccarelli / David Linx / Ferenc Nemeth, Enrico Pieranunzi & Philip Catherine © Photos X/D.R.  

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 08:46
Un blog qui déménage

Vous n’avez pas eu besoin de moi pour assister au concert d’Eliane Elias au Théâtre du Châtelet (le 4 octobre) ou à celui que donna le même soir Nicholas Payton au Duc des Lombards. Le dimanche 6, Joshua Redman s'est produit en quartette Salle Pleyel. Un grand moment ! Je vous en parlerai dès que cela me sera possible. Car votre blogueur de Choc déménage, passe ses journées à emballer ses disques et ses livres, ce qui explique la mise en ligne tardive de cet édito écrit à la va-vite entre des cartons qui s’empilent. Les copains m’ont heureusement aidé. Rentré de Brides-les-Bains, le village pour maigrir, avec des kilos de trop, Monsieur Michu a été mis à contribution pour porter les lourdes caisses, son ventre proéminent faisant office de troisième main. Papy Francis est chargé de les transporter dans son Oldsmobile et Phip de les réceptionner. Qu’ils soient ici remerciés.

Un blog qui déménage

Un déménagement c’est aussi de nombreux organismes officiels à prévenir, une foule de choses à prévoir. Un surcroit de travail qui va me contraindre à limiter mes chroniques et mes comptes rendus de concerts en octobre. Je vous ai communiqué le mois dernier les nouveautés de la rentrée qui méritent vos deux oreilles. On peut ajouter “Brooklyn Babylon” (New Amsterdam Records / Import USA) second disque du Darcy James Argue’s Secret Society, vaste fresque sonore d’un big band new-yorkais que Vladimir de la FNAC Montparnasse aujourd’hui à la retraite me fit découvrir, ainsi que “Les Passagers du Delta”, enregistrements live et studio des années 80 du pianiste Denis Levaillant en trio avec Barre Phillips et Barry Altshul (DLM Éditions). Auteur d’une passionnante “Histoire de la batterie de jazz” en trois volumes, Georges Paczynski publie chez Arts & Spectacles “Le Carnet inachevé” , pages musicales intimistes aux images mélodiques attachantes confiées à un trio au sein duquel brille le beau piano de Vincent Bourgeyx et la contrebasse de Marc Buronfosse. Anne Ducros sort un nouveau disque “Either Way from Marilyn to Ella” (Naïve) plein de standards chantés avec talent et conviction. Composé avec ses musiciens Either Way est une magnifique chanson. Seul problème, le disque, 75 minutes, est beaucoup trop long. Enregistré live lors de divers festivals dont celui de la Villette en septembre 2012, “I Hear the Sound”, nouvelle mouture du “Attica Blues” d’Archie Shepp complété par d’autres pièces, a tout pour plaire : bons solistes, bons arrangements, parties vocales souvent épatantes grâce à la voix admirable de Cécile McLorin Salvant. Shepp assure des parties vocales émouvantes (Come Sunday), mais ses fausses notes aux saxophones (ténor et soprano) gâchent un peu cette recréation.

Un blog qui déménage

Quelques concerts interpellent en octobre. Du 12 au 24 les clubs de jazz de Paris île-de-France font leur festival. Le programme de « Jazz sur Seine » est pour le moins éclectique. Il y en a pour tous les goûts, du bon, du moins bon et de l’inaudible. Je vous conseille Marilyn Mazur le 15 au Sunside avec John Taylor (piano) et Anders Jormin (contrebasse). Le 16, toujours au Sunside, ne manquez pas le saxophoniste baryton Gary Smulyan accompagné par le trio d’Olivier Hutman, le meilleur choix possible pour entendre des notes bleues et blues sortir d’un piano. Le 18, Annick Tangorra invite le pianiste Mario Canonge au Baiser Salé (19h30). Le Sunside encore, accueille le Moutin Factory Quintet le 23, Thomas Enhco (piano) et Manu Codjia (guitare) rejoignant la formation des deux frères. On consultera le programme complet sur le net.

Un blog qui déménage

Hors festival, le 13 (à 16 heures), la Salle Pleyel programme The Saxophone Summit (Joe Lovano, Dave Liebman, Ravi Coltrane). Le saxophoniste Baptiste Herbin est attendu au Sunside le 17, le New Morning proposant le même soir le pianiste Harold Lopez Nussa en quartette et l’Eglise Bon-Secours (20 rue Titon, 75011 Paris) le duo Tom McClung (piano) et Jean-Jacques Élangué (saxophone ténor). Je vous recommande leur album “This Is You” (Blang Music), conversation amicale et chaleureuse qui pèse son poids de notes. Gerald Clayton, est également attendu en trio au New Morning le 22. Quant à Catherine Russell, prix du jazz vocal 2012 de l’Académie du Jazz pour son album “Strictly Romancin” (World Village), elle chantera au Sunset le 25 pour le bonheur de tous.

Un blog qui déménage

Octobre, c’est aussi « Jazz en Tête », le meilleur festival de jazz de l’hexagone. Je vous en ai révélé la programmation en septembre. Xavier Felgeyrolles y rassemble chaque année de vrais jazzmen et non des acrobates qui n’exhibent que leur technique. Je me répète, mais du 15 au 19, les clermontois auront la chance de pouvoir écouter Joe Lovano, Dave Liebman et Ravi Coltrane (le 15), Catherine Russell et Gonzalo Rubalcaba en solo (le 16), Prism le groupe du bassiste Dave Holland réunissant Kevin Eubanks à la guitare, Graig Taborn au piano et Eric Harland à la batterie ((le 17), le Kenny Garrett Quintet (le 18), Irving Acao et Essiet Okon Esset (le 19). Ouf ! Je retourne à mes cartons. Le jazz pèse, surtout à bout de bras.

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com   

-Église Bon-Secours (réservations) : mail@spiritofjazz.fr

-Festival Jazz sur Seine : www.jazzsurseine.fr

-Festival Jazz en Tête : www.jazzentete.com

  

PHOTOS : Le Blogueur de Choc © JdC – The Saxophone Summit © Andrew Lepley       

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3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 13:44
Vacances gourmandes

Peu de concerts m’intéressent en septembre. Le programme de Jazz à la Villette (du 3 au 15) qui consacre beaucoup de place à ce farceur de John Zorn n’a rien pour me plaire si ce n’est son concert de clôture (le 14) avec Kenny Garrett, le trio de Laurent de Wilde assurant la 1ère partie. Il y a aussi Gregory Porter qu’apprécie beaucoup Monsieur Michu. Mieux produit que ses deux disques précédents, “Liquid Spirit” (Blue Note / Universal), son nouvel album, s’écoute au moins avec plaisir. On ne manquera pas au Duc des Lombards le 4 septembre la formation de Sébastien Texier qui porte le même nom que son disque, “Toxic Parasites”. Du 12 au 14 s’y produit le pianiste Antonio Faraò dont le nouvel opus enregistré avec Joe Lovano confirme le talent du pianiste. Le 19, Virginie Teychené est l'invitée du festival de Rueil-Malmaison. On ne peut rester indifférent. Pourtant, peu de concerts m’interpellent et ce blog sommeillera quelques semaines de plus sans que la vie jazzistique en soit tourneboulée. Quelques chroniques de disques auront toutefois droit à ma plume. Edouard Bineau se produisait l’autre soir en trio au Sunside. J’apprécie depuis longtemps ce pianiste lyrique dont le blues nourrit souvent la musique. Gildas Boclé, toujours impressionnant à l’archet, et Simon Bernier, un jeune batteur, l’accompagnaient. Une réussite.

Vacances gourmandes

Votre blogueur ne peine donc pas à quitter son lit comme peut le faire croire cette photo prise à la mi août chez Dame Marceline, épouse de l’ami Phil Costing qui m’hébergeait alors au pied du Cézallier, un des sommets de l’Auvergne, 1.551 mètres au Signal du Luguet que l’on atteint en cheminant à travers prés et bois.

Vacances gourmandes

Par beau temps, on peut y rencontrer Xavier « plume au vent » Felgeyrolles, responsable de la programmation du festival Jazz en Tête. Du 15 au 19 octobre, les clermontois auront la chance de pouvoir écouter un « Saxophone Summit » réunissant Joe Lovano, Dave Liebman et Ravi Coltrane (le 15), Catherine Russell et Gonzalo Rubalcaba en solo (le 16), le nouveau groupe de Dave Holland (le 17), le Kenny Garrett Quintet (le 18), Irving Acao et Essiet Okon Esset (le 19).

Vacances gourmandes

Les Michu logeaient de même tout près du Cézallier, dans une petite pension de famille au cœur d’un village aux rares habitants. Madame pensait avoir à l’œil son incorrigible mari. Quelques heures de marche en montagne leur feraient le plus grand bien. Elle n’avait pas prévu que le seul commerce du patelin était un café, l’un des seuls d’une région quasi-désertique et que, rappelée à Paris pour des raisons familiales, son mari désœuvré allait y faire bombance, goûter à l’Aveze et à la Salers, prendre goût aux spécialités locales, se gaver d’assiettes du boucher, de tartes aux myrtilles et de tartiflettes au Saint-Nectaire. Pour les faire passer, des côtes d’Auvergne : Boudes, Chanturgue, Châteaugay, Madargue et Corent, un rosé riche et complexe aux légères notes d’agrumes qui se boit sans effort.

Vacances gourmandes

Lorsqu’elle revint une semaine plus tard, Madame Michu expédia dare-dare son époux et ses kilos de trop en Savoie, à Brides-les-Bains, le village pour maigrir. Elle n’imaginait pas que ses nombreux restaurants ne proposent pas que des menus allégés aux curistes. Monsieur Michu ne résista pas longtemps aux fondues savoyardes, raclettes, saucisses de couenne, charcuteries séchées – lard, noix de jambon, saucissons au serpolet –, et gratins de crozets aux fromages. Affamé par sa cure amaigrissante, Monsieur Michu s’est offert quelques kilos de plus. Invité dans cette belle région par Tonton Manu et Tata Cathy, j’ai pu constater de visu l’ampleur du tour de taille.

Vacances gourmandes

Condamné par Madame à de longues promenades en montagne avec Tonton Manu, un vrai bouquetin, et à prolonger son séjour à l’eau minérale, Monsieur Michu ne pourra donc pas découvrir avant octobre les nouveautés discographiques de cette rentrée : “Vaguement Godard” (Illusions), un enregistrement de Stéphan Oliva en solo produit par l’infatigable Philippe Ghielmetti ; “I Wanna Be Evil” de l’excellente chanteuse René Marie (Motéma) ; “Black Elk’s Dream” disque du trompettiste et arrangeur Bill Mobley enregistré live à Jazz en Tête avec Billy Pierce, Stéphane Guillaume, Manuel Rocheman et les cordes de l’Orchestre d’Auvergne (Space Time Records, sortie prévue le 25 octobre), et “Baida”, opus en quartette largement improvisé du trompette Ralph Alessi (ECM).

Vacances gourmandes

À propos d'ECM, la firme munichoise a signé le pianiste Marc Copland. Un enregistrement en trio est prévu l’année prochaine. Marc tient le piano dans “39 Steps”, un disque du guitariste John Abercrombie qui sort le 30 septembre. Le nouvel album d’Ahmad Jamal sur le label Jazz Village s’intitule “Saturday Morning” et sera en vente le 24. Des concerts sont prévus en novembre. C'est en import ou via internet que vous devrez vous procurer “Magnetic”, album Blue Note de Terence Blanchard qu'Universal France ne sortira pas. C'est le meilleur du trompettiste depuis longtemps.

Produit par Fred Hersch, “Nameless Neighbors” (Sunnyside / Naïve), premier disque d’un jeune pianiste américain, mérite attention. Nick Sanders (c’est son nom) fascine par l’originalité de son langage pianistique et la maîtrise de son instrument. Ludovic Florin (co-auteur d’une biographie de Carla Bley à paraître prochainement) en livre une chronique pertinente dans le numéro de septembre de Jazz Magazine / Jazzman. La mienne ne tardera pas. Merci de patienter.

PHOTOS © Pierre & Bénédicte de Chocqueuse

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