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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 08:39
Bop saucisse

Bernard est tout excité : Jean-Jacques Dugenoux a décidé de produire son prochain disque, du bop nourricier produit par un assortiment de saucisses reliées par des jacks à un ordinateur. Les francforts font entendre une belle gamme diatonique et la morteau des basses puissantes. La merguez et la chipolata produisent des sonorités graisseuses, des effets dignes des kits de pédales les plus sophistiquées. Découpées en tranches, elles deviennent les tambours de l’orchestre virtuel. Bernard affirme que la saucisse industrielle est plus stable, mais plus fragile que la charcutière. Il se voit déjà lauréat des prochaines Victoires du Jazz. Défendant une musique arabo-andalouse néo-rock’n’rollienne, Ibrahim Collignon vient de remporter la bataille viennoise. Pain béni pour Monsieur Michu. Mauvaise langue, il prétend que le vainqueur se nourrit depuis quelques mois de gros lézards pourpres pleins de vitamines. S’il perd l’année prochaine, Bernard pourra toujours manger ses saucisses. Un musicien qui avale ses instruments ce n’est certes pas banal. Etienne Marcel dont le cousin est pâtissier pense déjà fabriquer des trombones en nougatine. Qui pourra encore prétendre que la musique ne nourrit pas son homme !

 

Tandis que dans le sud les combats font rage entre partisans du merguezazz, du bop indo-sumérien et de la colique très phrénétique dont les infra-basses font l’objet de savants calculs, le jazz affiche sa bonne santé dans les clubs parisiens. À partir du 28 juin et jusqu’au 1er août, le Sunside organise son traditionnel American Jazz Festiv’Halles, le Duc des Lombards la troisième édition de « Nous n’irons pas à New York » (du 1er au 31 juillet) et le New Morning un festival « All Stars » pour le moins alléchant (du 4 juillet au 3 août). Avec tous ces concerts qui interpellent, les Michu resteront à Paris en juillet. On nous promet quelques jours de beau temps. Un soleil encore pâle surplombe les touristes en vadrouille. Aux terrasses des cafés germanopratins, ils s’attardent à contempler les longues jambes de gazelle épilées à la cire qu’exhibent des parisiennes aux silhouettes de déesse. La soie froufroutante des chemisiers transparents révèle des poitrines généreuses qui font rêver Monsieur Michu. Son épouse a hâte de le conduire en Auvergne. Phil Costing leur a trouvé une pension de famille dans la région peu peuplée des volcans. Monsieur Michu pourra à loisir admirer les belles cuisses des salers, vaches laitières possédant de longues cornes en forme de lyre, une robe acajou et de longs poils frisés. Vous recevrez en septembre des nouvelles de leurs vacances. Les miennes me verront mettre prochainement ce blogdechoc en sommeil. Qu’un bel été vous accompagne !

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Bop saucisse

-Chick Corea avec sa nouvelle formation, The Vigil, au festival de Jazz de la Défense (esplanade de la Défense, 20h00) le 6 juillet. Les amateurs de Return to Forever et de l’Elektric Band apprécieront le disque que vient de publier Universal. Il réunit Chick aux claviers, Tim Garland aux saxophones, flûte et clarinette, Charles Altura à la guitare, Hadrien Feraud à la basse électrique, Marcus Gilmore à la batterie, Pernell Saturnino aux percussions et quelques invités prestigieux. Christian McBride à la contrebasse remplace Feraud pour quelques concerts sur le sol français. Écrites par Corea pour ce nouveau groupe, les compositions de l’album exhalent un fort parfum latin. On y entend surtout un piano acoustique vif et mordant dont les cascades de notes provoquent des étincelles.

Bop saucisse

-Le pianiste Aaron Diehl en trio au Duc des Lombards le 7 et le 8 avec Paul Silkvie à la contrebasse et Rodney Green à la batterie. L’Académie du Jazz lui a décerné en janvier le prix du jazz classique pour son disque “Live at the Players”. Son nouvel album en quartette s’intitule “The Bespoke Man’s Narrative”. Il y joue un jazz beaucoup plus moderne, car Diehl est tout aussi capable de jouer du bop que d’interpréter Scott Joplin et Jelly Roll Morton. A la Juilliard School of Music, il eut comme professeur Eric Reed et Kenny Barron. A l’âge de dix-sept ans, Wynton Marsalis l’engagea comme pianiste pour une tournée d’été. Il affirme pleinement sa musicalité dans “Woman Child” que la jeune Cécile McLorin Salvant a récemment publié.

Bop saucisse

-Terence Blanchard au New Morning le 11. On l’a un peu perdu de vue depuis “Choices”, un disque de 2009 ouvert aux couleurs de la soul dans lequel les instruments entrecroisent avec fluidité leurs lignes mélodiques. Fabian Almazan qui y tient le piano seconde toujours le trompettiste qu’accompagnent Robert Hurst à la contrebasse et Jeff Tain Watts à la batterie, paire rythmique prestigieuse qui fut celle de Wynton Marsalis. Autre surdoué, Brice Winston travaille avec Terence Blanchard depuis plusieurs années. Remplaçant Walter Smith III, il assure les parties de saxophone et dialogue avec la trompette dans la grande tradition du hard bop.

Bop saucisse

-Christian Scott au Duc des Lombards du 11 au 13 pour jouer un jazz influencé par le rock, le funk, le hip-hop, et dont les inventions rythmiques participent à l’exploration de nouveaux territoires musicaux. Le groupe qui accompagne le trompettiste est à peu près celui que son dernier disque paru l’an dernier, “Christian aTunde Adjuah” un double album ambitieux contenant près de deux heures de musique. On retrouve ainsi Lawrence Fields (piano), Matthew Stevens (guitare) et Kris Funn (contrebasse). Les nouveaux musiciens sont Corey Fonville à la batterie et Braxton Cook aux saxophones. Au plus près de son propre héritage culturel, Scott séduit par le jeu lyrique de sa trompette et le groove de sa musique.

Bop saucisse

-Roy Hargrove au New Morning le 15 et le 16. Découvert par Wynton Marsalis, le trompettiste poursuit depuis plus de vingt ans une carrière solo et nous offre régulièrement des albums à la tête de ses diverses formations. Au sein de The RH Factor, il croise jazz, soul, funk et hip hop. Enregistré en 2009, “Emergence” le fait entendre au sein d’un big band. Une expérience concluante qu’il ne renouvela pas. C’est le plus souvent accompagné par les musiciens d’un quintette dans lequel officie le fidèle Justin Robinson (saxophone alto et flûte) et qui comprend Sullivan Fortner (piano), Ameen Saleem (contrebasse) et Quincy Phillips (batterie) qu’il tourne et se produit en Europe, met en valeur une mélodie, improvise avec chaleur et porte le swing à ébullition.

Bop saucisse

-Ben Williams les mêmes soirs (le 15 et le 16) au Sunside. On a découvert sa contrebasse groovy et mélodique auprès de Jacky Terrasson. Bien que défendu dans ce blog, “State of Art”, le disque qu’il a publié en 2011 n’a pas été très bien reçu par la critique. Ben y invite le saxophoniste Marcus Strickland avec lequel il a souvent joué, et le guitariste Matthew Stevens (le guitariste de Christian Scott), deux des musiciens de Sound Effect, sa nouvelle formation. David Bryant (piano) et John Davis (batterie) la complètent. Le bassiste aime les vieux standards, mais aussi le jazz pluriel des années 90, le soul, le funk et le hip-hop. Laissons-nous surprendre.

Bop saucisse

-Gerald Clayton au Duc des Lombards du 15 au 17 juillet. Avec Joe Sanders (contrebasse) et Justin Brown (batterie), ses musiciens habituels, le pianiste explore de nouveaux espaces rythmiques qui épousent ses harmonies élégantes. Le jazz s’ouvre ainsi à d’autres influences, à des métriques impaires qui relèvent du funk et du hip-hop. Au Duc, Clayton invite le saxophoniste Logan Richardson, un des souffleurs de “Life Forum”, son dernier album. Les compositions qu’il contient bénéficient d’arrangements surprenants. De nouvelles couleurs mélodiques habillent une musique chaude et suave bien ancrée dans le groove.

Bop saucisse

-The Cookers au Sunside le 18. Sous ce nom opèrent de solides pointures du jazz qui n’ont pas peur d’improviser et savent chauffer une salle. Autour de Cecil McBee (contrebasse) et de Billy Hart (batterie), les musiciens se succèdent. Billy Harper joue toujours du saxophone ténor et David Weiss de la trompette mais, depuis leur passage au New Morning en 2009, Craig Handy et Bennie Maupin ont quitté le groupe. Eddie Henderson (trompette) et George Cables (piano) les remplacent, l’instrument de ce dernier apportant d’autres couleurs au hard bop modernisé que défend ce prestigieux all-stars.

Bop saucisse

-Steve Swallow au New Morning le même soir (le 18) avec les musiciens de “Into the Woodwork” son nouvel album. On y retrouve Carla Bley à l’orgue, instrument qu’elle avait quelque peu délaissé pour le piano. Chris Cheek (saxophone) et Steve Cardenas (guitare) ont beaucoup joué avec Swallow dans les orchestres de Paul Motian. Le bassiste a tenu compte de leurs timbres lorsqu’il a écrit les morceaux de son disque. Le batteur Jorge Rossy est le cinquième musicien. Tous phrasent avec économie et simplicité et pratiquent un jeu constamment mélodique.

Bop saucisse

-Produit par Ben Harper qui y assure de nombreuses parties de guitare, le dernier disque de Rickie Lee Jones “The Devil You Know” est entièrement consacré à des reprises. Rickie y chante Neil Young (Only Love Can Break Your Heart), The Band (The Weight), Van Morrison (Comfort You) et même les Rolling Stones (Sympathy for the Devil). Elle était à Paris, Salle Pleyel, en novembre 2011 pour interpréter “Pirates”, un de ses disques les plus célèbres. Sa nouvelle tournée nécessite un orchestre moins imposant. Sera-t-elle seule au piano et à la guitare ou se fera-t-elle accompagner par Jeff Pevar (guitare) et Ed Willett (violoncelle) avec lesquels elle donne fréquemment des concerts depuis 2012 ? Rendez-vous au New Morning le 20 pour le savoir.

Bop saucisse

-Cyrus Chestnut en trio au Duc des Lombards le 22 et le 23. Son père était l’organiste de son église et sa mère en dirigeait la chorale. Le blues et surtout le gospel ont nourri son piano. Adoptant une fausse nonchalance. Il est capable de surprendre par sa vitesse, son jeu fréquemment arpégé ne manquant pas de dynamique. Darryl Hall à la contrebasse et Willie Jones III à la batterie seront ses complices dans un répertoire mêlant compositions originales et standards, le pianiste ne manquant jamais l’occasion de rendre hommage aux maîtres qui l’ont précédé et dont il conserve la mémoire.

Bop saucisse

Il n’y aura pas de « concerts qui interpellent » en août. Le blogueur s’offre des vacances. Ce n’est pas une raison d’ignorer les concerts alléchants du festival Pianissimo organisé par le Sunside. On consultera le site du club pour en obtenir les détails. Il débute le 30 juillet avec Freddie Redd. Le pianiste du légendaire album Blue Note “The Connection” se produira trois soirs de suite en quartette avec le saxophoniste Tony Lakatos au saxophone. Tineke Postma pratique avec bonheur l’instrument. Associée au pianiste Cédric Hanriot, elle s’invite le 8 et compte sur vous pour l’applaudir. Egalement au programme et en trio les pianistes Baptiste Trotignon (les 2, 3 et 5 août), Jean-Michel Pilc (le 6 et le 7), Laurent Courthaliac (le 12, le 19 et le 26), Giovanni Mirabassi (du 13 au 15 et le 17) Pierre Christophe (le 16), Alain Jean-Marie (du 20 au 22), Edouard Bineau (le 27), Pierre de Bethmann (le 28), sans oublier René Urtreger (le 31) avec les fidèles Yves Torchinsky (contrebasse) et Eric Dervieu (batterie) pour battre le rythme du jazz. Certaines stars du piano ne se produisent pas que dans les grands festivals. Ils aiment retrouver l’ambiance des clubs, se sentir proche de leur public. Jacky Terrasson (le 9 et le 10) et Yaron Herman (en quartette le 23 et le 24) sont les têtes d’affiche de cette huitième édition de Pianissimo que les parisiens qui ne désertent pas la capitale auront tort de manquer.

-La Défense Jazz Festival : www.ladefensejazzfestival.hauts-de-seine.net

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

 

CRÉDITS PHOTOS : Roy Hargrove © Dominique Houcmant – Terence Blanchard, Ben Williams © Pierre de Chocqueuse – The Cookers © Motéma Records – Steve Swallow Quintet © Tom Mark – Aaron Diehl, Christian Scott, Gerald Clayton, Rickie Lee Jones, Cyrus Chestnut © Photos X/D.R.

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 09:29
Festivals : ce jazz étrange qui prolifère

Rendant visite à Monsieur Michu, je lui trouve le moral en berne. Les flots d’eau qui nous tombent sur la tête depuis quelques semaines n’incitent pas à le faire sortir de son appartement. Il en profite pour consulter les programmes des innombrables festivals de l’été, non sans se faire du mal. Le moindre village fête le jazz, ou du moins imagine le fêter. Prenez Toinette-sur-Loire, 2000 habitants, 20.000 attendus pour le premier Merguezazz Festival que sa Mairie organise. En vedette Cheba Tutassoilah. Portée par des rythmes gnawa et hassani, elle mâtine de jazz son chant sahraoui. Un peu plus au sud, le paisible hameau de Cébranché prépare Mondo Jazz, méga manifestation culturelle ouverte à tous les métissages jazzistiques, comme si le jazz n’était déjà pas assez métissé. Monsieur Michu effondré m’apprend que les vertes prairies bordant la ferme de sa Tante Pétunia, verts pâturages foulés dans sa jeunesse, vont prochainement accueillir des hordes de fans venues massivement applaudir Lia et Paula, électrons libres du jazz indo-sumérien, mais aussi le très médiatisé Dan Pharacoulé auteur d’une étrange musique se situant quelque part entre raï, hip hop, house et électro jazz. Le communiqué de presse précise que « les infra-basses de son melting pot jazzistique font vibrer les tympans et trembler la terre ». Monsieur Michu en groove déjà des dents. Ce n’est pas mieux chez les bretons. Armor Jazz attend 50.000 visiteurs. Les têtes d’affiche en sont Fuck T.L. (Fuck Ta Langue) et Sam the Mad Fluo. Rasta rappeur, le premier décrit sa musique comme « de la matière vibrante, organique et percussive dont les rythmes contagieux invitent à voyager dans son for intérieur ». Follement apprécié par Jean-Jacques Dugenoux, le second distille « un jazz sans règles et sans frontières dans un alambic improvisateur », expérimente l’infinité des perspectives possibles de la harpe électro-celtique, instrument avec lequel il confronte « les confins de l’univers aux limites des fréquences perceptibles ».

 

Abusivement estampillées jazz, ces musiques venues d'ailleurs donnent envie d’écouter du jazz dans les festivals qui en proposent, à Marciac par exemple. Ailleurs, entre Kassav, Chic, The Temptations ou Earth Wind & Fire, se glissent encore quelques jazzmen. De moins en moins. Mulgrew Miller a rejoint lui aussi les étoiles. Le 29 mai, un accident vasculaire cérébral a eu raison de ce géant du piano, un homme simple, modeste, d’une grande gentillesse que Jean-Paul admirait. Il aurait eu 58 ans le 13 août. Avec lui disparaît l’un des derniers tenants d’un piano ancré dans le blues et la tradition, un musicien de jazz, chef d’œuvre en péril dénaturé par trop de métissages. Laurent de Wilde qui le connaissait depuis presque trente ans le plaçait tout près du tronc de l’arbre généalogique du jazz, « là où sa sève coule en abondance, au plus proche de sa source ». Mulgrew Miller a abondamment enregistré. Parmi les disques qu’il publia sous son nom, je conseille “The Countdown”, en quartette en 1988 avec Joe Henderson, Ron Carter et Tony Williams dont il fut le pianiste, et “Solo” enregistré live en octobre 2000 au Festival Jazz en Tête de Clermont-Ferrand, le seul album qu’il réalisa sans soutien rythmique. Philippe Etheldrède lui a consacré dimanche 2 juin une heure de son Jazz à FIP. On peut réécouter l’émission en podcast. Il pleut. Ruisselante d’eau, la terre répand une odeur molle. Les escargots laissent de longs sillages d’humidité sur les sols détrempés. Orphelin de l’un de ses meilleurs pianistes, le jazz pleure des larmes de pluie.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

-Ernie Watts au Duc des Lombards les 4, 5 et 6 juin. Avec lui, les Melody Players, groupe comprenant Bernard Vidal à la guitare, Peter Giron à la contrebasse et Tony Match à la batterie. On ne présente plus le saxophoniste, un musicien de studio recherché qui fut aussi membre du Liberation Music Orchestra puis du Quartet West, deux formations de Charlie Haden. Au ténor, il possède une sonorité personnelle aisément reconnaissable. On peut l’entendre dans le dernier album de Kurt Elling “1619 Broadway, the Brill Building Project”. Ses chorus de ténor donnent de l'épaisseur à I’m Satisfied et à So Far Away, une des chansons de “Tapestry“, disque que Carole King enregistra en 1971.

-Thomas Enhco au New Morning le 7. Aux membres de son trio habituel, Chris Jennings (contrebasse) et Nicolas Charlier (batterie) s’ajoute Kurt Rosenwinkel dont la guitare à la sonorité et aux harmonies singulières expose des phrases simples et mélodiques dont toutes les notes semblent chanter. “Fireflies” le dernier disque de Thomas révèle un pianiste sensible à la technique assurée qui se consacre sincèrement à sa musique, des compositions souvent mélancoliques qui distillent une lumière de petit matin et donnent le vague à l’âme. Il possède aussi une oreille très sûre que lui a apporté la pratique du violon. John Patitucci et Jack DeJohnette l’accompagnent dans un enregistrement new-yorkais destiné au marché japonais. Assurément l’un des espoirs de demain.

-Le mardi 11, toujours au New Morning, Philip Catherine nous rend visite dans le cadre de la tournée qu’il entreprend à l’occasion de son 70ème anniversaire. Avec lui, les musiciens de “Côté Jardin”, son dernier disque : le pianiste Nicola Andrioli qui en a composé trois des thèmes, le fidèle et indispensable Philippe Aerts à la contrebasse, Antoine Pierre, batteur au drumming aussi perspicace que subtil, et Isabelle, la propre fille de Philip pour poser sa jolie voix sur le titre qui donne son nom à l’album. Il contient une grande version de Je me suis fait tout petit. Les amateurs de George Brassens apprécieront. Fluide et élégante, sa musique témoigne de la grande forme d’un guitariste qui, au regard d’une carrière faite de rencontres et de réussites, a marqué le jazz de ces quarante dernières années.

-Après s’être produit au Duc des Lombards en février 2012 avec Steve Swallow et Billy Drummond, Steve Kuhn retrouve le club parisien le 13 à la tête d’un nouveau trio comprenant Aidan 0’Donnell à la contrebasse et Steve Johns à la batterie. On écoutera le pianiste dans deux albums de 1986 aujourd’hui réédités par Sunnyside : “Life’s Magic” et “The Vanguard Date”. Influencé par Bud Powell et Bill Evans, Kuhn peut aussi bien jouer un piano aux harmonies ancrées dans la tradition du bop que du jazz modal. Son jeu lyrique ressemble alors à celui de McCoy Tyner. Il rend d’ailleurs hommage à John Coltrane dont il fut pendant quelques mois le pianiste dans un disque ECM de 2009, “Mostly Coltrane”.

-Marjolaine Reymond le 16 à 18h00 sur la Péniche Le Marcounet, quai de l’Hôtel de Ville, prélude à la sortie de “To Be an Aphrodite or not to Be”, oratorio en trois parties dont l’orchestration varie du nonette au duo. Son enregistrement a demandé une préparation minutieuse de nombreux re-recordings. Enregistré en 2006, publié il y a cinq ans, “Chronos in USA”, opéra de poche en trois actes sur des textes empruntés à des poètes anglais et américains, révélait cette chanteuse inclassable mêlant jazz et bel canto, sprechgesang et effets électroniques. Avec elle pour ce concert, Julien Pontvianne (saxophone ténor) David Patrois (vibraphone et marimba), Xuan Lindenmeyer (contrebasse) et Yann Joussein (batterie). Sa voix qui escalade trois octaves, Marjolaine l’engage dans une nouvelle aventure, une féérie vocale consacrée à Emily Dickinson (1830-1886) qui, recluse dans sa demeure d’Amherst, jardinait, s’habillait en blanc et publia de son vivant quelques 1800 poèmes.

-Sachal Vasandani au Duc des Lombards les 17, 18 et 19 juin. Il est présent dans “Life Forum”, nouveau disque du pianiste Gerald Clayton chroniqué dans ce blog. Le père de ce dernier, le contrebassiste John Clayton, a produit “Hi-Fly”, le disque le plus récent du chanteur qui bénéficie de la trompette d’Ambrose Akinmusire. Sachal prépare le prochain et en rode sur scène le répertoire. Il possède une voix charmeuse de ténor léger et donne chaque année quelques concerts au Duc, y aborde un répertoire très varié, des compositions personnelles, des standards et des thèmes empruntés à la pop. Il travaille depuis longtemps avec Jeb Patton (piano), David Wong (contrebasse) et Peter Van Nostrand (batterie) qui, sous toute réserve, seront avec lui au Duc.

-Bruno Angelini et Philippe Le Baraillec sur la péniche l’Improviste amarrée pour deux mois 34 quai de la Loire (M° Jaurès) le 22 à 21h30. Les deux pianistes se succèderont en solo sur le même instrument. Ils eurent tous deux comme professeur Samy Abenaïm qui avec Bernard Maury fonda la Bill Evans Piano Academy. Bruno et Philippe en ont charge aujourd’hui. Ils aiment organiser les sons, sont férus d’harmonies, de notes élégantes et tendres dont ils tirent une grande diversité de couleurs. Plus extraverti, Bruno Angelini multiplie projets et enregistrements. Il a rejoint le groupe de Sébastien Texier et joue dans “Toxic Parasites”, son nouveau disque. Philippe Le Baraillec donne peu de concerts et fait peu de disques. Exigeant avec sa musique, poète autant que musicien, il caresse ses notes avec douceur, sensualité et va à l’essentiel. Harmonie, rythme et mélodie habitent ses silences. Ses apparitions sont rares. On ne manquera pas son récital parisien.

-On parle beaucoup de Ken Berman, pianiste new-yorkais remarqué par la critique américaine qui occupera la scène du Sunside le 27. Influencé par Bill Evans et Keith Jarrett, cet ancien étudiant du Berklee College of Music dont le mentor fut Barry Harris, apporte des compositions originales bien structurées. Sa formule de prédilection reste le trio, combinaison instrumentale interactive qui offre de nombreuses possibilités d’échange et de création. Avec Darryl Hall (contrebasse) et Rémi Vignolo (batterie), il jouera des extraits de son troisième album “Sound Poetry” dont la sortie est prévue cet été.

-Billy Childs au Sunside les 28 et 29 à la tête d’un quartette de vedettes comprenant Steve Wilson aux saxophones, Scott Colley à la contrebasse et Kendrick Scott à la batterie. Naguère pianiste de Freddie Hubbard et de J.J. Johnson, Childs est l’auteur de nombreuses pièces orchestrales, certaines destinées à des orchestres symphoniques, d’autres à des orchestres de jazz, tel le Lincoln Center Jazz Orchestra. Il écrit pour le Kronos Quartet et a composé un concerto pour violon et orchestre. Regina Carter en était la soliste. Au Sunside, c’est le jazzman que l’on écoutera dans ses œuvres. “Autumn : in Moving Pictures” son dernier disque réunit le saxophoniste Bob Sheppard, les batteurs Antonio Sanchez et Brian Blade, mais aussi Scott Colley dont la contrebasse est capable de donner des ailes à la musique.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Péniche Le Marcounet : www.peniche-marcounet.fr

-Péniche l’Improviste : www.improviste.fr

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

 

CREDITS PHOTOS : Ernie Watts © Philippe Etheldrède – Steve Kuhn, Sachal Vasandani © Pierre de Chocqueuse – Marjolaine Reymond © Bernard Minier – Mulgrew Miller, Philip Catherine, Ken Berman, Billy Childs : Photo X/D.R.

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 09:07
Plaisirs champêtres

Mai : le printemps traine les pieds, fait peu d’efforts pour montrer le bout de son nez sous les pluies, les nuages et le froid. Paris défile beaucoup. Sous des averses et les pieds dans l’eau, les mécontents arpentent les trottoirs. Prudents et malins, les vrais râleurs restent à l’écart. Prenez Bajoues Profondes : il ne lui viendrait pas à l’idée de grossir les rangs des manifestants, de reprendre les slogans éructés par des tribuns juchés sur des sonos montées sur des véhicules aux moteurs polluants et nauséabonds. Installé à la terrasse d’un café lorsque le temps le lui permet, il préfère voir passer les jolies filles, poser ses yeux sur leurs longues jambes amincies aux bains de moutarde qui se réservent pour d’autres défilés. Étrange ce besoin qu’éprouve l’homme de se fondre dans une foule, de faire corps avec elle pour défendre des idées qui sont rarement les siennes. Il déserte toute l’année les clubs de jazz pour rejoindre l’été des méga festivals, perdre son identité au sein de foules immenses qui ne partagent pas forcément ses goûts. Les exigences économiques conditionnent les programmes. L’amateur de jazz ne pouvant remplir seul stades et amphithéâtres, le festival de jazz s’ouvre à d’autres musiques, attire un autre public, aménage des soirées, soul, blues, africaines, réserve des espaces à la chanson française, au rap, au funk. On a beau apprécier le poisson, trouver du thon dans une boîte de sardines ne fait pas très plaisir. Échaudés, les Michu désertent ces grandes kermesses dont raffolent les Dugenoux attachés au plein métissage, à la « ressemblance évitée » érigée en dogme qui fait le bonheur d’Etienne Marcel, bruiteur arc-bouté sur ses propres inventions, et de Bernard dont la dernière œuvre relève du tremblement de terre ce qui ne nous change guère des tempêtes, de la grêle et des vents violents qui tombent sur nos têtes. Monsieur Michu ne sait trop ou donner de la sienne. Il espère l’arrivée du beau temps pour étendre son vieux corps sur les prés de Saint-Germain qui depuis treize ans en mai accueillent un festival à l’échelle humaine. Je n’en partage pas toujours les choix artistiques, mais il apporte chaque année un supplément d’âme et de vie à un quartier longtemps associé au jazz et à son histoire. Du 16 mai au 3 juin le jazz vous y donne rendez-vous. Tâchez d’entendre son appel.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Plaisirs champêtres

-Chucho Valdès et ses Afro-Cuban Messengers au Théâtre du Châtelet le 6 mai (20h00), la veille de la sortie d’un nouvel album intitulé “Border-Free”. Dans ce dernier, le pianiste fait tomber les barrières des genres, expérimente différents rythmes, de nouvelles variations harmoniques, et revient à l’improvisation collective. Sa pochette le représente en chef indien, référence aux Black Indians de la Nouvelle-Orléans, mais aussi à ces Comanches qui déportés à Cuba ont fondé des familles. Chucho leur a dédié un morceau. A la tête d’une formation qui peut sonner comme un grand orchestre, il élargit son métissage musical aux musiques d’Amérique du Nord et arabo-andalouse et invite le trompettiste Roy Hargrove et la chanteuse Buika à partager sa quête, cette passerelle entre les mondes que jette sa musique.

Plaisirs champêtres

galement le 6, mais à l’Olympia, Madeleine Peyroux présentera son nouveau disque “The Blue Room” largement consacré au répertoire de deux albums de Ray Charles : “Modern Sounds in Country and Western Music, Vol.1 & 2”. S’y ajoutent des morceaux de Léonard Cohen, Randy Newman, Warren Zevon. Produit par Larry Klein auquel on doit “My One and Only Thrill” enregistrement qui fit connaître Melody Gardot, il contient des plages avec des cordes arrangées par Vince Mendoza. Elles seront présentes à l’Olympia derrière la chanteuse et ses musiciens habituels.

Plaisirs champêtres

-Kat Edmonson au Duc des Lombards le 7. Un premier album autoproduit en 2009, la place sur la sellette. La chanteuse se produit alors régulièrement à l’Elephant Room, un club d’Austin. Elle assure les premières parties des concerts de Lyle Lovett avec des chansons originales souvent proches de la country music. On peut les écouter dans “Way Down Low” un second disque toujours financé par ses soins qui vient de paraître. Al Schmitt et Phil Ramone en ont assuré l’enregistrement. Il fait un tabac aux Etats-Unis, renferme des morceaux commerciaux, mais aussi quelques trésors capables de séduire l’amateur de jazz exigeant, sa voix juvénile ressemblant beaucoup à celle de Blossom Dearie. On jugera sa vraie valeur sur scène, l’endroit de vérité.

Plaisirs champêtres

-Aaron Goldberg au Sunside le 10 et le 11 avec Reuben Rogers (contrebasse) et Gregory Hutcherson (batterie), des musiciens avec lesquels il a l’habitude de jouer un jazz moderne inventif et exigeant. L’ancien pianiste de Joshua Redman est depuis longtemps une valeur sûre de l’instrument. Il s’est fait récemment remarqué dans “Bienestan”, un album enregistré en sextette avec Guillermo Klein et “Yes !”, enregistré en trio avec Omer Avital et Ali Jackson, est un de mes Chocs de l’année 2012. C’est toutefois un autre répertoire qu’il jouera avec Rogers et Hutcherson. Outre des compositions originales, Aaron aime relire les standards de la grande Amérique. Il possède une vaste culture, un jeu nerveux et mobile et apprécie le risque ce qui rend ses concerts passionnants.

Plaisirs champêtres

-Sébastien Texier au Sunside le 14. Avec lui les musiciens de “Toxic Parasites” dont la chronique a été très récemment publiée dans ce blog. Alain Vankenhove (trompette, bugle), Bruno Angelini (piano), Frédéric Chiffoleau (contrebasse) et Guillaume Dommartin (batterie) entourent le saxophoniste (alto et clarinettes) dans un répertoire constitué de compositions originales soigneusement arrangées. Ils se réservent de nombreux espace de liberté et approchent les thèmes de façon mélodique, ce qui rend leurs improvisations particulièrement attrayantes. Utilisant au mieux l’instrumentation dont il dispose, Sébastien Texier colore habilement sa musique rendue goûteuse et accessible.

Plaisirs champêtres

-Le même soir le grand Roy Haynes se produit au New Morning à la tête de son Fountain of Youth Band. Son grand âge le contraint à s’économiser un peu, mais il reste le gardien du tempo, possède toujours cette sonorité très mate de caisse claire qui est l’une des caractéristiques d’un jeu varié riche en sonorités contrastées. Les membres de son groupe travaillent avec lui depuis longtemps et le bop moderne qu’ils proposent reste d’une grande efficacité. Au saxophone alto, Jaleel Shaw que l’on a entendu récemment au Sunside souffle de longues phrases mélodiques et logiques. Dans l’ombre du batteur, Martin Bejerano le pianiste est une pointure à découvrir. Quant à David Wong, le bassiste, on trouve souvent son nom associé à l’excellent chanteur Sachal Vasandani.

Plaisirs champêtres

-Susanne Abbuehl au Sunside le 16 pour nous présenter son nouvel album ECM, “The Gift” sorti trois jours plus tôt. Un disque événement car la chanteuse suisse en fait peu, prend son temps pour les peaufiner, mettre des poèmes sur des musiques, et les chanter avec son âme pour en faire vibrer les mots, les napper de douceur. Contrairement à ses deux disques précédents, “April” et “Compass”, elle a préféré écrire toutes les musiques – à l’exception de Soon (Five Years Ago) – rendant ainsi plus personnelles encore ses interprétations, Susanne enveloppant de ses propres mélodies un choix de poèmes de Sara Teasdale, Emily Dickinson, Emily Brontë et Wallace Stevens (In My Room). Avec elle Wolfert Brederode son pianiste habituel, et deux nouvelles recrues appréciables : le trompettiste Matthieu Michel dont le bugle assure une seconde voix mélodique et le batteur finnois Olavi Louhivuori, découvert sur “Dark Eyes”, un album ECM de Tomasz Stanko.

Plaisirs champêtres

-La 13ème édition du Festival de Jazz de Saint-Germain-des-Prés se déroulera du 16 mai au 3 juin. Le batteur Stéphane Huchard ouvre le bal avec un concert le 16 au Café de la Danse. Publié récemment sur le label Jazz Village, “Panamerican” son dernier album apparaît comme le plus intéressant de sa discographie. Stéphane Huchard l’a enregistré à New York avec Chris Cheek (saxophones ténor et soprano), Jim Beard (claviers), Nir Felder (guitares) et notre argentin de Paris, Minino Garay aux percussions. Ils seront avec lui sur scène pour interpréter les compositions débordantes de groove qu’il renferme. Au Sunset, le tremplin Jeunes Talents départagera les 19 et 20 mai six formations dont celle de la chanteuse Lou Tavano dont je pense grand bien. Le 24, dans l’amphithéâtre Binet de l’Université Paris Descartes, le guitariste Biréli Lagrène invite Philippe Catherine et Boulou Ferré à rejoindre son trio. Le 29, l’Eglise de Saint-Germain-des-Prés accueille le trompettiste sarde Paolo Fresu et le guitariste de son Devil Quartet, Bebo Ferra. Le même soir, mais à partir de 22h30, le trio de Paul Lay se produit non loin de là au Madison Hôtel. Avec Clemens Van der Feen à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie, le pianiste jouera quelques morceaux d’un nouvel album très attendu. Une programmation que Donatienne Hantin et Frédéric Charbaut, co-fondateurs du festival ont souhaité éclectique. Grâce à eux, Saint-Germain-des-Prés vit une fois par an au rythme du jazz. Qu’ils soient ici remerciés.

Plaisirs champêtres

-Omar Sosa à l’Alhambra (20h00) le 23 et au Théâtre du Vésinet le 24 dans le cadre du Jazz Métis Festival. Compositeur, arrangeur et pianiste, le pianiste trempe depuis longtemps dans le jazz les racines africaines de sa musique afro-cubaine et parvient à créer une world music originale. Hommage au “Kind of Blue” de Miles Davis, “Eggūn” son dernier disque, une commande du Barcelona Jazz Festival, apparaît ainsi comme une œuvre personnelle, les emprunts au trompettiste se voyant dilués au sein d’un savant métissage de musiques. Le large choix de rythmes qu’offrent ses compositions colorées en fait un grand voyage musical. Un piano modal y déploie des mélodies féériques. Joo Kraus (trompette), Peter Apfelbaum (saxophones), Leandro Saint-Hill (saxophones et flûte), Childo Tomas (basse) et Marque Gilmore (batterie) portent avec lui transe et béatitude.

Plaisirs champêtres

-Tom Harrell au Duc des Lombards du 23 au 25 pour six concerts (deux par soirée). Ne manquez pas cette légende vivante de la trompette, qui naguère encore jouait avec les plus grands. Dizzy Gillespie, Horace Silver, Bill Evans, Gerry Mulligan ont bénéficié de sa sonorité moelleuse, de son phrasé toujours mélodique. Harrell travaille avec les mêmes musiciens depuis plusieurs années. Avec Wayne Escoffery au saxophone ténor, Danny Grissett au piano, Ugonna Okegwo (contrebasse) et Johnathan Blake (batterie), il peaufine les arrangements de ses propres compositions. Cinq albums de ce quintette ont vu le jour depuis 2007. Le dernier s’intitule “Number Five” et sur scène Tom en reprend de larges extraits.

Plaisirs champêtres

-Christian Escoudé présente son nouveau disque au Sunset les 24 et 25 mai. “Saint-Germain-des-Prés” rassemble des compositions du pianiste John Lewis qui nous sont bien sûr familières. Django, Afternoon in Paris, Concorde, Skating in Central Park, un thème composé pour le film de Robert Wise “Odds Against Tomorrow” appartiennent à l’histoire du jazz et ne seront jamais oubliés. Le guitariste reprend ces mélodies avec finesse, en cisèle les contours, les fait revivre avec une fine équipe de musiciens. Présents lors de son enregistrement, Lew Tabakin, Stéphane Belmondo, Thomas Bramerie et Billy Hart cèdent saxophone, trompette, contrebasse et batterie à David Sauzay, Yann Loustalot, Pierre Boussaguet et Bruno Ziarelli. Christian conserve toutefois la seconde guitare de l’album confiée à Jean-Baptiste Layla. On ne peut que s’en réjouir.

Plaisirs champêtres

-Installé à Paris depuis 2008 et auteur de trois albums aux harmonies luxuriantes qui témoignent de l’influence prépondérante de la musique classique européenne sur ses compositions, le pianiste Nicola Sergio et ses invités donneront deux concerts le 26 au Sunside (18h00 et 20h30) au profit de l’association Partage dans le Monde afin de financer une mission médicale et la rénovation d’une école au Népal. Sofie Sorman et Adrien Néel (chant), Yuriko Kimura (flûte), Christophe Panzani (saxophone), Yoni Zelnik (contrebasse) et Luc Isenmann (batterie) participeront à cette soirée de soutien humanitaire qui nécessite votre présence.

Plaisirs champêtres

-Dans le cadre des manifestations organisées à l’occasion du 90ème anniversaire de la naissance du saxophiste Dexter Gordon, l’Espace Daniel-Sorano de Vincennes lui rend hommage le même jour avec à 14h30 la projection du film “Autour de Minuit” suivie à 17h00 d’une table-ronde autour du film en présence de son réalisateur, le cinéaste Bertrand Tavernier, et de Maxine Gordon, l’épouse de Dexter. Enfin, à 18h30, le saxophoniste ténor Lew Tabackin épaulé par Vincent Bourgeyx au piano, Pierre Boussaguet à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie, reprendra le répertoire d’un des plus célèbres albums que Dexter enregistra pour le label Blue Note : “Our Man in Paris”.

Plaisirs champêtres

-C’est un quartette interpelant qu’a mis sur pied le batteur californien Willie Jones III pour rendre hommage à Max Roach dont il partage la précision rythmique et à Clifford Brown, météorite de la trompette jazz trop tôt disparu. Avec lui au Sunside le 27 : Jim Rotondi, trompette reconnu qui fit ses armes auprès du grand Ray Charles, le pianiste Anthony Wonsey, musicien discret naguère associé à Nicholas Payton et à Wallace Roney, et la contrebasse solide de Chris Thomas. Après avoir joué avec Milt Jackson, Willie Jones III a été membre du groupe d’Arturo Sandoval et du quintette de Roy Hargrove. Pimenté de grooves latins, son drumming bien trempé dans le swing et le bop moderne ne manque pas de finesse.

Plaisirs champêtres

-Jazzman impénitent, René Urtreger s’offre Roland Garros le 29. Non le Central qui demande d’autres ressources que celles incontestables que possède le pianiste, un combattant et serviteur du jazz depuis son plus jeune âge, mais le Musée de la Fédération Française de Tennis dont la vaste salle accueille des concerts. Cette flamme qui le rend toujours jeune, René l’entretient avec des musiciens qui partagent sa passion pour un jazz qui n’oublie pas son histoire. Pour reprendre la musique d’ “Ascenseur pour l’Echafaud”, film de Louis Malle qui l’a rendu célèbre en 1957, René conserve sa section rythmique habituelle – Yves Torchinsky à la contrebasse et le fidèle Eric Dervieu à la batterie – mais fait appel à la trompette d’Eric Le Lann auteur d’un nouvel opus dont on dit grand bien, et le saxophone ténor d’Olivier Temime, récemment entendu en forme au Sunside auprès de Denise King et d’Olivier Hutman. Un ascenseur pour Roland Garros avec René, c’est approcher le paradis.

Plaisirs champêtres

-Un autre pianiste occupe le Sunside trois soirs de suite, les 30, 31 mai et 1er juin. Laurent de Wilde est en effet incapable de garder longtemps les mains dans ses poches. Il les pose sur des claviers, petits ou grands, en fait sortir des notes et pas n’importe lesquelles. Il aime les tremper dans le blues, leur confier des ballades, les faire sonner comme un balafon. L’afro-beat, l’électro, l’Afrique lui inspirent des musiques. Publié l’an dernier, “Over the Clouds”, déborde d’idées musicales et de bons médicaments contre la déprime. Jérôme Regard joue de la contrebasse et Laurent Robin de la batterie sur Fe Fe Naa Efe un morceau de Fela Kuti. Ce sont eux qui vont accompagner Laurent au Sunside. Ils connaissent son répertoire et sont prêts à nous surprendre. J’en profite pour vous signaler la réédition sur le label Gazebo (l’Autre Distribution) de deux albums de Laurent : “The Back Burner” (1995), et “Spoon-a-Rhythm” (1997), disque renfermant la première version enregistrée d’Edward K. Merci à Hélène Lifar qui me les a fait parvenir.

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Olympia : www.olympiahall.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Théâtre de l’Alhambra : www.alhambra-paris.com

-Théâtre du Vésinet : www.vesinet.org

-Espace Daniel-Sorano : www.espacesorano.com

-Festival de Jazz de Saint-Germain-des-Prés : www.festivaljazzsaintgermainparis.com

 

Crédits Photos : Chaises du Jardin du Luxembourg © André Kertész – Chucho Valdès, Roy Haynes © Philippe Etheldrède – Madeleine Peyroux © Rocky Schenck – Kat Edmonson © Sacks & Co. – Aaron Goldberg, René Urtreger, Laurent de Wilde © Pierre de Chocqueuse – Susanne Abbuehl © Pia Neuenschwander – Omar Sosa © Ron Jones – Tom Harrell © Angela Harrell – Christian Escoudé © Jean-Baptiste Millot – Nicola Sergio © Marcel van den Broek / Challenge Records – Sébastien Texier, Willie Jones III © X/DR.

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 08:32

Jazz---Cinema.jpgAvril : le poisson se montre toujours espiègle, le froid persiste et change nos habitudes, la neige recouvre les pommiers de Coutances et les banlieues ne sont plus bleues. Monsieur Michu s’en désole. Son oncle Raoul dont la famille habite Clichy-sous-Bois depuis plusieurs générations vient de lui apprendre que l’ancien fief du Fermier Général Louis-Dominique-François Le Bas de Courmont, convie les rappeurs Rocé et Soweto Kinch à offrir la sérénade à ses habitants. Les grands-parents de l'oncle Raoul ont vu les prussiens détruire la ville encore village en 1870. Traumatisé par un récent concert des Pygmées de l’Île de Pâques au musée de l’Homme, Monsieur Michu craint que des musiques barbares saccagent ses oreilles ellingtoniennes et se tiendra prudemment à l’écart. Natif du taureau, il rumine de sombres pensées. Par bonheur Jean-Paul vient de lui faire savoir que le Duke Orchestra fête ses dix ans d’existence en avril et son moral remonte. Il vient de lui offrir la nouvelle édition de “Jazz de France”, le guide-annuaire édité par l’Irma : 3.000 musiciens ou collectifs, 160 labels, 170 agents et producteurs, 580 festivals, 800 clubs ou salles, 110 journalistes etc. y sont recensés. Une enquête inédite sur le public ou les publics du jazz avec un texte inédit du sociologue Olivier Roueff complète l’ouvrage. Monsieur Michu mémorise les adresses des chanteuses qu’il admire pour leur écrire. Pouvoir envoyer une lettre à la belle Virginie Teychené lui met du baume au cœur.

 

C’est en avril que l’homme inventa le phonographe. Entre deux rideaux de pluie, les anciens y fêtaient Cybèle. Déesse de la Terre, cette dernière est aussi l’inventeur des cymbales que l’on actionne par une pédale depuis qu’existe la batterie. Celles que fait chanter Gerald Cleaver dans “Wislawa”, le nouveau double CD du trompettiste Tomasz Stanko, me mettent en joie. Vous  trouverez la chronique détaillée de l'album dans le nouveau Jazz Magazine / Jazzman et si vous souhaitez l'acheter chez Joseph Gibert, sachez que le jazz s'est transporté au 32 boulevard Saint-Michel, naguère le rayon beaux-arts de l'enseigne. En avril, le jazz fait aussi son cinéma. Du 12 au 14, une soixantaine de films vont être projetés dans les salles du réseau MK2. Monsieur Michu ne manquera pas ceux que l’Ina présente au MK2 Grand-Palais, des films de Jean-Christophe Averty dont beaucoup n’ont plus jamais été montrés depuis leur diffusion. Des concerts de légende qui permettent de retrouver Ray Charles, Ella Fitzgerald, Sidney Bechet, Dizzy Gillespie, Stan Getz, le Modern Jazz Quartet, Art Blakey, Max Roach, Cannonball Adderley et d’autres jazzmen que nous aimons. Les clubs de la rue des Lombards et la péniche l’Improviste s’associent à cette manifestation dont les parrains sont Bertrand Tavernier, Quincy Jones et bizarrement Ibrahim Maalouf. Au Sunside le 11, Riccardo Del Fra jouera en quintette les musiques qu’il a composées pour les films de Lucas Belvaux. Sur l’Improviste le 12, Stephan Oliva improvisera sur Bernard Herrmann, les films noirs et les bandes-son de Jean-Luc Godard. Enfin, depuis le 19 mars et jusqu’au 18 août, le musée de la Cité de la Musique organise une exposition sur le thème Musique et Cinéma. Les images sont aussi la mémoire du jazz. Quant on l’aime, on va aussi au cinéma.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Pierrick-Pedron-c-PdC.jpeg 

-Avec Thomas Bramerie à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie, Pierrick Pedron joue Thelonious Monk au Sunset les 5 et 6 avril, mais aussi le 6 au studio Charles Trenet de Radio France (17h30), dans le cadre de l’émission Jazz sur le Vif de Xavier Prévost. “Omry” et “Cheerleaders” sont des disques qui ne me parlent pas. Je préfère le musicien à sa musique, le saxophoniste parkérien qui s’envole dans ses chorus et fait chanter ses notes. Pierrick joue Monk en trio, recrée son univers sans piano, sans fil et en toute liberté. Publié l’an dernier et primé par l’Académie du Jazz, l’album qu’il lui consacre, “Kubic’s Monk”, est une belle prise de risques.

 J.-Terrasson-c-PdC.jpeg

-À l’occasion des vingt ans de carrière de Jacky Terrasson, c’est un double plateau exceptionnel que nous propose le lundi 8 Sunset Hors les Murs au Trianon, 80 bld Rochechouart 75018 Paris (19h30). Outre la plupart des musiciens de “Gouache”, son dernier album – Cécile McLorin Salvant (chant), Stéphane Belmondo (bugle et trompette), Burniss Earl Travis II (contrebasse), Justin Faulkner (batterie), Minino Garay (percussions) – , Jacky invite le guitariste Biréli S.-Belmondo-c-PdC.jpegLagrène à le rejoindre sur scène. On retrouve Stéphane Belmondo à la tête de son propre groupe pour fêter la sortie de “Ever After”, album largement consacré à la musique de Donny Hathaway. Outre son quartette régulier comprenant Kirk Lightsey au piano, Thomas Bramerie à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie, il réunit plusieurs invités prestigieux. Parmi ces derniers, Jacky et la chanteuse Sandra Nkaké seront de la fête, Dré Pallemaerts remplaçant Blake à la batterie. Une grande soirée en perspective.

 

R.-Dever---P.-Christophe-c-PdC.jpeg-Après avoir consacré plusieurs disques au répertoire de Jaki Byard, son maître, le pianiste Pierre Christophe, Prix Django Reinhardt 2007 de l’Académie du Jazz, rendra hommage à un autre grand disparu du piano, Erroll Garner. Avec lui le 10 avril au Jazz Club Étoile de l’Hôtel Méridien (trois sets : 22h15, 23h30 et 1h00) un quartette quelque peu inhabituel. Raphaël Dever le bassiste de son trio héritant de Laurent Bataille à la batterie et de Julie Saury elle-même batteuse, aux percussions. Que Pierre s’attaque à l’œuvre pianistique de Garner n’est pas vraiment une surprise. Ce dernier est présent dans son jeu de piano qui réunit avec bonheur styles et époques, passe allègrement du bop au stride et met constamment en joie.

 

Anachronic-DH-2012.jpeg-Toujours au Jazz Club Étoile de l’Hôtel Méridien, ne manquez pas le 11 le premier concert parisien de l’Anachronic Jazz Band, orchestre conjointement dirigé par Philippe Baudoin (piano) et Marc Richard (saxophone alto et clarinette) qui en sont aussi les arrangeurs. Son existence fut brève, quatre ans d’existence (1976 -1980), le temps de publier deux opus dans lesquels ils reprennent des standards du bop pour les jouer tout feu tout swing dans le style des années 20 et 30. L’Anachronic Jazz Band s’est donc miraculeusement reformé et Patrick Artero (trompette), André Villéger (saxophones et clarinette), Daniel Huck (scat et saxophone alto) rempilent dans cette aventure qui fait déjà grand bruit, le groupe étant considéré comme l’un des temps forts du prochain Jazz à Vienne.

 

Stephan-Oliva-c-PdC.jpeg-Stephan Oliva en piano solo sur la péniche l’Improviste le 12. Cette dernière s’associe au Festival International du Jazz au Cinéma et à cette occasion s’amarre sur le canal de la Villette, côté quai de Loire. Après deux opus sur le compositeur Bernard Herrmann (un live et un studio), un disque remarquable consacré aux films noirs (un de mes 13 Chocs de 2011), Stephan vient d’enregistrer au studio La Buissonne un nouvel album autours des musiques des films de Jean-Luc Godard. Il les a relevé pour les remonter à sa manière, mettant parfois en perspective des thèmes secondaires, développant des passages illustratifs, allégeant leurs orchestrations pour ajourer leurs mélodies. Ces trois programmes, Stephan les entremêlera, passant d’un piano adamantin aux notes obsédantes à des tonalités plus chaudes, les ombres du noir et blanc rencontrant la couleur.

 

Al-Foster-c-PdC.jpeg-Al Foster au Sunside le 13 et le 14. L’ex batteur de Miles Davis, de McCoy Tyner et de Joe Henderson n’a rien perdu de sa technique, son drumming moins économe que naguère témoignant d’une vitalité intacte. Pour servir le hard bop qu’il apprécie, il aime les saxophonistes qui racontent des histoires, des ténors solides qui savent jouer le blues. Influencé par Gene Ammons et Sonny Stitt, Eric Alexander possède justement le son volumineux qui convient  aux projets du batteur. Depuis longtemps complices de sa batterie, la contrebasse pneumatique du fidèle Doug Weiss, et le piano attentif et discret d’Adam Birnbaum complètent un quartette attendu.

 

Affiche Kinematics-Une écoute attentive de “Kinematics” révèle que Stéphane Chausse (clarinettes et saxophones) et Bertrand Lajudie (claviers) ont eu bon goût de joindre leurs talents respectifs. Récemment publié (Assai Records, distribution Musea), réunissant un nombre stupéfiant de musiciens, leur premier opus, une grosse production studio très soignée, pleine de couleurs et d’idées, reste un coup de maître dans le genre world fusion. Difficile en effet de chercher à identifier ces musiques qui se mêlent, se chevauchent et qu’il faut écouter sans se poser trop de questions. Chausse et Lajudie sont parvenus à habiller des mélodies habiles et accrocheuses, des thèmes que l’on peut mémoriser facilement malgré la structure harmonique souvent complexe des improvisations qui en découlent. Avec eux au New Morning le 16, une équipe restreinte : Sylvain Gontard (bugle et trompette), Marc Bertaux (basse), Patrice Heral (batterie) et Ousman Danedjo (percussions, voix) et pas mal d‘électronique.   

 

O.-Htman---D.-King-c-PdC.jpeg-Toujours associée à Olivier Hutman dont le piano suinte le blues, Denise King, chanteuse à la voix de velours, donnera deux concerts au Sunside le 17 et le 18 pour fêter la sortie de “Give Me the High Sign” le deuxième disque qu’ils enregistrent ensemble. Avec eux les musiciens de l’album : Stéphane Belmondo (trompette et bugle), Olivier Temime (sax ténor), Darryl Hall à la contrebasse, indisponible le batteur Steve Williams se voyant remplacé par Antoine Paganotti. Vous attendrez quelques jours pour lire dans ce blog la chronique de ce disque qui rend heureux, un feu d’artifice de swing et de tendresse qui rivalise sans peine avec les meilleures productions soul des années 70. Avec Viana sa délicieuse épouse, Olivier a conçu des musiques aux arrangements sur mesure pour la voix chaude de Denise qui co-signe avec lui plusieurs titres, et non des moindres, que vous vous empresserez d‘écouter.

 Jaleel Shaw

-Saxophoniste (alto mais aussi ténor), Jaleel Shaw est membre du quartette de Roy Haynes et du Mingus Big Band. A New York il joue aussi avec le Colors of a Dream Band de Tom Harrell, et le EJ Strickland Quintet. Enregistré en quartette son troisième disque, “The Soundtrack of Things to Come”, vient de paraître sur le label Changu Records. Jaleel nous en jouera sûrement des extraits au Sunside le 19. Ne pouvant disposer de Lawrence Fields, son jeune et talentueux pianiste, il ne perdra pas au change avec Vincent Bourgeyx au piano (son album “HIP” à marquer d’une pierre blanche est l’un de mes 13 Chocs 2012), Darryl Hall à la contrebasse et Benjamin Henocq à la batterie assurant la rythmique.     

 

Laika-Fatien-c-PdC.jpeg-Laïka Fatien au Café de la Danse (5, passage Louis Philippe 75011 Paris) le 20 avec Airelle Besson (trompette), Eric Maria Couturier (violoncelle), Pierre-Alain Goualch (piano), Chris Thomas (contrebasse) et Anne Paceo (batterie). Dans “Come a Little Closer” publié l’an dernier, elle évoque son trouble amoureux, exprime ses sentiments avec les textes, les mélodies d’Abbey Lincoln, Carole King, Nina Simone, mais aussi les siens dans Divine, une de ses compositions, avec un seul piano pour souligner sa voix suave. Laïka chante aussi “Nebula”, un album arrangé par Meshell Ndegeocello dans lequel elle pose ses propres paroles sur des instrumentaux de Wayne Shorter, Joe Henderson, Tina Brooks et Jackie McLean. Elle préfère la justesse et la sincérité au maniérisme et aux effets de style, nous chuchote des mots intimes qui font battre le cœur.

 

Laurent-Mignard-c-PdC-copie-1.jpeg-Le Duke Orchestra fêtera ses dix ans d'existence trois jours durant à l’Européen (5, rue Biot 75017 Paris). Le dimanche 21 verra la reprise du programme Ellington French Touch très apprécié par les Michu. Le lundi 22 Duke Ellington ambassadeur des peuples sera à l’honneur dans un Multicolored Duke. Quant aux femmes souvent présentes dans l’œuvre d'Ellington, Duke Ladies leur sera consacré le mardi 23. Toujours dirigé par Laurent Mignard, l’orchestre semble avoir quelque peu renouvelé son personnel avec la présence dans ses rangs de Carl Schlosser (saxophone ténor, flûte), Olivier Defays (saxophone ténor) et de Claude Egea (trompette). Victoria Abril, Jorge Pardo et Jean-Jacques Milteau participeront au second concert et le comédien Pierre Richard au premier. Enfin, outre l’épatante Nicolle Rochelle qui fait tourner la tête de Michel Contat, les autres chanteuses de Duke Ladies, le troisième plateau, seront Sylvia Howard, Rebecca Cavanaugh et Aurore Voilqué.

 

Anthony-Strong-c-PdC.jpeg-Anthony Strong chante, compose, joue bien du piano et malgré son jeune âge (il est né en 1984) possède un sacré métier. Chic avec ça le bougre, comme les musiciens qui l’accompagnent sur scène, tous en cravate et costume deux pièces, la classe ! Après le Grand Rex et le Duc des Lombards il y a quelques mois, le New Morning l’accueille le 25 avec ses reprises de standards ancrées dans le groove et le swing et des compositions originales « vintage » qui sonnent comme des thèmes de vieilles comédies musicales, le chanteur rendant floue les frontières entre le jazz et la pop qui alimente aussi son répertoire. Pour son concert parisien, il sera entouré par Graeme Flowers (trompette), Jon Shenoy (saxophones) et la section rythmique qui officie sur la moitié de “Stepping Out”, son nouveau disque, le premier qui sort en France, Tom Farmer (contrebasse) et Seb De Krom (batterie).

Affiche-Int.-Jazz-Day-2013.jpg 

-Après Paris en 2012, Istanbul sera la nouvelle capitale du jazz le 30 avril. Le Thelonious Monk Institute of Jazz, l’Association Paris Jazz Club et l'UNESCO organisent sa partie française dans les clubs de jazz de la rue des Lombards qui feront le plein de groupes et de musique jusqu’à 2 heures du matin. Nous n’avons pas la liste définitive des musiciens qui participent à cette manifestation. Parmi ceux qui ont confirmés leur présence, citons Gregory Porter, Taylor Eigsti, Avishai Cohen, Omer Avital, China Moses et Riccardo Del Fra. Renseignements auprès de Paris Jazz Club www.parisjazzclub.net

 Affiche-Festival-du-Jazzau-Cinema.jpg

 

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Le Trianon : www.letrianon.fr

-Jazz Club Étoile : www.jazzclub-paris.com

-Péniche l’Improviste : www.improviste.fr

-New Morning : www.newmorning.com

-Le Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

-l’Européen : www.leuropeen.info

-Festival du Jazz au Cinéma : www.mk2.com/evenement

-Musée de la Cité de la Musique : www.citedelamusique.fr

 


Crédits Photos : Pierrick Pedron, Jacky Terrasson, Stéphane Belmondo, Raphaël Dever & Pierre Christophe,  Stephan Oliva, Al Foster, Olivier Hutman & Denise King, Laïka Fatien, Laurent Mignard (Duke Orchestra), Anthony Strong © Pierre de Chocqueuse – Anachronic Jazz Band © Michel Bonnet – Jaleel Shaw © photo X/DR.

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 14:30

Jacques-Bisceglia-c-PdC.JPG.jpegJacques Bisceglia 1940-2013. In Memoriam.

Jean-Paul qui a la mauvaise habitude de s’emparer de mes textes avant que je ne les mette en ligne m‘a fait remarquer que les chanteuses sont particulièrement à l’honneur ce mois-ci. Je le concède. Celles que j’apprécie investissent ce mois-ci les clubs et les salles de concert. Ce qui n’est pas pour déplaire à Monsieur Michu. Déçu par la récente prestation au New Morning d’une Eliane Elias à la plastique moins sublime au naturel que sur ses photos de mode (comment peut-il en être autrement), ce dernier se cherche une nouvelle égérie. Susanna Bartilla, Lou Tavano, Youn Sun Nah et Champian Fulton titillent déjà son imagination, au grand dam de Madame Michu qui voit là simple caprice d’un vieux mari libidineux. Je n’en crois rien. L’homme a besoin d'inspiratrices. N’a-t-il pas choisi Minerve pour représenter l’intelligence ? Les neuf muses ne sont-elles pas des femmes ? J’aime penser que Dieu créa l’homme avant elles pour s’exercer à un chef-d’œuvre. Puissent de douces voix féminines nous aider à oublier cet hiver triste et froid qui nécessite tricot de flanelle et épais manteau de laine, mais aussi le parapluie, planeur à l’armature circulaire s’envolant comme un oiseau.

 

Mars est un mois capricieux livré au vent, à la pluie, au brouillard, au cheval transformé en bœuf gras pour la mi-carême. On se console auprès des femmes du mauvais temps qui s’éternise, de l’adversité qui nous enlève des amis chers. Après Pierre Lafargue le mois dernier, J.-Bisceglia-c-PdC.jpegJacques Bisceglia tire lui aussi sa révérence. Une longue maladie neurologique dégénérescente l’avait contraint à abandonner son poste de trésorier de l’Académie du Jazz. Je le connaissais depuis la fin des années 70. Le hasard d’une promenade dominicale m’avait conduit sur les quais de la Seine, quai de la Tournelle, où les parapets de pierre portent les boîtes vertes des bouquinistes. Jacques y avait les siennes. Il me vendit ce jour-là l’édition originale française de “L’Art Moderne” de Joost Swarte, un incontournable de la ligne claire. Car Jacques cumulait les passions. Le jazz dont il photographiait les musiciens depuis 1965, mais aussi les bandes dessinées, les romans policiers, de science-fiction et de fantastique. Co-auteur de “Trésors du roman policier” (Éditions de l’Amateur), collaborateur occasionnel de nombreux journaux dont Jazzman et Jazz Magazine, il avait été le maquettiste de la toute première série d’Actuel. Il écrivit des textes pour des pochettes de disques et, dans les années 60, s’occupa de la programmation du Jazzland, club de jazz de la rue Saint-Séverin. Outre celui des origines, Jacques appréciait le jazz déconstruit et utopique des années 70 qui croyait naïvement être libre. En 2009, déjà malade, il m’offrit son dernier livre, 45 ans de photos dans le monde merveilleux du jazz accompagnant des poèmes de Steve Dalachinsky (“Reaching into the Unknown 1964-2009”, RogueArt éditeur). Avec Jacques Bisceglia, le jazz perd un précieux témoin de son histoire. Cet édito lui est dédié.  

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Paolo-Fresu-Devil-Quartet-c-PdC.jpeg-Paolo Fresu au New Morning le 5 avec son Devil Quartet qui vient de faire paraître “Desertico”, un disque moins réussi que “Stanley Music” précédent et premier opus de cette formation dont la création remonte à 2003. Avec lui Bebo Ferra un guitariste qui déménage, donne à la musique une sonorité plus rock, genre qui se mélange ici au jazz, le répertoire n’oubliant pas les ballades au sein desquelles excelle le trompettiste sarde, spécialiste des notes légères et transparentes. Paolino Dalla Porta à la contrebasse et Stefano Bagnoli à la batterie complètent le groupe.

 

Susanna-Bartilla-c-Matthieu-Dortomb.jpeg-Après un premier album consacré à Johnny Mercer, la délicieuse chanteuse berlinoise Susanna Bartilla en publie un second sur Peggy Lee. Susanna l’a produit et le distribue elle-même, ses musiques étant également disponibles en téléchargement sur iTunes, CD-Baby et Amazon depuis le 5 février. Beaucoup mieux produit et plus réussi que le précédent, “I Love Lee” renferme de nombreuses perles dont une version inoubliable de Johnny Guitar, un des nombreux tubes de Peggy Lee, Norma Dolores Egstrom de son vrai nom, plus de mille morceaux en soixante ans de carrière. La voix sensuelle et solaire de Susanna s’accommode d’un fort vibrato qui envoûte et interpelle. On l’écoutera sur la scène du Sunside le 10 avec Alain Jean-Marie au piano, Sean Gourley à la guitare et Claude Mouton à la contrebasse. Tous jouent sur ce nouvel album. Le batteur en est Aldo Romano. Indisponible, Kenny Martin, un batteur berlinois que Susanna apprécie, le remplace.

 

Nicholas-Payton-c-Michael-Wilson.jpeg-Grand technicien de la trompette, musicien doué et souvent inspiré, Nicholas Payton surprend par la variété de ses projets. Son meilleur disque reste pour moi “Into the Blue” enregistré en 2007 avec Kevin Hays au piano. “Bitches” son dernier disque dans lequel il assure tous les instruments relève davantage de la soul que du jazz. C’est en trio qu’il est attendu pour quatre concerts au Duc des Lombards le 13 et le 14. Avec lui Vincente Archer, le bassiste d’“Into the Blue”, et Corey Fonville à la batterie. Originaire de Virginie, ce dernier a joué avec Jacky Terrasson, Jeremy Pelt, Cyrus Chestnut et le groove pimente naturellement ses rythmes.

   

Lou-Tavano-en-Pierrot.png-C’est par l’écoute de “Meets Alexey Asantcheeff”, disque autoproduit qu’elle a fait paraître il y a quelques mois que j’ai découvert Lou Tavano, chanteuse à la voix séduisante dont la large tessiture réserve bien des surprises. On pourra en juger le 19 au Sunside. Elle y sera accompagnée par un sextette comprenant Alexey Asantcheeff au piano, Arno de Casanove à la trompette, Maxime Berton aux saxophones, Alexandre Perrot à la contrebasse et Tiss Rodriguez à la batterie. Grâce à son pianiste qui assure aussi les arrangements de l’album, Lou Tavano modernise et donne des lectures très originales des standards qu’elle reprend. Enregistrée live, sa version de I Loves You Porgy, en duo avec son pianiste, est très émouvante. Ce dernier joue un piano aux notes brillantes et colorées dont profite largement la musique.

 

Dan-Tepfer---Ben-Wendel-c-Vincent-Soyez.jpg-Après avoir improvisé autour des “Variations Goldberg de Bach, le pianiste Dan Tepfer sort un disque avec Ben Wendel, le saxophoniste de Kneebody. “Small Constructions” (Sunnyside) renferme une musique à la fois savante et fluide. Elle reflète le plaisir que les deux hommes éprouvent à jouer et à inventer ensemble, à échanger et à faire circuler des idées. Tous deux maîtrisent parfaitement leurs instruments, leur technique disparaissant derrière un discours musical ouvert et toujours surprenant. Ils seront au Sunside le 21 et le 22 pour nous présenter le contenu de leur album, des compositions originales, des pièces de Thelonious Monk et de Lennie Tristano (Line Up) et une version sensible et poétique de Darn that Dream.

 

Jeff-Hamilton-Trio-c-Mark-LaMoreaux.jpg-Jeff Hamilton en trio au Duc des Lombards du 21 au 23 avec Tamir Hendelman (piano) et Christophe Luty (contrebasse). Jeff a été le batteur de Lionel Hampton et de Monty Alexander. Il a accompagné Ella Fitzgerald avant de constituer avec le contrebassiste John Clayton le Clayton-Hamilton Jazz Orchestra qui a enregistré plusieurs albums avec Diana Krall. En trio, le batteur reste toutefois au service du principal instrument mélodique qui a charge d’exposer les thèmes et de les développer. On ira donc aussi écouter Jeff Hamilton pour le pianiste Tamir Hendelman avec lequel il travaille depuis l’an 2000 et qui est aussi l’un des principaux arrangeurs de son big band.

 

Enrico-Pieranunzi-c-PdC.jpeg-Enrico Pieranunzi de retour à Roland Garros le 23 après un concert enthousiasmant donné dans la même salle il y a un an en mars 2012. Le maestro s’y était produit avec un nouveau trio comprenant Scott Colley (contrebasse) et Antonio Sanchez (batterie). A-t-il l’intention de poursuivre cette fructueuse collaboration avec eux ? On lui posera la question à l’occasion d’un concert pour lequel il a préféré faire appel à une section rythmique dont il aime s’entourer. Hein Van de Gein à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie conviennent tout à fait aux harmonies délicates et souvent surprenantes d’Enrico qui tel un prestidigitateur, sort de son piano des notes inattendues. Pianiste véloce, il se fait miel dans les ballades, effleure alors son clavier de son toucher sensible pour en poétiser les sons, en traduire les couleurs.

 

Remi-Toulon-c-PdC.jpeg-Toujours le 23, le pianiste Rémi Toulon retrouve le Sunside avec un invité, le saxophoniste Stéphane Chausse. Avec son trio, Jean-Luc Arramy (contrebasse) et Vincent Frade (batterie), Rémi a remporté en juillet dernier le premier prix du concours d’orchestres organisé par le festival Jazz à Montauban. On attend une suite à “Novembre”, album de 2011 qui, sous l’égide d’un pianiste qui possède déjà son propre langage harmonique, réunit d’excellentes compositions originales et des adaptations très réussies de La Reine de Cœur (Francis Poulenc), Morning Mood (un extrait de Peer Gynt d’Edvard Grieg) et de La Bohème (Charles Aznavour).    

 

Youn-Sun-Nah-c-Sung-Yull-Nah-copie-1.jpg-Youn Sun Nah au théâtre du Châtelet le 25 pour fêter la parution de “Lento”, son huitième disque. Bien que le jazz soit minoritaire dans son répertoire qui mêle des compositions originales, des morceaux traditionnels coréens et même des chansons pop, la chanteuse coréenne « made in France » fait la une ce mois-ci de Jazz Magazine / Jazzman. Elle séduit un large public grâce à une voix de soprano capable de descendre très bas dans le grave, une voix magnifique et puissante qui ruissèle d’émotion, ose et transporte aux pays des rêves. Avec elle pour ce concert, les musiciens de l’album : Ulf Wakenius aux guitares, Lars Danielsson à la contrebasse et au violoncelle, Vincent Peirani à l’accordéon et Xavier Desandre-Navarre aux percussions. Une soirée intimiste à ne surtout pas manquer.

 

Champian-Fulton-c-Janice-Yi.jpg-Pianiste et chanteuse new -yorkaise à découvrir toutes affaires cessantes au Sunside le 26, Champian Fulton n’oublie jamais de faire swinguer ses notes. Pour mon confrère et ami Jacques Aboucaya de Jazz Magazine / Jazzman, elle évoque Erroll Garner « par le phrasé et l'imperceptible décalage entre les deux mains, si souvent évoqué ». Quant à la voix, c’est du côté de Dinah Washington qu’il faut aller la chercher. Bud Powell, Sonny Clark, Sarah Vaughan comptent également parmi ses influences. Inconnue en France, âgée seulement de 27 ans, elle publie un quatrième album “Champian Sings and Swings” (Sharp Nine Records) sur lequel elle invite le saxophoniste Eric Alexander.

 

Baptiste-Herbin-c-PdC.jpeg-Baptiste Herbin en quartette au Sunside le 30. Le saxophoniste est certes un habitué des clubs de jazz de la rue des Lombards. On l’a d’ailleurs entendu jouer des notes enflammées dans ce même Sunside le mois dernier au sein du New Blood Quartet d’Aldo Romano. Cela ne nous empêchera pas de l’écouter une fois encore, cette fois-ci avec le groupe qui l’accompagne dans son propre album, un premier disque dont la réussite reste imputable au piano de Pierre de Bethmann, à la contrebasse de Sylvain Romano et à la batterie d’André Ceccarelli. Ce dernier indisponible, c’est Rémi Vignolo qui fouettera ses cymbales et martèlera ses tambours pour le plaisir de tous.

 

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

 

Crédits Photos : Jacques Bisceglia, Paolo Fresu Devil Quartet, Enrico Pieranunzi, Rémi Toulon, Baptiste Herbin © Pierre de Chocqueuse – Susanna Bartilla © Matthieu Dortomb – Nicholas Payton © Michael Wilson – Lou Tavano © X / D.R. – Dan Tepfer & Ben Wendel © Vincent Soyez – Jeff Hamilton Trio © Mark LaMoreaux – Youn Sun Nah © Sung Yull Nah – Champian Fulton © Janice Yi  

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 12:19

Paris-la-blanche-c-PdC.jpegDurs, durs ces mois d’hiver. Les chaussures fourrées à semelles épaisses sont recommandées pour ne pas patauger dans la neige fondue. Il a neigé sur la capitale dont le blanc manteau s’est dissout en eau verglacée. Il vaut mieux rester chez soi en robe de chambre assis près du radiateur ou devant un bon feu à condition d’avoir une cheminée et du bois à brûler. Les bons livres ne manquent pas à cette époque de l’année. Le dernier faux roman de Patrick Deville sur Alexandre Yersin, “Peste et Choléra”, Prix Femina 2012, est épatant. “La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert”, Prix de l’Académie Française et Goncourt des Lycéens, un vrai roman policier, a séduit Monsieur Michu qui l’a dévoré en trois jours. L’amateur de jazz se plongera avec bonheur dans les pages allègres du “Petit Dictionnaire Incomplet des Incompris” d’Alain Gerber publié aux éditions Alter Ego. A peine ces prix ont-ils été décernés qu’une nouvelle vague de 525 ouvrages atterrit chez les rares libraires qui subsistent face à la concurrence déloyale des ventes en ligne. Je leur souhaite d'être plus intéressant que ce torrent de disques dans lesquels l’immense technique des musiciens compense mal un manque d’idées affligeantes.

 

Frileux et fragile, Monsieur Michu n’est guère sorti en janvier. Les soldes lui ont fait arpenter les parquets des grands magasins un après-midi de chien et la remise des Prix de l’Académie du Jazz l’a attiré au théâtre du Châtelet pour ressentir palpiter périlleusement son palpitant à l’écoute de la free music Emile Parisien, Prix Django Reinhardt 2012 controversé. Moins dangereux que les médicaments et les musiques qui empoisonnent, les programmes des clubs parisiens en février promettent de délicieux frissons. Sur place, nos applaudissements généreux font circuler le sang et aident le corps à se réchauffer. On sort aussi le 14, pour la Saint-Valentin. Certains l'attendent en patinant. Ils dessinent des cœurs sur la glace. D'autres suspendent chez eux des portraits de celles qu'ils aiment.

 

Eliane Elias © E. EliasAmoureux de la belle Eliane Elias qui la veille donne un concert au New Morning, Monsieur Michu a accroché cette photo géante de la pianiste chanteuse sur le mur de son salon. En attendant de la rencontrer, il écoute les radios de jazz. Entièrement consacré au trentième anniversaire de la mort de Dizzy Gillespie, le Club Jazz à Fip du 6 janvier fut particulièrement excitant. Philippe machin chose qui ne travaille que le dimanche le mit en joie en diffusant une version irrésistible de Swing Low Sweet Cadillac enregistré pour Verve en 1959.

 

Pierre Lafargue a sûrement apprécié cette émission s'il l'a écoutée. Né en 1932, très attaché à l’Académie du Jazz dont il était l’un des membres les plus anciens, Pierre s’est éteint le 29 janvier. Cultivé, fin connaisseur du jazz, il aimait beaucoup la musique de chambre et les quatuors à cordes qui lui lavaient les oreilles d'un trop plein d'insipidités abondamment médiatisées. On doit à cet ancien collaborateur de Jazz Hot de nombreux textes de livrets aussi documentés qu’amusants pour RCA et Frémeaux & Associés. Il sera enterré vendredi prochain 8 février à 15h30 au cimetière de Pantin. Cet édito lui est dédié.

 

Guillermo KleinQUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

-Guillermo Klein au Duc des Lombards le 4 et le 5. Ancien élève du Berklee College of Music (Boston), ce pianiste et compositeur argentin s’est fait connaître par la qualité de ses arrangements. Après avoir joué au Small de New-York à la tête d’un grand orchestre, il a constitué Los Guachos, un tentet qui comprend les saxophonistes Miguel Zenon et Chris Cheek, musiciens avec lesquels il nous donne rendez-vous au Duc. Cosignataire de “Bienestan”, disque remarqué par la critique, le pianiste Aaron Goldberg complète un quartette pour le moins original.

 

Kenny-Werner-c-PdC.jpeg-Le 6 et le 7 Kenny Werner lui succède au Duc des Lombards pour deux concerts en trio, le pianiste s’y faisant accompagner par Johannes Wendenmueller à la contrebasse et Ari Hoenig à la batterie. Kenny a enregistré avec eux deux disques live (au Sunset) en 2000. Musicien à l’imagination féconde, il excelle aussi bien sûr dans le genre qu’en solo, connaît le vocabulaire du jazz et son histoire, son piano élégant aux chaudes couleurs harmoniques n’oubliant jamais de swinguer. Toutes ses prestations sont des évènements. On n’oubliera pas de réserver sa place.

 

Enrico-Rava.jpg-Également le 6 et le 7, Enrico Rava revient jouer au Sunside à la tête de sa formation italienne. Le tromboniste Gianluca Petrella (uniquement le 7) s’offre avec lui de nombreux et passionnants dialogues qu’arbitre très subtilemùent Giovanni Guidi, pianiste aux chorus tamisés qui possède un sens profond des couleurs et des nuances, Gabriele Evangelista à la contrebasse et Fabrizio Sferra à la batterie complètent une formation avec laquelle le trompettiste a enregistré l’un des disques les plus lyriques de sa discographie : “Tribe”, un de mes 13 Chocs de l‘année 2011. Sa musique solaire, sa chaleur toute méditerranéenne est un vrai remède contre le froid de Cedar Waltonl’hiver.

 

-On ne présente plus Cedar Walton, 79 ans le 17 janvier prochain. Originaire de Dallas, installé à New-York depuis 1955, il a joué avec le gratin du jazz, fait partie du Jazztet d’Art Farmer / Benny Golson et des Jazz Messengers d’Art Blakey dont il fut aussi le directeur musical. Outre d’innombrables enregistrements pour Blue Note dont il fut un temps le pianiste attitré, on lui doit la formation d’Eastern Rebellion, un des meilleurs groupes des années 80. Avec lui au Duc pour 4 concerts exceptionnels le 8 et le 9 (20h et 22h), David Williams à la contrebasse et Willie Jones III à la batterie.

 

Ronin-c-Martin-Moll--Ronin-Rythm-Prod.jpeg-Ronin le groupe de Nik Bärtsch au Centre Culturel Suisse (38 rue des Francs Bourgeois 75003 Paris) le 12 et le 13 à 20h00. Le pianiste suisse compose des modules de différentes durées au sein desquels boucles rythmiques et figures répétitives génèrent une musique hypnotique et architecturée à la tension et au groove constamment entretenus. Après “Stoa” (2005), “Holon” (2008) et “Llyria” (2010), tous ces disques sur ECM, Ronin sort un double CD live très représentatif de ses concerts. Outre Nik Bärtsch aux claviers, la formation comprend aujoud'hui  Sha à la clarinette basse et au saxophone alto, Thomy Jordi à la basse électrique, et Kaspar Rast à la batterie. Transe garantie.

 

M.-Johnson---E.-Elias-c-Priscia-Silvestre---ECM.jpg-Marc Johnson (contrebasse), Eliane Elias (piano) et Joe Labarbera (batterie) au New Morning le 13. Marc et Joe furent tous deux membres du trio du regretté Bill Evans et Eliane lui a rendu hommage en 2008 avec son album “Something for You”. Elle s’est fait connaître comme chanteuse auprès d’un large public, mais c’est surtout la pianiste que plébiscitent les amateurs de jazz. On écoutera ses voicings élégants, les couleurs, les harmonies evansiennes de son piano dans “Swept Away” (ECM), un des meilleurs disques de l’an dernier co-signé avec Marc, son mari. Comme elle, ce dernier est aussi un compositeur habile, comme en témoignent Midnight Blue et Foujita, deux des thèmes de cet opus enthousiasmant.

 

Aldo-Romano-c-Jean-Baptiste-Millot-copie-1.jpeg-Aldo Romano au Sunside les 14, 15 et 16 février. Infatigable malgré le poids des ans, le batteur transalpin se présente à la tête d’une nouvelle formation, le New Blood Quartet avec laquelle il sort un nouvel album chez Dreyfus Jazz consacré aux thèmes que le pianiste Freddie Redd composa naguère pour The Connection, une pièce de Jack Gelber crée en 1959 par le Living Theater qui fit l’objet l’année suivante d’un enregistrement Blue Note avec Jackie McLean au saxophone alto. Avec Aldo pour assurer le sang neuf annoncé : Baptiste Herbin, révélation 2012 du saxophone, et au piano son jeune compatriote Alessandro Lanzoni, meilleur jeune soliste au concours international Martial Solal en 2010. Michel Benita à la contrebasse complète la formation.

Fabien-Mary-c-Marina-Chasse.jpeg-Fabien Mary au Sunset le 15 et le 16. Trompettiste inspiré, attaché à la tradition du jazz et à son vocabulaire, Fabien (quatre nominations pour le Prix Django Reinhardt entre 2008 et 2011) a vécu trois ans sa musique à New-York auprès de musiciens américains de haut vol qui partagent avec lui sa passion pour un jazz mélodique qui n’oublie jamais le swing. Enregistré le 9 avril 2012 au Studio Hirsh de Manhattan, “Conception” son nouvel album pour le label Elabeth le présente entouré d’une section rythmique attentive à sa musique. Pour le jouer Steve Ash (piano) et Pete Van Nostrand (batterie) seront à ce rendez-vous parisien, Fabien Marcoz remplaçant David Wong à la contrebasse.

Ignasi-Terraza-trio-c-SWIT-Records.jpg-Méconnu des amateurs de jazz français, le pianiste catalan non-voyant Ignasi Terraza né en 1962 mérite une écoute attentive. À des compositions personnelles de belle facture s’ajoutent de nombreuses reprises de standards de toutes époques qu’il réinvente tout en respectant leurs mélodies, points de départs de ses cheminements harmoniques. Enregistré à Barcelone, “–Sol-It”, son dernier album, un double CD en solo (Swit Records), retient constamment l’attention. Le pianiste est attendu au Duc des Lombards le 18 et le 19 avec Pierre Boussaguet (contrebasse) et Esteve Pi (batterie), musiciens avec lesquels il s’est offert un enregistrement live au Sheraton de Bangkok en 2010. La plupart de ses disques sont disponibles chez Crocojazz, 64 rue de la Montagne Sainte-Geneviève 75005 Paris.

Scott-Colley.jpeg-Un quatuor de rêve au Sunside le 20 et le 21 : Scott Colley (contrebasse), Kenny Werner (piano), Mark Turner (ténor et soprano) et Bill Stewart (batterie) vont y faire des étincelles. Grand technicien, Colley est un rythmicien capable de répondre aux sollicitations mélodiques de Werner, musicien complet qui fait autant danser son piano que chanter. Stewart assure tous les tempos sans jamais trop charger la musique. Au ténor, Turner défriche de nouveaux espaces de liberté, développe de longues phrases mélancoliques dans l’aigu de l’instrument, un langage plus secret et intérieur qu’exubérant. Deux grandes soirées très attendues.

E.-Gomez-c-Claudio-Casanova.jpg-Eddie Gomez en quintette au Sunside le 22 et le 23. Il joua pendant onze ans de la contrebassiste au sein du trio de Bill Evans puis il cofonda Steps Ahead dont la pianiste fut un temps Eliane Elias. Sa carrière d’enseignant ne l’empêche pas d’enregistrer en trio, à Palerme en Italie en 2006, puis avec un quintette italo-américain dans “Per Sempre” (BFM Jazz). Son quintette parisien présentera la même instrumentation avec Matt Marvuglio à la flûte, Marco Pignataro aux saxophones, Hervé Sellin au piano et Franck Agulhon à la batterie. Gomez est aussi à Paris pour une masterclass de trois jours organisée par le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

 Brad Mehldaukevin Hays-Les pianistes Brad Mehldau et Kevin Hays Salle Pleyel le 23 (20h00). Les deux hommes joueront probablement de larges extraits de “Modern Music (Nonesuch), album qu’ils enregistrèrent en duo en 2010 et consacré à des pièces de Steve Reich, Philip Glass et Ornette Coleman, des œuvres du jeune compositeur et arrangeur Patrick Zimmerli et à des compositions personnelles. Moins connu que Mehldau, Hays a pourtant une longue et brillante carrière derrière lui. Auteur de trois albums remarquables sur le label Blue Note, il affectionne les enregistrements  en solo comme en témoignent “Open Range” (ACT) et plus récemment “Variations” (Pirouet).

Sylvia-Howard-c-PdC.jpegChristian Bonnet © PdC-On éprouve un vrai bonheur à l’écoute de Sylvia Howard, chanteuse américaine installée à Paris et attendue au Sunset le 27 avec le Black Label Swingtet constitué de Georges Dersy (trompette), Jean Sylvain Bourgenot (trombone), Christian Bonnet et Antoine Chaudron (saxophones ténors), Jacques Carquillat (piano), Jean de Parseval (basse électrique) et Alain Chaudron (batterie). Récemment édité chez Black & Blue, “Now or Never”, leur nouvel album, renferme un florilège de standards superbement arrangés par Christian Bonnet. On goûtera les chaudes couleurs d’un orchestre qui swingue, à la voix caressante d’une musicienne talentueuse qui chante le blues, nous enchante et nous émeut profondément.   

 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Centre Culturel Suisse : www.ccsparis.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

CRÉDITS PHOTOS : Eliane Elias © E. Elias – Paris la blanche, Kenny Werner, Sylvia Howard, Christian Bonnet © Pierre de Chocqueuse – Ronin © Martin Möll / Ronin Rhythm Productions – Marc Johnson & Eliane Elias © Priscia Silvestre / ECM – Aldo Romano © Jean-Baptiste Millot – Fabien Mary © Marina Chassé – Ignasi Terraza trio © SWIT Records – Eddie Gomez © Claudio Casanova Guillermo Klein, Enrico Rava, Cedar Walton, Scott Colley, Brad Mehldau, Kevin Hays © X/D.R.

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 17:54

Heureux-Noel-2.jpgDécembre, le mois des sapins décorés de boules lumineuses multicolores, de guirlandes inflammables et synthétiques fabriquées en Chine. Les Dugenoux préfèrent attirer les gourmands à leur réveillon en suspendant d’énormes cochonnailles aux branches d’un arbre gigantesque, quitte à percer le plafond du voisin, un chanteur de variété trop pris par ses tournées pour regagner son logis déserté. Ils pensent aussi accrocher quelques dives bouteilles de grands crus classés pour attirer chez eux les Michu devant lesquels ils souhaitent étaler leur richesse. Contrairement à Bajoues profondes qui rêve de mortadelle considérable, de salamis immenses, ces derniers refusent la séduction des sirènes trop en chair de Jean-Jacques Dugenoux Agathe-Dugenoux.jpg dont l’épouse Agathe, comme en témoigne cette photo d’elle en grand décolleté, ne manque ni de grâce, ni de distinction. Même attiré par une bouteille de Petrus, bordeaux fort cher et fort bon qu’il n’a jamais goûté, ou par un Jacky McLean, whisky de capitaine qu’il apprécie, Monsieur Michu souhaite fuir ces m’as-tu-vu envahissants, laudateurs d’un certain Étienne Marcel dont la musique atroce phagocyte le monde du jazz et provoque de néfastes palpitations de palpitants. Un maya de leurs amis ayant annoncé la fin du monde le 21, les Dugenoux prudents ont choisi de réveillonner la veille. Ils comptent bien récidiver le 24 si la planète n’est pas détruite, s’inviter chez les Michu qui attendent chez eux leurs proches devant un souper modeste après la traditionnelle messe de minuit aux Saints Innocents. Comme chaque année, ils s’investiront dans la crèche vivante de leur paroisse parisienne. Jean-Paul sera Saint-Joseph et Madame Michu une bergère. Jacquot trop défiguré pour tenir le rôle du Petit-Jésus, Monsieur Michu espère convaincre Médéric Collignon ou Gérard Depardieu. Sait-on jamais ? Le soir même, Madame Michu examinera attentivement les cadeaux reçus par son mari. Surtout les disques. Certains provoquent fièvres, claquements de dents et expédient à l’hôpital. Monsieur Michu en a fait la triste expérience l’an dernier. Décembre : des galettes plastifiées et indigestes peuvent provoquer des maladies graves, les Pères-Noël font peur aux enfants, les voleurs de conifères prospèrent tout comme les pharmaciens. Rhumes et sinusites perturbent le sommeil de nuits fraîches, les plus longues de l’année. On peut aussi les passer dehors, dans les clubs de jazz de la capitale, à l'Alhambra le 7, salle dans laquelle se déroulera le 1er Téléthon du Jazz, ou à l’Olympia le 17 pour la grande soirée musicale qu’organise annuellement TSF Jazz. Puissent ces concerts qui interpellent, les derniers de 2012, guider vos choix. Mis en sommeil vers le 20 décembre après la mise en ligne des très attendus Chocs de l’année (douze nouveautés et un inédit), ce blog, réactivé à la mi-janvier, consacrera une place importante à la remise des prix de l’Académie du Jazz, l’événement incontournable de janvier 2013.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Melanie-de-Biasio.jpg-Quatre soirées jazz du 5 au 8 décembre au Centre Wallonie-Bruxelles, 46, rue Quincampoix 75004 Paris. Une valeur sûre le 5 avec le guitariste Philip Catherine en concert d’ouverture. Le 8, le label Igloo nous propose deux artistes de son catalogue, le jeune pianiste Igor Gehenot et Sal La Rocca, bassiste très demandé en Belgique. C’est toutefois la venue de Mélanie De Biasio le 6 qui interpelle le plus. Nous n’avions plus de nouvelles de la chanteuse depuis ses concerts de septembre et décembre 2008 au Sunside. Elle semble ne pas avoir enregistré d’autres disques depuis la parution de “A Stomach is Burning” (Igloo) en 2007, révélation d’une voix grave et sensuelle, d’un univers en noir et blanc résolument personnel. Pascal Mohy depuis longtemps avec elle au piano et Sam Gerstmans à la contrebasse accompagneront à Paris son chant et sa flûte, instrument qui renforce l’aspect onirique de sa musique.

  

Frederic-Borey-c-Christophe-Maroye-b.jpeg-Frederic Borey au Sunside le 6. Vous avez probablement découvert et, peut-être lu ma chronique enthousiaste de son nouveau disque. Son saxophone ténor sonne comme un alto. Normal, Frédéric préfère solliciter les médiums et  les aigus de l’instrument. Sa sonorité claire et droite à la Warne Marsh, il la met au servie de compositions très soignées sur le plan de la forme. Le mélodiste ne perd jamais de vue la tradition du jazz, le blues et le bop qui nourrissent sa musique. Impossible de faire venir au Sunside Inbar Fridman (guitare) et Camelia BenNaceur (piano) qui l’accompagnent sur “The Option” mais, avec Pierre Perchaud à la guitare et Paul Lay au piano nous ne perdrons pas au change, Frédéric pouvant compter sur l’excellente section rythmique de son album, Florent Nisse à la contrebasse et Stefano Lucchini à la batterie.

 

Affiche-Telethon-Jazz.jpg-Ne manquez pas le 7, le premier Téléthon du Jazz à l'Alhambra, 21 rue Yves Toudic 75010 Paris (20h00), manifestation parrainée par la BNP Paribas au profit de l'AFM-Téléthon, avec l'Electric Excentric Quartet de Sylvain Beuf et Sixun.  

 

-Patrice Caratini et son Jazz Ensemble également le 7 à la Dynamo, 9 rue Gabrielle Patrice Caratini a © PDCJosserand, 93500 Pantin (20h30) dans un programme en partie consacré à des partitions anciennes, des extraits de la musique du Onztet crée en 1979, les Miniatures pour tuba écrites pour François Thuillier et la Petite suite pour Django. La formation reprendra également des œuvres récentes parmi lesquelles des extraits des suites caribéennes. On retrouvera avec plaisir Claude Egea et Pierre Drevet aux trompettes, André Villéger et Mathieu Donarier aux saxophones, Manuel Rocheman au piano, Patrice bien sûr à la contrebasse, invitant pour ce concert le guitariste Marc Ducret.

 

Carmen-Lundy-c-James-St.-Laurent.jpg-Carmen Lundy au Duc des Lombards les 7 et 8 décembre (20h00 et 22h00). Native de Miami, installée à New York depuis 1978, la chanteuse a une longue carrière derrière elle. Elle la débuta au sein du prestigieux Thad Jones / Mel Lewis big Band et dès 1980 posséda son propre trio avec John Hicks au piano. “Changes” son dernier disque publié est le douzième qu’elle enregistre sous son nom. On la trouve aussi sur plusieurs albums de Kip Hanrahan avec lequel elle aime travailler et dans “The Mosaic Project” de la batteuse Terri Lyne Carrington. Auteur de plusieurs opus remarquables, le pianiste Anthony Wonsey sera au Duc son partenaire privilégié, Darryl Hall (contrebasse) et Jamison Ross (batterie) complétant la formation.

 

Baptiste-Herbin-c-PDC.jpeg-Âgé seulement de 25 ans, le saxophoniste Baptiste Herbin impressionne par sa maîtrise de ses deux instruments, les saxophones alto et soprano. Avec eux, il tient un discours mélodique enraciné dans le bop, prend des risques, possède une sonorité propre et des compositions originales. On le constate dans “Brother Stood”, le premier album qu’il a enregistré sous son nom avec Pierre de Bethmann, Sylvain Romano et André Ceccarelli. Baptiste en jouera les morceaux au Duc les 10 et 11 décembre, Eric Legnini remplaçant au piano Pierre de Bethmann le 11. Si Sylvain Romano tiendra bien la contrebasse, la présence d’André Ceccarelli à ces concerts reste encore incertaine. On ne peut que la souhaiter.

 

Jacquot.jpg-Non ce n’est pas Laurent Mignard sur la photo, mais Jacquot après sa dernière opération. Sa ressemblance avec la créature d’un célèbre roman est fortuite. L’enlèvement de son armure fut douloureux pour le pauvre garçon qui en conserve des séquelles. Il compte toutefois se rendre le 14 au Carré Belle-Feuille (60, rue de la Belle Feuille, Boulogne Billancourt) pour suivre le concert qu’y donnera à 20h30 le Duke Orchestra. Le même soir le pianiste Dominique Fillon animera le Sunside avec Sylvain Gontard à la trompette, Kevin Reveyrand à la contrebasse et Francis Arnaud à la batterie. Il va falloir choisir car Giovanni Falzone (trompette) et Bruno Angelini (piano) donnent aussi un concert au Centre Culturel Italien, 73 rue de Grenelle, 75007 Paris (20h00).

 

Laurent-De-Wilde-c-Sylvain-Gripoix.jpg-Il n’arrête pas Laurent de Wilde. Tant mieux pour tous ceux qui apprécient sa musique, son piano aux belles couleurs harmoniques qui s’appuie sur la tradition du jazz pour le moderniser. J’en suis, m’efforçant de suivre au plus près ses concerts, de commenter ses disques. Vous trouverez ma chronique de “Over the Clouds” son dernier opus dans ce blog à la date du 9 mai. Un album très varié, le premier qu’il enregistre en trio depuis “The Present” en 2006. On y trouve du blues, des ballades, du bop, des morceaux rythmés louchant sur l’afro-beat. Laurent en reprend bien sûr les morceaux en concert. Il se produira le 15 avec Jérôme Regard à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie à l’espace Daniel-Sorano (16 rue Charles Pathé, Vincennes) dont il a assuré la programmation artistique de la première édition.

 

Manuel-Rocheman-c-Thibault-Stipal-_-Naive.jpg-Toujours le 15, le New Morning accueille Manuel Rocheman avec le trio du guitariste, chanteur et compositeur brésilien Toninho Horta - Yuri Popoff (contrebasse), Luiz Augusto Cavani (batterie). Enregistré au Brésil et publié en octobre, “Café & Alegria”, le dernier disque du pianiste est consacré à ses musiques. Horta a travaillé avec Elis Regina, Milton Nascimento, Edu Lobo, Chico Buarque, de grands musiciens brésiliens dont il a souvent arrangé les albums. Pat Metheny joue sur deux plages de son premier disque enregistré en 1981. Sa guitare mélodique aux progressions harmoniques sophistiquées s’accorde bien au piano inventif et coloré de Manuel, musicien aujourd’hui plus sensible que virtuose.

You--TSF12.jpg 

-Le 17, c’est à l’Olympia qu’il faut être. TSF Jazz y organise à 20h00 sa grande soirée musicale annuelle. You & The Night & The Music réunit de nombreux jazzmen sur une même scène. On peut préférer celui-ci à celui-là, ne pas adhérer à une programmation dont l’éclectisme n’est pas forcément fédérateur, mais la manifestation reste incontournable. Laurent de Wilde, Jacques Schwarz-Bart, Leïla Martial, Aaron Goldberg, Jacky Terrasson & Cécile McLorin Salvant, Thomas Enhco sont à l’affiche de cette 10ème édition. Daniel Humair en est l’invité d’honneur et, placé sous la direction du saxophoniste anglais Ben Cottrell, l’orchestre de la cérémonie, le Beats & Pieces Big Band est le vainqueur du European Young Artists’ Jazz Award 2011.

 

Aaron Goldberg Trio-Aaron Goldberg en trio au Duc des Lombards le 19 avec Omer Avital (contrebasse) et Ali Jackson (batterie), l’un des concerts évènements de décembre. Avec eux, le pianiste a enregistré “Yes !”, un disque épatant dans lequel, en grande forme, il privilégie le blues, fait chanter ses notes tout en n’oubliant pas d’émouvoir. Ancrée dans la tradition, leur musique profondément authentique semble avoir jailli spontanément. Une seule journée de studio a d’ailleurs suffi pour enregistrer les neuf morceaux de l’album. Oubliant leur technique, partageant des racines communes, les trois hommes s’expriment en toute simplicité et accordent la priorité au feeling.

 

Laura-Littardi.jpg-Laura Littardi de retour au Sunside le 20 avec le quintette qui l’entoure dans “Inner Dance”, un disque qu’elle a fait paraître en début d’année. Recueil de morceaux des années 70 habilement jazzifiés que l’on doit à Graham Nash, Neil Young, Stevie Wonder, il séduit par la fraîcheur de ses arrangements qui habillent autrement la musique. Chanteuse sincère et attachante à la voix d’alto, Laura compose aussi de bonnes chansons comme en témoignent le nostalgique Sunny Days, mais aussi Beautiful Flower et son rythme de bossa, deux des plages de ce nouvel album. On peut faire confiance à Francesco Bearzatti (saxophone et clarinette), Carine Bonnefoy (claviers), Mauro Gargano (contrebasse) et Guillaume Dommartin (batterie) pour porter cette voix attachante et l’aider à tenir ses promesses.

 

Henderson--Eddie.jpg-On retrouve l’infatigable Laurent De Wilde les 21 et 22 décembre au Sunside. Le club l’accueille avec Eddie Henderson, trompettiste avec lequel Laurent a enregistré un de ses meilleurs disques “Colors of Manhattan” réédité l’an dernier. C’était à New York en 1990. Ira Coleman (contrebasse) et Lewis Nash (batterie) en constituaient la rythmique. Celle dont ils vont disposer au Sunside ne sera pas ridicule, l’incontournable Darryl Hall (contrebasse) s’associant à Laurent Robin (batterie) pour rythmer une musique trempée dans le bop et le blues, piano et trompette s’entendant pour improviser, dialoguer et surprendre.

 Anne-Ducros.jpg

Également en décembre : Anne Ducros au Sunside les 26, 27 et 28 décembre. Elle n’a pas sorti de disque depuis “Ella… My Dear” en 2010, se fait discrète mais chante toujours avec swing, gouaille et gourmandise. Accompagnée par Christophe Laborde aux saxophones, Benoît de Mesmay au piano, Gilles Nicolas à la contrebasse et Bruno Castellucci à la batterie, elle reprend les chansons de Marylin Monroe.

 

Elisabeth Caumont © PDCEn janvier ne manquez pas le trio de Pierre Christophe (avec Raphael Dever à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie) le 1er au Sunside. Le 3 c’est la belle Élisabeth Caumont qui investit le lieu avec Luca Bonvini (trompette) et Philippe Milanta (piano) pour chanter Duke Ellington. Dans le cadre de son French Quarter Festival (du 3 au 31 janvier), le Duc des Lombards invite l’éblouissante Virginie Teychené le 16, le René Urtreger Trio les 21 et 22, et le Nicolas Folmer & Daniel Humair Project (merci pour “Lights”) les 28 et 29.  

 Guirlande

-Centre Wallonie-Bruxelles : www.cwb.fr

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Alhambra : www.alhambra-paris.com

-La Dynamo : www.banlieuesbleues.org

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Carré Belle-Feuille : www.boulognebillancourt.com

-Centre Culturel Italien : www.centreculturelitalien.com

-Espace Daniel-Sorano : www.espacesorano.com

-New Morning : www.newmorning.com

 

PHOTOS : Frederic Borey © Christophe Maroye – Patrice Caratini, Baptiste Herbin, Elisabeth Caumont © Pierre de Chocqueuse – Carmen Lundy © James St. Laurent – Laurent De Wilde © Sylvain Gripoix – Manuel Rocheman © Thibault Stipal / Naïve –  Laura Littardi © Aline Castejon Mélanie De Biasio, Aaron Goldberg Trio, Eddie Henderson, Anne Ducros © X./DR.

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 09:45

Henri-Brispot-Un-gourmand.jpgNovembre, le mois de nos chers disparus, des feuilles tombées qui font tomber, des journées rétrécies par le noir de la nuit. Claquemuré dans son domicile parisien, Monsieur Michu se prépare aux grands froids. Dégustées sous la lampe familiale, les délicieuses soupes aux champignons de Madame Michu ne l’encouragent pas à mettre le nez dehors. La capitale ne manque pourtant pas d’attraits. Les lumières brillent d’un éclat particulier sous les rideaux de pluie ; le brouillard estompe les formes et les rend féeriques. S’il fait l’effort de lâcher un peu ses disques, l’amateur de jazz constatera une recrudescence de concerts qui interpellent. Après Wayne Shorter dont on annonce un nouvel album sur Blue Note pour le 5 février, la Salle Pleyel accueille Chick Corea et Brad Mehldau avec leurs trios respectifs. Les clubs réservent aussi de bonnes surprises. On se réjouit de savoir en ville des musiciens de valeur. Jean-Paul qui aime beaucoup le piano a écouté “Le long de la plage”, disque dans lequel Marc Copland harmonise des poèmes que lit Michel Butor. Il seront au Réservoir le 28 pour Affiche 2012 Jazzy Colorsrevivre leur rencontre, moment de pure magie. Novembre, c’est aussi le mois du festival JazzyColors qui fête du 8 au 30 sa 10ème édition avec 18 concerts répartis dans 8 centres culturels de la capitale. Peu de noms connus malgré la présence de Michael Wollny, pianiste dont je me passe très bien de la musique, mais une occasion de découvrir quelques jazzmen intéressants (Alain Bédard Auguste Quartet le 27 à l’Institut Hongrois) au sein d’une programmation beaucoup trop éclectique pour plaire à tout le monde. Cardiaque, Monsieur Michu évite les émotions fortes. Il redoute par-dessus tout Les trois lanciers des Carpathes, groupe sang pour sang vampirisant, et les Nonnes en chaleur, punkettes branchées métal naguère appréciées par Jacquot. Qu’il se rassure, les deux formations n’y participent pas. Déçu par la triste prestation d’Herbie Hancock à Clermont-Ferrand, enquiquiné par les Dugenoux, amateurs de jazz lambda qu’il y a rencontré, Monsieur Michu, les pieds bien au chaud dans ses pantoufles charentaises, peine à sortir de chez lui. Ses amis ne désespèrent pas de l’attirer dans une de ses vastes brasseries où, accompagnées de vins blancs d’Alsace équilibrés et secs, les choucroutes fumantes débordent des assiettes. J’en serai, sachant qu’écouter du jazz vivant par temps froid demande des forces pour pleinement l’apprécier.                   

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Vijay Iyer © PdC-Vijay Iyer au Duc des Lombards les 12 et 13 novembre. Il y a joué en avril avec Stephen Crump à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie. Avec eux, le pianiste invente, organise un foisonnement sonore parfois volcanique. Sa musique surprend par ses métriques inhabituelles, son torrent de notes souvent abstraites, comme en témoigne son dernier disque, “Accelerando”, chroniqué dans ce blog. Attaché à la tradition du jazz, influencé par Duke Ellington, il l’est aussi par Thelonious Monk et Cecil Taylor. Derrière un piano percussif se révèle un musicien profondément lyrique.

 

Concord-Auteur cette année d’un double CD ambitieux rassemblant 23 morceaux originaux, soit près de 2 heures de musique, Christian Scott est lui aussi attendu au Duc du 14 au 17. Huit concerts, deux par soirée à 20h00 et 22h00 pour le trompettiste néo-orléanais qui met en valeur son héritage culturel dans les nouvelles musiques qu’il explore, un jazz influencé par le rock, le funk et le hip-hop. Scott séduit par un jeu cuivré aussi puissant que lyrique. Sa trompette, une Getzen Katrina, lui permet d’obtenir une sonorité d’une grande douceur dans ses ballades. Avec lui, Lawrence Fields au piano, Matthew Stevens à la guitare, Kris Funn à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie, pour installer le groove au cœur du discours musical.

 

T. Enhco Fireflies cover-Il se fait un nom Thomas Enhco, par la qualité de son piano, un jeu lyrique au sein duquel s’épanouissent des harmonies séduisantes. Enregistré en trio avec Chris Jennings (contrebasse) et Nicolas Charlier (batterie), “Fireflies” son nouveau disque est plus abouti, plus mûr que le précédent. Thomas a pris son temps pour l’enregistrer, proposer de nouveaux thèmes et en soigner les arrangements. J’aurai pour ma part aimé découvrir quelques standards, des mélodies familières qui ancrent un album dans la tradition du jazz. Il y a bien Träumerei de Robert Schuman, mais il relève du répertoire classique bien que brillamment adapté. Mais je pinaille, car Thomas Enhco joue une musique sensible et possède  suffisamment de technique pour encore progresser. On ira l’applaudir avec son trio à Roland Garros le 15 et le 16 et le 17 au Sunside.

 

John Scofield © PdC-John Scofield au New Morning avec Steve Swallow à la basse et Bill Stewart à la batterie le 16. Le guitariste possède une sonorité propre, légèrement réverbérée par les effets de distorsion qu’il ajoute à son instrument. Construisant ses phases avec un grand sens du rythme, tirant de ses cordes des inflexions percussives, il les trempe dans le blues et la soul, sculpte soigneusement ses notes, choisit l’angle de ses attaques pour rendre plus intense un discours musical émaillé de glissandos. Il s’entend avec son batteur pour tendre le flux musical et le faire respirer. Grand technicien de l’instrument, ce dernier fait chanter ses cymbales, allie puissance et finesse dans un drumming tout en nuance. Le troisième homme, Steve Swallow, fait chanter ses notes à la basse électrique, son jeu fluide, constamment mélodique, profitant à la musique.

 

Dan-Tepfer-c-PdC.jpg-Le pianiste franco-américain Dan Tepfer donne plusieurs concerts à Paris en novembre : il sera le 17 en trio à la Maison de Radio France (Studio Charles Trenet, 17h30), le 22 en trio également à la Gaieté Lyrique, le même théâtre l’accueillant le 27 pour un récital en solo (Goldberg, Variations). Avec lui une section rythmique américaine, Joe Sanders à la contrebasse et Ted Poor à la batterie qui lui permet de prendre des risques, de tenir plusieurs discours mélodiques, ce que permettent ses deux mains qui dialoguent et font tourner la tête. Jouant un jazz très ouvert, Dan aime les longues pièces abstraites, truffées de dissonances, d’harmonies inattendues et tire un maximum de dynamique d’un instrument qu’il fait puissamment sonner. En solo, il reprend les “Variations Goldberg” de Bach qu’il découvrit jouées par Glenn Gould à l'âge de onze ans. Son piano surprenant reste ouvert à tous les possibles.  

 

C.-Corea--McBride--Blade-c-Kris-Campbell.jpg-Bien que Chick Corea soit un arrangeur non négligeable, c’est en petite formation et plus particulièrement en trio qu’il impressionne le plus, le genre occupant une place de choix dans sa discographie. Après un opus enthousiasmant enregistré live au Blue Note de New York avec Eddie Gomez et le regretté Paul Motian, ses nouveaux complices se nomment Christian McBride et Brian Blade pour un rendez-vous à Pleyel le 18 (20h00). Gageons que les trois hommes sauront être à la hauteur de nos attentes. Prodigieux bassiste acoustique McBride fait constamment chanter son instrument. Batteur rompu à toutes les métriques, Blade possède un grand sens de la couleur. Le piano dynamique et inventif de Corea, son goût pour rythmes latins et bondissants, le lyrisme et la précision rythmique de ses phrases achèveront de nous séduire.

 

Chris-Dave-c-Ph.-Etheldrede.jpg-Avec Kebbi Williams (sax ténor et flûte), Isaiah "Shakey" Thomas à la guitare et Braylon Lacy à la basse électrique, Chris Dave, batteur de son état a récemment enthousiasmé le public de Jazz en Tête, LE festival de Clermont-Ferrand. Emus par le talent du leader, un homme capable de juxtaposer et de faire swinguer des métriques pour le moins invraisemblables, Mr et Mme Michu en avaient les larmes aux yeux. Si les rythmes qu'il propose avec sa formation (The Drumhedz) relèvent autant du hip hop que du jazz, la musique, du jazz moderne très excitant, reste privilégiée. Une guitare au son non trafiqué par des pédales, un saxophone ténor ou une flûte selon les besoins de l’orchestration posent et développent les thèmes, le répertoire incluant aussi bien des compositions de John Coltrane, que de Duke Ellington et Jimi Hendrix. Avec ses deux caisses claires et des cymbales découpées en spirale comme des pelures d’orange, Chris Dave (il a joué avec Kenny Garrett, Pat Metheny, Wynton Marsalis) est une bénédiction. Ne manquez pas son concert parisien le 19 au New Morning.

 

PMT QuarKtetDernière minute : En hommage à Pierre et Marie Curie qui découvrirent la radioactivité, le PMT QuarKtet Véronique Wilmart (sons acousmatiques), Antoine Hervé (claviers), Jean- Charles Richard (saxophones) et Philippe “Pipon” Garcia (batterie) – appliquera le principe de la désintégration des atomes à la musique acousma-jazz le 19 novembre (20h00) au Studio de l’Ermitage. Distribué par Harmonia Mundi, l’album sera disponible le lendemain du concert. Je n’en connais pas la musique, mais avec Oncle Antoine on peut prendre des risques !

 

Billy-Hart-c-PdC.jpg-Billy Hart en villégiature au Duc des lombards le 19 et le 20. Avec lui depuis 2003, une poignée de musiciens fidèles construisent sa musique qu’enregistre aujourd’hui ECM. Loin du piano bling bling qu’il joue avec Bad Plus, Ethan Iverson surprend par des harmonies flottantes et inattendues. Au saxophone ténor, Mark Turner balance de longues phrases mélodiques chromatiquement complexes, a recours à des improvisations abstraites et prend des risques. Batteur à la frappe sèche, à la sonorité épaisse et aux ponctuations énergiques, Billy Hart s’entend fort bien avec Ben Street son bassiste, toujours à l’écoute pour garder le bon tempo, ancrer la musique dans un continuum régulier, le jazz contemporain que propose la formation étant judicieusement tempérée par le lyrisme.

 

Brad-Mehldau-Trio.jpg-Brad Mehldau à Pleyel le 21 avec Larry Grenadier (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie), l’occasion est trop belle pour la manquer. Car s’il donne d’éblouissants concerts en solo, il le fait plus rarement en trio. On attend depuis longtemps nos trois musiciens sur une scène parisienne. Les deux disques qu’ils ont fait paraître cette année, “Ode” en avril, et “Where Do You Start” en octobre comptent parmi les plus captivants de sa discographie. Le premier ne contient que des compositions originales ; le second des standards. Nul doute que Brad et sa rythmique joueront les uns et les autres, feront tout pour nous surprendre. Le pianiste ne peut que se réjouir de la contrebasse mélodique de Grenadier constamment à l’écoute, de la batterie (re)bondissante de Ballard pour tirer parti de son jeu ambidextre, inventer une musique vivante, ouverte, et passionnante.

 

Ravi-Coltrane-c-Deborah-Feingold.jpg-Ravi Coltrane au New Morning le 23 avec d’autres musiciens que ceux qui l’accompagnent dans son dernier album, le premier qu’il enregistre pour Blue Note : David Virelles aux claviers, Dezron Douglas à la contrebasse, Johnathan Blake à la batterie. Mal distribués, ses anciens disques n’ont pas aidé à faire reconnaître ce saxophoniste discret et éloigné des modes à sa valeur. Le fils de John Coltrane possède pourtant une réelle personnalité. Son jeu de soprano est d’une grande richesse mélodique. Il possède une sonorité attachante au ténor, instrument avec lequel il prend des risques, souffle des harmonies très libres. The Change, My Girl, le plus beau morceau de son récent opus, se pare de couleurs modales. Joe Lovano a co-produit ce “Spirit Fiction” dont Ravi jouera probablement de larges extraits.

 

Nicola-Sergio-c-PdC.jpg-Nicola Sergio s’installe au piano du Sunside le 25 pour y fêter la sortie d’“Illusions” son nouveau disque (Challenge / Distrart). Avec lui, Stéphane Kerecki à la contrebasse et Fabrice Moreau à la batterie. Figures incontournables de la scène jazz parisienne, ils jouent sur l’album du pianiste qui réside dans la capitale depuis 2008 et promène souvent son franc sourire rue des Lombards. Outre de nombreuses compositions personnelles dont l’écriture très soignée indique un goût prononcé pour la forme, le nouvel opus contient une pièce de Franz Schubert, le jazz de Nicola étant fortement marqué par l’harmonie classique européenne. Il l’étudia au conservatoire de Pérouse et propose un jazz lyrique, evansien, au sein duquel la mélodie occupe la première place.

 

Mouratoglou--Foltz--Ghielmetti-c-Cecil-Mathieu.jpg-Ne manquez pas le concert que donneront le 28 les premiers artistes enregistrant pour Vision Fugitive au Réservoir, 16 rue de la Forge Royale à Paris (20h30). Distribué par Harmonia Mundi, ce nouveau label de projets transversaux est né de la longue amitié qui unit le guitariste Philippe Mouratoglou au clarinettiste Jean-Marc Foltz. Les deux hommes ont invité Philippe Ghielmetti à les rejoindre pour partager avec eux la triple direction artistique du label. Trois disques illustrés de pochettes peintes par Emmanuel Guibert (“La guerre d’Alan”) viennent de paraître : “Steady Rollin’ Man”, relecture pour le moins originale de quelques Vision-Fugitive--covers.jpgpièces de Robert Johnson ; “Le long de la plage” avec Marc Copland au piano pour habiller d’harmonies féeriques les poèmes que lit Michel Butor ; “Visions fugitives” dans lesquelles la musique classique européenne inspire à Jean-Marc Foltz et à Stephan Oliva des improvisations en miroir au-delà du classique et du jazz.

 

Laika-c-Ph.-Etheldrede.jpg-Laïka Fatien chante Billie Holiday, pose avec sensibilité et naturel ses propres paroles sur des instrumentaux de Wayne Shorter, Joe Henderson, Tina Brooks et Jackie McLean, interprète Stevie Wonder, Björk et Villa-Lobos . Elle préfère la justesse et la sincérité au maniérisme et aux effets de style, et a choisi l’intimité du Duc des Lombards pour nous faire partager le répertoire de “Come a Little Closer” son nouvel album, des chansons d’amour qui épousent intimement les battements de son cœur. Avec elle le 29 et le 30, Airelle Besson (trompette), Pierre-Alain Goualche (piano), Chris Thomas (contrebasse) et Leon Parker (batterie) pour nous murmurer, chuchoter, des musiques évanescentes et des mots qui apaisent.

 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-Gaîté Lyrique : www.gaite-lyrique.net

-Le Réservoir : www.reservoirclub.com

-Studio de L'Ermitage :  www. studio-ermitage.com

-Festival JazzyColors : www.jazzycolors.net

 

Crédits photos : Henri Brispot (1846 - 1928) : "Un gourmand", huile sur toile (Détail) D.P. - Vijay Iyer, John Scofield, Dan Tepfer, Billy Hart, Nicola Sergio © Pierre de Chocqueuse – Christian Scott © Kiel Adrian Scott / Concord Records – Chick Corea avec Christian McBride & Brian Blade © Kris Campbell – Chris Dave, Laïka Fatien © Philippe Etheldrède – Brad Mehldau Trio © Michael Wilson / Nonesuch Records – Ravi Coltrane © Deborah Feingold / Blue Note Records – Philippe Mouratoglou, Jean-Marc Foltz & Philippe Ghielmetti © Cecil Mathieu.

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 09:11

Duke-Ellington--coffret-9CD.jpgOctobre, mois des pluies fines et têtues, des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle. Il pleut des disques qui ne se vendent pas, mais les concerts abondent et se bousculent. Difficile de choisir entre Herbie Hancock, le Trio Libero d’Andy Sheppard et le Nicolas Folmer & Daniel Humair Project qui se produisent le même soir à Paris. Jazz-en-tete--affiche-2012.jpgHerbie, je l’aurai vu à Clermont-Ferrand quelques jours plus tôt dans le cadre de Jazz en Tête, un des festivals de l’hexagone dans lequel on est sûr d’écouter du bon jazz. Outre le pianiste en solo, un événement, Donald et Keith Brown, Ambrose Akinmusire Quintet, Laïka, Gregory Porter, Bill Mobley, Tony Tixier sont au programme de cette 25ème édition qui se tiendra du 23 au 27 à la Maison de la Culture. Des musiciens qui se produisent aussi dans la capitale, mais que l’on apprécie davantage à Clermont, ce festival pas comme les autres étant l’un des seuls à proposer de très tardives jam-sessions après les concerts, nocturnals riches de rencontres aussi passionnantes qu’inattendues. Les Michu enthousiastes s’y rendent chaque année. Rentrés de Provins, ils m’ont confié avoir assisté à un grand concert du Duke Orchestra et avoir été séduits par le hard bop moderne du Young Blood Quintet tout feu tout flammes dans un répertoire largement consacré à des thèmes de Duke Ellington et de Billy Strayhorn. Ils regrettent toutefois d’y avoir conduit Jacquot. En manque de ferraille, probablement intoxiqué par le métal qui le trouait de part en part, leur petit-fils n’a pas résisté à la tentation de se mettre sur le dos une des nombreuses armures que recèle la cité médiévale et refuse de la quitter. Le trajet du retour fut pénible. Transportant un preux chevalier du Moyen-Âge en armure, leur voiture, souvent coincée dans des embouteillages, fut l’objet de tous les regards. Pire encore, Jacquot en armureJacquot se lave désormais au Quibrille et au Lustretout, s’entretient à la peau de chamois, et arpente les rues de Paris dans cet accoutrement comme en témoigne la photo ci-contre, prise par une Madame Michu anéantie. Plus confiant que son épouse, Monsieur Michu pense avoir trouvé le moyen d’obliger Jacquot à adopter une tenue moins voyante. En lui offrant “Duke Ellington, the Complete Columbia Studio Albums Collection 1951-1958”, coffret contenant neuf albums du Duke et non des moindres. Parmi eux, les célèbres “Such Sweet Thunder” et “Black, Brown and Beige”, deux de ses chef-d’œuvres. Ecouter de la musique au sein d’une armure pose des problèmes de résonances. Pour l’entendre dans de bonnes conditions, Jacquot, toujours aussi fasciné par Ellington, devra ôter ses habits de métal. Aidé par Jean-Paul, l’ami fidèle, Monsieur Michu escamotera le poison ferreux. Quelques pommades appliquées sur le corps, remèdes à base de noix vomique, de racine de guimauve et de clou de girofle, devront alors suffire à calmer les souffrances du pauvre garçon, au grand Duke Ellington revenant le mérite, par la beauté de sa musique, d’accomplir le miracle.

 

Rentrés de Clermont, les Michu ne manqueront pas l’exposition Django Reinhardt à la Cité de la Musique. Vincent Bessières, un ami de Jean-Paul que je connais moi-même, est le commissaire de cette manifestation inaugurée le 5 octobre et que l’on pourra voir jusqu’au 23 janvier 2013. Publié par les Éditions Textuels et richement illustré, le catalogue déborde de photos et de documents souvent inédits sur le génial manouche. Les textes ont été confiés à Joël Dregni, spécialiste américain du guitariste.     

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Curtis-Stigers-c-Concord-Records.jpg-Curtis Stigers au Duc des Lombards du 4 au 6 octobre. Chanteur à la voix chaude et enveloppante, il vient de sortir un septième album sur Concord. Produit par Larry Klein qui a supervisé l’enregistrement de “My One and Only Thrill” de Melody Gardot, “Let’s Go Out Tonight” comprend d’excellentes chansons teintées de folk et de soul. Stigers n’en a signé aucune préférant reprendre Things Have Changed de Bob Dylan, Goodbye de Steve Earle et You Are not Alone écrit pour Mavis Staples. Le morceau le plus réussi reste toutefois sa version de This Bitter Earth qu’immortalisa en 1959 la grande Dinah Washington. Le chanteur tâte aussi du saxophone. Il en jouera probablement sur la scène du Duc avec ses musiciens, Matthew Fries (piano), Cliff Schmitt (contrebasse) et Keith Hall (batterie). 

 

Enrico-Pieranunzi-c-PDC.jpg-Enrico Pieranunzi en trio au Sunside le 5 et le 6 avec Darryl Hall à la contrebasse et Karl Jannuska, batteur avec lequel il est plus rarement associé. Le maestro nous a enthousiasmé en mars dernier à Roland Garros avec son nouveau trio. Scott Colley et Antonio Sanchez renouvèlent sa musique. Il a enregistré avec eux “Permutation” (Cam Jazz / H. Mundi), l’un des meilleurs disques de l’année. Le pianiste sait bien choisir ses musiciens et si Colley et Sanchez très demandés sont indisponibles, Hall et Jannuska peuvent aussi mettre le feu, pousser le maestro à jouer son meilleur piano.

 

Malia-c-PDC.jpg-Malia en quartette à la Cigale le 12 octobre pour célébrer Nina Simone, chanter des extraits de “Black Orchid”, l’album qu’elle lui consacre. Les tempos sont lents, langoureux, l’orchestration minimaliste, mais la voix grave, sensuelle, un peu rauque fait merveille dans des reprises de Don’t Explain, If You Go Away (version anglaise de Ne me quitte pas), I Love you Porgy, Baltimore, Four Women ou Wild in the Wind, Malia, interprète sensible, parvenant à insuffler son propre feeling à ces morceaux. Alexandre Saada lui fournit un tapis de notes, joue un piano orchestral qui pallie l’absence d’autres instruments mélodiques. Jean-Daniel Botta à la contrebasse et Laurent Seriès à la batterie complètent une formation idéale. J’allais oublier, le guitariste Misja Fitzgerald Michel assurera la première partie. Rien que du bonheur.

 

Keith-Brown-c-Philippe-Etheldrede.JPG-On retrouve le contrebassiste Darryl Hall au Sunside le 20 au sein du trio de Keith Brown, le fils de Donald Brown. Le batteur en est Kenneth Brown, autre fils de Donald et donc frère de Keith. Originaire du Tennessee, pianiste comme son père, ce dernier joue un piano véloce imbibé de blues. Ses grands modèles sont les pianistes de l’école de Memphis. Le regretté Phineas Newborn et Mulgrew Miller en sont les plus connus. S’il possède une technique impressionnante, Keith Brown joue aussi un piano sensible qui procure un plaisir immédiat. On se procurera son premier album, “Sweet & Lovely” (Space Time Records), produit par Xavier « Big Ears » Felgeyrolles. Le jeune saxophoniste Baptiste Herbin y apparaît dans deux morceaux. Keith l’invite à rejoindre son trio au Sunside et à Clermont-Ferrand le 25 octobre. Deux grandes soirées en perspective !

 

ONJ-Piazzolla--cover.jpg-L’Orchestre National de Jazz à la Gaîté Lyrique les 24 et 25 (20h00). Au programme le répertoire de “Piazzolla !” (Jazz Village), probablement le disque le plus original de cette rentrée. Une formidable idée du directeur artistique de la formation Daniel Yvinec qui, fasciné par la dimension mélodique de la musique d’Astor Piazzolla, son rapport à l’émotion, a confié les arrangements de l’album à Gil Goldstein. Les pages célèbres de cette grande figure du tango sont jouées sans bandonéon. Voix mélodique de Piazzolla, l’instrument se fait toutefois entendre, recréé virtuellement par les instruments de l’orchestre. L’ONJ ne joue pas non plus de tango, mais l’évoque, le suggère par des rythmes, un lien fort reliant sa musique à la danse.

 

Antoine-Herve-cPDC.jpg-Antoine Hervé au Sunside les 26 et 27. Après s’être produit au Sunset le mois dernier dans un programme consacré à Weather Report, Oncle Antoine change d’univers et de piano pour jouer du jazz acoustique en compagnie des frères Moutin, François à la contrebasse et Louis à la batterie. Compositions originales et standards défileront sous les doigts du pianiste qui aime jouer Monk, s’empare avec goulûment des thèmes des autres pour en donner sa propre vision harmonique. Il peut aussi bien jouer Stevie Wonder que dépoussiérer de vieilles comédies musicales. Oncle Antoine est l’un des rares musiciens à s’intéresser au répertoire. Musicien pédagogue, il se penche volontiers sur l’histoire du jazz afin de la faire connaître à un large public. Outre Weather Report, il interprète des thèmes peu joués de Chick Corea, McCoy Tyner et Keith Jarrett. Dans son nouveau DVD, une leçon de jazz intitulé “Keith Jarrett pianiste sans frontières” (RV Productions / Harmonia Mundi), il reprend My Song, l’une des plus belles compositions de ce grand magicien du clavier.  

 

C.-McLorin-Salvant---J.-Terrasson-c-PDC.jpg-Jacky Terrasson au Duc des Lombards du 28 au 31 octobre. Au programme, “Gouache”, son nouveau disque,  salué par une presse unanime. Avec lui les deux premiers soirs Burniss Earl Travis II (contrebasse et basse électrique), Justin Faulkner (batterie) et Minino Garay (percussions). Le 30, Cécile McLorin Salvant (chant), Stéphane Belmondo (trompette, bugle) et Michel P (clarinette b), se joindront au quartette. Le 31, le Duc annonce Jacky en solo sur son site alors qu’il se produira avec la même équipe que la veille sans Michel P., retenu ailleurs par sa clarinette b. Nul doute que Jacky prendra des risques. Le blues nourrit ses lignes mélodiques, mais le pianiste utilise un vocabulaire très varié dont les racines plongent aussi bien dans le blues que dans l’harmonie européenne. On attend ces concerts avec impatience.

 

V.-Teychene-c-Yves-Colas.jpg-Virginie Teychené en première partie du concert de Yaron Herman le 29 au Trianon. Sa voix enchante par son timbre, sa couleur. Virginie l’a bien sûr travaillée. On ne devient pas une chanteuse de jazz sans apprendre, même avec le don. L’écoute de “Bright and Sweet”, son troisième disque, confirme la musicienne, la magicienne qui envoûte par son chant, sans artifices. Comprenant dix-sept titres, “Bright and Sweet”, rend hommage à des auteurs interprètes qui ont pour noms Billie Holiday, Jon Hendricks, Peggy Lee, Ella Fitzgerald, Joni Mitchell, Eddie Jefferson… La liste est trop longue pour tous les citer. Virginie chante des morceaux dont ils ont écrit les paroles, parfois la musique, et qui leur sont à jamais associés. Avec elle Stéphane Bernard au piano, Gérard Maurin à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie, les musiciens de son disque qui sort le 6 novembre sur le label Jazz Village.

 

Bill-Carrothers-c-PDC.jpg-Bill Carrothers au Sunside le 29 et le 30. Avec Nicholas Thys à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie, musiciens qui l’accompagnent dans “A Night at the Village Vanguard”, double CD Pirouet publié en 2011, véritable florilège associant standards, compositions originales, et relectures déviantes et inspirées de thèmes de ou associés à Clifford Brown. Bill qui s’attache à mettre en valeur la profondeur mélodique des morceaux qu’il interprète connaît parfaitement le vocabulaire du bop et éblouit par ses dix doigts. Son piano rubato favorise les tempos lents qui ouvrent les portes du rêve. Il se plaît à greffer des accords nouveaux sur d'anciennes pièces. Connaissant son goût pour l’étrange, l’inattendu, Thys et Pallemaerts ne se laissent pas surprendre et partagent avec lui la richesse de son univers musical.

 

Andy-Sheppard-c-PDC.jpg-Andy Sheppard et son Trio Libero au Sunset le 31. Pas de piano, mais un saxophoniste qui fait constamment chanter ténor et soprano dans un répertoire original incluant une reprise instrumentale de I’m Always Chasing Rainbows. Souvent co-signées par le trio, nées d’improvisations collectives, leurs pièces brèves séduisent par leur lyrisme. Loin d’étaler leur virtuosité, les musiciens préfèrent jouer la mélodie, mettre en valeur le timbre de leurs instruments. Confiés à Michel Benita et à Sebastian Rochford, contrebasse et batterie chargent de couleur un espace sonore qu’ils laissent totalement respirer. Paru l’hiver dernier, leur premier disque ECM, une des bonnes surprises de l’année, reflète parfaitement leur musique.

Humair

 

-Toujours le 31, Project, le quartette de Nicolas Folmer & Daniel Humair investit le Sunside. Avec eux Laurent Vernerey à la contrebasse et Alfio Origlio au piano pour asseoir le discours musical, parfaire des pièces mélodiques appropriées à un jeu ouvert et collectif. Souvent modale, la musique offre au batteur les métriques souples qu’il affectionne. Alfio Origlio pose sur elle des notes raffinées. Quant au trompettiste, il module à loisir et avec gourmandise de longues phrases lyriques et virtuoses et reste le principal soliste de ce groupe né sur scène et qui se plaît à s’y produire.

 

Herbie-Hancock-c-PDC.jpg-Egalement le 31, Herbie Hancock se produira en solo à Pleyel. Intitulée “Herbie Hancock plugged in: A night of solo explorations”, sa tournée passe par Tourcoing et Clermont-Ferrand (le 26). Outre du piano, Herbie jouera divers claviers, utilisera un vocoder et des synthétiseurs. Contenant un programme informatique spécialement concocté pour lui, son iPad lui permettra de mettre en mémoire samples, boucles, rythmes et lignes de basse pré-enregistrés. Dans certaines salles et lorsque cela sera possible, le son bénéficiera du système surround. Retour vers le futur, mais aussi (espérons le) plongée dans le passé avec reprises d’anciens titres (Cantaloupe Island) et improvisations au piano acoustique, Herbie fera au mieux pour satisfaire les publics qu’il fédère.    

Expo-Django.jpg 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Gaîté Lyrique : www.gaite-lyrique.net

-Le Trianon : www.letrianon.fr

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-Festival Jazz en Tête : www.jazzentete.com

 

Crédits photos : Jacquot en armure © Madame Michu – Curtis Stigers © Concord Records – Enrico Pieranunzi, Malia, Antoine Hervé, Cécile McLorin Salvant & Jacky Terrasson, Bill Carrothers, Andy Sheppard, Herbie Hancock © Pierre de Chocqueuse – Keith Brown © Philippe Etheldrède – Virginie Teychené © Yves Colas. Nicolas Folmer & Daniel Humair © Photo X/D.R.

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 09:28

c-P.-de-Chocqueuse.jpgLa rentrée avec son flot de disques, ses concerts. Les clubs de jazz offrent leur lot de surprises, programment de la musique qui interpelle. Il me tarde d’arpenter à nouveau la rue des Lombards, les terrasses animées du Sunside et du Baiser Salé. Ce n’est pas encore octobre et son été indien, mais malgré des soirées frileuses, l’ensoleillement se prolonge avec un air doux et sec et une belle lumière que voile des brumes matinales. Les parisiennes exhibent fièrement des corps de déesse et de longues chevelures. Offrez leur les fleurs du mois, l’anémone, le dahlia, la belle-de-nuit. Rentré du Japon où il a négocié quelques vinyles, Jean-Paul m’apprend que Franck Bergerot, l’une Frank--Buster--Bergerot.jpgdes têtes pensantes de Jazz Magazine / Jazzman, s’est fait couper les cheveux. Son coiffeur habitant un village de l’Ardèche, au bout du monde, je vous laisse imaginer l’épaisse toison qui recouvrait son crâne. Reste le costume, mais son tailleur officie à Lascaux et s’y rendre aujourd’hui pose problème. À propos d’encéphale, Monsieur Michu a rapporté de Hongrie un livre admirable, un chef-d’œuvre d’humour noir, “Voyage autour de mon crâne” qui réveille chez lui une hypocondrie galopante. Son auteur, Frigyes Karinthy, observe et décrit avec minutie l’évolution de sa tumeur au cerveau. Une opération l’en délivra avec succès ; la crise cardiaque qui l’emporta deux ans plus tard également. J’ai escamoté l’ouvrage. Mal m’en a pris. À sa lecture, je m’observe, m’examine, me palpe anxieusement, ce que fait Monsieur Michu depuis qu’il a terminé la sienne. Pour lui changer les idées, Madame Michu le conduit à Provins, au Duke Festival (28 et 29 septembre). Avec Jacquot tout excité de retrouver le Duke Orchestra que dirige Laurent Mignard. Je ne peux m’y déplacer, mais pense avoir trouvé le moyen de calmer mes angoisses : refiler le bouquin à Jean-Paul.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

ECM-copie-2-Je vous en ai déjà parlé, mais ne manquez pas le 13 le concert que le pianiste François Couturier et son Tarkovsky Quartet Anja Lechner (violoncelle), Jean-Louis Matinier (accordéon), Jean-Marc Larché (saxophone soprano) – donneront dans le grand auditorium du Collège des Bernardins (20, rue de Poissy, 75005 Paris). Un second concert aura lieu le 16, en l'Abbaye de Royaumont (Asnière-sur-Oise). Le quartette y jouera "Le temps scellé", création audiovisuelle réalisée avec Andrei A. Tarkovski, le propre fils du réalisateur. 

 

Antoine-Herve.jpg-Antoine Hervé au Sunset, les 13, 14 et 15 septembre pour un "Tribute to Weather Report", groupe phare des années 70 qui, outre Joe Zawinul et Wayne Shorter, bénéficia pour quelques albums du jeu de contrebasse profondément novateur de Jaco Pastorius. Pianiste généreux et plein d’idées, Antoine Hervé propose une relecture de quelques-unes de leurs compositions les plus marquantes. Avec lui, Véronique Wilmart sculpte et transforme les sons qui lui parviennent. L’ordinateur lui permet de les traiter, de les intégrer à la musique, atmosphères insaisissables fruit de boucles asymétriques composées et décomposées en direct. Stéphane Guillaume (flûtes, saxophones ténor et soprano), Gilles Coquart (basse électrique) et Philippe Garcia (batterie) complètent la formation.

 

Manuel-Rocheman-c-Thibault-Stipal.jpg-Manuel Rocheman au Sunside pour deux soirs, le 14 et le 15, avec les musiciens de son trio – Mathias Allamane à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie. Le pianiste sort un nouveau disque fin octobre, “Café & Alegria”, enregistré au Brésil avec le guitariste Toninho Horta dont il interprète les compositions. Quelques titres de sa plume s’ajoutent à ce répertoire qu’il va certainement reprendre, nous en donner un avant-goût. Élève de Martial Solal, il possède un bagage technique impressionnant, mais joue aujourd’hui moins de notes au bénéfice d’un plus grand feeling, le pianiste virtuose laissant parler son cœur.

Riccardo Del Fra

 

-Bassiste émérite au tempo précis, aux notes justes et élégantes, Riccardo Del Fra joua beaucoup avec Chet Baker, dédicataire de son premier et meilleur album “A Sip of your Touch” (1991). Il l’accompagna pendant neuf ans, jusqu’en 1988, année de la disparition du trompettiste, et rendra hommage à ce dernier le 15 au Duc des Lombards avec le programme “My Chet, My Song” crée en 2011 lors du festival Jazz in Marciac. Airelle Besson (trompette), Pierrick Pedron (saxophone alto), Bruno Ruder (piano) et Ariel Tessier (batterie) complètent son quintette.

 

Susi-Hyldgaard.jpg-La chanteuse danoise Susi Hyldgaard au Duc des Lombards le 21 et le 22. Elle nous a rendu visite en mars dernier, donnant un concert au Sunside à l’occasion de la sortie de “Dansk”, disque sur l’identité, la communication, dans lequel elle mélange plusieurs langues et entremêle toutes sortes de musiques. Elle nous revient en quartette avec Johannes Enders au saxophone ténor, Johannes Lundberg à la contrebasse et la fidèle et toujours souriante Benita Haastrup à la batterie qui double la voix de Susi et assure les contre-chants. Outre le piano dont elle tire de belles couleurs harmoniques, la chanteuse joue du piano électrique et saupoudre sa musique d’électronique, l’ordinateur dans lequel sont stockés des samples de voix, des séquences sonores qu’elle superpose aux propres notes de ses musiciens, renforçant son aspect orchestral.

 

Eddy-Louiss-c-Tempo111.jpg-Eddy Louiss au Trianon (80 bd Rochechouart 75018 Paris) le 22 à 20h00. Avec quelques amis musiciens –  Fabien Mary (trompette), Xavier Cobo (saxophones), Alain Jean-Marie (piano), Mourad Benhammou (batterie) – , l’organiste revisitera le mythique “Kind of Blue”, rendra hommage à Michel Petrucciani avec lequel il enregistra deux disques inspirés (“Conférence de presse”) et à Antonio Carlos Jobim, puis interprétera ses compositions, nous en offrant quelques nouvelles. Avec lui également Jacob Desvarieux (guitare et chant) et Dédé Saint-Prix (flûte et chant), musiciens antillais dont le cœur bat au même rythme que le sien. "Pour cette soirée, j’ai envie de mélanger les influences que j’aime… Elle sera bleue, simple et chaude…" prévient Eddy.

 

David-Linx.jpg-Nul doute que le Brussels Jazz Orchestra est l’un des meilleurs big band de jazz européen. Dirigé par le saxophoniste Frank Vaganée, il aligne de grands solistes et multiplie les rencontres avec des musiciens prestigieux. Bill Holman, Maria Schneider, Kenny Werner lui ont confié des arrangements et l’orchestre a invité de célèbres jazzmen à le rejoindre. Il sera au New Morning le 26 (21h00) pour jouer “A Different Porgy & Another Bess”, programme d’un album enregistré avec David Linx et Maria Joao mêlant titres célèbres de l’opéra de George Gershwin I Love you Porgy, My Man Is Gone Now, Summertime – à des pages moins connues. “Porgy & Bess”  est une œuvre de près de 3 heures rarement jouée dans sa totalité. On n’en connaît que des extraits. Confiés à plusieurs arrangeurs et portés par le chant superbe de David Linx, ces derniers brillent par leurs orchestrations aux couleurs rutilantes. Seul problème, le timbre de voix de Maria Joao m’insupporte. Nobody’s perfect !

 

-Hilario Duran au Duc des Lombards les 26 et 27 avec ses musiciens habituels, Roberto Occhipinti à la contrebasse et Mark Kelso à la batterie. Né à la Hilario DuranHavane en 1953, il y débuta sa carrière, jouant avec le Los Papas Cun Cun Ensemble et l’Orchestra Cubana de Musica Moderna. Installé à Toronto depuis 1998, il a participé à une vingtaine d’albums, jazz et musique cubaine faisant bon ménage sous ses doigts. Chucho Valdès ne tarit pas d’éloges sur son piano. Publié en 2010 au Canada et disponible en France depuis avril, “Motion” (Cristal) mérite une écoute attentive. Compositeur, Hilario signe également les arrangements de son disque. Le titre Havana City, une réussite, bénéficie d’une orchestration élargie, les autres plages étant enregistrées en trio.

 

Patrick Favre-Ne manquez pas le concert de Patrick Favre au Sunside le 27. Patrick joue un piano merveilleux que l’on entend rarement à Paris. Après “Intense” et “Humanidade” (Choc Jazz Magazine / Jazzman en février 2010), deux splendides albums en trio, c’est en quartette que Patrick Favre a enregistré “Origines”, son nouveau disque, le guitariste Pierre Perchaud rejoignant Gildas Boclé à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. Avec eux, le pianiste poursuit une quête mélodique exigeante, nous invite à partager une musique modale et onirique aux notes rares et précieuses.

 

Abbuehl.jpg-Le pianiste Stephan Oliva et la chanteuse Susanne Abbuehl en duo au Duc des Lombards le 1er octobre. D’eux, je possède une version magique de Lonely Woman produite par Philippe Ghielmetti pour Discograph. La chanteuse suisse fait peu de disques et prend son temps. “April” (ECM), son premier enregistrement, la révéla en 2001. Son second, “Compass”, nous parvint cinq ans plus tard. Elle a étudié avec Jeanne Lee et son travail sur la voix intimement lié au souffle dépasse largement le cadre du jazz. Instrument complice de sa musique, le piano de Stephan convient idéalement à ce chant intérieur.

 

-Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr 

-Abbaye de Royaumont : www.royaumont.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com 

-Le Trianon : www.letrianon.fr 

-New Morning : www.newmorning.com

-Provins Duke Festival :  www.dukefestival.com


Crédits photos : Tarkovsky Quartet © Paolo Soriani / ECM – Crâne et canapé rouge, Antoine Hervé, Riccardo Del Fra, Susi Hyldgaard, David Linx, Patrick Favre © Pierre de Chocqueuse – Manuel Rocheman © Thibault Stipal – Eddy Louiss © Tempo 111 – Stéphane Oliva © Cécile Matthieu – Susanne Abbuehl © Andrea Loux / ECM – Hilario Duran © Photo X/D.R.

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