Né à Bordeaux, diplômé du fameux Berklee College of Music de Boston, Vincent Bourgeyx fit ses armes au sein des quartettes du tromboniste Al
Grey et de la saxophoniste Jane Ira Bloom tout en travaillant avec de nombreux jazzmen. Revenu en France en 2001, il obtint un prix de soliste au Concours de Jazz de la
Défense en 2003, et depuis se produit souvent avec des musiciens hexagonaux. Enregistré à Barcelone, “Again“, son troisième album après “Introduction“ (Utica) et “Un ange qui ricane“ (Cristal
Records), témoigne du savoir faire d’un pianiste amoureux de la mélodie. Avec le batteur Bobby Durham décédé en 2008, Vincent Bourgeyx a naguère joué un jazz
inspiré par Oscar Peterson et sa musique ancrée dans le blues (Come Sunday, The Good Life) en conserve la trace. Les leçons de piano classique prises avec
Françoise Hougues, une élève d’Yves Nat, lorsqu’il était jeune, lui permettent aujourd’hui d’adapter très habilement Gabriel Fauré (Après un
rêve) et Frédéric Chopin. Joué en 7/4, l’Etude en mi-majeur de ce dernier reste une de ses mélodies préférées. S’il cède ainsi à une certaine tentation romantique, il ne
rend pas sa musique paresseuse pour autant. La remarquable section rythmique qui l’accompagne n’oublie même jamais de la muscler. La contrebasse de Matt Penman, musicien avec
lequel il a enregistré son premier disque en 2002, instaure des conversations incessantes avec son piano. Vincent a souvent joué à New York avec le batteur Ari Hoenig qui lui
fournit un accompagnement aussi varié qu’efficace. Si les nombreux standards qu’il reprend attestent son éclectisme - Once Upon a Summertime (La valse des lilas) côtoit
Giant Steps de John Coltrane – ses compositions personnelles, et particulièrement Alice, sont loin d’êtres négligeables. Précédemment enregistrée, cette
suite en quatre parties nous offre un condensé des qualités de ce troisième opus : interaction parfaite des protagonistes, riche background harmonique d’un pianiste dont les
improvisations mélodiques et chantantes s‘accompagnent d’une abondance de notes, d’un jeu orchestral offrant beaucoup de dynamique à l’instrument. Cette réussite mérite sa place dans toute bonne
discothèque.