Les maisons de disques n’attendent pas qu’il pleuve et qu’il neige pour nous inonder de disques en ce début d’année. Quelques-uns d’entre eux
confirment l’immense talent de leurs auteurs ou constituent des surprises à ne pas ignorer. Puisse cette première sélection hivernale réchauffer vos petons glacés.
Philip CATHERINE : “Côté Jardin”
(Challenge / Distrart)
Il est en forme Philip Catherine. Après un bel hommage à Cole Porter en 2011, le voici entouré d’une formation comprenant deux jeunes musiciens belges prometteurs dans un disque très réussi. “Côté Jardin” nous fait découvrir Antoine Pierre, batteur au drumming aussi perspicace que subtil, et Nicola Andrioli, pianiste italien installé à Bruxelles qui signe trois des compositions de l’album. Je préfère celles de Philip, mais le piano mobile aux notes colorées complète idéalement la guitare (électrique ou acoustique) qui cisèle des mélodies chantantes. Dans cette association délicate sur un plan harmonique, les deux hommes ne se gênent pas, mais se complètent, la musique se faisant toujours fluide et élégante. Dans Misty Cliffs qui ouvre l’album, les modes de l’Inde semblent trempés dans le blues. On pense à Homecomings, une pièce que Catherine enregistra en duo avec Larry Coryell. “Twin House” un disque Atlantic de 1976, la renferme. Cette approche « indienne » du jazz se retrouve aussi dans Virtuous Woman, une autre grande réussite de l’album. Solide comme un chêne, le fidèle Philippe Aerts y tient la contrebasse. Les claviers discrets de Philippe Decock apportent les couleurs des rêves, en fixent les images. Isabelle Catherine, la fille de Philip, pose sa jolie voix sur Côté Jardin. George Brassens qu’admire tant Philip est lui aussi à l’honneur avec une reprise de Je me suis fait tout petit que Django Reinhardt aurait sûrement appréciée.
Bill CARROTHERS : “Castaways”
(Pirouet / Codaex)
Bill Carrothers enregistre beaucoup. Après le très beau “Family Life” en solo et le rôle essentiel que tient son piano dans “I’ve Been Ringing You”, un disque de Dave King, son nouvel opus pour Pirouet le fait entendre en trio avec Drew Gress à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie, musiciens avec lesquels il aime jouer et enregistrer. Au programme, neuf compositions originales dont une Scottish Suite en trois parties, écrite à l’occasion de sa participation à un festival de jazz en Ecosse il y a quelques années. Bill parvient à reproduire le son d’une cornemuse en grattant certaines cordes en acier de son piano dans les premières mesures de Rebellion, morceau construit sur un ostinato obsédant. Dans Oppression, le mouvement suivant, le pianiste adopte un jeu en accords, joue moins de notes et fait davantage respirer sa musique. Il procède de même dans d’autres pièces de l’album. La mélancolie de Trees et de Castaways provient de leur dénuement sonore, mais aussi des accords inattendus et parfois dissonants qui en enveloppent les thèmes. Même chose pour Araby, la troisième nouvelle de “The Dubliners” de James Joyce. La musique s’y développe dans l’espace, progresse par petites touches harmoniques, se déplace vers la lumière.
Nik BÄRTSCH’S RONIN “Live”
(ECM / Universal)
Après trois disques studio pour ECM (et trois autres auparavant), Ronin sort un double album live plus excitant que jamais. La formation comprend Nik Bärtsch aux claviers, Sha à la clarinette basse et au saxophone alto, Björn Meyer à la basse électrique, Kaspar Rast à la batterie et Andi Pupato aux percussions. Un nouveau bassiste, Thomy Jordi, se fait entendre dans Modul 55, le dernier morceau. Difficile d’imaginer une musique si précise et architecturée jouée en temps réel sans overdubs et boucles préenregistrées. Pourtant, non seulement le groupe y parvient, mais encore improvise, chaque musicien apportant sa propre contribution à l’édifice sonore en association étroite avec les autres instrumentistes. Constitué en 2001, Ronin mêle habilement musique répétitive, jazz et funk, sa musique hypnotique constamment sous-tension accordant une place prépondérante au groove. Le pianiste zurichois ne donne jamais de titres aux pièces sur lesquelles il travaille. Il numérote des modules constitués par des figures rythmiques entrelaçant rythmes pairs et impairs, battement réguliers et irréguliers. Il a étudié conjointement le piano et la batterie et utilise souvent son piano comme un instrument percussif. Bien que le rythme reste la priorité du groupe, chaque pièce débouche sur des perspectives mélodiques. Enregistré entre 2009 et 2011 lors de concerts donnés dans des festivals en Allemagne, mais aussi dans plusieurs clubs européens et à Tokyo, ce double album reste très excitant. Sa dramaturgie résulte d‘un savant montage en studio. Chaque module se rattache au précédent, l’ensemble constituant une suite cohérente et logique.
Ludovic De PREISSAC sextet : “L’enjeu des paradoxes”
(Frémeaux & Associés)
Son disque précédent, un nouvel arrangement de “West Side Story”, souffre de sa comparaison avec un enregistrement de la même œuvre par Manny Albam en octobre 1957. De grands musiciens de la Côte Est – Al Cohn, Bob Brookmeyer, Hank Jones et Eddie Costa – le servent magnifiquement. Pianiste se souciant de faire swinguer ses lignes mélodiques, Ludovic de Preissac réunit pour ce nouvel opus, son sixième, une fine équipe de musiciens talentueux. Au sextet auquel il fait jouer ses compositions s’ajoutent quelques invités parmi lesquels Sylvain Beuf qui ouvre le bal sur les rythmes fiévreux d’Ouakam’s Trip. Mais c’est surtout l’arrangeur qui nous séduit ici. Preissac mêle anches et cuivres avec bonheur, donne de belles couleurs à ses partitions. Celle qui s’intitule Les paradoxes de l’instinct enchante aussi par son thème, une mélodie qui profite aux solistes pour improviser brillamment. Sylvain Gontard à la trompette et au bugle, Michaël Joussein au trombone, Michaël Cheret aux saxophones connaissent leurs affaires et embellissent la musique par leurs chorus. Salsacerdose tourne du feu de Dieu avec des couleurs harmoniques peu courantes et une métrique inhabituelle. Trempé dans le gospel, sa structure mélodique relevant du choral, Quiet Time est fort réjouissant. Cet album, une bonne surprise, mérite une écoute attentive.
Omar SOSA : “Eggūn”
(World Village / Harmonia Mundi)
Pianiste virtuose aux notes plein les doigts, Omar Sosa en fait généralement trop ou trop peu, comme dans le léthargique “Calma” enregistré en solo en 2011. Incorporant des rythmes afro-caribéens, sa musique très marquée par l’Afrique se situe en marge du jazz. Dans “Eggūn”, un hommage au “Kind of Blue” de Miles Davis, une commande du Barcelona Jazz Festival, le genre se voit dilué au sein d’un savant métissage de musiques. Bien que la trompette très présente de Joo Kraus rappelle celle de Miles et que l’introduction d ‘Alejet reste un démarquage habile de So What, “Kind of Blue” n’est qu’un prétexte pour Sosa qui invente une toute autre musique tout en incorporant certains motifs mélodiques du chef-d’œuvre de Miles. Très réussi, son disque atypique révèle un compositeur arrangeur pour une fois très inspiré. Le pianiste économise ici ses notes, pratique un jeu modal lui permettant de poser de belles couleurs sur une musique lumineuse et planante. El Alba déploie sa mélodie féérique sur un tapis sonore percussif. Introduit par une kalimba, le très africain So All Freddie s’enrichit progressivement de rythmes latins. Une basse électrique funky, un large choix de rythmes portent la transe et la béatitude. Les guitares de Lionel Loueke et de Marvin Sewell improvisent au plus près du blues, des racines africaines de la musique, et tirent des sons d’un autre monde. Confiés à Leandro Saint-Hill et à Peter Apfelbaum, saxophones, clarinette et flûte épaulent la trompette pour chanter les thèmes d’un grand voyage musical qui s’achève sur un pur moment de grâce, une prière Yoruba.
Photo de Philip Catherine © Wim Van Eesbeek
D
Amoureux de la belle Eliane Elias qui la veille donne un
concert au New Morning,
QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT
-Le 6 et le 7 Kenny Werner lui succède au Duc des Lombards pour deux concerts en trio, le pianiste s’y faisant accompagner par Johannes Wendenmueller à la contrebasse et Ari Hoenig à la batterie. Kenny a enregistré avec eux
deux disques live (au Sunset) en 2000. Musicien à l’imagination féconde, il excelle aussi bien sûr dans le genre qu’en solo, connaît le vocabulaire
du jazz et son histoire, son piano élégant aux chaudes couleurs harmoniques n’oubliant jamais de swinguer. Toutes ses prestations sont des évènements. On n’oubliera pas de réserver sa
place.
-Également le 6 et le 7, Enrico Rava
revient jouer au Sunside à la tête de sa formation italienne. Le tromboniste Gianluca Petrella (uniquement le 7) s’offre avec lui de nombreux et passionnants dialogues qu’arbitre
très subtilemùent Giovanni Guidi, pianiste aux chorus tamisés qui possède un sens profond des couleurs et des nuances, Gabriele Evangelista à la contrebasse et
Fabrizio Sferra à la batterie complètent une formation avec laquelle le trompettiste a enregistré l’un des disques les plus lyriques de sa discographie : “Tribe”, un de mes
13 Chocs de l‘année 2011. Sa musique solaire, sa chaleur toute méditerranéenne est un vrai remède contre le froid de
l’hiver.
-Ronin le groupe de Nik Bärtsch au Centre Culturel Suisse (38 rue des Francs Bourgeois 75003 Paris) le 12 et le 13 à 20h00. Le pianiste suisse compose des modules
de différentes durées au sein desquels boucles rythmiques et figures répétitives génèrent une musique hypnotique et architecturée à la tension et au groove constamment entretenus. Après “Stoa” (2005), “Holon” (2008) et “Llyria” (2010), tous ces disques sur ECM, Ronin sort un double CD live très représentatif de ses concerts. Outre Nik Bärtsch aux claviers, la formation comprend aujoud'hui
Sha à la clarinette basse et au saxophone alto, Thomy Jordi à la basse électrique, et Kaspar Rast à la batterie. Transe garantie.
-Marc Johnson (contrebasse), Eliane Elias (piano) et Joe
Labarbera (batterie) au New Morning le 13. Marc et Joe furent tous deux membres du trio du regretté Bill Evans et Eliane lui a
rendu hommage en 2008 avec son album “Something for You”. Elle s’est fait connaître comme chanteuse auprès d’un large public, mais c’est surtout la pianiste que plébiscitent les amateurs de jazz.
On écoutera ses voicings élégants, les couleurs, les harmonies evansiennes de son piano dans “Swept Away” (ECM), un des meilleurs disques de l’an
dernier co-signé avec Marc, son mari. Comme elle, ce dernier est aussi un compositeur habile, comme en témoignent Midnight Blue et Foujita, deux des thèmes de cet opus enthousiasmant.
-Aldo Romano
-Fabien Mary
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-Eddie Gomez 
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Jordi Pujol
Pas de remettant pour le Prix du jazz classique, attribué à “Live at the Players”, un
disque d’Aaron Diehl, jeune pianiste talentueux que j’aurais aimé saluer. Aaron a depuis publié un excellent disque en quartette sur le
label Mack Avenue : “The Bespoke Man’s Narrative”. Son jazz est moderne, intemporel. Il a travaillé avec Wynton Marsalis, s’est produit
avec Benny Golson, et est aussi capable de jouer du bop que de reprendre Scott Joplin
et Jelly Roll Morton.
Chargé de rendre hommage à Dave Brubeck, autre cher disparu, René Urtreger, Prix Django Reinhardt en 1961, trouva des mots
très juste pour nous parler de celui qui fut un compositeur important et un pianiste fertile en idées mélodiques. René joua aussi sa musique, reprit en solo The Duke , une de ses plus belles compositions.
Remis
par
Appelée sur scène par François Lacharme, Victoria Abril contamina l’assistance par sa bonne humeur. Les Michu qui somnolaient furent ravis d’applaudir l’une des actrices fétiches de Pedro Almodóvar
(“Attache -moi ! ”, “Talons aiguilles”) et que l’on peut aussi voir dans “Gazon maudit” de Josiane Balasko, film oh combien apprécié
par Monsieur Michu ! Chanteuse, Victoria a fait paraître un disque de bossa-nova et un recueil de chansons françaises revisitées par le
flamenco. Elle était donc la personne adéquate pour remettre le Prix du Jazz Européen à son compatriote Jorge Pardo, un flûtiste /
saxophoniste qui depuis de longues années pratique le métissage du jazz et des rythmes d’Andalousie. Bien qu’ayant travaillé avec Paco de
Lucia, Chick Corea et Pat Metheny, il reste méconnu du public français. Pas
de l’Académie du Jazz qui ce soir lui fait fête. Son improvisation en solo sur des thèmes de Maurice Ravel (Le Boléro) et de Manuel de Falla fut aussi osée que remarquée.
Autre remettant surprise, le cinéaste Yves Boisset (“Le juge Fayard dit le Shérif”, “La femme flic”) remit le très convoité Prix Django Reinhardt au saxophoniste Émile Parisien. Non sans nous avoir parlé de son métier et regretté que pour le jeune public d’aujourd’hui le cinéma commence souvent avec Quentin Tarantino (lui-même cinéphile) et qu’un Louis Jouvet est aujourd’hui largement oublié.
François Lacharme le fit parler de son plus grand succès commercial, “Un Taxi Mauve”, film adapté du roman de Michel Déon, avec Charlotte Rampling, Philippe
Noiret, mais aussi Fred Astaire dont ce fut la dernière apparition à l’écran - « Un type adorable. Il avait alors 84 ans et
dansait encore divinement… ».







Emmanuel
Bex met un point d'orgue


Près d'Elisabeth Caumont, Christian Bonnet, trésorier de l'académie,

Une bonne partie des photos de ce reportage sont de Philippe Marchin
qui, sur le cliché de gauche, admire la nouvelle tête de Médéric Collignon. Boute-en-train infatigable, ce dernier amuse aussi Marc Sénéchal, attaché de presse
aujourd'hui indépendant dont on ne voit qu'un quart de tête.
La cuisine adjacente à la Salle Nijinski dans laquelle se
déroule notre cocktail académique sert de studio de photos. A gauche la très charmante Franny pose dans un manteau d'hiver moscovite. A droite la délicieuse
Laurence a fait fondre le coeur de Circuit 24 qui a insisté pour poser avec elle. Son châssis aux lignes élégantes n'a effectivement rien à envier à celui d'une
voiture de course.

Jean-Philippe Viret
sans sa contrebasse et prêt à "rhabiller le gamin" pour le supplément d'âme qu'apporte aussi le bon vin. Le chapeau toujours vissé sur la tête, Michel Contat, monsieur jazz
Télérama, ne me contredira pas. On taquine beaucoup Bajoues profondes dans ce blog avec des histoires à dormir debout. C'est pourtant ce qu'il parvient à faire, malgré la foule
bruyante qui l'entoure et fait la fête.








D
sa grammaire. Le jazz chemine
aujourd’hui loin de la Nouvelle-Orléans qui l’a vu naître. Implanté sur d’autres terres, il s’inspire et se nourrit de nouveaux folklores, d'autres traditions musicales. La sophistication
harmonique européenne peut ainsi prendre le pas sur la polyrythmie africaine. Pourquoi pas si le lien n’est pas rompu avec les racines et les règles d’une musique née il y a plus de cent ans sur
le sol de la grande Amérique, si le jazz d’autres continents nous fait vibrer et ravive notre enthousiasme ! Mes palmarès n’occultent pas pour autant le jazz afro-américain. Ses musiciens
baignent dans le swing et le blues leur est parfaitement naturel. L’an dernier les enregistrements en solo y étaient majoritaires. 2012 a vu de
grandes réussites en trio, le piano restant toujours l’instrument roi de cette sélection forcément subjective. Choisir n’a pas été facile. D’autres albums m’ont interpellé. Ceux de










S




P
Jean-Marc FOLTZ / Stephan OLIVA :
Baptiste HERBIN : “Brother Stoon”
Dave KING : “I’ve Been Ringing You”
D
dont l’épouse Agathe, comme en témoigne cette photo d’elle en grand décolleté, ne manque ni de grâce, ni de distinction. Même attiré par une bouteille de Petrus, bordeaux fort cher et fort bon qu’il n’a jamais goûté, ou par un Jacky McLean, whisky de capitaine qu’il
apprécie, Monsieur Michu souhaite fuir ces m’as-tu-vu envahissants, laudateurs d’un certain Étienne Marcel dont la musique atroce phagocyte le monde du jazz et provoque de néfastes palpitations de palpitants. Un maya de leurs amis ayant annoncé
la fin du monde le 21, les Dugenoux prudents ont choisi de réveillonner la veille. Ils comptent bien récidiver le 24 si la planète n’est pas
détruite, s’inviter chez les Michu qui attendent chez eux leurs proches devant un souper modeste après la traditionnelle messe de minuit aux
Saints Innocents. Comme chaque année, ils s’investiront dans la crèche vivante de leur paroisse parisienne. Jean-Paul sera Saint-Joseph et Madame Michu une bergère. Jacquot trop défiguré pour tenir le rôle du Petit-Jésus, Monsieur Michu espère convaincre Médéric Collignon ou Gérard Depardieu. Sait-on jamais ? Le soir même, Madame Michu examinera attentivement les
cadeaux reçus par son mari. Surtout les disques. Certains provoquent fièvres, claquements de dents et expédient à l’hôpital. Monsieur Michu
en a fait la triste expérience l’an dernier. Décembre : des galettes plastifiées et indigestes peuvent provoquer des maladies graves, les Pères-Noël font peur aux enfants, les voleurs de
conifères prospèrent tout comme les pharmaciens. Rhumes et sinusites perturbent le sommeil de nuits fraîches, les plus longues de l’année. On peut aussi les passer dehors, dans les clubs de jazz
de la capitale, à l'Alhambra le 7, salle dans laquelle se déroulera le 1er Téléthon du Jazz, ou à l’Olympia le 17 pour la grande soirée musicale qu’organise annuellement TSF Jazz. Puissent ces
concerts qui interpellent, les derniers de 2012, guider vos choix. Mis en sommeil vers le 20 décembre après la mise en ligne des très attendus
Chocs de l’année (douze nouveautés et un inédit), ce blog, réactivé à la mi-janvier, consacrera une place importante à la remise des prix de
l’Académie du Jazz, l’événement incontournable de janvier 2013.
-Quatre soirées jazz du 5 au 8 décembre au
Centre Wallonie-Bruxelles, 46, rue Quincampoix 75004 Paris. Une valeur sûre le 5 avec le guitariste Philip Catherine en concert d’ouverture.
Le 8, le label Igloo nous propose deux artistes de son catalogue, le jeune pianiste Igor Gehenot et Sal La Rocca, bassiste très demandé en Belgique. C’est toutefois la venue de Mélanie De Biasio le 6
qui interpelle le plus. Nous n’avions plus de nouvelles de la chanteuse depuis ses concerts de septembre et décembre 2008 au Sunside. Elle semble ne pas avoir enregistré d’autres disques depuis
la parution de “A Stomach is Burning” (Igloo) en 2007, révélation d’une voix grave et sensuelle, d’un univers en noir et blanc résolument personnel. Pascal Mohy depuis longtemps avec elle au piano et Sam Gerstmans à la contrebasse accompagneront à
Paris son chant et sa flûte, instrument qui renforce l’aspect onirique de sa musique.
-Frederic Borey au Sunside le 6. Vous avez probablement découvert et, peut-être lu ma chronique enthousiaste de son nouveau disque. Son saxophone ténor sonne comme un alto. Normal,
Frédéric préfère solliciter les médiums et les aigus de l’instrument. Sa sonorité claire et droite à la Warne Marsh, il la met au
servie de compositions très soignées sur le plan de la forme. Le mélodiste ne perd jamais de vue la tradition du jazz, le blues et le bop qui nourrissent sa musique. Impossible de faire venir au
Sunside Inbar Fridman (guitare) et Camelia BenNaceur (piano) qui l’accompagnent sur
“The Option” mais, avec Pierre Perchaud à la guitare et Paul Lay au piano nous ne
perdrons pas au change, Frédéric pouvant compter sur l’excellente section rythmique de son album, Florent Nisse à la contrebasse et
Stefano Lucchini à la batterie.
-Ne manquez pas le 7, le premier Téléthon du Jazz à l'Alhambra, 21 rue Yves Toudic 75010 Paris (20h00),
manifestation parrainée par la BNP Paribas au profit de l'AFM-Téléthon, avec l'Electric Excentric Quartet de Sylvain Beuf et
Sixun.
Josserand, 93500 Pantin (20h30) dans un programme en partie consacré à des partitions anciennes, des extraits de la musique du Onztet crée en
1979, les Miniatures pour tuba écrites pour François Thuillier et la Petite suite pour Django. La formation reprendra également des œuvres récentes parmi lesquelles des extraits des suites caribéennes. On retrouvera avec plaisir
Claude Egea et Pierre Drevet aux trompettes, André Villéger et Mathieu Donarier aux saxophones, Manuel Rocheman au piano, Patrice bien sûr à la contrebasse, invitant pour ce concert le guitariste Marc
Ducret.
-Carmen
Lundy au Duc des Lombards les 7 et 8 décembre (20h00 et 22h00). Native de Miami, installée à New York depuis 1978, la chanteuse a une longue carrière derrière elle. Elle la débuta au
sein du prestigieux Thad Jones / Mel Lewis big Band et dès 1980 posséda son propre trio avec John Hicks au piano. “Changes” son dernier disque publié est le douzième qu’elle enregistre sous son nom. On la trouve aussi sur plusieurs albums de
Kip Hanrahan avec lequel elle aime travailler et dans “The Mosaic Project” de la batteuse Terri Lyne Carrington. Auteur de plusieurs opus remarquables, le pianiste Anthony Wonsey sera au
Duc son partenaire privilégié, Darryl Hall (contrebasse) et Jamison Ross (batterie)
complétant la formation.
-Âgé seulement de 25 ans,
le saxophoniste Baptiste Herbin impressionne par sa maîtrise de ses deux instruments, les saxophones alto et soprano. Avec eux, il tient un
discours mélodique enraciné dans le bop, prend des risques, possède une sonorité propre et des compositions originales. On le constate dans “Brother Stood”, le premier album qu’il a enregistré
sous son nom avec Pierre de Bethmann, Sylvain Romano et André Ceccarelli. Baptiste en jouera les morceaux au Duc les 10 et 11 décembre, Eric Legnini
remplaçant au piano Pierre de Bethmann le 11. Si Sylvain Romano tiendra bien la
contrebasse, la présence d’André Ceccarelli à ces concerts reste encore incertaine. On ne peut que la souhaiter.
-Non ce n’est pas Laurent Mignard sur la photo, mais Jacquot après sa dernière opération. Sa ressemblance avec la créature d’un célèbre roman est fortuite. L’enlèvement de son armure fut douloureux pour le
pauvre garçon qui en conserve des séquelles. Il compte toutefois se rendre le 14 au Carré Belle-Feuille (60, rue de la Belle Feuille, Boulogne Billancourt) pour suivre le concert qu’y donnera à
20h30 le Duke Orchestra. Le même soir le pianiste Dominique Fillon animera le Sunside
avec Sylvain Gontard à la trompette, Kevin Reveyrand à la contrebasse et
Francis Arnaud à la batterie. Il va falloir choisir car Giovanni Falzone (trompette)
et Bruno Angelini (piano) donnent aussi un concert au Centre Culturel Italien, 73 rue de Grenelle, 75007 Paris (20h00).
-Il
n’arrête pas Laurent de Wilde. Tant mieux pour tous ceux qui apprécient sa musique, son piano aux belles couleurs harmoniques qui s’appuie
sur la tradition du jazz pour le moderniser. J’en suis, m’efforçant de suivre au plus près ses concerts, de commenter ses disques. Vous trouverez ma chronique de “Over the Clouds” son dernier
opus dans ce blog à la date du 9 mai. Un album très varié, le premier qu’il enregistre en trio depuis “The Present” en 2006. On y trouve du blues, des ballades, du bop, des morceaux rythmés
louchant sur l’afro-beat. Laurent en reprend bien sûr les morceaux en concert. Il se produira le 15 avec Jérôme Regard à la contrebasse et
Laurent Robin à la batterie à l’espace Daniel-Sorano (16 rue Charles Pathé, Vincennes) dont il a assuré la programmation artistique de la
première édition.
-Toujours le 15, le New Morning accueille Manuel Rocheman avec le trio du guitariste, chanteur et compositeur brésilien
Toninho Horta - Yuri Popoff (contrebasse), Luiz Augusto Cavani (batterie). Enregistré au Brésil et publié en octobre, “Café & Alegria”, le dernier disque du pianiste est consacré à ses
musiques. Horta a travaillé avec Elis Regina, Milton Nascimento, Edu Lobo, Chico Buarque, de grands musiciens brésiliens dont il a souvent arrangé les albums.
Pat Metheny joue sur deux plages de son premier disque enregistré en 1981. Sa guitare mélodique aux progressions harmoniques sophistiquées
s’accorde bien au piano inventif et coloré de Manuel, musicien aujourd’hui plus sensible que virtuose.
-Aaron Goldberg en trio au Duc des Lombards
le 19 avec Omer Avital (contrebasse) et Ali Jackson (batterie), l’un des concerts évènements de décembre. Avec eux, le pianiste a enregistré “Yes !”, un
disque épatant dans lequel, en grande forme, il privilégie le blues, fait chanter ses notes tout en n’oubliant pas d’émouvoir. Ancrée dans la tradition, leur musique profondément authentique
semble avoir jailli spontanément. Une seule journée de studio a d’ailleurs suffi pour enregistrer les neuf morceaux de l’album. Oubliant leur technique, partageant des racines communes, les trois
hommes s’expriment en toute simplicité et accordent la priorité au feeling.
-Laura Littardi de retour au Sunside le 20
avec le quintette qui l’entoure dans “Inner Dance”, un disque qu’elle a fait paraître en début d’année. Recueil de morceaux des années 70 habilement jazzifiés que l’on doit à Graham Nash, Neil Young, Stevie Wonder, il
séduit par la fraîcheur de ses arrangements qui habillent autrement la musique. Chanteuse sincère et attachante à la voix d’alto, Laura compose aussi de bonnes chansons comme en témoignent le
nostalgique Sunny Days, mais aussi Beautiful Flower et son rythme de bossa, deux des plages de ce nouvel album. On peut faire confiance à Francesco Bearzatti (saxophone et clarinette), Carine Bonnefoy (claviers), Mauro
Gargano (contrebasse) et Guillaume Dommartin (batterie) pour porter cette voix attachante et l’aider à tenir ses promesses.
-On retrouve l’infatigable
Laurent De Wilde les 21 et 22 décembre au Sunside. Le club l’accueille avec Eddie
Henderson, trompettiste avec lequel Laurent a enregistré un de ses meilleurs disques “Colors of Manhattan” réédité l’an dernier. C’était à New York en 1990. Ira Coleman (contrebasse) et Lewis Nash (batterie) en constituaient la rythmique. Celle dont ils
vont disposer au Sunside ne sera pas ridicule, l’incontournable Darryl Hall (contrebasse) s’associant à Laurent Robin (batterie) pour rythmer une musique trempée dans le bop et le blues, piano et trompette s’entendant pour improviser, dialoguer et
surprendre.
En janvier

1992, Chick avait enregistré avec lui au Blue Note de Tokyo un album introuvable pour le marché japonais. Colaiuta indisponible en 2009, le pianiste engagea Blade qui apportait
un drive
en faire, entraîner Corea dans une surenchère d’arpèges, d’ornements
décoratifs ? Que nenni ! Constamment à l’écoute, il intervint aux bons moments, nous régala de son timbre rond et chantant, d’un balancement rythmique confortable. L’homme pratique avec
bonheur une walking bass
autre rythme et de nouvelles couleurs. La main droite mobile et
bondissante du pianiste surprend par ses attaques inattendues, ses traits vifs et précis. Héritant d’une structure rythmique inédite, Armando’s Rhumba 
signé deux des disques les
plus réussis de 2012, “Ode”, recueil de compositions originales, et “Where Do You Start” consacré à des standards, des enregistrements de 2009 et 2011 qui ne reflètent pas exactement les concerts
actuels du trio. Brad change souvent de répertoire, compose et explore de nouveaux morceaux. L’un de ceux qu’il joue en rappel n’a pas encore de nom. Il reprend aussi des standards, mais aime
surtout puiser les mélodies qu’il réharmonise dans la variété américaine et la musique pop. Son récital parisien débuta avec Great Day
éclectisme. Ils le savent capable de plonger
dans un bain de notes bleues la mélodie qui lui parle, soit-elle de Nick Drake
ses deux complices le laissent achever
seul une improvisation babélienne. Car c’est en solo que Brad Mehldau