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4 octobre 2021 1 04 /10 /octobre /2021 16:13
François Couturier et Anja Lechner © Makr Mushet / ECM Records

François Couturier et Anja Lechner © Makr Mushet / ECM Records

Après plusieurs semaines d’inactivité, ce blog reprend du service. Les concerts redémarrent et les disques sont nombreux à sortir. Ceux dont vous lirez les chroniques ont mes préférences. Un choix subjectif bien sûr, mais ceux d’entre vous, nombreux je l’espère, qui partagent mes goûts, ne seront probablement pas déçus. Vous trouverez la chronique du Marcin Wasilewski Trio, “En Attendant” (ECM) dans le numéro d’octobre de Jazz Magazine. J’ai beaucoup réduit la liste de concerts que je propose. Seuls les plus importants à mes yeux seront désormais annoncés. Ce blog ne reprendra pas son rythme habituel. Je me réserve toutefois l’opportunité de prendre ma plume à tout moment si l’actualité du jazz le nécessite. Bonne rentrée à tous et à toutes.

-Comme chaque année en octobre, à l’initiative de l’association Paris Jazz Club, les clubs de jazz de Paris et de la région parisienne font leur festival, vingt-cinq clubs accueillant cent quatre-vingt concerts et quatre cent cinquante musiciens entre le vendredi 8 et le samedi 23. Manifestation culturelle incontournable de l’automne, Jazz sur Seine qui en est à sa 10ème édition maintient inchangée sa politique tarifaire : deux concerts 40 euros et une offre découverte proposée aux étudiants, demandeurs d’emploi et élèves de conservatoires à 10 euros. Dix-huit showcases (entrée gratuite selon les places disponibles) se tiendront le mardi 19 octobre dans cinq clubs du quartier des Halles. On en consultera les programmes sur le site de Paris Jazz Club : www.parisjazzclub.net/fr/events/festival-jazz-sur-seine-2021

-Comme chaque année en octobre, le jazz afro-américain a rendez-vous à Clermont-Ferrand. La 34ème édition de Jazz en Tête, un festival différent car n’accueillant que du jazz qui ressemble à du jazz, se déroulera du mardi 19 au Samedi 23. Le bassiste Joe Sanders en quartette le 19, le Makaya McCraven Quartet avec le trompettiste Marquis Hill le 20, Kirk Lightsey en trio avec Famoudou Don Moye, batteur de l’Art Ensemble of Chicago le 21, le quintette du saxophoniste Kenny Garrett le 22 et le Jazz at Lincoln Center Orchestra sous la direction du trompettiste Wynton Marsalis en soirée de clôture le 23 en sont les moments forts. Mis à part ce dernier concert prévu à 20h30, tous sont à 20h00 et se déroulent dans la salle Jean Cocteau de la Maison de la Culture. On consultera le programme complet sur le site du festival : www.jazzentete.com

Emmett Cohen © John Abbott

Emmett Cohen © John Abbott

Mes concerts d’octobre

-Le pianiste Emmett Cohen en trio avec Yasushi Nakamura (contrebasse) et Kyle Poole (batterie) le 5 et le 6 (19h30 et 22h00) au Duc des Lombards. www.ducdeslombards.com

 

-Le Umlaut Big Band dirigé par Pierre-Antoine Badaroux célèbre la musique de Mary Lou Williams suivi après l’entracte du Jazz at Lincoln Center Orchestra sous la direction du trompettiste Wynton Marsalis le 9 à la Philharmonie de Paris (20h30). www.philharmoniedeparis.fr

 

-Le guitariste Nguyên Lê en trio avec Romain Labaye (basse) et Paul Berne (batterie) le 14 (à 20h30) à l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe, l’Ecuje – 119 rue Lafayette, 75010 Paris – qui s’ouvre à des concerts de jazz une fois par mois. Le pianiste Olivier Hutman est chargé de la programmation. www.ecuje.fr/jazz-ecuje-paris

 

-Estelle Perrault et les musiciens de “Dare That Dream”, son deuxième album, le 16 (20h30) au Studio de l’Ermitage. www.studio-ermitage.com

 

-Anja Lechner (violoncelle) et François Couturier (piano) le 17 à Champagne-sur-Oise (Église Notre-Dame-de-l'Assomption, 14 - 26 rue Notre Dame, 17h00) dans le cadre du festival Jazz au fil de l’Oise. Leurs concerts sont rares et “Lontano”, leur dernier opus, est l’un des plus beaux disques de l’an dernier. www.jazzaufildeloise.fr

 

-Le duo inédit qui réunit le pianiste Yonathan Avishai et le bassiste Omer Avital le 23 (à 21h30) et le 24 (à 19h00) au Sunside. www.sunset-sunside.com

 

-Thomas Curbillon le 28 (20h00) au Bal Blomet. Le chanteur guitariste fête la sortie de “Place Sainte Opportune” (Jazz&People), un album éminemment radiophonique arrangé par Pierre Bertrand et réalisé par Daniel Yvinec mariant swing et chansons françaises. Il contient de nombreuses compositions originales et des reprises de Et bailler, et dormir de Charles Aznavour et de Berceuse à Pépé de Claude Nougaro sur une mélodie de Maurice Vander. Eric Legnini (piano), Thomas Bramerie (contrebasse), Antoine Paganotti (batterie) et Stéphane Belmondo (trompette et bugle) invité sur certaines plages en sont les principaux musiciens. www.balblomet.fr

Andrew Cyrille, Bill Frisell, David Virelles, Ben Street © A.T. Cimarosti / ECM Records

Andrew Cyrille, Bill Frisell, David Virelles, Ben Street © A.T. Cimarosti / ECM Records

Quelques disques qui m’interpellent

Loin de ranger ses baguettes, Andrew Cyrille, 83 ans le 10 novembre prochain, semble débuter une seconde et tardive carrière chez ECM. Après “The Declaration of Musical Independence” publié en 2014, la firme munichoise fait paraître “The News”, un album de jazz moderne à l’atmosphère toute aussi singulière. Découvert au sein de la dernière formation du regretté Tomas Stanko, le pianiste David Virelles remplace Richard Teitelbaum au sein de la formation du batteur, un quartette comprenant Ben Street à la contrebasse et Bill Frisell à la guitare. Les couleurs, les sonorités souvent aériennes que ce dernier tire de son instrument apportent beaucoup à la magie de cette musique ouverte que le piano virtuose et inattendu de Virelles et le drive foisonnant du leader enrichissent. Frisell apporte trois compositions, dont Baby, une ballade d’un grand lyrisme, et Go Happy Lucky, déjà enregistré en solo sur son disque “Music Is” (OKeh) en 2017. Intimiste et inventif, “The News” est une grande réussite.

Né le 3 septembre 1951 à San Francisco, Todd Cochran débuta sa carrière de pianiste auprès de Bobby Hutcherson – il joue sur “Head On”, un disque Blue Note du vibraphoniste de 1971. L’année suivante, sous le nom de Bayeté / Todd Cochran, il enregistre son premier album pour Prestige (Worlds Around the Sun”) avant de passer aux claviers électriques sous l’influence d’Herbie Hancock, et se voir sollicité comme sideman par de nombreuses pop stars (Peter Gabriel, Jim Capaldi) et des artistes de soul et de rhythm’n’blues (Aretha Franklin, Booker T. Jones), tant à Londres qu’aux États-Unis. Compositeur, producteur, Todd Cochran est aussi un pianiste dont le jeu élégant marqué par le blues s’inscrit dans la tradition du jazz. En témoigne “Then And Again, Here And Now” (Sunnyside), un album dans lequel en trio avec John Leftwich (contrebasse) et Michael Carvin (batterie), il se souvient, reprend Bemsha Swing de Monk qui le fascine déjà à l’âge de dix ans, The Duke de Dave Brubeck qu’il découvre quatre ans plus tard , mais aussi A Foggy Day In London, pour lui associé aux brouillards de ses séjours londoniens, des mélodies qu’il enrichit d’harmonies et d’improvisations personnelles, un jazz intemporel que l’on aimerait écouter plus souvent.     

Aussi à l’aise dans les ballades que sur tempo rapide, Sinne Eeg excelle et nous surprend une fois encore dans “Staying in Touch” (Stunt) enregistré en duo avec le bassiste Thomas Fonnesbæk, bassiste aujourd’hui très demandé. Ce n’est pas la première fois que la chanteuse danoise se livre à l’exercice. En 2015, Stunt publiait “Eeg / Fonnesbæk” *, un autre duo avec ce dernier. Outre quelques compositions originales, ce nouvel opus renferme des morceaux d’Irving Berlin, Cole Porter et Paul Desmond (son incontournable Take Five permettant d’admirer le scat d’une voix très pure et très juste), mais aussi The Long and Winding Road (de Lennon/McCartney) et The Dry Cleaner from Des Moines que Charles Mingus et Joni Mitchell composèrent. Contrebasse et voix dialoguent, improvisent et créent une musique d’une grande fraîcheur. Sur trois plages, un quatuor à cordes en fait ressortir la beauté.   

*L’édition japonaise du disque contient deux bonus, des versions superbes de The Shadow of Your Smile et d’Autumn Leaves qui la rendent indispensable.   

Découverte auprès du pianiste Alain Jean-Marie qui la prend sous son aile, Estelle Perrault, née en 1989 à Enghien-les-Bains d’une mère taïwanaise et d’un père français, rêve d’Ella Fitzgerald et de Billie Holiday et admire Bud Powell et Bobby Timmons, nous apprend le dossier de presse qui accompagne “Dare That Dream”, son second disque pour Art District Music. Un album dont les morceaux, « exploration nostalgique du sentiment amoureux et de la tendresse familiale », chantés dans un anglais parfait, font entendre un timbre de voix singulier dont la douce mélancolie interpelle. Estelle Perrault écrit les textes de ses chansons et en compose aussi les musiques. Deux d’entre-elles, celles de Child Time et de Ran Away, sont toutefois signées par Carl Henri Morisset, son pianiste. Avec elle également Hermon Mehari dont la trompette illumine cinq des huit plages de l’album. Elie Martin Charrière, son batteur, en est aussi le directeur artistique, Clément Daldosso à la contrebasse complétant une formation qui reprend deux standards, Yesterdays et le You Must Believe in Spring de Michel Legrand qu’immortalisa Bill Evans.  

Orchestre de quatorze musiciens, le Umlaut Big Band remonte le temps, aux premières décennies du jazz. Après un album consacré à Don Redman (1900-1964), la formation consacre avec “Mary’s Ideas” (Umlaut Records) un double CD à Mary Lou Williams (1910-1981) dont les archives personnelles sont conservées à l’Institute of Jazz Studies de Newark. Le visitant en 2019, Pierre-Antoine Badaroux qui assure la direction de l’orchestre et Benjamin Dousteyssier (baryton, alto et saxophone basse) en ont ramené de nombreuses partitions numérisées dont celles de compositions écrites entre 1930 et 1981 jamais enregistrées auparavant. Pianiste et arrangeuse des Twelve Clouds of Joy que dirigea le saxophoniste Andy Kirk, Mary Lou Williams écrivit pour de nombreuses formations, celles de Benny Goodman et de Duke Ellington notamment. Fréquentant les boppers dès les années 40, elle leur livra des partitions, arrangea pour Dizzy Gillespie In the Land of Oo-Bla-Dee et composa sa Zodiac Suite qui, orchestrée pour un orchestre de chambre et une section rythmique, fut jouée au Town Hall de New York en décembre 1945. Irriguée par le blues, son œuvre d’une étonnante modernité, parfois inspirée par Cecil TaylorZoning Fungus II qui explore les potentialités sonores du piano – nous est ici présentée de manière thématique, un passionnant livret accompagnant deux disques enthousiasmants enregistrés en janvier 2021 à la Philharmonie de Paris.

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commentaires

U
Merci pour cette superbe chronique de "Mary's Ideas", ravis que l'album vous plaise. Le Umlaut Big Band passe en concert avec la musique de Mary Lou Williams et quelques autres ce week-end : samedi 22 janvier au Théâtre de Chartres et dimanche 22 au Théâtre de l'Aquarium à Paris, si vous être friand de "présentiel" !<br /> https://www.theatredelaquarium.net/festival-bruit/bruit-15-decembre-2021-au-5-fevrier-2022/copasetic-jive <br /> Au plaisir, <br /> L'équipe du Umlaut Big Band
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