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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 09:04
Une sélection des meilleurs moments de “Cinéma Cinémas“ vient de paraître dans un coffret de 4 DVD (Ina / Tapioca films). On le doit à l’opiniâtreté de Jean-Pierre Jeunet co-producteur de cette édition. Douze émissions d’environ une heure remontées par Claude Ventura, l’un des trois mousquetaires d’une aventure cinéphilique commencée en janvier 1982 et abritée pendant dix ans par Antenne 2. Anne Andreu, Michel Boujut et Claude Ventura rythmaient et fabriquaient un vrai magazine.Les soirs de diffusion étaient des soirs de fête. Dès l’apparition du générique réalisé par Guy Peellaert, peintures que berce la musique onirique composée par Franz Waxman pour “Une place au soleil“, nous savions que le rêve allait nous happer, que derrière les portes entrouvertes par Eddie Constantine lorsqu’il arpente ce long couloir d’“Alphaville“ (images prêtées par Jean-Luc Godard pour passer d’un sujet à un autre) se cachaient des reportages inoubliables.
Souvent introduit en voix off (Boujut ou Jean-Claude Dauphin pour les séquences américaines), chaque sujet dure entre quelques secondes et une vingtaine de minutes. Mis en scène et bénéficiant de musiques appropriées, photos, coupures de journaux (Un bel été, Adieu Rita), livres pesés (Le poids des mots), machine à écrire tapant un texte de Jean Eustache (Fragments d’un scénario abandonné) s’intègrent aux décors. Les images ont parfois l’air de sortir de tableaux d’Edward Hopper, comme celles filmées dans la gare d’Union Station lors d’une interview d’Aldo Ray. A l’Ouest de l’Amérique, l’irremplaçable Philippe Garnier fait parler les acteurs et les actrices. Richard Widmark, Jane Russell, Sterling Hayden, Rock Hudson, Angie Dickinson, Robert Mitchum répondent à ses questions. Frank Capra, Samuel Fuller, Richard Brooks, des géants de la mise en scène, font de même. A Paris, Anne Andreu interroge Faye Dunaway, Maria Schneider, Lino Ventura, Bernard Blier.

Cinéma Cinémas“ nous montre aussi les premiers essais de Jean Seberg, Sandrine Bonnaire, Béatrice Dalle, Catherine Jacob. Les reportages sur William Faulkner, John Fante, Scott Fitzgerald, fascinent par leur approche littéraire. Ventura et Garnier nous conduisent à Jacumba, petite ville proche du Mexique, perdue au milieu du désert. William Wellman y tourna les extérieurs de “Beggars of Life“ en 1928 avec Louise Brooks. Une caméra indiscrète nous fait découvrir Maurice Pialat, Jacques Doillon, John Cassavetes, Federico Fellini en plein tournage de “Police“, “La Pirate“, “Love Stream“, le “Satyricon“. Garnier enquête sur les trois années que David Goodis passa à Hollywood et retrouve Sue Lyon, la Lolita de Stanley Kubrick.


E
ntièrement consacré à Alfred Hitchcock, le douzième et dernier épisode réunit des interviews de James Stewart, Claude Chabrol, Tippi Hedren, Anthony Perkins et constitue un ensemble exceptionnel de documents filmés. Le maître du suspense commente la séquence fameuse de l’avion dans “La mort aux trousses“. Janet Leigh raconte comment a été tournée la scène de douche de “Psychose“. Le décorateur Robert Boyle explique le story board des “Oiseaux“. Vous saurez tout ou presque sur cette émission mythique grâce à un très long texte de Philippe Garnier riche en anecdotes sur les conditions de tournage, un magnifique et copieux livret d’une soixantaine de pages accompagnant cette édition exemplaire.

Crédits photographiques: Claude Ventura©Cinéma Cinémas 1982 - Sterling Hayden©Cinéma Cinémas 1982 - Angie Dickinson©Cinéma Cinémas 1985 - La chaise de Richard Widmark©Cinéma Cinémas 1983. Merci à Laure de Lestrange de l'Ina.
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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 09:53

Michel Petrucciani, 23 ans, visage poupin sur ces images, me manque. Je me souviens de notre première rencontre dans les bureaux de Jean-Jacques Pussiau en 1982, de sa franchise à répondre à mes questions, de son enthousiasme lorsqu’en 1989, au Festival de Jazz de Montréal, il me parle de “Music“ un album différent qu’il vient d’enregistrer. Entre ce disque et les merveilleux albums qu’il grave pour Owl Records au début de sa trop courte carrière, se situe ce concert donné au Village Vanguard de New York en septembre 1986. Avec Palle Danielson à la contrebasse et Eliot Zigmund à la batterie, Michel dispose d’un nouveau trio, l’un des plus consistants de ceux avec lesquels il travaillera. Il vient de sortir “Pianism“, l’un des meilleurs enregistrements de sa discographie, son premier pour Blue Note, et plus que jamais se consacre à la musique. Sur ces images, il faut l’entendre marteler puissamment les touches de son clavier, l’attaque puissante de la note s’accompagnant d’un délicat toucher de piano. Dans Regina, Michel cite une célèbre chanson brésilienne, esquisse des notes que l’on entendra trois ans plus tard dans “Music“. Tout aussi lyrique, The Prayer, un autre extrait de “Pianism“, traduit l’influence de Bill Evans. Beautiful but Why également. Michel privilégie la ligne mélodique, la nourrit d’harmonies chantantes, de notes dont il choisit avec goût les couleurs. Jim Hall apporte celles de sa guitare élégante dans Waltz New, une de ses compositions. Ses petites notes se glissent entre celles du piano sans jamais le gêner. Filmé par trois caméras, cette quête d’un beau piano, au sein de laquelle les ballades restent nombreuses, porte aussi les couleurs du swing. Plein d’énergie, Michel donne du rythme, de la dynamique à ses phrases. A cet égard, Our Tune reste exemplaire. Contrebasse et batterie installent un solide tempo afro-cubain après une introduction en solo presque abstraite. Le thème exposé, les doigts deviennent légers et la musique s’envole comme libérée de toute pesanteur.

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 09:15

Bill Evans a déjà des admirateurs en Europe lorsqu’il s’y rend en 1964. La disparition de Scott LaFaro, son contrebassiste, l’a conduit deux ans auparavant à former un second trio. Chuck Israels remplace ce dernier à la contrebasse et Paul Motian a cédé sa place à Larry Bunker, un spécialiste du maniement des balais, un batteur lyrique très prisé des studios californiens. Avec eux, en septembre 1964, devant les caméras de "Trumpeten", une émission de la télévision suédoise, Bill Evans interprète deux morceaux dont un très beau My Foolish Heart. Israels n’est pas un second LaFaro. L’idée musicale l’intéresse davantage que la technique. Il joue le tempo avec économie, pratique une walkin’bass souple et solide et, contrairement à son prédécesseur ne cherche nullement à transgresser les règles que lui imposent son statut d’accompagnateur. Toujours filmé avec de la pellicule en noir et blanc, Bill Evans donne un concert à Paris, Salle Pleyel, un an plus tard le 3 novembre. Il ne joue pas avec ses musiciens habituels mais co-dirige un quartette avec le saxophoniste Lee Konitz. Le contrebassiste Niels-Henning Orsted Pedersen et le batteur Alan Dawson complètent une formation qui s’est produite à Berlin le 29 octobre, à Copenhague le 31 et la veille à Stockholm. Sous les doigts du pianiste au visage émacié, Detour Ahead acquiert une grande richesse harmonique. Konitz n’intervient que dans un My Melancholy Baby aux images granuleuses, l’abus du fondu enchaîné ne gâtant pas la musique. Cinq ans plus tard, Bill Evans est à nouveau au Danemark. Avec Eddie Gomez et Marty Morell. Un concert donné probablement en novembre 1969 et non et 1970 comme l’indique le livret. Le trio de Bill Evans joue ce soir-là avec le Royal Danish Symphony Orchestra et avec le Grand Orchestre de la Radio Danoise. Trois morceaux sont accordés au trio. De belles images en noir et blanc nous montrent un pianiste dont la main gauche joue davantage de notes. Bill adopte aussi des tempos plus rapides (Emily, Someday My Prince Will Come). Depuis 1966, il ne quitte plus Eddie Gomez, virtuose enthousiaste d’une contrebasse à nouveau mélodique et aux cordes chantantes. Après plusieurs essais de batteurs, il a engagé Marty Morell en automne 1968. Diplômé de la Manhattan School of Music, ce dernier écoute et anticipe les désirs du pianiste, rythme la musique aux baguettes lorsque le niveau sonore l’exige, mais aussi aux balais, lorsque les ballades demandent à respirer. Le concert qu’il donne dans un club de Stockholm le 20 février 1970 est d’excellente qualité. Malheureusement, les réalisateurs de “Night Moods“, émission de télévision aux couleurs un peu passées ont cru bon intégrer de nombreuses scènes de rues dans lesquelles, éclairés par les lumières de la ville, des passants déambulent. Gomez impressionne et Bill, très concentré, manifeste une maîtrise pianistique éblouissante. Cinq ans plus tard en 1975, ce dernier, veste rouge, porte barbe et cheveux longs. Depuis février, Eliot Zigmund remplace Morell et fait bruisser d’autres cymbales. La batterie devient plus une affaire de timbres, de couleurs, que d’accompagnement rythmique. Gomez explore davantage le registre aigu de sa contrebasse, et en fait sonner les harmoniques. Après une longue introduction en solo d’Evans, le trio joue Sareen Jurer, une composition méconnue d’Earl Zindars, l’auteur de How My heart Sings. Réalisées en studio, les images, bien meilleures que celles du concert précédent, dévoilent un pianiste moins fiévreux soignant ses lignes mélodiques jusqu’à leur donner une gamme de nuances et de couleurs qui révèlent l’étendue de son vocabulaire et la précision de son toucher.

Six autres DVD consacrés à Sonny Rollins, Cannonball Adderley, Rahsaan Roland Kirk, Lionel Hampton, Oscar Peterson et Nina Simone sont disponibles dans cette troisième série de Jazz Icons.

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