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30 juillet 2021 5 30 /07 /juillet /2021 10:39
Baptiste Bailly © Sebastián Laverde / Jazztone Studio

Baptiste Bailly © Sebastián Laverde / Jazztone Studio

Quelques disques à écouter sans modération avec lesquels vous pouvez partir en vacances, ou que vous pouvez tranquillement écouter chez vous sans que le ciel ne vous tombe sur la tête. Parmi eux, une découverte, celle de “Suds” enregistré à Valence (Espagne) par Baptiste Bailly, jeune pianiste originaire de Montbrison (Loire). Où que vous soyez, faites-vous vacciner et passez tous un bel été.

Suds”, premier album solo de Baptiste Bailly que fait paraître ces jours-ci le label Neuklang, ne peut laisser indifférent. On y découvre un jazz de chambre élégant à mi-chemin entre la musique impressionniste de Claude Debussy et celle de Manuel de Falla. Dans Soie et L’Eau et le Vent, Baptiste utilise les cordes métalliques de son piano comme une guitare. Sa main gauche peut aussi en bloquer les cordes, ce qu’il fait dans la seconde partie de Suds, une danse flamenca. Il utilise aussi avec parcimonie un Moog, Neige se voyant ainsi traversé par des effets électroniques qui lui apportent une dimension orchestrale, des sonorités échantillonnées d’orgue d’église envahissant progressivement le morceau. Si l’Espagne et sa musique y occupent une place importante, Neige, L’eau et le vent et L’Arbre aux secrets décrivent les paysages chers à son cœur du plateau des Hautes-Chaumes du Forez (Loire). La tendre et exquise mélodie d’Amari qu’il chantonne referme un disque envoûtant d’une grande puissance poétique.

Sophia Domancich apprécie toutes sortes de musiques. Inclassables, aussi surprenants qu’inattendus, ses propres disques se suivent sans jamais se ressembler. “Snakes and Ladders” (Cristal) que j’aime beaucoup réunit John Greaves et Robert Wyatt. “Lilienmund” (Sans Bruit) pour piano et électro-acoustique convoque Robert Schumann et Alban Berg. Récemment publié “Le Grand jour” (PeeWee!) est le troisième album solo de cette pianiste pas comme les autres, dont l’instrument cohabite parfois avec les sonorités électriques d’un Fender Rhodes (Le Grand jour), ce dernier étant parfois privilégié (Fantômes). Souvent onirique, parfois abstraite, la musique, ensorcelant jeu d’ombre et de lumière, ruissèle de riches couleurs harmoniques. Qu’elle les percute avec énergie ou les caresse du bout des doigts, ses notes, oh combien précieuses et sensibles, nous font toujours rêver.

Grands disques et petites chroniques (2)

Ancien élève du CNSM de Paris où il enseigne aujourd’hui, Vincent Lê Quang (saxophones ténor et soprano) fut découvert par Daniel Humair avec lequel il enregistra plusieurs disques dont le remarquable “Modern Art” en trio avec Stéphane Kerecki et plus récemment “Drum Thing” également très réussi. “Everlasting” (La Buissonne), le premier album qu’il fait paraître sous son nom le fait entendre au sein d’un quartette qui existe depuis une douzaine d’années. Le pianiste Bruno Ruder fut avec lui membre du trio Yes is a Pleasant Country. Quant au bassiste Guido Zorn, il joue avec Ruder dans “Gravitional Waves”, autre réussite du catalogue La Buissonne. Ici, nos quatre musiciens – j’allais oublier le batteur John Quitzke – assument un discours tranquille et fluide, l’improvisation prenant souvent le pas sur l’écriture, simple colonne vertébrale d’une musique inventée collectivement.

Riddles”, leur premier album, date de 2016. Par la suite, Ray Lema et Laurent de Wilde ont souvent joué ensemble, peaufinant leur répertoire, travaillant de nouveaux morceaux lors de leurs concerts. Enregistré en novembre 2020, “Wheels” (Gazebo / One Drop) rassemble précision rythmique et inspiration mélodique. Deux Steinway et quatre mains pour un dosage subtil de jazz, de classique et de musiques africaines. Épicés et souvent hypnotiques, les rythmes martelés par nos deux pianistes proviennent du Congo, du Nigeria, d’Éthiopie, des Caraïbes (Poulet bicyclette, une biguine se transformant en charleston !) et d’Amérique. Saka Salsa recouvre de sauce congolaise une musique de tradition cubaine. “Wheels” permet bien des rencontres, des mixages de cultures. I Miss You Dad, une pièce tendre et belle que Laurent a écrit en souvenir de son père récemment disparu, en est l’un des sommets.

Ses élèves et le Brussels Jazz Orchestra dont elle est la pianiste, lui laissent heureusement le temps de faire des disques. Depuis 2013 et “Le Peuple des silencieux”, un concert donné lors du Gaume Jazz Festival, Nathalie Loriers les enregistre en trio avec la saxophoniste Tineke Postma lauréate du Prix du Musicien Européen décerné par l’Académie du Jazz l’an passé, un prix que Nathalie obtint en 2000. Troisième opus de leur formation, “Le Temps retrouvé”, sort sur le label Igloo qui abrita les premières œuvres de Nathalie. Le bassiste en est Nic Thys, déjà présent dans “We Will Really Meet Again”, son disque précédent. Plusieurs morceaux portent le nom de vents : Zéphirs, Alizés. Le soprano accentue la mélancolie des thèmes, surtout dans les ballades. Dédié à Rik Bevernage récemment disparu, Shanti (paix en sanscrit) est également interprété en solo. Nathalie Loriers joue un magnifique piano. Les notes délicates de sa riche palette harmonique peignent des paysages qu’il fait bon écouter.

Grands disques et petites chroniques (2)

Enrico Pieranunzi est un habitué du festival de jazz de Copenhague. En 2017, l’occasion lui fut donné de jouer avec le bassiste danois Thomas Fonnesbæk. “Blue Waltz” (Stunt) contient les meilleurs moments de leur rencontre, deux concerts donnés les 14 et 15 juillet au Bistro Gustav. Enregistré en studio “The Real You” (Stunt), leur nouveau disque, un hommage à Bill Evans – Only Child et Interplay y sont interprétés –, témoigne une nouvelle fois de leur complicité. Enrico joue un piano vif, nerveux et lyrique. Ses lignes mélodiques croisent celles de la contrebasse chantante de Thomas, ce dernier parvenant à s’immiscer dans le discours du pianiste, à dialoguer constamment avec lui. Digne héritier du grand Niels-Henning Ørsted Pedersen, Thomas Fonnesbæk qui sort le 24 septembre un nouvel album en duo avec la chanteuse Sinne Eeg – “Staying in Touch” (Stunt)  –, est LE bassiste européen à suivre de près.

 

Crédits photos : Baptiste Bailly © Sebastián Laverde / Jazztone Studio – Vincent Lê Quang Quartet © Gérard de Haro – Enrico Pieranunzi & Thomas Fonnesbæk © Annett Ahrends.

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