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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 09:00
Stanley COWELL : “Juneteenth” (Vision Fugitive / H. Mundi)
Stanley COWELL : “Juneteenth” (Vision Fugitive / H. Mundi)

Ce disque a une histoire : en 2006, Philippe Ghielmetti contacta Stanley Cowell pour lui faire enregistrer un album relatant la lutte des afro-américains pour l’obtention de leurs droits civiques, une musique porteuse de la mémoire du crime de l’esclavage et qui raconte le jazz. Le pianiste refusa pour finalement accepter. Une séance d’enregistrement fut programmée mais Philippe ne parvint pas à la financer. Cowell remania alors son travail, le transformant en une longue pièce pour orchestre symphonique, chœur et électronique. Intitulée Juneteenth Suite (contraction de June Nineteenth) en souvenir du 19 juin 1865, jour de l’abolition de l’esclavage dans l’état du Texas et désormais fête traditionnelle de la liberté des Noirs américains, l’œuvre fut jouée dans plusieurs universités outre-Atlantique.

Stanley COWELL : “Juneteenth” (Vision Fugitive / H. Mundi)

Grâce à l’opiniâtreté de Philippe et de Vision Fugitive, elle voit aujourd’hui le jour dans une réduction pour piano. Un écho lointain du célèbre We Shall Overcome la précède. Sombre comme l’a souvent été l’histoire de l'Amérique et comme elle l’est malheureusement encore (ces jeunes Noirs tués récemment par des policiers racistes), mais aussi porteuse d’espoir et de lumière, la musique que joue Stanley Cowell est mémoire. La guerre de Sécession la traverse. D’innombrables lynchages aussi. L’époque où, dans le Sud, cette pratique était un passe-temps collectif n’est pas si lointaine. Pour illustrer ces évènements peu glorieux, le pianiste adopte un jeu sobre, fait entendre un piano trempé dans des musiques authentiquement américaines. Le blues, le gospel y sont omniprésents. Le jazz y montre ses origines, déploie ses couleurs et sa modernité. Juneteenth Recollections, une relecture spontanée de la Juneteenth Suite, ferme l’album. Emmanuel Guibert en a réalisé la couverture. Un magnifique livret de photographies (36 pages) l’accompagne. Le considérant comme une œuvre essentielle du patrimoine musical américain, le New York Times en a salué la parution. Il est bien sûr indispensable.

Photo Stanley Cowell © Maxime Pécheteau

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