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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 10:39

Congas2 novembre : me rendant tôt ce matin au Père Lachaise sur la tombe de mon grand-oncle Raoul, je tombe sur Jean-Paul avec sa tête des mauvais jours. Il me soupçonne d’être venu fleurir la tombe de Jim Morrison, de trahir le jazz pour des rockers drogués. Quelques jours plus tôt à Clermont-Ferrand, il m’a cassé les pieds, me reprochant d’avoir manqué les concerts parisiens de Mulgrew Miller, sa nouvelle idole. Tout en vilipendant mes goûts jazzistiques, Jean-Paul m’a présenté à l’étrange personnage tout de noir vêtu qui l’accompagnait. Surnommé l’embaumeur, X (il préfère que l’on taise son nom) prépare les défunts pour leur dernier voyage. Amateur de jazz et thanatopracteur, il embaume les morts à la demande de la famille, assure leur toilette, leur donne un aspect présentable et supervise leur mise en bière. Grand, des sourcils broussailleux saillant d'un visage mince et anguleux, d’une maigreur anorexique (Jean-Paul m’a confié qu’il portait de nombreux tatouages, mais je n’ai pas été vérifié), X est la nouvelle coqueluche de Jean-Paul. Il lui a d’ailleurs promis de s’occuper personnellement de lui et de son immense collection de disques après sa mort. Comme Toutankhamon, Jean-Paul se voit déjà enterré avec ses trésors. Je soupçonne X d’être un pilleur de tombes et décline poliment la même offre. X n’en a cure. Il ne chôme pas et se dit fier d’avoir préparé les dépouilles mortelles de musiciens illustres. Sans être aussi riche que Jean-Paul, sa fortune personnelle lui permet de traverser aisément l’Atlantique. Il contacte les vieux jazzmen et leur fait part de son désir d’avoir leur corps entre ses mains, se présente comme faisant partie de la famille. X connaît bien sûr tous leurs disques ce qui met en confiance. S’occuper des musiciens français le tente beaucoup moins. Il se voit mal les toiletter, les mettre en bière avec leurs instruments. Seules des stars, de grandes vedettes internationales peuvent satisfaire son ego d'embaumeur. Je préfère fréquenter les vivants, vous entretenir des formidables musiciens qui vivent et qui m’enchantent. Les morts, j’écoute leurs disques, mais préfère l’histoire qui est en train de se faire à celle qui est déjà faite. Contrairement aux autres capitales européennes, Paris en novembre fait le plein de concerts. C’est l’occasion de sortir, de bouger, de faire des rencontres, de découvrir de nouveaux talents. Ces trois fûts ne sont pas des pots de chrysanthème mais des congas qui n’attendent que vous pour battre la démesure. Comme chaque année depuis 2002, le festival Jazzycolors ouvre les portes des centres culturels étrangers pour faire connaître des musiciens. Haut lieu des musiques expérimentales, le Triton fête ses dix ans le 20 novembre. Et cette rue des Lombards qui ne dort jamais la nuit. Qu’attendez-vous pour y passer ?

Mike Manieri

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

-Mike Mainieri (vibraphone), Warren Bernhardt (claviers), Tony Levin (basse) et Steve Gadd (batterie) jouèrent ensemble au début des années 1970. Rejoints par le guitariste David Spinoza, ils donnèrent quelques concerts, mais n’enregistrèrent jamais d’album. Pas loin de quarante ans plus tard, les cinq musiciens redonnent vie à leur projet commun, gravent un premier disque en 2008 (“L’image 2.0.”) et entament une tournée internationale. Elle passe le 3 par le New Morning. On peut se laisser tenter.

Dianne Reeves

 

-Toujours le 3, Dianne Reeves se produit au Théâtre du Châtelet avec deux guitaristes. Russell Malone a souvent joué avec Diana Krall et Romero Lubambo a beaucoup travaillé à rapprocher bossa nova et jazz moderne. Rappelons que le disque le plus célèbre de la chanteuse fut naguère enregistré à Paris, au New Morning.

 

 

-Un grand monsieur du piano, Donald Brown, au Sunside le 3 et le 4. On peut Donald Brown © Ph. Etheldrèdecompter sur la section rythmique qui l’accompagne, Essiet Essiet à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie, pour faire des étincelles, mais Donald invite aussi le trompettiste Stéphane Belmondo (le 3) et le jeune saxophoniste Baptiste Herbin (le 4). Ce dernier vient de faire un tabac au festival Jazz en Tête de Clermont-Ferrand. On suivra de près ce musicien prometteur.

 

-Les nuits des musiciens à l’Espace Cardin (20h30). Le jeudi 4, celle d’Aldo Romano interpelle l’amateur de jazz. Le batteur joue dans diverses formations et A.-Romano-cJBMillot.jpgde nombreux jazzmen ont répondu à son appel. On pourra entendre son trio constitué en 1995 avec Louis Sclavis et Henri Texier, l’ensemble Hymne au Soleil que dirige Lionel Belmondo, mais aussi nombre d’invités prestigieux qui l’accompagnent dans des groupes à géométrie variable. Citons seulement Géraldine Laurent, Maurane, Fabrizio Bosso, Nguyên Lê, Stéphane Belmondo et Baptiste Trotignon. J’en profite pour vous signaler que la nuit du 5 consacrée à Manu Dibango accueillera Ibrahim Maalouf et la chanteuse Elisabeth Caumont.

Affiche-Tet-Kole.jpg

-Un concert au profit de l’association Tèt Kolé (solidarité en créole) le 5 à 20 heures à l’auditorium St. Michel de Picpus, 53 rue de la gare de Reuilly, 75012 Paris. Située en Haïti dans la banlieue de Port au Prince, l’école Basile Moreau s’est effondrée lors du dernier tremblement de terre. Pour lui venir en aide, André Villéger, Alain Jean-Marie, Roger Raspail, Michel Perez, Sylvain Romano et Simon Bernier se mobilisent. Merci de Jane monheit2010venir nombreux.

 

-Jane Monheit au Duc des Lombards le 6 avec son trio habituel, Michael Kanan au piano, Neal Miner à la contrebasse et Rick Montalbano à la batterie. “Home” son dernier disque, paru fin septembre, rassemble des grands standards du jazz composés par Rodgers & Hart, Arthur Schwartz & Howard Dietz, Irving Berlin, Jerome Kern et quelques autres. Jane chante formidablement bien. Une très bonne raison pour venir l’écouter.

Affiche M. Rocheman

 

-Beaucoup de concerts le 8. Pour fêter la sortie de son nouveau disque “The Touch of your Lips, Tribute to Bill Evans” le pianiste Manuel Rocheman donne un concert en trio salle Gaveau avec Mathias Allamane et Matthieu Chazarenc. - Au Sunside, le saxophoniste Antonio Hart récupère la section rythmique de Donald Brown (Essiet Essiet et Marcus Gilmore) et s’adjoint Laurent de Wilde au John Scofieldpiano. - Toujours le même soir, le guitariste John Scofield occupe le New Morning avec Steve Swallow à la basse et Bill Stewart à la batterie. - Enfin le 8, mais aussi le 9, ce qui oblige quand même à choisir, le trompettiste Tom Harrell investit le Duc des Lombards à la tête d’un quintette comprenant Wayne Escoffery au saxophone ténor, Danny Grissett au piano, Ugonna Okegwo à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie. Qui peut encore prétendre que Paris n’est pas la capitale européenne du jazz ?

Eddy Louiss

 

-Le 9, Eddy Louiss fête ses cinquante ans de musique à l’Olympia. Pour marquer ce jubilé, la fameuse Multicolor Feeling Fanfare d’Eddy (une soixantaine de musiciens) qui donna son premier concert en 1987 au Théâtre de la Ville se reconstitue. Paco Séry et André Ceccarelli seront également présents. Des invités surprise dont je tairai les noms rejoindront Eddy sur la A. Tangorra©Violette Fenwickscène d’un Théâtre que tous les parisiens affectionnent.

 

-Annick Tangora le 10 au Baiser Salé (22h). Cette chanteuse méditerranéenne et solaire possède une voix puissante et chaude à large tessiture. La musique qu’elle interprète - du jazz métissé latin et afro-caribéen - , est associée à la danse, au mouvement. Pour le rythmer Mario Canonge (piano), Eric Vincenot (contrebasse) et François Laizeau (batterie). Un bain de notes très chaudes pour oublier la grisaille automnale.

 

-Lee Konitz et Dan Tepfer au Sunset le 13. On ne présente plus le premier, une des dernières grandes icônes du jazz en activité. A 83 ans, le souffle est certes moins puissant, fragile même, mais plus que jamais Dan---Lee-coverintensément chargé d’émotions. Né à Paris de parents américains et semi finaliste du Concours International de Piano Jazz Martial Solal en 2002, Tepfer se promène fréquemment entre New York et Paris. Il a rencontré Konitz grâce à Martial Solal. “Duos with Lee“ a été publié l’an dernier sur Sunnyside. Dan et Lee y improvisent un univers poétique plein de chaleur et de tendresse. - Le 13, mais aussi le 14, le bugliste Alex Tassel se produit au Duc des Lombards. En quintette avec Sylvain Bœuf au saxophone ténor, Laurent de Wilde au piano, Brunot Rousselet ou Diego Imbert à la contrebasse selon les soirs et Julien Charlet à la batterie. Rien que du beau monde pour jouer un jazz acoustique et modal proche de la musique que Miles Davis inventait avec son propre quintette dans les années soixante.

Junko Onishi

 

-Ne manquez surtout pas la japonaise Junko Onishi au Sunside. Elle s’y produit deux soirs, le 15 et le 16, ce qui permet plus facilement de bloquer une soirée. “Baroque” son nouveau disque - Choc Jazz Magazine / Jazzman en novembre - , est un hommage appuyé au grand Charles Mingus. Pianiste virtuose, Junko reste attaché à un jazz qui n’a pas oublié ses racines. Eubie Blake, Sir Charles Thompson, Thelonious Monk, Jaki Byard (qui fut son mentor) se font entendre dans un piano qui ne manque jamais de les jouer. Roland Guerin à la contrebasse et Gene Jackson à la batterie l’accompagnent. On retrouve ce dernier dans “Musical Moments” pénultième album de la pianiste également publié cette année.

Affiche Kneebody

 

-Kneebody au Duc des Lombards les 18 et 19 novembre. Shane Endsley (trompette), Ben Wendel (saxophone ténor), Adam Benjamin (claviers), Kaveh Rastegar (basse électrique, contrebasse) et Nate Wood (batterie) décloisonnent les genres. Proposant une musique qui relève autant du rock que du jazz, le groupe nous offre des mélodies baroques, des improvisations énergiques et savantes, invente un nouveau langage harmonique et rythmique, le jazz rock post-moderne du nouveau A.-Herve-flyer.jpgmillénaire.

 

-Le 19 à l’auditorium St. Germain, Antoine Hervé consacre sa leçon de jazz mensuelle à John Coltrane et invite Rick Margitza à souffler dans son saxophone. 

G. Laurent ©Sylvain Gripoix

 

-Grande musicienne, Géraldine Laurent vient de réconcilier le monde du jazz avec “Around Gigi” un superbe album hommage au saxophoniste et compositeur Gigi Gryce, Choc de Jazz Magazine / Jazzman en octobre. Pour en fêter la sortie, elle en convie les musiciens au Sunside les 19 et 20. Nul doute que galvanisés par l’alto de Géraldine, Pierre de Bethmann au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie seront au meilleur de leur forme pour nous offrir des sets de rêve.

flyer 10 ans Triton

 

-Le samedi 20, de 16h00 à 2h00 du matin, le Triton fête ses dix ans d’existence en invitant nombre de ses compagnons de route. Impossible de les citer tous, mais Sophia Domancich, John Greaves, le Hadouk Trio, Louis Sclavis, Michel P, Serge Adam, Elise Caron, Bruno Chevillon, Sylvain Luc, Henri Texier,Emmanuel Bex, Michel Benita, Christian Vander, Médéric Collignon Jus de Bocse, seront sur scène au cours de la soirée. Dernière chose, l’entrée est libre.  

 

Lew Soloff-Le 22, le Duc des Lombards accueille le quartette de Lew Soloff. Le trompettiste s’était produit au Sunside en mars 2009 avec un groupe très semblable. Jean-Michel Pilc tenait le piano et François Moutin la contrebasse. On les retrouve avec un autre batteur, Ross Pederson remplaçant Billy Hart. Soloff souffle de longues phrases aux notes détachées et séduit par l’intelligence de ses chorus, la beauté de son jeu mélodique. Pianiste caméléon, Pilc peut tout aussi bien adopter un jeu minimaliste que se livrer à des chorus tumultueux riches de clusters et de dissonances. Un concert ouvert qui risque de se révéler passionnant.

 

Brad Mehldau-Brad Mehldau retrouve le Théâtre du Châtelet le 22 avec l’Ensemble Orchestral de Paris augmenté de Joshua Redman aux saxophones, Larry Grenadier à la contrebasse, Jeff Ballard et Matt Chamberlain à la batterie et aux percussions. Pour jouer live la musique de “Highway Rider”, son dernier disque, un double album controversé aux orchestrations redondantes mais d’une grande inspiration mélodique. On y goûte ses moments forts, ses thèmes lyriques aux rythmes binaires qui font penser à des morceaux des Beatles, de vraies chansons dont on sifflote les mélodies et qui vous trottent dans la tête. Et puis Brad, joue un magnifique piano. Puisse la masse orchestrale ne pas trop l’étouffer.

Edouard Bineau

 

-Le “Wared Quartet” d’Edouard Bineau constitue l’un des disques évènements de la rentrée. L’arrivée de Daniel Erdmann aux saxophones (ténor et soprano) donne une autre énergie à la musique que le pianiste joue en trio avec Gildas Boclé à la contrebasse et Arnaud Lechantre à la batterie. On y retrouve le pianiste lyrique et inspiré dans des compositions marquées par le blues. La musique, volumineuse, musclée et plus binaire que d’habitude, s’enrichit parfois du saxophone alto de Sébastien Texier. Edouard invite ce dernier à rejoindre son groupe au Sunside le 24, pour une sacrée soirée.

 

Irving Acao-Toujours le 24, Irving Acao donne un concert au Baiser Salé. En quartet avec Leonardo Montana au piano, Felipe Cabrera à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie. Irving a joué dans de nombreux festivals de l’hexagone, Marciac, Vienne, Nice, mais c’est dans ce même club parisien que j’ai récemment découvert ce saxophoniste cubain. Un ténor musclé tout feu tout flamme. Chucho Valdés ne s’est pas trompé lorsqu’il l’engagea à 19 ans dans Irakere. Il vient d’achever une tournée européenne avec David Murray et tient assurément la forme.

Elise Caron b

 

-Le 27 à 17h30, au studio Charles Trenet de la maison de Radio France, dans le cadre des concerts « Jazz sur le Vif », Elise Caron, l’ensemble Archimusic que dirige Jean-Rémy Guédon et le MegaOctet d’Andy Emler interpréteront en première mondiale “Présences d’esprits”, une commande de Radio France.

 

Affiche Jazzycolors 2010-Rassembler les centres culturels étrangers à Paris autour du jazz et faire découvrir des artistes peu connus en dehors de leur pays d’origine, c’est ce que fait chaque année depuis sa création en 2002 le festival Jazzycolors, placé sous la présidence d’honneur de Daniel Humair et le parrainage de Bojan Z. Du 11 au 27 novembre, seize pays se regroupent pour l’organiser. Les concerts se dérouleront dans huit lieux différents parmi lesquels l’Ambassade de Roumanie, l’Institut Hongrois, le Centre Culturel de Serbie, des endroits magnifiques à découvrir. Confié à Bojan, le concert d’inauguration aura lieu le 11 à l’institut Hongois. Notez que ce dernier accueillera le 13 le guitariste autrichien Wolfgang Muthspiel qui ne nous est pas inconnu. 

 

-New Morning : www.newmorning.com

-Théâtre du Châtelet :www.chatelet-theatre.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Les nuits des musiciens : www.lesnuitsdesmusiciens.com

-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

-Salle Gaveau : www.sallegaveau.com

-Olympia : www.olympiahall.com

-Baiser Salé : www.lebaisersale.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Le Triton : www.letriton.com

-Maison de Radio France : www.radiofrance.fr

-Festival Jazzycolors : www.jazzycolors.net

 

PHOTOS : congas drums, Mike Mainieri, John Scofield, Lew Soloff, Edouard Bineau, Irving Acao, Elise Caron © Pierre de Chocqueuse - Dianne Reeves, Brad Mehldau © Th. Du Châtelet - Donald Brown © Philippe Etheldrède - Aldo Romano © Jean-Baptiste Millot / Dreyfus Jazz - Jane Monheit © Universal Music - Annick Tangora © Violette Fenwick - Lee Konitz & Dan Tepfer © Jean-Jacques Pussiau - Junko Onishi © Mika Ninagawa / Universal Music - Géraldine Laurent © Sylvain Gripoix / Dreyfus Jazz - Eddy Louiss © Photo X/DR

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 10:38

Mulgrew Miller©Ph EtheldrèdeOctobre : Très active depuis quelques années, l’association Paris Jazz Club se fait son festival. Du 15 au 24 octobre, vous pourrez passer d’un club à l‘autre grâce à un pass en vente sur www.fnac.com (75€ pour 5 concerts ou 135€ pour 9 concerts). 23 clubs y participent et 150 concerts vous sont proposés. Renseignements et informations au 01 83 06 61 01. www.parisjazzclub.net

Passant me voir au moment où je rédigeais ces lignes, Jean-Paul m’a fait remarqué en râlant que la plupart des musiciens qui vont se produire dans ces clubs ne présentent pas le moindre intérêt. Je ne partage pas son point de vue. Au regard des concerts parisiens d’octobre, Paris m’apparaît justement comme la capitale européenne du jazz. Jean-Paul est beaucoup trop élitiste. Seul Mulgrew Miller Affiche Paris Jazz Club Festéchappe à ses critiques largement infondées. Il s’est tellement entiché du pianiste qu’il compte l’écouter au Châtelet et au Sunside, mais aussi à Clermont-Ferrand, ville dans laquelle se déroule depuis vingt-trois ans un festival de jazz (1), « un vrai avec de vrais jazzmen, le meilleur de l’hexagone » selon ses dires. Il me propose de le rejoindre à Clermont pour découvrir le nouveau batteur de Jacky Terrasson, l’un des pianistes qu’il affectionne. Une proposition tentante, car bien que totalement fermé au jazz d’aujourd’hui, Jean-Paul n’a pas mauvais goût. Il est même l’un des rares amateurs de jazz que je connaisse à oser avouer ne rien comprendre à la musique qu’improvise Wayne Shorter depuis quelques années. « Il n’a rien fait de bien depuis qu’il a quitté Miles Davis, mais une critique sourde l’a placé sur un tel piédestal qu’il n’est plus possible de l’en déloger. » Plutôt que de roupiller à ses concerts (le saxophoniste en donne un à Paris en octobre), il préfère se consacrer à son immense collection de disques et ne manque jamais les émissions de Philippe Machin Chose Etheldrède sur Jazz à Fip, désespérant de ne pas l’entendre plus souvent. Comme Jean-Paul, ce dernier aime Miller et Terrasson. On dit qu’il râle et critique tout. Jean-Paul aurait-il trouvé son double ?

(1) Festival Jazz en Tête du 19 au 23 octobre. Programme complet sur www.jazzentete.com

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Tineke Postma

-Tineke Postma au Duc des Lombards les 6 et 7 octobre. Révélation internationale de l’année en 2006 au Midem, victorieuse des Jazz à Juan Revelations  trois ans plus tard, cette jeune saxophoniste hollandaise, naguère élève de Dave Liebman, Chris Potter et Dick Oatts mérite de faire davantage parler d’elle. Accompagnée de son quartette, elle présentera le répertoire de “The Traveller“, un album qui a obtenu des critiques élogieuses. A l’alto (elle joue aussi du soprano), elle possède une sonorité aérienne qui peut mener au septième ciel.   

Yaron Herman

-La Salle Gaveau accueille Yaron Herman le 7. Avec Chris Tordini à la contrebasse et Tommy Crane à la batterie, sa musique sonne plus rock. “Follow the White Rabbit“  son nouvel album me déçoit un peu, mais c’est sur scène qu’il faut écouter le pianiste qui prend alors le temps de développer ses idées, se dépense sans compter dans des improvisations fleuves et peut transformer un concert en véritable fête. - Toujours le 7, Thomas Enhco au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Nicolas Charlier à la batterie se produisent à l’Hôtel Bel-Ami (de 19H3à à 22h30). On se déplacera pour ce jeune pianiste prometteur qui impressionne par sa musicalité et séduit par le choix de ses notes. 

 

-Le 11, le trompettiste Christian Scott revient au New Morning avec Matthew Stevens (guitare), Milton Fletcher, Jr. (piano), Kristopher Keith Funn (basse) et Jamire Williams (batterie), formation qui l’accompagne dans “Yesterday You Said Tomorrow“, son dernier disque, son meilleur. Vous en trouverez la chronique dans ce blog à la date du 13 février. - Toujours le 11 octobre, Fred Herschl’immense pianiste Fred Hersch se produit en solo au Sunside « pour ne pas laisser la maladie l’emporter sur la vie ». On peut difficilement se dédoubler, mais le pianiste donne un autre concert le 12 au même endroit et invitera le clarinettiste Nico Gori à partager avec lui quelques morceaux. En attendant, écoutez “Whirl“, son dernier album en trio sur Palmetto Records (Codaex), une merveille ! (Choc Jazz Magazine / Jazzman du mois de septembre)

 

-Le 14 à l’auditorium St. Germain (19h30), le pianiste Antoine Hervé reprend ses belles histoires, ses leçons de jazz qui donnent envie d’en écouter. Pour nous parler M. Benita & M. Miyazakide Clifford Brown, oncle Antoine vient avec Eric Le Lann, trompettiste qui possède une grande technique et connaît parfaitement le vocabulaire du bop. - Ne tardez pas après le concert car le contrebassiste Michel Benita présente le même soir son nouveau disque au studio de l’Ermitage, une suite de paysages qui font joliment rêver. Organisé autour de la joueuse de koto Mieko Miyazaki, ce travail onirique réunit Matthieu Michel à la trompette (et bugle), Eivind Aarset à la guitare et Philippe Garcia à la batterie. Mieko assure également les parties vocales. Dépaysement garanti ! - Le 14 encore, au théâtre Traversière, Eddie Gomez (contrebasse) et Cesarius Alvim (piano) célèbrent en duo la sortie de “Forever“ sur Plus Loin Music. On n’a pas entendu Cesarius depuis longtemps. Ce concert vous en donne l’occasion.

 

Virginie Teychené-L’édition 2008 du festival de jazz de Juan-les-Pins a contribué à sortir de l’ombre une grande chanteuse de jazz. Virginie Teychené obtint cette année-là le grand prix du jury et le prix du public des “Jazz à Juan Révélations“. Constitué de standards et de morceaux brésiliens, “I Feel So Good“ son dernier album confirme sa maîtrise vocale. Au Sunset le 16, elle posera avec émotion et justesse sa belle voix sur les chansons d’un répertoire éclectique. Avec elle sur scène, un solide quintette au sein duquel flamboie la trompette de François Chassagnite. –Le même soir au Sunside, Eric Le Lann rend hommage à Bill Evans disparu il y a trente ans. Avec Laurent de Wilde pour faire revivre Bill et son piano, délivrer une musique lyrique et sensible, accompagner la sonorité feutrée et envoûtante de sa trompette.

Marc & Drew

 

-Marc Copland au Sunside le 18. Il y était en mai dernier avec Doug Weiss que Drew Gress remplace à la contrebasse. Jochen Rueckert assurera à nouveau la batterie. Marc aime permuter batteur et bassiste. Lui aussi pour un soir met sa technique pianistique très personnelle au service du répertoire de Bill Evans. Un concert à ne pas manquer - Stéphane Belmondo (trompette), Kirk Lightsey (piano), Sylvain Romano (contrebasse) et Billy Hart également le 18 au New Morning. Kirk LightseyL’affiche est également tentante, car les musiciens de ce quartette constituent un véritable all stars. Avec Lightsey, le jazz s‘ancre dans la tradition du bop, du swing qui y est attaché. Grand amateur de rencontres, Stéphane Belmondo ne s’économise jamais sur scène. Bien au contraire, il va jusqu’au bout de lui-même et peut mettre le feu à la musique. – Monty Alexander est attendu au Duc des Lombards les 18 et 19, en solo. Le pianiste joue un bop coloré par les rythmes des îles et ne néglige jamais le swing.

 

Mulgrew Miller-“Sunset Hors les murs“ au théâtre du Châtelet le 20 pour Mulgrew Miller qui joue un magnifique piano en voie de disparition. Ses harmonies préservent les qualités intrinsèques du jazz : le swing et le blues omniprésents dans sa musique, dans un jeu pianistique qui recueille l’héritage de toute l’histoire du piano jazz. On y entend le raffinement harmonique d’Art Tatum, l’élégance mélodique de Teddy Wilson, les attaques fiévreuses d’Oscar Peterson. Miller connaît le bop sur le bout des ongles. Bud Powell qu’il admire se penche aussi sur son piano pour lui inspirer quelques lignes sinueuses et folles à des vitesses déraisonnables. Mulgrew joue aussi le 21 au Sunside. Ce sont ses premiers concerts parisiens en solo. Les manquer serait impardonnable.

 

-Du 23 au 26, le guitariste Kurt Rosenwinkel occupe le Sunset en trio avec Eric Revis à la contrebasse et Ted Poor à la batterie. Il a beaucoup joué avec Ben Street et Jeff Ballard et fait sonner sa guitare de manière très acoustique. Loin d’exhiber sa virtuosité, Rosinwinkel préfère innover sur le plan harmonique, assurer la relève de Jim Hall, Pat Metheny, John Scofield, Bill Frisell qui, Wayne Shorternaguère, lui ont ouvert les portes du jazz.

 

-Le 26, Wayne Shorter sera sur la scène du Théâtre du Châtelet avec son quartette habituel : Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse et Brian Blade à la batterie. D’excellents musiciens pour des improvisations sans filets, une constante prise de risques. Ça passe ou ça casse selon les soirs. L’auditeur aussi prend un risque. Souhaitons lui d’y trouver son compte.

 

Bill Carrothers-Bill Carrothers au Duc des Lombards le 27 avec Nic Thys à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie. Le pianiste se produit fréquemment dans des orchestres à géométrie variables. On attend son enregistrement du Vanguard avec le même trio sur Pirouet. Bill prépare aussi un disque en solo pour la série "Jazz and the City" (un pianiste, une ville) d’Out Note Records, le label dont Jean-Jacques Pussiau est directeur artistique. Bill Carrothers surprend toujours par la qualité artistique de ses projets inattendus, son approche très originale et personnelle des standards qu’il reprend. Ne manquez surtout pas son piano inspiré.

Anne Ducros

-Superbement arrangé par Ivan Jullien, “Ella my Dear“, le dernier disque d’Anne Ducros est formidable. On ira applaudir la chanteuse à la Cigale le 28 entourée du « Coups de Vents » Wind Orchestra (quarante-cinq musiciens) et de sa section rythmique. Anne rend hommage à la grande Ella Fitzgerald et dans son répertoire fait mieux que convaincre, enchante. - Jacky Terrasson occupe le Sunside quatre soirs de suite, du 28 au 31 octobre. On ne présente plus ce géant du clavier que tout le monde réclame. Il donne de formidables concerts et dispose depuis peu d’un nouveau batteur, Terreon Gully, dont on dit merveilles. A la contrebasse, l’excellent Ben Williams. Bref, un trio explosif attendu avec impatience.

Elise C

 

-Elise Caron au Sunset le 31 avec le piano shadokien de Denis Chouillet et la basse ronronnante de Sylvain Daniel pour accompagner sa jolie voix et ses chansons douces et espiègles. Michel Contat est fan. Moi aussi. Victorieuse aux dernières Victoires du Jazz (catégorie artiste vocale), Elise se produira également le 27 novembre à la maison de Radio France (Studio Charles Trenet) avec l’ensemble Archimusic de Jean-Rémy Guédon et le MegaOctet d’Andy Emler. Au programme : “Présences d’esprits“ une création mondiale qu'il ne faudra pas manquer.          

Jazz en Tête,affiche
-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

-Salle Gaveau : www.jazzagaveau.com

-Hôtel Bel-Ami : www.hotel-bel-ami.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Théâtre Traversière : www.traversiere.net

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-La Cigale : www.lacigale.fr

 

PHOTOS : Mulgrew Miller (noir & blanc) © Philippe Etheldrède - Fred Hersch, Marc Copland & Drew Gress, Kirk Lightsey, Mulgrew Miller (couleurs), Bill Carrothers, Anne Ducros, Elise Caron © Pierre de Chocqueuse - Michel Benita & Mieko Miyazaki © Patrick Burban - Virginie Teychené © Yann Charles - Wayne Shorter © Verve / Universal Records - Tineke Postma, Yaron Herman Photos X/DR. 

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 09:19

Bitches Brew, 40th Septembre : on n'a jamais autant parlé des Sixties à la télévision que cet été. Arte a diffusé au mois d'août une série d'émissions sur les Beatles, la naissance de la pop music, la british blues explosion, les mods et les rockers, la yé-yé révolution, les plages des sixties (Saint-Tropez, Malibu, Daytona Beach, Copacabana)... La chaîne a également programmé "Pierrot le Fou" (1965) et "One + One" de Jean-Luc Godard, mais aussi les 17 épisodes de la série culte "Le Prisonnier" qui furent diffusés sur le réseau ITV à partir d'octobre 1967. Il est d'ailleurs plus judicieux de faire démarrer cette décade mythique cette année-là, la parution en novembre 1976 de "Anarchy in the U.K. des Sex Pistols (leur musique barbare et squelettique renvoyant à l'âge de pierre) en sonnant le glas. Mais les Sixties virent aussi un jazz en ébullition se transformer. De cela, Arte a très peu parlé. Entre les mains de quelques apôtres de la déconstruction qui préfèrent la fureur du bruit à la beauté du silence, il perd une partie de son public et son statut de musique populaire.
Bitches Brew, gatefoldLe free jazz (on dit aussi "New Thing" ou Nouvelle Chose), Philippe Koechlin ne l'apprécie pas trop. Rédacteur en chef de Jazz Hot depuis novembre 1962, il passe la main pour fonder Rock & Folk avec quelques amis. Son successeur Michel Le Bris accueille favorablement cette musique libertaire. Marquée par la linguistique et le structuralisme, la revue est alors illisible. Le Bris reviendra à une autre écriture, au sujet et au sens pour nous conter des histoires d'étonnants voyageurs dans des livres autrement passionnants. Boudé par la jeunesse, miné de l'intérieur par ses musiciens contestataires, le jazz trouva le moyen de refleurir en plein Flower Power. Si l'on examine le catalogue Blue Note des années 60, on est surpris d'y trouver les meilleurs enregistrements de son histoire. Don Cherry et Eric Dolphy y gravent leurs chefs-d'oeuvre. Certains des disques que sortent Andrew Hill, Jackie McLean, Tony Williams, Wayne Shorter et Herbie Hancock sont plus modernes et inventifs que la plupart des enregistrements actuels. Et que dire des magnifiques faces que John Coltrane édite sur Impulse!, "A Love Supreme" restant son plus bel opus.
Bitches Brew, bottlesEt comment oublier les disques que fait paraître Miles Davis, le jazz modal de "Sorcerer" et "Nefertiti", le jazz électrique de "In a Silent Way" et de "Bitches Brew" qui vont profondément marquer leur époque. Leurs chroniques dans Rock & Folk incitaient à les écouter et je leur dois ma découverte du jazz. Miles proposait une musique neuve et ouvrait des portes. Ses propres musiciens les franchirent pour fonder Weather Report, Return to Forever, le Mahavishnu Orchestra. Si Arte ne leur a pas consacré de sujet cet été, Jazz Magazine / Jazzman publie un passionnant dossier de seize pages sur "Bitches Brew" dans son numéro de septembre. L'album a quarante ans et Sony Music le ressort en octobre, une édition luxueuse comprenant CD(s), DVD, vinyles, livre, poster, le "must"  du collectionneur. La rentrée, c'est aussi la nouvelle édition du festival Jazz à la Villette qui a débuté le 31 août. Sa programmation me plaît davantage que les autres années. Les concerts que je recommande sont ceux qui me tentent le plus. Il y en a d'autres. Consultez le site du festival, j'en donne le lien. Les maisons de disques font aussi leur rentrée. Certaines galettes remplissent d'ores et déjà les bacs des disquaires. De nombreuses autres sont attendues en septembre. Les nouveautés qui me parlent feront prochainement l'objet d'articles dans ce qui est bien sûr le principal évènement de cette rentrée 2010, la réouverture de ce blogdechoc. Merci de suivre le blogueur de Choc.   
QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT 

Chick Corea©Lynne Goldsmith-Chick Corea et Roy Haynes ont tourné cet été en Europe au sein du Freedom Band. Les deux hommes seront rejoints par Miroslav Vitous pour un concert exceptionnel à la Grande Halle de la Villette le 2 septembre (deux autres concerts sont prévus en Italie, à Ischia et à La Spezia, mais c’est un peu plus loin). On se souvient des albums “Now He Sings, Now He Sobs“, “Trio Music“ et “Trio Music Live in Europe“  enregistrés avec la même équipe, des disques importants d’un trio éphémère que l’amateur de jazz n’a pas oublié. Sans nul doute le concert événement du mois.Chucho Valdes©Luca Podda

 

-Le 7, la Grande Halle de la Villette accueille l’Afro-Cuban Project de Chucho Valdés et Archie Shepp. En grande forme, le pianiste vient de sortir un album tout à fait recommandable.  Shepp, 73 ans, peut encore nous surprendre. On ne boudera pas cette rencontre.

ABCD of Boogie Woogie

-Du 7 au 10 inclus (à 20h et 22h), le Duc des Lombards programme The A, B, C, & D of Boogie Woogie, quartette dont le batteur n’est autre que Charlie Watts, le batteur des Rolling Stones. Avec lui, Axel Zwingenberger et Ben Waters, tous deux au piano, et Dave Green à la contrebasse. Sûr qu’il y aura du monde !  

 

-Toujours dans le cadre du Festival Jazz à la Villette, les amateurs de piano ne manqueront pas le 10 Paul Bley en solo à la Cité de la Musique. Cela fait un moment que l’on a plus entendu à Paris ce piano lyrique et singulier, expression d’un chant intérieur, d’un univers onirique dont la modernité reste d’actualité. En première partie, le pianiste Stéphan Oliva jouera des extraits de ses prochains albums consacrés aux films noirs. Sorties prévues fin novembre sur les labels Sans Bruit (en téléchargement) et Gonzalo Rubalcaba©Clay Patrick McBride Illusions.

Stephan-Oliva.JPG

-On retrouve Stéphan Oliva en duo avec François Raulin dans cette même Cité de la Musique le 11 (à 11h et à 15h), dans un programme for kids et grands enfants consacré à la BD “Little Nemo“ . Pour vous donner une idée de la musique, écoutez la pièce Little Nemo s’éveille sur “Ostinato“, album de Raulin chroniqué dans ce blog en janvier. Le soir, deux autres pianistes occuperont les lieux. Stefano Bollani en solo chauffera la salle (il en est très capable, n’en doutons pas) pour Gonzalo Rubalcaba, l’autre grand pianiste cubain de ce festival.

 

-Du 11 au 13, les amateurs de trio réunissant guitare, orgue et batterie ne manqueront pas au Sunset celui du guitariste Peter Bernstein, guitariste considéré à juste titre comme l’un des plus passionnants du moment. Ses deux complices sont tout aussi connus des aficionados. Larry Goldings a depuis longtemps montré son savoir-faire tant à l’orgue qu’au piano. Quant à Bill Stewart, la musicalité de son drumming en fait un des batteurs de jazz le plus José James & Jef Nevedemandé.

 

-La voix chaude et grave de José James a trouvé avec le piano de Jef Neve, l’écrin qui la met superbement en valeur. Les deux hommes se sont rencontrés en Belgique en 2008 et depuis donnent régulièrement des concerts. En duo, ils reprennent des standards, les rendent les plus beaux possible. Le piano sert le chant par un jeu sobre. Ses solos recèlent des notes délicates. Assurément le charme opère. Ecoutez “For All We Know“ l’album qu’ils ont enregistré, et rendez-vous les 13 et 14 au Duc des Lombards. Ces messieurs vous y attendent.

Pierrick Pedron

-On retourne au Duc les 17 et 18 pour découvrir le nouveau groupe de Pierrick Pedron, l’un des meilleurs saxophonistes alto de l’hexagone. Après l’aventure “Omry“, Pierrick revient au bop avec une formation européenne, son European Meeting comprenant le guitariste hollandais Jesse Van Ruller, le pianiste allemand Florian Ross à l’orgue (ce dernier vient de sortir sur le label Pirrouet “Mechanism“ un disque de piano solo très attachant), Thomas Bramerie à la contrebasse et le batteur canadien installé en France Karl Jannuska.

Enrico Pieranunzi

-Après avoir participé cet été au Festival Pianissimo du Sunside (en trio avec Diego Imbert et André Ceccarelli, un concert époustouflant !), le maestro Enrico Pieranunzi retrouve le club les 22 et 23 pour une série de duos avec son compatriote Rosario Giuliani, saxophoniste très talentueux, l’un des meilleurs spécialistes italiens de l’alto.

 

-A l’occasion du 30ème anniversaire de la disparition de Bill Evans, le pianiste Giovanni Mirabassi lui rend hommage en trio au Duc des Lombards les 23 et 24 (avec Gianluca Renzi à la contrebasse et Eliot Zigmund qui fut l’un des batteurs d’Evans). Cette célébration se poursuit le 25 avec un duo Mirabassi – David Linx. Les deux hommes reprendront le répertoire qu’Evans avait enregistré avec Tony Bennett pour Fantasy (10 et 13 juin 1975) et Improv (27 et 30 septembre 1976).              

Nelson-Veras.JPG

-Le contrebassiste Stéphane Kerecki abandonne provisoirement son trio pour de nouvelles aventures musicales. John Taylor est probablement le pianiste britannique le plus subtil tant sur le plan des harmonies que de la finesse de son toucher. Nelson Veras est un jeune prodige de la guitare. Son plus récent album en solo sur Bee Jazz le démontre. Stéphane les accompagne au Sunside les 24 et 25, deux concerts qui officialisera la naissance d’un nouveau trio sûrement très riche en harmonies fines, en subtilités mélodiques. Un enregistrement est prévu pour le label Zig Zag Territoires.

F. Couturier

-Couturier, Méchali, Laizeau se prénomment tous les trois François, comme pour ne faire qu’un avec la musique qu’ils célèbrent sur “Musica Callada“, album consacré aux merveilleuses musiques de Federico Mompou qui vient de paraître. Pour fêter sa sortie, ils se produisent au New Morning le 27 avec bien sûr leurs instruments respectifs : piano, contrebasse, batterie. On attend ce concert avec impatience.

 

-Le 30, le Sunside accueille le contrebassiste Christian Brazier avec le groupe qui l’accompagne dans “Circumnavigation“ son dernier disque, à mon avis son meilleur. Son quartette comprend Christophe Leloil à la trompette et au bugle, Pierre ChristophePerrine Mansuy au piano et au Fender Rhodes et Jean-Luc Di Fraya à la batterie. Ensemble, ils colorent des paysages, de vastes mers sur lesquelles navigue notre imagination. Son Grand Bleu est celui du jazz ; il fait bon y plonger. -Ecouter Pierre Christophe dans un club parisien ne constitue pas un événement dans la mesure où il se produit souvent. Avec son groupe, un quartette depuis qu’Olivier Zanot l’a rejoint au saxophone alto, le pianiste joue beaucoup et c’est tant mieux. Le concert qu’il donnera au Duc des Lombards également le 30 est toutefois un peu spécial, Pierre fêtant la sortie d’un nouvel album, “Frozen Tears“ que vous pouvez dès à présent acquérir.

 

Jazz à la Villette, bandeau

Festival Jazz à la Villette : http://www.jazzalavillette.com

Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

Sunset - Sunside :   http://www.sunset-sunside.com

New Morning : http://www.newmorning.com

 

PHOTOS :  Stéphan Oliva, Pierrick Pedron, Enrico Pieranunzi, Nelson Veras, François Couturier, Pierre Christophe / Olivier Zanot © Pierre de Chocqueuse - Chick Corea © Lynne Goldsmith - Chucho Valdés © Luca Podda   - Gonzalo Rubalcaba © Clay Patrick McBride - José James & Jef Neve © Nathan Gallagher / Universal Music. 

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 08:45

FleursJuillet - Certains artistes heureusement peu nombreux pensent que tout leur est dû. Ils râlent lorsque l’on ne parle pas de leurs disques, de leurs concerts, mais ne remercient jamais pour les chroniques qui servent leur carrière. Le journaliste doit s’abstenir de tout jugement négatif et passer constamment la brosse à reluire. Exclusif, jaloux, capricieux, l’ego ne tolère aucune critique, aucune concurrence. Il y a quelques années, Y un jazzman célèbre m’assura très sérieusement que lui seul incarnait le jazz, que ses collègues étaient tous nuls. Cela me rappelle Z sauvagement agressé en plein air par l’odeur nauséabonde de mes gitanes. Je fumais en ce temps-là et bien que placé à bonne distance de ses prodigieuses narines, un mistral impitoyable soufflait vers lui ma coupable et éphémère fumée. Z poussa des cris d’orfraie et menaça d’annuler son concert. Il fallut quelques douches glacées pour le calmer. L’ego peut rendre fou. Le mien me reproche mon manque de sérieux, n’aime pas mon côté blagueur de choc. Il faut pourtant savoir rire de la petitesse de sa propre personne, avoir l’humilité de se faire petit pour grandir. Ce pauvre Z vend beaucoup de disques, gagne beaucoup d’argent, mais n’a pas créé depuis des années la moindre mélodie. Est-il seulement capable de faire le vide dans sa tête pour les recevoir, d’écouter ces mystérieuses voix intérieures qui les lui offrent ? Trop souvent bâillonnées par l’ego, elles surgissent parfois dans des disques inattendus au sein d’une production jazzistique pour le moins pléthorique. Le patient travail d’écoute du critique se voit récompensé. Emerveillé, il découvre un jazz inspiré que l’intelligence organise et met en forme. Ces musiques comblent, nourrissent mais se font rares. Leur découverte compense largement les cacas nerveux d’une poignée de musiciens qui s’admirent et se croient des idoles. Vous les croiserez peut-être cet été sur les routes des festivals. N’oubliez surtout pas de les applaudir. Ces gros rassemblements ne me tentent guère. Je préfère consacrer du temps à la lecture et m’accorder une pause musicale. Ce blog sera mis en sommeil dès la mi-juillet et réactivé à la fin du mois d’août. Le programme du festival Jazz à la Villette en septembre me tente davantage que les autres années : Paul Bley, Chick Corea en trio avec Roy Haynes et Miroslav Vitous, Chucho Valdes & Archie Shepp, Gonzalo Rubalcaba… , comptez sur moi pour en parler.  

JUILLET : QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

FLY-Fly au Sunside les 8, 9 et 10 juillet. Mark Turnerau saxophone ténor, Larry Grenadierà la contrebasse et Jeff Ballardà la batterie défrichent et explorent de nouveaux territoires sonores, rendent parfaitement lisibles des compositions abstraites aux harmonies et aux rythmes complexes. Le discours est intimiste, la musique une conversation amicale entre trois instruments qui combinent leurs timbres et obtiennent une sonorité de groupe facilement identifiable.

Kurt Elling©John Abbott

 

-Kurt Elling au New Morning le 10. Sa prestation s’inscrit dans le cadre d’un Festival All Stars qui dure jusqu’au 4 août. Digne successeur de Mark Murphy dont il est probablement le plus proche disciple, le chanteur, est l‘un des plus importants que la scène du jazz a révélé ces dernières années. Avec lui Laurence Hobgood son complice depuis toujours. John McLean (guitare), Harish Raghavan (contrebasse) et Ulysses Owens (batterie) complètent la formation d’un poète dont les mots, allongés, modulés et rythmés sont des notes de musique.

Edward Simon

-Deux concerts intéressants le 12. Le trio du pianiste Edward Simon comprenant Joe Martin à la contrebasse et Adam Cruz à la batterie occupe le Sunside. Né au Venezuela, new-yorkais depuis 1989 et membre du SF Jazz Collective (all stars que l’on a pu écouter récemment au New Morning), Simon est l’auteur de deux albums sur Cam Jazz enregistrés avec John Patitucci et Brian Blade. “Unicity“ (2006) est particulièrement remarquable.

Ron Carter- Le trio qui se produit au New Morning le même soir est à ne pas manquer. Il réunit la guitare de Russell Malone et le piano de Mulgrew Miller autour de la contrebasse de Ron Carter. Ces trois-là savent improviser et magnifier une mélodie, la tremper dans le swing. Mulgrew Miller est un géant méconnu. Ecoutez son dernier album en solo sur Space Time Records. Du vrai jazz à mille lieues des musiques improvisées stériles et sèches dont certains sont friands.

 

Mike Stern-Mike Stern au New Morning le 19. Le guitariste joue souvent à Paris et c’est tant mieux. Il n’est jamais aussi bon que sur une scène. Au contact de son public, il ne s’économise pas, donne le meilleur de lui-même. On retrouvera avec plaisir le drumming puissant de Dave Weckl associé à la frappe d’un second batteur, Jérôme Spieldenner. Chris Minh Doky assure la basse. Mike Stern se plait à rencontrer des musiciens avec lesquels livrer bataille. Après Richard Bona présent à ses côtés en mai dernier dans ce même New Morning, il invite le trompettiste Randy Brecker à répondre à ses chorus de guitare ancrés dans le blues, le bop et le rock qui portent la fièvre au cœur de ces musiques.

 

Tony-Malaby.JPG-Tony Malaby aime jouer dangereusement. Il est de toutes les aventures, même les plus arides. Il peut adopter un jeu lyrique et mélodique ou tordre le cou à ses notes, les faire crier jusqu’à perte de souffle. Ce colosse du saxophone rebute, mais impressionne par sa puissance. Certains musiciens stimulent son appétit de notes gargantuesques, d’autres tempèrent son ardeur, lui font chanter des thèmes plus raisonnables. Le Sunside l’accueille le 20 juillet avec la formation qui l’accompagne dans l’album “Paloma Recio“  (New World Records 2009), Eivind Opsvik (contrebasse), Nasheet Waits (batterie) et Ben Monder. Ce dernier assure la guitare dans le prochain album du saxophoniste Jérôme Sabbagh. Récemment associé à Tony Malaby, (l’album “Pas de dense“ avec Bruno Chevillon à la contrebasse), Daniel Humair en est le batteur.

 

Billy Hart-Le même soir, le groupe Contact donne un concert aux arènes de Montmartre dans le cadre de la sixième édition du festival Les Arènes du Jazz. Dave Liebman(saxophones soprano et ténor), John Abercrombie (guitare), Marc Copland (piano), Drew Gress (contrebasse) et Billy Hart (batterie) sont des célébrités de leurs instruments respectifs. Mal préparé, “Five on One“ (Pirouet), leur premier disque, est largement en dessous de leurs possibilités. C’est donc sur scène que le quintette peut montrer sa vraie valeur, donner des concerts mémorables. Tout est possible avec de tels musiciens, même faire danser la lune. Laissez-vous donc tenter.

N. Winstone©A Titmuss

 

-Retour aux arènes de Montmartre le 22. Norma Winstone s’y produit avec Glauco Venier (piano) et Klaus Gesing (clarinette basse, saxophone soprano), ses musiciens depuis plusieurs années. Sobrement arrangée, la musique intimiste qu’ils proposent convient bien à la voix libre et singulière de la chanteuse. Norma improvise avec ses propres onomatopées et possède un phrasé novateur et personnel. Prix Billie Holiday de l’Académie du Jazz en 2008 pour “Distances“ (ECM), la chanteuse sort le 30 août sur le même label un nouvel album “Stories Yet to Tell“. On ne manquera pas d’en écouter sur scène de larges extraits.

 

Kenny Barron-Kenny Barron au Duc des Lombards les 23 et 24 (concerts à 20h et 22h) dans le cadre du Jazz Legends Festival 2010. Comme Hank Jones et Tommy Flanagan aujourd’hui disparus, le pianiste cultive la mémoire des grands anciens tout en absorbant des influences plus contemporaines. Attaché au swing, il n’hésite pas à tremper son piano dans la modernité, à prendre des risques lorsque les musiciens le provoquent. Véritable caméléon du piano, il s’adapte pour mettre en valeur tous ceux qu’il accompagne. En solo, il est avant tout lui-même. Son raffinement harmonique, son jeu délicat n’exclut pas un jeu physique et rythmique, le langage acrobatique du bop ne lui déplaisant point.

 

Curtis Fuller-Curtis Fuller au Duc des Lombards les 26 et 27. On l’attendait en janvier dernier, mais un problème de santé a quelque peu retardé sa venue. Agé de 76 ans, le tromboniste reste avec Jay Jay Johnson, l’un des grands trombonistes d’une histoire du jazz qu’il a parcourue avec John Coltrane (l’album “Blue Train“ enregistré en 1957) et Art Blakey (6 albums avec les Jazz Messengers) pour ne citer que deux des célèbres musiciens avec lesquels il a joué. Le batteur Joe Farnsworth (Benny Golson, Pharoah Sanders) a mis sur pied cette nouvelle tournée. Le pianiste/organiste Mike LeDonne, le contrebassiste John Webber et le saxophoniste Charles Davis (77 ans), compagnon de Kenny Dorham, mais aussi de Sun Ra, John Tchicai et Archie Shepp, complètent ce quintette de vétérans. 

Roy Hargrove1©Ian Gittler

-Roy Hargrove au New Morning les 27 et 28. Il poursuit depuis plus de vingt ans une carrière solo et nous offre régulièrement des albums réussis. Il dirige un big band dans “Emergence“, le dernier en date. Difficile de tourner avec une grosse machine. C’est donc accompagné par les musiciens de son quintette (dans lequel officie au saxophone alto et à la flûte le fidèle Justin Robinson) qu’il retrouve le club parisien. Le trompettiste possède aussi un ensemble de jazz funk, le RH Factor, mais aime aussi mettre en valeur une mélodie, improviser avec chaleur et porter le swing à ébullition dans un contexte plus jazz au sein de son quintette.

 

Jacky Terrasson-On retourne au New Morning le 29 pour écouter Jacky Terrasson à la tête d’un très grand trio, l’un des plus enthousiasmant de sa longue carrière. Contrebassiste et batteur, Ben et Jamire Williams (aucun lien de parenté) le poussent à jouer son meilleur piano, à se surpasser à chaque concert. Les deux hommes lui permettent d’explorer davantage le funk, de donner une plus grande assise rythmique à sa musique. Avec souplesse, car loin d’exhiber sa technique, Jacky l’utilise à bon escient. Le pianiste fougueux contrôle la dynamique de son instrument, produit un swing sans faille au sein d’un discours harmonique d’une grande élégance. Il sait trouver les notes qui portent l’émotion.

 

Roberta-Gambarini.JPG-Roberta Gambarinichante souvent en Italie où réside sa famille, habite New York et a conquis le monde du jazz par sa technique éblouissante. “Easy to Love“ (2006) emballe Hank Jones qui voit en elle la digne héritière d’Ella Fitzgerald et de Sarah Vaughan. Les acrobaties du bop ne lui font pas peur. Roberta reprend des chorus de Dizzy Gillespie, Sonny Stitt et Sonny Rollins, chante le Great American Songbook et les standards du jazz. Elle a travaillé avec James Moody, Jimmy Heath, Roy Hargrove, Herbie Hancock et enregistré un album en duo avec Hank Jones. Publié en 2009, “So in Love“ obtint le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz. Eric Gunnison (piano), Neil Swainson (contrebasse) et Willie Jones III (batterie) accompagnent la chanteuse au New Morning le 30 juillet.

 

Pianissimo-10.jpg-Du 30 juillet au 31 août, le piano est en fête au Sunside. En duo (Pierre de Bethmann et David El Malek), trio ou quartette, dix-huit ténors de l’instrument se relayeront sur la scène de l’honorable club, chacun avec sa propre musique, son propre style, ses couleurs spécifiques.   Il serait fastidieux de Maestro Pieranunziciter tous ces pianistes, mais si vous êtes parisien au mois d’août, ne manquez pas Pierre Christophe (en quartette le 30 juillet),  Yaron Herman (et son nouveau trio les 31 juillet et 1 août), Enrico Pieranunzi (avec Darryl Hall et André Ceccarelli les 2 et 3 août), René Urtreger en quartette (les 6 et 7), Alain Jean-Marie (et ses saxywomen du 16 au 18 et avec Peter King le 19), Laurent de Wilde avec Bruno Rousselet et Minino Garay (les 23 et 24), Franck Avitabile avec Henri Texier et Aldo Romano (les 30 et 31). Consultez le site internet du Sunside pour tout savoir sur ces concerts Pianissimo et en obtenir le programme complet. Notez également qu'Enrico Pieranunzi donne aussi un concert Scarlatti le 1 août à 15 heures au Parc Floral, dans le cadre du Paris Jazz Festival.

Affiche Arènes 2010 

Sunset - Sunside :  http://www.sunset-sunside.com

New Morning : http://www.newmorning.com

Arènes du Jazz : http://www.paris-ateliers.org/pages/jazz/arenes1.htm

Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

Paris Jazz Festival : http://www.parisjazzfestival.fr

 

 

PHOTOS  © Pierre de Chocqueuse, sauf Kurt Elling © John Abbott/Universal Music, Norma Winstone © Allan Titmuss/ECM, Curtis Fuller © Photo X/DR, Roy Hargrove © Ian Gittler/Universal Music.

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 08:51

Micros clubJuin - Déjeuner vendredi avec Jean-Paul qui n’a pas cessé de râler. Feuilletant le numéro de juin de Jazz Magazine / Jazzman que je viens de recevoir, voilà qu’il me sort que « le jazz y est totalement absent ». Jean-Paul exagère. Je lui accorde que Joëlle Léandre fait de la musique improvisée, mais je lui mets sous les yeux les pages consacrées à Hank Jones et à Barry Harris, ses idoles, et ce grand dossier sur Eddy Louiss dont je sais qu’il possède quelques disques. « C’était bien dans les années 60, au Caméléon avec Jean-Luc Ponty et Daniel Humair. Depuis, Eddy fait joujou avec des machines, des ordinateurs plein d’instruments virtuels. »  Rien à faire, Jean-Paul ne décolère pas. Les nombreuses pages que le journal consacre aux disques ne lui parlent pas, sauf lorsqu’il découvre la chronique d’un Sonny Rollins ou d’un Charles Mingus dont il possède tous les albums. Il préfère suivre les Jazz à FIP de Philippe Machin Chose Etheldrède qui programme les valeurs sûres qu’il connaît bien. Jean-Paul aime pourtant Jacky Terrasson et s’est rendu à l’Institut Océanographique de Paris écouter son concert. Herbie Hancock, Chick Corea, Keith Jarrett, Michael Brecker sont les derniers jazzmen qui trouvent grâce à ses yeux. A l’en croire, leurs successeurs seraient des clones ne possédant aucun talent. Jean-Paul déteste ainsi Madeleine Peyroux dont le timbre de voix ressemble trop à celui de Billie Holiday. Comme si l’on pouvait reprocher à une voix de ressembler à une autre, comparer des artistes qui possèdent tous une personnalité, une sensibilité unique. Jean-Paul est un cas, un personnage à part qui est loin d’avoir toujours raison. Il n’est malheureusement pas le seul à faire l’impasse sur le jazz de ces trente dernières années. Pour tenter de vendre leurs disques, labels et musiciens ont volontairement entretenu la confusion des genres. Plus personne n’y comprend rien et la lecture des programmes des festivals ne donne pas vraiment envie de s’y rendre. Entre les grandes vedettes médiatiques qui ne tiennent pas toujours leurs promesses et quantité de formations aussi saugrenues qu’incongrues dont on se demande ce qu’elles font comme musique, les vrais jazzmen ont bien du mal à s’y faire entendre. D’où la nécessité de se référer aux prescriptions de journalistes compétents qui sélectionnent les disques et les concerts intéressants, d’où l’importance d’une presse jazz et de blogs qui aident l’amateur à s’y retrouver. Comme Jean-Paul, certains ont arrêté l’horloge du temps et n’écoutent plus que le passé. L’histoire du jazz n’a pas fini de s’écrire. Il est bon de regarder en arrière, T. L. Carrington & Cédric Hanriotmais le jazz est aussi aujourd’hui et demain.

 

QUELQUES CONCERTS EN JUIN

-Le Sunside accueille deux soirs de suite (le 3 et le 4) le trio de la “batteuse“ Terry Lynn Carrington. Outre l’excellent James Genus à la contrebasse, la dame chapeaute un jeune pianiste véloce et plein d’idées. Elève de Danilo Perez, Cédric Hanriot a joué et enregistré avec Joe Lovano et John Patitucci partage son temps entre la France et les Etats-Unis. On ne manquera pas ces concerts parisiens.

Enrico Rava

-Le Sunside toujours, pour Enrico Rava qui l’occupe du 8 au 10 juin. Il y retrouve un vieil ami, Aldo Romano, pour nous transmettre la chaleur de leur Italie natale. Rava est un des trompettistes les plus lyriques de la planète jazz. Aldo écrit des thèmes solaires qu’il fait bon fredonner. Avec eux Baptiste Trotignon et son piano toujours élégant, Thomas Bramerie à la contrebasse pour mettre du liant entre les musiciens de l’orchestre. Difficile de faire l’impasse sur ce quartette de rêve.

 

-Jamie Cullum à l’Olympia le 10 et le 11. Un an ou presque sans donner de concerts et le chanteur attire à lui un immense public. Les amateurs de jazz auraient tort de bouder la tournée mondiale d’un vrai musicien qui sous des habits de pop star, célèbre magnifiquement le jazz et ses standards.

O. Hutman & D. King b

 

-Denise King et Olivier Hutman retrouvent le Duc des Lombards le 12. La chanteuse de Philadelphie et son pianiste français attitré  nous y avaient enthousiasmé en octobre dernier. Les qualités vocales de Denise King impressionnent. Elle possède une voix chaude et puissante, aborde avec un bonheur égal le jazz et la soul et chante le blues comme nulle autre. Avec elle les couleurs du merveilleux piano d’Olivier, mais aussi la contrebasse de Philippe Brassoud et les tambours de Charles Benarroch pour rythmer un swing, une diction impeccable.

 

Antoine Hervé-Antoine Hervé au théâtre du Châtelet le 14 pour célébrer Mozart La Nuit avec François (contrebasse) et Louis (batterie) Moutin, mais aussi avec Médéric Collignon et la Maîtrise des Hauts-de-Seine placée sous la direction de Gaël Darchin. Si le spectacle créé en 1997 a fait une belle carrière, le disque publié en 2002 n’a pas connu le retentissement médiatique qu’il méritait. Une belle occasion pour le redécouvrir.

- Les amateurs de sensations fortes et de chorus musclés choisiront le trio de Daniel Humair, Bruno Chevillon et Tony Malaby qui se produit le même soir au Café de la Danse. Entièrement improvisée, leur musique osée et novatrice subjugue, voire dérange par sa force et sa puissance expressives. Âmes sensibles Ronnie Lynn Pattersons‘abstenir.

 

-Pianiste cher à mon cœur, Ronnie Lynn Patterson donne trop peu de concerts. Le Duc des Lombards le programme le 15, histoire de fêter la sortie d’un nouvel album entièrement consacré à des standards de jazz. Au Châtelet la veille, François et Louis Moutin n’auront que quelques rues à traverser pour le rejoindre s ur scène. Ce sont eux qui l’accompagnent dans “Music“  premier disque à paraître sur le label Out Note dont la direction artistique a été confiée à Jean-Jacques Pussiau.

 

Marc Buronfosse-La cave du 38 Riv’ (38 rue de Rivoli 75004 Paris) accueille le 16 le Marc Buronfosse Sounds Quartet - Jean-Charles Richard aux saxophones et flûte, Benjamin Moussay aux claviers, Antoine Banville à la batterie et Marc Buronfosse à la contrebasse. “Face the Music“, le disque de Marc est une des plus heureuses surprises musicales de l’année. Sa chronique se trouve dans ce blog à la date du 21 mai et Franck Bergerot en fait l’éloge dans le numéro de juin de Jazz Magazine / Jazzman. Laissez-vous donc convaincre.

Carine Bonnefoy 

-Le 20 à 15 heures, le DAG trio (Sophia Domancich piano, Jean-Jacques Avenel contrebasse et Simon Goubert batterie) se produit au Parc Floral de Vincennes dans le cadre du Paris Jazz Festival. Carine Bonnefoy et les musiciens de son New Large Ensemble lui succédera à 16h30 pour jouer la musique de “Tribal“  un disque qui a eu les honneurs de ce blog en avril.

 

-On dit grand bien du jeune guitariste Adrien Moignard. Autodidacte, il écoute du blues et du rock, découvre la guitare de Django Reinhardt puis celles de Pat Metheny, Georges Benson et Adrien Moignard©J.B.MillotBiréli Lagrène. Il est parvenu à rendre cohérentes ses nombreuses influences et s’est forgé au fil des ans un jeu très personnel. “All the Way“, une réussite, vient de sortir chez Dreyfus Jazz. Une seconde guitare épaulera la sienne au Duc des lombards le 23, celle de Benoît Convert, Jérôme Regard à la contrebasse et Xavier Sanchez à la batterie complétant la formation.

Christophe-Wallemme.jpg

-Christophe Wallemme et son Namaste Project sur la péniche Anako le 25 (61 quai dela Seine, 75019 Paris) dans le cadre du Festival Quai Jazz (quatorze concerts du 10 juin au 1Juillet). Le contrebassiste s’inspire de l’Inde de son enfance pour mêler couleurs, rythmes et sonorités orientales dans une musique capiteuse qui lui est très personnelle. Avec Prabhu Edouard aux tablas, Sandip Chatterjee au Wayne Shorter bsantoor et Sylvain Barou à la flûte.


  -Wayne Shorter sur le parvis de la Défense le 26 dans le cadre de son festival. Le saxophoniste s’y produit avec son quartette habituel, Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse et Brian Blade à la batterie, le groupe idéal pour accompagner les audaces harmoniques de ses compositions, improviser avec lui une musique libre qui se réinvente à chaque concert.

Caetano Veloso

 

-Caetano Veloso sur ce même parvis de la Défense le 27 à 18 heures. Auteur de magnifiques albums, ce grand chanteur brésilien, une icône en son pays, subjugue son public par une voix très pure qu’il colore d’un léger vibrato, par une guitare aux notes syncopées qui rythme les merveilleuses chansons qu’il compose.

Nagual Orchestra ©Cédric Bosquet

 

-Le 30, le Studio de l’Ermitage (8, rue de l’Ermitage 75019 Paris) accueille le Nagual Orchestra dans le cadre du Festival Quai Jazz. La formation n’est plus tout à fait la même depuis l’enregistrement en 2007 de “La boîte à desseins“, son premier disque. Olivier Laisney à la trompette et Alexis Pivot au piano ont rejoint Florent Hubert (saxophone ténor et à la clarinette), Matthieu Bloch (contrebasse) et David Georgelet (batterie). Le groupe séduit par la couleur spécifique de sa sonorité, ses compositions diversifiées.  

- Linda Oh, Ambrose Akimusire et Nasheet Waits au Sunside le même soir. Le club parisien y organise depuis dix-neuf ans un American Jazz Festival qui a lieu cette année du 25 juin au 27 juillet. Née en Malaisie et aujourd’hui new-yorkaise, Linda Oh (contrebasse) séduit par sa musique audacieuse. On écoutera l’excellent trompettiste Ambrose Akimusire dans “Live in Paris“ (Space Time Records), disque récent du saxophoniste Walter Smith III. On ne présente plus le batteur Nasheet Waits qui fut membre de diverses formations d’Andrew Hill, travaille avec Jason Moran, Fred Hersch et rythme le jazz de l’Amérique.

Sunset - Sunside : http://www.sunset-sunside.com

Olympia : http://www.olympiahall.com

Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

Théâtre du Châtelet :  http://www.chatelet-theatre.com

Café de la Danse : http://www.cafedeladanse.com

Le 38 Riv’ : http://www.38riv.com

Paris Jazz Festival : http://www.parisjazzfestival.fr

Quai Jazz : http://www.quaijazz.com

La Défense Jazz Festival : http://www.ladefensejazzfestival.fr

Studio de l’Ermitage : http://www.studio-ermitage.com

  

CREDITS PHOTOS : Terry Lynn Carrington & Cédric Hanriot : Photo X/DR - Micros club, Enrico Rava, Denise King & Olivier Hutman, Antoine Hervé, Ronnie Lynn Patterson, Carine Bonnefoy ©Pierre de Chocqueuse -  Marc Buronfosse © Christian Berthier - Adrien Moignard © Jean-Baptiste Millot - Christophe Wallemme © Abeille Musique - Wayne Shorter, Caetano Veloso © Universal Music - Nagual Orchestra © Cédric Bosquet. 

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 10:43

Festival Jazz Saint-Germain-Des-Prés 2010 (b)Mai  - Dixième anniversaire du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés, dix ans de concerts dont certains inoubliables. L’an dernier le festival a eu lieu in extremis, sauvé par les responsables de la Fondation BNP Paribas (Martine Tridde, Jean-Jacques Goron , Ann d’Aboville) qui l’ont remis à flot. Grâce à eux le festival existe et peut souffler ses dix bougies. Le programme de cette nouvelle édition ne me plait pas trop, mais je persiste à défendre un festival qui pendant deux semaines donne vie à un quartier, propose conférences, débats et expositions, et organise des concerts pour les détenus de la maison d'arrêt de Poissy, de la prison des femmes de Versailles et de la Santé qui choisissent volontairement d’y assister. Bien que les choix artistiques de Frédéric Charbaut que je salue ici ne soient pas toujours les miens, on peut y entendre des musiciens français, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas des festivals hexagonaux qui offrent des ponts d’or à des têtes d’affiches médiatisées et oublient trop souvent nos jazzmen. Qui a pensé inviter cet été Antoine Hervé, Olivier Hutman, Bruno Angelini, Patrick Favre, Jobic Le Masson, Michel Sardaby, François Couturier, Alain Jean-Marie, Franck Avitabile, Edouard Ferlet, Ronnie Lynn Patterson (qui habite Paris depuis vingt ans) pour ne citer que des pianistes ? Qui a pensé programmer “La Tectonique des Nuages“, magnifique opéra jazz de Laurent Cugny dont l’enregistrement sort à la rentrée ? A croire que dans notre société spectacle, seuls les stars trouvent du travail. Jean-Paul ne me contredit pas. Echaudé par les bourrées serbo-croates, le swing javanais, les branles pygmées, le bop celtique, les contredanses turco-bretonnes qui sont présentés comme du jazz, il déplore ce jazz moderne affranchi de toute tradition et préfère les valeurs sûres, les musiciens qui restent fidèles aux standards et improvisent sur leurs lignes mélodiques. Excessif, Jean-Paul se ferme toutefois au meilleur du jazz actuel, à un jazz européen souvent inventif qui tout en respectant son vocabulaire affirme sa différence. Il apprécie Jacky Terrasson dont il ne manquera pas le concert, mais écoute surtout les très nombreux vinyles de sa discothèque qu’il ne m’a jamais montrés. Il a finalement découvert l’identité de Philippe Machin Chose dont il a tant aimé le Jazz à Fip du 20 mars. Il s’agit de Philippe Etheldrède, un lointain cousin de Pierre Cressant qui naguère écrivit quelques chroniques dans Jazz Hot. S’il attend impatiemment les 9 et 15 mai pour écouter d’autres émissions de Philippe qui n’est plus Machin Chose, Jean-Paul déplore la nullité du disque de la semaine malgré sa découverte de Baptiste Trotignon. L’autre soir à Pleyel, mon ami Papy lui a remis trois bandes Hazel Scott promo picturemagnétiques inédites d’Art Blakey et ses Jazz Messengers, un enregistrement au club Saint Germain de 1958 avec Hazel Scott au piano. Cette dernière emménagea dans un appartement du 80 rue de Miromesnil en novembre 1957 et ne rentra qu’en 1960 aux Etats-Unis. Papy s’était payé une bouchée de pain à Drouot les treize volumes de la correspondance de Voltaire dans l’édition de 1967 de la Pléiade et les bandes traînaient au fond de la panière. Etonnant ce que l’on trouve dans les boîtes à chaussures d’Albertville, dans les panières de l’Hôtel Drouot et même dans les rues de Paris. J’ai récemment ramassé sur un trottoir un très beau tableau que je viens d’accrocher au mur de mon salon. Jean-Paul s’en fout : ce n’est pas le portrait d’un jazzman.

 

QUELQUES CONCERTS EN MAI

-Bobby McFerrin au théâtre du Châtelet le 3. Un concert initialement prévu le 18 avril, mais qui a été reporté en raison de ce nuage de cendres qui paralysa le ciel Marc Copland beuropéen. McFerrin est un chanteur exceptionnel dont les disques inclassables relèvent davantage de la world music que du jazz. Véritable symphonie vocale pour chœurs, VOCAbuLarieS, son dernier opus ambitieux, fascine par sa musicalité. Les amateurs de chant ne manqueront pas une voix unique dans une prestation a  cappella. - En trio avec Doug Weiss à la contrebasse et Jochen Rückert à la batterie, Marc Copland, l’un des meilleurs pianistes de la planète jazz, retrouve le Sunside le même soir. Marc joue aussi avec Contact, un groupe qui réunit Dave Liebman, John Abercrombie, Drew Gress et Billy Hart. On pourra les écouter le 20 juillet prochain aux arènes de Montmartre. Leur premier album “Five on One“ , vient juste de paraître sur le label Pirouet (distribution Abeille Musique).

Mike Stern

 

-Mike Stern au New Morning le 5 et le 6. Ses disques inégaux captent rarement l’énergie qu’il déploie dans ses concerts. Avec lui, Dave Weckl, batteur à la frappe puissante et lourde, Bob Franceschini, saxophoniste au jeu agressif et aux chorus fiévreux, mais aussi un invité de marque, le bassiste et chanteur Richard Bona. Nul doute que les quatre hommes sauront maintenir une tension extrême et nous tenir constamment en haleine.

 

 

-Norma Winstone se produit en trio le 6 au Duc des Lombards. La chanteuse était brièvement à Paris en janvier 2009 pour se voir décerner le Prix du Jazz Vocal Norma Winstone Triode l’Académie du Jazz pour “Distances“ (ECM), un des trop rares albums qu’elle a enregistré sous son nom. Un New Morning scandaleusement clairsemé avait accueilli en juin 2008 cette grande chanteuse qui a marqué l’histoire du jazz anglais. Les musiciens de “Distances“, Glauco Venier au piano et Klaus Gesing au soprano et à la clarinette basse, l’accompagnent au Duc. Un autre concert est prévu en juillet aux arènes de Montmartre.

Anne Ducros

 

-Anne Ducros au Sunside le 7 et le 8. Elle aime chanter, possède une technique et un métier impressionnant. Très à l’aise sur scène, elle n’a aucun mal à séduire un public sensible au charme de sa voix chaude et sensuelle. Franck Avitabile au piano et Louis Moutin à la batterie l’entourent pour ces concerts printaniers. Ils nous permettront d’attendre “Ella My Dear“, nouveau disque arrangé par Ivan Jullien qu’elle nous promet en septembre.

 

-Trois concerts intéressants sont proposés aux Parisiens le 11 mai. Valeur sûre du saxophone, Chris Potter est attendu au New Morning à la tête d’un quartette comprenant Adam Rogers à la guitare, Fima Ephron à la contrebasse et Nate Smith à la batterie. Sa participation aux groupes de Dave Holland, Paul Motian, Herbie Hancock l’ont fait connaître et apprécier des amateurs de jazz. Malgré quelques bons albums sous son nom (“Song for Anyone“), il brille surtout dans les disques des autres, dans l’excellent “Damaged in Transit“ de Steve Christophe LeloilSwallow ou dans “Lost in a Dream“ le nouveau Paul Motian.

-Superbe trompettiste, Christophe Leloil gagnerait à être mieux connu. Le Duc des Lombards nous en offre l’occasion en programmant le même soir son sextet E.C.H.O.E.S. Il réunit Raphaël Imbert aux saxophones, Thomas Savy aux clarinettes, Carine Bonnefoy au piano, Simon Tailleu à la contrebasse et Cédric Bec à la batterie et sonne comme un petit big band. Vive et mobile, la musique du groupe est un plongeon dans l’histoire du jazz. Bop, swing, blues font bon ménage au sein de compositions à tiroirs agencées sous forme de suite conciliant tradition et modernité.

- Toujours le 11, le saxophoniste Jérôme Sabbagh revient jouer en quartette au Sunset. Avec lui Ben Monder à la guitare, Joe Martin à la contrebasse et Jochen Rüeckert à la batterie. Jérôme, Ben et Joe jouent sur “Pogo“, un disque enregistré en 2006 pour Bee Jazz dans lequel Ted Poor assure la batterie. Jérôme enregistre prochainement un nouvel album, son troisième pour Bee Jazz, avec Ben Monder et Daniel Humair qui doit paraître à la rentrée.

To The One, JM Laughlin, cover

 

-John McLaughlin à Pleyel le 15  avec 4th Dimension, groupe constitué de Gary Husband aux claviers et à la batterie, Etienne Mbappé à la basse électrique et Mark Mondesir à la batterie. Le guitariste publie “To The One“, album contenant six nouvelles compositions. Outre ces dernières, il reprend sur scènes des morceaux plus anciens (The Unknown Dissident, Nostalgia) et des extraits de ses deux disques précédents.    

 

-Chanteuse franco-américaine vivant à Paris, Christine Flowers se produit au Sunside le 16. Avec C. Flowers flyer SunsideRick Margitza au saxophone, Jobic Le Masson au piano, Peter Giron à la contrebasse et Jeff Boudreaux à la batterie, Christine dispose d’excellents musiciens pour rendre hommage à Oscar Brown Jr. (1926-2005). Auteur de chansons, ce dernier collabora à la “Freedom Now Suite“ de Max Roach et mit des paroles sur Dat Dere de Bobby Timmons et Work Song de Nat Adderley. On peut les entendre sur “Sin & Soul“, le plus célèbre de ses albums. Christine Flowers vient d’enregistrer un disque entièrement consacré à ses compositions. En attendant la sortie de “In a New Mood“, on l’écoutera les chanter au Sunside.

 

-Le pianiste Dan Tepfer avec François et Louis Moutin au Sunside le 18. Les deux frères nous sont familiers. Ils possèdent leur propre formation, le Moutin Reunion Band, jouent fréquemment dans des clubs et accompagnent Martial Solal, Antoine Hervé et d’autres musiciens de valeur. Né à Paris de parents américains, Dan Tepfer n’est pas aussi célèbre. Il se fit remarquer en 2002 en terminant semi finaliste du Concours International de Piano Jazz Martial Solal. Il a travaillé avec Danilo Pérez au New England Conservatory de Boston et remporté en 2006 le Montreux Jazz Festival Solo Piano Competition. Dan habite New York et nous visite moins souvent. On ne manquera pas son concert parisien.

Kenny Garrett©Barron Claiborne Nonesuch Records

 

-Kenny Garrett au New Morning le 19 avec Benito Gonzalez au piano, Nat Reeves à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie. Le saxophoniste alto n’a pas sorti d ‘album sous son nom depuis quatre ans et redouble aujourd’hui d’activité. Ce concert parisien permettra de juger de sa forme avant une tournée d’été qui, au sein du  Freedom Band, quartette comprenant également Chick Corea, Christian McBride et Roy Haynes, le conduira à Nice, Marciac, La Roque d’Anthéron ou Marseille (Festival des Cinq Continents).

 

André Ceccarelli-Dans le cadre du Festival de Jazz à Saint-Germain-des-Prés, le salon président de l’hôtel Lutetia accueille le 21 le trio d’André Ceccarelli (Diego Imbert à la contrebasse et Pierre-Alain Goualch au piano) et son invité David Linx pour un hommage à Claude Nougaro. Chroniqué dans ces colonnes en septembre dernier, “Le Coq et la Pendule“ ne contient que des chansons que Nougaro interprétait. Sur scène, David Linx chante Il faut tourner la page, The Meeting Place of Waters, Mademoiselle Maman, Une petite fille en pleurs, reprend Bidonville et bien d’autres pièces qui ne sont pas sur le disque. Les morceaux s’allongent, prennent de l’épaisseur. Certains sont joués en trio, Pierre-Alain Goualch en profitant pour improviser joliment au piano.

Alexandra Grimal

 

-Le 26 mai, la jeune et talentueuse saxophoniste Alexandra Grimal fête au Sunside la sortie de “Seminare Vento“, disque édité sur le label Free Lance. J’ai récemment écrit dans ce blog tout le bien que je pense de cet excellent opus enregistré avec Giovanni di Domenico au piano, Manolo Cabras à la contrebasse et Joao Lobo à la batterie, musiciens qui l’accompagneront rue des Lombards. On ne manquera pas d’écouter live la finesse d’une musique pure et cristalline aux mélodies souvent abstraites, pleine de trouvailles et d’ambiguïtés harmoniques.  

 

- Le même soir, Jacky Terrasson et les musiciens de son nouveau trio (Ben J. Terrasson (piano)Williams à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie) investissent l’amphithéâtre de l’Institut Océanographique de Paris (195 rue Saint-Jacques) dans le cadre du Festival de Jazz à Saint-Germain-des-Prés. Le groupe a fait grande impression à Marciac et plus récemment au Sunside. Jacky joue un merveilleux piano ancré dans le blues. Sa virtuosité reste toujours profondément musicale. La paire rythmique qui l’accompagne le pousse constamment à se dépasser. Une grande soirée en perspective.

 

René au piano-René Urtreger jouant Thelonious Monk au Duc des Lombards les 28 et 29, on s’y précipitera. Le pianiste qui recevra dans quelques jours les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur reste en pleine possession de ses moyens et joue toujours un piano qui fait honneur au jazz. En quintette avec ses musiciens habituels (Nicolas Folmer à la trompette, Hervé Meschinet à la flûte et au saxophone alto, Mauro Gargano à la contrebasse et Eric Dervieu à la batterie), il saura trouver les moyens de nous séduire et nous enthousiasmer. J’en profite pour vous signaler que “75“ son dernier disque, toujours disponible à la FNAC Montparnasse, peut aussi se commander auprès de Jeanne de Mirbeck, La Prairie, 92410 Ville d’Avray. Son mail : jdemirbeck@numericable.fr

 

Sophia Domancich-Le label Sans Bruit se fait son propre festival au Sunside le 31 mai. On ne trouve pas ses disques dans les bacs des disquaires, Sans Bruit ne proposant la musique de ses artistes qu’en téléchargement (MP3 320 ou FLAC qualité CD). La visite de leur site www.sansbruit.fr est tout à fait recommandable. Au Sunside, trois concerts le même soir. La pianiste Sophia Domancich et le guitariste Pascal Maupeu animeront la soirée. On ne manquera pas le pianiste Stephan Oliva qui, en solo, célébrera Bernard Hermann.

Théâtre du Châtelet : http://www.chatelet-theatre.com

                   Sunset - Sunside : http://www.sunset-sunside.com

                            Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

             New Morning : http://www.newmorning.com

                                          Salle Pleyel : http://www.sallepleyel.fr/

Jazz à Saint-Germain-Des-Prés : http://www.festivaljazzsaintgermainparis.com

Crédits Photos: Hazel Scott © Photo X - Marc Copland, Mike Stern, Norma Winstone Trio, Anne Ducros, Christophe Leloil, André Ceccarelli, Alexandra Grimal, Jacky Terrasson, René Urtreger, Sophia Domancich © Pierre de Chocqueuse - Kenny Garrett © Barron Claiborne / Nonesuch Records.

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 11:23

Robot ParkerienAvril: Content Jean-Paul ! Frédéric Goaty le cite dans son dernier édito de Jazz Magazine / Jazzman. Trouver le “Tokyo Live“ de Tony Williams dans une boîte à chaussure à Albertville n’est pas donné à tout le monde. Content, mais son regard traduit une certaine inquiétude. Un rien rend Jean-Paul paranoïaque. Le blogdechoc est lu par de très nombreux amateurs de jazz et il craint d’être repéré par ces mystérieux « marchands japonais » qui, prétend-il, « surveillent ses déplacements ». Il m’apprend qu’il n’a pas encore mis la main sur cette fameuse Queen Suite ellingtonienne tant recherchée. Pour ajouter de l’angoisse à sa peur, j’exhibe une photo du disque en question, photo prise à Londres en 2008 par Claude Carrière lors d’une conférence de la Duke Ellington Music Society. Les deux demoiselles le tiennent comme le Saint Graal. Il appartiendrait à un certain Steve Lasker, célèbre collectionneur de disques d’Ellington. Se pourrait-il que cette même personne mette en vente son exemplaire ?  Sans rien me dire, Jean-Paul m’a quitté précipitamment. Je l’ai revu huit jours plus tard. Dans un café du Quartier Latin dont il m’avait indiqué l’adresse en compagnie de Bernard plus caustique que jamais. Mes questions sur la Queen Suite restant sans réponses, la conversation porta sur Fip. Amateur de swing, de bop et de hard bop, Jean-Paul a beaucoup apprécié le Jazz à Fip du 20 mars dernier présenté par un certain Philippe Machin Chose, « du jazz, mais du vrai avec des morceaux de Phineas Newborn, Bill Evans, Horace Silver, un duo superbe entre Sarah Vaughan et Joe Williams et même un titre de Jack Sheldon publié en 1980 sur le label californien Beez Queen Suite présentationRecords et jamais réédité en CD ». « Mais leur disque de la semaine, du reggae, une merde inaudible » ajouta-il furibard.  Jean-Paul fait partie des nombreux amateurs de jazz qui n’écoutent plus TSF « déçus par une programmation au sein de laquelle toute une partie de l’histoire du jazz et la plus créative est scandaleusement délaissée ». Je vous confie que du haut de ses presque deux mètres, Jean-Paul méprise beaucoup le jazz moderne. Je l’ai connu, il y a quelques années. Au New Morning. Il est venu à mon secours lorsqu’un saxophoniste mécontent de mes remarques sur ses hurlements incongrus s’apprêtait à me fracasser le crâne de son instrument. Parler aux musiciens de leur musique n’est pas sans risques, leur ego surdimensionné leur faisant parfois perdre la tête. « Bientôt (ajoute Bernard), ils seront tous au chômage. Les nouveaux robots sur lesquels je travaille poursuivront l’œuvre de Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Charles Mingus, les plus grands noms du jazz. Correctement programmé, l’ordinateur pourra non seulement composer de nouveaux morceaux, mais les jouer exactement comme si ces jazzmen étaient bien vivants et qu’ils interprétaient eux-mêmes ces nouvelles partitions qu’ils auraient pu inventer. Plus besoin de musiciens, mais des machines, des machines intelligentes ». Trop fou pour moi, Bernard m’est peu sympathique. Quant à Jean-Paul, il écoute Jazz à Fip tous les soirs, à la recherche de Philippe Machin Chose, le programmateur présentement sans visage qui ose ressusciter un jazz authentique le touchant jusqu’à la moelle.

Miguel Zenon

QUELQUES CONCERTS EN AVRIL

-On a récemment entendu le saxophoniste Miguel Zenon en grande forme au New Morning au sein du SF Jazz Collective qu’il anime excellemment. Il sera au Sunside le 2 et le 3 avec un nouveau quartette à l’instrumentation originale, Laurent Coq au piano, Dana Leong au violoncelle et Dan Weiss aux percussions se joignant à l’alto de Zenon. Co-écrit par ce dernier et Laurent Coq, leur répertoire également inédit s’inspire de “Marelle“ (Rayuella) le célèbre roman à tiroirs de Julio Cortazar. J’en profite pour vous annoncer la réédition prochaine chez Frémeaux & Associés d’“Octaèdre“, premier disque du label AxOlotl enregistré en solo par le pianiste François Tusques en 1994. Cet autre hommage rendu à l’écrivain argentin était depuis longtemps introuvable.

 

Jeremy Pelt a-Jeremy Pelt retrouve le Duc des Lombards le 6 et le 7. On peut écouter sa généreuse trompette dans le nouveau disque live de Baptiste Trotignon. Musicien émérite, Pelt s’est produit l’an dernier au Duc au sein de Violet Hours, le sextette du batteur Gerald Cleaver. Ce dernier est aussi le batteur du trompettiste qui publie sur HighNote un enregistrement en quintette “Men of Honor“, avec J.D. Allen au ténor, Danny Grissett au piano, Dwayne Burno à la contrebasse et Cleaver à la batterie. Le pianiste Xavier Davis remplace Grissett pour ces concerts que l’on aurait tort de bouder.

-L’incroyable succès que rencontre son dernier disque conduit Melody Gardot à refaire trois Olympia les 7, 8 et 9 avril prochains. Produit par le contrebassiste Larry Klein (ex-mari de Joni Mitchell) et superbement arrangé par Vince Mendoza, “My One and Only Thrill“ est une réussite, mais la chanteuse séduit également sur scène par sa présence et son naturel. Elle possède une voix et écrit de bonnes chansons. Que demander de plus ?

 

PHOTO-CARA-DE-DOS-c-Didier-Gaillard.jpg-Carte blanche à Patrice Caratini au Sunside. Le 9, le contrebassiste invite un complice, le guitariste Marc Fosset, et le pianiste Manuel Rocheman, mais associe aussi les saxophones de Rémi Sciuto et la voix d’Hildegarde Wanzlawe à ses “Shorts Songs“, répertoire diversifié de chansons, comptines, airs de comédies musicales qui font toujours rêver. Le 10, il nous propose une version en quintette de son “Latinidad“ , album consacré aux musiques des Caraïbes et qui s’achève sur des versions colorées de Manteca et Petite Fleur. Les percussions de Sebastian Quezada et d’Inor Sotolongo rejoignent ainsi saxophone, piano et contrebasse pour apporter l’élan rythmique que nécessite une telle musique.  

- Le 9 également, Claude Carrière, grand spécialiste de la musique du Duke mais aussi pianiste distingué, nous attend à 20h00 au cœur du Marais au Framboisy, 16 rue Charlemagne 75004 Paris. Avec l’excellent Frédéric Loiseau à la guitare et Marie Christine Dacqui à la contrebasse, Claude y accompagne la chanteuse Rebecca Cavanaugh dans un répertoire de chansons d’Ellington, Tom Jobim, Bob Dorough. Cuisine authentique et vins de producteurs indépendants à des prix raisonnables pour combler les papilles gustatives des auditeurs qui le souhaitent. Réservation recommandée au 01 42 72 14 16.

 

-Excellent pianiste, Aaron Parks multiplie depuis quelques mois les concerts à Paris. La formule du trio convient bien à ce musicien prometteur qui possède déjà une grande maîtrise de son instrument. Le 11 au Sunside, Matt Brewer à la contrebasse et Ted Poor à la batterie lui donneront des ailes pour un vol jazzistique que l’on souhaite vertigineux.

 

Martial Solal-Un Roger Guérin Benefit Concert le 12 au New Morning. Martial Solal, Eric Le Lann, Jean-Louis Chautemps, Alain Jean-Marie, Patrick Artero, Philippe Soirat, Médéric Collignon, Jean-Loup Longnon, Nelson Veras, Laurent de Wilde, Guillaume Naturel, Luigi Trussardi et Alex Tassel et beaucoup d’autres ont répondu présents pour assurer la musique.

Ahmad Jamal

-Plein de concerts intéressants le 13 avril. Le gros morceau c’est l’Olympia d’Ahmad Jamal produit par le Duc des Lombards. Le pianiste s’y produit avec son quartette habituel - James Cammack à la contrebasse, Kenny Washington à la batterie et Manolo Badrena percussions - , la pianiste japonaise Hiromi assurant la première partie du concert en solo.  

 

- Le même soir, les très nombreux admirateurs d’Elise Caron viendront Elise Caronl’entendre chanter le poète Dylan Thomas au Studio de l’Ermitage (8, rue de l’Ermitage 75020 Paris). Avec elle aux claviers Lucas Gillet, l’auteur des musiques de l’album, “A Thin Sea of Flesh“ (Le Chant du Monde), mais aussi d’autres instruments guitare, basse, batterie et percussions, pour colorer et rythmer les compositions, et porter haut la voix d’Elise qui enchante.

 

Hadouk-Trio.JPG- Toujours le 13, mais également le 14, à l’occasion de la sortie de “Air Hadouk“ (Naïve), le Hadouk Trio se produit au  Cabaret Sauvage, du parc de la Villette, un lieu un peu magique convenant parfaitement à la musique du groupe. Mélange de jazz et de musiques du monde, l’Afrique et l’Orient y font entendre leurs rythmes, des sons aux couleurs de bois et de métal, une musique enivrante pleine d’épices et d’arômes. Loy Ehrlich, Didier Malherbe et Steve Shehan jouent de très nombreux instruments, mais surtout Malherbe souffle des notes exquises dans son doudouk, hautbois arménien en bois d’abricotier, et nous fait voir le ciel.

Moutin Brothers

-Du 14 au 17 avril, Le Moutin Reunion Quartet fête au Sunside la sortie de “Soul Dancers“, son cinquième album. Avec leurs propres notes, les frères Moutin - François à la contrebasse et Louis à la batterie - y inventent une musique proche de celle que jouait Weather Report, groupe-phare des années 70 et référence absolue en matière de fusion. Pierre de Bethmann aux claviers et Rick Margitza au ténor ajoutent des couleurs très riches à des compositions ludiques et intelligemment orchestrées.

 

Laurent Mignard-Le 15, Rendez-vous à la Maison du Duke, 7/9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris pour suivre de nouvelles aventures ellingtoniennes en compagnie de Laurent Mignard et du Duke Orchestra. La femme, essentielle dans l’imaginaire de Duke Ellington, est à l’honneur d’un programme qui lui est consacré. Sophisticated Lady, Blue Rose, The Star-Crossed Lovers (aka Pretty Girl), Tigress, Girl Suite, les occasions ne manquent pas de la décrire et de la célébrer dans le corpus ellingtonien. Invitées par Mignard, quatre d’entre-elles, China Moses, Laurence Allison, Sylvia Howard et Stephy Haik, se joindront donc à son orchestre pour la chanter. Répétition publique à 20h30 et concert commenté par Claude Carrière à 22h00.

S. Guillaume

 

-Au Sunset le 16 et le 17, carte blanche à Stéphane Guillaume. Prix Django Reinhardt 2009 de l’Académie du Jazz 2009, le saxophoniste convie son onztet à le rejoindre sur scène le premier soir. “Windmills Chronicles“, le disque qu’ils ont fait ensemble, est si bon que l’Académie du Jazz lui a également décerné son prix du Disque Français. Mais c’est avec les musiciens de son quartette – Frédéric Favarel à la guitare, Marc Buronfosse à la contrebasse, Antoine Banville à la batterie - que Guillaume nous donne rendez-vous le 17 pour écouter une musique dans laquelle l’improvisation occupe la première place.

 

chrissy flyer avril 10 le9jazz-Christine Flowers en trio au 9 Jazz-Club le 18 (à 18h00) avec Jobic Le Masson au piano et Peter Giron à la contrebasse. On ne connaît pas encore cette chanteuse franco-américaine qui vit en France depuis longtemps et se produit souvent en club. Avec eux et d’autres amis musiciens (Rick Margitza au saxophone, Jeff Boudreaux et John Betsch à la batterie), Christine vient d’enregistrer un superbe album consacré à Oscar Brown, Jr., son idole, un chanteur cher à son cœur. Elle cherche un label et un distributeur. N’hésitez pas à vous mettre sur les rangs, son disque en vaut la peine. Au besoin, contactez-moi, je transmettrai. Un second concert en quintette est prévu le 16 mai au Sunside. Notez la date dans vos agendas, on n’est jamais assez prudent.  

Marc Ribot © Marco Zanoni- Le 18 encore, deux guitaristes très dissemblables se partagent la Salle Pleyel. Le plus jeune, Marc Ribot, tire de son instrument des sons inimitables. Associé à de nombreux projets qui dépassent largement le cadre du jazz, mais surtout à Tom Waits auquel il apporte sa science du bruitage, il nous visite en trio avec Henry Grimes, l’un des grands noms de la contrebasse, et Chad Taylor à la batterie. Agé de 79 ans, Jim Hall est quant à lui, une légende du jazz. Son jeu de guitare reste minimaliste, mais la moindre de ses notes Bobby McFerrin 01rêveuses et cristallines pèse tout son poids de justesse et de beauté. Scott Colley à la contrebasse et Joey Barron à la batterie ont mission d’accompagner son jeu fluide et énorme qui réserve toujours des surprises.  

- Toujours le même soir, et pour fêter la sortie de “VOCAbuLarieS“, son nouveau disque, Bobby McFerrin retrouve le Théâtre du Châtelet pour un concert a cappella. Il possède une voix unique dont la tessiture lui permet d’incroyables acrobaties vocales et utilise son corps comme tambour pour rythmer un scat qui ne doit rien à personne mais se fait l’écho de traditions africaines ancestrales.

J.-Terrasson.jpg

 

-Ceux qui ont manqué les concerts que Jacky Terrasson et son nouveau trio (Ben Williams à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie) donnèrent en mars au Sunside peuvent encore découvrir le pianiste en showcase le 22 au Studio SFR, 9 rue Tronchet 75008 Paris. 200 places seront distribuées sur place la veille, 21 avril, à partir de 11 heures. 

 

John Scofield-John Scofield au New Morning le 23. Le guitariste s’y produit en quartette avec le pianiste Michael Eckroth et Ben Street à la contrebasse. A la batterie, il retrouve Bill Stewart qui joue dans plusieurs de ses disques (“En Route“, “Hand Jive“, “This Meets That“). C’est toujours une joie que d’écouter ce grand styliste de la guitare tremper le jazz qu’il pratique dans les accords du blues au vocabulaire du jazz, célébrer la soul music et le gospel.   

 

Thomas Enhco Trio - Ph.©Levy-Stab.-Jeune pianiste prometteur, Thomas Enhco occupe le Sunside avec son trio le 26 et le 27. “Someday My Prince Will Come“ (label AMES) sort en France après une première publication au Japon et mérite attention. Très marqué par l’héritage classique, son piano est encore académique et appliqué, mais ses choix esthétiques sont proches des miens, ses reprises de standards bien construites témoignent d’une vraie sensibilité et d’un profond attachement aux belles mélodies. Avec lui, Joachin Govin à la contrebasse et Nicolas Charlier à la batterie pour achever de vous convaincre.

Baptiste Trotignon, cover 

-Baptiste Trotignon se produit lui aussi au Sunside les 28 et 29 avril, mais aussi le 1 mai. Stéphane Belmondo à la trompette, David El Malek aux saxophones, Thomas Bramerie à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie donnent vie aux compositions du pianiste, dont plusieurs thèmes arrangés sous forme de suite constituent le plat de résistance de son nouveau disque intitulé “Suite…“ comme il se doit. Ces concerts de Baptiste s’inscrivent dans le cadre des « Nuits naïve Jazz » auxquels participent Mina Agossi, le Hadouk Trio, Julien Lourau et Alex Tassel.

Alex Tassel

-Ce même Alex Tassel occupe le Sunset le 30 avril et le 1 mai. Il sort chez Naïve “Heads or Tails“, un double CD, le premier acoustique, le second électrique, certaines compositions étant reprises, recrées différemment dans les deux disques. Le quintette acoustique joue le 30. Avec le trompettiste, Sylvain Beuf aux saxophones, Laurent de Wilde au piano, Diego Imbert à la contrebasse et Julien Charlet à la batterie. La même musique change d’aspect et plonge dans un univers électrique le 1. Laurent de Wilde se met au Fender Rhodes et la basse devient électrique avec Daniel Romeo. Le saxophoniste Guillaume Naturel remplace Beuf, Julien Charlet officiant les deux soirs.

Jean-Michel Pilc, cover-Jean Michel Pilc en trio au Duc des Lombards le 30 avril et le 1 mai avec le contrebassiste Boris Kozlov à la contrebasse et Billy Hart à la batterie qui l’accompagnent dans “True Story“ (Dreyfus Jazz), son dernier disque déconcertant. Car le pianiste reste nettement meilleur et surprenant en concert, la scène restant pour lui espace d’invention, d’imagination, de spontanéité, ce que permettent moins les contraintes de studio.     

    Sunset - Sunside : http://www.sunset-sunside.com

           Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

                     Olympia : http://www.olympiahall.com

    New Morning : http://www.newmorning.com

          Studio de l’Ermitage : http://www.studio-ermitage.com

    Cabaret Sauvage : http://www.cabaretsauvage.com/

              La Maison du Duke : http://www.maisonduduke.com

        Le 9 Jazz Club : http://www.le9jazz.com

   Salle Pleyel : http://www.sallepleyel.fr/

           Théâtre du Châtelet : http://www.chatelet-theatre.com

                      Studio SFR : http://www.lestudiosfr.fr

 

CREDITS PHOTOS: Robot parkérien, Miguel Zenon, Jeremy Pelt, Martial Solal, Elise Caron, Hadouk Trio, François & Louis Moutin, Laurent Mignard, Stéphane Guillaume, Jacky Terrasson, John Scofield, Alex Tassel / Laurent de Wilde / Diego Imbert © Pierre de Chocqueuse - The Queen Suite Girls © Claude Carrière - Patrice Caratini © Didier Gaillard - Marc Ribot © Marco Zanoni - Bobby McFerrin © Carol Friedman - Thomas Enhco Trio © Philippe Levy-Stab.

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 12:04
Mars : Jean-Paul a enfin trouvé le Tony Williams qu’il recherchait, 3€ dans un dépôt vente d’Albertville, le CD coincé entre George Moustaki et André Rieu dans une boîte à chaussures poussiéreuse. Il est actuellement sur la piste d’un des très rares exemplaires de l’édition originale de la “Queen Suite“ enregistrée à titre privé par Duke Ellington et son orchestre en 1959 et édité sur Pablo dans les années 70. On a longtemps cru que seule la Reine d’Angleterre en détenait une copie. Jean-Paul prétend que le Duke et Norman Granz en possédaient également une et qu’il en existe un quatrième exemplaire. Plusieurs voyages en Suisse et en Amérique l’ont conforté dans cette certitude. Il est donc prêt à mettre plusieurs milliers d’euros dans une rareté qui intéresse pas mal de monde. Les marchands japonais sont sur le coup. Jean-Paul se croit suivi, surveillé. Je pense qu’il affabule. Il m’a présenté Bernard, un informaticien et pianiste de jazz de passage à Paris. Chauve, le regard chafouin, un triple menton reposant sur un tronc massif, de courtes jambes boudinées et des pieds minuscules, Bernard prétend travailler pour une des plus importantes sociétés d’électronique de la planète. Il s’est récemment rendu à l’Olympia écouter Pat Metheny jouer de ses guitares et des instruments qu’il pilote par ordinateur. Bernard me dit en posséder de plus sophistiqués. Son employeur (il m’a demandé d’en taire le nom) en fabrique. L’Orchestrion : de la roupie de sansonnet, affirme-t-il. Bernard expérimente depuis peu un orchestre d’une quinzaine de robots musiciens qu’il anime avec ses boutons. Les débuts furent difficiles. Sa musique n’attirait pas grand monde (mauvaise langue, Jean-Paul prétend que Bernard manque totalement d’inspiration) jusqu’au jour où, lors d’un concert privé donné à Londres, ses machines, détraquées, jouèrent librement une musique « neuve, totalement livrée à elle-même, cacophonique, violente et sans structures » (ce sont ses propres mots). Un célèbre critique parisien en vacances cria au génie. Persuadé d’en être un, Bernard pense faire carrière à Paris, sponsorisé par son employeur qui mise sur de l’argent à gagner. Il voit grand Bernard. Il imagine déjà un orchestre de taille symphonique entièrement robotisé jouant de la musique aléatoire. « De toute manière, les gens sont sourds » prétend-il « On peut leur donner à entendre n’importe quoi. Free jazz, musique contemporaine, où se trouve la différence ? ». Bernard est heureux. « Terminés les conflits d’ego avec d’autres musiciens, les cachets à répartir entre les membres de l’orchestre, les grèves des intermittents du spectacle » affirme-t-il en ricanant. Des orchestres sans musiciens : on n’arrête pas le progrès.

QUELQUES CONCERTS EN MARS

B.Mehldau Suntory Hall-S’il compose une bonne partie de son répertoire, Brad Mehldau est d’abord un improvisateur, d’où l’intérêt des concerts qu’il donne en solo, aventures qu’il fait partager en temps réel avec son public. C’est justement au piano que le théâtre du Châtelet l’accueille le 3 mars, quelques jours avant la sortie de son nouveau disque. Produit par Jon Brion (“Largo“) et intitulé “Highway Rider“, ce double CD rassemble quinze pièces très diverses dont certaines enregistrées avec les cordes d’un orchestre de chambre. Outre Larry Grenadier, Jeff Ballard et Joshua Redman le plus souvent au soprano ce qui est inhabituel, un second batteur, Matt Chamberlain, officie dans quelques morceaux.

-
Quest
au Sunside le 7 et le 8. Deux soirées pour écouter un saxophone incandescent répondre à un piano romantique et rêveur, découvrir une musique à la fois puissante et tendre arbitrée par une section rythmique mobile et inventive. Dave Liebman aux saxophones (soprano et ténor), Richie Beirach au piano, Ron McClure à la contrebasse et Billy Hart à la batterie ont leurs propres engagements et donnent peu de concerts ensemble. Constitué au début des années 80 (avec Al Foster à la batterie) et reformé en 2005, le groupe est une véritable légende. On se précipitera.


Chassy + images-Guillaume de Chassy au cinéma Le Balzac (1, rue Balzac, 75008 Paris) le 9. La première partie du concert sera consacrée à “Pictorial Music“, nouveau disque en solo de Guillaume inspiré par les images du réalisateur et plasticien Antoine Carlier. (sortie le 26 mars sur Bee Jazz). Avec "Shift", le pianiste dialoguera ensuite en temps réel sur des séquences cinématographiques proposées par Carlier qui, présent sur scène avec sa banque d’images animées, improvise lui aussi en fonction de la musique.


SF Collective group-On ne manquera pas le 15 la visite au New Morning du SF Jazz Collective. Fondé en 2004 par le saxophoniste Joshua Redman, le groupe rassemble chaque année pour quelques concerts des musiciens de jazz pour le moins célèbres. Après Redman et Joe Lovano, Mark Turner officie au ténor. Le trompettiste Avishai Cohen remplace Dave Douglas (et avant lui Nicholas Payton). Les autres membres de la formation sont Miguel Zenon au saxophone alto, Robin Eubanks au trombone, Edward Simon au piano, Matt Penman à la contrebasse et Eric Harland à la batterie. Le SF Jazz Collective propose un répertoire de compositions originales autour de l’œuvre d’un musicien. Après Ornette Coleman, John Coltrane, Herbie Hancock, Thelonious Monk, Wayne Shorter et McCoy Tyner, c’est la musique d’Horace Silver qui est aujourd’hui à l’honneur.


-L’incontournable leçon de jazz de l’Oncle Antoine (Hervé) à l’Auditorium St Germain (19h30) le 16. Ce mois-ci : le blues vu du piano.


J. Terrasson New trio-Jacky Terrasson au Sunside du 16 au 18 avec les musiciens de son nouveau trio. Ben Williams à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie n’ont aucun lien de parenté, mais se complètent et poussent Jacky à jouer son meilleur piano. Les trois hommes donnèrent un concert mémorable l’été dernier à Marciac. On attend beaucoup de ces trois soirées parisiennes, prélude à la sortie du nouveau disque de Jacky, “Push“ , parution fin A. Andersen trio (b)avril sur le label Concord.


-Le contrebassiste Arild Andersen au Duc des Lombards le 18 avec Tommy Smith au saxophone ténor et Paolo Vinaccia à la batterie, musiciens qui l’entourent dans “Live at Belleville“, magnifique album de 2008 enregistré pour ECM, musique forte, intense saupoudrée d’effets électroniques. Le trio alterne morceaux de bravoure fiévreux (Smith soufflant des phrases brûlantes) et compositions oniriques, la belle contrebasse mélodique d’Andersen plongeant la musique dans un bain de lyrisme.


Herb Geller, color-Nul doute que les quatre concerts que s’apprête à donner Herb Geller au Duc des Lombards les 19 et 20 mars constituent des événements. Légende de la West Coast (il fut membre des orchestres d’Howard Rumsey, Shorty Rogers, Bill Holman, Shelly Manne dans les années 50), le saxophoniste ne s’était plus produit à Paris depuis des années. En quartette, l’altiste peut encore nous surprendre.


-Beaucoup de concerts alléchants le 20. A 17h30, le sextette de Sylvain Beuf en donne un (gratuit, mais dans la limite des places disponibles) dans le studio Charles Trenet de la Maison de Radio France.

Mike Mainieri

- Le vibraphoniste Mike Mainieri est attendu le même soir au New Morning avec Northern Lights, groupe au sein duquel le norvégien Bugge Wesseltoft tient le piano. Au saxophone, Bendik Hofseth, lui aussi norvégien remplaça en 1987 Michael Brecker au sein de Steps. Le Suédois Lars Danielsson est également célèbre. Ses disques en quartette avec Dave Liebman, Bobo Stenson et Jon Christensen, sa contribution à des enregistrements de John Scofield, Jack DeJohnette, Mike Stern, Charles Lloyd, l’ont fait connaître à un large public. Le batteur Audun Kleive complète ce super groupe Visuel Beejazz festscandinave.


- Toujours le 20, Daniel Yvinec et Guillaume de Chassy donnent en quartette un concert au Sunside (avec Antonin Tri Hoang au saxophone alto et Fabrice Moreau à la batterie) dans le cadre de la seconde édition du festival Bee Jazz, du 19 au 23 mars, au Sunside et au Sunset. Consultez les programmes des deux clubs.        


James Moody N&B-La carrière de James Moody donne envie de l’écouter. Sa présence dans les formations de Dizzy Gillespie, Max Roach, Kenny Barron et le groupe qu’il constitua en 1953 avec Eddie Jefferson suffisent à nous convaincre que le saxophoniste (et flûtiste) est un grand musicien. Il se produit au Duc les 22 et 23 avec Kirk Lightsey au piano, Wayne Dockery à la contrebasse et François Laudet à la batterie. On ne peut que se laisser tenter.

K. Mahogany

-Kevin Mahogany et Cyrus Chestnut au Duc des Lombards les 24 et 25. Le premier est un grand chanteur, auteur en 1997 d’un album exceptionnel, “Another Time, Another Place“. Le second fut le pianiste de Wynton Marsalis, Freddie Hubbard et James Carter. Il a également travaillé avec Jon Hendricks et sait parfaitement adapter son jeu de piano aux voix qu’il accompagne. Une rencontre pour le moins prometteuse.

sylvainBeuf 3

-On retrouve le sextette de Sylvain Beuf le 31 au New Morning pour fêter la sortie le 23 mars de “Joy“ (Such Prod/Harmonia Mundi), nouvel album (excellent) du saxophoniste enregistré live au Jazz Club de Dunkerke. Avec lui, Denis Leloup au trombone, Pierrick Pedron au saxophone alto, Jean-Yves Jung au piano, Diego Imbert à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie.


Théâtre du Châtelet : http://www.chatelet-theatre.com

                                       Sunset - Sunside : http://www.sunset-sunside.com

                       Cinéma Le Balzac : http://www.cinemabalzac.com

                                                            New Morning : http://www.newmorning.com

               Auditorium St Germain : http://www.mpaa.fr

                                        Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

Maison de Radio France : http://www.radiofrance.fr/

CREDITS PHOTOS : Duke Ellington & Elisabeth II, Brad Mehldau, SF Jazz Collective, Herb Geller, James Moody, Sylvain Beuf  © photos X/DR - Guillaume de Chassy & Antoine Carlier © Paul Briault - Jacky Terrasson New Trio, Arild Andersen Trio © Pierre de Chocqueuse.
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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 09:30

Lampe gaucheFévrier : Amateur de jazz, Jean-Paul n’arrête pas de râler. Les disques, il les veut tous et n’en possède jamais assez. Son érudition est admirable. Il vous annonce tout de go que “Way, Way Out“ de Ken McIntyre a été enregistré le 27 mai 1963. Il râle car bien qu’ayant été réédité par Blue Note en 1997, ce disque, publié à l’origine sur United Artist, est aujourd’hui introuvable. Mécontent de cette situation, il en retire le plaisir de la chasse. Jean-Paul occupe une bonne partie de ses loisirs à chercher le “Tokyo  Live“ de Tony Williams, un double CD Blue Note de 1993, enregistré en mars 1992 précise-t-il, entrevu sur e-bay à un prix prohibitif. Il a récemment payé fort cher en vinyle l’édition originale de “The Blues Hot and Cool“, un disque de Bob Brookmeyer, pour le découvrir quelques jours plus tard en CD. Il compare et découvre que le Verve de 1960 qu’il vient d’acheter sonne beaucoup mieux que sa réédition. Normal, car confiés à de mystérieux activistes de la contrefaçon, les maisons de disques battant pavillon noir ne possèdent pas les bandes des CD qu’ils éditent. Ils partent d’un 33 tours en bon état et reproduisent s’ils le peuvent la pochette originale de l’album, l’amateur de jazz maniaque et tatillon préférant cette dernière. Multipliant les labels fantômes, les “Frères de la Côte Numérique“ inondent ainsi les magasins de leurs éditions pirates et occupent le terrain, les grandes surfaces du disque regorgeant de contrefaçons. Six disques du catalogue Horo ont ainsi été récemment réédités par Atomic Records sans aucune autorisation. Quant aux majors, après avoir ressorti en CD les principaux albums de leurs catalogues, ils se les laissent aujourd’hui piller sans réagir. Jean-Paul râle, mais en l’absence de rééditions légales, achète tout ce qui lui tombe sous la main. Peu lui chaut que les musiciens perçoivent ou non des royalties sur des CD dont il ne veut pas connaître la provenance. Il est même prêt à réinvestir dans ces disques vinyles qui envahissent comme au bon vieux temps les bacs des disquaires. Ces pressages de 180 grammes revêtues de leurs belles pochettes originales mettent l’eau à la bouche. Jean-Paul vient même de se procurer “Sonny Stitt with the New Yorkers“, un disque que le saxophoniste enregistra en quartette pour le label Argo à New York en 1957. Des plages rééditées avec beaucoup de soin par Jazz Wax Records et qui, tombées dans le domaine public, sont fréquentables en toute légalité.

Andy Sheppard

LES CONCERTS DE FEVRIER

-Deux pianistes au Duc des Lombards le 3 pour dialoguer, s’amuser, inventer. Alexandre Saada rencontre Philippe Baden Powell pour des échanges et des développements pianistiques que l’on espère passionnants.


-Membre des formations de Carla Bley et partenaire occasionnel de la pianiste Rita Marcotulli, le saxophoniste Andy Sheppard est attendu au Sunside le 3 et le 4 avec les musiciens de “Movements in Colour“, album qu’il a publié l’an dernier sur ECM. Autour de lui, le joueur de tablas et percussionniste indien Kuljit Bhamra, les guitaristes Eivind Aarset et John Parricelli et le célèbre contrebassiste norvégien Arild Andersen.


Laïka Fatien-Toujours le 4, à l’Hôtel Bel-Ami, 7-11 rue Saint Benoît 75006 Paris, Laïka Fatien pose sa belle voix sur le répertoire de Billie Holiday qu’elle célèbre dans “Misery“, disque publié en 1998. Avec elle, le pianiste Pierre-Alain Goualch au piano, Darryl Hall à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie.

Aldo Romano


-Les 5, 6, 8 et 9 février au Sunside, le batteur Aldo Romano réunit les musiciens de l’ensemble Hymne au Soleil pour fêter la sortie chez Dreyfus de son nouvel album, “Origine“, arrangé par le saxophoniste Lionel Belmondo. Outre ces derniers, l’incontournable Stéphane Belmondo au bugle, Thomas Savy à la clarinette basse et Franck Avitabile au piano complètent la formation.


François Couturier-A l’occasion de la sortie chez ECM d’“Un jour si blanc“, François Couturier donne le 8 un concert de piano solo à la Maison de la Poésie, passage Molière, 157 rue Saint Martin 75003 Paris. Second volume d’une trilogie commencée avec “Nostalghia“, la musique de ce disque dont le titre évoque un poème du père du cinéaste Andreï Tarkovski, est décrite par le pianiste comme « une promenade calme de l’aube au crépuscule dans un monde idéal. » Lune de Miel, L’intemporel, Sensation et Un jour si blanc en sont inoubliables.


-Le Surnatural Orchestra au Studio de l’Ermitage le 9. Collectif de plus de vingt musiciens, ce grand orchestre qui est aussi une fanfare à la musique épicée, aux couleurs vives et élégantes, séduit par la qualité de ses spectacles, véritable mise en scène d’un univers musical festif qui évoque les riches heures du cirque. – Egalement le 9, et toujours à l’auditorium St Germain (4 rue Félibien 75006 Paris), Oncle Antoine alias Antoine Hervé consacre sa belle histoire (une leçon de jazz, faut-il le préciser) au compositeur et saxophoniste Wayne Shorter.

Edouard Ferlet -Le quartette d’Edouard Ferlet au Duc des Lombards le 10. Airelle Besson (trompette, voix), Alexandra Grimal (saxophones, voix) et Fabrice Moreau (batterie) entourent le pianiste dans “Filigrane“, voyage onirique d’une écriture très personnelle que le groupe nous invite à découvrir sur scène.

- Le même soir au Sunset, le jazz se mobilise pour Haïti et les victimes de son tremblement de terre. Avec le Rhoda Scott “Lady“ Quartet (Sophie Alour, Lisa Cat-Berro, Julie Saury) et le Stefan Patry Trio. Entrée 20€. La recette sera entièrement reversée à la Fondation de France. - Toujours le 10, mais au Baiser Salé et à 19h30, le contrebassiste Michel Zenino invite le pianiste Alain Jean-Marie à partager intimement avec lui quelques standards.

Kristin 2

-Kristin Asbjørnsen et Tord Gustavsen au New Morning le 11. Avec sa voix rauque et sensuelle, elle fait merveille dans le dernier album ECM du pianiste (ma chronique dans le dernier numéro de Jazz Magazine/Jazzman). Plutôt ancré dans la world music, le dernier opus de la chanteuse norvégienne “The Night Shines Like the Day“ contient de magnifiques chansons aux arrangement élaborés. Profitons de son séjour parisien pour la découvrir sur scène.

- Toujours le 11, Alexis Tcholakian se produit en trio au Sunside avec Claude Mouton à la contrebasse et Thierry Tardieu à la batterie. Les amateurs de piano ne manqueront pas d‘écouter ce mélodiste qui fait si bien chanter son instrument.

Pat Metheny 02

-Pat Metheny à l'Olympia le 13. Inauguré à Coutances le 30 janvier, le Pat Metheny Orchestrion Tour se poursuit en France et s’achèvera en mai au Town Hall de New York. Metheny est seul sur scène avec ses guitares et de très nombreux instruments qu’il pilote par ordinateur. Récemment publié sur Nonesuch Records, son nouvel album donne une assez bonne idée de la musique qu’il interprète, mais il faut voir le guitariste la faire jouer par ses robots en concert.

Grace Kelly

-Grace Kelly n’a que 17 ans. Elle chante, joue du saxophone ténor, de l’alto, de la flûte, de la clarinette, du piano et un peu de batterie. Née Grace Chung (elle porte le nom de son beau-père qui l’a légalement adoptée), cette jeune artiste d’origine coréenne a étudié le saxophone avec Lee Konitz et Jerry Bergonzi et joué avec Kenny Barron, Phil Woods, Dave Brubeck, Dianne Reeves qui en disent le plus grand bien. La chanteuse Ann Hampton Callaway lui trouve un immense talent. Pour s’en convaincre, on ira écouter ses premiers concerts parisiens au Duc des Lombards les 13 et 14.

Christian Scott©Kiel Scott

-Christian Scott au New Morning le 16 avec les musiciens de “Yesterday You Said Tomorrow“, son (excellent) dernier album : Matthew Stevens à la guitare, Milton Fletcher Jr. au piano, Kristopher Keith Funn à la contrebasse et Jamire Williams à la batterie. Après Wynton Marsalis, Terence Blanchard et Nicholas Payton, il est le dernier trompettiste de la Nouvelle-Orléans à s’affirmer. Articulation parfaite, sonorité claire, attaques puissantes, on attend un concert explosif.


P.L. Garcia ©Marianne Rosenstiehl- Le même soir au Sunside, le compositeur et multi instrumentiste Pierre Louis Garcia (saxophones alto et soprano, clarinette basse) réunit autour de lui les musiciens de son premier album, “Die Grupen“, dont il fête la réédition. Le tromboniste Denis Leloup et le batteur Frédéric Sicart ont répondu présents. Philippe Bussonet qui tient la basse électrique chez Magma remplace Dominique Bertram indisponible.

- Le 16 encore, mais au Sunset, le saxophoniste Boris Blanchet retrouve Daniel Jeand’heur, le batteur de “Soul Paintin“ son nouvel album. Inspirés par la musique de John Coltrane, les deux hommes proposent « une aventure musicale et humaine, chaleureuse, voire brûlante, aux effets sismiques irrésistibles » selon le communiqué de presse. Les amateurs de sensations fortes seront au rendez-vous.

Antonio Farao-Au Duc des Lombards les 17 et 18, le pianiste Antonio Faraò retrouve le contrebassiste Dominique Di Piazza et le batteur André Ceccarelli pour une relecture de leur album “Woman’s Perfume“ consacré à quelques-unes des musiques (il en signa près de 300 !) que le compositeur Armando Trovajoli écrivit pour de nombreux films, le plus célèbre restant “Parfum de femme“ réalisé par Dino Risi en 1974.

-A l’Entrepôt le 18, à la tête de son Duke Orchestra, rutilant big band stratosphérique et ellingtonien de quinze musiciens, Laurent Mignard propose la “Far East Suite“, album culte de 1967 qui reste l’une des dernières grandes suites du compositeur. Elle  s’achève par le fameux Ad Lib On Nippon, illustration musicale d’une tournée de l’orchestre au Japon en 1964.

S. Beuf cover

-Le saxophoniste Sylvain Beuf et son Septissimo (Sylvain Gontard à la trompette, Philippe Georges au trombone, Olivier Zanot au saxophone alto, Michel Perez à la guitare, Yoni Zelnik à la contrebasse et David Grebil à la batterie), donnent leur dernier concert au Café des 3 Arts, 21 rue des Rigoles 75020 Paris, le 19. Enregistré live au Jazz Club de Dunkerke et intitulé "Joy", son prochain album en sextet sort le 23 mars (Such Prod / Harmonia Mundi).

Laurent de Wilde-Carte blanche à Laurent de Wilde au Sunside à partir du 19. Le pianiste qui invite ce soir-là Darryl Hall à la contrebasse et Leon Parker à la batterie, retrouve pour ses autres concerts son trio habituel – Bruno Rousselet à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie –  et convie le 20 le tromboniste Glenn Ferris, le 21 la chanteuse Elise Caron, le 27 l’organiste (et pianiste) Emmanuel Bex et le 28 la saxophoniste Géraldine Laurent.


-Le 19 et le 20, Fabrizio Bosso (trompette), Géraldine Laurent (saxophone alto), Henri Texier (contrebasse) et Aldo Romano (batterie) jouent au Duc des Lombards la musique de Don Cherry. Le groupe qu’ils ont mis sur pied s’appelle Complete Communion, titre du meilleur album de la discographie hétéroclite du cornettiste disparu. Un hommage attendu.


Carine Bonnefoy-Le New Large Ensemble de la pianiste Carine Bonnefoy à la Maison de Radio France (studio Charles Trenet) le 20 à 17h30. La pianiste a composé une œuvre d’envergure dans laquelle, outre les cuivres et les anches d’un orchestre de jazz, se fait entendre un quatuor à cordes. L’un des saxophonistes de ce “large ensemble“ de 16 musiciens est Stéphane Guillaume, Prix Django Reinhardt 2009 de l’Académie du Jazz.

S. Kerecki

-Comprenant Matthieu Donarier aux saxophones et Thomas Grimmonprez à la batterie, le trio inventif du contrebassiste Stéphane Kerecki retrouve le 24 au Sunside le saxophoniste Tony Malaby. Occasion d’écouter live une musique sauvage et puissante qui pèse un bon poids de tendresse.


-Le contrebassiste Dominique Di Piazza en trio au Baiser Salé le 24 avec le guitariste Nelson Veras et le batteur Manhu Roche. L’affiche interpelle.


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Du jazz moderne et novateur le 25 au Sunside avec le groupe Buffalo Collision, quartette réunissant sous la houlette de l’emblématique saxophoniste Tim Berne, le violoncelliste Hank Roberts et deux des membres du trio Bad Plus, le pianiste Ethan Iverson et le batteur Dave King.
OnishiJunko200907
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Le même soir à 20h00, la Maison de la Culture du Japon, 101 bis quai Branly 75015 Paris, propose un concert en trio de la pianiste Junko Onishi
. Le contrebassiste Yosuke Inoue et le batteur Eric McPherson
accompagnent la dame dont on a pu admirer la technique et la musicalité au Duc des Lombards en mai dernier. Intitulé “Musical Moments“, son nouvel album, le premier qu’elle enregistre sous son nom depuis 1998, sort sur le label Blue Note le 16 février. Vous en lirez prochainement la chronique.

-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

-Sunset - Sunside : http://www.sunset-sunside.com

-Hôtel Bel-Ami : http://www.hotel-bel-ami.com

-Maison de la Poésie : http://www.maisondelapoesieparis.com

-Studio de l’Ermitage : http://www.studio-ermitage.com

-Auditorium St Germain : http://www.mpaa.fr -Le Baiser Salé : http://www.lebaisersale.com

-New Morning : http://www.newmorning.com      -Olympia : http://www.olympiahall.com

-L’Entrepôt : http://www.lentrepot.fr       -Café des 3 Arts : http://lestroisarts.free.fr

-Maison de Radio France : http://www.radiofrance.fr/

-Maison de la Culture du Japon : http://www.mcjp.fr

 

CREDITS PHOTOS : “Lumière club“, Andy Sheppard, Laïka Fatien, Aldo Romano, François Couturier, Edouard Ferlet, Antonio Faraò, Laurent de Wilde, Carine Bonnefoy, Stéphane Kerecki © Pierre de Chocqueuse - Kristin Asbjørnsen © Hans Fredrik Asbjørnsen - Pat Metheny © Nonesuch Records - Grace Kelly © Jimmy Katz - Christian Scott © Kiel Scott - Pierre Louis Garcia © Marianne Rosenstiehl - Junko Onishi © Kunihoro Takoma.

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 12:05
Neige & BrouillardJanvier : tous mes vœux aux fidèles lecteurs et lectrices de ce blogdechoc qui en septembre dernier a fêté sa première année d’activité. Concerts, chroniques de disques, de films, comptes-rendus de lectures, d’expositions, le blogueur en 2009 n’a pas chômé, vous conduisant même au théâtre lorsqu’une pièce le méritait. Et pourtant il y a tant à voir, à lire, à écouter ! Comment l’amateur de jazz peut-il ne pas se perdre sous une telle quantité de disques et de concerts qui lui sont proposés ? Le jazz moderne est aujourd’hui si sophistiqué que sans connaissances musicales – enseignement que l’école devrait offrir à tous dès le plus jeune âge – le grand public n’y entend que bruits. Le jazz n’est pas une musique improvisée Cover T.Gustavsen Ensemble ECMcomme une autre. Outre une histoire qu’il faut connaître, il nécessite un vocabulaire harmonique spécifique, une organisation du son tant mélodique que rythmique qui lui permet, malgré des métissages successifs, de rester du jazz. Les thèmes que l’on invente aujourd’hui reposent trop souvent à des puzzles sonores hermétiques derrière lesquels on peine à trouver la moindre mélodie. Sans elle, un morceau manque d’âme, de rayonnement, devient technique pure, froide application mathématique que son auteur est seul à apprécier. Par son jeu de pédales et ses irisations polytonales, Marc Copland innove tout autant que Vijay Iyer qui envisage une nouvelle approche du piano. Rares sont les musiciens qui Cover P. Favreproposent aujourd’hui une autre manière de jouer le jazz au sein d’un système cohérent et novateur. Sa modernité s’affirme tout autant dans de bonnes mélodies sur lesquelles improviser, des racines sur lesquelles s’appuyer. Le blues apporte beaucoup de chaleur au vieux chants protestants que jazzifie le pianiste norvégien Tord Gustavsen. Quant à l’avignonnais Patrick Favre, il invente des mélodies délicieuses et joue un jazz modal qui lui permet de constamment inventer en trio. Tous deux sortent bientôt de nouveaux albums. Ils témoignent de la vitalité du jazz, de sa capacité à se renouveler entre des mains réellement talentueuses. Bonne année jazzistique à tous et à toutes !

M. Collignon

LES CONCERTS DE JANVIER

-Du 6 au 9, carte blanche à Médéric Collignon au Sunset. Trompettiste, poète, bruiteur (il imite parfaitement nombre d’instruments), Médéric est un véritable orchestre à lui seul. Il en possède un, Jus De Bocse, travaille avec le MegaOctette d’Andy Emler et possède de nombreux amis. Parmi eux, le saxophoniste Emile Parisien, les guitaristes Manu Codjia et Claude Barthélemy invités à partager sa musique.

-En trio avec Yoni Zelnik à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie, Jérôme Sabbagh saxophoniste émérite, se produit le 6 au Duc des Lombards. Harmonisant des grands standards, confiant à son instrument de belles compositions originales, il dessine une belle musique à l’état brut, un exercice difficile, sans piano pour asseoir la tonalité et aider l’improvisateur dans une quête musicale toujours ouverte sur l’aventure.

Folmer, Mintzer-Le 8 et le 9, Nicolas Folmer et son quartette – Antonio Faraò au piano, Jérôme Regard à la contrebasse et Benjamin Henocq à la batterie – retrouvent le saxophoniste Bob Mintzer pour fêter au Duc des Lombards la sortie prochaine de “Off the Beaten Tracks Vol.1“, disque enregistré au même endroit en juillet dernier avec la même équipe sauf deux plages dans lesquelles Mintzer et son groupe accueillent la belle trompette de Nicolas.

-Toujours le 9, ne manquez pas le quartette de Diego Imbert au Sunside. Avec David El-Malek au saxophone ténor, Alexandre Tassel au bugle et Franck Agulhon à la batterie, le contrebassiste a publié un disque poétique aux arrangements soignés en 2009, “A l’ombre du saule pleureur“ distillant un jazz moderne souvent lyrique dont on goûtera l’invention constante et les choix harmoniques.

Affiche concert S. Guillaume-Le 11 au Café de la danse, Stéphane Guillaume réunit les musiciens de “Windmills Chronicles“, album récemment chroniqué dans ce blog, pour nous en offrir une version concert. Claude Egéa et Pierre Drevet, (trompette ou bugle), Eric Karcher et François Bonhomme (cor), Phil Abraham et Denis Leloup (trombone) et Bastien Still au tuba) rejoignent ainsi ses musiciens habituels - Marc Buronfosse (contrebasse), Antoine Banville (batterie) et Fréderic Favarel (guitare) – , et jouent un jazz attachant et soigné sur le plan de la forme. Soliste inspiré, Stéphane Guillaume se révèle un arrangeur talentueux avec lequel il va falloir compter.

-Discrète, Sarah Lazarus nous offre de trop rares concerts. Celui qu’elle s’apprête à donner le 13 au Sunside est donc un évènement. Fidèle au même quartette – Alain Jean-Marie au piano, Gilles Naturel à la contrebasse, et Steve Williams à la batterie, cette vraie chanteuse de jazz étonne toujours par la perfection de son chant. On oublie la technique pour n’écouter que la musique, de magnifiques standards que, fidèle à la tradition, Sarah n’oublie jamais de célébrer.

-Egalement le 13, à 1’auditorium St Germain (19h30), Antoine Hervé consacre sa leçon de jazz à Antonio Carlos Jobim et la bossa nova.

-Dans la lignée d’un Horace Silver, Junior Mance n’a rien d’un pianiste négligeable. Ce « second couteau » possède du style, du panache. Sa longue carrière l’a vu accompagner Dinah Washington, Art Blakey et Dizzy Gillespie. Agé de 81 ans, on le dit en grande forme. On pourra en juger au Duc des Lombards qui, les 14 et 15, accueille un pianiste que l’on n’a pas souvent l’occasion de voir dans un club parisien.

Amy Gamlen-Toujours le 15 on ne manquera pas au Sunset le quintette de la saxophoniste Amy Gamlen. Installée à Paris depuis 8 ans, elle a récemment fait paraître un enregistrement dont la musique, moderne et inventive, interpelle. Thomas Savy à la clarinette basse, Michael Felberbaum à la guitare, Stéphane Kerecki à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie l’accompagnent dans “Cold Light“. Ils seront avec elle sur la scène du Sunset.

-On connaît encore assez mal John Escreet, pianiste anglais vivant à New York depuis 2006 et auteur d’un premier disque très remarqué en 2008. Normal, cet élève de Kenny Barron et de Jason Moran s’entoure de pointures avec lesquelles il peut exprimer une musique novatrice. Ambrose Akinmusire (trompette), David Binney (saxophone alto), Matt Brewer (contrebasse) et Nasheet Waits (batterie) entoureront son piano le 16 au Duc des Lombards.

-Toujours au Duc, mais le 20, le pianiste Vincent Bourgeyx, auteur d’un bien beau disque sur Fresh Sound New Talent en 2009 (“Again“), invite le saxophoniste Rick Margitza (il a joué avec McCoy Tyner, enregistré pour Blue Note et fait partie du groupe de Miles Davis) à rejoindre Simon Talleu (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie), les musiciens de son trio.

Eli Degibri-Le Sunside accueille le 20 et le 21Eli Debrigi, saxophoniste israélien vivant à New York dont on a découvert les disques sur le label Fresh Sound New Talent. Une solide équipe l’entoure pour son premier concert parisien : Aaron Goldberg au piano, Ben Street à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie.

-Thomas Enhco au Sunside le 22 en trio avec Hein Van de Gheyn à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie. Le jeune espoir du violon jazz français s’entoure d’un des bassistes européens les plus créatifs, un mélodiste de l’instrument à double casquette, accompagnateur et soliste. On attend beaucoup de leurs échanges.

Angelini-Falzone-Giovanni Falzone (trompette) et Bruno Angelini (piano) en duo à la Maison de Radio France (Studio Charles Trenet) le 23 à 17h30. Les deux hommes ont enregistré un superbe album en 2007 (publié l’année suivante sur le label Syntonie), un “Songs Volume 1“ dont on espère toujours la suite.

-Curtis Fuller au Duc des Lombards les 22 et 23, difficile de faire l’impasse. Agé de 75 ans, le tromboniste reste avec Jay Jay Johnson, l’un des grands trombonistes d’une histoire du jazz parcourue avec John Coltrane (l’album “Blue Train“ enregistré en 1957) et Art Blakey (6 albums avec les Jazz Messengers) pour ne citer que deux des célèbres musiciens avec lesquels il a joué. Ceux qui l’accompagnent au Duc ne sont pas non plus manchots. Le saxophoniste Teodross Avery est une vieille connaissance. La chanteuse Jacey Falk vient de la soul. Sharp Radway à l’orgue, Jerome Marc CoplandJennings à la batterie complètent la  formation.

-Marc Copland et Riccardo Del Fra au Sunside le 25. Le premier joue un piano qui ne ressemble à aucun autre, utilise les pédales de son instrument pour modifier la couleur de ses notes, créer des irisations dignes des plus beaux arcs-en-ciel. Le second, rythmicien amoureux des belles mélodies, des phrases chantantes et fraîches comme la rosée, surprend toujours. Leur duo promet monts et merveilles !  

-André Ceccarelli au Duc les 25 et 26. Le batteur, un habitué du club – il s’y produit souvent et c’est tant mieux - invite le pianiste Baptiste Trotignon, l’auteur de “Share“ est un des meilleurs disques de jazz de 2009, et Darryl Hall, contrebassiste solide, subtil et recherché. Attendons-nous à un merveilleux trio interactif, à un jazz dont le swing affiche une belle élégance.

AfficheLongnon-Jean-Loup Longnon en big band (18 musiciens !) au Sunset le 28. La scène du club risque d’être trop petite. Qu’importe, les musiciens seront dans la salle avec le public, et souhaitons le nombreux pour applaudir la musique de “Encore du Bop“ (Integral Jazz), nouvel opus de notre trompettiste facétieux, un roi du scat irremplaçable et unique. La fête tout simplement.

-Saxophoniste impétueux et lyrique, Jacques Schwarz-Bart invite Anne Ducros à rejoindre le quartette qu’il co-dirige avec le batteur Sangoma Everett. Cela se passe au Duc le 29 et le 30. L’irremplaçable Pierre de Bethmann se charge du piano et Reggie Washington de la contrebasse. L’inverse serait sans doute exercice périlleux, bien que tout reste possible avec des musiciens de cette trempe.

Cécilia Bertolini-Compositions originales, standards, Cécilia Bertolini les chante le cœur grand ouvert. Nico Morelli au piano, Gildas Boclé à la contrebasse et Thierry Tardieu à la batterie accompagne au Sunside sa jolie voix le 31. Ne disposant d’aucune subvention pour produire son prochain album, Cécilia lance une souscription. La contribution est de 15 euros par exemplaire. Ecrire à Cécilia Bertolini, 10, rue Victor Hugo 92270 Bois Colombes. Vous pouvez également lui remettre la somme en mains propres lors de son concert.

Sunset - Sunside : http://www.sunset-sunside.com Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com 
Café de la Danse : http://www.cafedeladanse.com   Auditorium St Germain : http://www.mpaa.fr

CREDITS PHOTOS: Neige et Brouillard, Médéric Collignon, Nicolas Folmer & Bob Mintzer
, Marc Copland © Pierre de Chocqueuse - Amy Gamlen © Amy Gamlen - Photo affiche Jean-Loup Longnon © Philippe Cibille - Eli Debrigi, photo X/D.R. - Cécilia Bertolini © Vincent Ballais.        
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